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Dette, austérité, Fmi - Page 4

  • Nouveautés sur Afriques en Lutte

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    Le réseau africain pour l’annulation de la dette, solidaire avec Attac Cadtm Maroc

    Le Maroc devait accueillir, du 26 au 30 avril 2016, la réunion de l’Assemblée mondiale du réseau (AMR) du Cadtm ainsi que celles de ses réseaux continentaux, telle que l’Assemblée régionale du réseau Cadtm Afrique. Le choix du Maroc comme terre d’accueil de cette importante réunion mondiale, qui devait réunir des représentant-es d’une trentaine de pays africains, européens, asiatiques et latino-américains, est, de la part du réseau mondial du Cadtm, un acte d’amitié et de respect vis-à-vis du peuple (...)

    Mauritanie – Ratification du protocole sur le travail forcé : un pas vers la liberté

    La ratification par la Mauritanie du protocole de l’OIT sur le travail forcé apporte une lueur d’espoir à plus 300.000 personnes touchées par l’esclavage dans le pays. La Mauritanie rejoint ainsi le Niger, la Norvège et le Royaume-Uni parmi les pays (...)

    L’Égypte connaît actuellement une détérioration du statut des droits humains qui est sans précédent dans l’histoire moderne du pays. La répression exercée sous l’autorité d’Abdelfattah Al Sissi dépasse largement la dissidence islamiste et vise les opposants (...)

     

    Maroc : « Reste avec lui, même s’il veut te tuer »

    L Les autorités marocaines échouent souvent à empêcher la violence conjugale et familiale, à protéger les victimes, et à punir les agresseurs. Nous, Human Rights Watch, demandons à la Ministre marocaine de la Femme d’adopter des lois fortes à même de (...)

     

    Les imputations du Maroc aux Sahraouis de terrorisme : est une tentative visant à dévier l’attention internationale de la question sahraouie

    Le Secrétaire d’Etat à la Documentation et à la Sécurité, M. Ibrahim Ahmed Mahmoud a estimé dimanche les accusations infondées du Maroc aux Sahraouis de terroriste, "de tentative visant à dévier l’attention internationale vis-à-vis de la question du (...)

     

    Appel à la solidarité internationale avec les oubliés de la révolution tunisienne

    Cinq ans après la révolution, aucun des gouvernements qui se sont succédés ne semble effectivement s’attacher à proposer des solutions et perspectives crédibles aux chômeurs, hommes et femmes et aux régions défavorisées victimes de la marginalisation et (...)

     

    L’AMDH dénonce l’expulsion de la représentante d’Avocats Sans Frontières au Maroc

    L’AMDH a appris avec consternation l’expulsion par les autorités marocaines de Nisma Bounakhla, représentante au Maroc d’Avocats sans Frontières, ONG de défense du droit basée à Bruxelles. La jeune juriste a été arrêtée samedi 20 février devant son (...)

  • Tunisie: La contestation sociale était prévisible car "la population ne peut plus patienter" (Al Huff')

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    Chercheur pour le centre Carnegie, Hamza Meddeb, dit ne pas être "étonné" par la vague de contestation sociale qui a éclaté dans les régions défavorisées de Tunisie, soulignant que la population "ne peut plus patienter" face à l'absence de changements depuis la révolution.

    Face à "l'inertie" des pouvoirs publics, "le pays s'embourbe dans une crise sociale" qui "risque de déstabiliser l'expérience démocratique" née du renversement du régime de Zine el Abidine Ben Ali en 2011, prévient M. Meddeb, co-auteur de l' ouvrage "L'Etat d'injustice au Maghreb. Maroc, Tunisie".

    Êtes-vous surpris par cette explosion de la contestation?

    Hamza Meddeb: "J'étais encore à Kasserine (d'où sont parties les manifestations, ndlr) il y a deux mois et tout cela ne m'étonne pas. La situation est désastreuse, rien n'a changé depuis cinq ans. (...) On a de nouvelles générations qui constatent ça. C'est un problème d'injustice sociale et de corruption.

    Il y a beaucoup de corruption dans l'administration, en particulier locale. Beaucoup de clientélisme. Tout cela fait exploser la colère. Les manifestations ont pris et la flamme s'est propagée".

    Les premières annonces du gouvernement sont-elles suffisantes?

    "Le gouvernement a annoncé des mesures sur l'embauche à Kasserine, dans le but de désamorcer la colère. Mais celle-ci s'est au contraire propagée. Ce sont des mesures à double tranchant.

    Ce qu'a eu Kasserine, tout le monde veut l'avoir à présent! Les revendications commencent à gagner beaucoup de régions. Ces petites mesures sont contre-productives et montrent que le gouvernement n'a pas vraiment de plan stratégique, et qu'on est dans une politique à courte vue. Ça fait un an qu'il est en place et rien de concret n'a été fait. Ça lui explose à la figure".

    Faut-il alors craindre une dégradation?

    "Il me semble qu'on va vers un enlisement de la situation. Les mesures destinées à désamorcer la crise l'alimentent au contraire, et le pays s'embourbe dans la crise. Le malaise social risque de déstabiliser l'expérience démocratique. En Tunisie, il n'y a pas vraiment de mécanisme de régulation des crises sociales, c'est un système politique extrêmement fragile.

    Dans le même temps, on a une administration très bureaucratique. Il faut mesurer son inertie. On a par exemple 1,4 milliard de dollars pour les infrastructures qui sont bloqués. Ça n'est pas un problème de financement mais d'exécution.

    On a des nominations (dans l'administration locale) de responsables qui étaient en charge sous Ben Ali. On ne répond pas aux besoins de développement avec les pratiques d'un autre temps. La bureaucratie ne peut pas continuer à fonctionner comme sous Ben Ali. La population a patienté pendant cinq ans. Elle ne peut plus patienter".  

    LIRE AUSSI:

    http://www.huffpostmaghreb.com/2016/01/21/tunisie-contestation-soci_n_9041210.html?utm_hp_ref=maghreb

  • Cinq ans après l’insurrection révolutionnaire en Tunisie, la dette léguée par Ben Ali ne doit plus être payée (Afriques en Lutt)

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    À l’occasion du cinquième anniversaire de la chute de Ben Ali, le réseau CADTM réaffirme son soutien au peuple tunisien toujours en lutte pour le respect de ses droits et dénonce la mainmise du FMI et de l’Union européenne qui continuent d’étrangler la Tunisie avec la dette. L’année 2016 sera décisive dans le combat pour l’annulation de la dette odieuse puisqu’une Commission d’audit de la dette pourrait être créée en Tunisie.

    Il y a tout juste cinq ans, le 14 janvier 2011, Ben Ali était chassé du pouvoir par le peuple tunisien. Les puissantes mobilisations qui ont démarré dans les régions de l’intérieur du pays ont, à la fois, provoqué la fuite de ce dictateur et ouvert la voie à d’autres soulèvements populaires dans d’autres pays de la région et même sur les autres continents, donnant notamment naissance au mouvement des « Indignés ».

    Grâce à ces luttes, le peuple tunisien a arraché plusieurs libertés fondamentales dont la liberté d’expression. Les partis politiques réprimés par la dictature sont sortis de la clandestinité, de vraies élections ont été organisées, une nouvelle Constitution a vu le jour, etc.

    Mais sur le plan social et économique, la politique est la même que celle menée par Ben Ali. Elle reste dictée par les Institutions financières internationales (Banque mondiale et FMI en tête) épaulées par l’Union européenne. Sous couvert d’ « aide » à la Tunisie, ces créanciers extérieurs ont aggravé en réalité le poids de la dette et les inégalités en augmentant leurs prêts toxiques. Ces prêts sont débloqués par tranche en fonction de la bonne application par le gouvernement de mesures dictées par les créanciers. Au menu : gel du recrutement dans la fonction et les entreprises publiques, baisse de l’impôt sur les revenus des sociétés |1|, augmentation de l’impôt sur les revenus du travail entraînant une baisse conséquente du pouvoir d’achat des travailleurs et une montée en flèche de la pauvreté |2|, renflouement des banques, adoption d’une nouvelle loi sur le partenariat public-privé et remboursement intégral des dettes léguées par Ben Ali, malgré l’urgence sociale et le nature odieuse de ces dettes. Le service de la dette (5130 millions de dinars tunisiens soit 2,13 milliards d’euros) représente en 2016 l’équivalent des dix budgets suivants cumulés : santé, affaires sociales, emploi et formation professionnelle, développement, environnement, transport, enseignement supérieur et recherche scientifique, culture, affaires sociales et tourisme.

