Palestine - Page 63
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Nouveautés sur Agence Médias Palestine
Concert-lecture au profit de la Gaza Music School « UNE MEMOIRE POUR GAZA » 4 heures pour Gaza 12 novembre 2015 Centre culturel Jacques Franck, Chée de Waterloo, 94 1060 Bruxelles Un concert-lecture est organisé avec le soutien du groupe 82 d’Amnesty International Belgique francophone le 12 novembre prochain au profit de la Music School...Jen Tse – Time – 12 octobre 2015 « Plaisirs occupés », de Tanya Habjouqa, présente une portrait nuancé, multidimensionnel, de la capacité humaine à trouver du plaisir face à des circonstances difficiles. Tanya Habjouqa—Panos Une femme à Gaza, sans permis pour voyager, passe par un passage souterrain pour se rendre à une fête en Égypte,...14 octobre 2015 IMEU Experte Diana Buttu, analyste basée à Ramallah, ancienne conseillère du président de l’Organisation de Libération de la Palestine, du président de l’Autorité Palestinienne Mahmoud Abbas et des négociateurs palestiniens, et Conseillère politique de Al-Shabaka : Le Réseau Politique Palestinien. Q – Comment décririez-vous la situation actuelle à...Par Samah Salaime, 12 octobre 2015 Quand il suffit à un flic pour vous tirer dessus que quelqu’un crie « terroriste », il vaut mieux changer votre sonnerie arabe, vous raser la barbe et juste rester chez vous. Samah Salaime propose un guide en cinq étapes pour la survie palestinienne en terre sainte. Un Palestinien man...27 mai 2015 IMEU Le Premier Ministre et Ministre des Affaires Etrangères Benjamin Netanyahu (Chef du Likoud) [Question : Si vous êtes réélu premier ministre, il n'y aura pas d’État palestinien ?] « En effet. » – Mars 2015 « Aussi longtemps que le Likoud sera au pouvoir, nous ne partagerons pas Jérusalem, nous ne ferons pas de concessions, nous... -
Rassemblement en solidarité avec le peuple palestinien et sa jeunesse (Afps)
21 octobre à 18h Place de l’Opéra
Depuis des mois, des événements d’une gravité extrême meurtrissent la Palestine. En Cisjordanie, à Jérusalem-Est et à Gaza, l’armée israélienne tue. Les colons massacrent, provoquent, profanent et démolissent sans limite, au mépris des principes fondamentaux du droit international.
Le gouvernement israélien porte l’entière responsabilité de la dégénération d’une situation devenue explosible et incontrôlable.
C’est pourquoi en solidarité avec la résistance palestinienne, le Collectif national pour une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens appelle tous les démocrates épris de paix et de justice à se rassembler.
Nous dirons avec force :
• Stop à l’agression israélienne
• Sanctions contre Israël
• Solidarité avec le soulèvement de la jeunesse palestinienne
• Arrêt du blocus de Gaza
• Respect de la résolution 194 sur le droit au retour
• Libération de tous les prisonniers politiques palestiniens
• Mise sous protection internationale du peuple palestinien
• Reconnaissance des droits nationaux du peuple palestinienPlus que jamais :
La France doit reconnaître l’Etat de Palestine, agir au Conseil de Sécurité pour faire échec au gouvernement de Benyamin Netanyahou
La France doit agir en Europe pour la suspension de l’accord Union européenne/Israël
Rassemblement
Mercredi 21 octobre 18 heures
Place de l’Opéra
Collectif National pour une Paix Juste et Durable en Palestine (CNPJDPI) - 75009, mercredi 21 octobre 2015
signataires membres du Collectif pour une Paix Juste et Durable entre Israéliens et Palestinien
Agir Contre le Colonialisme Aujourd’hui (ACCA) – AFD International – AILES Femmes du Maroc - Alternative Libertaire (AL) - Américains contre la guerre (AAW) - Association des Travailleurs Maghrébins de France (ATMF) - Association des Tunisiens en France (ATF) - Association France Palestine Solidarité (AFPS) - Association Nationale des Elus Communistes et Républicains (ANECR) - Association pour la Taxation des Transactions financières et pour l’Action Citoyenne (ATTAC) - Association pour les Jumelages entre les camps de réfugiés Palestiniens et les villes Françaises (AJPF) - Association Républicaine des Anciens Combattants (ARAC) - Association Universitaire pour le Respect du Droit International en Palestine (AURDIP) - Campagne Civile Internationale pour la Protection du Peuple Palestinien (CCIPPP) - Cedetim / IPAM - Collectif des Musulmans de France (CMF) - Collectif Faty Koumba : Association des Libertés, Droits de l’Homme et non-violence - Collectif interuniversitaire pour la coopération avec les Universités Palestiniennes (CICUP) - Collectif Judéo-Arabe et Citoyen pour la Palestine (CJACP) - Collectif Paix Palestine Israël (CPPI Saint-Denis) - Comité de Vigilance pour une Paix Réelle au Proche-Orient (CVPR PO) - Comité Justice et Paix en Palestine et au Proche-Orient du 5e arrt (CJPP5) - Droit-Solidarité – Ensemble - Europe Ecologie les Verts (EELV) – Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (FTCR) - Fédération Syndicale Unitaire (FSU) – Forum Palestine Citoyenneté - Gauche Unitaire (GU) - Génération Palestine - La Courneuve-Palestine - le Mouvement de la Paix - les Femmes en noir - Ligue des Droits de l’Homme (LDH) - Ligue Internationale des Femmes pour la Paix et la Liberté, section française de la Women’s International League for Peace and Freedom (WILPF) (LIFPL) - Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples (MRAP) - Mouvement Jeunes Communistes de France (MJCF) - Mouvement Politique d’Emancipation populaire (M’PEP) - Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) - Organisation de Femmes Egalité - Parti Communiste des Ouvriers de France (PCOF) - Parti Communiste Français (PCF) - Parti de Gauche (PG) - Participation et Spiritualité Musulmanes (PSM) – Socialistes pour la Paix – Sortir du colonialisme - Une Autre Voix Juive (UAVJ) - Union des Travailleurs Immigrés Tunisiens (UTIT) - Union Générale des Etudiants de Palestine (GUPS-France) - Union Juive Française pour la Paix (UJFP) - Union Nationale des Etudiants de France (UNEF) - Union syndicale Solidaires
http://www.france-palestine.org/Solidarite-avec-le-peuple-palestinien-et-sa-jeunesse
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Informer sur le Proche-Orient : « La tentation est de se rabattre sur ce qui apparaît comme un "juste milieu" » (Acrimed)
Nous remettons à la « une », trois ans après sa première publication, une interview de Benjamin Barthe, journaliste au Monde, consacrée au traitement médiatique du conflit opposant Israël aux Palestiniens. Les événements de ces derniers jours, et leur couverture par les « grands médias », confirment en effet malheureusement la plupart des constats opérés dans cette interview (Acrimed, 19 octobre 2015).
Dans quelles conditions travaille-t-on lorsque l’on est journaliste dans les territoires palestiniens ?Le terrain est assez singulier. Il n’est pas accessible à tous les journalistes, il y a une forme de filtrage effectué par les autorités israéliennes, avec notamment la nécessaire obtention d’une carte de presse. Si l’on travaille pour une publication installée, renommée, cela s’obtient sans trop de problèmes. Dans le cas contraire, on ne l’obtient pas toujours. Or, par exemple, il est impossible de se rendre à Gaza sans carte de presse. Un second filtrage est effectué par Israël : c’est la censure militaire. Les journalistes à qui une carte est attribuée doivent s’engager à respecter la censure et à ne pas porter atteinte à la sécurité de l’État d’Israël. Enfin, la fragmentation géographique des territoires palestiniens est, de facto, un filtrage. Toutes les zones ne sont pas toujours accessibles. C’est ainsi que, lors des bombardements israéliens sur Gaza, à l’hiver 2008-2009, l’accès était fermé aux journalistes.
Le territoire palestinien est exigu, ce qui crée en réalité des conditions favorables au travail de journaliste. On peut se rendre dans un lieu donné, mener son enquête, rentrer le soir même et rédiger son article. Par ailleurs, cela permet de faire des micro-enquêtes, des micro-reportages, de s’intéresser de manière précise au quotidien des Palestiniens. Parfois j’ai eu l’impression de faire des articles de type presse quotidienne régionale, à ceci près que le moindre de ces micro-reportages met toujours en jeu des questions politiques. Si l’on a envie de bien faire son travail, on peut donc proposer aux lecteurs des sujets originaux, variés, qui peuvent rendre palpable l’expérience quotidienne des Palestiniens et expliquer, beaucoup mieux que bien des sujets sur les épisodes diplomatiques tellement répétitifs et stériles, les enjeux de la situation.
