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Les leçons des élections universitaires à Birzeit (Info Palestine)

Lors des précédentes élections...

La pratique des sondages n’est pas aussi prégnante au Moyen-Orient qu’elle l’est en occident mais il n’y a pas vraiment d’autres moyens de mesurer l’humeur publique, comme en Palestine à l’occasion les élections d’université.

Cette semaine les candidats du bloc pro-Hamas « Wafa » ont largement remporté les scrutins à l’Université de Birzeit, d’une façon qui rappelle les élections parlementaires de 2006 que le Hamas avait gagnées haut la main à travers les territoires palestiniens sous occupation.

La grande question est maintenant de savoir si l’ex-président de l’AP, Mahmoud Abbas, organisera les élections présidentielles et au Conseil législatif comme il l’avait promis il y a déjà un moment.

En dépit d’une campagne cynique par l’Autorité palestinienne de harcèlement et de détention de ses partisans parmi les étudiants, le bloc du Hamas a gagné 26 sièges dans le conseil des étudiants tandis que le Fatah d’Abbas en remportait 19.

Les élections à l’Université de Birzeit ont eu lieu quelques jours après celles de l’Université Palestine de Hébron (enseignements techniques), où le Hamas et le Fatah ont emporté 15 sièges chacun et le Front Populaire pour la Libération de la Palestine (FPLP) un seul. Ce résultat a été le révélateur d’une évolution significative dans un environnement où les groupes affiliés au Fatah avaient toujours remporté les élections étudiantes ces dernières années.

Birzeit, à la différence de l’Université Islamique à Gaza est, peut-être l’endroit le moins probable où pouvoir assister à une victoire retentissante du Hamas, parce que cette université n’a jamais eu une administration qui pourrait être qualifié d’islamiste. Au contraire, cette université était traditionnellement plutôt alignée sur le Fatah et l’autorité de Ramallah. Ce qui s’est produit est donc une grave préoc- cupation pour l’ex-président Abbas ; si le Hamas peut gagner dans cette enclave réputée « sûre », qu’est-ce qui empêchera alors le mouvement d’emporter des élections nationales ?

A un autre niveau, ces résultats ont également mis en exergue l’échec de l’occupation israélienne.

Bien que le blocus de la Bande de Gaza avait pour objectif d’inciter à la colère et à l’hostilité populaires envers le Hamas, ceci ne s’est pas produit. Le soutien au mouvement est demeuré fort et en réalité se développe, même dans les endroits les plus improbables. Birzeit est non seulement la plus grande université palestinienne en Cisjordanie mais également une forteresse historique du nationalisme palestinien et du militantisme politique.

En effet le résultat peut être interprété comme un message à Abbas que non seulement son attitude lors la dernière offensive israélienne sur Gaza était complètement inacceptable, mais aussi que son attitude actuelle concernant la reconstruction de l’enclave assiégée comme sa manipulation du processus de réconciliation laisse à beaucoup à désirer. L’incapacité de son gouvernement d’unité nationale à résoudre d’une manière satisfaisante la question des salaires des travailleurs du secteur public, par exemple, demeure une grave et dommageable pomme de discorde.

Quant au Fatah et au Hamas, leurs réactions au scrutin de l’Université de Birzeit ont ont été très différentes. Jamal Nazal, un membre du conseil révolutionnaire et porte-parole de Fatah en Europe, a prétendu que les votes des étudiants ne reflétaient d’aucune manière l’opinion ou l’humeur de la rue palestinienne.

Naturellement, il ne dirait pas cela s’il avait gagné la partie. Il aurait sonné de la trompette tous-azimuts pour annoncer que c’était une approbation d’Abbas et de son Autorité, et un signe annonciateur de grandes choses à venir. Le Fatah, peut-être, aurait alors même osé organiser un scrutin les élections présidentielles et parlementaires tellement en retard.

Le Hamas, d’autre part, a interprété la victoire comme une approbation de sa politique.

Ezzet Rishq, un membre du bureau politique, a indiqué que la victoire envoyait un message important selon quoi le Hamas est maintenant clairement le mouvement à l’avant-garde des Palestiniens, que son programme de résistance correspond au souhait populaire. Il a ajouté que les résultats reflètent un rejet de la décision du Fatah de poursuivre de futiles négociations comme la coordination répressive avec les forces israéliennes d’occupation.

Les autres parties qui ont leur mot à dire dans les élections palestiniennes sont les Israéliens, les Américains et les Européens qui commanditent l’AP. Feront-elles la même erreur qu’en 2006 lorsqu’elles ont poussé Abbas à organiser des élections ?

D’après l’expérience antérieure, elles ne le feront que si elles peuvent garantir une victoire du Fatah et c’est donc très improbable.

Après avoir soutenu le coup de force en Égypte et trahi la volonté démocratique des peuples de la région qui ont voté pour les partis islamistes, l’Occident ne risquera sûrement pas une autre défaite humiliante en Palestine. Pour le Hamas le seul avantage possible qu’il peut tirer de ces résultats est la réaffirmation du soutien populaire à son programme de résistance. Le fait est, cependant, que le mouvement ne sera pas en condition de pouvoir gouverner même si encore une fois, il emportait démocratiquement la majorité lors d’élections.

Quelque soit la façon dont on interprète les résultats, ceux de l’Université de Birzeit sont significatifs.

L’université en tant qu’établissement public est une représentation de la société palestinienne. Malgré toutes les tentatives de diaboliser et marginaliser le Hamas, ce dernier reste incontestablement une force populaire avec laquelle il faut compter en Palestine.

Néanmoins, à ce moment sensible dans l’histoire du conflit, la victoire doit être considérée dans son bon contexte.

Khaled Meshaal a eu raison de préciser que ce n’était pas une victoire pour le Hamas en soi mais une victoire pour l’ensemble du peuple de Palestine parce qu’il consolide l’émergence d’un processus politique basé sur la participation et l’unité. C’est une leçon que Mahmoud Abbas devrait assimiler, même si c’est la seule.

 

* Dr Daud Abdallah est directeur du Middle East Monitor

Vendredi 1er mai 2015 - 00h:09 Saud Abdallah

Du même auteur :

- Au fil des boycotts, Israël perd ses alliés - 4 janvier 2014

 

24 avril 2015 - The Middle East Monitor - Vous pouvez consulter cet article à :
https://www.middleeastmonitor.com/r...
Traduction : Info-Palestine.eu

http://www.info-palestine.net/spip.php?article15350

Jaune: Fatah, Rouge: la gauche (FPLP, FDLP, PC) , Noir (Djihad Islamque), Vert (Hamas) (Orange, sur l'autre photo, Docteur Bargouti gauche ex-Pc)

Commentaire: En Syrie, dans le camp de Yarmouk, le Hamas combat Bachar El Hassad et le Daech, tandis que l'OLP (Fatah et FPLP) se disent "neutres".

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