    Depuis le 14 janvier 2011, l’objectif des créanciers est clair : garder leur contrôle sur la Tunisie en utilisant l’arme de la dette et en plaçant leurs disciples aux postes clés. Rappelons que moins d’une semaine après la chute de Ben Ali, le nouveau gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, Nabli, fraîchement débarqué de Washington où il officiait comme économiste en chef du département du Moyen Orient et de l’Afrique du Nord de la Banque mondiale, déclarait dans sa première conférence de presse datée du 22 janvier 2011 que « La Tunisie remboursera ses dettes dans les délais |3| ».

    C’est ce qui s’est effectivement passé puisque la dette tunisienne à été payée dans les délais avec l’argent des nouveaux emprunts. 82% des nouveaux prêts contractés entre 2011 et 2016 ont ainsi servi à payer la dette contractée par le régime de Ben Ali, entraînant le doublement, en 5 ans, de l’encours de la dette publique qui est passé de 25 milliards de dinars (soit 11,2 milliards d’euros) à 50,3 milliards de dinars (22,6 milliards d’euros).

    Pour les créanciers, le peuple tunisien aurait donc le droit de se débarrasser du dictateur mais pas de la dette qu’il a contracté. Ce qui constitue une violation flagrante du droit international. Comme l’indique explicitement la doctrine classique de la dette odieuse de 1927 : « Si un pouvoir despotique contracte une dette, non pas pour les besoins et dans les intérêts de l’État, mais pour fortifier son régime despotique, pour réprimer la population qui le combat, etc., cette dette est odieuse pour la population de l’État entier (…). Cette dette n’est pas obligatoire pour la nation ; c’est une dette de régime, dette personnelle du pouvoir qui l’a contractée, par conséquent elle tombe avec la chute de ce pouvoir |4| ».

    Malgré l’existence de cette doctrine de droit international et les résolutions prises par le Parlement européen en 2012 et le Parlement belge en 2011 qualifiant explicitement la dette tunisienne d’ « odieuse », aucun acte concret n’a encore été posé.

    Mais l’année 2016 pourrait changer la donne puisqu’une proposition de loi tunisienne instituant une commission d’audit, s’inspirant des exemples équatorien et grec, sera déposée très prochainement à l’Assemblée des représentants du peuple par le groupe parlementaire du Front populaire (une coalition de partis politiques tunisiens). L’objectif est d’examiner tous les contrats des prêts depuis juillet 1986, date du premier programme d’ajustement structurel conclu avec le FMI et la Banque mondiale.

    Les audits de la dette sont des armes stratégiques entre les mains des débiteurs pour construire un rapport de force politique face aux créanciers en justifiant le non-paiement des dettes odieuses, illégales, illégitimes et insoutenables. Pour construire ce rapport de force politique, la population doit être associée à la réalisation de cet audit et à la diffusion de ses résultats. Les rouages de la dette doivent pouvoir être vulgarisés pour permettre à l’ensemble de la population de comprendre les enjeux autour de la lutte contre la « dictature de la dette » et se mobiliser dans la rue contre ce système. Il est dès lors essentiel de faire les liens entre la dette et les préoccupations sociales quotidiennes de la population. C’est l’objectif premier de la campagne « Droit de savoir la vérité sur la dette de la dictature. Auditons la dette, donnons une chance à la Tunisie » lancée en décembre dernier à Tunis par le Front populaire et l’association RAID (membre des réseaux CADTM et ATTAC), qui s’attache aussi à faire le lien entre la dette et les luttes en cours.

    Cinq ans après la victoire éclatante du 14 janvier, le peuple tunisien reste, en effet, fortement mobilisé. Les mobilisations sociales ont même atteint une ampleur sans précédent en 2015 touchant de nombreux secteurs : enseignement, transport en commun, chômeurs, entreprises du secteur public, du secteur privé (grandes distribution, industrie alimentaire, tourisme), lutte des diplômés chômeurs, etc. Le 12 septembre 2015, la population a même bravé l’état d’urgence décrété par le gouvernement en manifestant dans plusieurs villes de Tunisie contre le projet de loi dit de « réconciliation économique » qui vise à amnistier les corrompus du régime de Ben Ali. Effet boomerang, le succès de ces manifestations a permis la levée de l’état d’urgence quelques jours après |5|.

    Pour l’année 2016, le réseau CADTM continuera à soutenir les mobilisations sociales en Tunisie et se tient prêt à apporter son aide pour l’audit de la dette.

    Communiqué du réseau international CADTM

    http://www.afriquesenlutte.org/communiques-luttes-et-debats/article/cinq-ans-apres-l-insurrection

  • Nouveautés sur Afriques en Lutte

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    Drapeaux: Mauritanie, Maroc, Algérie, Tunisie, Lybie

    Algérie : Déclaration pour une convergence démocratique anti libérale et anti impérialiste

    Depuis plus de trois ans, l’offensive libérale n’a pas cessé de rogner les mesures inconséquentes et insuffisantes, appelées pompeusement « patriotisme économique », introduites par la LFC [Loi de Finance 2016] 2009. Bien avant la chute du prix des hydrocarbures, les attaques quasi quotidiennes contre les subventions et les transferts sociaux, contre l’augmentation des salaires et les pensions, contre les acquis et les droits sociaux meublaient le discours d’une partie du pouvoir, de l’opposition (...)

    Maréga Baba : « la Mauritanie, une poudrière minée par la corruption »

    Responsable du parti d’opposition mauritanien U.F.P., Maréga Baba dresse un constat alarmant du régime mauritanien, qui a fait main basse sur les richesses de son pays. Mondafrique. Une enquête du site « le Monde Afrique » a récemment révélé les relations troubles qu’a entretenu pendant des années le géant canadien minier « Kinross » avec le régime du président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz et dont s’inquiètent les autorités borursières américaines. Ce cas est-il isolé ? Marega Baba. Hélas, pas du (...)

    Le CADTM International soutient la campagne pour la Vérité sur la dette tunisienne

    Le 17 décembre à Tunis, le coup d’envoi de la campagne « Droit de savoir la vérité sur la dette. Auditons la dette, donnons une chance à la Tunisie » a été donné. Cette campagne, lancée par le Front populaire (coalition de partis politiques tunisiens) et (...)

    Algérie - Chantier du siège de la wilaya de Bouira : Les ouvriers en grève

    Les ouvriers du chantier du futur siège de la wilaya de Bouira ont observé, hier matin, un arrêt de travail pour réclamer le versement des salaires de quatre mois en retard. D’après les protestataires, sur les cinq derniers mois, l’entreprise en (...)

    Nouvelle domination capitaliste et impérialisme

    La décolonisation initiée dans les années 1940 a essentiellement été un passage au néocolonialisme, une mutation des anciennes colonies, une mise à jour des mécanismes de leur exploitation et domination aussi bien par les anciennes métropoles coloniales (...)

    Tunisie - Sfax : Grève à la société de services pétroliers « Weatherford »

    Un groupe de 40 employés de la société de services pétroliers « Weatherford » à Sfax, ont mené un sit-in, devant le siège du gouvernorat, afin de réclamer la reprise de leur activité au sein de la société, après une grève menée par leur collègues, afin (...)
  • PST (Algérie) : transferts sociaux, loi de finance, code de l’investissement à l’heure du libéralisme sauvage (Essf)

    Mohamed Rachedi SG du PST

    Les arguments du gouvernement battus en brèche

    NOUREDDINE BOUDERBA ET MAHMOUD RECHIDI, PORTE-PAROLE PST, ANIMENT UN DÉBAT SUR LE PLF 2016

    Invité d’un débat organisé par le PST, Noureddine Bouderba, syndicaliste et spécialiste des questions sociales, s’est employé, hier, une heure durant, à démonter les arguments utilisés par le gouvernement pour la suppression des transferts sociaux. Autant d’éléments, sur lesquels le Parti socialiste des travailleurs (pst) escompte construire le contre-discours ou le projet d’alternative politique.

    Lors de son intervention préliminaire, Mahmoud Rechidi, SG du PST, a estimé d’abord que la nouvelle orientation libérale du pays n’a pas commencé avec l’actuel gouvernement mais avec la politique de l’infitah qui remonte aux années 1990. Selon lui, la LF 2016 vise à liquider le secteur public, en procédant à l’ouverture du capital des grandes entreprises et remet en cause, même partiellement, les transferts sociaux. Et ce, d’une façon légale, à travers la loi de finances qui fait partie de tout un dispositif qui inclut le code du travail, la loi sur la santé et le code des investissements. Aussi, dit-il, “la révision de la Constitution annoncée est le couronnement de ces mutations”. il a argué que l’enjeu n’est pas tant dans la révision des mandats présidentiels mais dans la “constitutionnalisation de cette orientation, c’est-à-dire le basculement économique libéral qui est porteur d’un grand danger, en ce qu’elle porte atteinte à l’espoir sur lequel étaient bâti le mouvement national et l’Indépendance nationale qui étaient aussi contre l’exploitation sociale et pour l’égalité”.

