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Hier, vendredi 1 juillet, les autorités de la ville de Marrakech ont interdit une conférence intitulée « terre et droit au développement » que comptaient organiser collectivement ATTAC CADTM Maroc (groupe local), la section de l’Association Marocaine des Droits de l’Homme et le réseau Amazigh pour la Citoyenneté. Elles ont fermé et empêché l’accès à la salle des réunions du conseil communale qui a été réservée et payée en avance.
Les organisateurs ont alors organisé un sit-in dénonçant cette interdiction qui bafoue le simple droit d’organiser une discussion dans une salle publique. Il est à rappeler que l’université de printemps d’ATTAC CADTM Maroc a déjà été interdite à Marrakech même en avril dernier. Et c’est cette ville même qui abritera la COP22 du 8 au 17 novembre 2016.
C’est un message de l’État marocain pour intimider les organisations qui se mobilisent pour défendre une autre approche citoyenne de la justice climatique. Il s’insère dans un contexte de répression généralisée et limitation des libertés publiques pour anticiper les résistances et faire passer les différentes réformes qui détruisent les acquis : réforme des retraites des fonctionnaires, généralisation des CDD dans la fonction publique, privatisation de l’enseignement et les services de santé, etc. Mais les contestations sociales augmentent et la détermination de ceux et celles qui luttent pour défendre leurs droits est de plus en plus forte et nécessite l’élargissement de la solidarité.
membre du réseau CADTM en bref : L’Association pour la Taxation des Transactions en Aide aux Citoyens au Maroc (ATTAC Maroc) a été créée en 2000. ATTAC Maroc est membre du réseau international du Comité pour l’annulation de la dette du tiers monde (CADTM) depuis 2006. Nous comptons 11 groupes locaux au Maroc. ATTAC veut être un réseau aidant à l’appropriation par les acteurs engagés dans l’activité sociale, associative, syndicale et plus largement militante des enjeux de la mondialisation sur les problématiques de résistance sociale et citoyenne. www.attacmaroc.orghttp://arabic.cadtm.org/
Au large de la Tunisie, l’archipel des Kerkennah souffre des effets du changement climatique, de l’industrie pétrolière et de la répression
L’archipel des Kerkennah, au large de la ville de Sfax en Tunisie, se trouve confronté à la fois au réchauffement climatique, qui menace d’engloutir une partie de leur territoire, et aux impacts de l’extraction pétrolière et gazière. Depuis le début de l’année, pêcheurs et diplômés chômeurs sont en révolte ouverte contre les multinationales présentes dans l’archipel. Leur lutte témoigne à cette manière des promesses non tenues de la révolution tunisienne et de l’influence continue des intérêts économiques occidentaux dans le secteur des énergies fossiles. Reportage et analyse de Hamza Hamouchene.
Les Kerkennah sont un archipel de la côte est de la Tunisie, dans le golfe de Gabès, à 20 kilomètres environ au large de la ville de Sfax. Ses deux îles principales sont appelées Chergui et Gharbi. Lorsque l’on s’approche de leurs côtes en ferry, on est frappé par un paysage très curieux : l’eau est quadrillée par des lignes constituées de milliers de feuilles de palmiers. C’est ce que les Kerkenniens appellent charfia, une ingénieuse méthode de pêche vieille de plusieurs siècles, qui consiste à attirer les poissons dans un réceptacle où ils sont capturés.
En raison de son climat aride, l’archipel ne permet qu’une agriculture de subsistance. L’activité économique cruciale est la pêche. Ces îles sont particulièrement renommées pour leurs poulpes, capturés entre octobre et avril grâce à une autre méthode typiquement kerkennienne, qui fait usage de bocaux.
J’ai entendu parler pour la première fois de l’archipel des Kerkennah dans le cadre de recherches que je menais sur une entreprise pétrolière et gazière britannique, Petrofac, à propos d’accusations de corruption liée à l’acquisition par cette firme d’une concession de gaz à Chergui, en 2006, dans la Tunisie de Ben Ali.
Malgré l’article inséré dans la nouvelle Constitution tunisienne qui affirme la souveraineté nationale sur les ressources naturelles et la transparence des contrats pétroliers et gaziers, les entreprises du secteur continuent, en raison du pouvoir des lobbies, d’afficher des profits mirobolants en toute impunité. Les communautés locales, quant à elles, en subissent les externalités sociales et environnementales.
Mécontentement des pêcheurs et des « diplômés chômeurs »
Je me suis rendu dans les Kerkennah en mars 2016, après avoir entendu parler du mécontentement grandissant de la population, dû au refus de Petrofac d’honorer ses engagements à financer un fonds pour l’emploi. Je suis arrivé par le ferry de Gabès tôt le matin. Une délégation menée par le ministre tunisien de l’Environnement, accompagné d’une équipe de télévision, était à bord. Étaient-ils eux aussi venus pour enquêter sur la mobilisation en cours depuis deux mois ? Des sit-ins avaient été organisés par les îliens devant l’usine de Petrofac, mettant la production partiellement à l’arrêt, afin de pousser l’entreprise britannique à honorer ses engagements en termes de développement local et de création d’emplois.
Après un voyage d’une heure, nous sommes enfin arrivés. Nous avons pris un taxi pour la plage de Sidi Fraj, pensant nous diriger vers l’usine de Petrofac. À notre arrivée, nous nous sommes rendus compte que qu’il s’agissait en fait du siège social d’une autre entreprise pétrolière, Thyna Petroleum Services (TPS). Une manifestation était effectivement en cours, mais elle rassemblait des pêcheurs, et non pas les diplômés chômeurs auxquels nous nous attendions. Nous avons ainsi découvert que TPS, une entreprise britannico-tunisienne, exploitait elle aussi une concession pétrolière offshore à Kerkennah. Les pêcheurs protestaient contre une immense marée noire qui avait été provoquée, selon eux, par la une fuite d’un pipeline sous-marin. Des allégations démenties par TPS, qui affirme que la fuite provenait d’un puits dans une des plateformes de forage - j’en comptai six depuis la plage de Sidi Fraj - qui entouraient, en forme de demi-cercle, l’île de Chergui.
