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Ecologie - Page 9

  • Béjaïa: Rassemblement anti-gaz de schiste (El Watan)

    L’opposition au très controversé projet d’exploitation du gaz de schiste dans le grand sud s’est renforcée d’un collectif dans la wilaya de Béjaïa. Il a tenu, hier matin, un rassemblement, au niveau de la place Said Mekbel, dans le chef-lieu de la wilaya.

    L’initiative regroupe le Parti socialiste des travailleurs (PST), le Mouvement démocratique et social (MDS), la Ligue algérienne des droits de l’homme (LDDH), le Café littéraire de Béjaïa, le Rassemblement-action-jeunesse (RAJ), le collectif Ithrane et des militants anti-gaz de schiste de tous bords, dont beaucoup d’étudiants.

    Des pancartes arborant des slogans contre le projet tels que «Pour l’arrêt immédiat de l’exploitation du gaz de schiste», «Sahara vendu», ou encore «Béjaïa-In Salah, un seul combat», ont été brandies par les manifestants. L’action a été accompagnée d’une prise de parole, à travers laquelle chacun a essayé d’expliquer les tenants et les aboutissants de l’exploitation du gaz de schiste et pourquoi il faut surseoir à ce projet. Pour le PST, «c’est la crise du capitalisme qui est à l’origine de tout ce qui nous arrive aujourd’hui.

    Cet affolement des pouvoirs publics pour l’exploitation coûte que coûte de cette énergie nuisible et point urgente obéit aux injonctions des multinationales et du marché mondial. In Salah a besoin d’emplois, d’usines et d’agriculture, ce dont on a besoin aujourd’hui est un débat populaire et non un débat d’experts, car ces derniers sont au service de l’impérialisme», objectera Kamel Aissat, cadre du parti. De ce fait, «l’affaire concerne tous les Algériens, et Béjaïa et In Salah sont unis dans ce combat», dira Kamel Aissat. Dans le même ordre d’idées, M. Ikken, représentant du MDS estime que «tout en Algérie se fait à contre-courant de la volonté du peuple et par soumission à l’impérialisme», citant «l’imposition» du 4ème mandat de Bouteflika etla loi sur les hydrocarbures comme exemples de «violation» de la souveraineté et de la volonté du peuple.

    Hocine Boumedjane, représentant local de Ligue algérienne des droits de l’homme a, lui aussi, plaidé pour «un débat national et populaire autour de la question du gaz de schiste», tout en témoignant «la solidarité des citoyens de la wilaya de Béjaïa à leurs frères d’In Salah dans leurs combat visant à avorter le projet d’exploitation de gaz de schiste». Même son de cloche chez tous les acteurs anti-gaz de schiste qui se sont succédé au micro, avec à l’appui des arguments écologiques. Pour la continuité du mouvement, les participants à l’action vont se réunir prochainement pour s’entendre sur des actions à venir, informe Kamel Aissat.

    M.H.Khodja

    http://www.elwatan.com/actualite/bejaia-rassemblement-anti-gaz-de-schiste-25-01-2015-285910_109.php

    Lire aussi: http://www.elwatan.com/regions/kabylie/bajaia/bejaia-pour-une-nouvelle-politique-economique-et-energetique-propre-24-01-2015-285816_143.php

    Commentaire: Brest aurait du être jumelée avec Béjaia, mais...

     

  • Gaz de schiste : Nouvelle marche à In Salah (El Watan)

    Une nouvelle manifestation a été organisée ce matin à In Salah ou la population a réitéré sa mobilisation devant le siège de la daïra avec une marche qui a sillonné la ville avant de revenir au point de départ.

    Les tentatives de scission du groupe se multiplient dés lors que le gouvernement a décidé de pousser au pourrissement en lançant coup sur coup sa machine de communication institutionnelle multipliant les effets d’annonces et les discours contradictoires pour banaliser cette mobilisation citoyenne qui se tient depuis le 31 décembre 2014 en toute pacifisme à In Salah.

    Abdelkader Bouhafs, figure de proue de ce mouvement anti fracking a réagis à cette campagne en expliquant que les voix appelant à changer de mode opératoire, voire laisser tomber la manifestation non stop en libérant les gens, ont été convaincues de tenir le coup. « Vendredi soir, tout a repris » dit-il. Hacina Zegzeg, autre activiste du mouvement estime pour sa part que « les différends se sont apaisés d'eux mêmes.

    La tension est vive et il y a parfois des clash qui sont inévitables d’autant plus que ces avis contradictoires existent depuis le début du mouvement et se sont toujours exprimés en toute démocratie, se plaint à l’avis de la majorité ».

    Or, malgré un retour progressif à la vie normale, la volonté de continuer le combat semble prendre le dessus. Après une marche de réchauffement ce dimanche, In Salah s’apprête donc à lancer une nouvelle Milyonia demain.    

    Oran solidaire

    Samedi matin, une quarantaine de citoyens d’Oran ont investi le square Port Saïd sur le Front de mer brandissant des pancartes contre le gaz de schiste. Des universitaires, des leaders du mouvement associatif et autres activistes ont répondu à l’appel lancé en fin de semaine via les réseaux sociaux pour un rassemblement pacifique contre les risques du gaz de schiste et en soutien aux manifestants du Sud. Ferhat Firas, représentant du Collectif des Citoyennes et Citoyens d’Oran et initiateur de l’initiative a interpellé la population sur les dangers du gaz de schiste, parlant franchement « d’une catastrophe écologique et d’une menace pour les  générations futures. ».

