La couverture de la crise dans le camp de Yarmouk en Syrie ignore le contexte historique plus large des réfugiés palestiniens, explique Tom Charles.
Ban Ki-Moon a récemment décrit les conditions de vie à l’intérieur du camp de Yarmouk en Syrie comme étant celles « du cercle le plus profond de l’enfer ».
Les commentaires du secrétaire général des Nations Unies ont été illustrées par une masse de rapports, publiés sur al-Araby Al-Jadeed, des horreurs subies par les habitants palestiniens du camp.
Leur souffrance a commencé en 2012 avec le siège des forces de Bachar al-Assad, et le mois dernier le camp a été envahi par le groupe de l’État islamique (EI).
Les scènes à l’intérieur du camp ont été choquantes.
Toutefois, cela ne devrait pas être une surprise étant donné l’histoire des réfugiés palestiniens. Leur sort a été dangereusement absent des pourparlers de paix au Moyen-Orient, des médias occidentaux et du débat politique occidental.
Les réfugiés palestiniens ne sont pas représentés par un organisme politique ayant un poids quelconque. En conséquence, ils restent des victimes et les gouvernements occidentaux subissent peu de pression pour régler leurs problèmes. Les gouvernements successifs du Royaume-Uni - lequel a une dette historique envers les réfugiés palestiniens - ont tous failli.
Avant cette dernière tragédie, peu de gens au Royaume-Uni avaient entendu parler de Yarmouk, ou de la situation à laquelle ses habitants sont confrontés.
Peut-être que certains pourraient avoir pensé : « Pourquoi ces gens ne rentrent-ils pas en Palestine ? »
La vérité est la suivante : les gens de Yarmouk ont été expulsés par Israël, qui a depuis nié leur droit au retour dans leur foyer ancestral.
Les nouvelles des médias au Royaume-Uni ont omis de donner à Yarmouk tout contexte historique.
Il y avait peu de mentions de la Résolution 194 des Nations Unies, qui garantit le droit au retour en Israël/Palestine à tous les Palestiniens réfugiés, et pas seulement à ceux de Yarmouk.
J’ai trouvé un appel important pour qu’Israël intervienne : dans un article de Oudeh Besharat, dans Haaretz, le journal israélien, Besharat déplorait le fait qu ’« aucune question morale ne soit soulevée concernant le rôle d’Israël dans la création des camps de la mort ».
Il a raison ; au Royaume-Uni, la condamnation des crimes commis contre les réfugiés palestiniens est une chose, fournir aux gens une idée de la solution en est un autre.
Deux choses sont évidentes mais rarement exposées dans les médias traditionnels : une solution juste et légale au Moyen-Orient est uniquement possible via une solution à la crise des réfugiés palestiniens, qui ne peut intervenir que par la mise en œuvre du droit au retour. Et plus tardera sa mise en œuvre, plus s’approfondira la tragédie pour les Palestiniens.
La politique consistant à faire la charité aux Palestiniens est, au mieux, un pansement sur une plaie béante, tout en maintenant la position des Palestiniens comme victimes. Mais c’est cela la politique du Royaume-Uni : la destruction de la vie palestinienne est traitée par les agences de réfugiés sous-financées et les dons de bienfaisance. Depuis Yarmouk occupée par l’EI, et dans toute la région, la situation des Palestiniens reste atrocement précaire.
Dans toutes les situations dans tous les pays du Moyen-Orient, il est impossible de montrer un seul endroit où les réfugiés palestiniens apparaissent comme les gagnants. En Irak, en Égypte, en Libye, au Koweït, en Jordanie, au Liban, en Syrie, en Israël, à Gaza et en Cisjordanie, il existe largement et suffisamment d’exemples historiques montrant qu’ils seront à nouveau les victimes de tout bouleversement, conflit ou changement de régime.
Le Royaume-Uni et la politique occidentale continuent de soutenir le refus israélien du droit de retour. Des rapports sérieux et contextualisés des événements par nos médias sont une condition préalable pour que le public soit informé sur ce qui se passe dans cette région. Et une fois suffisamment informé, il devrait être en mesure d’exiger de son gouvernement qu’il agisse.
dimanche 10 mai 2015 - 18h:24 Tom Charles