Les pêcheurs étaient en colère, non seulement parce que la marée noire décimait les poissons, mettait en danger la biodiversité marine et remettait ainsi en cause leurs moyens de subsistance, mais aussi parce que TPS tentait d’en minimiser l’impact et même de la dissimuler au public. Ils affirmaient que ce n’était pas la première fois, mais la troisième ou quatrième fois qu’un tel incident se produisait. Ils nous accompagnèrent sur les côtes pour nous montrer où la substance noire (sans doute du pétrole) avait échoué sur la plages et comment, à certains endroits, elle avait été recouverte de sable afin d’être dissimulée. Exaspérés, les pêcheurs demandaient à TPS d’assumer ses responsabilités, et exigeaient des autorités tunisiennes qu’elles forcent l’entreprise à rendre des comptes.
En réalité, le ministre de l’Environnement avait été envoyé sur l’île pour rassurer les pêcheurs et promettre aux habitants qu’une enquête aurait lieu, et que des mesures seraient prises pour réparer les dégâts. Cependant, il ne paraissait pas être présent tant pour répondre aux doléances des pêcheurs que pour protéger les intérêts de l’industrie pétrolière, en empêchant une escalade des protestations. D’autant plus qu’au même moment, une autre entreprise pétrolière et gazière était elle aussi cible de la colère de la population de l’île.
Soulèvement contre Petrofac
Dix ans après avoir acquis la concession de gaz de Chergui dans des conditions douteuses, et cinq ans après le soulèvement de la Tunisie pour le pain, la liberté et la justice sociale, l’entreprise pétrolière et gazière britannique Petrofac est en effet confrontée au mécontentement grandissant de la population dans l’archipel des Kerkennah. Les deux premières semaines d’avril, les îles ont été le théâtre d’une violente répression policière contre les manifestants qui ciblaient l’entreprise.
Les manifestations et leur répression faisaient suite à la dispersion de sit-ins pacifiques organisés pendant deux mois par les militants de l’Union des Diplômés Chômeurs devant l’usine de gaz de Petrofac. Le but de ce sit-in était de mettre la pression sur l’entreprise britannique afin qu’elle reprenne le financement d’un fonds pour l’emploi qui permettait de couvrir leurs maigres salaires.
Lors de me séjour dans l’archipel, j’ai eu l’occasion de parler avec plusieurs jeunes qui avaient participé au sit-in de février-mars. Au cours de ces discussions, j’ai perçu leur ressentiment et leur colère face à la situation qu’ils vivaient. Comment était-il possible d’être chômeur quand toute cette richesse issue du pétrole et du gaz est produite dans ces îles ? Qu’en est-il des promesses de la révolution de 2011 en matière de justice sociale et de dignité nationale ? Autant de questions que j’avais déjà entendues lors d’autres voyages en Tunisie, la Tunisie intérieure, loin des sites touristiques, la Tunisie du sous-développement, où les gens continuent de se battre contre la paupérisation, la corruption et les injustices quotidiennes.
La Tunisie sous la coupe des lobbys pétroliers
Si les activités de Petrofac dans l’archipel ont attiré l’attention, il n’en va pas de même des conditions dans lesquelles la firme a fait l’acquisition de 45% de la concession gazière de Chergui. Une série de documents obtenus par la Justice indiquent que Petrofac a versé des pots de vin à Moncef Trabelsi, beau-frère de l’ancien président Ben Ali, lequel a été condamné pour ces faits en octobre 2011 [1]. En revanche, l’entreprise qui aurait versé les 2 millions de dollars en cause a échappé à toute poursuite au Royaume-Uni et en Tunisie.
Ce n’est pourtant pas la première fois que Petrofac est impliquée dans un scandale de corruption : un de ses anciens dirigeants a été accusé d’avoir payé un pot-de-vin de 2 millions de dollars pour obtenir un contrat au Koweït. Ce qui est particulièrement incroyable dans cette affaire est qu’après avoir été impliquée dans l’acquisition illégale d’une concession, Petrofac fasse aujourd’hui preuve d’un tel mépris envers le peuple tunisien en refusant d’honorer ses engagements et en soutenant la répression policière. Son patron en Tunisie, Imed Derouiche, a formulé des accusations particulièrement condescendantes à l’encontre des jeunes manifestants. Comment Petrofac peut-elle continuer à bénéficier d’une telle impunité ?
Le fait est que le lobby du pétrole est extrêmement puissant en Tunisie. L’influence de l’industrie des énergies fossiles est tellement omniprésente que l’opacité et l’irresponsabilité y sont devenues la norme. Par exemple, personne ne sait si des activités de prospection ou d’exploitation de gaz de schiste ont lieu ou non dans le pays. Les opérations pétrolières dans le sud de la Tunisie - de Tataouine à la zone militaire fermée (sauf pour les entreprises pétrolières et gazières apparemment) – paraissent particulièrement opaques.
Les autorités tunisiennes semblent considérer les pratiques de l’industrie pétrolière et gazière comme une sorte de boîte de Pandore qu’ils préfèrent ne pas ouvrir [2]. Malgré le processus révolutionnaire initié il y a plus de cinq ans, les mêmes méthodes répressives sont aujourd’hui employées par l’État, qui prend le parti des multinationales contre les demandes légitimes de populations qui souhaitent simplement mener des vies décentes.
Un archipel en première ligne du changement climatique
Les Kerkennah sont l’un des endroits les plus vulnérables de la Méditerranée. Ils se caractérisent par un climat semi-aride avec une saison très sèche en été, des températures élevées, une forte évaporation de l’eau, et un déficit d’eau moyen d’environ 1000 mm/an. La montée des mers en raison du réchauffement met en danger cet archipel, dont l’altitude maximale est de 13 mètres, avec la majorité des terres sous les 10 mètres. Plusieurs études ont déjà mis en lumière l’érosion et le retrait de la ligne de côte de plus de 10 centimètres par an. Selon une étude alarmante réalisée par le gouvernement tunisien sur l’impact du changement climatique dans le pays, l’archipel pourrait être transformé en un plus grand nombre de petites îles. 30% de sa superficie (environ 4500 hectares) se retrouverait immergée d’ici 2100.
