Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Révolutions Arabes - Page 121

  • Saint Brieuc avec Julien Salingue (Ujfp)

    s brieuc.jpg

    Conférence-débat sur les mutations du mouvement national palestinien : entre rêves et réalité

    Organisée par l’Association France-Palestine Solidarité de Saint-Brieuc. Avec Julien Salingue, Docteur en science politique spécialiste du mouvement national palestinien et des dynamiques politiques, sociales et économiques en Palestine.

    Dans son dernier livre consacré aux ONG palestiniennes, il poursuit son étude du « processus de paix », conçu non comme une « étape vers la fin de l’occupation » mais comme une « reconfiguration de l’occupation ». A travers la question des ONG, c’est l’évolution du mouvement national palestinien qu’il rend visible.

    Après plus d’un demi-siècle d’occupation militaire et d’oppression permanente par l’État d’Israël, les Palestiniens, conscients de leurs Droits Nationaux, revendiquent toujours leur indépendance et la reconnaissance internationale de l’État Palestinien.

    Face à la disproportion dans le rapport de forces entre Palestiniens et Israéliens, comment réagit la société palestinienne ? Comment vivre entre l’espoir politique et les nécessités de la vie quotidienne ? Peut-on survivre à l’oppression de tous les instants sans se soumettre ?

    Les « Accords d’Oslo », sensés apporter la paix, ont en fait permis une occupation dura- ble des territoires du futur État Palestinien. Il n’y a jamais eu de « processus de paix », mais une succession de discussions qui servent de paravent à la poursuite de l’occupation, de l’accaparement des terres et à la colonisation intensive.

    Nous ne devons pas laisser les Palestiniens seuls face à Israël et ses soutiens interna- tionaux, le développement des mouvements de solidarité partout dans le monde est une urgen- ce. Le soutien des opinions publiques peut faire évoluer favorablement les revendications palestiniennes au niveau international.

    A l’exemple du succès du boycott contre l’apartheid en Afrique du Sud, la campagne BDS (Boycott – Désinvestissement – Sanctions) active dans de nombreux pays, accroît l’isolement de l’État d’Israël pour le contraindre à se conformer au Droit International.

    À Saint-Brieuc (22), conférence-débat de Julien Salingue
    Le vendredi 20 mai 2016 à 20h30
    Salle Fraboulet 13 rue de Penthièvre
    Saint-Brieuc

    http://www.ujfp.org/spip.php?article4904

     

  • Cinquième année de guerre totalitaire en Syrie (Emanciptaion)

    putin-stalin1.jpg

    Au terme de cette cinquième année de guerre totalitaire menée par le régime de Bachar al-Assad et ses puissants alliés russes et iraniens contre le peuple syrien insurgé, nous pouvons prendre la mesure de l’importance géo-stratégique de ce conflit et de ses conséquences effroyables auprès des populations civiles syriennes. Ce conflit illustre l’appétit de puissance de l’impérialisme russe.

    Ce qui frappe à l’examen de ce conflit, c’est d’abord l’incommensurable démesure de la violence exercée par une dictature dans sa volonté de briser l’élan révolutionnaire de tout un peuple. Inutile de vouloir dresser ici l’ampleur d’un désastre humain qui dépasse en horreur tous les conflits qui se sont développés depuis la deuxième guerre mondiale, hormis les tragédies cambodgienne, rwandaise, bosniaque et tchétchène. Nous comprenons toutefois que ce conflit majeur développe d’autres problématiques sous-jacentes intéressant, bien au-delà des pays du Machrek, les puissances dominantes mondiales, USA, Russie, Chine, Europe occidentale.

    “L’horreur du vide” : dynamique impérialiste

    Au bras de fer engagé entre le peuple syrien et son dictateur, se subordonnent les rivalités qui opposent les impérialismes américain et russe, soucieux, l’un et l’autre, d’un tacite consensus qui pourrait être celui d’un partage de responsabilités incluant “leurs chasses gardées” respectives, rejouant ainsi, sur le mode d’une sinistre parodie, un “Yalta” à l’échelle du Moyen-Orient.

    Contrairement à la doxa militante qui impose une compréhension statique de l’Histoire en affirmant comme primat le statut hégémonique de l’impérialisme américain, nous constatons , à l’évidence, la montée de l’intervention russe en Syrie. La puissance de feu de ses missiles, l’efficacité destructrice de sa flotte aérienne, la montée en gamme de son artillerie et de ses blindés, l’intervention significative de ses troupes au sol sont corroborées par les faits.

