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Economie - Page 5

  • Maghreb-Proche-Orient, une dépendance alimentaire toujours plus impitoyable (Orient 21)

    Tunis, marché central. Alexandre Moreau, 2009.

    Poussée démographique fulgurante, production agricole poussive, meilleurs régimes diététiques ont provoqué une formidable hausse de la demande alimentaire qui a profité aux grands exportateurs internationaux. L’extérieur fournit déjà 45 % des besoins de la région ; cela pourrait monter à 70 % en 2050 si un changement radical n’intervient pas d’ici là.

    Plus de 40 % de sa consommation provient des marchés internationaux. Et, à l’horizon 2050, les choses pourraient s’aggraver encore, compte tenu notamment des changements climatiques. Une telle fragilité est devenue l’un des risques majeurs d’une région qui n’en manque pas.

    Les politiques de soutien pour contenir les prix à la consommation des produits de base atteignent déjà leurs limites budgétaires. En 2012, rappelle Sébastien Abis, secrétaire général du Centre international des hautes études agronomiques méditerranéennes (Ciheam), 40 milliards de dollars ont été consacrés aux subventions alimentaires dans la région. En Égypte, plus de 3 % du produit intérieur brut (PIB) sont mobilisés à cette fin1. Une importante étude de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra)2 menée pour le compte de Pluriagri3 contribue à clarifier ces enjeux. Une rétrospective portant sur la période allant de 1961 à 2011, publiée début 2015, a été suivie en octobre d’une étude prospective sur les trajectoires à l’œuvre à l’horizon 2050 et sur les possibilités de freiner l’accentuation de la dépendance de la région aux importations alimentaires.

    Une demande multipliée par six, une production qui ne suit pas

    Du côté de la demande, entre 1961 et 2011, l’explosion démographique s’est accompagnée d’une évolution sensible des régimes alimentaires. Le développement économique et les politiques de maintien à des niveaux bas des prix à la consommation ont permis un rapprochement avec les niveaux européens.

    La part des huiles végétales et des produit sucriers a augmenté. Mais le régime alimentaire de la région garde des traits spécifiques, comme la place importante des céréales, particulièrement du blé, et la faible part des produits animaux. Le poids relatif des produits laitiers recule cependant au profit de la viande de volaille et des œufs.

    Au total, la demande de produits agricoles a été multipliée par six en un demi-siècle.

    La production, quoique en augmentation spectaculaire, n’a pas pu suivre. La production animale, multipliée par cinq, soit une croissance de 50 % de la production par habitant, a suivi globalement la demande en volume. L’évolution structurelle s’est adaptée à celle de la demande. Elle suggère, selon les chercheurs de l’Inra, «  une remise en cause de la tradition pastorale de la région  ». Multipliée par quatre, la production végétale n’arrive à suivre la demande intérieure ni en volume, ni en structure. Les productions de fruits et légumes soutenues par les politiques publiques visent pour leur part principalement la demande extérieure. Cette limitation relative des performances des agriculteurs de la région tient d’abord aux contraintes qui pèsent sur les ressources naturelles. L’aridité est forte. Les terres cultivables et l’eau sont rares.

    Sur les 1 300 000 millions d’hectares que compte la région, 84 millions seulement sont cultivés, soit déjà plus que les terres considérées comme cultivables. Les surfaces équipées pour l’irrigation ont globalement doublé (de 15 à 30 %), mais la concurrence avec les usages industriels et urbains de l’eau est de plus en plus forte. Le seuil de 80 % d’utilisation des ressources renouvelables en eau est fréquemment atteint. Parfois c’est pire. L’étude rappelle les expériences de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis qui ont mis en place au cours des années 1980 et 1990, grâce à la rente pétrolière, des programmes d’agriculture «  clé en main  », irrigués par leurs ressources en eau souterraine. Ils ont dû être abandonnés «  du fait de restrictions budgétaires, mais aussi à cause de la concurrence exercée par les villes et les industries sur la ressource en eau  ».

    Les défaillances des politiques agricoles notamment en matière d’investissement ont aussi leur part. Les industries agroalimentaires ont été largement délaissées. Elles sont toujours constituées principalement de micro-entreprises, limitées à la première transformation et les investissements étrangers sont particulièrement faibles.

    Une dépendance multipliée par quatre

    Un recours de plus en plus massif aux importations comble le déséquilibre entre offre et demande. La dépendance alimentaire nette de la région est passée de 10 à 40 % en cinquante ans. Elle est devenue l’un des plus gros importateurs mondiaux de céréales. Les importations de blé sont passées de 5 à 44 millions de tonnes. Les autres produits phares des régimes alimentaires ne sont pas en reste. Le volume des importations de plantes sucrières a été multiplié par quinze, celui des produits oléoprotéagineux par trente.

    La région ANMO polarise ainsi le tiers des achats mondiaux de blé. Tous les pays exportateurs de produits alimentaires, notamment de blé, lorgnent dans sa direction pour leurs surplus. Les États-Unis, les pays de l’Union européenne, l’Australie ont été rejoints par le Brésil et par les riverains de la mer Noire (Russie, Ukraine, Roumanie). Du côté des acheteurs, chaque pays agit seul et l’hypothèse d’une organisation d’achats solidaires permettant une taille critique semble «  farfelue  » (Sébastien Abis). Certains pays du Golfe (Arabie saoudite, Émirats arabes unis et Qatar), développent cependant une stratégie d’influence par la mise en place de hubs (centres de tri et d’aiguillage de la marchandise) logistiques pour l’agroalimentaire de la région.

    Une calorie sur deux est importée

    Au-delà de ces caractéristiques communes, l’étude met en relief des différences importantes entre sous-régions et pays. La Turquie fait figure d’exception, aussi bien pour sa production végétale que pour son industrie agroalimentaire. Sa dépendance globale, quatre fois moindre que la moyenne régionale, n’a pas augmenté. Son autosuffisance est assurée pour de nombreux produits. La Turquie exporte une part non négligeable de sa production. Pour les chercheurs de l’Inra, «  cette force de l’économie agricole turque liée au succès des politiques d’intensification agricole lancées depuis les années 1950  » donne cependant des signes d’essoufflement.

    À l’inverse, les autres pays de la Méditerranée qui avaient également une dépendance alimentaire de 10 % importent maintenant une calorie sur deux. La productivité du travail agricole reste limitée, particulièrement au Maghreb (mais elle a triplé en Égypte). L’équipement pour l’irrigation est faible, à l’exception des cultures intensives de fruits et légumes, largement tournées vers l’exportation. Les gaspillages et les pertes sont importantes, faute d’équipements et d’entretien pour les réseaux, les moyens de conservation, la logistique. La transformation industrielle de l’agriculture est également particulièrement faible. Mais la population rurale reste nombreuse compte tenu de la faible capacité globale de l’emploi dans les autres secteurs. «  L’agriculture, expliquent les chercheurs de l’Inra, devient alors, et notamment pour les jeunes générations, une situation professionnelle subie, ce qui limite l’attrait des agriculteurs pour les innovations et la modernisation de la production agricole  ». Cette spirale négative est une cause majeure de pauvreté d’une grande partie du monde rural et renforce les inégalités de revenus entre ruraux et urbains.

    Perspective alarmante

    À partir de cette analyse rétrospective, les chercheurs ont simulé les évolutions tendancielles à l’horizon 2050. Elles montrent que la dépendance aux importations risque de s’accentuer, notamment si les effets du changement climatique se font plus prégnants.