En moins de trois décennies, les zones que l’on appelle sebkhas (marais salants côtiers) qui constituent près de la moitié de la surface de l’archipel, se sont étendues de 20%. L’eau de mer s’infiltre dans les réserves d’eau souterraines et dans les sols. Tout ceci exacerbe la pénurie d’eau, qui tue les palmiers locaux et grignote les terres arables, augmentant ainsi la vulnérabilité alimentaire et économique de la population. On compte aujourd’hui des centaines de milliers de palmiers parsemés sur l’île. Ils représentent un joyau à protéger, d’autant qu’ils servent plusieurs usages : source d’alimentation, mais aussi d’outils pour la pêche et l’artisanat traditionnels, etc.
La population des Kerkennah a fortement baissé dans les années 1980 en raison des sécheresses. Les îles n’étaient pas en mesure de soutenir des systèmes d’irrigation adaptés, et avec le déclin des réserves d’eau douce, beaucoup d’habitants ont dû partir pour le continent, à commencer par la ville voisine de Sfax. Aujourd’hui, la population de l’archipel est estimée à 15 000 personnes. Elle est multipliée par 10 au cours de l’été, quand les émigrés du continent et de l’étranger reviennent. En raison de la fragilité de l’écosystème et des contraintes climatiques et environnementales qui pèsent sur l’agriculture et la pêche, les autorités tentent désormais de promouvoir l’éco-tourisme ou « développement touristique soutenable ». Mais à ce jour, ces programmes n’ont pas été mis en route.
Souveraineté sur les ressources naturelles et transition juste
La violence du changement climatique n’est pas naturelle. Elle est liée aux choix des puissants de continuer à brûler des énergies fossiles. Ce choix est fait par les multinationales et par les gouvernements occidentaux, en coopération étroite avec les élites nationales et militaires du Sud, y compris en Tunisie.
Dans une économique néolibérale comme celle de la Tunisie, où l’économie est subordonnée aux lois du marché, qui génère des inégalités, privatise le social, et échoue à créer des emplois productifs de qualité, les phénomènes habituels de la précarité et de l’instabilité seront sans doute exacerbées par le réchauffement climatique, qui agit comme un « multiplicateur de menaces ».
La pollution marine à répétition causée par l’industrie pétrolière, couplée à la montée des températures des océans et à la pêche illégale, aura très certainement un impact délétère sur les activités de pêche, sur les écosystèmes et sur la biodiversité des Kerkennah. Un document préparé pour la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) évoque la possibilité que les modes de pêche artisanaux des îles (charfia) soient restreints. On parle même de fracturation hydraulique offshore au large des Kerkennah, ce qui viendrait encore ajouter aux menaces.
La population des Kerkennah est dans l’obligation de s’adapter à une situation qu’elle n’a pas créée, et se trouve à la merci de pollueurs puissants et corrompus, dissimulés sous l’aile protectrice de la répression d’État. Afin que les îliens conjurent le danger de devenir un jour des réfugiés climatiques et reprennent le contrôle de leur vie, de leur environnement, de leurs ressources et de leur destin, l’industrie des énergies fossiles doit être mise au pas et sommée de rendre des comptes. La poursuite de ses activités destructrices revient à signer l’arrêt de mort de l’archipel.
Restaurer un contrôle démocratique sur les ressources naturelles apparaît comme une étape vitale en vue d’une transition juste des énergies fossiles vers les renouvelables. C’est particulièrement vrai dans une perspective de justice climatique, qui se focalise sur la minimisation du fardeau du réchauffement sur les populations marginalisées, dépossédées et vulnérables. Après tout, des décisions aussi cruciales sur la nature, la structure et le sens même de nos systèmes énergétiques peuvent-elles être prises sans consulter les populations ?
Hamza Hamouchene
Cet article a été traduit de l’anglais et abrégé. La version originale a été publiée sur OpenDemocracy.
La Coalition Marocaine pour la Justice Climatique (ci-après CMJC) s’est formée le 07 février 2016 à Rabat lors d’une réunion à laquelle a participé ATTAC/CADTM Maroc, en ayant pour objectif initial la création d’un front unitaire visant à dénoncer l’injustice climatique régnant au Maroc qui ne vient qu’aggraver les disparités socio-économiques dont est victime une large partie de la population marocaine.
Mais, c’est avec regret que nous avons dû constater que la CMJC a détourné l’objectif initial. En prenant une tournure anti-démocratique, la CMJC s’est transformée en un organe qui s’est mis au service des intérêts de l’État et qui suit, sans autonomie, l’agenda étatique de la COP 22.
Partant de ce constat, nous avons décidé de participer à la rencontre organisée le 24 mars 2016 à Rabat pour tirer la sonnette d’alarme et exprimer nos désaccords concernant les décisions en cours. Nous avons dénoncé le manque de transparence des modes de décisions et rappelé l’importance de respecter les processus démocratiques au sein des débats et des luttes afin de garder une indépendance réelle vis à vis des institutions étatiques.
Mais le Comité de pilotage de la CMJC en imposant ses propres décisions, a réduit au silence toutes les voix qui appelaient à plus de transparence et qui demandaient à ce que l’on clarifie la position de la CMJC vis à vis des institutions étatiques. Par la suite, et sans aucun respect des divergences exprimées, des rencontres régionales ont été organisées, au nom de la CMJC, en partenariat direct avec le président du Conseil National des Droits de l’Homme (CNDH), dont le président a été désigné par le roi, comme chef du pôle de la relation avec la société civile au sein du comité de pilotage de la COP 22.
Le Comité de pilotage de la CMCJ ne respecte donc aucunement le principe d’indépendance vis à vis des institutions étatiques pourtant revendiqué par une série d’organisations membres. Il s’est, de fait, érigé représentant de nos voix sans aucun respect des règles de représentation démocratique. Plus grave, ce dit Comité de pilotage a même refusé l’entrée dans la coalition d’une série d’organisations militant sur la question écologique depuis de nombreuses années au Maroc et a laissé pour lettre morte nos nombreuses demandes de les voir intégrer au sein de la coalition.
Le Comité de pilotage a également constamment exclu ATTAC/CADTM Maroc des rencontres et réunions internes, retirant de fait le droit à nos militants d’exprimer leurs positions et de faire valoir leurs revendications. Ceci alors qu’ATTAC/CADTM Maroc s’est positionnée sur la question de la justice climatique depuis plusieurs années maintenant tant au niveau national qu’international (de nombreuses publications ont d’ailleurs été publiées par l’association à ce sujet sur notre site) |1|.