    Pour l’orateur la loi de finances intervient dans un processus d’événements qui date depuis des années. Un constat largement partagé par Noureddine Bouderba, qui en a voulu pour preuve, l’annonce d’un texte plus grave encore, à savoir le code des investissements qui entre dans le perspective de tout privatiser en Algérie. Déjà que la LF 2016 n’est pas encore promulguée que l’on nous annonce la décision du gouvernement de remettre en cause progressivement les transferts sociaux dans le cadre de la protection sociale en Algérie, qu’il s’agit de remplacer par des transferts ciblés, parce que, d’après eux, ces transferts généralistes ou universalistes ne sont pas efficaces, affirme l’orateur. Plus grave encore, il pense que la déclaration du FCE, selon laquelle “les transferts sociaux tels qu’ils sont pratiqués en Algérie ne profitent qu’aux riches”, émanerait réellement des institutions financières internationales, notamment la Banque mondiale et le fmi.

    L’expert devait battre en brèche les arguments selon lesquels, la suppression des transferts sociaux était nécessaire pour endiguer la surconsommation et la contrebande, en estimant, études à l’appui, que les mesures universalistes réduisent davantage la pauvreté que les programmes ciblant directement les pauvres. Il proposera à la place une stratégie de mobilisation des ressources.

    A. R.

    * Liberté. 20-12-2015 10:00 :
    http://www.liberte-algerie.com/actualite/les-arguments-du-gouvernement-battus-en-breche-238626#.VnZ9t2b

     

    Loi de Finance, code de l’investissement : un « libéralisme sauvage »

    Adoption de la loi de finances pour 2016 : Le PST accuse le gouvernement et le FCE de faire basculer le pays dans un « libéralisme sauvage »

    Etre de gauche aujourd’hui, « c’est faire barrage à la politique d’austérité annoncée par le gouvernement à travers l’adoption de la loi de finances pour 2016. Et le plus dangereux est le contenu du projet de code de l’investissement qui sera présenté à l’APN pour son adoption ».

    C’est ce qu’a déclaré hier le secrétaire général du Parti socialiste des travailleurs (PST), Mohamed Rachedi, lors d’une conférence de presse animée au siège de son parti conjointement avec l’expert Noredine Bouderba, également ancien membre de la Fédération des travailleurs des hydrocarbures, et consacrée au texte de loi de finances pour 2016 et ses répercussions sur la vie des citoyens.

    Pour le PST, l’adoption de la loi de finances pour 2016 « n’est pas le commencement de la privatisation des entreprises publiques en Algérie, mais elle s’inscrit dans le cadre d’un processus annoncé durant les années 1990 imposé par le Fonds monétaire international (FMI) et les multinationales dont les gouvernements successifs ont suivi à la lettre ses orientations économiques ».

    Pour Rachedi, il s’agit de dénoncer le danger de la loi de finances pour 2016 et son atteinte à la souveraineté nationale, et également cette « austérité imposée aux masses populaires ainsi que les cadeaux fiscaux décernés aux patrons et aux riches ». Pour ce qui est du projet de la nouvelle mouture de la Constitution, le secrétaire général du PST s’attend « à la constitutionnalisation de ce basculement vers le libéralisme sauvage » prôné par le Forum des chefs d’entreprises (FCE) et le gouvernement.

    Pour faire face à cette situation, Rachedi insiste sur la nécessité de relancer la lutte si on veut stopper net le glissement vers la privatisation des biens publics qui appartiennent à tous les citoyens et de barrer le chemin à cette nouvelle classe d’exploiteurs composée par une infime minorité de la population. « Il s’agit de s’opposer au projet libéral de privatisation du secteur public et de bradage du foncier et des terres agricoles. Aujourd’hui, il est question de faire le bilan de la politique de privatisation adoptée par le gouvernement avant de la relancer. » Selon lui, ce qui n’a pas été dit par le gouvernement, c’est son « abandon de l’idéal du combat du peuple algérien et son contrat social, dont le FMI exige sa révision pour faire des travailleurs de simples marchandises ».

    Pour l’expert Noredine Bouderba, « la situation d’aujourd’hui n’est pas similaire à celle des années 1980 et 1990. Aujourd’hui, on assiste à une privatisation sauvage des biens publics qui appartiennent à tout le peuple algérien ». Selon lui, « la crise de la chute des prix du pétrole sur le marché international n’est qu’un choc psychologique utilisé par le gouvernement pour faire passer son programme de privatisation en adoptant un discours alarmiste pour faire peur aux citoyens ». « Le gouvernement, au lieu de tourner son regard vers les chefs d’entreprise qui ont bénéficié de réductions et d’exonérations fiscales, s’est tourné vers la poche du citoyen épuisé par la cherté de la vie », a-t-il regretté.

    Pour ce qui est des subventions du gouvernement, ce dernier, chiffres à l’appui, explique « le grand mensonge médiatisé par le gouvernement et le FCE » portant sur la surconsommation des Algériens. Selon lui, le taux de subvention du gouvernement est le taux le plus faible, en comparaison avec les pays voisins, notamment la Tunisie qui consacre 1,85% de son PIB, contre 1,2% pour l’Algérie. Pour ce qui est du gaspillage dont parle le gouvernement, les études et les rapports des organisations internationales démontrent que « 80% des Algériens consacrent 55% de leur salaire à l’achat des produits alimentaires ». Selon l’étude de la FAO, l’Algérien gaspille 16% de ses produits, contrairement à l’Européen qui gaspille plus de 40% par an. Pour ce qui est des céréales, le taux de gaspillage est de 30%, dont 20% lors des opérations de stockage et de récolte. Pour ce qui est de la consommation des hydrocarbures, Bouderba estime que l’Algérien consomme moins de 1 200 kg pétrole par an, alors que la moyenne est de 8 000 kg pétrole/an au niveau mondial, avant d’ajouter : « Donc, la levée des subventions de l’Etat sur ces produits n’a aucune relation avec la surconsommation des citoyens, c’est exigence du FMI. »

    Abdellah Bourim

    * Reporters. 20 décembre 2015 06:00


    « Il faut dresser le bilan de la privatisation »

    L’ancien syndicaliste Noureddine Bouderba à une rencontre du PST

    « Il faut dresser le bilan de la privatisation », déclarait hier l’ancien syndicaliste et spécialiste des questions sociales, Noureddine Bouderba.

    Cherif Bennaceur - Alger (Le Soir) - Invité à une rencontre-débats du Parti socialiste des travailleurs (PST), cet expert en relations sociales a estimé que le processus de privatisation qui a été enclenché voilà presque une vingtaine d’années poursuivi jusqu’à la moitié de la décade 2000, sera relancé.

    Une relance qui sera concrétisée dans le cadre du projet de Code de l’investissement dont une mouture devra être examinée prochainement par le Parlement. Or, ce projet aura des répercussions aussi importantes que le projet de loi de finances pour 2016, adopté récemment par les deux Chambres du Parlement, considérera Noureddine Bouderba.

    Et cela dans le contexte où l’économie nationale est dans une situation difficile au regard de la diminution des revenus du pays, compliquée et complexe, en prenant en compte la prégnance du discours ultralibéral, l’« offensive » de l’argent et du capital ainsi que les divergences « politiciennes » et dangereuse au regard de la remise en question et des transferts sociaux, voire du contrat social existant en Algérie.

    Selon cet expert, il s’agit certes de cerner le bilan de la privatisation, ses résultats et ses effets sociaux, mais aussi de remettre en cause certaines idées reçues. Ainsi, il relèvera que si les partisans de la privatisation arguent qu’une enveloppe de l’ordre de 60 milliards de dollars a été injectée pour le développement du secteur public durant les quatre dernières décades, mais en vain, il faudra également prendre en compte les 10 milliards de dollars dont bénéficie annuellement le secteur privé depuis quelques années (sous forme d’avantages fiscaux et autres). Comme Noureddine Bouderba considère que les arguments avancés pour remettre en cause la politique des transferts sociaux ne sont pas pertinents, les subventions alimentaires n’ayant jamais dépassé selon cet ancien syndicaliste les 2 milliards de dollars (quelque 2% de la richesse nationale).

    Il estimera ainsi que la démarche de « ciblage » des subventions sociales sera inopérante et que toute remise en cause des transferts sociaux ne fera qu’aggraver les inégalités.

    C. B.

    * Le Soir Algérie :
    http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2015/12/20/article.php?sid=188860&cid=2

     

    PLF 2016 : Le PST s’attaque au gouvernement

    Les critiques des partis politiques pour le Gouvernement ne cessent plus. Hier encore, le Parti socialiste des travailleurs (PST), a fortement critiqué, dans un communiqué rendu public, les textes de la Loi de Finances 2016.

