Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Syndicats - Page 9

  • Egypte. Le mouvement ouvrier égyptien reste une épine dans le pied des autocrates (A l'Encontre)

    Mostafa Bassiouny

     

    Entretien avec Mostafa Bassiouny
    conduit par Marwa Hussein

    Depuis le renversement de Mohamed Morsi (3 juillet 2013), le mouvement ouvrier avait reculé, mais depuis le mois de mai 2014 il y a des signes indiquant qu’il connaît une nouvelle montée. Quelles sont les positions du mouvement ouvrier égyptien par rapport à la politique actuelle de l’Egypte?

    Il y a encore des débats autour du rôle joué par le mouvement ouvrier dans le renversement du président islamiste Morsi, dans l’ascension au pouvoir de l’ancien chef de l’armée Abdel-Fattah al-Sissi et dans d’autres développements politiques majeurs qui ont eu lieu en Egypte au cours de cette dernière année.

    Mostafa Bassiouny, un journaliste et chercheur publié par Cambridge, estime que le mouvement ouvrier reste une force avec laquelle il faut compter. Il pense que la politique du gouvernement – avec la réduction des subsides, l’augmentation de l’inflation et la détérioration des services de base – va forcer les classes laborieuses à réagir. Il rappelle qu’en 2006, l’importante grève à Mahalla City, à l’ouest du Caire, avait encouragé l’opposition contre Hosni Moubarak et que cette mobilisation est restée une épine dans son pied jusqu’à son renversement en 2011.

    Mostafa Bassiouny a travaillé pendant presque deux décennies en tant que correspondant pour les questions syndicales pour la presse égyptienne et régionale. Entre autres, il a écrit des articles sur les grèves massives des ouvriers du textile à Mahall El-Kubra entre 2006 et 2008. Il a également écrit un ouvrage intitulé Bread, Freedom and Social Justice. Workers and Egyptian Revolution [Ed. Zed Books, novembre 2014], en collaboration avec Anne Alexander, une autre chercheuse au Center for Research in the Arts, Social Sciences and Humanities (CRASSH) à l’université de Cambridge.

    Ahram Online a interviewé Bassiouny sur l’attitude du mouvement des travailleurs par rapport aux événements récents et à venir de la politique égyptienne.

    Le mouvement ouvrier a connu un recul au cours de l’année dernière. Est-ce une conséquence du calme relatif qui règne dans la sphère politique en général?

    Mostafa Bassiouny: Le mouvement ouvrier fait partie de la situation politique: il influence celle-ci tout en étant à son tour influencé. Depuis novembre, le mouvement des travailleurs égyptiens se redresse avec la grève de 12’000 travailleurs à la Egyptian Iron and Steel Company [Compagnie égyptienne publique du fer et de l'acier]. Le mois passé, 6000 autres travailleurs se mettaient en grève, entre autres à El Nasr Co. for Coke and Chemicals. Comparé aux actions qu’il a menées pendant les années 2008, 2012 et 2013, le mouvement est en recul, mais récemment, entre mai et octobre de cette année, il a repris de l’ampleur, et je pense que cela va continuer.

    Par ailleurs, on ne peut pas dire que le mouvement suit réellement une courbe descendante ou ascendante. Les grèves sont plutôt de nature saisonnière. En février 2014 il y a eu une vague de grèves suite à l’entrée en vigueur du salaire minimum dans l’administration publique. A ce moment-là, plus de 250’000 travailleurs du secteur privé se sont mis en grève pour revendiquer le même traitement que les employés publics. La pression a été tellement forte que le régime a évincé (février 2014) le gouvernement de Hazem El-Beblaoui. La vague de grèves récente coïncide avec la distribution des participations aux bénéfices. Il y a également la saison des primes, qui coïncide avec l’adaptation du budget de l’Etat, etc.

    Qu’est-ce qui vous fait croire que le mouvement va s’accroître plutôt que de reculer?

    Il y a deux facteurs importants. Tout d’abord, en Egypte les mouvements de protestation des travailleurs ne se sont pas arrêtés au cours de ces dernières années; ils connaissent des fluctuations, mais ne disparaissent pas. Le deuxième facteur qui permet de penser qu’il y aura une montée, c’est la politique sociale et économique menée par l’Etat lui-même.

    Au cours de cette année, plusieurs lois favorisant le patronat au détriment des travailleurs ont été passées. L’Etat non seulement n’a pas appliqué les décisions de tribunaux de renationalisation d’entreprises privatisées, mais il a en outre ajouté une clause légale concernant les investissements interdisant à un tiers de remettre en question tout contrat conclu entre l’Etat et les investisseurs.

    Pourquoi cette politique entraîne-t-elle une montée du mouvement? L’échec de leurs revendications ne suscite-t-il pas un sentiment prolongé de découragement chez les travailleurs?

    La politique économique adoptée par l’Etat pèse lourdement sur la classe laborieuse et sur les classes défavorisées en général. La réduction des subsides pour les carburants et l’inflation qu’elle a entraînée ont frappé durement ces classes, les rendant plus enclines à réagir à ces pressions. Même si de telles mesures politiques entraînent du découragement, celui-ci ne durera pas. En fin de compte les réalités de la vie et les besoins non satisfaits prennent le dessus. Les gens veulent nourrir leurs familles, envoyer les enfants à l’école, obtenir des soins de santé et des logements décents. Ces réalités vont toujours exercer un poids. Les gens peuvent se sentir découragés ou estimer que leur mouvement ne donne pas les résultats escomptés, mais, au bout d’un certain temps, ils vont quand même réagir contre cette politique.

    Dans quelle mesure le mouvement politique exerce-t-il une influence sur le mouvement ouvrier?

    Le rapport entre les deux a toujours été complexe et il est marqué par l’opportunisme et le pragmatisme. Par exemple, en décembre 2006, le mouvement pour des réformes s’est trouvé dans une situation très difficile car le régime de Moubarak avait réussi à amender la Constitution afin de permettre à son fils [Gamal] de lui succéder et avait mis en échec le mouvement en faveur de la réforme, lequel, malgré ses efforts, n’avait pas réussi à élargir l’espace démocratique.

    Puis 24’000 travailleurs du textile se sont mis en grève pendant trois jours à Mahalla, et l’Etat a fini par accepter leurs revendications. Or, cette action a encouragé les ambitions de l’élite politique, en montrant qu’il existait une autre force politique qui rejetait le régime Moubarak. Cette grève en particulier a été suivie par une montée du mouvement des travailleurs à échelle nationale, surtout à Mahalla. Le point culminant était atteint en avril 2008 avec une grève qui a donné son nom au Mouvement du 6 avril. Pour le mouvement des jeunes cette mobilisation d’un grand nombre de travailleurs a représenté une opportunité, et c’est ainsi qu’il a appelé à une grève générale en avril 2008, même si la grève de Mahalla avait ses propres revendications.

