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Mauritanie - Page 4

  • Mauritanie : Extension de la grève à la SNIM (Afriques en luttes)

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    Après une quinzaine de jours de grève générale illimitée dans la ville de Zouerate (650 kilomètres au Nord/Est de Nouakchott), le mouvement des travailleurs de la Société Nationale Industrielle et Minière (SNIM) entre dans une phase de durcissement.

    Les délégués syndicaux de Nouadhibou (465 kilomètres au Nord de Nouakchott) ont déposé un préavis de grève.

    Ces milliers de grévistes réclament désormais la tête de l’Administrateur, Directeur Général (ADG) de la grande entreprise minière, Mohamed Abdallahi Ould Oudaa, faisant ainsi monter la mayonnaise de plusieurs crans.

    Zouerate est le site de production du minerai de fer. Celui-ci est convoyé par le plus long train du monde vers Nouadhibou, ville abritant un port minéralier et l’administration de la SNIM.

    Ces grévistes, dont le mouvement est proche de la Centrale Générale des Travailleurs de Mauritanie (CGTM), reprochent à la direction de la SNIM son refus d’ouvrir des négociations après le déclenchement de la grève.

    Celle-ci est motivée par une série d’engagements non tenus de la part de l’entreprise portant sur « une augmentation générale de salaire assortie d’un rappel à partir du mois d’octobre 2014, un bonus de salaire en plus du rappel de primes de production impayées sur l’année 2014 estimées à 30% à chaque fois que la production de minerai de fer atteint un seuil de 1,2 millions de tonnes, la fin du système de sous traitement et le recrutement des travailleurs sous le régime du contrat temporaire etc.

    La SNIM est la plus importante entreprise de Mauritanie opérant dans le secteur des mines. Ce secteur a contribué pour 1/3 dans les recettes budgétaires du pays au cours des 5 dernières années.

    Source : Financial Afrik 18 février 2015

    http://www.afriquesenlutte.org/afrique-du-nord/mauritanie-55/article/mauritanie-extension-de-la-greve-a

    Lire aussi:

    http://adrar-info.net/?p=30659

     

  • Mauritanie. Il faut libérer l’ancien candidat présidentiel et les militants anti-esclavagistes (Amnesty)

    Les autorités mauritaniennes doivent libérer trois militants, dont un opposant bien connu, incarcérés jeudi 15 janvier pour avoir organisé des réunions contre l’esclavage, a déclaré Amnesty International.

    La police a utilisé des gaz lacrymogènes et des matraques pour disperser les manifestants qui protestaient devant le tribunal contre le jugement.

    Le tribunal de la ville de Rosso, dans le sud du pays, a condamné à deux ans de prison trois militants anti-esclavagistes et défenseurs des droits humains ; il s’agit de Brahim Bilal, Djiby Sow et Biram Ould Dah Ould Abeid, ancien candidat à la présidence. Ils ont été inculpés d’appartenance à une organisation non reconnue et de participation à une réunion non autorisée. Sept autres militants ont été acquittés.

    « La condamnation de ces militants qui ont participé à des manifestations pacifiques, sur la base de charges vagues et ouvertes aux abus, bafoue leurs droits à la liberté d’expression et à la liberté de réunion pacifique, a déclaré Gaetan Mootoo, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International.

    « Le fait de se réunir pacifiquement sans autorisation ne doit jamais conduire à une incarcération. Leur condamnation semble fondée sur des motivations politiques, des membres de l’association étant ciblés en raison de leurs activités pacifiques. Les autorités doivent prendre les mesures qui s’imposent pour les libérer dans l’attente de leur jugement en appel. »

    Biram Ould Dah Ould Abeid, président de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), était arrivé en deuxième position à l’élection présidentielle de juin. Il a également été lauréat du Prix des droits humains de l’ONU en 2013.

    Il a été arrêté à Rosso le 11 novembre, en compagnie de 10 autres membres de l’IRA, durant leur campagne pacifique visant à sensibiliser la population au sujet des droits à la terre des descendants d’esclaves. En Mauritanie, les descendants d’esclaves qui travaillent sur des terres sans aucun droit sont contraints de donner une partie de leurs récoltes à leurs maîtres traditionnels.

    La police a interrompu la réunion, invoquant l’absence de documents l’autorisant, alors que l’IRA en avait fait la demande.

