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Economie - Page 3

  • Nouveautés sur Europe Solidaire Sans frontières

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    Hamma Hammami, du Parti des Travailleurs

     

  • COP 22 à Marrakech : Hollande et le néocolonialisme « vert » (Révolution Permanente)

    Green business is business

    Alors que s’y tient la 22ème conférence sur le Changement Climatique (COP), le président François Hollande a décidé de se rendre à Marrakech, au Maroc ces 15 et 16 novembre. C’est dans un pays récemment secoué par une vague de contestation sociale qui a fait suite à la mort effroyable de Mouhcine Fikri à Al-Hoceima, qu’Hollande s’apprête à venir parler affaires et gros sous avec les principaux dirigeants africains et son bon ami le roi Mohamed VI auquel il a prévu d’offrir, en récompense de ses bons et loyaux services, une œuvre d’art… Néocolonialisme, oui, mais vert plus exactement !

    Alors que les symptômes de la crise économique se font plus aigus et que s’approfondit la guerre économique entre les puissances, on n’aura jamais vu un président français autant sur le devant de la scène pour défendre les multinationales françaises. On aura connu Hollande VRP de Dassault en Inde, des multinationales françaises lors de sa tournée en Amérique Latine, de l’industrie nationale pour le président iranien, Hassan Rohani, sur le sol national… Le voilà qui s’apprête à rendre visite en grande pompe à son ami le roi du Maroc Mohamed VI et à une batterie de dirigeants africains réunis à l’occasion de la COP 22. Car qui a dit que business ne pouvait pas rimer avec écologie ?

    En tout cas, pas les entreprises françaises pour qui l’ouverture de nouveau marché du « capitalisme vert » dans les anciennes colonies est vue sous les meilleurs augures. A un an de la fin de la brouille diplomatique entre la France et le Maroc en 2014, déclenchée par la convocation par la justice française d’un haut gradé du renseignement marocain, Abdelattif Hammouchi, accusé de torture, il y a tous les signes (et le « cadeau » est là pour le faire remarquer) que, dans les relations franco-marocaines, tout est reparti sur de bons rails … et en premier lieu pour la SNCF qui vient de créer une société conjointe avec l’opérateur marocain et d’empocher un contrat d’entretien de 175 millions d’euros sur 15 ans associé à un contrat de prestations de 90 millions d’euros. La privatisation du rail, la SNCF en est aussi un acteur à l’international.

    Après plusieurs visites diplomatiques, la remise de la légion d’honneur française au dit inculpé, ce ne sont pas moins de 14 accords économiques et le déblocage d’une ligne de crédit de 25 millions d’euros qui ont été conclu par le chef du gouvernement marocain, Abdelillah Benkirane et la diplomatie française. Le gros lot pour la SNCF mais pas seulement : l’initiative d’installer une usine Renault près de Tanger en 2012 a été rapidement suivi par son principal concurrent hexagonal, PSA, qui a lancé cet été les travaux pour son usine à Kenitra, au Sud de Tanger. L’idée est de profiter d’une main d’œuvre low cost et bien formée.

    La COP 22 est donc également l’occasion de fournir aux entreprises françaises une vitrine et des possibilités pour profiter des contrats avec le gouvernement marocain et de ce territoire devenu une « base arrière » de l’industrie française. C’est ainsi que la société Nareva, filiale de la société royale SNI et de la société française Engie, spécialisé dans le secteur de l’énergie fossile et renouvelable, ont, selon l’Humanité, conclu un protocole d’accord pour gagner des parts de marchés sur le continent et en premier lieu avec l’Egypte, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Ghana et le Cameroun.

    Green business is still business. La COP 22 s’en remet aux industriels et aux capitalistes pour vendre des technologies vertes et assurer de juteux contrats pour les entreprises françaises et occidentales. Le néocolonialisme continue. La lutte contre le changement climatique attendra.

    Yano Lesage 15 novembre 2016

    http://www.revolutionpermanente.fr/

  • Déclaration de Safi (ATTAC/CADTM Maroc)

     

    À trois jours de la COP 22, qui débutait ce lundi 7 novembre à Marrakech, Attac Maroc a organisé une rencontre internationale les 4 et 5 novembre à Safi, sous le thème : « Changeons le système pas le climat ».

    L’objectif de cette rencontre était de ne pas laisser le débat sur les changements climatiques aux multinationales, aux États et institutions internationales qui sont en réalité à l’origine de cette dégradation.

    La rencontre était organisée à Safi, ville symbole de la destruction du capitalisme industriel. En contradiction avec les discours de l’État marocain qui se donne une image verte, on retrouve à Safi l’inverse de ce qui sera énoncé dans les enceintes de Marakech. Centrale thermique, cimenterie, carrières de sable, industries du phosphate, polluent l’air, la mer et le sol, et déciment les ressources halieutiques, rendant la vie difficile à la population de Safi.

    Des militant(e)s issues de mouvements sociaux de lutte, de syndicats, militant(e)s contre la dette et pour la justice environnementale sont venu(e)s d’Algérie, Égypte, Ghana, Nigeria, Togo, Côte d’Ivoire, États-Unis, Kenya, France, Belgique, Espagne, Tunisie, et de toutes les régions du Maroc.

    Nous avons montré dans cette rencontre comment la crise écologique et climatique renforce les inégalités sociales et affectent tout particulièrement les communautés rurales, les femmes et la santé des populations. Le réchauffement climatique, la désertification, la montée des eaux, les catastrophes climatiques rendent de plus en plus difficile la vie des populations dans de nombreuses régions du monde et a ouvert la voix à un nouveau type de migrations. Et cela s’ajoute aux dégâts causés par la militarisation et les guerres au Maghreb et au Machrek qui détruisent la terre et la vie.

    Face à cette situation, la mainmise des multinationales et de la finance internationale sur les ressources et sur le débat relatif au changement climatique est inacceptable.

    Comment peut-on imaginer que des États et gouvernements responsables du changement climatique, les grands pollueurs de la planète tels que les sociétés pétrolières, les commerçants du bois, l’agrobusiness, les entreprises du nucléaire et celles qui exploitent le gaz de schiste... prétendent donner des solutions aux problèmes qu’ils ont eux-mêmes créés. Leurs fausses solutions ne permettront pas de limiter le changement climatique ni la destruction de l’environnement. Il est inadmissible que les États supposés représenter les populations invitent ces multinationales dans le débat sur l’avenir de la planète et des ses habitant-e-s

    Les témoignages et les réflexions des personnes qui luttent contre les sociétés pétrolières, les entreprises minières, les carrières, la déforestation, l’accaparement des terres et de l’eau qui chassent les petits paysan-ne-s nous ont permis de comprendre l’urgence que les populations s’imposent dans le débat au Maroc et dans le monde. La planète, l’air, l’eau, les énergies sont des biens communs qui nous appartiennent et doivent cesser d’être dépossédés par le capital avec la bénédiction des gouvernements .

    À l’heure où le peuple marocain se soulève à Al Houceima comme dans l’ensemble du Grand Maghreb contre le mépris (« Hogra ») avec lequel il est tenu, il est primordial que les luttes soient entendues.

    Nous marquons notre solidarité avec l’ensemble des luttes dans le monde et au Maroc envers les personnes de Imider, Jerada, Chtouka Ait Baha, Beni Oukil, Ouled Sbitta...

    Nous réaffirmons notre volonté de continuer à construire ensemble un mouvement pour la justice climatique au-delà des Cop et des logiques institutionnelles, autour des revendications suivantes :

    • Laisser les fossiles dans le sol ;
    • Cesser toute utilisation de l’énergie nucléaire et des gaz et pétroles de schiste ;
    • Reconnaissance de la dette écologique et réparations ;
    • Souveraineté alimentaire et énergétique ;
    • Relocalisation de la production et de la consommation ;
    • Promouvoir le respect de la nature et de ses ressources.

    Changeons le système, pas le climat !

     

    Auteur.e

    ATTAC/CADTM Maroc

    Membre du réseau CADTM en bref :

    L’Association pour la Taxation des Transactions en Aide aux Citoyens au Maroc (ATTAC Maroc) a été créée en 2000. ATTAC Maroc est membre du réseau international du Comité pour l’annulation de la dette du tiers monde (CADTM) depuis 2006 (devenu Comité pour l’abolition des dettes illégitimes depuis juin 2016). Nous comptons 11 groupes locaux au Maroc. ATTAC veut être un réseau aidant à l’appropriation par les acteurs engagés dans l’activité sociale, associative, syndicale et plus largement militante des enjeux de la mondialisation sur les problématiques de résistance sociale et citoyenne.

    www.attacmaroc.org http://arabic.cadtm.org/

    Adresse : n°140, rue Cadi Bribri Akkari 10000. Rabat.

    azikiomar2008@gmail.com

    Tel 00 212 6 61 17 30 39

    http://www.cadtm.org/

  • Algérie : grève générale contre la réforme des retraites (JA)

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    Plusieurs syndicats autonomes appellent à deux nouvelles journées de grève lundi et mardi prochain pour protester contre la réforme du Code du Travail, qui prévoit notamment une révision du système des retraites. Un premier mouvement social avait déjà été observé le 17 octobre.

    Le dossier des retraites secoue le front social algérien. Les enseignants, les médecins du secteur public, ou encore les fonctionnaires de l’administration observeront deux nouvelles journées de grève, le 24 et le 25 octobre.

    « Le mouvement de contestation grossit »

    Réunie jeudi à Alger, la coalition syndicale, qui regroupe 16 syndicats autonomes de différents secteurs, a décidé de reconduire le mouvement de grève, déclenché le 17 octobre dernier. Un mouvement « largement suivi, avec une moyenne nationale estimée à 70% des effectifs au sein du secteur public », d’après les organisateurs.