    Après la révolution, une véritable crise a éclaté. Les travailleurs et travailleuses ont joué un rôle important avant et pendant la révolution de janvier 2011, mais le mouvement ouvrier et ses revendications ont dû faire face à une intense hostilité et une négligence de la part de l’Etat, du conseil militaire et des mouvements politiques. Les revendications des travailleurs étaient traitées comme des demandes sectorielles et le mouvement politique s’est montré parfois hostile au mouvement des travailleurs. L’écart entre le mouvement politique et le mouvement ouvrier et social a augmenté, alors même que le premier faisait pression pour que le second adopte ses revendications.

    Comment le mouvement politique devrait-il gérer ses rapports avec le mouvement des travailleurs?

    Le mouvement politique devrait prendre plus au sérieux le mouvement des travailleurs et se construire sur cette base au lieu d’imposer ses mots d’ordre aux travailleurs, même si ses revendications sont politiquement justes. Il faut comprendre qu’en réalité les revendications des travailleurs sont politiques. Exiger le retrait de la loi d’urgence est une revendication politique. Le simple fait que 24’000 travailleurs se soient mis en grève sous la loi d’urgence constitue une mise en échec de cette loi, sa suppression de facto.

    Pensez-vous que le mouvement islamiste ait une influence sur le mouvement ouvrier?

    A mon avis il n’a pas d’influence directe. Le mouvement des travailleurs a été actif entre 2006 et 2011 sous Moubarak. Ensuite, tout de suite après la révolution, il a continué à se développer sous le régime militaire. A l’époque on disait que les Frères musulmans influençaient les travailleurs pour faire pression sur les militaires. Cependant, le taux le plus élevé de grèves a eu lieu pendant le régime des Frères musulmans [sous la présidence de Mohamed Morsi: du 30 juin 2012 au 3 juillet 2013], qui pensaient que les travailleurs étaient influencés par le Front de salut national. Actuellement, une fois de plus, certains répètent que les Frères musulmans seraient derrière les travailleurs, mais tout cela est faux. En réalité, pendant toute cette période les dirigeants syndicalistes sont restés les mêmes.

    Au cours de l’année dernière, les grèves ont augmenté dans le secteur privé. Pensez-vous que les travailleurs de ce secteur jouent un rôle croissant dans le mouvement des travailleurs?

    Le mouvement a toujours été présent dans le secteur privé, mais même dix grèves dans ce secteur ne peuvent être comparées aux grèves de Mahalla [grand centre industriel, entre autres du textile]. En effet, de par sa nature, le secteur privé n’a pas de grandes concentrations de travailleurs. Ainsi, en ce qui concerne le nombre de travailleurs concernés, les mouvements du secteur public sont beaucoup plus importants que ceux du secteur privé.

    L’affrontement avec l’Etat et sa politique est également plus clair dans les grèves du secteur public. Néanmoins l’impact économique du secteur privé est plus important puisque c’est ce secteur qui est actuellement le plus dynamique dans l’économie. Dans le secteur public, les travailleurs revendiquent les allocations auxquelles ils étaient habitués sans tenir compte de la rentabilité de l’entreprise. Par contre, dans le secteur privé, les employeurs prennent leurs décisions sur des bases de rentabilité économique. Les patrons du secteur privé établissent un calcul coût-bénéfice pour décider s’ils acceptent les revendications (ou une partie d’entre elles) face à la possibilité d’un arrêt de travail de longue durée.

    La comparaison entre les deux secteurs n’est pas évidente car il faudrait prendre en considération différents facteurs, y compris le fait que ce ne sont pas les mêmes lois qui s’appliquent dans les deux secteurs.

    A un moment donné on a pu voir un niveau important de coordination entre des travailleurs de différents lieux de travail et même entre les actions de solidarité avec d’autres entreprises. L’absence de cette coordination constitue-t-elle un signe de recul?

    Cette expérience ne disparaîtra pas, c’est une leçon qui a été apprise. Cette coordination était évidente lors du mouvement des employés des impôts fonciers en 2009. Plus tard cette pratique a été adoptée par les travailleurs de la poste et les enseignants. Ensuite nous avons vu les travailleurs de différentes entreprises synchroniser leurs actions, l’exemple le plus frappant étant celui du secteur du textile. Lors des prochaines vagues du mouvement des travailleurs, cette pratique resurgira.

    Est-ce que l’application d’un nouveau Code du travail, plus restrictif en matière de droits des travailleurs, pourrait influencer le mouvement?

    Je ne pense pas que les travailleurs réagiront de manière directe face au nouveau Code du travail. La loi existante n’a souvent pas été respectée par tous les employeurs, je ne pense donc pas que l’application du nouveau Code aura un impact important. Ce n’est pas la loi qui est le principal facteur de régulation des rapports de travail. La loi qui est actuellement en discussion marquera un durcissement par rapport à la loi présente, mais elle n’introduit pas un changement fondamental. Le grand changement de la loi est intervenu en 2003 avec la libéralisation des rapports de travail. (Traduction A l’Encontre, article publié sur Ahram Online, le 11 décembre 2014)

    Publié par Alencontre le 28 - décembre - 2014
     

     

  • Très large mobilisation des marins pêcheurs dans la ville de Laâyoune (Sud du Maroc) (Cadtm)

     

    Dans le port de Laâyoune se sont rassemblés à 19h30 du samedi 20 décembre 2014 des centaines de marins pêcheurs à l’appel du syndicat national des Marins Pêcheurs de la Pêche Côtière et Hauturière au Maroc (SNMPPH) pour réclamer leurs revendications pour lesquelles ils se battent depuis 2 ans et restées sans suite à ce jour

    :1- la liberté syndicale ;

    2- leurs cahiers de revendications au niveau régional et national déposés au niveau du gouvernement et au niveau local mais restées sans réponse à ce jour.

    Les revendications au niveau local sont :

    1- le respect des horaires de travail

    2- arrêt des sorties en cas de mauvais temps et intempéries, à l’origine des nombreux accidents et décès des marins pêcheurs en cas de mauvais temps

    3- revendication d’un tableau dans le port indiquant la météo, les intempéries, etc. pour prévenir les marins en cas de tempête

    4- contrôle de la pesée et déclaration dans la transparence de la quantité de poisson mis sur le marché pour limiter le marché noir

    5- réglementation et solution au problème des quais à l’origine des accidents de bateaux qui ne trouvent pas où décharger.

    Mais dès le début du rassemblement, deux membres du bureau du Syndicat National des Marins Pêcheurs de la Pêche Côtière et Hauturière au Maroc Aberghaz Mohamed et Azafad Rachid, ainsi que deux autres marins, Imihi et Ali Bou Baker, ont été violement arrêtés par les forces de police.

    Aussitôt une manifestation de milliers de marins s’est organisée dans le port de Laâyoune pour exiger leurs libérations et appuyer les revendications.

    Sous la pression des marins pêcheurs et face à leur détermination, à 21h30 Aberghaz Mohamed et ses camarades ont été relâches, acclamés par de milliers de marins dans le port de Laâyoune.

    Notre devoir est d’élargir la solidarité pour appuyer la détermination et l’unité des marins pêcheurs qui luttent pour leurs revendications et contre la répression de leur mobilisation.