    Selon le communiqué, « depuis plus de trois ans, l’offensive li bérale n’a pas cessé de rogner les mesures inconséquentes et insuffisantes, appelées pompeusement patriotisme économique, introduites par la LFC 2009 ». Pour ce parti socialiste, les attaques quasiquotidiennes contre les subventions et les transferts sociaux, contre l’augmentation des salaires et les pensions, contre les acquis et les droits sociaux, meublaient le discours d’une partie du pouvoir, de l’opposition libérale, du FMI et de la BM ainsi que les médias.

    Aujourd’hui, explique-t-on, la loi de finances 2016, dont le passage en force au Parlement renseigne sur les « réformes démocratiques » promises, vient renforcer ce processus libéral dans le but de démanteler le secteur public, d’abolir ce qui reste du caractère social de l’Etat algérien et soumettre notre économie et nos richesses nationales au secteur privé et aux multinationales. Alors que le pays dispose d’une marge de manœuvre financière consistante, indique-t-on, la promotion d’un discours alarmiste, instaurant la peur au sein de la population, vise « à profiter de la chute du prix des hydrocarbures pour accélérer le processus libéral et imposer l’austérité et la précarité sociale pour la majorité des travailleurs et des masses populaires ».

    « Cette accélération est confortée par le nouveau rapport de forces au sein du régime en faveur du patronat et des affairistes privés, par la bienveillance des puissances impérialistes qui se frottent les mains et par la lente et difficile cristallisation politique du front social » indique-t-on. Pour le PST, la bataille ne se limite pas à « la dénonciation de la LF 2016 au sein du parlement » ou à la défense du droit de préemption, il s’agit de « s’opposer au projet libéral, à la privatisation du secteur public et le bradage du foncier et des terres agricoles ».

    Il s’agit aussi, ajoute-t-il, de « dénoncer l’austérité imposée aux masses populaires et les cadeaux fiscaux décernés aux patrons et aux riches. Il faut se positionner contre les projets de lois libérales et anti sociales tels que le code du travail, la loi sanitaire et le code d’investissements. Il faut, enfin, exiger l’annulation de l’accord injuste avec l’UE et s’opposer au projet d’adhésion de notre pays à l’OMC ». Mais, le PST reste disposé à mener la bataille avec tous ceux qui se mobilisent contre la LF 2016, pour son retrait et pour l’ouverture d’un débat démocratique et sans exclusif sur les choix économiques et sociaux. Avec tous ceux qui luttent pour la levée de toutes les entraves à l’exercice effectif des libertés démocratiques dans notre pays.

    Wahida Oumessaoud

    * Ouest Tribune, 19 décembre 2015 :
    http://www.ouestribune-dz.com/fr/le-pst-sattaque-au-gouvernement/

    dimanche 20 décembre 2015

  • Lancement de la campagne pour la Vérité sur la dette tunisienne (Essf)

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    Compte rendu, par CADTM international, du lancement de la campagne.

    Le 17 décembre à Tunis, le coup d’envoi de la campagne « Droit de savoir la vérité sur la dette de la dictature. Auditons la dette, donnons une chance à la Tunisie » a été donné.

    Cette campagne, lancée par le Front populaire (coalition de partis politiques tunisiens) et l’association RAID (membre des réseaux CADTM et ATTAC), vise à médiatiser le sujet de la dette et créer un soutien populaire afin de réaliser un audit de la dette tunisienne.

    Une proposition de loi portant création d’une Commission d’audit avec la participation de la « société civile », s’inspirant des exemples équatorien et grec, est en voie de finalisation et sera déposée début 2016 au Parlement tunisien.

    Pour le lancement de cette campagne, pas moins de dix-neuf portraits ont été installés le 17 décembre sur 80 panneaux de 12 m2 dans 14 villes et 40 « sucettes » de 1,2 m2 dans quatre grandes villes de Tunisie. Ces affiches montrent des Tunisiennes et des Tunisiens sur leur lieu de travail : un épicier, un marchand ambulant, une enseignante, un maçon, une pharmacienne, un député, un étudiant, etc, accompagnées de citations comme « la dette tue la santé publique », « pas de souveraineté populaire sans audit de la dette », « payer la dette odieuse c’est blanchir de l’argent », « je veux vivre et travailler dans mon pays ».

    Le choix de la date est symbolique puisqu’il y a tout juste cinq ans, le 17 décembre 2010, le peuple tunisien se soulevait contre le régime provoquant la fuite du dictateur Ben Ali le 14 janvier 2011.

    - Combien les Tunisien-n-e-s paient-il chaque année pour le remboursement de la dette ?
    - Combien représente le service de la dette par rapport aux budgets de l’éducation, de la santé, des affaires sociales ?
    - Pour quels projets, quelle type de politique s’est endettée la Tunisie ?
    - Quelle est la part de la dette héritée du régime dictatorial de Ben Ali ?
    - Quelles sont les conditions posées par la Banque mondiale, le FMI, l’Union européenne, le Qatar, pour octroyer leurs prêts ?
    - Quelle est la part odieuse, illégitime, illégale, insoutenable de la dette ? etc.

    Autant de questions élémentaires devant déboucher sur une autre grande question : Doit-on payer la dette ? Si oui, quelle partie ?

    Le lancement de cette campagne pour la vérité sur la dette tunisienne a logiquement été immédiatement soutenue par le CADTM et ATTAC dont plusieurs membres internationaux ont fait le déplacement pour animer une formation le 18 décembre à destination des députés tunisiens du Front populaire sur l’audit de la dette et intervenir lors de la conférence internationale sur ce sujet le 19 décembre en plein cœur de Tunis.

    Ont répondu présent-e-s à l’invitation :
    - Omar Aziki (Secrétaire général d’ATTAC-CADTM Maroc),
    - Fatima Zahra El Belghiti (ATTAC-CADTM Maroc),
    - Claude Quémar (vice-président du CADTM France)
    - Renaud Vivien (co-secrétaire général du CADTM Belgique).

    A ces représentants du CADTM et ATTAC s’ajoutent :
    - Marie-Christine Vergiat (eurodéputée du groupe de la Gauche Unitaire européenne/Gauche Verte - GUE/NGL)
    Plusieurs personnalités tunisiennes dont :
    - Samir Cheffi (Membre du Bureau exécutif de l’UGTT – le principal syndicat),
    - Ahmed Seddik (président du groupe parlementaire du Front populaire),
    - Salem Ayari (Secrétaire général de l’Union des diplômés)
    - Fathi Chamkhi (député du Front populaire, auteur de la proposition de loi sur l’audit).

    Les retombées médiatiques de cette conférence ne se sont pas faites attendre puisque un reportage était diffusé le soir même à la télévision nationale. Au total, neuf grands médias tunisiens (télévision et radio) ont fait le déplacement et couvert cet événement d’une importance cruciale pour le pays comme l’ont souligné les différents intervenant-e-s.

    Ahmed Seddik (Front populaire

    Le président du groupe parlementaire du Front populaire Ahmed Seddik a ouvert la conférence en insistant sur la dimension démocratique du travail d’audit. Réaliser l’audit de la dette constitue un droit démocratique fondamental des citoyen-ne-s pour connaître la vérité.

    C’est également une question de transparence permettant de responsabiliser les dirigeants et d’empêcher la formation d’un nouveau cycle d’endettement odieux.

    Le président a également mis en avant l’exemple du gouvernement équatorien qui, avec des représentants des mouvements sociaux équatoriens et internationaux, a réalisé en 2007-2008 un audit intégral de la dette publique sans demander l’autorisation de ses créanciers. Sur base du rapport d’audit, l’Équateur a fait l’économie de 7 milliards de dollars qui ont pu être utilisés pour augmenter les dépenses dans l’éducation et la santé au lieu de servir à payer la dette illégitime.

    Il conclut en disant que l’audit contribuera à réaliser la transition démocratique et sociale à laquelle le peuple tunisien a droit.

    Samir Cheffi (UGTT)

    Le syndicaliste Samir Cheffi, membre du Bureau exécutif de l’UGTT, a ensuite pris la parole en affirmant que la gestion actuelle de la dette se fait au détriment de la population et que la dette doit servir l’intérêt général.
    L’audit doit servir à identifier les parties odieuses et illégitimes de la dette avant de conclure que nous n’avons pas d’obligation de rembourser une dette qui a servi à une minorité de riches, et que ceux qui participent à la réalisation de l’audit servent l’intérêt du peuple tunisien.