    Les représentants syndicaux espèrent que les grévistes seront plus nombreux la semaine prochaine. « Le mouvement de contestation grossit. On a enregistré l’adhésion d’unités locales de l’UGTA (Union générale des travailleurs algériens, syndicat proche du gouvernement, ndlr), ainsi que le soutien du Syndicat national autonome des travailleurs de l’électricité et du gaz, le Snateg » , indique le docteur Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP).

    L’intersyndicale rejette un projet de loi amendant le Code du Travail, en discussion au Parlement, dénonçant notamment la suppression de la retraite anticipée. À partir de janvier, les travailleurs algériens ayant cumulé 32 ans d’activité ne pourront plus partir à la retraite s’ils n’ont pas atteint l’âge légal, fixé à 60 ans pour les hommes et 55 ans pour les femmes par le texte voté en conseil des ministres.

    Des milliers de fonctionnaires anticipent la réforme

    Ce départ à la retraite après 32 ans d’activité avait été institué par l’ordonnance 97-13 (de mai 1997) instituant le départ à la retraite sans condition d’âge. Alors au bord de la cessation de paiement, l’Algérie avait négocié avec le FMI un rééchelonnement de sa dette.

    Parmi les contreparties demandées par l’institution financières dans le cadre d’un plan d’ajustement structurel figurait l’instauration d’un départ à la retraite anticipée à même d’alléger le poids des paies dans les finances algériennes. De fait, la mesure s’était traduite par de nombreuses suppressions d’emplois et d’entreprises.

    Selon les chiffres de la Caisse nationale de retraite (CNR), 246 503 Algériens bénéficiaient de cette retraite sans condition d’âge, sur un total de 1 740 281 allocataires au 31 décembre 2015. Résultat de la réforme annoncée : des milliers de fonctionnaires anticipent leur départ à la retraite pour ne pas être pénalisés par la réforme.

    « Cette réforme pousse des cadres avec un capital expérience vers la sortie. D’après nos informations, 40 000 employés de l’Éducation publique et 25% des effectifs de la Santé publique ont déposé une demande de retraite anticipée. C’est une déperdition pour des secteurs qui sont déjà touchés par des déficits d’effectifs », déplore le docteur Merabet.

    La Caisse nationale de retraite menacée de faillite ?

    Pour l’État algérien, acculé par l’érosion des recettes pétrolières, cette réforme permettra de préserver la CNR de la faillite. Si le système de retraite en vigueur est maintenu, la CNR sera entièrement vidée d’ici six ans, a averti le ministre du Travail Mohamed El Ghazi, interrogé par l’agence de presse algérienne APS mardi. « Ces prévisions sont erronées. Les autorités gonflent les chiffres pour faire passer la pilule », dénonce quant à lui le docteur Merabet.

    La gronde sociale ne devrait pas faiblir. La coalition intersyndicale a déjà programmé une nouvelle rencontre pour le 29 octobre, afin de décider des suites à donner au mouvement de contestation. « La grève contre la réforme du Code du travail continuera tant que le gouvernement méprisera nos revendications. Nous pourrons avoir recours à d’autres modes d’action », affirme Salim Soulha, président du Conseil national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Cnapest), « nous sommes déterminés à aller jusqu’au bout ».

    Djamila Ould Khettab  Alger

    http://www.jeuneafrique.com/

     

    Lire aussi:

    Pour annuler le projet de loi relatif à la retraite L’intersyndicale maintient la pression

    Fonction publique: Nouvelle grève de l'intersyndicale

    LE SYNDICAT D’ENTREPRISE HAUSSE LE TON Forte tension à la SNVI

     

  • Nouveautés sur Europe Solidaire Sans frontières

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    • Gauche radicale
      Préparation des législatives au Maroc : Répression sur fond de mascarade électorale

      , par NPA

      Le samedi 1er Octobre, la manifestation nationale contre la réforme des retraites au Maroc a été interdite et violemment dispersée occasionnant des dizaines de blessés. Cet évènement s’est déroulé dans le contexte de la campagne ouverte pour les élections législatives qui auront lieu le 7 Octobre.
      La (...)

    • Gauche radicale
      Elections parlementaires au Maroc : voter ou devenir ingouvernables ?

      , par CHAWQUI Lotfi

      MAROC : VOTER OU DEVENIR INGOUVERNABLES ?
      Il est nécessaire de discuter l’argumentation de la participation qui sous-tend le choix de la Fédération de la Gauche Démocratique (FGD). Le premier élément avancé est que le refus de participer revient à laisser la place aux corrompus et aux forces (...)

     

     

     

  • ATTAC CADTM MAROC organise un séminaire sur les accords de libre échange au Maroc le samedi 01 octobre Casablanca (CADTM)

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    ACCORDS DE LIBRE-ÉCHANGE, DES ACCORDS COLONIAUX CONTRE LES PEUPLES

    Le système de la dette et les accords de libre-échange constituent les leviers les plus puissants d’intégration à marche forcée des pays dans la mondialisation néolibérale, avec tout ce que cela comportent : mesures d’austérité, dérégulations, privatisations, développement du commerce extérieur et déconnexion de la production de la satisfaction des besoins locaux, pénétration des multinationales et dépendance des grands pôles de décision (États-Unis, UE, IFI…), au détriment de la démocratie et de la souveraineté des peuples. Les négociations de deux accords gigantesques, Transpacifique, TPP (déjà signé) et transatlantique, TAFTA (encore en cours de négociation) vont accélérer et approfondir ce processus qui va encore accroître le poids des pays industrialisés, - et notamment des États-Unis- pivot des deux accords, et le pouvoir des multinationales.

    Pour le Maroc l’ouverture de son économie à la concurrence internationale est présentée officiellement comme une « chance pour le Maroc d’intégrer la mondialisation et permettre aux entreprises marocaines d’accéder aux marchés à l’international ». Avec cette ambition, l’État marocain devient le « champion » régional du libre échange.

    Depuis 1996, il a signé des accords de libre-échange avec 56 pays, et notamment avec l’UE (1996) et les États-Unis (2004). Ces accords s’ajoutent aux règles de l’OMC déjà défavorables pour les pays du Sud. Actuellement, le Maroc est en négociation avec l’UE pour un nouvel accord intitulé Accord de libre échange complet et approfondi (ALECA). Des ALE sont également en préparation avec le Chili et le Canada. Ces trois cycles de négociations se déroulent dans la plus grande discrétion et à l’ombre des négociations entre les États-Unis et l’UE du Traité transatlantique. En Afrique, les APE et récemment l’Accord Tripartite de la Zone de Libre Échange (TFTA) constituent des instruments d’intégration du continent et l’accaparement de ses richesses par les anciennes puissances coloniales.

    Cette frénésie pour la signature d’accords de libre échange n’affecte donc pas que le Maroc et touche la plupart des pays du monde, dont les populations connaîtront les mêmes types d’impact sur leurs économies, leurs sociétés et leur environnement : déséquilibres extérieurs, érosion du tissu industriel, augmentation du chômage, dépendance alimentaire, accaparement et épuisement des terres, etc.

    Dans ce contexte, il est urgent de lever le silence qui entoure cette question dans notre pays et de présenter des éléments de réflexion critique et de débat sur ce sujet qui ne peut pas être traité indépendamment de l’impunité que ces accords donnent aux investisseurs et aux multinationales et du modèle économique qu’ils promeuvent, principal responsable de la crise économique, sociale et environnementale et du réchauffement climatique. Il est bien évident que cette question ne peut être pensée dans un cadre national étroit et que nous devons par conséquent nous appuyer sur l’important travail déjà réalisé dans d’autres pays du Nord et du Sud notamment par des organisations partenaires comme le réseau des Attac, le réseau CADTM, la MMF, Via Campesina ou encore la campagne européenne sur le TAFTA ou la Campagne Globale pour Démanteler le pouvoir des Multinationales et mettre fin à leur impunité.

    Tout ce travail n’aurait évidemment aucun sens s’il ne permettait pas de sensibiliser les organisations marocaines, telles que syndicats, organisations de droits humains, associations diverses, et au-delà les citoyens marocains afin qu’ils se mobilisent pour faire entendre leurs voix et faire valoir leurs points de vue.
                        
    Lors de ce séminaire international, nous tenterons d’établir les interconnexions existantes entre dette, libre échange, pouvoir des multinationales, crise économique, sociale et climatique et d’y intégrer l’approche féministe de la question. Un éclairage sera apporté sur les différents types d’accords multilatéraux en vigueur ou en cours de négociation (Transpacifique, Transatlantique, APE, ALECA) en montrant leur imbrication.
     Une présentation des campagnes en cours contre les Traités de libre échange dans différentes régions du monde permettra de montrer leur impact sur les populations, et notamment sur les femmes, les petits paysans, les peuples originaires, le prolétariat urbain…

    Lors de ce séminaire, le cas de la région de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient (MENA) fera l’objet d’une attention particulière. Comme le Maroc, le gouvernement tunisien a entamé des négociations avec le l’UE pour la signature d’un ALECA. Des négociations sont également déjà prévues avec l’Égypte et la Jordanie.

    In fine, l‘objectif est que ces regards croisés sur les ALE et les échanges sur les expériences de lutte nous permettent de renforcer nos campagnes locales contre les ALE et de tisser des liens entre mouvements sociaux dans les différents continents afin de renforcer ce combat aussi au niveau global.
    Participerons à ce séminaire des militantEs représentant des organisations de lutte en Afrique, Maghreb-Machrek, Amérique latine et Europe.