    Les manifestants se sont proclamés solidaires avec In Salah et les forces vives du sud anti gaz de schiste et appellent à mener une sensibilisation plus active pour mobiliser la société à cet effet.  Jeudi, une conférence sous le thème «Le gaz de schiste en Algérie; de la définition aux enjeux géostratégiques» a été animée par le Dr Moussa Kacem, Maître de Conférences à l’Université d’Oran, Expert en Environnement, Expert en mines et carrières.

    En  2011, cet universitaire a été l’un des premiers universitaires à alerter  l’opinion publique contre le gaz de schiste en lançant une pétition. Intervenant à la suite d’une vidéoconférence animée par le géologue Saadallah Abdelkader exerçant en Norvège a donné un aperçu sur les différents types de roches schisteuses avant de conclure que l’exploitation de ce gaz non conventionnel menace le Sahara.

    Le Dr Kacem a pour sa part fait part du manque de maîtrise des techniques d’exploitation du gaz de schiste dans notre pays, pour lui l’Algérie n’a ni les moyens, ni le savoir nécessaires pour la récupération des eaux issues de la facturation  hydraulique qui use de produits chimiques très toxiques et aux propriétés cancérigènes. Le Dr Kacem relèvera les pouvoirs publics et Sonatrach ont « fermé le jeu » ; il s’est dit sceptique à propos d’un changement de position.

    Solidarité tranfrontaliere

    Le collectif Algeria Solidarity Campaign (ASC) basé en Angleterre a brassé des voix à travers trois continents grâce à la co-signature d’un communiqué collectif avec plus de 80 organisations d'Afrique, d'Europe et d’Amérique apportant soutien et solidarité à la résistance de la population d’In Salah.

     « Nous, citoyennes et citoyens d’Europe et d’ailleurs, résolument opposés à l’exploration et l’exploitation du gaz de schiste, et de tous les hydrocarbures non conventionnels, exprimons notre très forte solidarité aux habitants d’Ain Salah et aux acteurs sociaux locaux en Algérie qui, depuis le  31 décembre, sont en résistance active contre la coalition des entreprises TOTAL, PARTEX et SONATRACH » lit-on sur le communiqué.

    Rappelant les résultats néfastes des essais nucléaires français en Algérie, ce collectif dénonce « l’hypocrisie du gouvernement français depuis la déclaration de Laurent Fabius en juin 2014, apportant son soutien aux entreprises françaises qui iraient explorer le gaz de schiste ailleurs, alors que la fracturation hydraulique est interdite en France. ».

    Ce collectif salue « l’exemplarité de la détermination des habitants d’In Salah, confrontés depuis toujours à des conditions de vie très difficiles, leur combat existentiel et leur intransigeance à vouloir préserver leur territoire et leurs nappes phréatiques, alors que rien n’est fait par les autorités algériennes pour les aider à maintenir leurs activités. »

     

    Houria Alioua le 25.01.15 | 15h34

    http://www.elwatan.com/regions/sud/ouargla/gaz-de-schiste-nouvelle-marche-a-in-salah-en-prevision-d-une-milyonia-25-01-2015-285912_259.php

  • Alger : La manifestation contre le gaz de schiste empêchée (Essf)

    *

    La police a empêché la tenue d’un rassemblement contre l’exploitation du gaz de schiste ce samedi à Alger.

    Prévu à 13h, le rassemblement de soutien à la population d’In Salah, autour de la question des gaz de schistes n’a finalement pas eu lieu. A peine arrivés sur les lieux de la manifestation que les protestataires sont repérés et embarqués par la police.
     

    Une trentaine de personnes, dont les initiateurs du mouvement, ont été embarqués dans les fourgons de la police déployés aux alentours du Jardin Khemissti, près de la Grande Poste.

    Embarqué par la police dans un même fourgon que 13 autres personnes, M. Djaafer Kheloufi raconte sur sa page Facebook avoir été « sauvagement battu » par les éléments de la police. La police n’a pas ménagé le recours à la force dès qu’un manifestant affiche une quelconque résistance.

    Au moment ou la mobilisation contre ce gaz non conventionnel dont l’exploitation risque de priver les générations futures de précieuses ressources en eau et atteindre d’autres régions du pays, les manifestations se poursuivent à In Salah. 

    Cette manifestation intervient au lendemain de celle organisé la veille, dans les mêmes lieux, pour dénoncer les dessins de Charlie Hebdo et laquelle a rappelé les années 90.

    Appel à un moratoire

    Dans un communiqué parvenu à notre rédaction, le Collectif "Non à l'exploitation de gaz de schiste en Algérie" a appelé à « la nécessité d’un moratoire en attendant des process plus respectueux de l’environnement et de la biodiversité, et rentable économiquement ».