    Ces militants ont été inculpés le 15 novembre et placés en détention à Rosso, sans être autorisés à recevoir des visites de leurs familles.

    « La répression croissante contre les militants anti-esclavagistes en Mauritanie n’a pas de fondement légal et témoigne de l’absence de respect du gouvernement envers les droits humains, a déclaré Gaetan Mootoo, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International.

    « Les autorités doivent respecter le droit de tous les citoyens à manifester pacifiquement. »

    5 janvier 2015

    http://www.amnesty.org/fr/for-media/press-releases/mauritania-jailed-presidential-candidate-and-anti-slavery-activists-must-be

  • Irak. Des femmes et des jeunes filles yézidies (Amnesty)

    Demonstrators hold signs reading 'Yezidis' and the arabic letter 'N', which stands for Christian, as they take part in a demonstration in support of the Yezidis and the Christians in Iraq, near the French Elysee presidential palace in Paris on Wednesday. The arabic letter 'N' is a symbol painted by jihadists of the Islamic State on Christian's houses in Iraq to locate them. Forty people, mostly women, gathered on August 13 near the Elysee presidential palace, on the call of a group of women, to deliver an open letter to French president Hollande, calling for the intervention of France to help Yezidis and Christian populations in Iraq. AFP Photo/Bertrand Guay

     Soumises à des violences sexuelles insupportables

    Les actes de torture, notamment les viols et autres formes de violence sexuelle, subis par les femmes et jeunes filles membres de la minorité yézidie d’Irak enlevées par le groupe armé qui se présente sous le nom d’État islamique (EI) soulignent la sauvagerie de ce dernier, écrit Amnesty International dans un nouveau rapport publié mardi 23 décembre.

    Ce document, intitulé Escape from hell - Torture and sexual slavery in Islamic State captivity in Iraq, donne un aperçu des violences insoutenables subies par des centaines, voire des milliers, de femmes et de jeunes filles yézidies qui ont été mariées de force, « vendues » ou « offertes » à des combattants ou des sympathisants de l’EI. Bien souvent, les captives ont été forcées à se convertir à l’islam.

    « Des centaines de femmes et de jeunes filles yézidies voient leur vie brisée par les horreurs de la violence sexuelle et de l’esclavage sexuel aux mains de l’EI, a déclaré Donatella Rovera, principale conseillère d’Amnesty International pour les situations de crise, qui s’est entretenue avec plus de 40 anciennes prisonnières de l’EI dans le nord de l’Irak.

    « Beaucoup d’esclaves sexuelles sont mineures – des filles âgées de 14, 15 ans ou même plus jeunes. Les combattants de l’EI utilisent le viol comme une arme lors d’attaques qui constituent des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. »

    Ces femmes et jeunes filles font partie des milliers de Yézidis habitant la province de Sinjar (nord-ouest de l’Irak) qui subissent depuis août une vague de nettoyage ethnique initiée par des combattants de l’EI décidés à éliminer les minorités ethniques et religieuses de la région.

    Les horreurs subies aux mains de l’EI laissent ces femmes et jeunes filles si traumatisées que certaines ont mis fin à leurs jours. Jilan, 19 ans, s’est suicidée en captivité à Mossoul car elle craignait d’être violée, a indiqué son frère à Amnesty International.

    L’une des filles détenues dans la même pièce que Jilan et 20 autres, dont deux âgées de 10 et 12 ans, a raconté à Amnesty International : « Un jour, on nous a donné des vêtements qui ressemblaient à des costumes de danse et on nous a dit de prendre un bain et de les mettre. Jilan s’est suicidée dans la salle de bains. Elle s’est tailladé les poignets et s’est pendue. Elle était très belle ; je pense qu’elle savait qu’elle allait être emmenée par un homme et que c’est pour cela qu’elle s’est tuée. » La fille qui a fourni ce témoignage figure parmi celles qui sont parvenues à s’échapper par la suite.

    Wafa, 27 ans, autre ancienne captive, a raconté à Amnesty International qu’elle et sa sœur avaient tenté de mettre fin à leurs jours une nuit, après que leur ravisseur eut menacé de les marier de force. Elles ont essayé de s’étrangler avec des foulards, mais deux filles qui dormaient dans la même pièce se sont réveillées et les ont arrêtées.