    Marie-Christine Vergiat (eurodéputée)

    L’eurodéputée Marie-Christine Vergiat, qui apporte son soutien actif au peuple tunisien depuis de nombreuses années, a salué également l’importance de cette campagne en soulignant que le combat contre la dette odieuse et illégitime n’est pas un combat qui oppose les peuples du Sud à ceux du Nord. C’est un combat commun des peuples du Sud et du Nord contre l’oligarchie.
    L’Europe est également durement frappée par la dette et les politiques d’austérité. La Grèce en est un parfait exemple.

    Mme Vergiat a rappelé l’appel qu’elle avait lancé en 2011 avec d’autres députés européens pour soutenir la campagne en Tunisie demandant un moratoire et l’audit de la dette tunisienne |1|. Elle propose de relancer cet appel lorsque la proposition de loi tunisienne sur l’audit sera déposée. Cet appel qui avait été signé en mars 2011 par 120 parlementaires en Europe relayait à l’époque les revendications d’une partie de la « société civile » tunisienne et en particulier de RAID-ATTAC-CADTM Tunisie.

    Elle conclut en dénonçant l’hypocrisie des créanciers qui, au lendemain de la chute de Ben Ali, avaient promis de verser 20 milliards d’euros d’aide à la Tunisie. Où est passé cet argent ? A t-il bien été versé ? En réalité, les créanciers n’ont pas tenu leurs promesses à l’image du gouvernement français qui avait promis de convertir une partie de ses créances en projets d’investissement mais qui n’a toujours rien fait. Pire, ces créanciers ont alourdi le poids de la dette en octroyant des prêts (et non des dons) qui ont servi à rembourser les anciennes dettes odieuses de Ben Ali.

    Salem Ayari (Union des diplômés-chômeurs (UDC)

    Salem Ayari (Secrétaire général de l’Union des diplômés chômeurs), a rappelé la situation de milliers de diplômés qui se retrouvent au chômage pendant des années, malgré le niveau de leur formation. La situation de ces diplômés est, en effet, liée directement aux choix politiques qui visent à diminuer les investissements publics dans les secteurs fournissant des emplois stables.
    Traînés de stages en formations sous-payées, les diplômés tunisiens se retrouvent marginalisés et privés de stabilité. Il souligne que son organisation s’impliquera activement dans le campagne pour un audit.

    Renaud Vivien (CADTM-Belgique)

    Renaud Vivien, co-secrétaire général du CADTM Belgique, est intervenu pour partager son expérience comme membre de la Commission d’audit de la dette grecque qui a été mise en place par l’ex-présidente du Parlement grec en avril 2015 |2|.
    Après avoir rappelé les causes principales de la dette grecque avant l’imposition du premier programme d’austérité par les créanciers en 2010, il a souligné les conséquences dramatiques de l’austérité et du remboursement de la dette cinq années plus tard : le PIB a chuté de 25%, 605 établissements scolaires ont été fermés, le chômage a explosé et... la dette publique est passée 113% en 2009 à 175 % en 2015.

    Il a ensuite rappelé que les audits de la dette sont des armes stratégique entre les mains des débiteurs à condition d’y associer la population. L’audit permet, en effet, de renverser le rapport de force politique.
    Grâce aux résultats de l’audit, nous pouvons dire aux créanciers : « Je n’appliquerai pas vos conditions car je n’ai pas à rembourser votre dette. J’apporte la preuve que la dette que vous me réclamez est illégale, illégitime, odieuse la dette est insoutenable pour le population ».

    Il a conclu en soulignant des exemples récents de non-paiement de la dette comme l’Islande (pays de seulement 320 000 habitants) qui a remis en cause le paiement de sa dette illégitime malgré le chantage des créanciers qui a inscrit l’Islande sur la liste noire des organisations terroristes et lui ont fait un procès. Procès que ces créanciers ont perdu puisque le Tribunal saisi a confirmé qu’il n’existait pas d’obligation pour un État de rembourser les dettes du secteur privé |3|.

    Fathi Chamkhi (Front populaire)

    Fathi Chamkhi (député du Front populaire à l’origine de la proposition de loi pour un audit de la dette tunisienne) est revenu sur la situation tunisienne en soulignant le poids de la dette dans le budget 2016 qui met gravement en danger le développement de la Tunisie.

    Il a illustré à quel point la dette est un instrument de domination néo-coloniale.

    Il a dénoncé les mensonges du gouvernement et des pseudo experts économiques qui osent dire que la dette sert à payer les salaires des travailleurs tunisiens pénalisés par les grèves de l’UGTT.

    Fathi Chamkhi a également dénoncé l’attitude du gouvernement qui la veille (le 18 décembre) a sollicité de la part du FMI un nouveau prêt qui sera assorti comme toujours de mesures anti-sociales |4|.

    Il a conclu son intervention en donnant les grandes lignes de la proposition de loi sur l’audit de la dette tunisienne en voie de finalisation.
    L’audit devrait être réalisé par un comité au sein de l’Assemblée ouvert à la « société civile » qui examinera notamment tous les contrats des prêts depuis juillet 1986, date du premier programme d’ajustement structurel en Tunisie.
    Les rapports de ce Comité seront soumis chaque trimestre à l’Assemblée et les résultats seront présentés à la population tunisienne pour avis et prise de décision.

    Omar Aziki (ATTAC-CADTM Maroc)

    Le secrétaire général d’ATTAC-CADTM Maroc, Omar Aziki a fait le parallèle entre la situation en Tunisie et celle de son pays. Le remboursement de la dette (82 % du PIB) s’y fait là aussi au détriment de l’éducation et de la santé. Les mêmes acteurs y interviennent : FMI, Banque mondiale, Union européenne qui imposent leurs diktats aux pouvoirs publics locaux (avec l’accord tacite de ceux-ci).

    Le FMI, qui réalise au moins trois visites par an au Maroc, impose en échange de nouveaux prêts, une réforme des retraites qui a déjà suscité des mobilisations de masse, sans oublier la suppression ou la diminution de subventions sur des produits de première nécessité (butane, farine, sucre).

    Il conclut que les mouvements sociaux doivent répondre à ces attaques par la réalisation d’audits de la dette au Maroc comme en Tunisie.

    Pour clôturer cette conférence au ton et au contenu combatifs

    Le célèbre discours prononcé par l’ancien président du Burkina Faso Thomas Sankara sur la dette de 1987 |5| a été projeté, suivi d’extraits d’une pièce de théâtre tunisienne en ombres chinoises vulgarisant le système de la dette.

    Cette conférence du 19 décembre n’est qu’un jalon de cette campagne qui va maintenant se poursuivre dans toute la Tunisie. Les portraits resteront affichés jusqu’au 17 janvier ainsi que dans le hall principal du Parlement tunisien.

    Une caravane composée de militant-e-s et de député-e-s se déplacera dans sept villes pour aller à la rencontre de la population pour informer, sensibiliser, convaincre et mobiliser le maximum de personnes pour le soutien à l’audit de la dette.
    Prochaines étapes : Le Kef, Siliana, Sidi Bouzid et Gafsa du 8 au 11 janvier suivies de Kairouan, Sfax et Nabeul du 15 au 17 janvier. Dans chacune de ces villes, une tente sera plantée dans l’artère principale où auront lieu des animations culturelles ainsi que la distribution de manuels sur l’audit et de livres sur la dette de la Tunisie.

    Notes :

    |1| http://cadtm.org/Appel-des-parlementaires-europeens,6560

    |2| Lire le rapport préliminaire de juin 2015 http://cadtm.org/Rapport-preliminaire-de-la
    Lire le deuxième rapport de septembre 2015 http://cadtm.org/Analyse-de-la-legalite-du

    |3| http://cadtm.org/Le-tribunal-de-l-AELE-rejette-les

    |4| http://www.imf.org/external/french/np/sec/pr/2015/pr15574f.htm

    |5| https://www.youtube.com/watch?v=e8PCuwBnhtk

    Article paru le 23 décembre 2015 sur le site du CADTM-International http://cadtm.org/Le-CADTM-International-soutient-la,12751

    Le CADTM, Comité pour l’annulation de la dette du Tiers Monde, est un réseau international de lutte pour l’abolition de la dette des pays du Sud, auquel participe l’association tunisienne RAID.
    RAID (Attac et Cadtm en Tunisie) est la doyenne des associations africaines altermondialistes. Après avoir été durement réprimée durant 11 ans, elle est passée à la contre-attaque sociale, depuis le 14 janvier 2011, date de la chute de la dictature. , par CADTM

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article36788

     

  • Tunisie : campagne contre la dette (Essf)

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    Fathi Chamkhi : En 5 ans, la Tunisie a doublé sa dette, où est parti l’argent ?

    http://www.webdo.tn/2015/12/19/front-populaire-en-5-ans-la-tunisie-a-double-sa-dette-ou-est-parti-largent/ (19 décembre)

    Selon les déclarations faites par Fathi Chamkhi, député du Front Populaire, au micro de Shems FM, aujourd’hui 19 décembre, entre 2010 et 2015, la Tunisie est passée de 25 milliards de dette à plus de 51 milliards.
    « On emprunte pour l’économie et le développement. Où sont le développement et l’économie ? Le Tunisien est de plus en plus pauvre et le chômage de plus en plus accru. Où sont partis ces milliards que le contribuable tunisien devra rembourser ? »
    Pour répondre à ces questions, le Front Populaire propose de créer une commission qui sous l’égide de l’ARP aura pour tâche de faire la lumière sur la destination de ces fonds.