    Le collectif qui rappelle que la technique d’exploitation des gaz de schistes par fracturation hydraulique est nocive sur plus d’un plan, souligne l’urgence de réactiver le Conseil national de l’Energie et d’impulser un débat national, serein, sur l’avenir économique et énergétique de l’Algérie, impliquant tous les acteurs de la société algérienne dans la transparence la plus totale.  le 17.01.15 | 15h05

    http://www.elwatan.com/une/alger-la-manifestation-contre-le-gaz-de-schiste-empechee-17-01-2015-285204_108.php

  • Algérie, dans le sud gronde la protestation contre le gaz de schiste (Courrier Inter)

    "Marée humaine contre le gaz de schiste", à la une d'El-Watan du 16 janvier.

     

    Depuis le 1er janvier, le sud algérien est en ébullition. Un mouvement lancé à In Salah contre l'exploitation du gaz de schiste gagne de l'ampleur, sommant le gouvernement de réagir.

     

    "Aujourd'hui, ce sont les populations du sud du pays qui donnent une belle leçon de citoyenneté et de civisme. Furieuses du lancement des forages en vue de l'exploitation du gaz et du pétrole de schiste [annoncé le 27 décembre], ces populations sont sorties pour manifester pacifiquement, non pas pour exiger du pain, du travail et des logements, mais pour demander le respect de l'environnement et qu'on ne pollue pas leur eau, une des conséquences de la fracturation du sous-sol avec l'utilisation, entre autres, de produits chimiques. Tout cela sans casser un bien public ou détériorer des bâtiments administratifs. Elles ne sont pas prêtes à renoncer à leur droit de vivre dans un environnement sain", souligne El-Watan.

    "A In Salah [petite ville du sud, à plus de 1 000 kilomètres d'Alger et déjà productrice de gaz naturel] se joue l'avenir de l'Algérie. Oui, dans cette bourgade saharienne située à l'extrême sud du pays, des Algériens manifestent, se rassemblent, crient leur colère, leur rage et se battent depuis le 1er janvier dernier pour une nouvelle Algérie", estime le site d'information Algérie-Focus.

    La chute brutale du prix du pétrole

    "Le front anti-gaz de schiste, né de la jonction des différents collectifs de wilaya, a gagné son pari", se félicite pour sa part El-Watan. Le mouvement de protestation lancé le 1er janvier à In Salah a réussi à rassembler jeudi 15 janvier plus de 15 000 manifestants à In Salah, 4 000 à Tamanrasset, 5 000 à Ouargla. "Pour la première fois, le sud de l'Algérie apparaît sous son vrai jour, loin de l'image purement industrielle ou touristique, il offre au pays sa diversité ethnique et culturelle colorée dans un paysage de citoyenneté dynamique, mobilisée, fusionnée et qui regarde dans la même direction."

    "Une mobilisation qui étonne de par son ampleur et sa spontanéité, au point que les pouvoirs publics, pris de court, n'ont pas réussi, pour l'instant, à donner une réponse adéquate pour calmer les esprits. Le pourront-ils au demeurant ? La chute brutale du prix du pétrole a créé la panique en haut lieu. Les autorités sont obligées de puiser dans les réserves dans l'espoir de préserver la paix sociale. Surtout qu'elles n'ont jamais pensé à mettre au point une économie de substitution au pétrole, alors que le pays accumulait des revenus uniques dans son histoire", relève le quotidien algérien.

    Inéquitable répartition des richesses nationales

    "Le jeudi de l'union, de la solidarité ou encore de la résistance a tenu ses promesses", enchaîne Algérie-Focus. "Non à l'Algérie rentière qui épuise ses richesses au grand bonheur de ses dirigeants, et de leurs portefeuilles, qui paniquent face à la chute brutale des prix du pétrole.

    "Non à l'Algérie du gaz de schiste qui veut prolonger cette inéquitable répartition des richesses nationales entre un Club des Pins [station balnéaire à 25 km à l'ouest d'Alger] reluisant, festif, prospère et des régions entières de l'Algérie où les simples gens défient des routes défoncées pour pouvoir rentrer et sortir de chez eux matin et soir. Non à cette Algérie où le pétrole et le gaz étouffent le génie d'une jeunesse en empêchant les institutions de leur pays d'innover pour se développer."

    Courrier international Hoda Saliby 17 janvier 2015

    http://www.courrierinternational.com/article/2015/01/17/dans-le-sud-gronde-la-protestation-contre-le-gaz-de-schiste

  • Algérie : très forte mobilisation populaire contre le gaz de schiste (Essf)

    http://cdn.liberte-algerie.com/images/caricature/thumbs/ls-6810-de44c.jpg

     

    La mobilisation citoyenne anti gaz de schiste gagne du terrain.

    Après In Salah, c’est au tour de In Ghar, Tit, Tamanrasset et El Ménéa de se joindre à la protestation en décrétant la paralysie totale des commerces et administrations publiques. Tous les axes routiers situés desservant la RN 1 sont également bloqués.

     

    Ainsi, après un sit-in imposant qui a regroupé toute la matinée, différentes franges de la société, venues des quatre coins de la ville d’In Salah et l’annonce d’une visite ministérielle mercredi prochain, la population d’In Salah n’a pas renoncé à son piquet de grève générale lancé le matin même.

    Une kheima a été dressée en face du siège de la daïra ou des dizaines de manifestants se sont regroupé des les premières lueurs du matin. « Nous attendrons ici même cette délégation d’Alger » nous dit un des organisateurs, joint par téléphone en début d’après-midi.

