Le jugement en appel rendu mercredi 21 octobre contre la militante bahreïnite Zainab Al Khawaja, confirmant sa condamnation pour « insulte » envers le roi de Bahreïn et réduisant sa peine de trois à un an de prison, illustre une nouvelle fois le mépris des autorités à l'égard du droit à la liberté d'expression, a déclaré Amnesty International.
Ce verdict, qui confirme une condamnation pour avoir déchiré une photo du roi devant le tribunal en octobre 2014, coïncide avec le 32e anniversaire de Zainab Al Khawaja et fait planer sur cette mère de deux enfants la menace d'un séjour d'un an derrière les barreaux et d'une nouvelle arrestation immédiate.
La famille de Zainab Al Khawaja a déclaré à Amnesty International que si elle est incarcérée, elle a l'intention de garder son plus jeune fils – qui n'a pas encore un an – avec elle pendant qu'elle purgera sa peine.
« La décision de la cour d'appel de Bahreïn de rejeter la demande de libération de Zainab Al Khawaja et de l'incarcérer pour une année est une attaque contre la liberté d'expression et montre une nouvelle fois que les autorités usent de méthodes répressives pour réduire au silence des militants pacifiques, a déclaré James Lynch, directeur adjoint du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d'Amnesty International.
La décision de la cour d'appel de Bahreïn de rejeter la demande de libération de Zainab Al Khawaja et de l'incarcérer pour une année est une attaque contre la liberté d'expression et montre une nouvelle fois que les autorités usent de méthodes répressives pour réduire au silence des militants pacifiques.James Lynch, directeur adjoint du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d'Amnesty International.
« Il est absurde que Zainab Al Khawaja passe un an en prison simplement pour avoir déchiré la photo du chef de l'État. Les autorités doivent veiller à ce que sa condamnation et sa peine de prison soient annulées. Elle ne devrait pas être sanctionnée pour avoir exercé sans violence son droit à la liberté d'expression. »
Les lois qui interdisent l'insulte ou le manque de respect à l'égard des chefs d'État ou d'autres responsables de l'État sont contraires aux normes internationales et au droit international relatifs aux droits humains. À maintes reprises, Amnesty International a demandé aux autorités bahreïnites de supprimer du Code pénal les dispositions qui érigent en infraction la liberté d'expression.
Zainab Al Khawaja est la fille du militant et prisonnier d'opinion Abdulhadi Al Khawaja, qui purge actuellement une peine de détention à perpétuité pour son rôle pacifique dans les manifestations antigouvernementales de 2011.
En plus d'un an de prison, Zainab Al Khawaja a été condamnée à une amende de 3 000 dinars bahreïnites (environ 7 000 euros), somme qu'elle ne pourra sans doute pas verser. Si elle ne s'acquitte pas de cette amende, sa peine sera prolongée d'un an et demi.
Depuis décembre 2011, la jeune femme a été appréhendée et relâchée à plusieurs reprises, et a déjà passé près d'un an et demi en prison.
Elle fait également appel de trois autres condamnations prononcées à son encontre, dont une à quatre mois de prison pour deux inculpations de « destruction de biens publics », pour avoir déchiré des photos du souverain de Bahreïn en mai 2012, et une à un an de prison pour « outrage à agent », parce qu'elle avait pris la défense d'une autre détenue qui était insultée et humiliée par un gardien en juin 2013. Les jugements concernant les appels de ces condamnations sont attendus pour le 3 décembre.
Le 17 novembre, elle fera appel d'une condamnation à neuf mois de prison pour « entrée dans une zone interdite » et « insulte à agent », lorsqu'elle a tenté de rendre visite à son père qui observait une grève de la faim à la prison de Jaww en août 2014.
Zainab Al Khawaja compte parmi plusieurs militants politiques et défenseurs des droits humains récemment incarcérés à Bahreïn pour avoir exprimé sans violence leurs opinions.
« L'attitude des autorités de Bahreïn, qui persécutent les militants des droits humains et les détracteurs du gouvernement, illustre leur incapacité à mettre en œuvre les réformes promises. Pour démontrer qu'elles sont résolues à faire respecter les droits fondamentaux, elles doivent libérer immédiatement et sans condition tous les prisonniers détenus uniquement pour avoir exprimé sans violence leurs opinions », a déclaré James Lynch. 21 octobre 2015