    Pour Rappel : mobilisation des marins pêcheurs d’une grande ampleur le 11 novembre 2014 dans le port de Tan-Tan (Sud du Maroc)

    Le mardi 11 novembre 2014, des centaines de marins se sont rassemblés dès 16 h dans le port de Tan-Tan suite aux tentatives de la délégation maritime de faire appliquer et d’imposer les nouveaux règlements du plan HALIEUTIS (Plan lancé par l’Etat marocain en 2009 pour dynamiser l’investissement du grand capital local et étranger dans le secteur halieutique au détriment des dizaines de milliers de marins pêcheurs).

    C’est alors que les forces de répression sont intervenus et ont arrêté Aberghaz Mohamed et Mustafa Agouram membres du bureau du syndicat national des Marins Pêcheurs de la Pêche Côtière et Hauturière au Maroc (SNMPPH). Une large manifestation de solidarité s’est organisée dans le port de Tan-Tan :

    Après une heure trente de protestation et face à la combativité et de la détermination de leurs camarades marins pêcheurs, les deux militants ont été relâches.

    Solidarité large avec les luttes des marins pêcheurs.

    22 décembre par Le Syndicat National des Marins Pêcheurs de la Pêche Côtière et Hauturière au Maroc (SNMPPH)

    http://cadtm.org/Tres-large-mobilisation-des-marins

  • Egypte. La portée de la grève à l’aciérie géante d’Helwan (A l'Enconre.ch)

    Le 23 novembre 2014, les travailleurs d'Helwan arrêtent la production

    Le 23 novembre 2014, les travailleurs d’Helwan arrêtent la production

    Les 11’000 travailleurs de la Compagnie des Fers et Aciers d’Helwan (ville au bord du Nil, en face des ruines de Memphis, en 2006 avait déjà plus de 600’000 habitant·e·s; c’est une grande banlieue du Caire) sont entrés en grève avec occupation samedi 22 novembre 2014 pour exiger, principalement, le paiement de leurs «bonus» (une participation aux bénéfices), le limogeage de leur directeur et la ré-embauche des ouvriers licenciés précédemment, notamment lors de la grève de décembre 2013; ensuite, pour dénoncer la gestion calamiteuse de l’entreprise nationale.

    Cette grève est importante déjà par le nombre de salariés de cette entreprise, ensuite par la puissance symbolique de cette usine géante de la métallurgie, enfin par sa situation dans une banlieue populaire du Caire. Mais sa portée va bien au-delà, socialement et politiquement.

    Une portée sociale qui dépasse largement l’entreprise

    En effet, cette grève a démarré parce que lors de «l’Assemblée générale» (assemblée qui réunit direction, syndicats et salariés pour son bilan annuel) la direction n’a annoncé que de lourdes pertes sans déclarer de bénéfices, alors que la loi «oblige» les directions des entreprises nationales à accorder des «bonus» aux salariés, équivalant à un à deux mois de salaire, voire parfois plus.

    On comprend la fonction de ces bénéfices. Les «bonus» représentent pour les ouvriers des sommes importantes, ce qui explique qu’ils soient en colère, d’autant plus qu’ils sont méfiants des annonces de la direction. Non seulement ces prétendues pertes suppriment une bonne partie de leurs revenus mais, en plus, servent d’excuses pour exiger plus d’effort au travail et licencier un certain nombre de salariés. De plus, le Center for Trade Union and Workers’ Services (CTUWS) a déclaré que ces pertes étaient factices et n’avaient pour but que de préparer une privatisation à bas coût. Les travailleurs dénoncent ainsi qu’un des quatre hauts fourneaux de l’usine ne marche pas faute d’approvisionnement suffisant en charbon. Alors, disent-ils, s’il y a vraiment des pertes, c’est soit volontaire, soit du fait de l’incompétence de la direction et, dans les deux cas, elle doit être «dégagée».

    Les travailleurs ont bien des raisons d’être méfiants, car déjà l’an passé, comme depuis dix ans, l’entreprise n’a annoncé que des pertes, ce qui avait déjà occasionné une grève en décembre 2013 pour les mêmes revendications qu’aujourd’hui et, à cette occasion, une volée de promesses du pouvoir… non tenues.

    Par ailleurs, la colère des salariés est aussi fortement alimentée par le fait que le leader de la grève de 2013, Ayman Sobhy Hanafy, s’est suicidé en se jetant dans le Nil, après être tombé en dépression suite à son licenciement par la direction, sans que cette dernière lui ait accordé dédommagements et pension.

    Mais au-delà des problèmes de cette entreprise, et c’est ce qui fait de cette grève une question d’ordre nationale, c’est que les problèmes qu’elle soulève sont aussi ceux de la plupart des autres entreprises industrielles publiques, qui n’annoncent bien souvent que des pertes. Cela implique qu’elles ne donnent pas de «bonus» – c’est-à-dire baissent les salaires –, tournent à mi-production, donc restructurent, ferment des ateliers moins «rentables», augmentent la productivité, licencient et préparent ainsi probablement leur privatisation. Et toute la politique du gouvernement actuel – comme d’ailleurs des gouvernements précédents depuis 2004 – va dans le sens de cette préparation d’une nouvelle vague de privatisations.

    Or ce secteur des entreprises industrielles nationalisées avec au centre les usines géantes de la métallurgie (et du textile) représente à lui seul 250’000 salariés, dont bien des Assemblées générales sont à venir.

    Une grève qui en prolonge d’autres

    Par ailleurs, cette grève suit deux mouvements importants des ouvriers et en accompagne quasi un autre, celui des étudiants.

    En février et mars 2014, un vaste mouvement de grève des salariés de l’industrie publique pour l’extension à leur secteur de la hausse du salaire minimum accordé aux fonctionnaires d’Etat, entraîné par les ouvriers de l’industrie publique du textile, avait été à l’origine de la chute du gouvernement d’alors.

    Cela avait provoqué la candidature précipitée de l’ex-maréchal Abdel-Fattah al-Sissi à la présidentielle de fin mai. En effet, ce dernier et son entourage proche avaient estimé, devant l’urgence sociale, que l’élection présidentielle et son cortège de promesses étaient le meilleur moyen pour détourner les aspirations ouvrières dans des impasses électorales.

    Cela lui avait réussi puisque, servi sur divers modes par tous les appareils syndicaux nationaux, anciens ou nouveaux, et la majeure partie de la gauche nassérienne, stalinienne ou social-démocrate, il avait réussi ainsi à mettre fin à la grève. Depuis, il s’est dépêché de tenter de briser toutes les libertés d’expression, de manifestation et de grève, par une répression d’une violence extrême.

    Cependant, déjà en août puis début septembre 2014, après le mois du ramadan, une deuxième vague de grèves avait resurgi dans le pays, exigeant de Sissi qu’il honore ses promesses, avec notamment la grève victorieuse des ouvriers des briqueteries.

    Toutefois, ces grèves ne touchaient le plus souvent que les secteurs les plus pauvres et les moins organisés de la classe ouvrière égyptienne. Un peu comme s’il fallait du temps aux fractions les plus organisées, et donc ses militants, pour digérer la trahison ou forfaiture de tous leurs représentants syndicaux et politiques nationaux qui soutiennent ou ont soutenu Sissi. Ou encore du temps pour revenir de leurs illusions, pour ceux, à la base, qui avaient pu être séduits par les promesses du candidat Sissi. Celui-ci en effet – rappelons-le – aimait à se présenter sous les couleurs de la démagogie à tonalité nassérienne.