    Le retrait stratégique des USA sous l’impulsion de la diplomatie d’Obama menée par John Kerry auprès du Kremlin en 2013 et le renoncement à intervenir à la suite d’un massacre majeur sur les populations civiles perpétré au gaz sarin par le régime, en une nuit, dans la plaine de la Ghouta, occasionnant la mort de 1400 civils, ont infléchi le rapport de force militaire, et donc diplomatique, en faveur du Kremlin. Poutine, en bon tacticien, a compris qu’Obama demeure phagocyté par la campagne présidentielle nationale, et s’est saisi, par ailleurs, des tergiversations de l’impérialisme américain, désormais plus soucieux des enjeux géostratégiques qui se développent dans l’hémisphère sud, pour investir un champ d’action laissé en déshérence. Selon une dynamique quasi physique, l’espace vacant a provoqué une force attractive léguant à l’impérialisme russe une responsabilité majeure au Moyen Orient.

    Puissance et limite de l’impérialisme russe

    La chute vertigineuse du prix du baril de pétrole pourrait conduire l’État russe, menacé de récession économique, à se retirer du théâtre des opérations militaires en Syrie. Cet argument, récurrent depuis l’engagement russe dans ce conflit, voudrait en minimiser l‘impact militaire et diplomatique. Outre le fait que cette entreprise impérialiste en Syrie, dans sa fonction idéologique nationaliste et patriotique, contribue à contenir des tensions sociales fortes au sein de la société russe, elle dynamise, par ailleurs, opportunément le complexe militaro-industriel, secteur protégé d’une haute technologie, en lien avec une économie de guerre. Le territoire syrien, vaste théâtre opérationnel, permet à ce lobby d’affirmer, in situ, la démonstration de sa toute-puissance. Il est en concurrence avec le lobby américain des armes de guerre, et nous comprenons que ce conflit oxygène production d’armes et marchés.

    Pourvoyeuse d’armes en flux continu en faveur d’un régime engagé dans une guerre totale contre son peuple, il paraissait clair, dès 2013, que la Russie prenait une place prépondérante, désireuse de limiter aussi l’influence expansionniste et politique de l’Iran à l’égard de son voisin syrien dont les troupes exsangues abandonnent, au fil des combats, les fronts d’intervention aux milices Qods et à celles du Hezbollah, conduites par le général iranien Qassem Soleimani.

    Campagne de bombardements

    L’irruption en Syrie des forces russes aériennes mais aussi terrestres, dès le début de l’automne 2015, n’a surpris que les observateurs peu lucides sur la nature du “système Poutine”, pourtant révélée lors des guerres dans le Caucase.

    La détermination du Kremlin à traiter les conflits par la seule force brutale n’a d’égale que celle du tyran qu’il s’est engagé, jusqu’à ce jour, à maintenir coûte que coûte au pouvoir.

    Ces bombardements d’une violence inouïe ont ciblé les centres vitaux de la société civile, en priorité les hôpitaux, les écoles, les fabriques alimentaires, mais aussi les services publics abritant les cadastres (1). Ils se sont ajoutés aux barils d’explosifs largués par le régime, perpétrant au quotidien des crimes de guerre.

    À ces cibles civiles s’ajoutent celles visant à couper les voies d’accès logistiques qui alimentent depuis les frontières extérieures les centres urbains, les populations rurales.

    Sur le théâtre des opérations militaires, les technologies russes de renseignements, hautement performantes, donnent toutes informations fiables et utiles. Les bombardements et les tirs balistiques visant les cibles rebelles au régime n’en sont que plus efficaces et destructeurs.

    En sept mois d’intenses activités militaires, les forces russes, appuyées par celles, nombreuses, venues des pays voisins, parfois depuis le Yémen, l’Afghanistan et l’Irak, inverseront un rapport de force, lequel en août 2015, aurait pu basculer en faveur de l’insurrection. Une attaque imminente sur Lattaquié s’apprêtait à donner un signal décisif annonciateur, on aurait pu le penser, de la chute de Bachar al-Assad et de son régime.

    Accords tacites entre impérialismes ?

    En août 2016, prenant prétexte de l’assassinat d’un journaliste américain par Daech, une coalition internationale se met en place, impliquant les forces aériennes américaines, européennes, arabes. Ces puissances feront de la chute de Bachar al-Assad un éventuel “objectif secondaire”, se fixant comme priorité la lutte contre Daech pour son éradication.

    Cette “feuille de route” abandonne le peuple syrien, le laissant à la merci, sans armes antiaériennes, des bombardements russes et de ceux du régime. Les insurgés devront en outre se confronter à la puissante coalition pro-Bachar, à Daech, voire au PKK-PYD (2). Le peuple syrien sera soumis au supplice de la punition russe. Bachar, quant à lui, peut se féliciter d’avoir, en 2013, libéré de ses geôles des djihadistes qui deviendront les cadres politiques de l’“État islamique” et en constitueront l’armature.