Comment manier les différentes sources sans être victime de la propagande ?On est confronté à une surabondance de sources, en réalité. Il y a bien sûr la presse, notamment la presse israélienne, avec des journalistes qui font très bien leur travail, par exemple au quotidien Haaretz. Il y a aussi une abondance d’interlocuteurs, notamment du côté palestinien, avec une réelle disponibilité. Ils veulent parler de leur situation, la faire connaître. Ils estiment que c’est dans leur intérêt de parler aux médias. Par exemple, il est relativement facile de parler, à Gaza, à un ministre du Hamas. Il y a aussi les sources venues de la société civile, avec les nombreuses ONG, tant du côté palestinien que du côté israélien, ou des différentes agences de l’ONU, très présentes sur le territoire. Ces ONG et ces agences produisent en permanence des rapports, des enquêtes, qui représentent une matière première considérable.
L’important, c’est la gestion de ces sources. Le fait qu’il y ait surabondance peut en effet s’avérer être un piège. Premièrement, ces sources ne sont pas toutes désintéressées, elles peuvent avoir un agenda politique, il faut donc en être conscient et les utiliser à bon escient. Mais il y a un autre danger : on constate une tendance, dans la communauté des journalistes, à considérer que les sources israéliennes et les sources palestiniennes sont par définition partisanes. La tentation est donc de se rabattre sur ce qui apparaît comme un « juste milieu » : les sources venues de la communauté internationale, notamment les rapports de l’ONU, de la Banque mondiale, du FMI, etc. Ce n’est pas mauvais en soi, certains de ces rapports sont très fournis, très documentés, mais il y a tout de même des précautions à prendre. En effet, ces sources internationales restent prisonnières d’une certaine vision du conflit : la plupart d’entre elles sont arrivées dans la région après les accords d’Oslo et leur lecture du conflit est imprégnée de la logique et de la philosophie d’Oslo.
Un exemple : la Banque mondiale a sorti récemment un rapport sur la corruption dans l’Autorité palestinienne. Les conclusions du rapport étaient en forme d’encouragement à la nouvelle administration palestinienne et au Premier ministre, Salam Fayyad, pour son travail de transparence, de modernisation des infrastructures et des institutions palestiniennes. Ce qui est assez choquant ici, c’est que la Banque mondiale est partie prenante de ce travail de réforme, elle verse de l’argent, elle participe aux programmes de développement qui sont mis en place dans les territoires palestiniens, etc. Que la Banque mondiale s’érige donc en arbitre des élégances palestiniennes, qu’elle distribue les bons et les mauvais points sur la corruption, est assez déplacé, puisque ce sont des politiques dans lesquelles elle est pleinement investie qu’elle prétend juger.
J’ai rencontré la personne qui a enquêté et fait ce rapport, et il s’avère qu’elle a démissionné. En effet, son rapport a été en partie réécrit. C’est la philosophie même de son rapport qui a été remaniée, puisqu’elle y expliquait qu’en réalité c’était la structure même d’Oslo qui expliquait la corruption : un régime censé gérer une situation d’occupation pour le compte d’un occupant, en l’aidant par exemple à y faire la police, est par nature, par essence, générateur de corruption, qu’elle soit morale, politique ou économique. Or la Banque Mondiale n’a pas voulu que cette question soit abordée, y compris par sa principale enquêtrice : cela en dit long sur la situation, de plus en plus bancale, de plus en plus problématique, dans laquelle se trouvent ces organismes internationaux. Ils demeurent prisonniers d’un paradigme qui date de plus de vingt ans, et qui a largement failli. Il faut donc manier ces sources avec prudence.
Certains insistent particulièrement sur le poids des mots, et notamment sur la portée symbolique de certains termes : mur/barrière, colonies/implantations, etc. Qu’en penses-tu ?Le débat au sujet de la clôture construite par Israël (faut-il parler d’un mur ? D’une barrière ? D’une clôture ?) est pour moi assez vain. Par endroit il s’agit effectivement d’une clôture électronique, avec des barbelés, à d’autres endroits il s’agit bien d’un mur... Donc le débat sur le nom m’intéresse assez peu. Pour moi, ce qui est essentiel, c’est de montrer les processus à l’œuvre derrière les mots, de montrer les réalités.
On peut tout à fait dire qu’Israël construit un mur, mais si l’on oublie de préciser que ce mur est construit dans les territoires palestiniens et non pas entre Israël et la Cisjordanie, on passe à côté de la réalité de ce mur. Si on oublie de préciser, à propos des portes qui ont été aménagées par Israël dans le mur en expliquant qu’il ne s’agissait donc pas d’une annexion car les agriculteurs dont les champs se situent de l’autre côté du mur pourraient le franchir, qu’en réalité ces portes demeurent, la plupart du temps, fermées, ou que les soldats censés les ouvrir arrivent régulièrement en retard, de nouveau on rate la réalité.