    Une délégation qui n’a pas pris la peine de se déplacer avant la fin de semaine alors que la population n’a quasiment pas déserté la rue depuis le 31 janvier et qui a redoublé de manifestations depuis, bloquant des axes névralgiques de la ville y compris ceux menant au fameux puits de gaz de schiste, dont le lancement de la production une semaine plus tôt par le ministre de l’énergie a eu l’effet d’une bombe au sein de la population locale.


    ALIOUA Houria 4 janvier 2015
  • Plus de 21% des femmes atteintes de cancer (El Watan)

    Séminaire sur la tragédie nucléaire de la France dans le Hoggar

    Treize tirs nucléaires furent effectués, dont 12 ont échoué, parmi lesquels l’essai baptisé du nom de Béryl, le 1er mai 1962.

    Les explosions nucléaires, la catastrophe de Béryl et le droit international humanitaire» est l’intitulé du séminaire organisé, avant-hier, par l’association Taourirt des victimes de la tragédie nucléaire de la France, dans l’Ahaggar. Organisée avec le concours du centre universitaire et la direction des œuvres universitaires de la wilaya, la rencontre, à laquelle ont pris part des chercheurs, des experts en nucléaire, des juristes et des représentants de l’Association des victimes de Reggane (Adrar), était une occasion pour sonner, pour la énième fois, le tocsin face au désastre survenu sur les monts de Tan Affla et Tan Ataram dans la région d’In Ekker, à 180 km au nord de Tamanrasset, où furent effectués 13 tirs nucléaires, dont 12 ont échoué, parmi lesquels l’essai baptisé du nom de Béryl, le 1er mai 1962. Mais aussi pour accabler la France pour avoir utilisé des Algériens comme cobayes pour mener à terme ses expériences en les faisant passer pour des mannequins.

    150 Algériens utilisés comme cobayes

    «Pas moins de 150 prisonniers algériens, conduits de l’établissement pénitentiaire de Sidi Bel Abbès à In Ekker par un militaire allemand qui travaillait pour la France en qualité de chauffeur», dénonce maître Benbraham Fatma-Zohra, avocate à la cour d’Alger. Et de poursuivre : «Le dossier est entre les mains de personnes honnêtes qui ne se laisseront jamais duper par la France. Mieux, le dossier mis sur la table du Parlement français en janvier dernier est à jour. Il est temps de passer à la vitesse supérieure et de montrer au monde entier que le service rendu à la France a été récompensé par la mort et le génocide.

    L’Etat algérien doit s’immiscer pour mieux avancer dans cette affaire.» Et d’insister sur la levée du sceau du secret-défense sur toutes les archives se rapportant aux explosions et expérimentations nucléaires françaises dans le Sahara algérien, afin qu’«elles servent de documents de référence aux chercheurs et experts en la matière, et surtout pour connaître le nombre exact d’Algériens impliqués dans le programme nucléaire de la France ainsi que la population sédentaire et nomade concernée par les conséquences sanitaires des explosions».

    Ces archives permettront également de localiser les lieux des essais, le matériel contaminé et les endroits d’entreposage des déchets radioactifs enfouis ou laissés sur place après le départ de la France, en 1967, conformément aux Accords d’Evian. Me Benbraham a appelé l’assistance, composée essentiellement d’historiens et d’étudiants, à s’organiser et à se mettre à la recherche des précieux documents et témoignages des victimes encore en vie, en plus de toute attestation servant de pièce à conviction afin d’étoffer le dossier. Benseddik Boudjemaâ, que la France exploitait pour une minable rémunération dans la construction des galeries d’explosion, était dans la salle. Il a fourni une pièce précieuse à maître Benbraham et lui a promis d’en envoyer d’autres qu’il a toujours en sa possession.

    L’association Taourirt, 52 ans après cette tragédie que la France ne veut toujours pas réparer, dresse un réquisitoire contre un crime inouï dans l’histoire de l’humanité et en appelle à l’ONU pour rétablir les victimes dans leur droit à l’indemnisation morale et matérielle. La loi promulguée en janvier 2010, dite Morin, où il est clairement fait abstraction de victimes algériennes et des dégâts importants occasionnés à l’environnement, ne répond aucunement aux aspirations des concernés, puisqu’«elle occulte un principe aussi fondamental que la présomption d’origine et limite le seuil d’exposition et le nombre de pathologies radio-induites.

    Cette loi scélérate instaure faussement la caution de la science pour masquer son objectif portant limitation des indemnisations pour des raisons purement budgétaires. Il faut retenir que les explosions nucléaires sur une population pacifique demeurent un parfait crime contre l’humanité et restera de ce fait imprescriptible donc voué à contraindre leurs auteurs à reconnaître d’abord puis à réparer les dommages constatés, car l’histoire rattrape toujours les hommes et les Etat malgré leur négationnisme», ajoute encore Mme Benbraham.