    Avec la grève de l’aciérie d’Helwan, on assiste à une nouvelle étape des luttes de l’après-présidentielle, car c’est bien à nouveau le cœur de cette classe ouvrière organisée qui remonte sur la scène sociale.

    Et avec cette grève, ce sont les exigences et les souvenirs de la fin de la grève de février-mars qui pourraient bien refaire surface. En effet, à cette date, une douzaine de grandes entreprises industrielles publiques fraîchement privatisées s’étaient coordonnées dans la lutte pour exiger leur renationalisation, avec notamment déjà cette question des «bonus» au centre des préoccupations des salariés. Et en même temps et en association, une coordination nationale de différents secteurs du public en grève avait vu le jour avec un large programme social reprenant les principales revendications populaires du moment (voir notre article sur le site A l’Encontre en date du 24 septembre 2014).

    Il va donc sans dire que le cœur de la classe ouvrière égyptienne regarde avec attention ce qui se passe là, et bien des militants expliquent qu’il ne faut pas laisser ceux d’Helwan seuls.

    Par ailleurs, la rentrée universitaire, le 11 octobre 2014, a été marquée par un fort mouvement de contestation de la politique sécuritaire du gouvernement par les étudiants et cela jusqu’à début novembre.

    Démarrées autour de la remise en cause des mesures de sécurité sur les campus prises par le gouvernement et confiées à une société privée, Falcon Security, les manifestations étudiantes se sont vite étendues à toutes les mesures interdisant toute organisation et toute activité politique dans les universités. Puis avec la répression du mouvement qui a occasionné des centaines d’arrestations et de condamnations, provoqué des centaines de blessés et plusieurs morts, les manifestations sur la majeure partie des universités se sont élargies à la dénonciation de la politique du «tout répression» des autorités militaires égyptiennes.

    Mais le mouvement s’est peu à peu éteint. Cela a été provoqué par la violente répression, mais surtout par l’action des frères musulmans. En effet, particulièrement implantés en milieu étudiant, ils ont cherché à parasiter ce mouvement et à le détourner vers leurs revendications propres où ils mêlaient la dénonciation de la violence du régime mais aussi de sa légitimité au profit de celle du régime de Morsi, seul à avoir été élu démocratiquement, selon eux. Le pouvoir s’est appuyé sur cela pour accuser le mouvement des étudiants d’être au service des Frères musulmans ou manipulé par eux.

    Dans un climat où le pouvoir mène une véritable guerre contre le terrorisme islamiste dans le Sinaï et s’appuie sur cette guerre pour légitimer toutes les mesures de répression, les étudiants n’ont pas su, du fait notamment de leurs revendications uniquement démocratiques, se différencier suffisamment des Frères musulmans. Dès lors, beaucoup d’entre eux ont préféré renoncer plutôt que d’être confondus avec ceux qu’ils ont contribué à faire tomber en juin 2013.

    Or les ouvriers d’Helwan, de leur côté, ont su trouver une solution à ce problème de l’opposition au pouvoir des Frères musulmans et de leurs tentatives de parasiter le mouvement social, tout particulièrement depuis septembre. Du fait de ce que sont les ouvriers, de la faible influence des Frères musulmans en leur sein, et surtout par leurs revendications que ne veut surtout pas satisfaire la Confrérie – et donc ne peut les porter – les grévistes d’Helwan ont clairement et démonstrativement refusé tout soutien des islamistes.

    Ce qui donne à ce conflit une envergure très clairement politique.

    Une double portée politique

    Dans cette entreprise nationalisée, le gouvernement et sa politique sont directement la cible de la grève. En exigeant la démission du directeur de l’entreprise, en rappelant les revendications et le mouvement de février-mars, cette grève fait resurgir les origines de la révolution née dans les années 2004-2005, lors du «gouvernement des milliardaires» et quand ceux-ci privatisaient à tour de bras. Bref, elle continue à faire vivre la révolution en rappelant ses exigences: la justice sociale mais aussi le fait de dégager non seulement le sommet de l’Etat, Moubarak, mais encore tous les «petits Moubarak», à tous les niveaux de l’appareil d’Etat ou de l’économie.

    Cette grève est d’abord politique pour ces raisons.

    Mais elle rappelle aussi – ce que nous allons voir maintenant – dans cette période où le «djihadisme» barbare semble séduire jusqu’à quelques jeunes Occidentaux, que les Frères musulmans ne représentent pas cette révolution et qu’elle s’est faite aussi contre eux et leur obscurantisme. Elle est donc encore politique pour cela, en affirmant que face aux barbaries militaires et religieuses, il y a une troisième voie, celle du prolétariat dans son ampleur effective, c’est-à-dire de la civilisation.

    Contre cette grève, jusque-là, le gouvernement a manié comme à son habitude les menaces et les promesses, la carotte et le bâton.

    D’une part, le premier ministre Ibrahim Mehleb, a promis qu’il répondrait positivement aux revendications des travailleurs lundi 1er décembre en résolvant le manque d’approvisionnement énergétique de l’usine et en investissant dans l’entreprise. Mais les salariés n’y croient plus; les mêmes promesses avaient été faites l’an passé et rien n’a été concrétisé. Aussi, les travailleurs ont déclaré que si rien n’était fait lundi, ils durciraient leur mouvement.

    D’autre part, 15 des dirigeants de la grève ont été menacés d’arrestation et d’être poursuivis devant le procureur militaire pour «obstruction à la production, sabotage et atteinte à l’économie nationale». Un des dirigeants de la grève, Mohamed Abdel Maqsoud, a déclaré qu’ils avaient reçu la visite d’officiers de haut rang les menaçant de les accuser d’être des fauteurs de troubles, au service des gangsters et membres des Frères musulmans!

    Or le gouvernement égyptien ne plaisante pas. Plus d’un militant a déjà été arrêté, torturé et condamné ces derniers temps. Et le ministre de l’Investissement a clairement déclaré la semaine passée sur l’un des canaux TV satellite: «Nous sommes dans un état de guerre, et nous allons agir avec les travailleurs et les entreprises, comme le fait l’armée avec le terrorisme.» Le porte-parole de la direction de l’entreprise a lui-même déclaré que la grève n’était pas économique ou sociale mais avait des buts politiques en expliquant qu’elle aurait reçu le soutien des Frères musulmans et en proclamant mensongèrement que les travailleurs avaient incité l’opinion publique à participer à leurs manifestations ainsi qu’à celles du Front salafiste ce vendredi 28 novembre où ces derniers ont appelé à une révolution islamique.

    Or cette manifestation à hauts risques du 28 novembre témoigne d’une double évolution des Frères musulmans. En effet, en septembre, ceux-ci ont manifesté la volonté d’élargir leurs revendications identitaires religieuses à des revendications sociales avec des appels à la révolution de la faim.