    Campagne de sensibilisation du Front populaire contre l’endettement : l’audit, la voie du salut !

    http://lapresse.tn/20122015/107915/laudit-la-voie-du-salut.html (20 décembre)

    L’endettement n’a pas de sens s’il ne produit pas de la richesse. Certains crédits obtenus par la Tunisie seraient entourés de suspicion

    « Pour un audit de la dette, c’est à nous que doit revenir notre argent ». Tel était le slogan du colloque portant sur ce thème majeur de ce moment crucial de l’histoire du pays, organisé, hier, dans un hôtel de la place, par le groupe parlementaire du Front populaire.
    Cette campagne de sensibilisation, qui a démarré dans la capitale, va se poursuivre dans plusieurs autres régions. A travers cette action de grande envergure, les organisateurs visent à toucher le public le plus large possible et le gagner à leur cause.

    Ahmed Seddik (Front populaire)

    Le député, à qui revient l’honneur d’ouvrir le bal, commence par préciser que ce mouvement qu’ils viennent d’enclencher n’est qu’une bataille dans une grande guerre.
    Il recourt à ces qualificatifs pour expliquer que l’endettement n’est autre qu’une nouvelle forme de colonialisme qui ne fait que changer de tactique, tout en gardant la même stratégie, celle qui consiste à spolier les richesses des anciennes colonies. « Le néocolonialisme ne fait que remplacer les armées par l’endettement en vue de donner le change, ce procédé lui sert à camoufler la guerre entre la cupidité des riches et les droits des peuples », scande-t-il.

    Imposer la tenue d’un audit de l’ensemble de la dette publique contractée par l’Etat tunisien depuis des décennies, c’est enfoncer le premier clou dans le cercueil de l’endettement, d’après le président du groupe parlementaire du FP. Et pour étayer ses propos, il cite l’exemple de plusieurs pays dont, notamment, l’Equateur et l’Argentine, qui ont emprunté cette voie de l’audit et qui ont réussi avec brio à supprimer une partie assez considérable de leurs dettes respectives.

    Une telle opération est d’autant facile à réaliser que les boîtes d’archives contiennent tous les détails, concernant la manière dont les dettes étaient employées, selon le député Seddik. Et là, il n’épargne ni l’administration locale, ni les créanciers qu’il accuse tous les deux de corruption.

    Il termine son intervention, en soulignant qu’il n’impute pas l’échec du gouvernement à des considérations idéologiques, mais plutôt au manque de courage de sa part à l’égard de ses créanciers qu’il n’ose pas affronter, vraisemblablement, pour préserver des intérêts particuliers.

    Samir Cheffi (UGTT)

    Le secrétaire général adjoint de l’Ugtt, dénonce, quant à lui, les tentatives d’occultation délibérées de la vérité, dans lesquelles il voit des pratiques dictatoriales qui sont censées être révolues depuis le 14 janvier. Néanmoins, il réitère la position de la centrale syndicale à propos de l’endettement : elle ne le refuse pas en tant que principe, mais sous condition qu’il ne porte pas atteinte à la balance des paiements et que la dette soit utilisée dans l’intérêt général. L’endettement n’a pas de sens s’il ne produit pas de la richesse, entonne Cheffi. Mais, ce n’est pas le cas pour la Tunisie, puisque certains crédits obtenus seraient entourés de suspicion, selon lui.

    L’audit, qui est un grand apport à la bonne gouvernance, trace la voie de la lutte d’indépendance en vue de récupérer la souveraineté nationale, fait remarquer le responsable syndicaliste. C’est dans le dessein de responsabiliser le gouvernement à propos de ces questions suprêmes que l’Ugtt a, officiellement, demandé au Premier ministre Habib Essid d’ordonner un audit de la dette. « En aucun cas, les pauvres ne doivent payer pour les gros poissons ! », conclut le syndicaliste avec indignation.

    Après ces interventions politiques et syndicales, place est faite aux invités étrangers qui sont venus apporter leurs témoignages, relativement aux effets désastreux de la dette.

    Marie-Christine Vergiat (eurodéputée)

    Le premier témoignage nous est donné par l’eurodéputée du Front de gauche français, Marie-Christine Vergiat, qui précise qu’« il ne faut pas se tromper de combat, car il ne s’agit pas d’un combat qui oppose le Sud au Nord, mais plutôt les peuples du monde entier aux tenants de l’appauvrissante politique d’endettement ».

    Elle ajoute qu’il ne faut jamais croire aux promesses faites par les créanciers des pays endettés, qui sont fallacieuses, à l’instar de celles de Deauville de 2011, où on a promis des dizaines de milliards de dollars à la Tunisie qui n’en a pas perçu le moindre centime.
    Elle rappelle le combat incessant de son groupe parlementaire au sein du Parlement européen, pour persuader cette instance de convertir le crédit de 300 millions d’euros, accordé à la Tunisie en don, une demande qui a été rejetée.
    La France non plus n’a pas fait mieux, étant donné qu’elle a soumis son acceptation de convertir une partie de la dette de 500 millions à la condition de l’implication des entreprises françaises dans les projets à entreprendre, toujours d’après la députée européenne. « La Tunisie peut largement se passer de l’endettement, si elle récupère ses avoirs gelés qui sont évalués à 38 milliards de dollars, par des experts américains », affirme-t-elle.

    Comme elle est capable de générer de nouvelles ressources financières si elle parvient à supprimer la dette odieuse qui ne peut être identifiée qu’au moyen d’un audit, d’où l’importance et l’urgence d’adopter une telle mesure, d’autant plus que la situation risque de s’aggraver avec les négociations de l’Aleca, qui sont en cours, un projet qui était déjà sur la table, lorsque Ben Ali était encore là, d’après Mme Vergiat.

    Elle nous informe que son groupe parlementaire, qui coordonne son action avec celui du FP, est en train de préparer un rapport intermédiaire dans lequel il entend apporter quelques modifications, concernant l’audit de la dette odieuse de la Tunisie.
    Enfin, la députée se dit être contente de l’engagement de l’Ugtt danse processus.

    Renaud Vivien (Cadtm)

    Continuant sur la même voie, le co-secrétaire général du Comité pour l’annulation de la dette du tiers monde (Cadtm) et membre de la Commission pour la vérité sur la dette publique de la Grèce, Renaud Vivien, énumère les causes des désastres de l’endettement qu’il ramène à trois :
    * les taux d’intérêt trop élevés,
    * les cadeaux fiscaux octroyés aux plus riches, qui placent leur argent dans des banques étrangères,
    * l’achat d’armes qui se fait, parfois sans factures.
    Pour lui, l’audit est une arme stratégique qui permet de désarmer les créanciers et leurs pseudo-experts qui essayent de justifier leur politique antisociale, et de renverser donc les rapports de force entre ces derniers et les peuples.

    Et pour démontrer la véracité de ses allégations, il avance l’exemple de l’Equateur qui a refusé de rembourser sa dette, dont il a établi le caractère odieux, suite à un audit, et qui a pu économiser, grâce à ce refus, 7 milliards de dollars qu’il a employés dans l’éducation et la santé, c’est-à-dire qu’il a privilégié la justice sociale aux dépens du soi-disant honneur de payer sa dette.
    La même chose s’est produite en Islande, où le peuple a exprimé, à l’occasion de deux référendums, son refus catégorique de rembourser une dette qui ne lui a aucunement profité et qui est allée dans les poches de ses gouverneurs.
    Et pourtant, aucun de ces deux pays n’a connu de catastrophes sociales, rassure le témoin qui rappelle que les législations des créanciers incriminent la dette odieuse mais que ces textes restent lettre morte et ne sont jamais appliqués.

    Omar Aziki (Attac-Maroc)

    Enfin, le secrétaire général d’Attac Maroc et membre du réseau Cadtm, Omar Aziki, révèle que la dette publique extérieure représente 82% du PIB et dont le remboursement se fait sur le compte de l’éducation et la santé.