    Contacts :
    Omar Aziki  : +212 6 61 17 30 39
    Salah Lemaizi  : +212 6 69 50 35 60


    Auteur.e

    ATTAC/CADTM Maroc

    membre du réseau CADTM en bref : L’Association pour la Taxation des Transactions en Aide aux Citoyens au Maroc (ATTAC Maroc) a été créée en 2000. ATTAC Maroc est membre du réseau international du Comité pour l’annulation de la dette du tiers monde (CADTM) depuis 2006. Nous comptons 11 groupes locaux au Maroc. ATTAC veut être un réseau aidant à l’appropriation par les acteurs engagés dans l’activité sociale, associative, syndicale et plus largement militante des enjeux de la mondialisation sur les problématiques de résistance sociale et citoyenne.

    www.attacmaroc.org

    http://arabic.cadtm.org/

    http://www.cadtm.org/ATTAC-CADTM-MAROC-

  • Fête de l'Humanité (L'anti-k)

    front populaire de tunisie

     

    Audit de la dette tunisienne à la lumière d’autres expériences dans le monde

     

    Fête de l’Humanité :

    « Audit de la dette tunisienne à la lumière d’autres expériences dans le monde (Équateur, Grèce…)

    Débat avec notamment :

    Fathi Chamkhi (LGO-Front populaire) et RAID (Attac & Cadtm)

    Eric Toussaint (Cadtm)

    Dimanche 11 septembre à 14h30

    « Audit de la dette tunisienne à la lumière d’autres expériences dans le monde (Équateur, Grèce…) »

    Stand du Front Populaire de Tunisie

    (angle rue Germaine Tillon / rue Fatima Bedar)

     

    A l’initiative du groupe du Front Populaire à l’assemblée des représentants du peuple, un projet de loi relatif à l’audit de la dette publique a été déposé le 14 juin dernier par 73 députés.

    Le but de l’audit demandé étant d’étudier la dette tunisienne depuis 1986 afin d’en extraire la part odieuse et dispenser le peuple tunisien de son remboursement.

    Il s’agit d’une démarche parfaitement légitime qui ne fera que rendre justice aux Tunisien-ne-s qui n’ont pas bénéficié de cet argent, mais se trouvent aujourd’hui obligés de le payer alors que le pays traverse une crise sans précédent. Faut-il rappeler également qu’ils n’ont jamais été consultés pour donner leur avis sur les prêts contractés ?

    Aujourd’hui, la Tunisie continue à s’endetter et s’enfonce pour honorer le service de la dette qui occupe le premier poste budgétaire au détriment de l’éducation, la santé, le développement…

    Les dernières estimations sont alarmantes, elles évaluent la dette publique à 61 % du produit intérieur brut (PIB). Le budget de l’État pour 2017, qui serait aux alentours de 35 milliards de dinars, devrait recourir à un endettement record d’environ 13 milliards de dinars. C’est dire le niveau alarmant que représente le poids de la dette en Tunisie.

    Afin de débattre des enjeux que représente la dette pour la Tunisie, de vous présenter le projet de loi soutenu par le Front Populaire sur l’audit de la dette, mais aussi pour revenir sur les expériences d’audit de la dette publique en Équateur et en Grèce, le Front Populaire IDF vous invite à un débat :

    « Audit de la dette tunisienne à la lumière d’autres expériences dans le monde (Équateur, Grèce…) »

    Avec la participation de :


    Mongi Rahoui, député du Front Populaire: Etat des lieux et enjeux de la dette tunisienne
    Fathi Chamkhi, député du Front Populaire : Projet de loi du front Populaire sur l’audit de la dette
    Éric Toussaint |1|, porte-parole du CADTM international et est membre du Conseil scientifique d’ATTAC France : Audit de la dette, expériences de l’Équateur et de la Grèce.


    |1| Éric Toussaint a été coordonnateur de la Commission pour la Vérité sur la dette publique de la Grèce créée le 4 avril 2015. Il a également été membre de la Commission d’audit intégral de la dette de l’Équateur (CAIC) mise en place en 2007.

    http://www.anti-k.org/event/audit-de-la-dette-tunisienne-a-la-lumiere-dautres-experiences-dans-le-monde

  • Algérie: Chaos mondial, krach pétrolier et impasse libérale, quels enseignements ? (Npa)

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    Entre juillet 2014 et janvier 2016, les cours du brut ont plongé de manière quasi ininterrompue, baissant de moins 75% en 18 mois seulement.

    Les médias abondent de considérations autour des retombées négatives de la brutale dégringolade du baril sur les économies dont les équilibres économiques extérieurs et internes sont fortement tributaires de la conjoncture des prix du pétrole. Dans notre pays, ce sont les répercussions de la chute des recettes d’exportation pétrogazières sur les équilibres de la balance commerciale et du budget de l’Etat qui mobilisent l’essentiel des commentaires, chiffres et données officielles à l’appui.

    Les exportations des hydrocarbures (94,54% des exportations globales) se sont réduites à 35,724 milliards de dollars en 2015 contre 60,304 milliards de dollars en 2014, moins-40,76%. Pour 2016, les prévisions situent les recettes en question à 26,4 milliards de dollars soit une baisse de moins 25%. Par rapport au niveau de 2014, la perte de recettes devises cumulée pourrait atteindre à fin 2016, le montant de 70 milliards de dollars environ. Il faut rappeler que l’Algérie a connu d’importantes « décrues » des cours pétroliers qui s’étaient soldées par une baisse substantielle des recettes d’exportation algériennes : moins 43% en 2009, moins 26% en 1998 ; moins 43% en 1986. La période 1989-1999 a été marquée par des fluctuations à la baisse, cinq au total.

    Le commerce extérieur enregistre un déficit de 13,71 milliards de dollars en 2015 contre un excédent de 4,306 milliards de dollars en 2014. La fiscalité pétrolière recouvrée durant les dix premiers mois de 2015 a totalisé 1.978,9 milliards de DA contre 2.885 milliards de DA durant la même période de 2014, soit une baisse de 31,4% en un an. Quant au niveau des réserves de changes de 185,273 milliards de dollars atteint à fin septembre 2014, il devrait descendre fin de l’année en cours sous la barre de 151.5 milliards de dollars.

    Pour une économie vivant quasi intégralement des importations financées exclusivement par des revenus pétroliers, la poursuite de l’effondrement des prix est effectivement lourde de périls. Pointe à l’horizon, le spectre de la régression économique et sociale et ses risques politiques majeurs, si un redressement rapide non seulement des cours mais aussi et surtout de la stratégie économique n’intervient pas. Mais, par delà les commentaires des chiffres de conjoncture pétrolière, l’interprétation qui domine très largement dans les discours et les médias illustre clairement que dans l’examen des faits économiques et sociaux, la posture analytique n’est jamais indépendante de la posture politique et idéologique qui l’inspire, assumée ou non. Les grilles de lecture de la réalité conjoncturelle mobilisées ne sont pas des constructions techniques socialement et politiquement incolores, elles sont le produit d’économistes ou observateurs engagés et reflètent des intérêts déterminés multiples, comme le signalent, d’ailleurs, les centres de préoccupation et les thèmes privilégiés, de même que des occultations, des omissions et des non-dits significatifs. Ainsi, le thème de » la contrainte extérieure » est remis en exergue, plus exactement ses succédanés, la « nécessaire » austérité, pour le peuple, bien sûr, et « l’urgence des réformes structurelles », un euphémisme pour le renoncement à toute politique de développement national authentique. Au secours, les « 10 commandements du Consensus de Washington » sont de retour. Haro sur les transferts sociaux, restriction des dépenses publiques, suppression des subventions, vérité des prix, privatisation des entreprises publiques, élimination des « obstacles » à l’entrée des capitaux étrangers, appel aux capitaux étrangers y compris par l’endettement externe, la batterie d’artillerie FMI est de nouveau alignée au complet… Vite oubliés les dégâts territoriaux et sociaux profonds, gros de menaces sur la stabilité du pays, dans le Sud du pays notamment, auxquels ont conduit les politiques à courte vue, de largage des responsabilités économiques et sociales de l’Etat, mises à l’honneur dans les années 1990. Ignorée, l’impasse dans laquelle nous ont conduit trois décennies de réformes libérales. Pis, la chute des prix du pétrole est l’occasion de nous proposer un nouveau coup d’accélérateur du processus de démantèlement libéral inauguré sous l’ère de Chadli

    On cherchera en vain dans les scénarios de l’impact de la chute des recettes d’exportation d’hydrocarbures sur les « équilibres stratégiques  du pays », qui reviennent en boucle dans les médias, les analyses qui en évaluent les retombées négatives sur le pouvoir d’achat et le coût de la vie de la majorité des familles algériennes qui vivent avec des revenus modestes et les risques de paupérisation accrue. Au contraire, on assiste à la promotion d’un discours délibérément alarmiste visant à apeurer la population et faire qu’elle aille désarmée sinon consentante à l’abattoir social qu’on lui prépare. Elites et patronat de concert, dissertent d’autant volontiers sur le thème des "nécessaires sacrifices" à consentir par la masse, qu’ils en sont, eux, dispensés par la grâce de Dieu. La malédiction de la pétrodépendance est décriée ad nauséam, mais les politiques qui ont, des décennies durant, aggravé les vulnérabilités et les handicaps structurels historiques de l’économie algérienne, la maintenant dans une position de mono-exportateur d’énergies (pétrole et gaz), sont toujours données comme la seule alternative possible. On sait que la contrainte extérieure a été, dans les années 1990, le prétexte d’une ouverture désindustrialisante et de révisions qui ont aggravé les carences structurelles de l’économie algérienne et installé la précarité sociale. La dynamique de développement initiée au cours des deux premières décennies de l’Indépendance a été brisée avant que ne soient corrigées ses fragilités et qu’elle n’ait atteint sa phase de maturité. L’édification d’une économie de production a laissé la place à une économie de bazar axée sur le seul commerce d’importation.