    Mais depuis, les succès militaires de Daech [Etat islamique] en Syrie et en Irak ont fortement pesé sur une partie de leurs fidèles, notamment depuis que le groupe islamiste le plus important en lutte dans le Sinaï – Ansar Beit Al-Maqdis – s’est publiquement affilié à l’Etat islamique. Et on voit depuis octobre des drapeaux de Daech dans des cortèges des Frères musulmans de même que ses slogans y sont scandés.

    Un Front salafiste s’est créé jouant de cette tendance, doublant très rapidement en influence Al-Nour, le principal groupe salafiste jusque-là, mais qui soutient Sissi, et menaçant le crédit et le prestige des Frères musulmans.

    La manifestation du 28 novembre qui a pour but une «nouvelle révolution», mais de la «jeunesse islamiste», a été appelée par ce nouveau Front salafiste et rejoint peu après par les Frères musulmans, craignant d’être doublés sur ce terrain de la radicalité identitaire. Ainsi les Frères musulmans vont un coup à «gauche», un coup à droite, mêlant aux revendications sociales les idées les plus réactionnaires et rétrogrades.

    Aussi, face à la radicalisation islamiste, le pouvoir a déclaré que ce serait la dernière manifestation «autorisée» des Frères musulmans et a annoncé une répression féroce contre tous les terrorismes, Sissi élargissant ces jours-ci la notion aux crimes contre l’économie [1].

    Dans ces conditions – qui rappellent, en changeant ce qu’il faut changer, le dilemme des forces révolutionnaires en Allemagne en 1931-1932 lorsque les nazis appelaient à descendre dans la rue pour des revendications sociales – les travailleurs de l’aciérie ont décidé de suspendre leur grève deux jours, jeudi 27 et vendredi 28 novembre, pour bien montrer qu’ils n’ont rien à voir avec les Frères musulmans. Cependant ils ont aussi annoncé qu’ils reprendraient leur grève dès le samedi 29 tôt le matin et qu’ils la durciraient lundi 1er décembre si le gouvernement ne donnait rien.

    Ainsi les travailleurs font un double geste politique qui reflète certainement l’opinion de la majorité des classes populaires.

    D’une part ils désignent le gouvernement et sa politique à l’ensemble de la classe ouvrière et de la population comme responsable de la dégradation de la situation des travailleurs. En même temps, ils démontrent aux yeux de tous la volonté du gouvernement de se mettre au service du privé contrairement à toute la propagande que peut faire Sissi sur le soi-disant esprit national qui l’animerait.

    D’autre part, ils refusent de s’associer aux manifestations des Frères musulmans contre ce gouvernement, montrant bien qu’ils ne veulent toujours pas de la solution «islam» et qu’ils ne marchent pas dans les tentatives de certains secteurs de la Confrérie de colorier socialement ces derniers temps leurs revendications identitaires et religieuses, notamment lors du mouvement étudiant de la rentrée.

    Et par ce dernier aspect, ils offrent la possibilité d’une politique indépendante aux plus honnêtes des militants du mouvement étudiant de ces dernières semaines, qui n’arrivaient pas à se différencier des Frères musulmans. Ils indiquent à ces étudiants que la solution pour eux est dans le succès des travailleurs et donc dans la recherche de leur alliance, dans l’élargissement de leurs revendications démocratiques à une véritable démocratie sociale. Ils les invitent en quelque sorte à faire le même trajet politique qu’avait fait K. Marx dans sa jeunesse, il y a bien longtemps.

    Ils montrent enfin à toute la population, et au-delà, qu’il n’y a pas bi-polarisation de la situation politique entre l’armée et les Frères musulmans en Egypte mais qu’il y a au moins une tri-polarisation sinon plutôt une seule polarisation véritable entre possédants et exploités, opposition valable et compréhensible pour toute la planète. (29 novembre 2014)
    Par Jacques Chastaing

    ____

    [1] La manifestation du 28 novembre, là où le Front salafiste et les Frères musulmans prédisaient des millions dans les rues, n’a finalement été suivie que par quelques centaines de manifestants dans quelques villes. Les rues étaient vides. Les chars bien présents ont certainement dissuadé plus d’un à aller manifester. Quoi qu’il en soit, il n’y a pas eu prise de l’ascendant de Daech en Egypte, par contre le pouvoir s’est servi du danger qu’il a certainement amplifié pour justifier ses atteintes aux libertés. Mais cette sur-réactivité répressive du pouvoir est aussi en train de démontrer l’inverse de ce qu’il voudrait démontrer à de plus en plus d’Egyptiens, à savoir qu’il n’est pas capable de garantir la stabilité, la sécurité et la paix. Bien au contraire. A cela il faut ajouter la politique de destruction des maisons, sur plus de 10 kilomètres, afin d’isoler Gaza; ce qui éclaire le rôle de Sissi. Sans même épiloguer sur le sort de Moubarak blanchi de toutes les accusations.(J.C.)

    http://alencontre.org/moyenorient/egypte/egypte-la-portee-de-la-greve-a-lacierie-geante-dhelwan.html

  • Maroc : Le nombre de grèves en hausse de près de 20% à fin septembre (Afriques en lutte)

    Le nombre de journées de travail perdues a baissé de 37,2%, malgré l’augmentation de la conflictualité. C’est dans le secteur industriel où l’on a enregistré le plus grand nombre de grèves. Les questions strictement sociales sont à l’origine de 65% des débrayages.

    Le monde du travail a connu une hausse significative de la conflictualité au cours des neuf premiers mois de 2014. C’est le ministère de l’emploi et des affaires sociales qui le dit dans un rapport sur les grèves dans les secteurs de l’industrie, du commerce et des services. Un bémol toutefois : l’impact de ces débrayages, en termes de journées de travail perdues, a diminué par rapport à la même période de 2013 (-37,3%, à 144 438 journées perdues). Ce qui veut dire que cette année les grèves ont duré moins longtemps. Selon le document du ministère de l’emploi, le nombre de grèves déclenchées entre le 1er janvier et fin septembre 2014 s’élève à 196 contre 164 à la même période de 2013, soit une augmentation de 19,5%. Ces grèves ont eu lieu dans 160 établissements, au lieu de 140 l’an dernier, soit une hausse de 14,3%.

    Pour des raisons probablement liées à la syndicalisation des travailleurs, c’est dans le secteur industriel que l’on a enregistré le plus grand nombre de grèves : 77 contre 58 l’an dernier (+2,7%). Le secteur des services, lui, vient en deuxième position avec 63 grèves contre 47 en 2013 (+34,04%). Dans le commerce, enfin, il y eut 24 grèves, en hausse de 33,33% par rapport à 2013. Par branche d’activité, c’est dans le BTP que l’on a relevé le plus grand nombre d’arrêts de travail : 31 grèves, en progression de 19,2%.

    Du point de vue du nombre de travailleurs ayant participé aux grèves, c’est le secteur des services qui vient en tête avec 4 810 grévistes sur un total de 10 663 salariés que comptent les établissements concernés par les débrayages, soit un taux de participation de 45,1%. Le taux de participation global étant, lui, de 46,7% contre 38,7% en 2013. Autrement dit, pratiquement la moitié des salariés des établissements en grève ont adhéré aux mouvements de protestation.