    « Nous avons noué les foulards autour de notre cou et tiré aussi fort que nous avons pu en nous écartant l’une de l’autre, jusqu’à ce que je m’évanouisse [...]. Je n’ai pas pu parler pendant plusieurs jours après cela », a-t-elle expliqué.

    La majorité des agresseurs sont irakiens ou syriens ; beaucoup sont des combattants de l’EI mais d’autres seraient des sympathisants de ce groupe. Plusieurs anciennes prisonnières ont déclaré qu’elles avaient été détenues dans des logements où elles vivaient aux côtés des épouses et des enfants de leurs ravisseurs.

    De nombreuses victimes yézidies sont doublement affligées car elles doivent aussi surmonter la perte de dizaines de leurs proches qui sont toujours en captivité ou ont été tués par l’EI.

    Randa, une adolescente de 16 ans originaire d’un village situé près des monts Sinjar, a été enlevée avec de nombreux membres de sa famille, dont sa mère qui était dans un état de grossesse avancée. Randa a été « vendue » et « offerte » à un homme deux fois plus âgé qu’elle qui l’a violée. Elle a décrit l’impact de son calvaire à Amnesty International :

    « Ce qu’ils ont fait à ma famille et moi est si horrible. Daesh [autre nom de l’EI]a ruiné nos vies [...]. Que va-t-il advenir de ma famille ? Je ne sais pas si je la reverrai un jour. »

    « Le bilan physique et psychologique de l’épouvantable violence sexuelle que ces femmes ont subie est catastrophique. Beaucoup ont été torturées et traitées comme des objets. Même celles qui ont réussi à s’échapper demeurent profondément marquées », a déclaré Donatella Rovera.

    Le traumatisme des victimes de violence sexuelle est encore aggravé par la stigmatisation liée au viol. Les victimes ont l’impression que leur « honneur » et celui de leurs familles a été atteint et craignent que leur position sociale en soit diminuée.

    Beaucoup de victimes de violence sexuelle ne bénéficient toujours pas de toute l’aide et tout le soutien dont elles ont absolument besoin.

    « Le gouvernement régional du Kurdistan, les Nations unies et d’autres organisations humanitaires qui fournissent des services médicaux et d’autres aides aux victimes de violence sexuelle doivent intensifier leurs efforts. Ils doivent prendre les mesures nécessaires pour toucher rapidement et de manière proactive toutes les personnes qui ont besoin d’eux, et veiller à ce que les femmes et les jeunes filles soient informées du soutien qui est à leur disposition », a déclaré Donatella Rovera.

    Ces services doivent couvrir la santé sexuelle et reproductive et comprendre des conseils et une aide psychologique. 23 décembre 2014

    http://www.amnesty.org/fr/for-media/press-releases/iraq-yezidi-women-and-girls-face-harrowing-sexual-violence-2014-12-23

  • La Mauritanie doit arrêter de s'en prendre aux militants anti-esclavagistes (Amnesty)

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    Les autorités mauritaniennes doivent cesser de harceler, menacer et sanctionner les personnes luttant contre l'esclavagisme, a déclaré Amnesty International mercredi 12 novembre après l'arrestation de plusieurs militants connus.

    Au moins neuf personnes, dont Biram Ould Dah Ould Abeid, le président de l'Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), par ailleurs arrivé en deuxième position à l'élection présidentielle de juin, ont été arrêtées mardi 11 novembre et sont actuellement incarcérées dans différents centres de détention à Rossa, une ville du sud du pays, sans pouvoir recevoir la visite de leur famille.

    Figurent également parmi les personnes arrêtées Djiby Sow, président de l'organisation non gouvernementale (ONG) Kawtal, et Brahim Bilal Ramdhane, vice-président de l'IRA.

    Toutes les personnes arrêtées représentent des ONG de défense des droits humains qui se mobilisent activement contre l'esclavage en Mauritanie. Au cours de la semaine écoulée, elles ont parcouru le pays pour organiser des rassemblements, des réunions publiques et des conférences. Cet élan a été brisé mardi 11 novembre dans la ville de Rosso, lorsqu'une unité de police a été envoyée pour mettre un terme à une réunion, citant l'absence d'autorisation officielle. L'IRA avait sollicité une autorisation mais le gouvernement lui avait opposé un refus dans une déclaration écrite.