    Pour sa part, Bendaoud Abdelkader, professeur de droit à l’université d’Oran a, tout en regrettant l’absence des autorités locales à cette rencontre, plaidé pour la mise en place d’un plan d’urgence impliquant les ministères de la Justice et des Affaires religieuses et des Wakfs afin de subventionner les associations et organisations activant dans ce cadre. Comme il a préconisé d’en appeler au Comité international de la Croix-Rouge, «plus efficace» que l’ONU, avec pour but d’accélérer les procédures liées à ce dossier. La plaidoirie de M. Bendaoud portait aussi sur la nécessité «de mettre en place une bonne assise juridique dotée d’une base de données dans le cadre de la commission internationale humanitaire. Toutefois, la mise en place d’une stratégie territoriale visant à rentabiliser les méthodes de supervision est plus qu’impérative pour la sauvegarde de la mémoire et une indemnisation durable. Il est donc utile de prévoir des rencontres et coopérations de recherche sur, entre autres thématiques, Béryl, les dommages et les solutions».

    Dans son intervention, Mansouri Amar, docteur en physique à l’université d’Alger, a fait voyager l’assistance dans l’histoire du nucléaire de par le monde avant de terminer par des prises de vue aussi percutantes que choquantes, réalisées dans des sites impropres à toute forme de vie à cause de la menace radioactive, à l’exemple de Hammoudia (40 km de Reggane) polluée pour 244 000 ans, soit 10 fois la période du plutonium utilisé lors des essais d’In Ekker. Abdul Kadhum Al Aboudi, expert en nucléaire, a, quant à lui, évoqué les dernières révélations des médias français pour évaluer les risques radioactifs auxquels est exposé le Sahara algérien.

    Le conférencier – originaire d’Irak mais épris du Sahara algérien où il a réalisé plusieurs œuvres scientifiques au point d’émettre le désir d’y être inhumé – a invité les associations de victimes à se constituer en collectif national afin de parvenir à tracer une feuille de route permettant de dépoussiérer ce dossier et d’exhumer nos martyrs du cimetière de l’oubli. En conclusion, les participants ont recommandé de nettoyer et de réhabiliter les sites des essais. Ils ont mis l’accent sur le suivi médical des victimes des rayonnements ionisants via la construction par la France de structures sanitaires spécialisées à même de prendre en charge les pathologies radio-induites chez les personnes impliquées directement et leur descendance, et ce, depuis le stade de diagnostic.

    Selon une étude réalisée récemment par des experts, 21,28% des femmes de cette région sont atteintes de cancer du sein et 10,13% de cancer de la thyroïde. Pour cette raison, ils ont insisté pour la mise en place d’un système de surveillance des sites, à l’instar de ce qui s’est fait en Polynésie française, et exigé de la France la formation de spécialistes algériens en décontamination et l’indemnisation des victimes suivant «le principe du parallélisme des formes». L’introduction de cette calamité dans le programme de l’éducation nationale a été soulignée par le président de l’Association des victimes de Reggane, El Hamel Omar, qui a félicité son homologue de Taourirt pour cette première initiative et le défi relevé contre la France, le déni de l’histoire et… les autorités locales.
    Ravah Ighil El Watan, 4 mai 2014

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/pol/france/essais_nucleaires_hoggar.htm

  • Essais nucléaires français dans le Sud algérien (El Watan)

    L’AVEN s’alarme des décès causés par le cancer à Tamanrasset

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    Le bilan des décès causés par les maladies radio-induites ne cesse de s’alourdir à Tamanrasset.  Au  total 20 cancéreux, entre femmes, hommes et enfants, sont morts en juillet dernier, s’alarme Ibba Boubakeur, secrétaire général de l’Association des victimes des essais nucléaires à In Eker (Aven), Taourirt.

    «Nous avons assisté à l’enterrement d’enfants amputés de leurs membres inférieurs et de  femmes à la fleur de l’âge. Le pire, c’est qu’aucune de ces victimes ne possède un dossier médical, hormis les quelques certificats délivrés par les médecins exerçant dans la région», se plaint-il. 52 ans après cette tragédie que la France ne veut toujours pas réparer, l’Association de Taourirt dresse un réquisitoire contre un crime inouï dans l’histoire de l’humanité et en appelle à toutes les institutions et organisations internationales pour rétablir les victimes dans leur droit à l’indemnisation morale et matérielle.

    «La géopolitique de l’époque obligeait nos dirigeants négociateurs à fléchir et faire des concessions en autorisant la réalisation de ce que la France appelait  ‘‘les expériences scientifiques propres’’. Malheureusement, après toutes ces années, nous continuons à vivre les conséquences affreuses d’une tragédie commise par un pays qui prône pourtant le respect de la justice et des droits universels», souligne Touhami Abdelkrim, vice-président de l’association.

    Et de poursuivre : «L’association continuera ses démarches, même voir le diable s’il le faut pour montrer ce qui s’était réellement passé et dévoiler au monde entier l’atrocité et la monstruosité du colon français qui voulait coûte que coûte faire aboutir sa stratégie nucléaire et développer une arme de dissuasion aux dépens des milliers de vies d’innocents algériens.»  L’association  qui a dernièrement saisi tous les départements ministériels concernés, entre autres les ministères de l’Intérieur et des Collectivités locales,  de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et celui des Moudjahidine, compte prendre attache avec les AVEN d’outre-mer  afin de réunir toutes les données liées à ce lourd dossier, notamment en Polynésie et à Tchernobyl également secoués par plusieurs déflagrations nucléaires.