    En réalité, la «  contrainte extérieure » est le prétexte pour d’autres recompositions internes. Une recomposition et un repositionnement des intérêts économiques et politiques au profit du renforcement et de l’extension des positions du capital (privé algérien et multinationales) et des couches qui lui sont liées, au détriment des intérêts du peuple algérien et de son développement

    Focalisés à outrance sur les ajustements économiques et sociaux qu’ils somment l'Algérie d’opérer  obligatoirement - comme si elle avait la capacité de manœuvrer avec les mêmes armes et dans le cadre des mêmes règles du jeu que le capital mondialisé-les partisans d’un nouveau round de thérapies de choc occultent délibérément et volontairement la responsabilité fondamentale du capital financier et du cartel bancaire dans la manipulation à la baisse des prix de l’or noir masquant l'enjeu véritable qui se profile derrière la scène du chaos du marché pétrolier. Comment pourraient-ils, d’ailleurs, mettre en cause les agissements d’un modèle qui constitue pour eux la référence des références.

    Ils feignent d’ignorer qu’on est dans une logique de restructuration violente, guerrière et hors normes du rapport de forces international dont le chef d'orchestre sont les Etats-Unis (notamment les institutions et organismes-clé : FED, FMI, Banque Mondiale, AIE, mais aussi Pentagone, services spéciaux, think thank et réseaux affiliés...) et que dans la très grande reconfiguration géopolitique en cours, il est une construction qui est menacée, c’est l’État-national. Et singulièrement l’Etat périphérique. Ces « réformateurs » dont le verbe redouble d’agressivité à chaque chute des prix pétroliers se défaussent de leur responsabilité foncière dans l’état actuel de fragilité dangereuse des équilibres économiques stratégiques du pays en présentant au peuple la facture à payer, sous forme de Loi des Finance 2016. Il y a quelques années, le patronat et ses élites planchaient déjà, lors d’un symposium, sur la question de la facture en s’interrogeant ingénument : l’Algérie peut-elle satisfaire la forte demande sociale alors que ses ressources sont limitées ?

    Comme si c’était le petit peuple des salariés et des maigres retraites qui avait été à l’origine de la désindustrialisation, du désinvestissement, de l’explosion des importations tous azimuths et des consommations énergétiques, du boom des grosses fortunes, de l’évasion fiscale, de la fuite des capitaux, etc…

    Ils tirent argument de la conjoncture baissière du baril qui représente, on le sait, la donne-clé fondamentale dans l’élaboration des politiques économiques dans notre pays, pour exiger une relance du fameux triptyque libre-échange, IDE, privatisation qui a échoué – de l’aveu même des officiels – et qui nous a plombés dans le surplace depuis trois décennies comme nous allons le voir à travers l’examen de l’évolution de variables-clé de la politique économique ces dernières décennies.

     

    Une conjoncture pétrolière qui a évolué favorablement…

    Revenu brut moyen US $/TEP exportée(en dollars courants) 

    Période 1978-1988 1989-1999 2000-2010 2011-2015
    US dollar/TEP 165 116 312 597

     

    Mais qui n’a engendré aucune dynamique réelle de l’économie algérienne

    Taux de croissance annuelle moyen TCAM- 2000—2014

    Recettes d’exportation Hydrocarbures Importations PIB réel
    8,2% 13,8% 2,9%

     

    L’industrie, socle du système productif, parent pauvre de l’évolution : TCAM 2000-2013

    BTP Services Ind. Manuf Energie Hydrocarbures
    7,7% 6% - 2% 6, 5% -0, 6%

     

    Le secteur le plus dynamique de l’industrie nationale est celui de l’énergie électrique dontla production, il faut le rappeler, est assurée presque totalement à partir du gaz naturel. La génération électrique absorbe 40% environ de la consommation de cette énergie primaire.

    Durant les années 2000-2013, la croissance du PIB hors hydrocarbures et hors agriculture, a été stimulée par les activités de services, c’est-à-dire l’activité de transport (essentiellement routier) et le commerce (de détail essentiellement), dopées par le boom des importations de biens de consommation ainsi que par le BTP, 7,5%/an. Le dynamisme de la branche des services est fortement corrélé à celui des importations de marchandises qui ont cru de 500%  entre 2000 et 2013. La part de ce secteur dans la population occupée est passée de 40% en 2000 à 60% en 2013.

    Tandis que le secteur industriel ne représentait plus que 4% du PIB en 2012, on recensait cette même année 23.258 importateurs qui se partageaient une enveloppe devises de plus de 40 milliards de dollars.

    Désindustrialisation, désinvestissement

    Le secteur de la construction de logements et immobilière, ainsi que celui des infrastructures administratives et économiques ont été les principaux bénéficiaires des dépenses publiques d’équipement durant les années 2000-2013, en moyenne 36%, contre 0,16% à peine pour le secteur de l’industrie.

    Part des investissements du secteur industrie dans l’investissement public total -1990-2013

     

    Le paradoxe d’une croissance économique à la fois de contenu non industriel et énergivore

    Dynamique de la consommation énergétique finale durant les années 2000-2013

    Déclin des consommations industrielles

    Le secteur industriel ne  représente plus que le cinquième de la consommation énergétique. Hors BTP et matériaux de construction, il  n’occupe plus que la portion congrue de cette structure : 11,6%. 

    Le recul des consommations industrielles corrobore celui de la production industrielle hors branches des hydrocarbures et de l’énergie électrique, sur l’ensemble de la période. Entre 1989 et 2013, l’indice de la production industrielle hors secteurs de l’énergie a régulièrement baissé, -25%.En revanche, la branche des hydrocarbures affiche un accroissement de 31,5% et celle de l’énergie électrique de 314% environ. Le recul relatif des consommations énergétiques industrielles est également constatable  dans l’évolution de la structure des ventes physiques d’électricité et de gaz naturel. La part de la Haute tension baisse de 35% en 1980 à 20% en 2013.Même tendance pour le gaz où  la Haute pression descend de 68% à 34%.

    Les secteurs moteurs : Allocation à des fins improductives prédominantes d’une ressource rare et non renouvelable

    La croissance de la consommation énergétique a été tirée essentiellement par la demande des transports routiers (produits pétroliers), de la branche des matériaux de construction (gaz naturel et électricité) b,ranche à composante énergétique élevée en forte croissance : Matériaux de construction et cimenteries  pour les besoins de la construction immobilière ainsi que de l’infrastructure routière, ainsi que par la demande des secteurs résidentiels et résidentiels commercial et tertiaire en pleine expansion.Demande impulsée par la construction de routes, de logements, de parkings, le résidentiel commercial, l’habitat de rente. Déclin des autres branches

    Consommation énergétique finale par branche industrielle et secteur- TCAM 2001-2013

    Industrie Sider./Gaz Sider/elec. Chimie/gaz Chimie/elec. Autres ind./elec.
    4,55%   0,58%   0,12% 2,19% 2,0%  2,57%

     

    Autres ind./gaz  Mat. de const. MDC Gaz MDC Elec. Transport Ménages
    6,5% 5,8% 7% 4% 8,4% 4%

     

    L’énergie est utilisée de façon largement prédominante, comme bien de consommation et non comme facteur de production.

    La consommation énergétique finale ne traduit ni les priorités productives d’industrialiser le pays,  ni le profil de nos disponibilités, ni le souci de la contrainte devises, ni l’impératif de préserver l’environnement. Elle est en revanche caractérisée par de grandes disparités socio économiques croissantes et porteuses de risques pour la stabilité.

    Ces déséquilibres criants interpellent sur la question des orientations qui ont conduit à cette impasse

    Des choix économiques et sociaux fondamentaux

    Le marqueur énergétique est un révélateur pertinent de la nature sociale de ces choix

    Le choix d’infrastructures lourdes sur la consommation énergétique d’un pays ; urbanisme, logement, réseau de transport. Le mode de transport privilégie le secteur routier- autoroute Est-Ouest- contre le rail-, le véhicule particulier et la consommation des carburants déficitaires- diéselisation continue et grandissante du parc, couteux en devises et polluants. 97% du transport de voyageurs tout comme 97% du transport de marchandises se fait par route.71% de la consommation totale d’énergie des transports de voyageurs serait due à l’utilisation de la voiture particulière, et ce, pour assurer 48% de la demande totale de transport exprimée en voyageurs/km. Résultat :Entre 2000 et 2013, la consommation d’essences a doublé et celle de gas-oil a été multipliée par 2,68.En revanche, le GPL est très abondant mais totalement marginalisé. «SIRGHAZ», le carburant aujourd’hui le moins cher du marché algérien avec son prix de 9 DA/litre  ne représente que 3% dans le mix carburant et sa consommation stagne à un niveau bas.

    Durant la période 2000-2013, l’Algérie a importé un volume cumulé d’environ 7,2Mt de gas-oil et de 3,3Mt d’essences. Les importations au chapitre » Energie et lubrifiants » ont explosé, passant de 129 millions de dollars en 2000 à 4 955 millions de dollars en 2013.

    Le chemin de fer qui assurait en 1970 près de 30% du trafic national de voyageurs et de marchandises a vu sa part relative du marché réduite à 10% du trafic marchandises et à 15% du trafic voyageurs.Pour les déplacements urbains, avec la même dépense d’énergie, la distance possible est 11 fois plus importante en tramway et 2,5 fois plus importante en bus qu’en voiture. Avec la même consommation d’énergie, la tonne de frêt parcourt 5 fois plus de distance par cabotage maritime, 4 fois plus par train entier et 2 fois plus par voie fluviale que par poids lourd. Le transport en commun en bus consomme 13% de la consommation totale d’énergie pour satisfaire 30% de la demande. Le rail voyageurs1% de consommation pour /1% de demande ; le rail marchandises 1% de consommation pour 6% de la demande. Faible performance énergétique du système de transport en Algérie (énergie consommée par service de transport rendu Ce modèle ponctionne les réserves de pétrole et de change de l’Algérie. , Au choix délibéré mais anti économique du routier—s’ajoutent, les retards inexplicables dans le solaire, une fiscalité énergétique inexistante, le gaspillage énergétique du secteur énergétique lui-même..). Ce modèle pour couches aisées et riches ponctionne les réserves de pétrole et de change de l’Algérie. 