    « Les militants anti-esclavagistes sont constamment soumis à des manœuvres de harcèlement et d'intimidation en Mauritanie. Leurs actions sont soit interdites soit sévèrement sanctionnées, et ces personnes sont fréquemment arrêtées. Cette répression généralisée doit cesser car il s'agit d'une violation claire des droits à la liberté de réunion et d'association pacifiques », a déclaré Gaëtan Mootoo, spécialiste de l'Afrique de l'Ouest à Amnesty International.

    Certaines des personnes appréhendées auraient été frappées par des policiers. Mardi 11 novembre dans la soirée, des policiers ont par ailleurs fermé les locaux de l'IRA, et le porte-parole de l'organisation a été arrêté.

    Ces arrestations s'inscrivent dans une répression croissante visant les militants anti-esclavagistes en Mauritanie. En octobre, quatre membres de l'IRA ont été appréhendés dans la plus grande mosquée de Nouakchott, la capitale, alors qu'ils réagissaient à des critiques formulées contre leur organisation. Ils ont été accusés d'avoir perturbé le déroulement des prières et incité à la révolte, entre autres charges. Ils sont maintenus en détention sans jugement.

    « Les autorités mauritaniennes doivent libérer tous les prisonniers d'opinion immédiatement et sans condition, et mettre fin aux manœuvres de harcèlement et d'intimidation continuelles que subissent les militants anti-esclavagistes. Il est impératif que les autorités respectent pleinement le travail légitime du mouvement anti-esclavagiste, et le rôle important que celui joue lorsqu'il demande des comptes au gouvernement, qui est censé honorer ses obligations et engagements en matière de droits humains. La liberté de réunion pacifique est un droit fondamental, et est liée à d'autres droits tels que la liberté d'expression », a déclaré Gaëtan Mootoo.

    http://www.amnesty.org/fr/for-media/press-releases/mauritania-must-end-clamp-down-anti-slavery-activists-2014-11-12

  • Mauritanie: Interview du président de l’UFP (Afriques en Lutte)

    Dr Mohamed Ould Maouloud, président de l’UFP, dans une interview exclusive : ’’Sa gestion catastrophique du pays est en train de réduire les chances pour l’actuel Président de se maintenir au pouvoir’’

    Le Calame : Le séjour prolongé du président de la République en France nourrit beaucoup de rumeurs à Nouakchott. Si du côté officiel rien ne filtre, la rue fait croire que le président a subi une intervention chirurgicale. Pour d’autres, son séjour se justifie par des activités diplomatiques dans la capitale française. Quel commentaire vous inspire cette absence prolongée ?

    Dr Mohamed Ould Maouloud : Dans cette controverse, il y a lieu de distinguer entre la personne et la charge de Président de la république. Si l’une peut disparaître sans avoir de comptes à rendre et sans que personne ne s’en soucie, l’autre est l’affaire de tous les mauritaniens ; ils ont le droit de savoir où est passé celui qui détient les clés de la maison Mauritanie. Après la visite de travail en France, le Président a pratiquement disparu. A-t-il décidé de la prolonger par un séjour privé ? Pourquoi ne pas en informer simplement l’opinion ? Malheureusement, le Président actuel ne se sent pas comptable dans ses faits et gestes devant son peuple ; il le méprise parce qu’il n’a pas une conception démocratique du pouvoir.

    La présidentielle, comme les municipales et législatives sont désormais derrière nous. La COD puis le FNDU n’ont pas réussi à empêcher le pouvoir de parachever son agenda électoral. Que vous reste-t-il ? Courir après 5 ans derrière Aziz ou aller au dialogue comme l’a proposé le président réélu, le jour du scrutin ?

    La question ne se pose pas en ces termes. Sa gestion catastrophique du pays est en train de réduire les chances pour l’actuel Président de se maintenir au pouvoir. Et la question est même de savoir pour combien de temps la Mauritanie y survivrait.

    Concernant les élections, en décidant de les boycotter, nous savions à l’avance que nous ne pourrions pas empêcher le pouvoir d’organiser une parodie électorale. L’enjeu n’était pas à ce niveau. Il s’agissait pour nous de mettre en échec sa tentative de légitimer ces élections et mettre un terme à bon compte à la crise politique qui le poursuivait depuis cinq ans ; en somme de normaliser une situation anormale sans la moindre concession significative. Nous savons qu’une telle décision va nous priver de nombreux avantages. Mais ceux qui luttent pour un changement global ne peuvent se contenter de miettes électorales et compromettre leur combat.