De même le Comité de pilotage n’a permis aucun débat sur la question de la participation de la CMCJ au sein de l’espace officiel de la COP 22, comme si ce point allait de soi. Or ce point de débat est essentiel et est traditionnellement débattu au sein des coalitions internationales pour la justice climatique car nombreuses sont les organisations qui revendiquent l’importance d’ouvrir un espace de discussion indépendant des COP officielles. En effet, nous pensons que l’ouverture d’un espace indépendant est nécessaire si l’on veut pouvoir réfuter les fausses solutions et les recommandations proposées à l’intérieur de la COP 22, qui seront nécessairement influencées par les intérêts du marché et des parties prenantes. C’est pourquoi, nous affirmons que seule l’autonomie nous permettra de construire des alternatives radicales pour résoudre la crise écologique qui constitue, sans aucun doute, l’une des crises les plus graves du système capitaliste.
Pour toutes ces raisons, nous avons le regret de vous informer qu’ATTAC/CADTM Maroc se retire de la CMCJ. Nous demandons à ce que notre nom soit retiré de toute communication officielle ainsi que d’annoncer officiellement notre retrait.
Par ce retrait nous appelons également l’ensemble des organisations militantes à rejoindre la construction d’un nouveau front alternatif et indépendant ayant pour objectif premier de construire un mouvement militant en faveur de la justice climatique totalement indépendant des instances étatiques et des acteurs responsables de la détérioration de la situation écologique du Maroc qui s’érigent en représentants des intérêts du peuple marocain au sein des négociations sur la question écologique.
17 juin par ATTAC/CADTM Maroc
Omar Aziki, Secrétaire général d’ATTAC/CADTM Maroc Rabat, le 11 juin 2016
Membre du réseau CADTM : L’Association pour la Taxation des Transactions en Aide aux Citoyens au Maroc (ATTAC Maroc) a été créée en 2000. ATTAC Maroc est membre du réseau international du Comité pour l’annu- lation de la dette du tiers monde (CADTM) depuis 2006. Nous comptons 11 groupes locaux au Maroc. ATTAC veut être un réseau aidant à l’appropriation par les acteurs engagés dans l’activité sociale, associative, syndicale et plus largement militante des enjeux de la mondialisation sur les problématiques de résistance sociale et citoyenne.
Le quotidien tunisien La Presse a consacré un éditorial le dimanche 17 avril 2016 (voir ci-dessous) à la question du poids de l’endettement public.
L’article met très clairement en garde contre l’hémorragie entraînée par l’endettement et le grand danger que celui-ci représente pour l’économie tunisienne, compte tenu en particulier de ce que le taux de croissance est à zéro.
Ce qui est frappant dans cet article et dans d’autres, et chez de nombreux journalistes et « experts », c’est l’absence de courage quand il s’agit de défendre le rythme fou de l’endettement. Mais les critique mettent souvent l’accent sur deux points : le premier, c’est le montant élevé des prêts, engloutis par les salaires et la consommation, et le second, c’est que sans le soutien des institutions créancières et des États amis qui sont aux côtés de la Tunisie, l’économie tunisienne se serait effondrée lamentablement.
En réalité, ces deux arguments sont défectueux :
1. Le plus gros des montants empruntés (environ 75 pour cent) depuis l’année 2011 se sont évaporés dans le remboursement de la dette odieuse (du régime Ben Ali) et de tout cela, le peuple tunisien n’a rien eu sur le plan social et la consommation a notablement diminué vu que le taux d’inflation est resté élevé. Comment peut-on accuser les familles tunisiennes de surconsommation et de gaspillage de l’argent emprunté, alors que tout indique que le taux de consommation a diminué par rapport à la période avant 2010 et ne s’est pas stabilisé. Comment accuser les salaires alors que le salaire réel n’a pas évolué si l’on tient compte des taux d’inflation ? Nos journalistes doivent dire toute la vérité et faire le lien entre l’explosion de la crise de la dette publique et la poursuite dans les mêmes choix économiques et sociaux, et arrêter de rejeter la faute de cette crise sur les salaires et les familles populaires.
2. « Les grands pays et les institutions financières internationales (entendez impérialistes !) soutiennent la Tunisie dans les critiques conditions politiques et économiques locales et régionales » : poudre aux yeux. Ces pays et institutions créancières ne sont pas avec « la Tunisie », c’est un petit groupe qui contrôle la Tunisie et soutient les choix de ses dirigeants, médiatiquement et politiquement, sous couvert d’experts, de docteurs et d’ associations spécialisées. S’ils étaient vraiment avec le peuple tunisien, pourquoi n’annulent-ils pas la dette de la dictature, dont ce peuple subit le joug ? Pourquoi offrir des prêts à taux d’intérêt élevé ? Et pourquoi baisser la notation de la Tunisie ? Pourquoi imposer des conditions politiques et sociales nuisibles et toxiques à leurs prêts ?
Il suffit de faire un petit calcul arithmétique simple sur les transactions nettes entre la Tunisie, la France, l’Allemagne et autres, pour voir que c’est la Tunisie qui finance les créanciers, les soutient et se tient à leurs côtés, et pas le contraire. Il suffit aussi de faire un tour dans quelques quartiers populaires, et dans les nombreuses régions pauvres du pays, pour voir clairement que les choses se sont encore détériorées à cause de ces soi-disant « aux-côtés-de-la-Tunisie », qui sont en fait sur et contre elle. Ils sont en train de détruire tout un peuple avec leur politique et la complicité des agents locaux chargés de la mettre en œuvre.
Surendettement
par Sald Benkraiem, La Presse, 17/4/2016
POUR un pays qui réalise une croissance économique presque nulle, le recours à l’endettement extérieur n’est pas forcément la solution la plus indiquée. Il est vrai que les bailleurs de fonds ont encore confiance en la Tunisie et surtout en sa capacité à honorer ses engagements. Toutefois, ce capital-confiance ne doit pas encourager nos décideurs à choisir les solutions de facilité, à savoir l’endettement extérieur qui ne fait qu’hypothéquer l’avenir des futures générations, porter atteinte à la souveraineté nationale et rendre difficile toute sorte de croissance économique. Bien au contraire, notre gouvernement doit faire fructifier ce capital et le promouvoir davantage, notamment auprès des investisseurs, qu’ils soient tunisiens ou étrangers.