    Accords tacites et… autres partages des “tâches”

    L’administration américaine, laissant volontiers au Kremlin le soin de mater la révolution syrienne, pourvoira en armes les forces du PKK-PYD et les appuiera par ses raids pour la libération de Kobane, mais aussi de Rakka, via la ville de Tall Abiadh, leur laissant ainsi l’ ingrate besogne de mener les combats au sol contre Daech.

    L’Histoire dira que Tall Abiadh “est tombée” sans combats après que le PKK-PYD et Daech se sont concertés sur un échange de “bons procédés” : que le PKK-PYD prenne position à Tall Abiah, et renonce au but de l’opération militaire qui consistait à prendre Rakka. Saleh Muslim, dirigeant du PYD, confirmera. Les américains, blousés, en prendront ombrage !

    Notons que les jeux de “coquins et de gredins” sont étrangers à l’Armée Syrienne Libre (ASL), laquelle n’a jamais bénéficié d’une quelconque couverture aérienne, ni disposé de fusées sol-air, bien qu’elle ait, avec une fiabilité et une constance sans faille, donné aux services secrets américains, et ce, en pure perte, des informations précises concernant les lieux stratégiques et les mouvements de troupes de Daech.

    A contrario le PKK-PYD, héritier de l’idéologie et des pratiques staliniennes, mettra en œuvre un jeu d’alliances à géométrie variable, sachant se concilier les faveurs du régime d’Assad ainsi que celles de Moscou, où il est invité à tenir ambassade. Sans principes révolutionnaires, le PKK-PYD profitera des raids russes sur les positions de l’ASL, pour s’emparer de positions stratégiques tenues par celle-ci.

    Peuple insurgé, peuple en résistance !

    Les sceptiques politiques, concernant la révolution syrienne, devraient s’interroger sur cette réalité assez sidérante. Comment ce peuple, “orphelin” de tout soutien significatif, persiste-t-il à demeurer debout après cinq années d’une guerre totalitaire aussi meurtrière ?

    Comment ce peuple a-t-il trouvé une telle vitalité pour, la trêve à peine déclarée, mais peu respectée par le régime, descendre dans la rue massivement et clamer son rejet de Bachar al-Assad comme aux premiers jours de l’insurrection ?

    La force et la vitalité de ce peuple pourrait s’expliquer par son auto-organisation en conseils élus, indépendants de toute entité religieuse ou militaire, rejetant ainsi toute verticalité de pouvoir.

    L’adversité sans concession crée et génère son antidote : un lien social réinventé dans la solidarité, l’esprit de responsabilité et de démocratie.

    Le peuple insurgé, riche de cette expérience, ne saurait renoncer à une liberté désormais inscrite dans sa nouvelle existence sociale et humaine. Acteur conscient et résolu de la dynamique de son processus révolutionnaire, il a atteint un point de non retour…

    C’est l’étonnante réalité marquante de cette cinquième année de conflit.

    Nouveau gendarme

    Pour le seul mois de février 2016, un millier de raids de l’aviation russe ont bombardé l’axe Alep-Idlib. Cette force de frappe aérienne se conjugue avec la volonté iranienne de ne pas laisser le Kremlin s’imposer dans le paysage politico-militaire syrien : Téhéran annonce, début avril 2016, l’envoi de dix mille hommes de troupes supplémentaires en renfort sur le champ de bataille syrien.

    Dans ce contexte, la victoire militaire du peuple syrien ne saurait être humainement envisagée. À l’inverse, Bachar et ses proches, honnis, ne sauraient désormais être imposés comme faisant partie d’une quelconque solution politique. L’erreur serait de penser avec Poutine que le seul rapport de force militaire ferait force de loi en faveur du régime.

    En 1961, en Algérie, l’armée française prétendait avoir gagné la guerre, mais le peuple algérien, dans un rejet massif de la puissance coloniale, détenait le rapport de force politique et la clef de son indépendance.

    Les USA et les occidentaux cherchent à trouver une issue au conflit a minima, et au détriment du peuple syrien, comme ce fut le cas à Dayton (3) à l’égard du peuple bosniaque.

    Dans cette perspective il est permis d’imaginer que ceux-ci seraient tentés de s’appuyer sur l’impérialisme russe, en sa qualité de « nouveau gendarme » en Syrie. En échange de quoi, indépendamment de sa reconnaissance comme puissance légitime au Machrek, le Kremlin pourrait négocier des ouvertures économiques plus favorables, ainsi qu’ une solution dans le Donbass où il se trouve enlisé. Ancré dans le port de Tartous et positionné dans son aéroport à Hamimin, proche de Lattaquié, il pourrait s’imposer en arbitre et contenir, entres autres, les prétentions régionales de Téhéran. L’Arabie Saoudite tétanisée par l’influence de sa puissante rivale, de Beyrouth à Sanaa, y verrait une éventuelle garantie.