    «Nous allons  associer notre douleur à la leur pour réclamer ce que de droit. Une prise de conscience collective et des recommandations ont été déjà faites en collaboration avec des spécialistes très au fait du dossier.  Certes, on nous a utilisés comme des cobayes, et on ne veut aucunement être des oubliés de l’histoire. L’Etat algérien doit nous accompagner dans cette démarche, si on veut sauver des milliers de personnes de la mort.  Une solidarité entre l’Etat et l’association nous encouragera infailliblement et nous aidera à prendre en charge les victimes», ajoute notre vis-à-vis.  L’association n’a pas les moyens mais croit dur comme fer en sa cause.

    Recours au Tribunal Européen des droits de l’homme

    Dotée d’une volonté inébranlable,  elle a réussi à approcher certains professeurs et chercheurs en la matière afin d’éclairer la population de l’Ahaggar sur les dangers et les répercussions des explosions nucléaires réalisées dans la région. C’était lors d’un séminaire tenu en mai dernier à Tamanrasset, qu’une plate- forme de revendications, soumise à toutes les autorités compétentes, a été ainsi élaborée. Les principaux points recommandés axent essentiellement sur l’indemnisation des victimes, l’amendement des lois en trompe-l’œil y afférentes et la décontamination des sites des essais.

    Car la loi promulguée en janvier 2010, dite de Morin, où il est clairement fait abstraction de victimes algériennes et des dégâts importants occasionnés à l’environnement, ne répond aucunement aux aspirations des concernés, puisqu’elle occulte un principe aussi fondamental que la présomption d’origine et limite le seuil d’exposition et le nombre de pathologies radio-induites. Selon M. Abdelkrim, «cette loi scélérate instaure faussement la caution de la science pour masquer son objectif portant limitation des indemnisations pour des raisons purement budgétaires.

    Nous allons déposer une plainte contre la France auprès du Tribunal européen des droits de l’homme pour réclamer non seulement la modification de la loi Morin, mais aussi le droit de revendiquer des dédommagements pour tous les habitants du Sahara algérien». Il faut retenir que les explosions nucléaires sur une population pacifique demeurent un parfait crime contre l’humanité et restera de ce fait imprescriptible donc voué à contraindre leurs auteurs à reconnaître d’abord puis à réparer les dommages constatés, car l’histoire rattrape toujours les hommes et les Etats malgré leur négationnisme.

    Evoquant le nombre de victimes, le président de Taourirt, Alouaar Mahmoud, fait savoir que le chiffre obtenu se limite au nombre de personnes recensées par l’écrivain public de la région qui fut sollicité par les anciens travailleurs du Centre d’expérimentations militaires des oasis (CEMO) pour saisir le service français en charge de l’opération d’indemnisation des victimes de la radioactivité. «On ne peut pas avoir le nombre exact de victimes. En 2010, un recensement partiel faisant état d’un peu plus de 500 victimes a été réalisé dans les localités relevant uniquement de la commune de Tamanrasset, à savoir Inzaouen, Ifak, Toufdet, Tahifet, Indalak, Izarnen, Outoul  et Tit. Nous y avons constaté beaucoup de maladies, des avortements, des malformations et toutes les formes de cancer».

    Plus de 21% des femmes atteintes du cancer du sein

    «C’est un crime contre l’humanité», s’indigne M. Elouaar. Ce dernier a mis l’accent sur le suivi médical des victimes des rayonnements ionisants via la construction par la France de structures sanitaires spécialisées à même de prendre en charge les pathologies radio-induites chez les personnes impliquées directement et leur descendance, et ce, depuis le stade de diagnostic. Selon une étude réalisée par des experts, 21,28% des femmes de cette région sont atteintes de cancer du sein et 10,13% du cancer de la thyroïde.

    Pour cette raison, on a insisté sur la mise en place d’un système de surveillance des sites, à l’instar de ce qui s’est fait en Polynésie française, et exigé de la France la formation de spécialistes algériens en décontamination et l’indemnisation des victimes suivant «le principe du parallélisme des formes». L’introduction de cette calamité dans le programme de l’éducation nationale a été soulignée par l’association qui invite aussi les universités, particulièrement le centre universitaire de Tamanrasset et l’université africaine d’Adrar, à prendre en charge ce dossier sur le plan scientifique afin de déterminer l’impact et les conséquences de la tragédie nucléaire française au Sahara algérien.

    Taourirt en appelle également à l’ONU et invite ses membres à visiter les sites des explosions avec à la clé dresser un rapport patent sur la violation des droits de l’homme, à l’exemple de ce qui s’était passé aux îles Marshall en 2012 (site des essais nucléaires réalisés par les Etats-Unis dans les années 1950 et 1960). Tout en rejetant l’alibi des essais nucléaires scientifiques français propres, l’AVEN exige l’intervention immédiate des autorités algériennes afin d’éloigner les habitants, les autochtones ou les nomades, des sites irradiés.

    La France, quant à elle, est appelée à assainir les lieux pollués, délimiter les zones à risque, déterminer les centres d’enfouissement des déchets nucléaires et évaluer les niveaux de radiations dans les régions contaminées, Reggane, et In Eker en particulier. La réalisation des stèles à la mémoire des victimes oubliées au niveau de ces régions a été aussi recommandée par l’association qui a pris l’initiative d’inviter toutes les associations concernées pour se constituer en coordination nationale à l’effet de coopérer et de réunir la force nécessaire pour combattre le déni de l’histoire et pour que la vérité et la justice soient rendues à toutes les victimes de la catastrophe nucléaire française.