    Les principaux créanciers, à savoir la Banque mondiale, l’UE et le FMI, ne cessent de dicter leur diktat à son pays qui accueille, en moyenne, trois commissions par an de cette dernière instance, pour lui imposer un nouveau plan d’ajustement structurel (PAS), dont, notamment, la réforme des retraites qui a mobilisé des milliers de mécontents, qui ont manifesté, tout dernièrement, à Casablanca.

    Le colloque s’est terminé par la projection de deux vidéos :

    * l’une retraçant l’historique de la dette tunisienne, depuis le 19e siècle jusqu’à nos jours,

    * l’autre consiste en un extrait du discours prononcé par l’ex-président du Burkina Fasso, Thomas Sankara, assassiné en 1987, en marge du Sommet de l’Unité africaine,tenu à Adis-Abeba au cours de la même année, où il insiste sur le fait que les origines de la dette sont celles du colonialisme. « Rassurez-vous, ils ne mourront pas si nous ne payons pas la dette, par contre si on le fait, c’est nous qui mourrons ; l’endettement est assimilable aux jeux de casino, alors nos créanciers doivent accepter les règles du jeu quand ils perdent », ironisa l’ex-président burkinabé.

    , par KSIBI Faouzi

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article36751

  • La dette publique marocaine est insoutenable (Attac Cadtm Maroc)

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    La Banque centrale marocaine, Bank al-Maghrib (BAM), a publié fin juillet 2015 son rapport annuel qu’elle a présenté devant le roi. Ce document présente la situation économique, financière et monétaire du Maroc, en lien avec son environnement international. Le rapport passe en revue également les réalisations de l’institution, notamment sa supervision du secteur financier. Le rapport aborde également la question de la dette publique |1|. BAM prévoit qu’elle va augmenter pour l’année 2016, et analyse la capacité de l’économie marocaine à supporter le service de la dette pour la période 2015-2019.

    L’endettement augmente

    Le rapport constate l’augmentation continue de la dette publique. Fin 2014, son encours représente 741 milliards de DH (environ 74 milliards d’euros) |2|, soit environ 81 % du PIB marocain, la dette ayant repris sa tendance à la hausse dès 2008. La crise du capitalisme mondial (2007-08) a précipité le retour à l’endettement.

    La crise alimentaire, la baisse de la demande internationale, la hausse des prix des produits pétroliers, le tarissement des sources des devises (IDE, tourisme et transferts des MRE), ces facteurs contribuent à la crise de l’économie nationale.

    Dans ce contexte, les besoins en devises augmentent et le Maroc décide d’emprunter sur le marché financier international. Conséquence de ce choix, ce secteur représente désormais 25 % de l’encours de la dette extérieure marocaine, alors qu’il ne constituait que 11 % en 2010.

    Le Maroc et sa relation de dépendance

    BAM s’attend à une hausse de l’endettement du Maroc en 2016, mais prévoit une baisse entre 2017 et 2019. Ce scénario table sur la réduction du déficit public et l’amélioration du taux de croissance. Cette projection prévoit « une moyenne de croissance de 4,6 %, une inflation à 1,9 % et un déficit public à 3 % » |3|.

    Ces prévisions ne résistent pas au pessimisme actuel sur les possibilités d’une reprise économique. La crise du capitalisme mondial a des effets directs sur l’économie marocaine. Les faillites et la fermeture des unités industrielles, les licenciements massifs, la hausse du chômage, la généralisation des politiques d’austérité ont atteint un niveau inégalé, spécialement dans les pays développés. Ces facteurs amplifient la récession en cours de l’activité économique. C’est d’ailleurs le diagnostic fourni par la Banque centrale dans les premières pages de son rapport. L’investissement et la croissance sont encore très faibles dans la zone euro, alors que la dette publique explose.

    Cette crise est supportée lourdement par les pays du sud de l’Europe. La situation en Grèce illustre cette situation. Les acquis sociaux sont dangereusement attaqués depuis plusieurs années dans ce pays. Le peuple grec subit une offensive de type colonial, dirigée par la Commission européenne (CE), la Banque centrale européenne (BCE) et le Fonds monétaire international (FMI).

    Cette situation dans les pays du Nord n’est pas sans dégâts dans les pays du Sud comme le Maroc. Notre économie est intégrée à la zone euro. Dans cette relation de dépendance, le Maroc se trouve dans une position de faiblesse. L’économie du pays est totalement inféodée au capitalisme international et aux grandes puissances.

    À cela s’ajoutent les effets des politiques d’austérité menées au Maroc. Elles induisent indiscutablement un ralentissement de la croissance économique. L’endettement entrave le développement. Le service de la dette est de 163 milliards de DH en 2013, soit 50 % du Budget général de l’État, ce qui équivaut au montant des recettes fiscales ou encore à trois fois le budget de l’investissement.

    La dette publique marocaine est insoutenable

    Le rapport du BAM se fonde pour juger de la soutenabilité de la dette sur des projections d’indicateurs macro-économiques recommandés par le FMI et la Banque mondiale. La sauvegarde des équilibres entre ces mêmes indicateurs avait déjà été à l’origine des Programmes d’ajustement structurel (PAS) mis en œuvre au Maroc dans les années 1980-1990. Ces sinistres programmes n’avaient fait qu’appauvrir la majorité des classes populaires. Pour se conformer à ces équilibres, le gouvernement actuel réduit les dépenses publiques et fait pression sur les salaires et les retraites. Ces mesures sont prises pour atteindre des objectifs fixés par le FMI en matière de déficit et de remboursement de la dette. C’est la même logique qui prévaut, toute proportion gardée, contre le peuple grec qui se trouve asphyxié par les créanciers.

    Toujours selon les projections du BAM, la dette du trésor devrait être ramenée à 62,1 % du PIB en 2019. Si ce scénario se réalise cette baisse n’atteindra pas le niveau d’avant la crise. Lors de la période 2007-2012, la dette du trésor représentait 50,4 % du PIB en moyenne.

    La soutenabilité de la dette ne peut être réduite à des projections économiques abstraites

    En outre, le poids de la dette réelle, en incluant la dette garantie par l’État contractée par les entreprises publiques, est de 81 %. Cette dette est insoutenable et insupportable. La soutenabilité de la dette ne peut être réduite à des projections économiques abstraites. Le remboursement de la dette est une hypothèque qui pèse sur les 34 millions de Marocains. Ces citoyens payent directement cette dette avec la sueur de leur front, leurs salaires, l’avenir de leurs enfants. Chaque marocain paie chaque année, au titre du service de la dette, 5000 DH marocain. Qu’il soit un enfant, une personne âgée, un chômeur, femme, toutes les catégories de la population paient cette dette.

    Le service de la dette absorbe une partie importante des ressources nécessaires pour les besoins en éducation, santé, logement décent, investissement dans les infrastructures publiques de base, les programmes nécessaires à la croissance économique et au développement social… C’est pour cette raison que la dette publique est insoutenable et insupportable. Son paiement approfondit la crise sociale dont souffre notre peuple et pour cette raison il faut exiger la suspension de son paiement.

    Mobilisation populaire et audace politique

    En Grèce, la Commission pour la vérité sur la dette grecque a montré les aspects illégitimes, illégaux, insoutenables et odieux |4| de la dette de ce pays. Elle a recommandé aux autorités grecques le non-paiement de ces parties. Dans son rapport, on peut lire : « S’agissant des dettes insoutenables, tout État est juridiquement fondé à utiliser l’argument de l’état de nécessité qui permet à un État confronté à situation exceptionnelle de sauvegarder un de ses intérêts essentiels menacé par un péril grave et imminent. Dans une telle situation, il peut s’affranchir de l’exécution d’une obligation internationale telle que le respect d’un contrat de prêt. Enfin, les États disposent du droit de se déclarer unilatéralement insolvables lorsque le service de leur dette est insoutenable, sachant que dans ce cas ils ne commettent aucun acte illégal et sont affranchis de toute responsabilité  » |5|.

    Pour atteindre cet objectif, deux choses sont nécessaires : la mobilisation populaire et de l’audace politique. Le président équatorien avait cette audace en décidant de manière unilatérale la suspension du paiement de la dette de son pays. Il s’est appuyé sur les conclusions du rapport de la Commission d’audit de la dette dans ce pays |6|, mise en place en 2007.

    ATTAC/CADTM Maroc s’appuie sur ces expériences pour mobiliser autour de cette question. Notre objectif premier est la constitution d’une commission d’audit composée d’une large coalition pour lancer un audit citoyen de la dette publique marocaine. 11 août par Omar Aziki

    http://cadtm.org/La-dette-publique-marocaine-est

  • Tunisie : retour du forum social mondial de Tunis (Npa)

    Immédiatement après l’attentat du 18 mars au musée du Bardo, les organisateurs du Forum social mondial (FSM) ont refusé de se laisser intimider et ont maintenu l’intégralité du forum, y compris les deux manifestations, en ouverture le 24 mars et en clôture le 28.