    Nous avons réussi à maintenir haut le drapeau de la résistance et c’est notre premier devoir d’apprendre à notre peuple de se battre de refuser les diktats. Ensuite nous sommes parvenus à mettre à nu le caractère unilatéral et non crédible de tout le processus électoral. Enfin l’échec des élections est devenu patent ; puisqu’elles n’ont ni réglé les problèmes ni réussi à escamoter la crise politique devenue plus évidente et pesante que jamais. Le front de la résistance s’est élargi : au début seule la COD faisait face, aujourd’hui avec le Forum National pour la Démocratie et l’Unité ce sont les principales forces vives du pays qui se sont dressées pour conquérir la démocratie, la justice sociale et l’Etat de droit. Et bien des voix à l’intérieur et à l’extérieur réclament ou préconisent la reprise de ces élections.

    Peut-on dire que dans les circonstances actuelles, le dialogue est désormais rompu entre le FNDU et le pouvoir ?

    A chaque fois, en Octobre 2013 avec la Coordination de l’Opposition Démocratique et en avril 2014 avec le FNDU, le pouvoir a fait semblant d’ouvrir solennellement un dialogue pour le rompre aussitôt, trois ou quatre jours après, sous prétexte qu’il n’a plus de temps à lui consacrer.

    En fait, il n’était tout simplement pas disposé à composer, à faire des concessions réelles. C’était la raison de son aversion pour l’Accord de Dakar qu’il a fait saboter, du peu de cas qu’il faisait de l’accord avec la CAP et de son refus de donner une chance d’aboutir aux dernières tentatives de dialogue avec la COD et le FNDU.

    Dans l’affirmative, qu’entend faire le FNDU, d’abord pour changer cette donne, ensuite pour survivre pendant les 5 prochaines années hors mairies et Assemblée nationale, surtout quand on sait aussi que certains partis vont perdre les subventions de l’Etat et risquent même de voir leurs militants changer de camp ?

    Hier, en 2008, nous n’avons pu empêcher l’actuel président d’ourdir et de commettre un putsch, mais la résistance du FNDD l’a contraint en 2009, à travers l’Accord de Dakar, à reconnaître son forfait et à admettre comme seule source de légalité le Président renversé. Le FNDU est aujourd’hui un rassemblement plus vaste et aussi déterminé à résister contre l’ordre de la gabegie et du pouvoir personnel, pour une vraie démocratisation et moralisation de la vie publique et un Etat de droit.

    C’est donc au Président qu’il faut poser la question de savoir combien de temps il pense pouvoir tenir face à cette résistance et avec toutes les casseroles et les échecs qu’il traîne et face aux crises sociales, sécuritaires, identitaires qui menacent d’exploser sous ses pieds suite entre autres à sa gestion chaotique et peu responsable.

    A votre avis, quelle chance cette proposition de dialogue réitéré pourrait-elle avoir par rapport aux tentatives précédentes ?

    Pour éprouver le besoin et l’urgence d’un compromis national entre les principaux acteurs, il faut être patriote, être préoccupé des souffrances de notre peuple dans sa vie quotidienne, des menaces qui pèsent sur la stabilité et la sécurité du pays, avoir peur que l’incendie de l’instabilité et de la violence qui embrase notre proche voisinage n’atteigne et ne fasse effondrer notre Etat.

    Le commun des Mauritaniens depuis le simple citoyen jusqu’au responsable politique ressent plus ou moins confusément ou distinctement que l’avenir du pays est menacé sous la conduite du Président actuel et espère l’avènement d’un changement salvateur. Le changement est inévitable. Mais il y a changement et changement ; un changement brutal, violent peut avoir un coût trop lourd, voire risque d’être suicidaire pour le pays. Même des revendications et une cause légitime ne peuvent justifier une telle option. Au vu de ce qui se passe ailleurs en Afrique et dans le monde, le plus souhaitable est sans doute un changement maîtrisé, qui passe par un dialogue véritable et non de pure forme pour un compromis politique national qui devance et canalise les événements.