Il est vrai que le pays a besoin de crédits pour dynamiser son économie. En revanche, il a intérêt à impulser les investissements, véritable créateurs d’emplois et de richesse. Par contre, l’endettement extérieur ne crée pas la richesse en Tunisie, puisqu’il est la plupart du temps orienté vers la consommation et la couverture des dépenses le l’État. En d’autres termes, on s’endette non pas pour investir mais pour consommer. Un constat amer pour un pays qui compte plus de six cent mille chômeurs et qui a plus que jamais besoin de grands projets générateurs d’emplois. Un besoin pressant, voire une priorité nationale, si on veut vraiment conforter la paix sociale et permettre à nos jeunes demandeurs d’emploi de s’insérer effectivement dans le circuit économique du pays.
Ainsi, les crédits ne représentent que des calmants pour un pays comme la Tunisie dont l’économie nationale a besoin d’un sursaut d’investissement et non pas de surendettement. Être un client fidèle de la Banque mondiale ou du Fonds monétaire international n’est guère synonyme de bonne santé économique. Bien au contraire, la Tunisie ne doit jamais donner l’image du bon élève de ces deux institutions monétaires internationales qui ne font pas certes de la charité. Notre pays doit compter en premier lieu sur ses moyens, ses enfants et ses richesses naturelles, malheureusement prises en otage par une poignée d’individus.
Notre 12e université 2016 s’est tenue, malgré les pressions
et les interdictions de salles par les autorités, à Marrakech, la ville ocre où est prévue de se tenir la grande messe climatique COP 22 que le régime et ses acolytes, avec sa société civile, ses institutions et partis, son capitalisme vert prédateur, préparent à grand renfort publicitaire et propagandiste.
Et pour nous : l’interdiction ne nous a donné que plus de détermination à comprendre et poursuivre la lutte, cette fois sur la question du climat, contre la prédation de plus en plus menaçante pour le droit à la vie...
Les femmes d’Attac ont été nombreuses et très engagées dans la préparation, l’organisation et le bon déroulement de cette université. Particulièrement une nouvelle et jeune génération qui apporte du sang neuf dans cette énorme lutte qui bouleverse tous les stéréotypes et concerne toutes et tous pour lutter, résister, créer et continuer à rêver plus fort qu’un autre monde est nécessaire.
Berta Caceres assassinée le 3 mars au Honduras, en affiche, pour nous rappeler à poursuivre sa lutte. 15 avril
Auteur.e
Souad Guennoun
Architecte et photographe renommée, vit à Casablanca. Elle témoigne depuis plusieurs années des crises sociales du Maroc d’aujourd’hui : émigration clandestine, enfants des rues, situation des femmes, luttes ouvrières, etc. Elle filme les luttes menées contre la concentration des richesses, les restructurations d’entreprises provoquées par le néo libéralisme, les choix du régime monarchique visant à soumettre la population aux exigences de la mondialisation financière. Elle est membre d’ATTAC-CADTM Maroc.
La COP21 (21e Conférence des Nations unies sur les changements climatiques) a démarré hier pour se poursuivre jusqu’au 11 décembre prochain. 195 pays-parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) se réunissent pour, officiellement, aboutir à un accord contraignant limitant à 2°C maximum le réchauffement climatique.
Cet accord international sur le climat est bloqué pour la 21e fois face aux tergiversations des pays du Nord et des pays émergents. Pendant ces deux décennies de fausses négociations, 600.000 personnes ont perdu la vie à cause de catastrophes climatiques.
Dans ce contexte de crise environnementale globalisée, ATTAC Maroc, membre du réseau CADTM, publie son premier rapport sur « L’état de la justice climatique au Maroc » et déclare ce qui suit :
Sur le plan international :
Nous apportons notre soutien au mouvement mondial pour la justice climatique mobilisé à Paris face au tour de vis sécuritaire imposé aux manifestations pacifistes. Et nous nous joignons à l’appel international pour décréter l’état d’urgence climatique.
Nous appelons à la reconnaissance de la dette écologique des pays du Nord envers les pays du Sud et le versement - sans condition et sans contrepartie - par les pays les plus industrialisés de contributions et de réparations en dédommagement du pillage perpétré depuis des siècles dans les pays de la Périphérie.
Nous exigeons le retrait de la Banque mondiale, du FMI et les autres Institutions Financières Internationales de tous les projets destructeurs pour l’environnement et participant à la violation des droits humains, dont ceux financés au Maroc comme les barrages et les stations thermiques.
Sur le plan national :
Nous constatons que la Contribution nationale Maroc ne constitue en rien un engagement à réduire les émissions de gaz à effet de serre, mais tout au plus un engagement à réduire la hausse prévue de ces émissions. En outre plusieurs des mesures préconisées, Plan vert, Plan Halieutis, plan Azur, par exemple) loin de conduire à une telle réduction conduiront au contraire à leur augmentation.
Nous appelons à placer le débat sur les dérèglements climatiques au niveau des citoyens. Cette question ne peut pas être exclusivement réservé aux experts, et négocié entre gouvernements ou entreprises. Un débat public sur la justice climatique au Maroc est essentiel, car les conséquences du dérèglement climatique creusent les disparités sociales entre populations.
Nous nous inquiétons des conséquences du dérèglement climatique sur les populations vulnérables (petits agriculteurs et pêcheurs, populations des oasis, nomades, etc.). Le Plan Maroc Vert, le Plan Halieutis et le Plan Azur pour le tourisme mettent en péril les ressources naturelles du Maroc comme le montrent les données de notre rapport.