    Du côté de la demande, les projections ont pris pour hypothèse la simple poursuite de la tendance passée d’évolution des régimes alimentaires. La population devrait pour sa part augmenter de 50 % environ4.

    Du côté de l’offre, la réponse peut venir de l’amélioration des rendements, de l’extension des terres cultivées ou de l’augmentation de la dépendance. Si les rendements ne sont pas améliorés, la stabilisation de la dépendance supposera une augmentation de 71 % des terres cultivées à l’horizon 2050. C’est évidemment impossible.

    Les tendances concernant les rendements illustrent le poids du facteur climatique. Si le changement est modéré, l’évolution prévisible des rendements n’empêcherait pas une augmentation globale de la dépendance. Mais pas partout. Au Maghreb la production pourrait croître plus vite que la demande. À l’inverse, le Maghreb et le Moyen-Orient seraient particulièrement pénalisés par une accentuation des changements climatiques. Dans ce scénario, en 2050, la dépendance approcherait 70 % au Maghreb, au Proche et au Moyen-Orient.

    Les leviers possibles

    L’étude prospective montre la crise de la productivité agricole. À l’exception de la Turquie, elle continuerait à stagner dans le scénario climatique favorable et baisserait même dans le scénario défavorable. «  Ce résultat, alertent les chercheurs, met en évidence la possibilité d’un maintien, voire d’un renforcement, de la pauvreté (relative ou absolue) en milieu rural dans les différentes zones de la région  ».

    L’étude teste l’impact de trois leviers utilisables pour infléchir ces tendances : le progrès technique pour accroître encore les rendements, une amélioration des régimes alimentaires et une limitation des pertes et gaspillages en ligne de la production à la consommation. Pris isolément, chacun de ces leviers aurait un impact relativement faible. Conjugués dans une réforme d’ensemble, qui suppose des politiques publiques ambitieuses et des investissements coûteux, leur impact serait évidemment démultiplié. Néanmoins, ces mesures se perdraient dans les sables en cas de réchauffement climatique accéléré. C’est pourquoi, conclut l’étude, «  le levier le plus efficace pour limiter cette dépendance serait d’œuvrer pour freiner ce changement global, objectif que seuls des accords internationaux et des politiques climatiques vigoureuses seraient en mesure d’atteindre  ».

    La contradiction avec des stratégies de développement dominantes dans la région qui restent axées sur l’extraction pétrolière et gazière est évidemment un obstacle majeur, comme on a pu le vérifier encore lors de la COP 215.

    1Sébastien Abis, Géopolitique du blé, Armand Colin, 2015.

    2Pauline Marty, Stéphane Manceron, Chantal Le Mouël, Bertrand Schmitt, Système agricole et alimentaire de la région Afrique du Nord - Moyen-Orient, Inra, décembre 2014.

    3Pluriagri est une association formée par des acteurs des grandes cultures (Avril, Confédération des planteurs de betteraves, Unigrains) et par le Crédit agricole SA pour mener des études prospectives sur les marchés ou les politiques publiques.

    4La population de l’ANMO passerait de 460 millions d’habitants en 2008 à 700 millions en 2050

    5Conférence des Nations unies sur les changements climatiques, Paris, décembre 2015.

    http://orientxxi.info/magazine/maghreb-proche-orient-une-dependance-alimentaire-toujours-plus-impitoyable,1144

  • Le gouvernement étrangle le portefeuille des Algériens (Anti-k)

     

    L’avant-projet de la Loi de Finances 2016, adopté mercredi 9 septembre par le Conseil du gouvernement, contient une nouvelle série de mesures destinées à augmenter les recettes de l’État, durement touchées par la baisse significative des cours du pétrole.

    Parmi les mesures, le gouvernement prévoit le relèvement du taux de la TVA pour le gasoil, la 3G et la consommation d’électricité dépassant un certain seuil. L’avant-projet de loi prévoit aussi l’instauration d’un droit de douane à 30 % sur les importations d’ordinateurs, et de 5 % pour les composants informatiques (carte-mère, etc.). La Taxe sur les produits pétroliers (TPP) et la Taxe intérieure de consommation (TIC) subiront elles aussi une augmentation, tout comme les vignettes automobiles.

    Pour la première fois depuis de nombreuses années, le gouvernement introduit massivement des taxes qui impacteront directement le quotidien des Algériens. Mais si ces mesures de prime abord semblent nécessaires pour faire face à la crise, on se rend compte rapidement que celles-ci risquent d’étrangler encore plus le pouvoir d’achat des Algériens, déjà mis à mal par la dévaluation du dinar décidée par la Banque d’Algérie.

    Un seuil de consommation d’électricité trop bas

    Dans le cas de l’électricité par exemple, la nuance est subtile mais bien présente. Le gouvernement prévoit en effet de garder un taux de TVA réduit de 7 % pour la consommation allant de zéro à 125 kilowatt heure (kwh), et de relever la TVA au taux normal (17 %) au-delà de ce seuil. Si la mesure laisse penser que le gouvernement s’attaque à la surconsommation d’électricité, on se rend vite compte que le seuil qui a été établi ratisse trop large.

    En effet 125 kwh ne suffisent à priori même pas à couvrir la consommation de quelqu’un vivant seul et frugalement, encore moins d’un foyer de plusieurs membres avec un usage modéré d’électricité. Il y a en conséquent, de très fortes chances que l’augmentation du taux de la TVA sur la consommation électrique concerne tous les foyers algériens, et non seulement les gourmands en électricité adeptes de climatiseurs et de chauffages électriques.

    La 3G par nécessité et non par choix

    L’avant-projet de loi de finances vise aussi le pouvoir d’achat du citoyen lambda en augmentant le taux de TVA sur l’accès à internet par téléphonie mobile, c’est-à-dire la 3G. L’idée derrière la décision du gouvernement est d’encourager l’internet par téléphonie fixe (ADSL), dont Algérie Télécom détient le monopole. Cette mesure, cependant, s’affranchit de la réalité des choses. À part une minorité qui utilise la 3G comme gadget, la majorité des utilisateurs des clés 3G le font par obligation. Car en l’état, la 3G coûte cher pour un volume de données limité, contrairement à l’ADSL dont le volume de données est illimité en Algérie.

    Mais face à l’ogre administratif et aux délais gargantuesques que représente l’installation d’une ligne de téléphone fixe chez soi, l’utilisateur lambda se voit souvent contraint par la force des choses à utiliser la 3G pour accéder à internet. Rarement un choix volontaire, le citoyen utilisera aussi souvent la 3G comme alternative à sa connexion internet ADSL lorsque cette dernière est de très mauvaise qualité.

    Hausse du carburant, la fausse bonne idée ?

    L’avant-projet de loi de Finances pour 2016 prévoit en outre une série de mesures visant les automobilistes. Ainsi, les vignettes automobiles vont augmenter, variant de 500 à 18 000 dinars selon le type et l’âge du véhicule. De plus, les véhicules de tourisme diesel seront soumis à une nouvelle taxe d’assurance à 1000 ou 2000 dinars en fonction de la puissance du véhicule.