Il y a bien des mots qui sont piégés, mais pas nécessairement ceux auxquels on pense. Ainsi en va-t-il de Gilad Shalit, que presque tout le monde a présenté comme un « otage » qui avait été « kidnappé ». J’ai pour ma part toujours fait attention, dans mes écrits, à le qualifier de « prisonnier ». En effet, pour moi il ne fait aucun doute qu’il s’agissait bien d’un prisonnier de guerre, au même titre qu’un grand nombre de détenus palestiniens dans les prisons israéliennes. Et Gilad Shalit n’avait pas été « kidnappé », mais bien capturé par les Palestiniens.
Autre exemple, et autre catégorie de mots piégée : c’est toute la nomenclature qui a été mise en place avec le processus d’Oslo. On parle de « processus de paix », de « président palestinien », de « gouvernement palestinien », etc. Le terme de « président » ne figurait pas, au départ, dans les accords d’Oslo. C’est la vanité de Yasser Arafat, et l’intelligence politique de Shimon Pérès, notamment, qui a vite compris l’intérêt qu’il avait à utiliser lui aussi ce terme. L’idée qu’il y avait un « président palestinien » entretenait l’idée qu’il se passait quelque chose d’historique : les Palestiniens avaient désormais un « président », ils n’étaient donc pas loin d’avoir un État... Or il est intéressant de questionner ce vocabulaire, cette sémantique : quels sont exactement les pouvoirs de ce « président » ? En réalité, il n’a pas beaucoup plus de pouvoir et d’attributions qu’un préfet (sécurité, aménagement du territoire), si ce n’est le fait qu’il peut se déplacer à l’étranger en prenant un avion prêté pour l’occasion par un pays arabe. Ses « pouvoirs » ne s’exercent en outre que sur une partie de la Cisjordanie, 40 % si l’on est optimiste, 18 % si l’on est plus réaliste et que l’on ne prend en compte que ce que l’on nomme les « zones autonomes » palestiniennes. Voilà qui donne une idée un peu plus précise de ce qu’est le « président » palestinien.
Il en va de même avec le « processus de paix ». Ce terme entretient l’idée que même si parfois il y a des incidents, des moments un peu compliqués, globalement il y a un processus, une dynamique. Or force est de constater que, s’il y a peut-être eu au départ une dynamique, le « processus de paix » est très rapidement devenu un processus de chantage, un bras de fer totalement déséquilibré entre le géant israélien et le lilliputien palestinien, duquel Israël n’avait rien à craindre. C’est ainsi qu’avec sa mainmise sécuritaire Israël a pu continuer à acculer les Palestiniens, à construire les colonies, etc. Je pense donc que c’est bien du devoir des journalistes d’interroger ces termes, ces mots, et de leur redonner leur véritable sens.
Je voudrais finir en ajoutant que ce qui est valable pour les mots est également valable dans un autre domaine : les cartes. Il existe en effet une production cartographique « classique » qui structure l’imaginaire, y compris l’imaginaire médiatique. On serait face à une région que l’on peut diviser en deux : à l’ouest, Israël, et à l’est, la Cisjordanie. Cela entretient l’idée que l’on va vers la création de deux États, qu’il suffirait d’opérer un découpage le long de la « ligne verte » qui séparerait Israël de la Cisjordanie. Or la réalité est bien différente : il y a, partout d’est en ouest, l’État d’Israël, avec en son sein quelques enclaves palestiniennes. Et lorsque l’on déplace le curseur géographique, comme lorsque l’on interroge le vocabulaire, on questionne vraiment les schémas classiques et les paradigmes sur la base desquels est trop souvent construite l’information. lundi 19 octobre 2015
Avant de devenir journaliste au Monde (desk Proche-Orient), Benjamin Barthe a été pigiste à Ramallah durant neuf ans, de 2002 à 2011. Il a reçu le prix Albert Londres en 2008 pour ses reportages sur Gaza. Il est l’auteur de Ramallah Dream, voyage au cœur du mirage palestinien [1]. En octobre 2010, il participait à un « Jeudi d’Acrimed » dont la vidéo est visible ici-même. Pour le n° 3 de Médiacritique(s) (avril 2012), il nous a accordé l’entretien reproduit ci-dessous.
http://www.acrimed.org/Informer-sur-le-Proche-Orient-La-tentation-est-de-se-rabattre-sur-ce-qui
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Une Intifada qui ne dit toujours pas son nom (CCR)
«Vendredi de la révolution». La Palestine s’éveille !