Nous exprimons notre refus des projets de « capitalisme vert » et de Partenariat Public Privé (PPP) pour exécuter le Plan Maroc solaire et les différents plans de développement des énergies renouvelables. Le pays sera otage d’entreprises, hors de tout contrôle populaire dans ce secteur vital, à qui nous allons déléguer la construction et l’exploitation de parcs de production d’énergie
Nous exigeons l’arrêt immédiat de toutes les ventes ou cessions à durée déterminée des ressources naturelles aux multinationales et leurs alliés locaux et de tous les projets de privatisation de l’eau et de gestion déléguée
Nous refusons l’installation au Maroc de projet d’énergie nucléaire. Nous appelons à la mobilisation face à cette industrie dangereuse qui risque de menacer nos vies et approfondir notre dépendance aux conglomérats industriels et énergétiques étrangers
Nous défendons un Maroc sans gaz de schiste et nous nous opposons aux différentes activités de forages liées à cette énergie aux conséquences catastrophiques sur la nappe phréatique et dangereuse par ses émissions de méthane.
Nous proposons :
o Des engagements contraignants et effectifs des gouvernements pour réduire les émissions de GES ainsi que la mise en place de mécanismes de contrôle et de sanctions. o Un nouveau modèle économique et social, assurant le respect de l’être humain et de la nature, capable d’assurer les besoins essentiels des populations o Une taxation spécifique sur les industries polluantes et le développement du transport public o Le passage d’un mode d’agriculture intensive orientée vers l’exportation à une agriculture écologique, tournée vers la consommation locale et utilisant les semences locales. o Des mesures d’encouragement à une consommation sobre.
Concernant la COP22 prévue à Marrakech en 2016 :
Nous refusons toute restriction qui sera imposée par les autorités marocaines sur la liberté de circulation, le droit au rassemblement, de réunions et de manifestations
Nous nous inquiétons la participation de multinationales et entreprises marocaines impliquées dans la destruction massive de l’environnement au Maroc dans l’organisation et le financement de ce sommet dans des actions de Greenwashing (éco-blanchiment).
Nous espérons que le temps de cette conférence sera un espace dialogue libre entre les différents acteurs concernés par ces questions, y compris ceux qui ne partagent pas les positions aujourd’hui dominantes
Nous appelons à la création d’un front commun de lutte face à l’urgence climatique
Ensemble, construisons un contre-pouvoir écologique et climatique au Maroc.
Plus de 20 000 citoyens ont manifesté à Tanger samedi 24 octobre 2015 : « Amandis Dégage ! »
Le mouvement citoyen contre Amendis
Toute la semaine, des sit-in se sont tenus devant les divers agences de distribution d’eau et d’électricité de la ville de Tanger puis le jeudi a été décidée « Journée zéro dirhams pour Amendis » de boycott
Le samedi 17 octobre les associations de quartiers et de consommateurs ont appelé à éteindre les lumières de 20h à 22 h. Le mouvement a été largement suivi dans les commerces, cafés et restaurants qui se sont éclairés à la bougie.
Dans la nuit du samedi 24 octobre 2015, plusieurs manifestations sont parties des quartiers populaires pour converger vers le centre de Tanger au cri de : « Amandis Dégage ! »
Les forces de répression ont été déployées dès 20h pour disperser les manifestants qui se rassemblaient place des Nations, au centre de Tanger.
Contre les matraques et lances –eau, les arrestations, les manifestants ont répondu pacifiquement avec les slogans : « le peuple veut la chute d’Amandis », « Amandis, dégage », tandis que les manifestants continuaient d’affluer des quartiers populaires périphériques : Bni Makada, Drissia, Moghogha…
Face à la force du mouvement et à la colère des manifestants venus des quartiers populaires périphériques pour rejoindre le centre de Tanger, les forces de répression ont dû se retirer pour éviter les affrontements et débordements.
A partir de 22h, plus 20 000 manifestants venus des quartiers populaires périphériques se dirigeaient vers le centre aux cris « dégage Amendis »
Témoignage de M. consommateur-militant sur les lieux
« Tou-es uni-es unie autour d’une revendication sociale…pour l’instant. »
Les factures d’eau et d’électricité de juillet à de septembre ont fortement augmenté
Depuis 3 semaines les habitants de Tanger manifestent devant les agences d’Amendis des quartiers populaires.
Le mouvement s’organise et les informations sont relayées à travers les réseaux sociaux. Le samedi 17 octobre l’appel à éteindre les lumières durant 2h et à manifester est massivement suivi. Face au succès l’appel est relancé pour la semaine suivante.
Ce samedi 24 octobre de nouveau, les manifestants se rassemblent devant les agences de leur quartier pour rejoindre le centre. Les forces de répression sont déployées en grand nombre mais font face à mouvement d’ampleur qui ne cesse de grossir, se déploie vers le centre au cri de « dehors Amendis ». Cette revendication sociale a rassemblé plus de 20000 citoyens, une marrée humaine venant du centre et la périphérie de Tanger. Le nombre de manifestant est impressionnant, il dépasse en quantité les manifestations du Mouvement du 20 Février 2011. »
Les revendications des citoyens
Depuis plusieurs mois les habitants de Tanger protestent contre l’augmentation des factures d’eau et d’électricité. Ils réclament : modification du système de tarification – généralisation des compteurs individuels – un service minimum d’approvisionnement en cas de difficulté de paiement
Luttes de/et pouvoir
Sur fond de crise politique, les dernières élections régionales et communales du 4 septembre 2015, ont permis de mettre en œuvre le projet de régionalisation décidé par le roi. Ces élections bidon ont connu un faible taux de participation, avec corruption, achats des voix, mafia de l’argent et de représentants véreux, discrédit des partis, absence de programme électoral…
A Tanger, la bataille pour le pouvoir entre le PJD (les islamistes de Sa Majesté) et le PAM (le parti des amis de Sa Majesté) a éclaté entre le maire de Tanger Bachir Abdallaoui du PJD et le président de la région Elyas El Omari du PAM en conflit ouvert pour la gestion de la ville de Tanger.
Après les élections de 2015, bras de fer entre le PAM et PJD
A peine élus, le maire de la ville et président de la région sont en conflit sur les prérogatives dans la gestion de la ville de Tanger : un bras de fer pour la responsabilité de la gestion de l’eau et l’électricité de la ville. Des intérêts importants sont en jeu et des projets pharaoniques coûteux pour la nouvelle région Tanger-Tétouan-Al Hoceima décidés par le roi.