    Coups de boutoir

    Le maintien du régime totalitaire, sur la base de pseudos négociations, contraires à la volonté populaire syrienne, laisserait le Machrek en partage à de sanglantes dictatures, à des monarchies réactionnaires, à des pouvoirs nationalistes irrédentistes, à la politique sioniste d’ occupation coloniale sur le mode du fait accompli et à des prises de territoires terroristes, mouvantes et lacunaires, djihadistes.

    Ces hypothétiques accords de partage devraient, à terme, s’effondrer sous les coups de boutoir déterminés et récurrents d’une opiniâtre opposition populaire, seule susceptible de proposer une solution consensuelle de retour à la paix et à la stabilité.

    Le départ sans conditions de Bachar al-Assad et des dignitaires du régime, clef de voûte d’un système totalitaire, provoquerait une onde de choc salutaire dans tout le Moyen-Orient, susceptible d’ébranler dans leurs fondements les puissances régionales réactionnaires.

    Délégation unie

    Signe optimiste des temps, la délégation syrienne partie négocier à Ryad aujourd’hui à Genève, présente un front démocratique uni, porteur d’un mandat clair : le rejet sans concession de Bachar al-Assad et de son régime pour un État de droit dans une Syrie unie, laïque, démocratique comme aux premiers jours de mars 2011.

    Georges Sabra, membre de cette délégation fidèle au principe de Genève1 dit : “l’opposition crédible est celle qui a une force d’opposition sur le terrain”. Le premier avril 2016, l’espace public, dans plus de cent villes, était encore envahi par une foule exigeant le départ du tyran.

    Le peuple syrien poursuit son combat vers la liberté et la dignité. Notre soutien est plus que jamais engagé. Soyons solidaires de toute initiative politique, syndicale, humanitaire, dans un effort commun d’opposition au totalitarisme du régime de Bachar al-Assad.

    Claude Marill mardi 10 mai 2016

    Notes:

    (1) La destruction des cadastres pourrait permettre au nouveaux maîtres d’effacer à jamais les droits de propriété des citoyens syriens, chassés de leurs biens et de leurs terres, à des fins d’appropriation.
    (2) Le PYD : Parti de l’union démocratique, parti kurde syrien affilié au PKK turc, d’obédience marxiste, se réclamant d’un socialisme démocratique. Il revendique actuellement le contrôle du Rojava, le Kurdistan syrien. Salih Muslin, représentant du PYD, revendique l’autonomie du Rojava dans un État fédéral. Sa branche armée, constituée en 2012, Unités de protection du peuple (YPG) revendique 40 000 combattants.
    (3) Les “accords de Dayton” sont signés à Paris, le 14 décembre 1995, par les présidents serbe, croate et bosniaque. Ils ont été préalablement âprement négociés, sous l’égide de R. Holdbrook, en novembre de la même année, sur une base aérienne proche de Dayton. Ils consacrent l’intégrité territoriale de la Bosnie-Herzégovine tout en la partageant en deux entités : la fédération croato-bosniaque (51°/°du territoire ) et de la République serbe de Bosnie (49 %° du territoire) prenant acte de l’état de fait du “nettoyage ethnique” et de la partition, laquelle est maintenue depuis 21 ans sous tutelle internationale.
    La référence à cet accord pourrait s’appliquer à une Syrie artificiellement maintenue mais néanmoins écartelée en trois entités, sunnite, chiite kurde, sur un mode ethnique, à l’exact opposé des aspirations du peuple syrien insurgé qui se bat pour une Syrie unie pluri-ethnique, démocratique, laïque.

    L’Émancipation syndicale et pédagogique – 2/05/2016– page 22 à 25

    http://www.emancipation.fr/spip.php?article1339

  • Pierre Stambul : « Israël et l’Arabie Saoudite appartiennent au même camp » (UJFP)

    hqdefault.jpg

    Le Temps d’Algérie : Ghaza connaît une escalade caractérisée par des raids israéliens contre la population. Vous attendiez-vous à cette escalade ?

    Pierre Stambul : Ghaza connaît des agressions régulières : 2009 (Plomb durci), 2012 (Piliers de la défense), 2014 (Bordure protectrice). Malgré des noms recherchés, ces agressions sont particulièrement meurtrières et dévastatrices. Ghaza est un laboratoire pour Israël. Depuis que ses dirigeants ont réussi à faire classer le Hamas comme « organisation terroriste » et à faire accepter le blocus comme quelque chose de normal, ils savent que tout le monde fermera les yeux chaque fois qu’ils attaqueront malgré les milliers de civils tués ou blessés et les quartiers rasés. La « communauté internationale » sait ou a les moyens de savoir ce que la population de Ghaza endure. Et elle ferme les yeux. Cette complicité est obscène.