    Surtout, les prix des carburants vont grimper. L’essence (normal, super et sans plomb) va augmenter 2.91 dinars par litre suite à l’augmentation de la Taxe sur les produits pétroliers (TPP). Le gasoil subira quant à lui une double augmentation. Le relèvement de son taux de TVA de 7 à 17 %, ajouté à l’augmentation de 2,66 dinars par litre dictée par la TPP, pourrait faire grimper le litre du gasoil à 17.75 dinars.

    La réduction de la subvention de carburants était une mesure nécessaire, mais elle ne tient compte, une fois encore, d’aucune notion d’équité sociale. Par conséquent, le prix des carburants va augmenter pour tous les automobilistes, que ce soit le jeune fils de riche qui erre sur les routes d’Algérie car il n’a rien de mieux à faire, ou le père de famille de classe moyenne obligé de prendre sa voiture pour traverser les 40 kilomètres séparant son lieu de travail de son domicile dans un pays où les transports en commun sont de piètre qualité. La réduction des subventions de carburants n’est pas assez importante pour décourager le jeune automobiliste de rouler sans objectif, mais la hausse des prix sera inévitablement par les citoyens qui comptent leurs sous.

    La réalité économique est implacable et impitoyable pour l’Algérien lambda. Entre les mesures prises par le gouvernement dans l’avant-projet de loi de finances 2016 et la politique de dévaluation du dinar orchestrée par la Banque d’Algérie (le dinar a perdu plus de 30 % de sa valeur), le pouvoir d’achat des foyers algériens, notamment les plus fragilisés, est prise en sandwich et en ressort étranglé. Pire, dans l’état actuel des choses, il ne semble pas y avoir de lumière au bout du tunnel sur le court terme.

    11 septembre 2015 par Gaston Lefranc

    Source: http://www.tsa-algerie.com/20150910/le-gouvernement-etrangle-le-portefeuille-des-algeriens/

    http://www.anti-k.org/2015/09/11/le-gouvernement-etrangle-le-portefeuille-des-algeriens/

  • Maroc, la lutte contre le démantèlement des acquis de la retraite (Cadtm)

     
     
    Doit nécessairement rejoindre la lutte pour l’annulation de la dette publique

    L’offensive contre les acquis de la retraite est imminente

    Le démantèlement des régimes de retraite |1| au Maroc est imminent. Le Fonds monétaire international (FMI) n’a cessé de faire pression depuis plus de trois ans et en a fait une condition nécessaire pour que le Maroc bénéficie de la ligne de précaution et de liquidité (LPL) |2|. La Banque mondiale (BM) l’a précédé en provoquant les premières études dites actuarielles |3| en 1997 pour l’ensemble des caisses de retraite au Maroc. Et depuis, la BM a supervisé toutes les étapes de la préparation technique, impliqué les organisations syndicales dans sa méthodologie à travers la création de deux commissions (nationale et technique) |4|, et intensifié la campagne médiatique pour préparer l’opinion publique.

    L’émergence du Mouvement 20 Février (M20) en 2011 dans le contexte des soulèvements populaires dans la région arabe a momentanément freiné ces préparatifs. Le gouvernement a dû faire des concessions en faveur de la classe ouvrière (augmentation des salaires, embauche de diplômés chômeurs…). Mais la frénésie pour la mise en place de la réforme des retraites reprend à partir de 2012 avec le recul du M20 et la montée du gouvernement « islamiste » de Benkirane. |5|. Différentes institutions de l’Etat, les medias, les deux commissions (nationale et technique) chargées de la réforme des retraites, seront mis à contribution pour exagérer le déficit des régimes de retraites. Avec l’appui du roi |6|, le gouvernement a pu imposer la réforme avant la fin de cette année afin d’honorer ses engagements avec le FMI et la BM. Tous sont conscients que le rapport de forces actuel, après le déclin du M20, le contexte régional et international, leur est favorable pour passer à l’attaque.

    La stratégie de la Banque mondiale pour démanteler le régime de retraite par répartition solidaire

    Soulignons d’abord que plus de dix ans de préparatifs en termes d’études, séminaires, réunions et voyages ont nécessité d’énormes dépenses prélevées sur le budget public pour arriver à un résultat déjà connu et fixé par la BM depuis le début des années 1990. C’est sa stratégie des trois piliers :

    Le pilier 1, fondé sur le système par répartition solidaire, qui accorde le droit de retraite légale aux salarié-e-s et est financé par des prélèvements sur les salaires. C’est l’un des acquis de la protection sociale. Pour la BM, ce pilier doit être réduit de manière drastique.


    Le pilier 2, complémentaire, repose sur le système par capitalisation (la pension de retraite provient de la rentabilité des placements des fonds d’épargne) et est géré par des groupes financiers privés. Il faut l’élargir et le rendre de plus en plus obligatoire.


    Le pilier 3, facultatif, individuel, repose aussi sur une capitalisation nette gérée par des groupes financiers privés (banques et assurances). Il convient d’encourager davantage ce pilier par des exonérations fiscales, toujours selon la BM.

    La crise capitaliste comme prétexte pour cibler le système de protection sociale

    Le système de protection sociale considéré comme une répartition d’une partie indirecte du salaire, est un acquis de la classe ouvrière imposé par le rapport de force de l’après Seconde Guerre mondiale. Mais il sera la cible de l’offensive néolibérale qui a suivi la crise généralisée du capitalisme au milieu des années soixante-dix, au même titre que les salaires directs afin de renforcer la marge de profit des capitalistes. Cette offensive a commencé fortement aux États-Unis (Reagan) et en Grande-Bretagne (Thatcher) au début des années 1980, et dans les pays du tiers monde avec les programmes d’ajustement structurel 1980-1990 qui ont résulté de la crise de la dette, et dans les pays de l’Est qui ont subi à leur tour une série de programmes d’austérité violents depuis les années 1990. La crise capitaliste 2007-2008 a constitué un bon prétexte pour accélérer ces mêmes attaques contre les acquis des salarié-e-s, en particulier dans les pays européens dans le cadre d’une guerre globale menée par le Capital contre le Travail. Et on voit bien en Grèce comment la réduction des pensions constitue l’un des piliers des plans de la Troïka pour soi-disant résoudre la crise financière et rembourser la dette. C’est dans ce contexte général que s’insère l’offensive du gouvernement marocain, de la BM et du FMI contre l’acquis des retraites.

    Les fonctionnaires seront les premières victimes

    La réforme paramétrique du régime des pensions civiles de la Caisse Marocaine de Retraites (CMR) constitue la première étape de la grande destruction structurelle des régimes de retraite par répartition. Elle consiste à :

    - Relever l’âge de départ à la retraite à 62 ans en 2015 puis progressivement à 65 ans ;
    - Relever les taux de cotisation du fonctionnaire de 10 % actuellement à 14 % sur deux ans partir de 2015 ;
    - Adopter le salaire moyen des 8 dernières années comme base de calcul de la pension et ce, progressivement, sur une période de 4 ans ;
    - Diminuer le taux d’annuité de 2,5 % actuellement à 2 % pour une retraite à taux plein, et de 2 % à 1,5 % pour une retraite anticipée ;
    - Relever les conditions de départ en retraite anticipée à 26 ans au lieu de 21 ans pour les hommes, et 20 ans au lieu de 15 ans pour les femmes ;

    Ce sont les principaux éléments qui permettront de détruire les acquis historiques des fonctionnaires. Les syndicalistes les qualifient de « trio maudit » (augmentation de l’âge de départ à la retraite, augmentation des prélèvements sur les salaires et diminution des pensions).