Rappel : L’origine de la crise
Filiale de Veolia Environnement, Amendis est chargée depuis 2002 de la gestion déléguée des services d’assainissement liquide et de distribution d’eau potable et électricité de la municipalité de Tanger. Sur son site, elle annonce un chiffre d’affaire de 1 414 millions de dh en 2010
Les manifestations populaires avaient éclatées contre Amendis dès 2006, puis avaient repris en 2011 dès le début du M20F, quand les habitants de la ville de Tanger avaient cerné une agence d’Amendis située dans un quartier populaire et menacé de ne plus payer leur facture.
Rappel : sur les Mouvements contre les privatisations et la gestion déléguée
Avec l’ère des privatisations des secteurs publics, les service de l’eau l’électricité, télécom, transports, ramassage ordures, les gestions délégués des villes et communes sont partout un échec et sources de scandales, corruption, mauvaises gestions, promesses non tenues, contrats non respectés, licenciements et non respect des législations du travail, répression syndicale.
Dès 2002, les habitants de Rabat Salé se soulèvent contre l’augmentation des prix de la facture d’eau et d’électricité par la Rédal, les luttes se sont poursuivies à Tata contre la Santé et se développent à Ifni, puis dans plusieurs villes et région. Malgré les luttes importantes, les privatisations sont imposées, et le démentiellement de secteurs publics pourtant rentables se poursuit : RAM, ONCF, Poste, Télécom, avec la casse sociale qui s’en suit : licenciements massifs, pertes des acquis et droits sociaux, démentiellement des résistances et des luttes… Avec le Mouvement du 20 février en 2011, les manifestations, grèves, sit in dans les villes et les quartiers contre Lydec, Amendis, Areva,… sont quasi permanentes. Les luttes contre Lydec contre l’augmentation des factures d’eau électricité, la mauvaise gestion, les luttes des travailleurs et les grèves pour dénoncer leurs conditions de travail contre les sociétés Amendis, Areva, les monticules d’ordures qui envahissent les quartiers des villes trouvent un échos parmi les usagers-consommateurs-habitants. Ces luttes convergent avec les révoltes des habitants contre les démolissions expropriation , les luttes des usagers contre les augmentations des factures, des consommateurs contre la vie chère et la flambée des prix, des citoyens contre les projets ruineux de TGV et l’absence de transparence des marchés,
La concentration du pouvoir politique, économique, financier, qui de plus se veut pouvoir sacralisé, ne fait qu’aggraver la crise et converger les luttes de divers secteurs et régions. Partout de grands projets urbains onéreux, souvent inutiles, profitent aux grands trusts internationaux, endettent toujours plus le pays, exproprient les habitants de leurs quartiers voués à démolition, les petits paysans ruinés, chassés de leurs terres, vont fait l’amer expérience de l’endettement ou comment devenir encore plus pauvre en s’endettant.
Quand l’été libanais a remis le droit citoyen au cœur du politique
Quand à Beyrouth, le 22 aout 2015, éclate « la révolte des ordures », la ville croule sous les montagnes de déchets, le mouvement citoyen s’organise et s’interroge : « comment un gouvernement incapable d’assainir le pays, peut-il le gouverner ? »
De Tanger à Beyrouth à Athènes, c’est bien la lutte et résistance des peuples contre un système monde tentaculaire financier politique mafieux qui a déclaré la guerre aux peuples. Nos luttes sont les mêmes, unissons les du local au global.
L’association ATTAC suit avec une grande inquiétude l’opération de prêt en cours de réalisation par le Conseil de ville de Casablanca auprès de la Banque mondiale (BM), sans cadre légal.
Ce prêt de 2 milliards de DH (200 millions de dollars) sur une durée de 29 ans est un financement aggravant l’endettement extérieur de l’ensemble des communes marocaines, qui ne dépasse pas les 280 millions de DH.
Le Conseil présente cette dette comme un financement du Plan de développement de la Région du Grand Casablanca de 2015-2020 qui coutera 33 milliards de DH. Or, ce prêt est une opportunité pour la BM de contrôler la gestion de la ville au profit des hommes d’affaires.
Ce prêt s’étale sur cinq ans, il est conditionné par l’application des réformes suivantes :
« Modernisation de l’administration fiscale locale »,
« L’amélioration de la gestion des RH »,
« L’amélioration du climat des affaires » au profit des promoteurs immobiliers et
« L’amélioration de la propreté de la ville ».
Ce n’est pas la première fois que les Casablancais bénéficieront de « l’expertise » de la BM. La mise à niveau du secteur des déchets ménagers et des décharges a reçu un financement de cette institution en 2009. Tout le monde est unanime pour dire que les résultats de ce programme sont catastrophiques.
Le projet de prêt a été adopté par le Commission des finances du Conseil en présence de 5 élus seulement et à quelques jours de la fin de leur mandat. Pourtant, ce prêt représente 50% du budget du Conseil. Pour faire passer ce projet, la majorité corrompue du Conseil fait miroiter aux élus le faible taux du prêt (1,29%) par rapport au taux pratiqué par le Fonds d’équipement communal (6,5%). Ce qu’omettent de dire ces dirigeants, c’est que le taux d’endettement de la Ville a atteint les lignes rouges, alors que la qualité de la gestion de la ville est déplorable.
Le service de la dette grève le budget de la Ville. 125 millions de DH ont été consacrés à cette rubrique dans le budget de 2014 pour payer que les intérêts d’anciens prêts, ce montant est en progression de 68% par rapport à 2011. Ce prêt est clairement un financement destiné à un conseil communal corrompu et va contribuer à alourdir la dette extérieure des communes et au passage la dette publique à travers la garantie fournie par l’Etat.
Suite à ces éléments, Attac Maroc annonce ce qui suit :
• Nous refusons totalement ce projet de prêt et ce qui comporte comme conditionnalités • Nous exigeons de réaliser un audit de la dette de la Ville de Casablanca et de son budget • Nous revendiquons que les responsables corrompus rendent des comptes sur leur gestion de la Ville • Nous exigeons de recouvrir les créances dues à la Ville estimées à 3,7 milliards de DH et qui éviteront à la Ville de recourir à la BM • Nous appelons toutes les forces vives de Casablanca de s’opposer à ce projet dangereux de prêt qui devrait entrer en vigueur en 2016
Condamnation par des associations et syndicats algériens
Violences d’éléments algériens au FSM 2015 de Tunis :
Position des associations et syndicats algériens présents au Forum
De très graves incidents ont marqué la table-ronde « Résolution des conflits pour l’unité du Maghreb », qui s’est tenue jeudi 26 mars, au second jour du Forum social mondial (FSM) 2015 de Tunis.