    Le Président actuel compte peut-être sur le dilemme devant lequel il place la Mauritanie et tous ceux qu’intéressent sa stabilité : « moi ou le chaos » ! Mais le problème c’est qu’avec lui on s’enfonce petit à petit dans le chaos et dans tous les domaines ; l’Administration, l’armée, la sécurité, l’économie, l’enseignement, la santé, les liens sociaux et entre les communautés. Avec sa gestion erratique et égocentrique le pays va droit vers un chaos assuré.

    C’est pourquoi il y a urgence à la constitution d’une large entente nationale patriotique pour sauver le pays en lui imposant cet accord national salvateur, soit avec lui s’il s’y résigne cette fois, sinon contre lui.

    Ou bien, le calme plat auquel nous assistons précède-t-il une tempête politique ?

    Le pire n’est pas sûr ; mais plutôt se sont les ingrédients d’une explosion sociale, d’une rupture violente qui sont en place.

    Comme les élections sont désormais derrière nous, sur quoi pourrait alors porter un dialogue avec le pouvoir ?

    Sur les graves problèmes qui menacent la stabilité du pays et la quiétude et le bien-être de notre peuple : la crise politique, les menaces sécuritaires, la crise sociale aigue, la détresse du monde rural, le passif humanitaire et les contentieux identitaires, la gabegie par exemple, toutes choses qui concourent à une sortie de crise véritable.

    Pensez-vous, comme certains observateurs que l’organisation par le pouvoir d’élections municipales et législatives anticipées, en 2015 par exemple – ce qui ne plairait certainement pas à certains partis politiques- pourrait constituer un gage pour rassurer l’opposition ?

    La reprise des élections mais sur des bases réellement consensuelles et transparentes est certainement une composante essentielle de toute sortie de crise sérieuse. A condition qu’elles ne se déroulent pas dans les mêmes conditions que les précédentes et qu’elles ne servent de manœuvre pour tenter à nouveau de diviser l’opposition. D’ailleurs un tel jeu serait non seulement vain mais constituerait un crime en considérant les ressources qui y seront englouties inutilement.

    Dans une interview accordée à Jeune Afrique, au lendemain de la présidentielle de juin 2014, le président Mohamed Ould Abdel Aziz explique l’échec du dialogue entre le pouvoir et l’opposition par des exigences que celle-ci n’avait jamais posées par le passé. Qu’en dites-vous ?

    Tout le monde sait qu’en avril dernier, après l’accord de principe sur l’ouverture du dialogue entre le FNDD et le pouvoir celui-ci a interrompu le contact entre les délégations avant qu’elles aient eu le temps, non pas de discuter mais simplement de prendre connaissance de leurs positions respectives. Alors jugez vous-mêmes si ce que prétend le Président est vrai ou faux.

    Dans son discours d’investiture que vous avez boycotté, le président de la République déclare qu’il s’opposera farouchement aux tenants des visées racistes, particularistes, tribalistes ou grégaires qui menacent notre cohésion sociale et notre unité nationale. Que pensez-vous de cette sortie ?

    Des propos de circonstances sans signification réelle. Mais c’est tout de même une sortie malheureuse. Les menaces en la matière sont d’ailleurs contre-productives et inacceptables de la part d’un président qui a déjà tenu aux représentants des groupes ciblés un discours totalement contraire, fait d’encouragement et de promesses. Donc je crois que le pouvoir n’a pas de position sur la question de l’unité nationale. Au lieu de s’attaquer avec détermination et esprit de suite aux problèmes de l’esclavage et du passif humanitaire et aux inégalités et exclusions sociales qui minent notre société, il se contente de se livrer au jeu dangereux de la manipulation politicienne de ces questions tantôt dans un sens tantôt dans l’autre.

    Dans son discours aux congressistes des FLAM devenus depuis les FPC, le président Samba Thiam a dit : ‘’Osons reconnaitre l’existence, dans notre pays, de discriminations raciales et sociales pour nous engager dans le nécessaire changement, salvateur, qui passe par la construction d’un pays qui combat les inégalités liées à la naissance, accepte sa diversité, cultive la solidarité, partage ses richesses”. Partagez-vous cette opinion ?

    Je pense que ces propos ne contredisent pas la réalité. Et j’irai plus loin en avançant la proposition suivante :à mon avis, il est aujourd’hui urgent, pour soustraire la question de l’unité nationale à toute dérive extrémiste ou manipulation politicienne, que tous les acteurs politiques ou sociaux organisent une nouvelle édition des journées de concertation nationale, comme en 2007,pour s’entendre sur le diagnostic, les solutions et la feuille de route et s’éloigner ainsi comme de la peste des dérives suicidaires qu’engendrent les confrontations identitaires. Ce qui se passe en Centrafrique, au Rwanda, en Irak, au Yemen, en Somalie nous édifie suffisamment sur le risque de destruction auquel une « bonne cause » mal posée peut conduire un pays.