    La facture des importations de voitures : le coût de combien d’usines ?

    En 2013, les importations algériennes de voitures ont atteint le montant de plus de 7,33 milliards de dollars et le nombre a totalisé 554.269 unités contre 43 119 véhicules en 2000, soit 13 fois plus en…13 ans ! La facture totale de ces 13 années d’importation de véhicules s’élève à plusieurs dizaines de milliards de dollars sans compter celle de la pièce de rechange. Combien d’unités de montage et de postes d’emploi cette enveloppe aurait-elle servi à créer ? Le parc auto est passé de 2,9 millions de véhicules en 2000 à 5,5 millions en 2013, un parc de plus en plus diésélisé.

    Médicament : croissance des officines plutôt que des usines

    Les importations de médicaments (en millions de dollars)

    1975 1990 2013
    116 500 2280

     

    Inexistants au début des années 1990, les intervenants du secteur privé au stade de l’importation des médicaments et de la distribution grossiste regroupent, en 2008, 60 importateurs et 400 grossistes distributeurs. En 2013, la facture des importations de médicaments a atteint le montant de 2,28 milliards de dollars, soit 5 fois plus qu’en 1990 (500 millions de dollars)1 et 20 fois plus environ qu’en 1975 (116 millions de dollars)2 et ce, en dépit du dispositif fiscal avantageux mis en place par les pouvoirs publics au profit des laboratoires privés afin de limiter justement les importations et malgré l’option en faveur du générique et l’interdiction de l’importation des produits fabriqués localement.

    A l’ouverture du marché des médicaments au début des années 1990, il était prévu que les entreprises privées qui allaient se lancer dans l’importation s’installent au bout de 5 ans d’activités pour produire les nomenclatures de médicaments qu’ils importaient. Au contre leur nombre s’est multiplié et la facture a été multipliée par 4,22 en 23 ans. Les importateurs se sont conduit comme des commerçants considérant ce produit comme une marchandise comme les autres.

    LA STRATEGIE DU TRIPTYQUE : DU DISCOURS A LA REALITE

    Outre la libéralisation totale  du commerce extérieur - la conditionnalité - reine des programmes d’ajustement structurel du FMI (Le FMI n’accepte pas de gendarme qui contrôle ce qui entre et ce qui sort, déclare, à propos du commerce extérieur, son patron de l’époque, Michel Camdessus, à Abdesslam Belaid, alors Chef du gouvernement. Cf. La Tribune du 2 août 1995), privatiser pour attirer les IDE forme le complément systématique  des politiques d’ajustement du FMI et de  la Banque Mondiale. Les gouvernants algériens en ont fait les axes  d’orientation stratégique de l’économie et la preuve convaincante de leur engagement effectif dans la voie des  réformes libérales. De même,  les adhésions à la ZLE, la ZALE  et l’OMC sont  autant de «signes de notre volonté de s’intégrer au processus de mondialisation appréciés des investisseurs potentiels.

     

    LIBRE ECHANGE : un accord à sens unique

    L’accord sur la création, à l’horizon 2017, d’une zone de libre échange avec l’UE, avait été vivement salué lors de sa conclusion. Le ministre des Affaires étrangères de l’époque, Mohammed Bedjaoui avait jugé que l’association UE/Algérie était un succès politique. Son successeur au ministère, Abdelaziz Belkhadem qui, à ce titre, avait bouclé la série de négociations estimait, quant à lui, qu’ « avec cet accord, on perd une économie obsolète. Il se déclarait convaincu que la protection du produit national n’aurait pas servi à grand-chose. Ce serait, avait-il soutenu, une prime à la médiocrité et à la stagnation »3. Le ministre de l’Industrie et de la Promotion de l’investissement de l’époque, Abdelhamid Temmar, quant à lui, s’adressant à ceux qui exprimaient leur scepticisme quant aux bienfaits de cet accord, n’hésita pas, à l’occasion d’une conférence organisée par le Club Excellence Management, à affirmer « ne connaître aucun pays au monde qui ait été économiquement ni même politiquement fragilisé par son adhésion à la ZLE, mais qu’il connaît par contre des pays parmi lesquels nos voisins maghrébins qui en ont tiré grandement profité… Bien conduite, estimait-il, l’adhésion de l’Algérie à la ZLE pourrait se traduire positivement par un surcroît d’IDE, l’amélioration de notre système bancaire, la mise à niveau de nos entreprises et pourquoi pas l’émergence à terme d’un secteur privé performant »4. Le Docteur Abderrahmane Mebtoul insistait pour rappeler, pour sa part, que cet accord constituait une priorité dans le programme présidentiel 2004/20085. Le président du FCE, Réda Hamiani, était, lui aussi, au départ, favorable à l’accord d’association, estimant encore en septembre 2007 que le démantèlement allait profiter aux producteurs algériens6. L’Algérie allait bénéficier, pensait-on, de délocalisations et de sous-traitance. Des attentes estimées légitimes car, jugeait-on, à la mesure de la promptitude avec laquelle le gouvernement avait procédé au démantèlement tarifaire. On a offert sur un plateau tous les segments intéressants du marché intérieur autour desquels pouvaient se mouvoir et se développer les entreprises algériennes qui n’ont que le marché national de 32 millions de consommateurs.

    L’UE devait accompagner le processus de démantèlement tarifaire en accordant aux entreprises algériennes des mesures d’appui multiformes destinées à amortir le choc de l’ouverture..

    Cet accord, explique Réda Hamiani, était, à l’origine, « un accord sensé nous atteler à l’Europe dans une démarche de co-développement, d’investissement, de mise à niveau, etc7. Qu’en est-il en réalité ?

    L’accord en question qui a facilité les échanges a permis surtout de gonfler les importations de l’Algérie en provenance des pays de l’U.E. Selon les données du ministère du Commerce, leur montant est passé de 11,255 mds USD en 2005, année de la signature de l’accord d’association avec cette zone, à 29,49 mds USD en 2014 soit une augmentation de 162% en 10 ans. Au total, pour la période de 2005 à 2014, les pays de l’UE ont exporté vers l’Algérie pour 195 milliards de dollars. En contrepartie, les exportations algériennes hors-hydrocarbures vers les marchés européens, pour l’ensemble de cette période se sont établies au modeste niveau de 12,3 milliards de dollars, soit à peine 6,3% du montant cumulé des exportations européennes. « Le démantèlement tarifaire a déjà eu pour conséquence une perte de recettes pour le Trésor équivalente à 3 milliards de dollars. Le préjudice que l’Algérie aurait accusé en termes de recettes fiscales pour le Trésor de 2010 à 2017, est évalué à 8,5 milliards de dollars.

    Pour protéger son économie, l’Algérie a demandé à ses partenaires un report du démantèlement tarifaire qui devait marquer l’établissement de la zone de libre-échange entre eux. Celui-ci mettait en danger plusieurs filières de l’industrie nationale, mal protégées et mal préparées à la concurrence de produits européens admis sur notre marché sans taxes ni droits de douane

    L’ouverture économique «improvisée et non préparée a été fatale à bon nombre d'industries». «Hormis les secteurs de l'agroalimentaire et du bâtiment, tout est à reconstruire», a affirmé Réda Hamiani en soulignant que la production locale ne couvre aujourd'hui que 05% des besoins des consommateurs contre 18% dans les années 90 à cause d'une ouverture économique «improvisée et non préparée qui a été fatale à bon nombre d'industries».

    PRIVATISATION : La recette sans les ingrédients

    Des constats successifs d’échec

    Privatiser pour attirer les IDE : le FMI et la Banque Mondiale en ont fait un complément systématique des politiques d’ajustement. En signant, en 1995, un engagement avec le FMI et la Banque mondiale, les gouvernants algériens vont faire de la privatisation une préoccupation majeure. Selon le crédo libéral, elle est censée apporter une efficacité plus grande à la croissance d’une manière générale, la transition à l’économie de marché se mesurant, par ailleurs, par la prédominance de la place qu’occupe le secteur privé dans l’économie d’un pays. Pour les gouvernants algériens, la privatisation est considérée comme un signal d’attraction fort en direction des capitaux étrangers et la preuve convaincante de leur engagement effectif dans la voie des réformes libérales. Alors ministre de la Coordination des Réformes et de la Participation, Hamid Temmar, tout en confiant à une délégation patronale française, le 5 février 2000, que « l’Algérie allait privatiser et vite », révélait dans la foulée que cela allait concerner 903 entreprises publiques au total, dont 519 EPE et 384 EPL et 90% du tissu industriel public, les banques constituant, pour lui, la priorité des priorités en matière de privatisation. Il ne s’agit plus de réformer le secteur public, « nous n’allons pas assainir le secteur public. C’est clair et net. Nous vendons », insiste Hamid Temmar. Son successeur à ce poste, Noureddine Boukrouh, après avoir dénoncé les politiques menées avant lui, qui "n'ont rien produit parce que pleines de contradictions", faites théoriquement pour privatiser mais en fait "pour ne pas privatiser",« le processus de privatisation lancé entre 1995 et 2001 n’a pas donné les résultats escomptés », annonce le 2 avril 2001 un nouveau dispositif de privatisation, sur deux ans. La privatisation menée sous Temmar a été «un échec total», de l’avis de quasiment tout le monde. Sur plus de 1200 entreprises publiques proposées à la privatisation, à peine un tiers a été repris dans un processus conduit «n’importe comment», où l’on a privilégié «le copinage» et «le bradage», dixit l’économiste Camille Sari. 