    Cela aura des conséquences directes sur le salaire net du fonctionnaire qui sera diminué de 140 à 2100 dirhams par mois, et sur la pension qui sera réduite de 30 % à un âge où augmentent les dépenses, les soins et frais médicaux. Et il va falloir cotiser plus longtemps pour obtenir une maigre pension. Ce qui va obliger les fonctionnaires à chercher des retraites complémentaires dans le système par capitalisation. C’est ainsi que se met progressivement en œuvre la stratégie de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international et leurs serviteurs locaux pour la généralisation de la capitalisation des retraites et le démantèlement de la retraite par répartition solidaire. Ils veulent introduire et développer les fonds de pension privés, en incitant les salariés et les jeunes à épargner pour se constituer leur retraite individuelle.

    Les prétextes pour cibler le régime des pensions civiles des fonctionnaires en particulier

    Des organisations syndicales combatives ont exposé les raisons qui ont mené, en particulier, le régime des pensions civiles de la CMR à la crise qui a servi de prétexte pour le cibler directement. Elles peuvent être résumées comme suit :

    - L’État comme employeur n’a pas réglé pendant une période de 40 ans les cotisations légales qu’il devait à la CMR ;
    - La mauvaise gestion de la CMR, qui connait une corruption et un pillage endémiques et l’utilisation des fonds de la CMR dans des placements financiers spéculatifs. Les montants des « investissements » réalisés par les trois caisses (CMR, CIMR et RCAR |7|) se sont élevés en 2014 à 207,76 milliards de dirhams constituant 23 % du PIB et enregistrant une hausse annuelle de 6,7 % au cours des six dernières années. Notons ici que ces fonds attirent les groupes financiers privés (banques, compagnies d’assurance …) qui font pression de leur côté pour une capitalisation des régimes de retraite.
    - L’utilisation d’une partie des ressources du régime des pensions civiles pendant une longue période pour résoudre la crise du régime des pensions militaires de la CMR |8|.
    - Le gel des embauches dans la fonction publique qui a conduit à un nombre croissant de retraités, tandis que le nombre de nouvelles recrues diminue sans cesse en réponse aux exigences de la BM.
    - L’opération d’incitation aux départs volontaires a joué à son tour un rôle destructeur, en augmentant le nombre de retraités par rapport aux fonctionnaires actifs, sans parler des coûts élevés de la rémunération des départs, qui ne sont pas remplacés, et la perte de compétences pour des secteurs vitaux tels que la santé et l’éducation.

    La responsabilité directe incombe donc à l’État qui a appliquédes politiques néo-libérales, qui lui étaient dictées, de réduction du nombre des fonctionnaires, de baisse des salaires et d’augmentation du chômage.

    Il est urgent de rompre avec ces politiques d’austérité et d’adopter une politique d’emploi pour élargir la base des régimes de retraite.

    Le déficit public structurel ne peut pas être réduit sans annulation de la dette

    La BM et le FMI invoquent la réduction du déficit public pour accélérer l’attaque sur les régimes de retraite. C’est ce que nous trouvons dans les plans d’austérité qu’ils proposent, reposant sur la réduction de la masse salariale (directe et indirecte) et les budgets des secteurs sociaux.

    Le déficit public structurel a d’autres causes : exonérations et incitations fiscales en faveur des grands capitalistes, évasion fiscale, fuite des capitaux, etc. Il provient aussi de la charge de la dette qui absorbe directement une énorme quantité de ressources de l’État pour le paiement du service de la dette. Ce dernier a atteint un montant de 163 milliards de dirhams en 2013 contre 98 milliards pour les dépenses de personnel.

    On doit donc annuler la dette publique et rompre avec les diktats des institutions financières internationales.

    C’est pourquoi la lutte contre le démantèlement des acquis du systéme des retraites et pour le maintien des retraites par répartition solidaire doit nécessairement être accompagnée de la lutte pour l’annulation de la dette publique. C’est autour de cette lutte que doivent s’unir toutes les organisations : associations, syndicats et mouvements de gauche pour repousser les attaques. Cette coordination doit constituer le socle d’un programme alternatif contre la gestion capitaliste qui veut faire porter le fardeau de la crise à la classe ouvrière et aux classes populaires.

    Notre association, ATTAC/CADTM Maroc propose un audit de la dette comme revendication démocratique basée sur la mobilisation sociale. Il est de notre droit en tant que peuple d’interpeller nos gouvernants sur la dette publique qu’ils nous imposent, qui entraîne la destruction de nos acquis et nous condamne à vivre dans le sous-développement, la pauvreté et le chômage. Omar Aziki 15 août 2015

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  • La dette publique marocaine est insoutenable (Attac Cadtm Maroc)

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    La Banque centrale marocaine, Bank al-Maghrib (BAM), a publié fin juillet 2015 son rapport annuel qu’elle a présenté devant le roi. Ce document présente la situation économique, financière et monétaire du Maroc, en lien avec son environnement international. Le rapport passe en revue également les réalisations de l’institution, notamment sa supervision du secteur financier. Le rapport aborde également la question de la dette publique |1|. BAM prévoit qu’elle va augmenter pour l’année 2016, et analyse la capacité de l’économie marocaine à supporter le service de la dette pour la période 2015-2019.

    L’endettement augmente

    Le rapport constate l’augmentation continue de la dette publique. Fin 2014, son encours représente 741 milliards de DH (environ 74 milliards d’euros) |2|, soit environ 81 % du PIB marocain, la dette ayant repris sa tendance à la hausse dès 2008. La crise du capitalisme mondial (2007-08) a précipité le retour à l’endettement.

    La crise alimentaire, la baisse de la demande internationale, la hausse des prix des produits pétroliers, le tarissement des sources des devises (IDE, tourisme et transferts des MRE), ces facteurs contribuent à la crise de l’économie nationale.

    Dans ce contexte, les besoins en devises augmentent et le Maroc décide d’emprunter sur le marché financier international. Conséquence de ce choix, ce secteur représente désormais 25 % de l’encours de la dette extérieure marocaine, alors qu’il ne constituait que 11 % en 2010.

    Le Maroc et sa relation de dépendance

    BAM s’attend à une hausse de l’endettement du Maroc en 2016, mais prévoit une baisse entre 2017 et 2019. Ce scénario table sur la réduction du déficit public et l’amélioration du taux de croissance. Cette projection prévoit « une moyenne de croissance de 4,6 %, une inflation à 1,9 % et un déficit public à 3 % » |3|.

    Ces prévisions ne résistent pas au pessimisme actuel sur les possibilités d’une reprise économique. La crise du capitalisme mondial a des effets directs sur l’économie marocaine. Les faillites et la fermeture des unités industrielles, les licenciements massifs, la hausse du chômage, la généralisation des politiques d’austérité ont atteint un niveau inégalé, spécialement dans les pays développés. Ces facteurs amplifient la récession en cours de l’activité économique. C’est d’ailleurs le diagnostic fourni par la Banque centrale dans les premières pages de son rapport. L’investissement et la croissance sont encore très faibles dans la zone euro, alors que la dette publique explose.