Pawel Basnacki
Ce vendredi 16 octobre, les organisations palestiniennes avaient appelé à un « vendredi de la révolution ». Des manifestations ont eu lieu en Cisjordanie et dans la bande de Gaza après la grande prière hebdomadaire. L’appel faisait notamment suite à l’annonce de la fermeture de l’esplanade des Mosquées, à Jérusalem, à tous les hommes de moins de quarante ans. Quatre Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes dans la journée : l’un en Cisjordanie occupée, un autre près de Naplouse et deux autres dans la bande de Gaza lors d’une manifestation à proximité du mur.
Un peuple poussé à bout
La fermeture de l’esplanade des Mosquées intervenait, selon la police israélienne, « dans le cadre des mesures destinées à empêcher toute attaque terroriste ». Cette limitation de circulation constitue une grave attaque contre le peuple palestinien, en empêchant une grande majorité de la population d’accéder au troisième lieu le plus important de l’islam. Cette fermeture s’est accompagnée d’un déploiement de 300 soldats dans Jérusalem. L’un des derniers déploiements aussi importants de soldats remonte à 2002, pendant la deuxième Intifada, en même temps qu’une vaste opération militaire israélienne était menée en Cisjordanie occupée.
Dans un contexte d’une telle violence contre la population palestinienne, quatre morts se sont ajoutées aux 32 victimes palestiniennes tuées depuis début octobre. Alors que le Premier ministre Benjamin Netanyahu rabâche que « le terrorisme au couteau ne nous vaincra pas », le gouvernement israélien vient d’autoriser l’emploi à Jérusalem d’un fusil de sniper Ruger. Utilisé dans une manifestation près de Naplouse début octobre, celui-ci a blessé 55 palestiniens en l’espace de quelques heures. Comme quoi les « terroristes » ne sont pas ceux que l’on montre du doigt. Un enfant de 13 ans armé d’un couteau n’est que l’image d’un mouvement spontané de jeunes qui ont pris conscience de la trahison de leurs dirigeants. Le couteau est une arme de désespoir, pour ces jeunes qui n’ont connu que la colonisation et l’apartheid.
La première action de ce vendredi de la révolution a été d’incendier le Tombeau de Joseph à Naplouse, en Cisjordanie occupée. Les juifs vénèrent ce site, qui abrite selon eux la dépouille de Joseph, l’un des douze fils de Jacob, mais qui est le lieu de sépulture d’un des cheikh local pour les palestiniens. L’édifice a subi d’importants dégâts avant que les forces de sécurité palestiniennes n’interviennent. Le rôle de l’Autorité Palestinienne est alors apparu avec clarté...
Une Autorité Palestinienne désavouée
Alors que Mahmoud Abbas n’encourage en rien la révolte légitime du peuple palestinien, il est sorti de son silence suite à l’incendie, pour déplorer un acte « irresponsable ». Il a ainsi donné raison au secrétaire d’État américain, John Kerry, qui expliquait que « Le président Abbas s’est engagé en faveur de la non-violence » et qu’« il doit [la] condamner haut et fort ». Au lieu d’apporter un soutien au peuple, l’autorité palestinienne tente de canaliser la violence et de garder sa place officielle aux yeux du monde alors qu’elle est de plus en plus désavouée par les palestiniens. Abbas menace également de rompre les accords d’Oslo, une tactique utilisée à de nombreuses reprises. Par là, il tente de récupérer un peu de popularité auprès du peuple, mais également d’appeler à l’aide l’Etat israélien. Benjamin Netanyahu pousse à une rencontre avec le président palestinien, tout en lui reprochant d’encourager la violence. Il l’empresse de cesser « de justifier » et « d’appeler aux violences », ce qui est pourtant loin d’être la position d’Abbas.
Cette situation s’inscrit dans le cadre de la coopération entre l’État israélien et l’autorité palestinienne. Pour mieux contrôler la Cisjordanie, l’État sioniste fait appel aux autorités mises en place par les traités d’Oslo. Celles-ci permettent aux forces de sécurité palestiniennes de collaborer en partageant des informations, en procédant aux arrestations des opposants, et en contrôlant, in fine, la colère légitime du peuple palestinien par une de ses minorités. Cette stratégie coloniale a déjà fait ses preuves par le passé.
La Jordanie, qui en appelle au conseil de sécurité des Nations Unies, ne va pas non plus dans le sens de la mobilisation du peuple palestinien. Et pour cause. Il ne faut pas oublier qu’elle convoite le territoire de la Cisjordanie. On se souvient aussi du « Septembre noir » qui, en 1970, a coûté la vie à des milliers de palestiniens. Une chose est sûre, la révolte des palestiniens ne sert pas les affaires du roi de Jordanie Abdallah II.