    Au final, environ 45 000 personnes ont participé au FSM à l’université de Tunis, contre 60 000 en 2013. Le nombre d’étrangers est resté à peu près stable, la diminution de certaines délégations étant compensée par la hausse d’autres, par exemple d’Amérique latine ou d’Afrique, et même une quarantaine de Chine.


    Par contre, il y a eu une baisse sensible du nombre de TunisienEs, même si le nombre de jeunes du pays hôte marquait l’animation du FSM dans toutes ses dimensions. Deux explications sont avancées : les déceptions accumulées sur les perspectives politiques, ainsi qu’une météo exécrable qui empêchait notamment les plus désargentés de dormir sous des tentes.

    Nouveau souffle ?

    Une préoccupation devient prégnante parmi les initiateurs des Forums sociaux : quel nouveau souffle serait possible pour cet acquis majeur de « l’altermondialisme » ? Celui-ci reste en tout cas un rendez-vous important pour tous les réseaux de lutte : sur les questions écologiques, paysannes et de souveraineté alimentaire, féministes, syndicales, de solidarité internationale et pour l’autodétermination des peuples, contre les institutions financières et les multinationales, etc. La question des migrants et réfugiés a été beaucoup plus présente que dans les forums précédents.

    À l’heure où ces lignes sont écrites, il est trop tôt pour tirer un bilan plus complet de ce Forum. Dans l’immédiat, nous reproduisons ci-contre une intervention de Fathi Chamkhi lors d’un des nombreux débats concernant la dette.

    Dominique Lerouge et Jacques Babel

     

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    "En Tunisie, nous sommes accablés par cette plaie qu’est la dette. On a fait une révolution, mais la dette est toujours là.

    Aujourd’hui la Tunisie est en crise et dans l’impasse. Elle est en quelque sorte coincée par deux intégrismes : l’intégrisme religieux, et l’intégrisme du néolibéralisme qui a fait tant de mal au peuple tunisien, qui l’a saigné à blanc, notamment à cause de la dette. La dette est un outil de pillage, mais c’est aussi un outil de domination politique. À travers la dette, les multinationales et les États impérialistes imposent un régime néocolonial. Ils remettent en cause notre souveraineté nationale et nous empêchent d’avancer vers l’émancipation sociale.

    À en juger par le mécontentement actuel, la rage qui existe dans le cœur des TunisienEs, on est en droit de se demander si nous n’allons pas vers une seconde révolution. En ce moment, il y a par exemple un mouvement de grève très important des enseignants du second degré. Ils sont 90 000 et ont fait une série de grèves de 48 heures. Puis ils ont refusé de faire passer les examens trimestriels.

    Leur syndicat UGTT a décidé d’appeler à boycotter également les examens du troisième trimestre, ainsi que les examens nationaux si leurs revendications n’étaient pas satisfaites. J’ai cité ce mouvement social pour montrer combien les Tunisiens aspirent au changement. Il s’agit d’un désir énorme qu’ils ont exprimé à plusieurs reprises. Mais la dictature de la dette est là. L’économie et la société tunisienne ont été restructurées de façon à rendre le pays « addict » à la dette. Ce système qui nous a été imposé nous a fait beaucoup de mal, il a causé beaucoup de ravages sociaux.

    L’Union européenne décide à la place des TunisienEs : elle donne ses ordres et le gouvernement les exécute, ne faisant que gérer les affaires courantes en se moquant royalement de l’expression démocratique des citoyens tunisiens.

    Le FMI, la Banque mondiale et la Banque africaine de développement disent tous dans leurs discours qu’ils sont pour l’aide, les réformes, leur désir de faciliter la transition démocratique. Mais ils sont les premiers à leur barrer la route.

    Nous menons la bataille contre la dette depuis le départ du dictateur. Nous disons aux TunisienEs que Ben Ali n’était qu’un paravent qui cachait la vraie dictature. Aujourd’hui, avec ses 15 députés, le Front populaire continue cette lutte. Et l’opinion publique, les classes laborieuses et la jeunesse doivent s’approprier cette question. À l’image de la Grèce et peut-être un peu plus encore car nous subissons cette dictature néolibérale de la dette depuis 29 ans, la Tunisie est aujourd’hui à la croisée des chemins : ou bien ce sera l’impasse, et tous les dangers comme on l’a vu avec le terrible attentat terroriste du 18 mars dernier ; ou bien ce sera l’alternative, en avançant dans ce changement que veut la grande majorité des TunisienEs. Et nous sommes déterminés à faire triompher cette deuxième voie, comme nous l’étions face à la dictature de Ben Ali. Nous sommes décidés à ôter de notre route tous les barrages qui l’obstruent, en commençant par la dictature que nous impose la Commission européenne".

    Fathi Chamkhi
    (Député du Front populaire, militant de la LGO et animateur de Raid/Attac/CADTM Tunisie)

  • Tunisie : la dette, un instrument de domination néocoloniale (Essf)

    En Tunisie, nous sommes accablés par cette plaie qu’est la dette. On a fait une révolution, mais la dette est toujours là.

    Aujourd’hui la Tunisie est en crise et dans l’impasse. Elle est en quelque sorte coincée par deux intégrismes : l’intégrisme religieux, et l’intégrisme du néolibéralisme qui a fait tant de de mal au peuple tunisien, qui l’a saignée à blanc, notamment à cause de la dette. La dette est un outil de pillage, mais c’est aussi un outil de domination politique. A travers la dette, les multinationales et les Etats impérialistes imposent un régime néocolonial. Ils remettent en cause notre souveraineté nationale et nous empêchent d’avancer vers l’émancipation sociale.

    A en juger par le mécontentement actuel, la rage qui existe dans le cœur des Tunsien-ne-s, on est en droit de se demander si nous n’allons pas vers une seconde révolution.

    En ce moment, il y a par exemple un mouvement de grève très important des enseignants du second degré. Ils sont 90 000 et ont fait une série de grèves de 48 heures, et ils ont ensuite refusé de faire passer les examens trimestriels. La dernière Commission administrative de leur syndicat UGTT a décidé d’appeler à boycotter également les examens du troisième trimestre, ainsi que les examens nationaux si leurs revendications n’étaient pas satisfaites. J’ai cité ce mouvement social pour montrer combien les Tunisiens aspirent au changement. Il s’agit d’un désir énorme qu’ils ont exprimé à plusieurs reprises. Mais la dictature de la dette est là. L’économie et la société tunisienne ont été restructurées de façon à rendre le pays adict à la dette. Ce système qui nous a été imposé nous a fait beaucoup de mal, il a causé beaucoup de ravages sociaux.


    Il nous a été imposé par l’Union européenne qui impose sa dictature.

    La Commission européenne décide à la place des Tunisien-ne-s : la Commission donne ses ordres et le gouvernement les exécute. Le gouvernement actuel ne fait que gérer les affaires courantes :
    La Commission européenne ne se cache même plus lorsqu’elle donne des ordres au gouvernement tunisien, en se moquant royalement de l’expression démocratique des citoyens tunisiens.
    Le FMI, la Banque mondiale et la Banque africaine de développement sont autant d’instruments de domination. Ils disent tous dans leurs discours qu’ils sont pour l’aide, les réformes, leur désir de faciliter la transition démocratique. Mais ils sont les premiers à leur barrer la route.

    Nous menons la bataille contre la dette depuis le départ du dictateur.

    Nous disons aux Tunisiens que Ben Ali n’était qu’un paravent qui cachait la vraie dictature.
    Aujourd’hui, avec ses 15 députés, le Front populaire continue cette lutte, et l’opinion publique, les classes laborieuses et la jeunesse s’approprient cette question.

    A l’image de la Grèce et peut-être un peu plus encore car nous subissons cette dictature néolibérale de la dette depuis 29 ans.

    La Tunisie est aujourd’hui à la croisée des chemins :


    - ou bien ce sera l’impasse, et tous le dangers comme on l’a vu avec le terrible attentat terroriste du 18 mars dernier,
    - ou bien ce sera l’alternative, en avançant dans ce changement que veut la grande majorité des Tunsien-ne-s.


    Et nous sommes déterminés à faire triompher cette deuxième voie, comme l’étions face à la dictature de Ben Ali. Nous sommes décidés à ôter de notre route tous les barrages qui l’obstruent, en commençant par la dictature que nous impose la Commission européenne.

     

    CHAMKHI Fathi  26 mars 2015

     

    * Fathi est député du Front populaire, militant de la LGO, et animateur de RAID (Attac et Cadtm en Tunisie).
    Propos transcrits par Dominique Lerouge

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article34632