    Cette crise est supportée lourdement par les pays du sud de l’Europe. La situation en Grèce illustre cette situation. Les acquis sociaux sont dangereusement attaqués depuis plusieurs années dans ce pays. Le peuple grec subit une offensive de type colonial, dirigée par la Commission européenne (CE), la Banque centrale européenne (BCE) et le Fonds monétaire international (FMI).

    Cette situation dans les pays du Nord n’est pas sans dégâts dans les pays du Sud comme le Maroc. Notre économie est intégrée à la zone euro. Dans cette relation de dépendance, le Maroc se trouve dans une position de faiblesse. L’économie du pays est totalement inféodée au capitalisme international et aux grandes puissances.

    À cela s’ajoutent les effets des politiques d’austérité menées au Maroc. Elles induisent indiscutablement un ralentissement de la croissance économique. L’endettement entrave le développement. Le service de la dette est de 163 milliards de DH en 2013, soit 50 % du Budget général de l’État, ce qui équivaut au montant des recettes fiscales ou encore à trois fois le budget de l’investissement.

    La dette publique marocaine est insoutenable

    Le rapport du BAM se fonde pour juger de la soutenabilité de la dette sur des projections d’indicateurs macro-économiques recommandés par le FMI et la Banque mondiale. La sauvegarde des équilibres entre ces mêmes indicateurs avait déjà été à l’origine des Programmes d’ajustement structurel (PAS) mis en œuvre au Maroc dans les années 1980-1990. Ces sinistres programmes n’avaient fait qu’appauvrir la majorité des classes populaires. Pour se conformer à ces équilibres, le gouvernement actuel réduit les dépenses publiques et fait pression sur les salaires et les retraites. Ces mesures sont prises pour atteindre des objectifs fixés par le FMI en matière de déficit et de remboursement de la dette. C’est la même logique qui prévaut, toute proportion gardée, contre le peuple grec qui se trouve asphyxié par les créanciers.

    Toujours selon les projections du BAM, la dette du trésor devrait être ramenée à 62,1 % du PIB en 2019. Si ce scénario se réalise cette baisse n’atteindra pas le niveau d’avant la crise. Lors de la période 2007-2012, la dette du trésor représentait 50,4 % du PIB en moyenne.

    La soutenabilité de la dette ne peut être réduite à des projections économiques abstraites

    En outre, le poids de la dette réelle, en incluant la dette garantie par l’État contractée par les entreprises publiques, est de 81 %. Cette dette est insoutenable et insupportable. La soutenabilité de la dette ne peut être réduite à des projections économiques abstraites. Le remboursement de la dette est une hypothèque qui pèse sur les 34 millions de Marocains. Ces citoyens payent directement cette dette avec la sueur de leur front, leurs salaires, l’avenir de leurs enfants. Chaque marocain paie chaque année, au titre du service de la dette, 5000 DH marocain. Qu’il soit un enfant, une personne âgée, un chômeur, femme, toutes les catégories de la population paient cette dette.

    Le service de la dette absorbe une partie importante des ressources nécessaires pour les besoins en éducation, santé, logement décent, investissement dans les infrastructures publiques de base, les programmes nécessaires à la croissance économique et au développement social… C’est pour cette raison que la dette publique est insoutenable et insupportable. Son paiement approfondit la crise sociale dont souffre notre peuple et pour cette raison il faut exiger la suspension de son paiement.

    Mobilisation populaire et audace politique

    En Grèce, la Commission pour la vérité sur la dette grecque a montré les aspects illégitimes, illégaux, insoutenables et odieux |4| de la dette de ce pays. Elle a recommandé aux autorités grecques le non-paiement de ces parties. Dans son rapport, on peut lire : « S’agissant des dettes insoutenables, tout État est juridiquement fondé à utiliser l’argument de l’état de nécessité qui permet à un État confronté à situation exceptionnelle de sauvegarder un de ses intérêts essentiels menacé par un péril grave et imminent. Dans une telle situation, il peut s’affranchir de l’exécution d’une obligation internationale telle que le respect d’un contrat de prêt. Enfin, les États disposent du droit de se déclarer unilatéralement insolvables lorsque le service de leur dette est insoutenable, sachant que dans ce cas ils ne commettent aucun acte illégal et sont affranchis de toute responsabilité  » |5|.

    Pour atteindre cet objectif, deux choses sont nécessaires : la mobilisation populaire et de l’audace politique. Le président équatorien avait cette audace en décidant de manière unilatérale la suspension du paiement de la dette de son pays. Il s’est appuyé sur les conclusions du rapport de la Commission d’audit de la dette dans ce pays |6|, mise en place en 2007.

    ATTAC/CADTM Maroc s’appuie sur ces expériences pour mobiliser autour de cette question. Notre objectif premier est la constitution d’une commission d’audit composée d’une large coalition pour lancer un audit citoyen de la dette publique marocaine. 11 août par Omar Aziki

    http://cadtm.org/La-dette-publique-marocaine-est

  • Communiqué Attac CADTM Maroc en soutien au peuple grec ( Cadtm Maroc)

    Tout notre soutien au peuple grec face à la tyrannie des créanciers
    Solidarité avec le peuple grec face contre le dictat des créanciers
    Souveraineté populaire, libérée de l’endettement
    Pour un mécanisme citoyen pour l’audit de la dette la publique marocaine

    Après cinq ans de politique d’austérité un nouvel horizon se dessine en Grèce. Cinq ans de licenciements, de baisses des salaires et des pensions de retraite, de démantèlement des services publics et privatisation des secteurs publics. Le 25 janvier 2015, le peuple grec a élu le parti Syriza à la tête de l’Exécutif. Ce parti composé d’une coalition de mouvements et de courants de gauche opposés au programme libéral dicté par la Troïka (FMI, BCE et UE).


    Ces trois institutions se sont appliquées à piller le pays pour sauver les banques privées françaises, allemandes et grecques. La Grèce est devenue ainsi un des pays les plus endettés dans le monde, avec une dette publique de 322 milliards d’euros, soit 177% de son PIB. Le poids de la dette va peser durant les quarante prochaines années, c’est-à-dire jusqu’à 2054 ! sur le dos du citoyen grec.


    La Grèce a été soumise à des conditionnalités exceptionnelles et injustes par les créanciers. La Troïka veille chaque trois mois sur le suivi de ces mesures. Ce trio s’est permis de modifier les lois de ce pays, d’imposer la réduction de 25% des salaires des travailleurs de plus de 25 ans et de 32% pour les salariés de moins de 25 ans. La Troïka a obtenu des anciens gouvernements la baisse de 40% des pensions de retraite, faisant basculé la moitié des retraités sous le seuil de la pauvreté, le 13e et 14e mois dans le secteur privé et public ont été supprimés, des hôpitaux ont été fermé, la TVA a été augmenté à 23% sur la grande partie des produits, etc...
     
    Le Parlement grec a créé en avril 2015 la Commission pour la vérité sur la dette publique pour réaliser un audit global de la dette grecque. Cette Commission avait pour mission de réaliser un audit approfondi et rigoureux sur l’endettement de la Grèce depuis les années 80 jusqu’à 2015, et particulièrement la période 2010-2015. Cette Commission se compose d’experts de divers domaines ainsi que de volontaires venus de plusieurs pays. Eric Toussaint, porte-parole du Comité pour l’annulation de la dette du tiers-monde (CADTM), a assuré la présidence scientifique de cette structure. Ces missions ont été approuvées par le Parlement hellénique : « Création d’une Commission spéciale du Parlement hellénique en vue d’établir la vérité sur les causes de l’émergence et de l’accroissement démesuré de la dette publique, d’auditer la dette et de promouvoir la coopération internationale du Parlement grec avec le Parlement européen et les Parlements d’autres pays ainsi qu’avec les organisations internationales qui s’occupent de dette, ceci afin de stimuler la prise de conscience du problème par la population grecque, la communauté internationale et l’opinion publique internationale ».