    Hausse du taux de participation aux grèves

    La répartition des grèves par la taille des entreprises dans lesquelles elles ont eu lieu montre que ce sont les établissements comprenant entre 26 et 50 salariés qui ont enregistré le plus grand nombre de débrayages (25,5%). Cela semble cohérent avec l’idée généralement répandue que les petites structures qui ne sont pas bien organisées ont des difficultés de tous ordres, ce qui peut d’ailleurs aller jusqu’à leur disparition. La réalité montre cependant que ce raisonnement n’est pas toujours pertinent. La preuve, ce sont les entreprises occupant entre 101 et 251 salariés qui viennent en deuxième position (24,5%) dans ce classement, alors que celles qui emploient entre 51 et 100 salariés occupent la troisième place avec 18,36% des grèves déclenchées.

    Enfin, sans grande surprise, c’est la région du Grand Casablanca qui a connu le plus grand nombre de grèves : 57 sur 196, soit 29,1%. Loin derrière, l’Oriental avec 29 grèves vient en deuxième position et immédiatement après la région de Doukkala Abda avec 21 grèves.

    Quels sont maintenant les motifs à l’origine de ces arrêts de travail ? Le document du ministère de l’emploi et des affaires sociales en fournit toute une liste. En premier lieu, il y a le retard dans le versement des salaires, voire le non-versement des salaires tout court. Ce motif est à l’origine d’un quart des grèves déclenchées (24,81%). En deuxième lieu, on trouve les licenciements qui sont pour 17,04% des débrayages. Au troisième rang, il y a l’atteinte aux acquis sociaux (12,8%), et au quatrième l’absence de protection sociale (10,28%).

    Ce qui veut dire que pratiquement deux tiers (65%) des grèves ont pour origine des problèmes strictement sociaux. C’est assez dramatique tout de même de constater que ce qui est censé être un minimum (recevoir sa paie à temps, être déclaré aux organismes sociaux…) continue d’alimenter la conflictualité puisque, il faut bien le rappeler, le non-paiement des salaires ou leur versement tardif constitue presque toujours le principal motif du déclenchement des grèves.

    On peut aussi s’étonner que des considérations liées à l’action syndicale soient à l’origine d’un arrêt de travail (dans 5,8% des cas). Le document du ministère ne précise certes pas ces motifs d’ordre syndical : s’agit-il de sanctions contre des syndicalistes, d’interdictions de constitution de syndicats… ? Une chose est sûre, les centrales syndicales ont là une raison supplémentaire de revendiquer, comme elles le font depuis longtemps, la protection du droit syndical et donc, entre autres, la ratification de la convention n° 87 de l’Organisation internationale du travail (OIT) – un engagement qui figure du reste dans l’accord du dialogue social du 26 avril 2011.

    Source : La Vie Eco

    http://www.afriquesenlutte.org/afrique-du-nord/maroc/article/maroc-le-nombre-de-greves-en

  • Nouveautés sur Europe Solidaire Sans frontières

     
     
     
    UMT (Tendance démocratique) - 25 octobre 2014
     
    Kurdistan in Syria MATIN Karman - 23 October 2014

     

    Syrie BARTHE Benjamin - 23 octobre 2014

     

    Religion, churches ANAND Javed - 18 October 2014
     
    Al Mounadil-a - 22 octobre 2014

     

    SABADO François - 21 octobre 2014

     

    JACQUES Alain - 22 octobre 2014
     
    Syrie NAISSE Ghayath - 22 octobre 2014
     
    Syria Collective - 13 October 2014
     
    Syria CPD - 19 October 2014
     
    NPA - 22 novembre 2014

     

    Syrie Collectif- - 13 octobre 2014

     

    Syrie NPA 31 - 18 octobre 2014

     

     Syrie ALIM Ahmet, TRUILHE Guillaume - 21 octobre 2014
     
    Syrie Grenzeloos, Internationale Socialisten, Doorbraak, ReInform, SAP (Nederlands) - 21 octobre 2014

     

    Kurdistan in Syria BRUINSMA Jelle - 19 October 2014

     

    Kurdistan de Syrie SIDKI Bakr - 3 octobre 2014
     
    Syria DICLE Amed - 14 October 2014
     
    Algérie PST (Algérie) - 17 octobre 2014

     

  • Les syndicats marocains maintiennent la pression (AEL)

    http://img.lavieeco.com/UMT-1ER-MAI--(2011-01-10).jpg

    De nouveau, la guerre est déclarée entre les syndicats et le gouvernement marocains.

    Les syndicalistes reprochent à la Primature d’avoir gelé le dialogue social et retardé la mise en oeuvre des revendications des travailleurs. Faux, rétorque le porte parole du gouvernement.

    Face à la montée au front des syndicats ouvriers dont les trois »socialistes » (CDT, UMT et FDT) qui accusent le gouvernement d’avoir mis sous l’éteignoir les revendications syndicales, le porte parole du gouvernement marocain Mustapha El Orfi explique que (le gouvernement) est ‘’engagé dans la mise en œuvre de ses engagements pris dans le cadre du dialogue social, qui n’est pas gelé ».

    Le gouvernement dirigé par les islamistes du Parti Justice et Développement (PJD) a consacré 24,8 milliards de dirhams entre 2012 et 2014 à la mise en œuvre de l’accord du 26 avril 2011 et des accords sectoriels, a-t-il dit. En mai dernier, et pour calmer le front social, le gouvernement Benkirane avait annoncé une hausse de 10%, en deux tranches, du Salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) et du salaire minimum agricole garanti (SMAG), soit 5% à partir du 1er juillet 2014 et 5% en juillet 2015.

    Du coup, le SMIG dans le secteur public remonte à 3.000 DH par mois (300 euros environ), un peu plus que dans le secteur privé, avec moins de 2500DH/mois. Pas suffisant, selon les syndicats, qui maintiennent la pression sur le gouvernement, demandant la reprise du dialogue social, en panne depuis avril 2011, après la décision du chef du gouvernement Abdelilah Benkirane de reporter le sommet social, au cours duquel devaient être discutées les principales revendications des syndicats marocains. Ces revendications, portées par l’Union Marocaine du Travail (UMT), la fédération Marocaine du Travail (FDT) et la CDT, portent principalement sur la nécessité de mettre en oeuvre tous les engagements pris par l’exécutif notamment ceux en suspens relatifs à l’accord du 26 avril 2011, dont l’augmentation des salaires et des pensions, la réforme du système de retraite, outre le respect des libertés collectives et individuelles, particulièrement la liberté syndicale et le droit de grève.

    La décision du gouvernement de réformer la caisse de compensation de soutien des prix des produits de première nécessité, qui va permettre à l’exécutif d’économiser 20 milliards de Dh par an, a également été dénoncée par les syndicats. Dimanche lors de l’ouverture du 10eme congrès de l’Union générale des travailleurs marocains (UGTM), dirigée par le secrétaire général de l’Istiqlal, Hamid Chabbat, un nouveau coup de semonce a été tiré contre le gouvernement Benkirane. ‘’Ce Congrès, qui se tient dans une conjoncture exceptionnelle marquée par la rentrée politique, la crise sociale et la non satisfaction des revendications de la classe ouvrière, nous interpelle pour resserrer nos rangs dans le but de réaliser nos revendications légitimes », a déclaré le SG de l’UGTM, qui a rejoint la coalition syndicale pour la reprise du dialogue social après la sortie de l’Istiqlal du gouvernement Benkirane.