    Ravah Ighil le 30.08.14 | 10h00

    http://www.elwatan.com/actualite/l-aven-s-alarme-des-deces-causes-par-le-cancer-a-tamanrasset-30-08-2014-269632_109.php

  • En route pour l’exploitation du gaz de schiste (El Watan)

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	Manifestation à Alger du 7 juin dernier devant la Grande-Poste

    Cet automne, les autorités donneront les résultats de l’appel d’offres pour l’exploitation de 31 zones géographiques, dont une partie dans le sud-ouest du pays. Après avoir été reportée par deux fois, la date à laquelle les sociétés doivent remettre leurs propositions est désormais fixée au 30 septembre.

     

    Les premiers contrats seront signés un mois plus tard. Sur ces 31 périmètres, une quinzaine pourrait concerner les gaz de schiste. «Après la signature des contrats, l’Algérie s’engagera irréversiblement dans l’exploitation de ces gaz», explique un expert. Dans la région d’Adrar, les opposants à l’exploi- tation du gaz de schiste ont prévu de poursuivre leurs actions de sensibilisation dans les zones éloi- gnées, comme Reggane. «Nous envisageons une réunion publique à Adrar en septembre mais pas à l’extérieur, dans une salle.

    Certains citoyens nous reprochent de manifester, alors nous voulons leur montrer que notre objectif est juste de discuter de l’impact de l’exploitation de ces gaz sur notre quotidien», explique Mohad Gacemi, militant, qui aimerait parvenir à réunir les militants du Sud avec ceux du Nord dans un grand sit-in à Alger. Des experts, comme l’ancien haut-responsable de Sonatrach, Hocine Malti, dénoncent les risques écologiques et économiques de l’exploitation de ce gaz non conventionnel.

    Si plusieurs pays dans le monde ont interdit cette exploitation du fait des risques environnementaux, l’Algérie manque surtout de compétences dans l’extraction de ce gaz. Malgré les recommandations de prudence, le président Abdelaziz Bouteflika avait officiellement autorisé l’exploitation du gaz de schiste lors du Conseil des ministres du 21 mai. Selon le Département de l’Energie américain, il y aurait dans le sous-sol algérien près de 20 000 milliards de m3 de gaz, principalement dans les régions de Mouydir, Ahnet, Berkine-Ghadames, Timimoun, Reggane et Tindouf.

    Leïla Beratto le 29.08.14 | 10h00

    http://www.elwatan.com/economie/en-route-pour-l-exploitation-du-gaz-de-schiste-29-08-2014-269506_111.php

    Commentaire: Apparemment l'Algérie ne manque pas d'eau! Il en faut des quantités pour cette extraction, qui une fois polluée ira... polluer le reste!

  • Une critique écologiste de l'occupation israélienne (Lcr.be)

     

    Alors que le temps des colonies est heureusement révolu, un processus similaire est pourtant toujours à l’œuvre au Moyen-Orient, où les Palestinien·ne·s subissent depuis plus de soixante ans la politique d’occupation et d’apartheid de l’Etat d’Israël. […]

    Par ailleurs, et bien que l’on en parle moins, cette politique a des conséquences considérables sur l’en- vironnement de la région, réduisant à néant toutes les mesures écologiques qui pourraient être prises par les autorités palestiniennes. Le présent article se propose donc de mettre en évidence ces effets, qui certes ne doivent pas occulter la souffrance humaine, mais qui affectent profondément la qualité de vie des populations concernées.

    Un apartheid environnemental

    Ce qui frappe le visiteur attentif quand il rentre en Cisjordanie 

    est la politique de ségrégation qui est partout mise en œuvre pour séparer les colonies israéliennes, de surcroît illégales au regard du droit international, des populations pales-tiniennes. De la législation à l’urbanisme en passant par l’accès aux voies de communication, tout est fait pour séparer deux mondes qui vivent pourtant côte à côte. Cette ségrégation touche également les écosystèmes puisque l’on constate directement une différence de traitement quant à l’aménagement de l’espace : alors que le territoire israélien frappe par sa « propreté impeccable », on constate dans de nombreux endroits de Cisjordanie 

     une défaillance quant au ramassage des ordures. Cela fait partie intégrante de la stratégie de transfert silencieux mise en place par la politique coloniale puisque de nombreuses zones dépendent dans les faits de l’administration israélienne en ce qui concerne le traitement des déchets. Situation similaire dans la région d’Hébron, où l’armée isra­élienne interdit l’importation d’un acide destiné à traiter des eaux usées (officiellement, comme toujours, pour des raisons de sécurité), entraînant leur déversement dans la nature

    Plus grave encore, à de nombreux endroits, les terres palestiniennes font office de décharges pour des déchets israéliens en tout genre, provoquant des problèmes de santé et de pollution des sols chez les populations locales. Plus globalement, l’occupation, et surtout la prolifération des colonies empêche de prendre des mesures efficaces de protection de l’environnement. Les rationnements, le manque de moyens (l’Autorité Palestinienne dépend fortement de l’aide extérieure) et la non continuité du territoire  rendent difficile la mise en œuvre ou la restauration des réseaux d’approvisionnement et d’évacuation d’eau. Ainsi, dans certaines régions, jusqu’à 45 % de l’eau serait perdue en raison des rationnements et de la vétusté du réseau.