    D’autres, comme l’ancien syndicaliste au complexe d’El Hadjar Smaïn Kouadria, y voit une opération de «corruption à grande échelle» qui a donné naissance à ceux qu’on nomme aujourd’hui «les nouveaux milliardaires».

    Amara Benyounes, ministre de l’Industrie est formel : « Le processus de privatisation des entreprises publiques a échoué ».

    L’objectif ne manque pas d’ambition : la privatisation doit nous apporter les capacités technologiques que nous n’avons pas, les capacités managériales dont nous sommes dépourvus et les marchés extérieurs sur lesquels nous devons commencer à prendre pied. Le questionnement porte sur la réalité des capacités technologiques, managériales et financières du secteur privé en Algérie.La privatisation est-elle en mesure de moderniser le potentiel industriel et d’en accroître la production ? Le tableau est fort éloigné de la vision optimiste qui semble animer les promoteurs de la privatisation

    Entre 2000 et 2011, 716 026 entités ont été crées dont 89% dans le tertiaire soit 34% dans les Services   et 55%  dans le commerce où plus de 84% de l’activité se concentre dans le commerce de détail.

    La répartition des PME privées par secteur d’activité montre la faiblesse caractérisée du nombre de PME industrielles pour espérer les voir relayer les entreprises du secteur public dans la relance économique sur base productive .

    À peine plus de 18 % de l’ensemble des PME privées sont de type industriel, le reste étant essentiellement des entreprises de services (près de 46 %) et de BTP (près de 35 %). Les entreprises spécialisées dans le secteur agroalimentaire sont essentiellement de type familial, ne maîtrisent pas le processus d'exportation et ignorent les exigences réglementaires. La branche des industries agro-alimentaires (IAA) ne compte que 5.000 entreprises, seules cinq entreprises exportent régulièrement, en majorité des produits de terroir comme l'huile d'olive et les dattes ainsi que le sucre raffiné. Ce « qui marche », c’est le commerce de mobiles,  d’automobiles, la spéculation immobilière, les services. Les PME qui sont dans la production, souligne Réda Hamiani, « sont malades». Lors d’une réunion avec les représentants du patronat et de la centrale syndicale UGTA, en novembre 2012, le Premier ministre Abdelmalek Sellal a révélé que seulement 15% des entreprises algériennes sont connectées à un réseau Internet, à peine 9% ont une adresse électronique et aucune entreprise ne propose sur son site un catalogue des produits qu’elle veut commercialiser.

    Un privé qui recherche des gains à court terme, peu enclin à investir dans la sphère productive

    La part des crédits allouée au secteur privé est plus importante que celle dédiée au secteur public, et ce, depuis 2005. La part des crédits octroyés au secteur privé est passée de 14,8% en 1997 à 57% en 2007, elle s’établit à 52% en 2012. Mais ces crédits ne sont pas orientés vers l’investissement productif qui reste le parent pauvre. Les crédits à l’importation, estimés à un peu plus de 12 milliards de dollars, sont plus importants que ceux alloués à l’investissement productif. Candidat à la reprise de Michelin, le patron de Cevital, Rebrab avait prévu de transformer le site industriel en d’autres activités, commerciales

    Le secteur des concessionnaires automobiles engrange un chiffre d’affaires annuel de quelque 700 milliards de dinars, des sommes transférées à l’étranger, sans compter les dividendes de l’activité des concessionnaires. De toutes ces sommes faramineuses, seuls 3% à 6% des résultats de l’exercice sont versés au Trésor public.

    L’échec de la privatisation d'El Hadjar

    Le complexe, propriété de l'Etat algérien, avait été racheté à 70% en 2001 par l'indien Ispat, qui appartient au groupe Mittal. Il devait doper la siderurgie algérienne, il l’a dupée, en fait. Le bilan est négatif : sous-investissement, dégradation des installations et équipements, fermeture des sites de production essentiels, réduction des effectifs et pas d'amélioration des conditions de travailLa cokerie mise à l’arrêt depuis la fin 2010 car la multinationale indienne n’ayant pas intérêt à la réhabilitation de cette structure, préférait s’appuyer sur le coke que le groupe produit dans ses usines européennes, le coke importé «à moindre coût» pour alimenter le haut fourneau

    Le complexe, faut-il le souligner, n’a pas concrétisé les prévisions du  million de tonnes d’acier annuellement depuis sa reprise par ArcelorMittal en 2001. La production d'acier prévue pour 1 million de tonnes a chuté à 600 000 en 2012, puis a carrément dégringolé en 2013 et 2014 pour se situer à 300 000 tonnes aujourd'hui au moment où la demande nationale a explosé pour atteindre pour les seuls ronds à béton et fils pour machines, environ 4 millions de tonnes, ce qui signifie qu'El-Hadjar ne fournit le marché national qu'à moins de 10%. L'importation lui coûte annuellement environ 10 milliards de dollars. La Banque extérieure d’Algérie (BEA), a été obligée de lui accorder un crédit bancaire de 14 milliards de dinars, dont 9 milliards destinés au rachat de la dette d'ArcelorMittal auprès de la banque.

    L’IDE, au compte-goutte et à puissant effet de levier

    Un quart de siècle après les premiers signaux concrets d’ouverture à l’investissement étranger émis par la loi sur la monnaie et le crédit de 1990, suivis d’une succession de Codes toujours plus soucieux, les uns que les autres, d’attractivité et de dispositions incitatives en faveur du capital étranger, celui-ci ne s’est guère précipité pour investir. . Pourtant, dans un schéma, disons idéal, de division régionale du travail, l’Algérie forte de ses atouts énergétique et de proximité géographique mais plus généralement la région euro-méditerranéenne représente, pour les économies européennes, dans le contexte de crise structurelle qu’elles traversent depuis plusieurs années, un espace de choix privilégié pour recomposer leur tissu industriel et redéployer leurs chaines de valeur, ouvrant, en même temps, à notre pays l’opportunité historique de répondre aux défis du développement d’un tissu productif diversifié et générateur d’emplois valorisants et gratifiants pour notre jeunesse. Un peu sur le modèle de celui qu’a impulsé le Japon, en Asie du Sud Est, dans les années 1980 ou l’Allemagne en Europe centrale, dans les années 1990 ; modèle, il est vrai, où les considérations géostratégiques et géopolitiques ont pesé autant sinon plus que les considérations économiques On nous dit, l’attirail algérien, si on ose s’exprimer ainsi, ne serait pas convaincant. S’il y a une faible attractivité pour les IDE, ce serait dû à l’inefficacité des dispositifs d’encouragement. La thèse du manque d’incitations internationales comme explication de la faible attractivité du pays ne tient pas la route. L’Algérie a ratifié 83 accords internationaux incitatifs à l’IDE dont 46 accords bilatéraux et 6 accords internationaux d’investissements, 42 conventions de protection réciproque et des investissements, 27 conventions fiscales de non double imposition mais en dehors des hydrocarbures point d’IDE ou presque. Les experts internationaux reconnaissent qu’il n’y a aucune grande entreprise qui ait investi en Algérie et qui ait échoué, qui n’ait pas rentabilisé son investissement. Le Président de la section algérienne du Comité national des Conseillers du commerce extérieur de France, Mr Michel Bissac lui-même reconnait qu’ « aucune entreprise française ne fait face à des blocages en termes d’investissement en Algérie. » La question, nous concernant, est : est ce que nos partenaires occidentaux qui dominent nos échanges commerciaux depuis près de quatre décennies sont vraiment intéressés par l’investissement productif hors hydrocarbures en Algérie ? Force est de le constater : l’Algérie est, pour ces pays, une destination commerciale fructueuse et très prisée mais pas une terre d’IDE sinon au compte-goutte et à puissant effet de levier, dans un rapport de 1 à 5 en moyenne. Le total des transferts des associés de Sonatrach  s’est élevé à 30 310,6 millions de dollars entre 2009 et 2014 pour une recette d’exportation totale cumulée durant cette période de 441 988,3 millions de dollars soit un taux de transfert moyen de 6,857% des recettes d’exportation

    IDE et transferts des associés de Sonatrach2000-2014

    Ces dix dernières années, l’Algérie a importé pour près de 200 milliards de dollars de l’Union Européenne, en contre partie, durant la même période, les investissements de cette région en Algérie ont représenté moins de 4% de ce montant et encore essentiellement dans les hydrocarbures.

    L’Algérie est le premier marché africain des produits agricoles français, un statut objectif de client stratégique de 1er plan mais qui ne s’est traduit par aucune construction d’usine, aucun investissement productif.

    Même constat à propos du marché du médicament qui atteint à présent des montants annuels de 3 milliards de dollars environ où les officines fleurissent mais pas les usines. L’Algérie est le 10 ème pays importateur de médicaments de la France
    Sans parler du secteur énergétique où l’Algérie a investi entre 2000 et 2013, une enveloppe globale de près de 100 milliards de dollars. Des investissements appelés à croître encore. Le seul marché de la pièce de rechange industrielle de Sonatrach représente en moyenne 3 à 4 milliards de dollars d’importation par an.