    La Commission a présenté au Parlement le 17 et 18 juin son rapport préliminaire composé de neuf chapitres. Lors d’une séance plénière et en présence de parlementaires progressistes venus des quatre coins de la planète, le rapport a conclu que : « la Grèce ne doit pas payer cette dette, du fait de son caractère illégal, illégitime et odieux ». Le service de la dette de ce pays est devenu un obstacle pour assurer le respect minime des droits de l’homme. La Commission considère que la Grèce a été et est toujours la victime d’une tentative de meurtre froidement préméditée par le trio que sont le Fonds monétaire international, la Banque centrale européenne et la Commission européenne. Cette attaque violente, illégale et immorale a été réalisée avec l’assentiment et la complicité des États européens qui, au lieu de servir et défendre l’intérêt général, ont préféré se mettre au service des banques et des intérêts particuliers d’une minorité.

    Les expériences de l’audit de la dette se multiplient dans plusieurs régions dans le monde. Elles se réunissent autour d’un même objectif : Fonder les bases de l’annulation de la dette. Le réseau CADTM international assure un rôle historique dans ces dynamiques à travers la présentation d’expériences, de propositions et de revendications pour atteindre la libération de l’emprise de la dette. Notre réseau avait été présent lors de l’audit de la dette de l’Equateur, une initiative du président Rafael Correa en 2007. Au Paraguay, une expérience similaire avait été promue par le président Fernando Lugo en 2008.

    En Europe, plusieurs initiatives ont été lancées à partir de 2010 en Belgique, Espagne, France, Grèce et Portugal. Au Brésil, le CADTM a été aussi partie prenante d’une Commission parlementaire pour l’audit de la dette en 2011 et en 2013. En Tunisie, une campagne internationale pour l’annulation de la dette odieuse a été lancée début 2011. En Argentine, le CADTM contribue également à mettre en place une Commission d’audit suite à l’adoption d’une motion au sein du Parlement en septembre 2014. Enfin, en Grèce, le CADTM est impliqué fortement dans la Commission vérité dès avril 2015.

    ATTAC Maroc, qui assure la co-gestion du secrétariat international du réseau CADTM international, suit avec intérêt le travail accompli par la Commission d’investigation sur la vérité de la dette grecque et spécialement l’effort énorme fourni par nos camarades du CADTM.

    Notre association annonce ce qui suit :


    - Notre solidarité totale avec le peuple grec pour se libérer de la tyrannie des créanciers.
    - Notre soutien au travail de la Commission et nous lançons un appel à tous les mouvements et organisations de lutte dans le monde pour soutenir leur combat.
    - Notre soutien à toutes les formes de solidarité avec le peuple grec pour pousser l’actuel gouvernement à annoncer la suspension du paiement de la dette et l’annulation des parties illégitimes, illégales, insoutenables et odieuses. C’est la voie pour sortir la Grèce de la crise et pour le peuples pour se libérer de la dictature de la dette.

    Nous appelons à :

    La création d’un Comité pour l’audit de la dette publique marocaine, avec la participation d’organisations de lutte ouvrière, de jeunesse, de femmes, de syndicats, de partis de gauche, d’organisations des droits de l’homme et des diplômés chômeurs. Cette instance élargie devra compter des économistes, des juristes, des parlementaires, etc…Cette instance sera l’expression populaire qui paie le prix de l’endettement. Ce Comité bénéficiera de la contribution d’expertise internationale dans ce domaine.

    - La suspension du paiement du service de la dette et le gel des intérêts

    - L’annulation de la dette qualifiée d’illégitime, illégale, odieuse ou insoutenable par les résultats de l’audit.

    Secrétariat national,
    26 juin par ATTAC/CADTM Maroc

     

    Autres articles en français de ATTAC/CADTM Maroc (62)

  • Les investissements étrangers en Israël chutent de 50% (Afps)

     

    Les investissements étrangers directs (IED) en Israël ont chuté de près de 50% l’an dernier par rapport à l’année précédente, le pays continuant à ressentir les effets du conflit à Gaza l’été dernier, selon un nouveau rapport de l’ONU.

    Le rapport, publié par la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), montre que 5.7 milliards d’euros (G€) seulement ont été investis dans le pays en 2014 en comparaison des 10.5 G€ investis en 2013, soit une baisse de 4.8 G€, ou de 46%. Les investissements d’Israël dans d’autres pays ont également diminué de 15%, passant de 4.2 G€ en 2013 à 3.5 G€ l’an dernier.

    Le Dr Ronny Manos, un des auteurs du rapport, chercheur au département de gestion et d’économie à l’Université ouverte d’Israël, a déclaré que la baisse a été essentiellement due aux répercussions de l’Opération bordure protective des Forces de défense israéliennes (FDI) et aux boycotts internationaux contre le pays pour des violations présumées du droit international.

    Elle a déclaré au média Ynet News "Nous pensons que ce qui a amené la chute des investissements en Israël sont l’Opération bordure protectrice et les boycotts auxquels Israël est confronté,".

    "Dans le passé, il y avait de grosses opérations commerciales telles que Waze [une application de trafic] et Iscar Metalworking [fournisseur d’outils en métal] qui ont stimulé l’investissement, mais au cours de la dernière année, il n’y a pas eu suffisamment d’affaires de ce type." `

    D’après une enquête sur le prix du conflit, menée par la publication allemande Deutsche Welle, les sept semaines de conflit à Gaza, où l’armée israélienne est entrée dans l’enclave côtière pour empêcher les tirs de roquettes des milices palestiniennes, auraient coûté à Israël plus d’un milliard de shekels (environ 200 M€) sur son budget de défense.

    En outre, selon les déclarations du journaliste économique Eitan Avriel à DW, la menace de tirs de roquettes a aussi dissuadé la venue des touristes, alors que 40% des recettes du secteur du tourisme israélien est engrangé pendant les mois d’été, et elle a ralenti la consommation, en particulier dans les régions du sud d’Israël près de la bande de Gaza.

    La pression internationale sur les entreprises pour qu’elles s’abstiennent d’investir dans l’économie israélienne s’est accrue avec la croissance de la campagne de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS). En octobre dernier, la société de production de boissons Sodastream international a fermé une de ses usines en Cisjordanie, une victoire pour le mouvement.

    En dehors des raisons spécifiques invoquées pour expliquer la baisse des IED en Israël, le rapport note également que ceux-ci ont diminué à l’échelle mondiale, passant de 1.3 T€ en 2013 à 1.1 T€ en 2014, soit une baisse de 16%. Cette baisse globale est due à un certain nombre de facteurs géopolitiques, comme l’instabilité au Moyen-Orient et les tensions entre l’Occident et la Russie sur l’Ukraine.