Le peuple palestinien ne peut compter que sur lui même pour combattre l’occupant et ses alliés. Et nous ne pouvons que porter l’idée d’une solidarité internationale avec le peuple palestinien, en combattant l’impérialisme de nos États, soutien de l’État israélien. Publié le 16 octobre 2015
http://www.revolutionpermanente.fr/Vendredi-de-la-revolution-La-Palestine-s-eveille
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Nouveautés sur Association France Palestine Solidarité
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C’est ainsi que les soldats israéliens ont fabriqué l’agression au couteau d’Hébron
Ma’an News, samedi 17 octobre 2015 -
Israël-Palestine : ce que signifie l’incendie du tombeau de Joseph
PROPOS RECUEILLIS PAR CATHERINE GOLLIAU- Le Point.fr, dimanche 18 octobre 2015 -
Israël-Palestine : le Conseil de sécurité de l’ONU se réunit en urgence
RTBF avec Belga, vendredi 16 octobre 2015 -
Les Palestiniens appellent à un "vendredi de la révolution"
7 sur 7 avec Belga, vendredi 16 octobre 2015
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Nouvelle Intifada pour une Nouvelle Génération
David Hearst Rédacteur en chef- “Middle East Eye” , dimanche 18 octobre 2015 -
« La criminalisation du boycott est illégale et viole la liberté d’expression »
Shawan Jabarin, de al Haq, dans Altermondes, vendredi 16 octobre 2015 -
La jeunesse palestinienne à couteaux tirés avec Israël
Michel Warschawski, Orient XXI, vendredi 16 octobre 2015 -
La surdité israélienne, moteur de la révolte palestinienne
René Backmann, Mediapart, vendredi 16 octobre 2015
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Julien Salingue sur FR2
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Palestine-Israël. Dix balles, et elle ne s’est jamais approchée des soldats israéliens
16 - octobre - 2015Par Amira Hass D’un ton neutre, presque technique, le médecin décrit les blessures produites par les balles de l’armée israélienne qui conduisirent à la mort de Hadeel al-Hashlamoun, âgée de 18 ans. Une balle entra sur son flanc gauche et sortit par son dos. Un éclat se logea dans son genou droit, un os brisé […]
Ni Daech, ni Assad, pour une paix juste
16 - octobre - 2015• Les diverses initiatives militaires, en Syrie, d’une coalition hétéroclite contre ledit Etat islamique (Daech) participe d’une réécriture politique propagandiste du «printemps arabe» en Syrie. Le soulèvement massif et pacifique de la population, dès mars 2011, est effacé des mémoires médiatisées. Sont gommées, de plus en plus: la terrible répression du régime Assad, opérée par ses […]
Palestine. Aux côtés des Palestiniens, contre l’occupation
14 - octobre - 2015Par Julien Salingue Les grands médias et les analystes autoproclamés s’interrogent: comment comprendre la multiplication, ces derniers jours, des attaques menées par des Palestiniens en Cisjordanie, à Jérusalem et en Israël? Pourquoi le «calme précaire» a-t-il cédé le pas à un «regain de violences»? Le gouvernement israélien va-t-il pouvoir «reprendre le contrôle» de la situation?
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Nouveautés sur Association France Palestine Solidarité
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L’aggravation des violences ne doit pas masquer la mobilisation légitime des Palestiniens pour leurs droits fondamentaux
Communiqué de la FIDH, jeudi 15 octobre 2015 -
Un ami de l’AFPS est mort, assassiné par l’armée israélienne
AFPS Saint-Brieuc - MJC Saint-Brieuc, mercredi 14 octobre 2015
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Israël ne rendra plus à leurs proches les corps des Palestiniens auteurs d’attaques
La Presse.ca avec AFP, vendredi 16 octobre 2015
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Rassemblement 10 octobre
AFPS Finistère Nord, mercredi 14 octobre 2015
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Un ami de l’AFPS est mort, assassiné par l’armée israélienne (Afps 22)
Nous avions rencontré Moataz cet été en Bretagne. Notre ami palestinien Moataz est mort assassiné par l’armée, hier à Bethléem.
Il était venu à l’invitation de la Fédération des MJC des Côtes d’Armor pour participer à des échanges, pour débattre avec d’autres jeunes étrangers de la question des murs réels et symboliques qui empêchent la construction d’un monde meilleur. Ils imaginaient ensemble des démocraties où chacun pourrait vivre sans haine.
Moataz était heureux quand il était face à la mer : cela lui procurait une sensation de liberté, de légèreté, qu’il n’avait pas connue avant. Il adorait le football et avait envisagé de jouer dans l’équipe nationale palestinienne. Il aimait la vie, la musique, la danse, les copains. Moataz avait 27 ans, 27 années passées dans le camp de Deheishe, à Bethléem.