Des éléments, en force, se réclamant de la « société civile » algérienne, ont eu un comportement violent à l’égard d’intervenants et de participants, empêchant le débat de s’instaurer. A la fin de la table-ronde, un membre du comité d’organisation a été violenté, et un participant a subi une agression physique. Ces éléments, constitués en véritable commando, affublé de drapeaux et de casquettes aux couleurs algériennes, ont entravé en permanence le débat. Il est fait état, aussi, d’agissements et d’agressions par ces mêmes éléments lors d’autres rencontres et même contre des stands d’associations algériennes.
Ce comportement est contraire à la charte des Forums sociaux mondiaux et à leur esprit, caractérisé par la liberté d’expression et le refus de la violence et des discours haineux. Ces éléments ne représentent en aucun cas la société civile algérienne et donnent une image détestable de notre pays.
Ces agissements sont d’autant plus condamnables que nous avons constaté une participation importante et remarquable de collectifs algériens à ce Forum social mondial.
Nous, associations et syndicats algériens, présents au FSM 2015 de Tunis :
• Condamnons fermement les responsables de ces agissements, digne des pratiques de « baltagias » ;
• Exprimons notre regret que ces agissements viennent entacher cette participation algérienne – forte et inédite ;
• Militons pour que, en Algérie même, ce genre de rencontres, de débats contradictoires, d’espaces d’expression libre, de société civile indépendante et autonome ne soient plus empêchés par les autorités algériennes.
Tunise, le 27 mars 2015
Signataires
Collectif algérien en France ACDA (Agir pour le changement et la démocratie en Algérie)
Association AGIR Bouira
Algeria Solidarity Company (ASC)
AGORA
Collectif pour l’abrogation de la loi 12/06
Groupe anti-gaz de schiste Oran GASO
Femmes plurielles
Syndicat de chômeur CNDDC
Rassemblement Action Jeunesse (RAJ)
Ligue algérienne pour la Défense des droits de l’homme LADDH
SOS Disparus
Tharwa Fadhma N’Soumer
ADRA
Action Citoyenne pour l’Algérie (ACA)
APEL-Egalité
Comité populaire contre le gaz de schiste en Algérie
Plus encore que les précédentes éditions, le Forum social mondial (FSM) qui s’est tenu fin mars à Tunis laisse un bilan mitigé...
Le FSM, ce sont des dizaines de milliers de participantEs, trois sessions de 80 ateliers chaque jour sur tous les thèmes qui préoccupent les mouvements sociaux du monde entier et s’appuient souvent sur des luttes déterminées, se centralisant sur une dizaine d’assemblées thématiques en fin de parcours. Mais de nombreux participantEs s’interrogent sur la dynamique trop limitée qui en résulte.
Le FSM est incontestablement le lieu d’échanges et de coordination internationaliste majeur de tous les types d’associations de transformation sociale et écologique. Dans son édition 2015 comme pour la précédente, il a aussi servi de bol d’air à la jeunesse tunisienne, très présente à l’Université El-Manar où se déroulait le forum… Beaucoup moins dans la marche d’ouverture qui, vu les circonstances, s’est affirmée contre le terrorisme (sous une pluie battante), comme dans la marche de clôture centrée sur la solidarité avec le peuple palestinien.
Bannir les représentants de régimes étatiques
Les thèmes environnementaux, des migrations et réfugiés sont toujours plus présents. La lutte contre l’exploitation du gaz de schiste, qui constitue actuellement un enjeu lourd en Algérie et en Tunisie, a trouvé de nombreuses expressions dans le cadre de ce forum. Mais plusieurs ateliers consacrés à ce sujet ont été émaillés par des incidents, provoqués notamment par des éléments pro-régime algériens venus perturber les débats en présence du Comité populaire de lutte contre le gaz de schiste, venu aussi d’Algérie.
Comme lors des FSM de 2007 à Bamako et de 2011 à Dakar, des tensions ont aussi eu lieu entre éléments pro-régime marocains et partisanEs de l’autodétermination du peuple sahraoui. Des forces pro-régime marocaines avaient même proposé plusieurs ateliers dans le cadre des débats du FSM, pour accuser le Polisario (mouvement de libération du peuple sahraoui) de recruter de force ses partisans ou de commettre des « crimes » dans les camps de réfugiés sous son contrôle. Il serait enfin temps de bannir les représentants de régimes étatiques, de surcroît dictatoriaux, du cadre du FSM. Cela vaut aussi pour les partisans du régime iranien, qui se dissimulaient derrière une prétendue « solidarité avec Gaza » pour vanter ouvertement les capacités militaires de la dictature iranienne (« Tel Aviv bientôt à sept minutes de nos missiles »...).
Changer le rapport de forces international
Un des axes forts était la coordination de la lutte sociale dans les centres d’appel et autres entreprises sous-traitantes de firmes européennes, implantées en Tunisie et au Maroc. Comme en 2013, les syndicats français SUD et CGT étaient fortement présents sur cette thématique.
Le peuple grec, avec l’étranglement par le mécanisme de la dette qu’il subit de la part des institutions européennes, était présent dans de nombreux ateliers, le lien étant systématiquement fait avec la situation du peuple tunisien.
Cette préoccupation d’une contre-attaque populaire pour changer le rapport de forces était aussi au cœur de la rencontre parlementaire qui a eu lieu le jeudi 26 mars, et de la rencontre des partis progressistes et écologistes appelée le dimanche 29 par le Front populaire tunisien, deux événements en marge du FSM.
Des rendez-vous ont été pris pour élever le niveau des luttes nécessaires, en Grèce en juin contre la dette, à Paris en décembre contre le réchauffement climatique, et en Italie contre la répression des migrants à une date qu’il reste à définir. Et le prochain FSM se déroulera en août 2016 au Québec.