    Les FLAM ont proposé lors de leur dernier congrès un projet d’autonomie pour les régions du Sud. En avez-vous pris connaissance et que vous inspire-t-il ?

    Pourquoi ne pas en discuter ? Mais la proposition ne me semble pas très claire. S’agit-il d’une réforme de l’organisation administrative du pays ? Auquel cas, elle ne remet pas en cause le caractère unitaire de l’Etat et préconise une sorte de large décentralisation qui s’appliquera donc à toutes les régions du pays. Dans une telle approche, la notion d’« autonomie » paraît inappropriée et prête à confusion.

    Si par contre, le critère ethnique est primordial, il s’agit alors d’une sorte d’autonomie pour les minorités nationales comme il en existe dans de nombreux pays de par le monde. Se posera alors le problème inextricable du découpage et de la viabilité de ces entités autonomes compte tenu de l’interpénétration des communautés ethniques et de l’exiguïté de l’espace (de la rive droite du fleuve). Que les nationalités négro-africaines obtiennent un cadre pour l’expression et l’épanouissement de leur identité propre est tout à fait légitime. Mais il me semble qu’une vraie et large décentralisation est plus indiquée pour ce faire dans l’étape actuelle de l’édification de l’Etat national.

    Il faut en outre rappeler, ce qu’on oublie parfois, que la conquête de la démocratie est un préalable nécessaire à toute solution viable quelle qu’elle soit et que cette conquête ne peut être obtenue que par un peuple uni dans son combat.

    Propos recueillis par AOC 28 octobre 2014

    Source : http://www.lecalame.info

    http://www.afriquesenlutte.org/afrique-du-nord/mauritanie-55/article/mauritanie-interview-du-president

  • Mauritanie UFP: Résolution sur l’esclavage (Afriques en Luttes)

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    Considérant la persistance de pratiques esclavagistes constamment dénoncées par des organisations des droits de l’Homme dans le pays (à titre d’exemples : cas des jeunes Said et Yarg dans une localité entre Boutilimit et Lemden en 2011, plusieurs autres cas dénoncés à Arafat en 2012 entraînant des affrontements entre la police et des militants anti-esclavagistes et récemment à Nouadhibou avec l’affaire de Fatma mint Lkweiry actuellement au tribunal) ;

    - Considérant les nombreuses et graves séquelles de l’esclavage (exclusion, ignorance, pauvreté …) ;

    - Considérant la nomination dans le dernier gouvernement d’une personnalité connue pour ses positions esclavagistes déclarées ;

    - Considérant la criminalisation de l’esclavage consacrée par les lois du pays ;

    - Considérant les nombreuses plaintes sans suite, portant sur des cas d’esclavage, déposées auprès de la justice par les associations de droits de l’Homme ;

    Le BE exécutif de l’UFP, réuni en session ordinaire les 21, 22, 23, 24 et 25 août 2014 :

    •S’indigne de la persistance de pratiques esclavagistes dans notre pays ;

    •Dénonce la complicité de l’administration avec les esclavagistes et l’impunité dont bénéficient ces derniers ;

    •Exige l’application avec rigueur des lois criminalisant l’esclavage ;

    •Exprime sa vive indignation à propos de la promotion à de hautes fonctions administratives de personnes connues pour leur comportement esclavagiste et réclame leur destitution ;

    •Réclame l’élaboration de programmes conséquents pour lutter contre les séquelles de l’esclavage, prévoyant au besoin une discrimination positive au profit des couches concernées ;

    •Exhorte les oulémas à davantage s’impliquer dans la lutte contre l’esclavage ;

    •Appelle enfin toutes les composantes de notre peuple à engager une lutte résolue pour l’éradication de l’esclavage dans notre société.

    Nouakchott, le 25 août 2014 8 octobre 2014 par UFP (Mauritanie)

    Le Bureau Exécutif

    http://www.afriquesenlutte.org/afrique-du-nord/mauritanie-55/article/mauritanie-ufp-resolution-sur-l