    Source : Maghreb Emergent 20 octobre 2014

    http://www.afriquesenlutte.org/afrique-du-nord/maroc/article/les-syndicats-marocains

  • Une nouvelle organisation syndicale dans le monde arabe (Afriques en lutte)

    Farhad Hached (Ugtt), assassiné par les colonialistes

    Une nouvelle structure syndicale sous-régionale des pays arabes a vu le jour à l’occasion du Congrès fondateur de la Confédération arabe des syndicats (CAS), à Amman, Jordanie.

    Houcine Abassi de l’Union générale des travailleurs de Tunisie (UGTT), élu à l’unanimité président de la CAS, a déclaré dans ses propos liminaires : « Ce développement historique aidera les syndicats démocratiques et indépendants du monde arabe à s’attaquer beaucoup plus efficacement et avec force aux défis énormes qu’affrontent les travailleurs de la région ».

    Le Congrès présidé par Mazen Maaytah, président de l’organisation hôte, la Fédération générale des syndicats jordaniens (GFJTU), a procédé à l’élection des 32 membres du Conseil général, dont 30% des sièges sont réservés aux femmes et 10% aux jeunes travailleurs. À l’issue du Congrès, les 1 et 2 octobre, Mustapha Tlili a été élu secrétaire exécutif de la CAS.

    Parmi les décisions du Congrès, la CAS a déclaré son soutien formel à l’appel à l’action de la CSI pour Gaza http://www.ituc-csi.org/ituc-call-t... Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI a déclaré : « Les travailleurs des pays arabes s’affrontent à un chômage galopant, à des inégalités abyssales en termes d’accès aux richesses et aux opportunités, à la discrimination sexuelle et à des atteintes flagrantes aux fondements-mêmes des droits démocratiques, y compris le droit des travailleurs de s’organiser en syndicats et de mener des négociations collectives en toute liberté. La structure de la CAS offre aux travailleurs et travailleuses de la région une voix nouvelle et sûre, ainsi qu’une plateforme permettant aux syndicats du monde arabe d’œuvrer en faveur d’un avenir meilleur. »

    La CAS, qui est officiellement reconnue par la CSI comme une de ses structures sous-régionales, englobe 17 organisations affiliées dans 11 pays arabes. Par ailleurs, des organisations syndicales de trois autres pays ont déposé des demandes d’affiliation. 13 octobre 2014

    http://www.afriquesenlutte.org/afrique-du-nord/article/une-nouvelle-organisation

  • Les syndicats appellent à la grève au Maroc (Afriques en Lutte)

    Maroc: la classe ouvrière célèbre le 1er mai au lendemain de l'annonce d'une augmentation du SMIG

    Au Maroc, une grève nationale semble poindre à l’horizon alors que les leaders syndicalistes protestent contre le rythme lent des réformes.

    Miloudi Moukharik, secrétaire général de l’Union marocaine du travail (UMT) a ainsi annoncé lors d’un point de presse organisé le mardi 7 octobre que son groupe, aux côtés de la Confédération générale du travail (CDT) et de la Fédération démocratique du travail (FDT), se préparait à lancer un mouvement de grève nationale.

    « La grève est la seule arme dont dispose la classe ouvrière pour défendre ses intérêts et son pouvoir d’achat. Le gouvernement doit assumer la responsabilité de la détérioration des conditions sociales des citoyens », a-t-il souligné.

    Les syndicats menacent de paralyser le travail du gouvernement et des services publics et réclament la reprise du dialogue social, dont ils affirment qu’il a cessé depuis l’accession au pouvoir du gouvernement actuel. Ils revendiquent de meilleurs salaires et une amélioration du pouvoir d’achat des citoyens.

    Les réformes apportées au système de retraites sont l’un des sujets de désaccord majeurs persistant entre le gouvernement et les syndicats.

    Le secrétaire général de l’UMT a plaidé en faveur de l’adoption d’une « approche participative » dans ce dossier. Les divergences se concentrent sur deux points essentiels de la réforme : le relèvement de l’âge de la retraite et la hausse des cotisations des salariés.

    Selon Moukharik, l’UMT est favorable à la « prolongation volontaire » de l’âge de la retraire jusqu’à 65 ans, tout en prenant en compte le facteur de pénibilité dans le travail. « On ne peut pas, à titre d’exemple, exiger d’une enseignante qu’elle travaille jusqu’à l’âge de 65 ans », a-t-il relevé.

    Concernant l’augmentation des cotisations aux caisses de retraite, le secrétaire général de l’UMT a souligné que le changement devait s’effectuer sur la base de deux tiers de la part patronale (Etat) et d’un tiers de la part salariale.

    Les syndicats ont également rejeté l’idée de toute réduction des pensions de retraite.

    Source : Ici Lomé 10 octobre 2014

    http://www.afriquesenlutte.org/afrique-du-nord/maroc/article/les-syndicats-appellent-a-la-greve

  • Succès de la grève dans la fonction publique au Maroc (Afriques en lutte)

     

    "La grève nationale observée, ce mardi 23 septembre 2014, à l’appel de nos deux syndicats, a été largement suivie avec un taux de participation de plus de 80 % dans plusieurs secteurs, comme l’enseignement, la justice, la santé, les collectivités locales, la formation professionnelle, l’énergie et les mines et la culture », ont souligné mardi 23 septembre 2014 les dirigeants de l’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM) et de la Fédération démocratique du travail (FDT).

    Dans un communiqué conjoint des deux centrales syndicales, les responsables estime que le taux de participation à cette grève renseigne sur "le degré de mécontentement de la classe ouvrière vis-à-vis des politiques antipopulaires du gouvernement". 26 septembre 2014

    Source : Aujourd’hui le Maroc

    http://www.afriquesenlutte.org/afrique-du-nord/maroc/article/succes-de-la-greve-dans-la

  • Egypte. Reprise progressive des luttes ouvrières, leur signification (1)

    Les accidents de travail, les usines arrêtées pour pièces manquantes, avec des ouvriers sans salaire… suscitent des luttes depuis fin août 2014, face à des syndicats officiels ne répondant pas aux revendications et demandes d’information de divers comités de travailleurs Par Jacques Chastaing

    La situation socio-politique en Egypte, pour des raisons effectives, est couverte par les médias essentiellement sous l’angle: soit du rôle de l’ex-maréchal président Al-Sissi dans les négociations indirectes entre Israël et la délégation plurielle palestinienne, soit à propos du vaste projet de deuxième canal de Suez censé rétablir la santé de l’économie (outre son effet de captation de l’épargne), soit de la sévère répression mise en œuvre par le régime du président Sissi. Jacques Chastaing, dans l’article ci-dessous, le souligne. Mais son objectif consiste à observer la situation sous un angle ignoré par la presse et, y compris, par des analystes dits spécialisés: la lente relance des mouvements sociaux, des luttes des salarié·e·s, des couches paupérisées, qui s’opère dans cette société soumise à des chocs socio-économiques brutaux et où la «mémoire» de 2011 n’a pas été effacée dans ses profondeurs.