    Pourquoi cette attaque ?

    La guerre perpétuelle est un ciment indispensable à la société israélienne. Elle évite de se pencher sur toutes les contradictions internes. Elle permet de développer la propagande (« nous ne faisons que nous défendre »), d’agiter la peur et de rallier toute la population à une colonisation sans fin. L’agression de 2014 a réussi à faire capoter le projet de gouvernement d’union nationale palestinien. Celle-là fera capoter « l’initiative française » de paix qui avait de toute façon au départ bien peu de crédibilité.

    Israël évoque « la riposte à un tir de roquettes ». Est-ce un justificatif pour mener ces raids ?

    Ces justifications sont des plaisanteries. Israël n’a pas besoin de prétexte. Entre deux attaques, depuis la « barrière de sécurité », où les armes sont télécommandées à distance, l’armée israélienne n’a jamais cessé de tirer sur la population (notamment sur les agriculteurs dont les terres jouxtent la barrière). Des dizaines de paysans et des centaines d’ânes ont ainsi perdu la vie. Quand on est depuis longtemps à Ghaza, on finit par cesser de pester contre les tirs (dérisoires) de roquettes. Tout simplement parce que l’enfermement est insupportable et qu’on est prêt à tout tenter pour qu’il cesse.

    Il en est de même pour les tunnels. Leur existence malgré les destructions est un signe de désespoir.
    Les Israéliens voudraient faire pleurer l’opinion publique sur les villes israéliennes qui subiraient des tirs de roquettes. Ces tirs n’ont quasiment jamais fait de victime. Par contre, près d’Ashkelon, les guides israéliens proposent aux touristes d’admirer depuis un monticule la bande de Ghaza bouclée. Ghaza est devenu un zoo.

    Le Premier ministre Nétanyahou profite-t-il de la situation au Proche-Orient pour agresser de nouveau Ghaza ?

    Bien sûr, le chaos qui règne au Proche-Orient et la politique égyptienne laissent les mains libres à Nétanyahou. Dans le cadre d’une petite mission, nous étions en Palestine l’hiver dernier. Plusieurs interlocuteurs nous ont dit que pour eux, « Daech et l’Arabie saoudite sont des créations de l’Occident ». Plusieurs pays arabes financent le terrorisme et des guerres (comme au Yémen) alors que la Palestine est abandonnée. Dans le cas de l’Égypte, son régime participe au blocus de Ghaza. Alors que le mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) lancé à l’appel de la société civile palestinienne se développe, les régimes arabes continuent de commercer avec des entreprises multinationales qui font du profit avec l’occupation de la Palestine. Ainsi la même entreprise « de sécurité » G4S a pu, pendant des années, gérer les check-points privatisés en Cisjordanie et assurer la sécurité du pèlerinage de la Mecque.

    Que pensez-vous de la décision prise par Nétanyahou d’annexer « définitivement » le plateau du Golan ?

    « L’annexion » du Golan a été votée par la Knesset (le Parlement israélien) en 1981. Toute la population (sauf les Druzes) a été expulsée dès 1967. Le Golan procure à Israël son meilleur vin, ses pistes de ski (sur le mont Hermon) mais surtout plus du tiers de l’eau douce consommée en Israël. Quand on voyage sur le Golan, on voit des ruines de villages ou de mosquées. Par contre, à l’entrée de Qatsrin, la principale agglomération des colons israéliens, on a retrouvé les ruines d’une synagogue du VIe siècle. C’est ça le nettoyage ethnique : les habitants récents ne sont plus là, mais en manipulant l’archéologie, on affirme ses droits sur un territoire.

    Le refus des Etats-Unis, de l’Occident et de l’ONU de cette annexion fera-t-il fléchir Nétanyahou ?

    Le gouvernement Nétanyahou se moque des paroles. Tant qu’il ne sera pas sanctionné politiquement, économiquement, militairement…, rien n’infléchira le fait accompli qui a toujours été sa politique. Qu’a fait Obama pendant ses huit ans de mandat ? Dire d’un côté qu’il faut « geler » la colonisation et d’un autre offrir plusieurs milliards de dollars à Israël après les bombardements de 2014 pour qu’il renouvelle son stock de munitions. Que fait le gouvernement français ? Parler d’une « initiative de paix » et en même temps demander aux Palestiniens de renoncer à leurs revendications historiques et criminaliser les citoyens qui soutiennent la Palestine en prétendant qu’ils sont antisémites. Nétanyahou sait qu’il n’a rien à craindre d’un camp qui soutient Israël en connaissance de cause : parce que c’est un morceau d’Occident surarmé, aux technologies de pointe, installé au Proche-Orient.