    Newsweek, Jack Moore , dimanche 28 juin 2015

    Traduction AFPS/RP

    http://www.france-palestine.org/Les-investissements-etrangers-en-Israel-chutent-de-50

    Voir aussi:

    http://www.agencemediapalestine.fr/blog/2015/06/28/les-investissements-etrangers-en-israel-chutent-de-moitie-depuis-le-massacre-de-gaza/

  • Pourquoi le traité commercial TTIP (Tafta) nuira à la cause palestinienne (Info-Palestine)

    Les dirigeants israéliens voient dans le TTIP une occasion de choix pour faire obstacle au succès inespéré du boycott international BDS.

     

    L’union dont rêve le régime d’apartheid israélien.

    Le traité entre l’UE et les USA donnera aux entreprises plus de pouvoir juridique pour attaquer les pouvoirs publics lorsque ceux-ci prennent des décisions qui risquent de leur occasionner un manque à gagner. Comme les intérêts de ces entreprises auront priorité sur les décisions démocratiques, la démocratie en général peut se faire du souci, et plus spécialement sous l’angle de la cause palestinienne.

    Ce qui a précédé

    En 2005 une coalition d’organisations palestiniennes (associations de femmes, d’écrivains, de syndicats, collectifs paysans, organisations de réfugiés, universitaires …) lançait pour la première fois dans l’histoire un appel qui était porté par l’ensemble de la société palestinienne. Cet appel consistait, sur le modèle de la lutte anti-apartheid en Afrique du Sud, à organiser un boycott contre le régime d’apartheid israélien.

    ... là où ça fait mal

    En quelques années l’initiative du boycott est devenue un succès international, notamment parce que partout dans le monde des collectifs citoyens ont exigé que leurs autorités locales rompent les contrats avec des entreprises qui tiraient profit de la colonisation et de l’occupation illégale de la Palestine. Les citoyens se servaient donc de leurs droits démocratiques, via leurs représentants politiques, pour limiter la cupidité immorale de certaines entreprises. Si le traité TTIP est approuvé, tout cela deviendra beaucoup plus difficile : un gouvernement qui refuse par exemple de conclure des contrats avec la firme de sécurité G4S parce qu’elle viole les droits de l’homme au service d’Israël, plainte pourra être déposée et une amende imposée.

    Le travail du lobby israélien

    On ne s’étonnera pas que les dirigeants israéliens voient dans le TTIP une occasion de choix pour faire obstacle au succès inespéré du boycott international. Ils vont même jusqu’à vouloir intégrer dans la réglementation du traité une interdiction du boycott d’Israël. Aux Etats-Unis, un membre du Congrès démocrate et un républicain, sous influence, il va sans dire, du lobby israélien, ont présenté en commun un projet de loi qui sera soumis au Congrès dans le courant du mois de mai et qui est on ne peut plus clair. Leur déclaration commune expose sans ambages comment un nombre inquiétant de pays de l’UE ont prêté l’oreille à l’appel au boycott (*). Le projet de loi lui-même dit que lors des négociations de traités commerciaux, les Etats-Unis doivent prendre pour objectif principal de dissuader les initiatives de boycott à l’encontre d’Israël.
    (*) Selon le congressiste républicain Peter J. Roskam, c’est : « ... une guerre qui vise à paralyser l’économie d’Israël et à stigmatiser son existence même ».


    Mario Franssen collabore depuis 2005 au mouvement de solidarité international intal.

    3 mai 2015 - dewereldmorgen.be - Vous pouvez consulter cet article à :
    http://www.dewereldmorgen.be/artike...
    Traduction : Info-Palestine.eu - AMM

    samedi 9 mai 2015 - 06h:34 Mario Franssen

    http://www.info-palestine.net/spip.php?article15367

  • L’industrie pétrolière algérienne danse sur un baril de poudre (Orient 21)

    Depuis l’élection d’Abdelaziz Bouteflika à la présidence, en 1999, l’avenir du régime n’a jamais été aussi incertain.

    Malade, le chef de l’État n’exerce plus guère de fonction autre que protocolaire. Ses pouvoirs sont allés à un collège officieux de régents : des proches collaborateurs, comme son conseiller et frère Saïd Bouteflika, le premier ministre, Abdelmalek Sellal et le vice-ministre de la défense ou le chef d’état-major de l’armée, le général Ahmed Gaid Salah. Rien n’indique qu’une solution consensuelle ait été trouvée à la crise de succession qui secoue le régime et qui s’est manifestée, à la veille de l’élection présidentielle de 2014, par un conflit feutré, par justice et presse interposées, entre deux groupes adverses, l’un hostile, l’autre favorable à la candidature d’Abdelaziz Bouteflika à un quatrième mandat.

    Cet inquiétant tableau politique voisine avec un tableau économique non moins préoccupant.

    L’année 2014 a fermé la boucle d’une aisance financière sans précédent dans l’histoire de l’Algérie, due à d’excellents cours pétroliers depuis le début des années 2000. Mais les prix du brut ont plongé ces derniers mois de 50 % environ entre juin 2014 et avril 2015. Rien ne présage de leur redressement à court terme, leur effondrement ne s’expliquant pas uniquement par une offre excédentaire, mais aussi par un début de bouleversement du marché énergétique mondial, avec l’essor des énergies renouvelables et l’entrée en compétition des hydrocarbures non conventionnels, notamment les gaz de schiste américains.

    Crise des revenus de l’État

    Selon le Fonds monétaire international (FMI), sur la base d’un prix du baril de pétrole à 89 dollars, les revenus extérieurs de l’Algérie ne dépasseraient pas 48,9 milliards de dollars en 2015, contre 62,95 milliards en 2014 et 76,9 milliards en 2008. L’hypothèse d’un baril de pétrole à 89 dollars paraît, au demeurant, bien trop optimiste. Si les prix se maintiennent en 2015 à 50 dollars en moyenne, les recettes en devises seront divisées par deux et les recettes fiscales en recul d’un gros tiers.

    Les contestations sociales ne feront que s’étendre et se radicaliser.

    Si la protestation a pu être contenue ces dernières années, c’est aussi grâce à la redistribution de la rente pétrolière, après une décennie 1990 marquée par une chute libre du pouvoir d’achat de la majorité des Algériens. La détérioration des cours pétroliers n’était pas imprévisible. Nombre d’observateurs avaient mis en garde contre le caractère éphémère de l’aisance financière de la décennie 2000.

    Ils avaient rappelé que les mirobolants revenus des exportations devaient être employés pour mettre l’Algérie sur les rails d’une économie moins dépendante du brut. Car s’ils ont financé nombre d’infrastructures et amélioré le pouvoir d’achat de larges couches (les dépenses des ménages ont triplé en dinars courants entre 2000 et 2011), ces revenus n’ont pas servi à transformer l’Algérie en pays émergent — le rêve officiel. Le pétrole et le gaz représentent toujours la majeure partie des exportations (95,6 % en 2014) et l’industrie pétrogazière fournit, à elle seule, près du tiers du PIB (27,5 % en 2014 selon les prévisions gouvernementales). La chute des cours s’ajoute à la stagnation de la production et des exportations pétrolières (1,202 milliard de barils produits en 2013, selon l’Organisation des pays producteurs de pétrole - OPEP, contre 1,371 en 2007) et à la baisse sensible des exportations gazières (44 milliards de mètres cubes en 2014 contre 46,708 milliards en 2013 et plus de 50 milliards en 2010), baisse due à une explosion de la consommation intérieure, qui devrait passer à 50 milliards de mètres cubes en 2017-2020.