    Nos partenaires préfèrent le commerce aux IDE, pourquoi ? Parce que c’est un marché acquis ! En 35 ans, de 1978 à 2013, les parts de marché de nos fournisseurs traditionnels se sont remarquablement maintenues. En moyenne : entre 19% et 15% pour la France, entre 12% et 10% pour l’Italie, entre 5%et 9% pour l’Espagne, entre 6% et 4% pour les USA. La courbe de l’évolution des importations totales en milliards de dollars est équivalente à celle des importations à partir de la France

    En réalité, le point aveugle de ces approches est l’ordre économique mondial considéré de fait comme un donné auquel il faut s’adapter « au mieux de nos avantages et de nos intérêts ». Comme s’il suffisait d’ouvrir la porte pour que le capital étranger entre
    La question des motivations réelles des investisseurs étrangers est curieusement absente des élaborations de nos experts. Ces motivations sont-elles réellement fonction de la qualité de l’attirail, du moins pour ce qui est de l’Algérie. La rationalité qui guide les arbitrages des investisseurs entre tel ou tel placement tel ou tel investissement, tel ou tel pays n’est pas fonction de nos « efforts d’adaptation ».A fortiori dans le contexte de crise mondiale actuelle où c’est la rationalité du sauve- qui- peut qui domine chez les investisseurs internationaux. Depuis bientôt 8 années, le monde assiste, apparemment impuissant, aux métamorphoses brusques, violentes et imprévisibles de la crise qui a frappé, en 2007-2008, le système financier des Etats-Unis, clé de voute de l’ordre capitaliste mondial, le fracturant de l’intérieur même de son intime mécanisme. Cette crise qui a d’abord évolué en crise de dimension économique et sociale, puis en crise politique, dégénère, à présent, le verbe n’est pas fort, en crise géopolitique. Une crise de nature systémique et de proportion globale sans issue visible qui fait rappeler aux analystes qu’il a fallu au système capitaliste, 15 ans et une guerre mondiale pour sortir de celle de 1929. L’horizon de profit s’est raccourci de manière drastique, n’offrant plus que la spéculation financière et boursière et les guerres comme débouché rentable au capital. C’est l’immédiat qui tient lieu et place d’avenir.

    Il faut savoir que les Firmes multinationales sont tout simplement à la recherche de la liberté totale, celle d’investir là où elles veulent, le temps qu’elles veulent, pour produire ce qu’elles veulent, en s’approvisionnant là où elles veulent, et en ayant à supporter le moins de contraintes possible en matière de droit du travail et de conventions sociales. Elles peuvent toujours trouver d’autres espaces dans lesquels les salaires sont plus bas, les incitations fiscales et financières plus excitantes, le marché plus grand, le droit de l’environnement moins contraignant, etc, etc, etc. Pour reprendre l’image de l’expert pétrolier international Nicolas Sarkis, elles sont aujourd’hui, «  comme un chasseur qui se voit sollicité de choisir son gibier aux quatre cois du monde. Comment peut-on réussir dans ce benchmark effréné du plus attractif qui finit par laminer les marges de manœuvre de la politique nationale en la réduisant à des mesures d’amélioration du climat des affaires.

    Contre la stratégie de gestion de l’impasse,  travailler à remettre en perspective le projet émancipateur et social

    L’économie algérienne est- elle fatalement condamnée à faire du surplace et nos gouvernants à se contenter de «  faire tourner le ballon » ? Les questions posées dans les années cinquante par l’économie du développement restent pertinentes. Comment assurer la transition d’activités faiblement productives, où les possibilités d’évolution technologique et de gains de valeur ajoutée sont limitées, vers des activités fortement productives offrant de meilleures possibilités d’innovation et d’accroissement de la valeur ajoutée, devient alors le cœur du changement structurel et plus généralement du développement de l’économie. Ce qui distingue la manufacture des autres secteurs c’est la capacité à générer des rendements dynamiquement croissants. L’industrie manufacturière génère aussi des externalités dans le développement technologique, la création et l’acquisition de compétences. Pour les PED, la croissance et le développement ne consistent pas à repousser les frontières de la technologie mais plutôt à réorienter la structure de la production vers des activités à plus forte productivité.(Cf. Rapport sur le développement industriel. 2013. ONUDI)

    Où se trouvent véritablement, les sources essentielles des mécanismes de blocage du passage à une économie productive, à la diversification du PIB et de nos échanges internationaux. En un mot, des mécanismes qui nous condamnent au rôle de sous-périphérie plombée dans le sur-place.

    La casse libérale y est pour l’essentiel. L’expérience industrielle de l’Algérie a été de trop courte durée pour enclencher le processus de changement dans ses multiples facettes. L’apprentissage technologique qui aurait permis à la main-d’œuvre d’assimiler la logique de fonctionnement d’un système productif à base industrielle n’a pas eu lieu. Mais fondamentalement et l’exemple de notre pays le montre, l’impasse est de naturelle structurelle et elle traduit l’impossibilité radicale d’apporter les réponses qu’exige le développement économique et social de nos pays dans le cadre de la dépendance de la mondialisation capitaliste. Il est impératif de s’émanciper des rapports de puissance porteurs de logiques systémiques de dépendance et de sous-développement, en un mot à bâtir une cohérence alternative nouvelle.

    La crise exige une réponse centralisée de l’Etat, un secteur public fort entendu comme principal instrument de la maîtrise économique, car « là où est la propriété, là est le pouvoir ».

    Or l’Etat s’est-il donné les moyens politiques et institutionnels de repousser les limites actuelles de ses marges de manœuvre pour s’armer des capacités d’agir en tant que moteur et acteur majeur incontournable de la sortie du sous-développement, renforcer ses fonctions de garant de l’équité et de réducteur des inégalités et des injustices, du respect des priorités productives et environnementales et regagner ainsi sa légitimité dans toutes ses fonctions tant régaliennes qu’économiques.

    Sans les ruptures radicales qu’exige une politique effective de développement national, enraciné, ces régimes ne peuvent se donner les politiques qui répondent aux aspirations de leur jeunesse et de leurs peuples. En revanche, cette politique, hantée par les risques réels de déstabilisation, ne s’attaque pas, en vérité, à ce qui en constitue les racines politiques, économiques et sociale, car prisonnière des pressions des intérêts des forces de l’argent qui imposent les limites à ne pas franchir. Dictée par la conjoncture et la préoccupation de ne pas perdre le pouvoir, cette politique aux allures tactiques défensives de « faire tourner le ballon », n’est pas, cependant, un jeu à somme nulle. Elle conforte les privilèges mal acquis et les agissements des prédateurs de l’économie nationale, dont elle aggrave les vulnérabilités, creuse davantage les inégalités et érode en définitive les capacités de réponse aux menaces impérialistes dans la région et à nos frontières.

    Par Abdelatif Rebah.

     
  • Le FMI vole au secours d’une Egypte plombée par les déficits (Anti-K)

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    Le Fonds monétaire international va prêter 12 milliards de dollars au Caire.

    Le Caire et le Fonds monétaire international (FMI) ont annoncé jeudi être parvenus à un « accord initial » pour un crédit de 12 milliards de dollars sur trois ans à l’Egypte. Une aide indispensable au vu du déficit budgétaire équivalent à 11 % du PIB et de celui de la balance des paiements, 7,5 % du PIB.

    Le chef de la mission du FMI, arrivée au Caire fin juillet, Chris Jarvis, a souligné que le programme avait pour objectif « d’améliorer le fonctionnement du marché des changes, augmenter les réserves de change, ramener l’inflation sous les 10 %, réduire le déficit budgétaire et relancer la croissance ». Le Caire table sur un total de 21 milliards de dollars avec l’apport de la Banque mondiale et de financiers non précisés.

    Le gouvernement s’est engagé en contrepartie à mener des réformes :

    introduction de la TVA, flexibilité du taux de change, modération des rémunérations dans la fonction publique pléthorique et suppression des subventions à la consommation d’énergie. Mais le FMI, qui doit encore valider l’accord dans les prochaines semaines, restera prudent en débloquant l’argent tranche par tranche. L’Egypte est déjà revenue deux fois depuis le printemps arabe en 2011 sur des accords avec le FMI, par nationalisme ou crainte d’agitation sociale. Mais, cette fois, Le Caire n’a plus le choix. Ses taux d’intérêt à 17 % sont punitifs, l’inflation à 14 % rogne le pouvoir d’achat de la plupart des 80 millions d’Egyptiens et le service de la dette publique absorbe le tiers des dépenses de l’Etat. La croissance est retombée à 3 % en 2015-2016, bien trop bas dans un pays en forte croissance démographique et où plus d’un jeune sur trois est au chômage.

    Un plan de réformes

    Le déficit des paiements (lire ci-dessous) met en outre la livre sous pression. Le gouverneur de la banque centrale, Tareq Amer, a reconnu que la défense du taux fixe de change de la livre était « une grave erreur » et l’a dévalué de 5 % en mars, à 8,8 pour 1 dollar. Sans vraiment rétablir la confiance, puisque la livre se négocie aujourd’hui à 12 dollars au marché noir. Les réserves de la banque centrale sont tombées à 15,5 milliards de dollars en juillet, juste assez pour financer trois mois d’importations, au plus bas depuis seize ans. En essayant de lutter contre le marché noir de devises, au prix de la fermeture récente de dizaines de bureaux de change le pratiquant, le gouvernement n’a réussi qu’à provoquer une pénurie de devises qui pénalise les importations de pièces détachées dont l’industrie locale a besoin. Une nouvelle dévaluation semble inévitable.

    Le président Al Sissi, ex-chef de la junte militaire, applique toutefois déjà une ébauche de plan de réformes. Medhat Nafei, professeur d’économie à l’université Misr International, souligne dans le journal « Al Monitor » qu’il s’est résolu à réduire les subventions aux carburants qui représentent encore un cinquième des dépenses publiques. Et le Parlement étudie depuis mi-juillet un projet de loi instaurant la TVA, dont on parle depuis des années. Le Caire compte aussi instaurer le guichet unique pour la création d’une entreprise, alors qu’il faut actuellement… 78 permis différents.

