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Changement d’image pour le Festival du film de Locarno pour essayer de se dérober au boycott d’Israël (Aurip)

Plus tôt cette année, des professionnels de l’industrie cinématographique du monde entier se sont engagés à boycotter le Festival international du film de Locarno, en Suisse, en raison de son partenariat avec l’Israel Film Fund parrainé par l’État israélien.

En dépit des efforts des organisateurs du festival, rebaptisant la section du festival consacrée aux films financés par l’État israélien – et « équilibrant » avec des films arabes d’Afrique du Nord -, les signataires en faveur du boycott restent fermes sur leur engagement à ne pas participer à Locarno.

Avec le soutien financier du gouvernement israélien, la section « Carte Blanche » du festival devait être consacrée aux films venant d’Israël, présentés au dernier stade de la production afin de mettre en valeur les réalisateurs pleins d’avenir devant les représentants de l’industrie.

Aujourd’hui, il semble que le festival est en train d’essayer de se dérober à la condamnation de sa relation avec l’État d’Israël – et au boycott qui monte – en modifiant le nom de la séance « Carte Blanche ».

Évoquant « certaines réactions que l’édition de cette année a provoquées », le site du Festival international du film de Locarno affirme que la décision a été prise de « changer le nom de l’initiative, en la renommant "First Look", parce que le nom précédent de "Carte Blanche" ne reflète pas suffisamment la façon dont le projet est organisé et qu’il donne lieu à de fausses interprétations ».

« Un équilibre »

Dans ce qui paraît être une surenchère cynique sur ce qui est présenté parfois comme un « équilibre », une autre section du festival – le programme Open Doors – va être, cette année, consacrée aux films venant des pays d’Afrique du Nord de langue arabe, Maroc, Algérie, Libye et Tunisie.

Le site du festival avait publié des affirmations tout aussi fallacieuses dans sa déclaration initiale d’avril, défendant le choix d’Israël pour le programme alors nommé « Carte Blanche », quand il prétendait :

« Cela a été le cas en 2007 quand le Festival a consacré la section Open Doors aux pays du Machrek (Syrie, Liban, Jordanie, Israël, Iraq, Territoires palestiniens et Égypte), avec la rétrospective 2006 "Est de la Méditerranée" des Pardi di domani, ou quand il a mis l’accent en 2013 sur les films syriens, produits en dépit de conditions incroyablement difficiles. Pour nous, ces principes de la liberté artistique représentent un symbole auquel on ne peut renoncer. »

Sauf que selon un communiqué de BDS Tunisie, la plupart des réalisateurs et producteurs tunisiens ont retiré leurs films du festival en protestation contre la présence institutionnelle israélienne. La page correspondante sur le site du festival semble bien confirmer l’existence d’un désarroi dans le programme, car elle a été effacée et aucun contenu nouveau n’est venu la remplacer.

Et selon un courriel envoyé à The Electronic Intifada par la réalisatrice palestinienne primée Annemarie Jacir, plusieurs des réalisateurs algériens et marocains se sont également retirés, ce qui montre la réticence des artistes du monde arabe à se laisser utilisés pour blanchir Israël.

Changer de nom

Représentant déjà une vitrine précieuse pour les professionnels de l’industrie, les films projetés au programme « First Look » seront aussi éligibles à un prix comprenant 60 000 € de services post-production par Rotor Film et un soutien publicitaire de 5500 € par le Film français.

Selon le quotidien israélien Ha’aretz, les organisateurs du festival persistent à prétendre que le changement de nom a eu lieu parce que « la nature du projet, qui est consacré au cinéma israélien, n’est pas une "carte blanche" étant donné que ce n’est pas une plate-forme pour l’État d’Israël ni pour l’Israel Film Fund, et parce que le choix des films en post-production est réservé à la seule direction artistique du festival. »

Cependant, Ha’aretz affirme aussi que le programme officiel du festival « montre clairement que le cinéma israélien aurait apprécié bien davantage la représentation ».

Deux autres films israéliens avaient été donnés en très bonne position dans le programme du festival et sur les listes des nominés pour les prix. Le réalisateur israélien Nadav Lapid avait été désigné comme juré pour l’un des prix du festival.

5 août| Sarah Irving pour The Electronic Intifada
 

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