    Diversification de l’économie  ?

    Devant ce contre-choc pétrolier rappelant par certains aspects celui de 1985-1986, des mesures pour une meilleure maîtrise des dépenses publiques ont été annoncées : arrêt du recrutement de fonctionnaires, gel des chantiers d’infrastructures «  non indispensables  », etc. La crise, s’est plu à déclarer le président de la République fin 2014, devrait être transformée en opportunité pour diversifier l’économie.

    Mais le gouvernement est-il réellement résolu à prendre le chemin d’une déconnexion progressive du budget et des recettes en devises de la manne pétrogazière  ? Rien ne permet de l’affirmer. L’importance du programme d’investissement de la société publique d’hydrocarbures Sonatrach (90 milliards de dollars pour 2015-2019) n’est pas, en soi, la preuve que la voie rentière demeure celle privilégiée par les pouvoirs publics (les revenus du pétrole et du gaz pourraient aussi bien financer la constitution d’une économie plus diversifiée). En revanche, il témoigne du caractère imprécis des orientations présidentielles pour la diversification économique.

    Des orientations similaires pour la dynamisation de l’industrie, de la pétrochimie, de l’agriculture, du tourisme et des NTIC ont été données, par le passé, à l’exécutif sans jamais se traduire en objectifs chiffrés ni en réalisations. L’augmentation promise de la production d’hydrocarbures vise sans doute moins à financer le passage à une économie émergente qu’à compenser le manque à gagner pour les caisses de l’État de la baisse des prix du brut.

    Le gouvernement espère d’ici à 2019 augmenter la production de pétrole de 20 % et produire 151 milliards de mètres cubes de gaz conventionnels (contre 131 milliards en 2014). Il entend également lancer l’exploitation des gaz de schiste, dont l’Algérie détiendrait, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), les quatrièmes réserves mondiales techniquement récupérables. Comment financer ces ambitieux projets si les revenus pétrogaziers sont en baisse  ? Le recours à l’investissement étranger n’est pas l’option la plus probable, à en juger par le peu empressement des firmes internationales à répondre au 4e appel d’offres de l’Agence nationale pour la valorisation des ressources en hydrocarbures (Alnaft) en septembre 2014 (quatre périmètres de recherche et d’exploration attribués sur 32 offres).

    Le gaz de schiste : une aubaine  ?

    Légale depuis 2013, l’exploitation des gaz non conventionnels tient une place de plus en plus grande dans les projets gaziers algériens. Leur production, a déclaré le 7 décembre 2014 le président de Sonatrach Saïd Sahnoune, atteindra 20 milliards de mètres cubes en 2022 et 30 milliards en 2025 (soit, respectivement, 15,2 % et 22,9 % de la production gazière algérienne de 2014).

    Qualifiée d’«  aubaine  » par le premier ministre Abdelmalek Sellal, le gaz de schiste n’est pourtant pas la solution-miracle à la crise financière. L’extraction de ces ressources non conventionnelles nécessite de plus lourds investissements que les hydrocarbures classiques. Et même si le potentiel algérien est confirmé par l’exploration sur le terrain, son exploitation nécessitera le recours aux sociétés étrangères. En effet, Sonatrach ne peut mener seule un projet d’exploitation commercialement rentable.

    À supposer qu’elles aient envie d’investir dans le sous-sol algérien, les compagnies internationales ont besoin d’être rassurées sur l’accueil par la population du gaz de schiste, réputé dangereux pour l’environnement. Or, leur acceptation est loin d’être acquise. Le mouvement anti-gaz de schiste à In Salah, ville de l’extrême sud, l’a récemment montré. Les habitants s’opposent à son exploitation dans le bassin d’Ahnet où des tests de production ont été concluants. Ils craignent une possible pollution des nappes phréatiques et leur tarissement rapide à cause des besoins en eau de la fracturation hydraulique. Dans une région où le souvenir des essais nucléaires français des années 1960 reste vivace, la préoccupation écologique et sanitaire est profonde.

    Le sud et la menace djihadiste

    Le gouvernement, si prompt à réprimer la moindre contestation populaire, a montré une certaine prudence dans le traitement des protestations d’In Salah : réunions entre des membres du gouvernement et les représentants de la population, envoyés spéciaux de la présidence... Cette prudence s’explique par la délicatesse de la situation dans le sud, région ouverte, de surcroît, sur deux pays instables : le Mali et la Libye. Le sud vit, en effet, depuis plus d’un an au rythme d’affrontements ethno-religieux dans la vallée du M’zab entre ibadites «  berbères  » et sunnites «  arabes  ». Il vit également, depuis plus longtemps encore, au rythme de contestations sociales non négligeables. Avant In Salah, la ville de Ouargla, chef lieu de la wilaya où se situe le plus grand gisement algérien de pétrole (Hassi Messaoud), avait été — est toujours — le théâtre d’un mouvement radical de chômeurs qui revendiquent la priorité pour la population locale dans l’accès aux emplois des hydrocarbures.

    La contestation exprime le sentiment d’injustice des habitants du sud, pauvres en dépit des budgets colossaux qui ont été officiellement alloués (2,415 milliards de dinars, soit quelque 24 milliards d’euros, entre 1999 et 2013, selon une déclaration d’Abdelmalek Sellal le 23 mai 2013). Une des banderoles déployées par les manifestants d’In-Salah énonçait : «  Nous avons été un champ d’expérimentation pour vos bombes. Nous ne le serons pas pour le gaz de schiste  ! Nous n’avons pas profité du gaz conventionnel, ni des retombées de la manne pétrolière. (...) Le gaz de schiste nous prendra le peu que nous avons.  »

    Le fruit amer de la répression

    La répression des premières contestations sociales dans le sud a été à l’origine de la naissance du groupe armé appelé «  Les enfants du sud pour la justice islamique  ». La justice condamna à des peines d’emprisonnement, en 2004, certains de ses fondateurs, alors membres d’un mouvement social pacifique, le Mouvement des enfants du sud pour la justice. Des médiations traditionnelles persuadèrent une partie de ses membres de se rendre aux autorités en 2008 mais il n’a pas pour autant disparu. Son émir, Mohamed Lamine Ben Cheneb, a lancé en janvier 2013 un audacieux assaut sur le site gazier de Tiguentourine (sud-est), qui s’est soldé par 40 morts, en majorité étrangers.

    Le gouvernement semble être, face à la contestation d’In Salah, devant un dilemme : la répression pourrait engendrer une dangereuse radicalisation de la jeunesse du sud  ; cependant, céder à ses revendications éloignerait les firmes pétrogazières internationales, indispensables à l’exploitation des gaz de schiste. Il est toutefois improbable que pour échapper à ce dilemme le choix se porte sur une solution démocratique : ouvrir un débat sur la production des hydrocarbures non conventionnels et sur un meilleur modèle de développement du Sahara. Le plus probable est que, sous la pression de services de sécurité de plus en plus omnipotents, l’exécutif soit tenté par le tout-répressif. Ce n’est pas un hasard si l’émissaire dépêché par la présidence pour écouter les doléances des habitants d’In Salah est le patron de la sûreté nationale, le général Abdelghani Hamel, «  grand spécialiste des gaz lacrymogènes  », pour citer un journaliste algérien.

    Yassin Temlal 21 mai 2011.

    http://orientxxi.info/magazine/l-industrie-petroliere-algerienne,0874