    Dans la foulée, étant donné la faiblesse d’une «gauche sociale de combat», Jacques Chastaing s’interroge sur la place que pourraient chercher à occuper, dans le futur, les Frères musulmans. Par ailleurs, il peut être utile de rappeler que dans le contexte régional de «guerre contre l’Etat islamique» (EI) – et après des pressions plus anciennes du Conseil de coopération du Golfe (CGC) qui considère les Frères comme un danger – le Qatar s’est vu prier de ne plus accorder un exil trop complaisant à des dirigeants des Frères musulmans qui avaient trouvé un accueil dans l’émirat, après la chute de Morsi en juillet 2013. En termes explicites, comme le rapporte depuis Londres Ibrahim Mounir: «Les autorités qataries nous ont dit que les circonstances ne permettaient pas la présence de tous les membres de la confrérie sur le sol qatari.» Il ajoute néanmoins: «Ce départ ne signifie pas une rupture des relations entre le Qatar et les Frères.» D’ailleurs différents dirigeants moins médiatisés que les sept qui ont quitté Doha restent à Doha.

    Quant au Caire, le message passé au gouvernement des Etats-Unis (John Kerry) à ce propos est clair: «il est bien de vouloir “éradiquer” les forces de EI, mais les Frères musulmans sont aussi une organisation terroriste pour nous». Or, le Qatar les finance. Un communiqué de la présidence égyptienne souligne: «La coalition contre le terrorisme doit frapper tout genre de terrorisme et pas seulement l’Etat islamique.» Un spécialiste égyptien des mouvements dits islamistes, Sameh Eid, dessine la perspective suivante: «Doha veut ménager les Etats-Unis et apaiser ses relations tendues avec les autres pays du Golfe, mais cela ne signifie pas nécessairement qu’il a cessé de soutenir les Frères musulmans. Il est probable cependant que les Frères perdent leur tribune médiatique qu’est Al-Jazeera. La confrérie n’a d’autres choix que de chercher un compromis avec le pouvoir en Egypte. Mais elle doit d’abord trouver un moyen de convaincre ses bases populaires et cela nécessitera beaucoup de temps.» (Al Ahram, 17 septembre 2014). Dans un entretien avec la chaîne de TV états-unienne CBS, Abdel Fattah al-Sissi a déclaré qu’il était favorable «à la liberté d’expression» (sic), mais que les Frères devaient «cesser de mettre des bombes dans les rues, dans les trains et les centrales électriques» (Egypt Independent, 24 septembre 2014). Il est vrai que les accidents de train et les coupures d’électricité à répétition – peu liées à des explosions – suscitent un mécontentement populaire. Quant au ministre de la Justice, Saber Mafhouz, il a fait savoir – par l’intermédiaire de son porte-parole Hossam al-Qawwesh – qu’il n’avait aucunement l’intention de modifier ou d’abroger la loi de 2013 interdisant les manifestations. (Cairo Post, 18 septembre 2014 et Al Masry Al-Youm, 19 septembre 2014).

    Pour ce qui est de la répression du régime Sissi, Amnesty International, dans un communiqué du 19 septembre 2014, déclarait: «Les autorités égyptiennes mettent en danger la vie d’un militant incarcéré, dont la santé s’est gravement détériorée après plus de 230 jours de grève de la faim: elles refusent de lui prodiguer des soins médicaux et le maintiennent en détention à l’isolement. Mohamed Soltan, de nationalité égyptienne et américaine, compte parmi 86 militants incarcérés qui observent une grève de la faim dans les prisons et les postes de police à travers l’Egypte, pour protester contre leurs conditions de détention épouvantables, ou dans certains cas, leur détention provisoire prolongée et leurs procès iniques. Ils protestent également contre la loi répressive relative aux manifestations, beaucoup étant accusés de l’avoir enfreinte. […] Mohamed Soltan a été arrêté en août 2013 durant la répression contre les partisans pro-Morsi place Rabaa al Adawiya. Il travaillait avec un comité des médias qui dénonçait les violations des droits humains commises par les forces de sécurité contre les partisans du président déchu Mohamed Morsi. Mohamed Soltan est accusé d’avoir “financé le rassemblement de Rabaa al Adawiya” et “propagé de fausses informations”.»

    Amnesty conclut son communiqué ainsi: «Parmi les autres détenus de renom en grève de la faim figurent le blogueur Ahmed Douma, qui purge une peine de trois ans pour avoir contesté la loi draconienne relative aux manifestations, et Sanaa Seif, militante bien connue en grève de la faim depuis le 28 août 2014. Son père, l’infatigable avocat défenseur des droits humains Ahmed Seif al-Islam, est décédé au mois d’août. Elle a cessé de s’alimenter pour protester contre le refus des autorités de lui permettre de passer du temps auprès de son père pour ses derniers instants. De l’autre côté des murs de la prison, au moins 54 militants et défenseurs des droits humains ont entamé une grève de la faim, par solidarité avec les personnes détenues, notamment la sœur de Sanaa, Mona Seif, et également Aida Seif El Dawla, directrice exécutive du Centre Nadeem pour la réadaptation des victimes de violences.»

    Le nombre des grévistes de la faim, hors des murs, manifestant contre le régime d’oppression a dépassé les 300,  malgré la libération d’une figure médiatique de la lutte contre Moubarak et de la révolution: le blogueur Alaa Abdel Fattah. Il est courant de passer des mois en prison avant d’être jugé. En quelque sorte la détention préventive, sans limites, remplace l’état d’urgence, selon d’ailleurs les vœux  exprimés par Adly Mansour – président de la Haute Cour constitutionnelle et président de la République du 4 juillet 2013 au 8 juin 2014 – deux mois après la chute de Morsi (Egypt Indpendent, 21 septembre 2014).

    Enfin, un logiciel espion qui permet de détecter 30 secondes après sa publication sur un réseau social ou une messagerie instantanée n’importe quel message jugé «contraire aux lois et à l’ordre public» a été acquis, selon BuzzFeed, qui cite des sources internes au gouvernement du maréchal Al-Sissi, via une filiale égyptienne de l’entreprise américaine Blue Coat (Egypt Independent, 20 septembre 2014). Il est vrai que les réseaux sociaux ont joué et joue un rôle. Mais beaucoup de reportages, à la mode, ont systématiquement sous-estimé, avant 2011 et après, le rôle des structures organisées du mouvement social et des structures syndicales indépendantes. Des cibles que le régime a en point de mire, plus réaliste, sur ce point, que des journalistes spectateurs, à l’époque, de la seule Place Tahrir. (Rédaction A l’Encontre, 24 septembre 2014)

    http://alencontre.org/moyenorient/egypte/egypte-reprise-progressive-des-luttes-ouvrieres-leur-signification.html