Le Comité rennais de l’Association France Palestine solidarité organise chaque année une campagne de « cueillettes solidaires » en Palestine. Plusieurs militantEs bretons du NPA en reviennent...
Chaque équipe intervient auprès d’un paysanE ou d’un groupe de paysanEs qui, sans son intervention, seraient en difficulté pour mener à bien la récolte de l’année. Triple enjeu. Une terre non cultivée trois années de suite peut être confisquée par Israël (en vertu d’une loi… ottomane !). De plus, pour nombre de paysanEs, la récolte est vitale, économiquement. Enfin, garder la terre, la cultiver, c’est résister, combattre le système colonial.
Il peut s’agir d’oliveraies situées près du « mur » – le plus souvent, à la campagne, matérialisé par des rangées de barbelés encadrant une route dite de sécurité – ou près d’une colonie, là encore au ras des barbelés, comme à Susiya, dans le sud, ou encore dans une zone menacée d’annexion, comme à Battir, près de Bethléem. Mais quel que soit le degré de tension autour de l’oliveraie, tous les paysanEs nous répètent que la première manifestation de solidarité qui compte pour eux, c’est notre présence, car elle montre que le monde ne les oublie pas, qu’il y a des gens pour agir à leur côté...
Témoigner !
C’est la première demande des PalestinienEs rencontrés : « De retour en France dites ce que vous avez vu ici » ! Et ce que nous avons vu, ce sont autant d’images d’un pays occupé, d’une population victime de l’apartheid.
Ainsi les oliveraies de Hébron, coincées entre des colonies qui lacèrent la ville et l’étouffent peu à peu, où nous avons cueilli des olives, surveillés de près par des militaires désœuvrés, dans des parcelles accessibles seulement un jour pour la cueillette !
Ainsi le village de Susiya, détruit par l’armée israélienne au profit d’une colonie qui a pris son emplacement et son nom. Reconstruit par des paysanEs déterminés, détruit à nouveau... Le bras de fer continue. Les paysanEs restent sur leurs terres, dans des tentes de bédouins : cultiver, c’est résister !
Ainsi le village de Asfar, où l’on nous montre les traces de chenillettes… laissées par les engins venus, il y a moins de dix jours, détruire le village d’été qui permettait aux paysanEs d’être à pied d’œuvre pour la culture des olives. Ne subsiste qu’une maison – trop récente pour avoir fait l’objet d’un ordre de destruction, mais son tour viendra – au milieu d’un champ de gravats !
Résister !
Hébron incarne toute la problématique palestinienne. D’un côté, les colonEs, soutenus sans faille par l’armée, font tout pour prendre le contrôle de la ville : leurs établissements au cœur du vieux Hébron visent à couper la ville en deux, que les colonies des hauteurs dominent comme une menace permanente. De l’autre côté, les PalestinienEs, qui ont dû fuir un centre devenu invivable, font actuellement de gros efforts de réhabilitation qui portent leurs fruits : la population palestinienne revient ! La solidarité internationale, sans doute ici la plus concentrée, s’active sans compter pour les aider.
Dans nos discussions, les Palestiniens nous disent le complet décalage qui existe entre l’Autorité palestinienne, corrompue, pieds et poings liés avec le gouvernement israélien, et les expériences de résistance populaire qui s’organisent sur le terrain, en lien direct avec les aspirations du peuple palestinien.
La présence agressive des colons, le mur qui continue de démanteler le territoire de Cisjordanie, les milliers de prisonniers politiques, Gaza, qui reste une prison à ciel ouvert, la violence de la domination coloniale infligée à la Palestine, semblent rendre toute solution impossible. Alors, la tâche est immense pour la solidarité internationale, qui devra être avant tout politique : il nous appartient d’obtenir de nos États qu’ils renoncent à soutenir ce régime colonial d’apartheid.
CorrespondantEs Mercredi 23 novembre 2016