Il appartenait à une famille connue pour sa lutte pacifique contre l’occupation : sa mère, ses cousins et son oncle Naji Owdah ont été arrêtés à de nombreuses reprises ; son frère Ghassan est actuellement en prison en détention administrative depuis 8 mois. Lors de la seconde intifada, son cousin Jad avait été assassiné dans les mêmes conditions. Aujourd’hui, au cours de ce que nos amis appellent la 3è intifada, c’est Moataz qui s’est fait prendre la vie par les Israéliens. Cet été Ghassan avait entamé une grève de la faim qu’il a terminé depuis peu.
Depuis son retour en Palestine, ses copains, sa famille ne cessaient de lui demander pourquoi il n’était pas resté en France. Ce à quoi Moataz répondait : "mon frère est en prison, il fait une grève de la faim, sa vie est en danger. Je ne veux pas qu’il meure sans que je sois là."
Moataz est mort au checkpoint de Bethléem. Il est mort lors d’une manifestation non violente. Il protestait contre l’assassinat d’un autre jeune tué la veille par l’armée israélienne.
Moataz est mort. Son frère est toujours en prison. Ils ne se sont pas revus. Il manquera à sa famille, à ses amis et il nous manquera mais il restera pour nous tous le combattant de liberté.
Nathalie Thouquan-Lailet, Marie-Noëlle Blavet pour l’AFPS
Corinne Le Fustec, Yoann Le Puil pour les MJCAFPS Saint-Brieuc - MJC Saint-Brieuc, mercredi 14 octobre 2015
http://www.france-palestine.org/Un-ami-de-l-AFPS-est-mort-assassine-par-l-armee-israelienne
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Informer sur le Proche-Orient : le syndrome de Tom et Jerry (Acrimed)
Nous remettons à la « une », trois ans après sa première publication, un article consacré au traitement médiatique du conflit opposant Israël aux Palestiniens. Les événements de ces derniers jours, et leur couverture par les « grands médias », confirment en effet malheureusement la plupart des constats opérés dans cet article (Acrimed, 15 octobre 2015).
Contrairement à d’autres questions d’actualité internationale, le conflit opposant Israël aux Palestiniens est l’objet de nombreux articles, sujets et reportages. Le problème de la couverture médiatique de ce conflit n’est donc pas tant quantitatif que qualitatif. Un décryptage de cette couverture nous conduit à distinguer trois travers majeurs qui caractérisent l’information relative au Proche-Orient, telle qu’elle nous est proposée par les « grands médias ».
De l’art d’équilibrer une situation déséquilibrée
Le premier de ces biais est celui de l’injonction permanente à un traitement « équilibré » du conflit. Les événements du Proche-Orient suscitent en France, pour des raisons politiques, historiques et culturelles que l’on ne pourra pas développer ici, une attention toute particulière. Ils sont générateurs de passions et leur perception est marquée par une lourde charge émotive, ce qui ne manque pas d’avoir des répercussions sur la manière dont les grands médias essaient de les couvrir.
D’où l’injonction au traitement « neutre », que l’on peut parfois assimiler à une forme de censure, voire d’autocensure de la part de certains journalistes et de certaines rédactions : il ne faudrait pas froisser l’un des deux « camps » et, pour ce faire, adopter une position « équilibrée ».
Or la situation ne s’y prête pas, pour la bonne et simple raison que l’Etat d’Israël et les Palestiniens ne sont pas dans une situation équivalente. S’il existe bien un « conflit » opposant deux « parties », nul ne doit oublier que ses acteurs sont, d’une part, un Etat indépendant et souverain, reconnu internationalement, doté d’institutions stables, d’une armée moderne et suréquipée et, de l’autre, un peuple vivant sous occupation et/ou en exil, sans souveraineté et sans institutions réellement stables et autonomes.
Adopter une démarche qui se veut équilibrée conduit donc nécessairement à occulter certains aspects de la réalité, tout simplement parce qu’ils n’ont pas d’équivalent dans l’autre « camp ». C’est ainsi que les grands médias privilégieront les moments de tension visible, en d’autres termes militaires, les « échanges de tirs », les « victimes à déplorer dans les deux camps » ou, dans un cas récent, les « échanges de prisonniers ». Il s’agit de montrer que la souffrance des uns ne va pas sans la souffrance des autres, et que les moments de tension ou d’apaisement sont liés à des décisions ponctuelles prises par l’un ou l’autre des deux « camps », ou par les deux conjointement.