    La qualité de l’eau s’en trouve d’ailleurs détériorée, notamment suite à la rouille des cana- lisations non remplacées. Par ailleurs, les moyens déployés pour mener à bien cette ségrégation spa- tiale ont un impact non négligeable sur les paysages palestiniens puisqu’on remarque sur le terrain une multiplication de routes, de tunnels, de check-points, de murs et de clôtures superflus qui entraînent un déboisement et une pression accrue sur les sols.

    Face à tout cela, la création de « parcs naturels » (sur les terres palestiniennes il va sans dire) ou les plantations de forêts de conifères (arbre non adapté aux milieux de la région) pèsent peu de poids .

    Colonisation hydraulique

    La Palestine étant une région connaissant un stress hydrique important, les ressources hydrologiques se trouvent logiquement perturbées par la politique mise en œuvre. Cela engendre une inégalité flagrante dans la répartition des réserves d’eau potable puisqu’en moyenne, en Cisjordanie, un colon consomme 487 litres d’eau par jour contre 70 pour un Palestinien.

    Le scandale ne s’arrête pas là car la plupart des nappes phréatiques situées dans les sous- sols palestiniens sont de facto exploitées par Israël, notamment par le biais de la compagnie nationale Mekorot, laquelle revend cette eau aux populations palestiniennes pouvant se le permettre. Dans la vallée du Jourdain, l’injustice environnementale saute aux yeux puisque des colonies fleuries et ver- doyantes, qui pour la plupart bénéficient d’un accès à l’eau courante en permanence, côtoient des camps de bédouins ou des villages palestiniens quasiment dépourvus d’eau potable, si ce n’est par des systèmes de récupération des eaux de pluie.

    Entre les deux, des stations de pompage le long des routes reliées à des tuyaux traduisent l’acca- parement des ressources hydrauliques par les colons. Si les autorités israéliennes se félicitent régu- lièrement d’avoir fait « verdir le désert », il ne fait aucun doute que cela s’est fait au détriment des multiples villages originaires et d’une gestion durable des écosystèmes.

    C’est d’autant plus vrai que l’on remarque dans cette région de nombreuses monocultures (dates, vignes, tomates…) reliées à des systèmes d’irrigation faisant baisser de façon préoccupante les réserves d’eau douce. Outre cela, ces cultures intensives multiplient également l’utilisation d’engrais et de produits chimiques préjudiciables pour le milieu naturel puisqu’ils se retrouveront tôt ou tard dans les sous-sols palestiniens.

    La situation est encore pire dans la bande de Gaza. En raison du blocus israélien, des pénuries de carburants entraînent de nombreux dysfonctionnements dans les systèmes d’évacuation, d’épuration et d’alimentation des eaux. Conséquence de cela : des fuites ont entraîné des inondations de quartiers entiers d’eaux d’égout ainsi que le rejet de plusieurs millions de litres d’eau usées dans la mer, polluant ainsi des zones de pêche déjà restreintes .

    Des comportements contre nature

    Ce que l’on constate également, c’est l’importation d’un mode de vie en rupture totale avec les prati- ques traditionnelles et les équilibres écologiques de la région. Les colonies se caractérisent pour la plupart par des vastes blocs de maisons ou d’appartements semblables, le tout clôturé à la façon des banlieues résidentielles hyper sécurisées de certaines villes inégalitaires telles que Johannesburg ou Sao Paulo.

    Elles contrastent avec l’urbanisme palestinien, plus en phase avec l’environnement et plus en accord avec la réalité historique et paysagère. Un exemple emblématique de cette situation est le village de Wadi Fukin, peuplé de 1000 ha­bi­tant·e·s et entouré par une colonie de plus de 40 000 per- sonnes. Cette situation d’accaparement des terres rend de plus en plus difficile pour les habitants du village la pratique de leurs activités traditionnelles telles que l’agriculture.

    Par ailleurs, des conséquences collatérales de cette colonisation sont aussi visibles, en particulier dans les colonies les plus extrémistes idéologiquement : arrachages d’oliviers et de vignes, empoisonnement d’animaux et de terres, destruction de panneaux solaires ou encore rejets des eaux usées font partie des comportements constatés de part et d’autre dans le chef des colons de Cisjordanie.

    Loin d’être des actes isolés, ces délits font partie d’un véritable projet de colonisation d’un territoire par une puissance étrangère, acte condamné par nombre de résolutions du droit international. Par conséquent, il est urgent que les mouvements sociaux, mais aussi écologistes, soutiennent active- ment le peuple palestinien dans sa lutte contre l’oppression et pour la liberté.

    Cela passe par une sensibilisation accrue du plus grand nombre, une pression sur les gouvernements occidentaux pour qu’ils cessent leur soutien à la politique criminelle du gouvernement israélien ainsi que par le boycott des produits issus de cette politique.

    Renaud Duterme

    Enseignant actif au sein du CADTM, il est l’auteur de « Rwanda, Une Histoire volée », paru en 2013 aux éditions Tribord et co-auteur avec Eric De Ruest de « La dette cachée de l’économie », paru en 2014 chez Les Liens Qui Libèrent.

    http://www.lcr-lagauche.org/une-critique-ecologiste-de-loccupation-israelienne/