    Des articles de presse ont fait état de « rapprochement » entre l’Arabie saoudite et Israël. Qu’en est-il ?

    Pour tenir le Proche-Orient, les dirigeants occidentaux ont besoin à la fois d’Israël et des monarchies féodales du Golfe. Cette situation donne aux uns et aux autres une certaine autonomie. Je ne sais pas s’il y a le rapprochement évoqué mais les deux pays appartiennent au même camp. Si l’Arabie saoudite n’avait pas financé le terrorisme, le Proche-Orient ne serait pas dans cette situation dramatique. Si elle avait dépensé le dixième de ce qu’elle dépense dans la guerre du Yémen en faveur des Palestiniens, ceux-ci se sentiraient moins abandonnés. Mounir Abi mardi 10 mai 2016

    Article publié sur le site du journal "Le Temps d’Algérie".

    Pierre Stambul

    Pierre Stambul, vice-président de l’Union juive française pour la paix (UJFP), évoque dans cet entretien la récente agression israélienne contre Ghaza, dénonce le silence observé par l’Occident et commente les propos du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, annonçant l’annexion « définitive » du Golan syrien occupé. Il parle également de la politique de l’Arabie saoudite au Moyen-Orient, classant cette monarchie dans « le camp » d’Israël.

    Articles de cet auteur

    http://www.ujfp.org/spip.php?article4902

  • Nouveautés sur A l'Encontre.ch

    John Kerry et Mohamed Morsi: une «complicité» confirmée
    Solidarité avec les travailleurs et la jeunesse haïtienne
    Grèce: les révé­la­tions d’un ancien membre d’Aube Dorée
    Livre: Lectures et usages féministes de l’islam
    Egypte: une bipolarisation politique qui estompe les mouvements sociaux
    La révolution égyptienne n’est pas un conte de fées
    Egypte. Passer des conseils et de la propagande à une «politique de masse

    Syrie-Liban. Réfugié·e·s de Syrie face à l’esclavage

    10 - mai - 2016 Publié par: Alencontre1

    Par Katharine Jones Cinq ans après le début du conflit syrien, les Syriens constituent désormais la population de réfugiés la plus importante au monde. Sur les 5 millions d’hommes, de femmes et d’enfants qui ont fui la Syrie, plus d’un million a cherché refuge au Liban, pays voisin et ancienne «colonie» de la Syrie. Mais leur sécurité […]

    Alep, cœur du conflit syrien

    2 - mai - 2016 Publié par: Alencontre

    Par Pierre Puchot En bombardant les civils d’Alep, deuxième ville de Syrie, au mépris de la trêve conclue fin février, Bachar al-Assad tente de prendre l’ascendant sur le conflit grâce à son aviation. À Alep, c’est pourtant l’espoir de revoir une Syrie multiconfessionnelle et pacifiée qui meurt chaque jour. D’un côté, le régime syrien qui […]

    Syrie-Alep. Déclaration des Comités locaux de coordination en Syrie. Lettre des médecins d’Alep

    2 - mai - 2016 Publié par: Alencontre

    Depuis 2011, nous n’avons eu de cesse de souligner que le caractère même de la dictature du clan mafieux Assad était mis au jour ne serait-ce que par un seul trait de ses objectifs réfléchis: détruire les cliniques et les hôpitaux; tuer le personnel soignant; enlever des blessé·e·s dans des lieux de soins et les […]

     
  • CINELUTTES : REPUBLIQUE 15 MAI FILMS & DÉBATS PALESTINE

    cineluttes_15_mai_programme_2_p_page_1.jpg

    LE DIMANCHE 15 MAI DE 14h à 22h


    "LA PALESTINE SUR LA PLACE"
    À L’OCCASION DE LA COMMÉMORATION DE LA NAKBA PALESTINIENNE
    (L’expulsion des Palestiniens en 1948 et la création de l’Etat d’Israël sur leur terre, le 15 Mai 1948)

    VOIR LE PROGRAMME

  • Aix Marseille Naqba

    gups.jpg

    "À l'occasion du 68e anniversaire de la Nakba L'Union Générale des Étudiants de Palestine (GUPS Aix-Marseille) et Génération Palestine Marseille vous convient à participer à une soirée de commémoration, en mémoire de l'expulsion de 750 000 palestiniens, et la destruction de 479 villages en Palestine

    Rencontre-débat:

    « 68 ans après la Nakba: Quels chemins pour la Palestine? »

    avec Khaled Barakat, auteur et militant de la gauche palestinienne

    Samedi 14 Mai 2016 à partir de 18h30 À Manifesten (59 rue Thiers, 13001 #Marseille)