    YVES BOURDILLON

    http://www.lesechos.fr/monde/afrique-moyen-orient/0211199744599-le-fmi-vole-au-secours-dune-egypte-plombee-par-les-deficits-2020223.php?CJ8SjFhvSLr41dJU.99

  • Maroc: lettre ouverte en réponse aux contre-vérités sur la dette publique (Cadtm)

     

    À M. Abdelilah Benkirane, Chef du gouvernement du royaume du Maroc

    Objet : En réponse à vos contre-vérités sur la dette publique

    Monsieur le chef du gouvernement,

    J’ai écouté avec beaucoup d’intérêt votre réponse à la question relative « à la gestion de la politique publique dans le domaine de l’endettement extérieur et son impact sur l’investissement et les défis de la régionalisation » |1|, lors de la séance publique de la Chambre des conseillers (sénat) le 19 juillet 2016. Ce thème nous intéresse au plus haut point au sein de l’Association pour la taxation des transactions et en aide aux citoyens (ATTAC) au Maroc car nous sommes membre du Comité pour l’abolition des dettes illégitimes. Notre réseau international milite pour l’annulation immédiate et sans conditions des dettes illégitimes au Nord comme au Sud, ainsi que l’annulation des dettes odieuses et enfin le CADTM se fixe comme objectif l’abandon par les États des Programmes d’ajustement structurel (PAS).

    En premier lieu, je voudrais vous remercier pour votre franchise. C’est la première fois qu’un responsable gouvernemental reconnaît publiquement l’existence de conditionnalités fixées par le FMI au Maroc afin de bénéficier de prêts. Cet aveu confirme ce que nous ne cessons de dénoncer depuis des années, la perte de la souveraineté nationale. Votre déclaration à la 2e chambre du parlement marocain contredit les propos de votre ministre des Finances qui ne cesse d’assurer que le Maroc ne s’engage pas sur des conditionnalités auprès du FMI. Le gouverneur de Bank al-Maghrib, la banque centrale du Maroc, assure aussi qu’il « n’y a point de conditionnalités ». Ces deux responsables signent pourtant la lettre d’intention au nom du Maroc, destinée au FMI concernant la Ligne de précaution et de liquidité |2|.

    M. le chef du gouvernement,

    Votre réponse au sujet du jour a comporté beaucoup de contre-vérités enveloppées dans un discours démagogique. Malheureusement, à force de prêter l’oreille aux conseils du FMI, votre foi dans le capitalisme et ses piliers (les équilibres macro-économiques, le libre marché, le libre-échange, la privatisation des services publics) vous aveugle.

    Permettez-moi à ce propos de vous présenter quelques réponses différentes des vôtres au sujet de la dette publique marocaine. Ces réponses contrediront ce que vous avez l’habitude d’entendre chez les experts du FMI et des autres institutions financières internationales et même des experts du ministère des Finances.

    La dette est-elle un choix naturel ?

    « La trésorerie d’un État est comme celle d’une famille, ses dépenses dépassent toujours ses recettes. Donc, comme pour les familles, l’endettement de l’État n’est pas un problème ». C’est en ces termes simplistes que le chef du gouvernement s’est adressé aux Marocains pour les rassurer face à la hausse continue de la dette publique. Mettons de côté que la comparaison entre budget d’une famille et d’un État est complètement inopérante, mais prétendre que l’endettement privé ou public est tout à fait naturel est faire preuve soit de mauvaise foi soit d’une méconnaissance des bases de l’économie.

    Dans le contexte où un État ne garantit pas un revenu décent, des services publics et une protection sociale de qualité, les ménages marocains ont recours de manière massive à l’endettement. La dette privée finance l’accès aux services de base et même aux besoins vitaux des familles. L’usage des micro-crédits pour ce type de dépenses est la preuve vivante de cette situation d’endettement des ménages. Le cas de centaines de femmes marocaines au sud et à l’est du pays témoigne de cette situation.

    Pour sa part, la dette publique est un instrument utilisé par les créanciers pour faire main basse sur les ressources et peser sur les choix politiques et économiques des pays dans le cadre d’une nouvelle forme de colonialisme. Dans la majorité des pays du Sud, le remboursement des dettes dépasse de loin ce que dépensent ces pays pour la santé, l’éducation, le développement rural et la création d’emploi.

    À titre d’exemple, il est prévu que le service de la dette du trésor marocain en 2016 s’élève à 69 milliards de dirhams, soit 17% des dépenses du Budget général de l’État (BGE). Le service de la dette représente une fois et demie le budget de l’éducation, cinq fois le budget de la santé, cent fois le budget de la culture et cent fois le budget du département de la femme, de la famille, du développement social et de la solidarité. Concrètement, si un État consacre autant de ressources de son budget pour rembourser une dette empruntée dans les années 80 et 90, toute possibilité de développement économique et social est à enterrer.

    « Le Maroc est un bon payeur »

    « Le Maroc a une excellente réputation auprès des banques et des institutions financières, nous remboursons tout ce que nous empruntons », vous targuiez-vous avec fierté et – peut-être-naïveté devant les députés. Sauf qu’en tant que chef du pouvoir exécutif vous avez oublié de signaler que le Maroc a même remboursé la dette du colonisateur français qui a emprunté aux noms de nos ancêtres des dettes colossales. Et que même après son départ le peuple marocain a continué à rembourser cette dette jusqu’aux années 90. Je rappelle ici que l’entrée du colonialisme français et espagnol s’est fait par le biais du piège de l’endettement.

    J’aurais pu partager votre fierté, M. le chef du gouvernement, si vous aviez pu auditer les dettes du Maroc empruntées durant les Années de plomb |3|. J’aurais pu être heureux de savoir où est parti l’argent du programme d’urgence pour la réforme de l’école marocaine ? Au lieu de faire valoir vos prérogatives, vous avez préféré verser des larmes de crocodile.

    « La dette, un choix politique »

    « L’État fait le choix de l’endettement pour financer l’investissement, c’est une décision politique ». C’est ainsi que vous justifiez l’envolée de l’endettement. Vous avez vu juste : l’endettement est une décision politique. L’endettement sert, in fine, les intérêts des classes dominantes. Au lieu de procéder à une réforme fiscale radicale et à la refonte du modèle économique actuel, vous préférez financer le déficit budgétaire par l’endettement, tout en réduisant les budgets d’investissement des départements sociaux. Cet endettement est une solution de facilité et hypothèque l’avenir des générations futures.

    « Vous croyez que les grands chantiers c’est gratuit ? Vous allez les payer ! »

    Avec « l’élégance » |4| du chef de gouvernement que vous êtes, vous avez assailli les Marocains par des propos médisants et insultants. Vous venez au parlement pour nous dire que la politique des grands chantiers ne tombe pas du ciel. La station solaire Noor |5|, le TGV, les autoroutes, etc, sont financés par de l’endettement et nous allons les payer pour les décennies à venir. Quelle découverte, M. le chef du gouvernement ! Les Marocain-e-s n’ont pas besoin que quelqu’un leur apprennent des choses sur leur pays. Le premier et dernier à financer ces projets est le peuple marocain par le biais de l’endettement et de la privatisation des entreprises publiques. Ces projets avalent une bonne partie du budget de l’État depuis quinze ans, ils sont priorisés sur les projets sociaux. Venir maintenant nous faire la leçon sur ce sujet : Non merci !

    Au sujet de l’effet supposé de ces projets sur la relance économique et l’attractivité du pays, permettez-moi de douter de la réalisation de cette prophétie. Prenons le cas du TGV Tanger-Kénitra |6|. Ce projet coûtera aux Marocains plus de 25 milliards de DH, financés entièrement par l’endettement extérieur et intérieur. Ce projet est synonyme de deux choses : l’absolutisme et le népotisme au Maroc, deux fléaux que vous vouliez combattre selon votre programme électoral. Ce projet symbolisme l’absolutisme politique car il a été décidé sans concertation et dans le cadre d’un deal politique entre la France du temps de la présidence Sarkozy et le régime marocain |7|.

    La dette et les dons du TGV sont conditionnés. Ceci veut que la France nous a « offert » des prêts avec des taux d’intérêts bas, pour s’assurer les gros marchés prévus dans le cadre du TGV. Tout le TGV marocain sera livré clef en main par la France, la maintenance incluse, le tout sans appel d’offres. C’est ici que le bât blesse, M. le chef du gouvernement, le Maroc a emprunté des sommes colossales pour financer un projet -plutôt un éléphant blanc- avec un impact social limité sur la population. Au même moment, des deniers publics sont transférés sous forme de marchés et de remboursement de la dette au capitalisme local et étranger.

    Pour toutes ces raisons, nous considérons, au sein d’ATTAC Maroc, membre du réseau CADTM, que l’endettement n’est pas une fatalité ou une mesure technique. La dette publique (externe et interne) engendre un transfert massif de richesses des peuples du Sud vers les prêteurs, les classes dominantes locales prélevant leur commission au passage. Tant au Nord qu’au Sud de la planète, la dette constitue un mécanisme de transfert des richesses créées par les travailleurs-euses et les petit(e)s producteurs-trices en faveur des capitalistes locaux et étrangers.

    Le piège de l’endettement se resserre sur le Maroc de nouveau (la dette publique représente 82% du PIB). Ce cercle infernal de la dette est une des figures du transfert du poids des réformes économiques d’une classe à une autre. Pourtant, cette dette est insoutenable économiquement et socialement |8|

    Enfin, j’ai le regret de vous informer que durant les quatre ans de votre mandat, vous étiez un ardent défenseur de ce transfert et à la pointe de l’offensive contre les classes populaires.

    Veuillez agréer, M. le chef du gouvernement, mes salutations distinguées.

    11 août  Salaheddine Lemaizi Militant d’ATTAC Maroc

    PS : Nous aurions aimé vous inviter à l’une de nos activités autour du thème de l’endettement, mais votre ministre à l’Intérieur (membre essentiel et décisif au sein de votre gouvernement), continue d’interdire ces activités et à harceler nos militant-e-s. À défaut de vous inviter, le site web de l’association et du réseau CADTM sont à votre disposition pour vous proposer une nouvelle perspective sur ce sujet .

    http://www.cadtm.org/Lettre-ouverte