    Rencontre-débat / Projection de court métrage / Musique et buffet palestinien à prix libre

    https://www.facebook.com/events/1735832763364560/

    "Le chemin pour la Palestine, de près ou de loin, est le chemin de la révolution." - Naji Al Ali (caricaturiste et militant palestinien)"

     GUPS Aix-Marseille

     gups.aix.marseille@gmail.com

    https://www.facebook.com/events/1735832763364560/

    nakba-8e5c5.png

    http://www.france-palestine.org/Commemoration-de-la-Naqba-28613

    Voir le site de Palestine 13

     

  • Plourin les Morlaix

    mor.jpg

  • Morlaix. Ils ont vu "l'inimaginable" en Palestine (Afps)

    palestinians-at-israeli-checkpoint.jpg

    Du 2 au 13 avril, sept membres de France Palestine Solidarité (AFPS) de Morlaix et Brest ont séjourné parmi les Palestiniens pour découvrir leur quotidien.

    Témoignage

    « Nous voulions rencontrer des personnes dont nous défendons le combat au quotidien », déclare Josette Brenterch, de l'AFPS de Brest. « J'ai vu l'inimaginable », poursuit Andrée Pichon, également du groupe brestois. « Nous avions souvent entendu parler de la Palestine. Nous avons même rencontré des Palestiniens venus en France et lu de nombreux ouvrages sur leur situation. Nous voulions découvrir une réalité, et j'ai vu l'inimaginable. »

    Andrée tend une photo sur laquelle on voit de nombreuses personnes, faisant la queue à un check-point der- rière des barreaux. Enfermées derrière ces grilles, elles attendent de pouvoir entrer dans un territoire sous autorité israélienne. « Parfois le mur, érigé tout au long de la Cisjordanie, sépare un agriculteur de son champ », raconte François Rippe. « Il doit faire un détour pour rejoindre un check-point et revenir vers son champ si- tué juste de l'autre côté de sa maison. Si un militaire décide de ne pas faire entrer un Palestinien, même s'il a une autorisation, aucun recours n'est possible. L'arbitraire crée la désespérance et la résistance. »

    « Chaque famille a ses martyrs »Le groupe a visité Jérusalem Est, Hébron, Bethléem, plusieurs camps de réfugiés dont celui de Jalazone, à 10 km au nord de Ramallah, où le groupe brestois est partenaire d'une association qui vient en aide aux personnes âgées.

    Michèle Abramovicz ajoute: « À Hébron, les maisons palestiniennes sont entourées par les colonies israéliennes. De jeunes Palestiniens sont régulièrement tués par des militaires. »

    « Chaque famille a ses martyrs, tués ou emprisonnés par l'armée israélienne », explique Ismaël Dupont. « Même dans les taxis, il y a des photos de proches disparus », complète François Rippe. « Malgré ce qu'ils subissent au quotidien, ils ne baissent pas les bras. Ils veulent être heureux, rire, être amoureux, fonder une famille. »

    Vendredi 3 juin, l'AFPS organise une soirée à la salle du Cheval-Blanc à Plourin-lès-Morlaix, à partir de 17h. Une exposition de photos sera affichée. Un groupe de jazz local jouera à partir de 20h30. Les membres de l'AFPS raconteront leur voyage. Un stand d'information et une librairie seront à mis à la disposition du public. Ils présenteront également le projet retenu pour venir en aide aux Palestiniens.

    Morlaix - Bérangère Collin

    http://www.ouest-france.fr/morlaix-ils-ont-vu-linimaginable-en-palestine

  • Le FFS renoue avec les luttes antilibérales (Algeria Watch)

    Image illustrative de l'article Front des forces socialistes

    Il dénonce le système de prédation économique

    Discours de circonstance ou retour aux premiers ancrages ? Le Front des forces socialistes (FFS) veut décidément renouer avec la vulgate socialiste et les luttes antilibérales de ses premières amours.

    Dans son discours, prononcé hier à l’occasion de la célébration des Fête du travail et de la liberté de la presse organisée au siège du parti, Youcef Aouchiche, premier secrétaire par intérim du FFS, puiseabondamment dans le bréviaire des temps premiers de l’Internationale socialiste pour identifier ce qu’il qualifie d’«offensive néolibérale» à l’œuvre dans le monde entier.

    «La célébration de la journée des luttes des travailleurs se tient, dit-il, dans un contexte national et international marqué par la détermination des prédateurs économiques du néolibéralisme globaliste à maintenir leur hégémonie sur les peuples et les économies du monde.» «Une hégémonie qui, aujourd’hui comme hier, fait de la guerre et du chaos un instrument de destruction des Etats, de spoliation des richesses et de clochardisation des peuples transformés en hordes de migrants.»

    Cette offensive néolibérale contre les peuples et les Etats, souligne le FFS (post-Hocine Aït Ahmed) opère en Algérie par la grâce de «facteurs internes». «Ces facteurs internes sont multiples et complexes : d’abord, une oligarchie compradore embusquée au sein même des institutions pour pomper les revenus de la rente au profit d’une caste parasitaire et antinationale.

    Ensuite, une partie de la technostructure de l’Etat séduite par l’idéologie néolibérale, désintéressée du destin national ou en régression par rapport aux avancées du Mouvement national au point de s’investir dans des stratégies révisionnistes et régionalistes dont elle devrait pourtant savoir qu’elles signeraient l’effondrement de l’état et le basculement dans le chaos.»

    Le FFS dit son refus de choisir entre «la soumission au néocolonialisme et la soumission au néo-khalifa d’obédience ottomane ou saoudienne» car, au FFS, «nous sommes pour l’Algérie du 1er Novembre 1954 et de la plateforme de la Soummam qui ont été l’œuvre de libération majeure réalisée par le peuple algérien uni dans ses frontières et dans son projet émancipateur de réalisation d’un Etat démocratique et social souverain» !

    Tout en réitérant son opposition aux «politiques d’austérité élaborées dans l’opacité et dont les retombées ébranlent les couches les plus défavorisées de la société», Le Front des forces socialistes rappelle qu’«aucun développement économique, aucun plan, aucune mesure visant à faire face à la crise n’est solvable en l’absence de préalables politiques et de la réalisation d’un consensus fort et admis par l’ensemble des acteurs politiques, sociaux et économique». 
    M. Az. El Watan, 4 mai 2016

    http://www.algeria-watch.org/fr/ffs_luttes_antiliberales

  • Nouveautés sur Association France Palestine Solidarité

    france-palestine.jpg

    • Gaza. Frappes aériennes israéliennes contre des positions du Hamas

      Actualités / Ouest-France
      L’armée israélienne a indiqué avoir mené dans la nuit de mercredi à jeudi de nouvelles frappes aériennes contre des positions du Hamas, qui dirige la bande de Gaza. L’armée israélienne avait déjà indiqué avoir conduit des frappes aériennes (...)
    • La bande de Gaza ciblée par des raids israéliens

      Actualités / Le Monde.fr avec AFP
      L’armée israélienne a annoncé, jeudi 5 mai, avoir effectué dans la nuit de nouvelles frappes aériennes contre quatre positions du Hamas dans le nord de la bande de Gaza, en proie à un accès de tensions depuis mercredi. L’Etat hébreu a affirmé (...)
    • Israël réduit l’opposition au silence : qui réagira ?

      Analyses / Shawan Jabarin, Centre pour les Droits Constitutionnels
      Qui tiendra Israël pour responsable ? La réponse, jusqu’ici, est personne. Mais en ce rare voyage aux USA, je vois des signes qui suggèrent que le barrage est en train de se rompre. Les craquements dans le barrage viennent de la société (...)
    • Israël-Palestine : Netanyahou dit non à l’initiative française

      Analyses / René Backmann, Mediapart
      Avant même la première des deux conférences prévues par Paris pour tenter de ressusciter le dialogue entre Israéliens et Palestiniens, Benjamin Netanyahou a prévenu qu’il rejetait l’initiative française. Il veut s’en tenir à des négociations (...)
    • Federica Mogherini, vice présidente de la Commission européenne : Liberté de circulation pour Ziad Medoukh, professeur de français à Gaza

      Pétitions et appels / Avaaz
      Signez la pétition Pourquoi c’est important Parce que chaque être humain où qu’il soit, est protégé par chaque article de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen... Depuis plus de trois ans, Monsieur Ziad MEDOUKH (...)
    • Palestinien brûlé vif en 2014 : le principal accusé israélien condamné à la prison à vie

      Actualités / Le Monde avec AFP
      Un tribunal de Jérusalem a condamné mardi 3 mai à la prison à vie le principal accusé israélien dans le meurtre d’un Palestinien brûlé vif en 2014, un crime qui avait profondément marqué l’opinion palestinienne et contribué à l’escalade des (...)
    • Gaza : les matériaux de construction arrivent au compte-gouttes

      Actualités / Murielle Paradon, RFI
      Des dizaines de camions sont entrés à Gaza ce mardi 3 mai, en provenance du point de passage de Kerem Shalom contrôlé par les Israéliens. Ils transportaient du ciment pour les projets de construction internationaux, mais pas pour les (...)
    • Nous et eux

      Analyses / Uri Avnery
      Non, ce n’est pas “nous” et “eux”. Pas “nous” – les bons, les moraux, les vertueux. Ou, pour le dire brutalement, les magnifiques, les Juifs. Et pas “eux” – les mauvais, les malfaisants, ou pour le dire encore brutalement : les méprisables. (...)