C’est ainsi qu’un tel traitement médiatique occulte presque totalement ce qui est pourtant l’essentiel de la vie quotidienne des Palestiniens et l’un des nœuds du « conflit » : l’occupation civile (colonies) et militaire (armée) des territoires palestiniens. Les camps militaires israéliens et les colonies n’ont pas d’équivalent en Israël, pas plus que les centaines de checkpoints qui morcellent les territoires palestiniens, le mur érigé par Israël, les réquisitions de terres et les expulsions, les campagnes d’arrestations, les attaques menées par les colons, les périodes de couvre-feu, les routes interdites sur critère national, etc.
Une couverture qui se veut « équilibrée » conduit nécessairement, par la recherche permanente d’un contrepoint, d’un contrechamp, d’une équivalence, à passer sous silence des informations pourtant essentielles : c’est ainsi qu’il faut aller consulter la presse israélienne pour savoir, par exemple, que pour la seule année 2010 ce sont pas moins de 9 542 Palestiniens de Cisjordanie qui ont été déférés devant les tribunaux militaires israéliens, avec un taux de condamnation de 99,74 %. Une information des plus parlantes, mais qui n’a pas d’équivalent côté israélien. Elle ne sera donc pas traitée.
Cette couverture biaisée, cette « obsession de la symétrie », au nom d’une prétendue neutralité, conduit donc les grands médias à offrir une image déformée des réalités proche-orientales. Le public est ainsi dépossédé d’une partie pourtant indispensable des éléments de compréhension de la persistance du conflit opposant Israël aux Palestiniens. A fortiori dans la mesure où ce premier biais se double d’un second, tout aussi destructeur pour la qualité de l’information : le « syndrome de Tom et Jerry ».
Le syndrome de Tom et Jerry
Tom et Jerry, célèbres personnages de dessins animés, sont en conflit permanent. Ils se courent après, se donnent des coups, construisent des pièges, se tirent parfois dessus et, quand ils semblent se réconcilier, sont en réalité en train d’élaborer de nouveaux subterfuges pour faire souffrir l’adversaire. Le spectateur rit de bon cœur, mais il reste dans l’ignorance : il ne sait pas pourquoi ces deux-là se détestent, on ne lui a jamais expliqué pourquoi Tom et Jerry ne peuvent pas parvenir à une trêve durable, voire une paix définitive.
La comparaison a ses limites, mais il n’est sans doute pas exagéré de considérer que les grands médias, notamment audiovisuels, nous offrent souvent, lorsqu’il s’agit du Proche-Orient, une information digne de Tom et Jerry : « le cycle de la violence a repris » ; « la trêve a été brisée » ; « la tension monte d’un cran » ; « les deux parties haussent le ton » ; etc.
Mais pourquoi ces deux-là se détestent-ils ? Bien souvent, le public n’aura pas de réponse. Il devra se contenter d’une couverture médiatique qui se focalise sur la succession des événements, sans s’interroger sur les causes profondes ou sur les dynamiques à long ou moyen terme. L’information est donc la plupart du temps décontextualisée, dépolitisée, déshistoricisée, quitte à flirter allègrement avec le ridicule.
C’est ainsi qu’en décembre 2010, un véritable morceau de bravoure a été publié dans le quotidien Libération. Ce « reportage », que nous avons analysé en détail sur notre site [1], cumulait la quasi-totalité des travers de l’information relative au Proche-Orient, entre autres le syndrome de Tom et Jerry. Nous écrivions alors :
L’absence de la mention des racines politiques et historiques des « tensions » peut parfois confiner au ridicule. Témoin ce passage de l’article, un véritable chef-d’œuvre du genre : « Les tensions se sont pourtant multipliées ces derniers temps. En août, l’élagage d’un arbre par des soldats israéliens sur la ligne bleue, tracée par l’ONU après le retrait israélien du Sud-Liban en 2000, a fait quatre morts et failli dégénérer en conflit ouvert. » On se frotte les yeux et on relit pour être sûr de bien comprendre, en retenant seulement cette fois-ci le sujet, le verbe et le complément : L’élagage d’un arbre… a fait quatre morts.
Mais que s’est-il passé ? Les élagueurs sont-ils tombés de l’arbre ? Ou alors est-ce l’arbre qui est tombé sur une famille qui pique-niquait tranquillement ? Ou peut-être, autre explication plausible, est-ce le Hezbollah, mouvement islamique et donc, à sa façon, « vert », qui a manifesté sa fibre écologiste en voulant venger la mort d’un arbre ?
Trêve d’ironie : malheureusement, l’incident dit « de l’arbre » a, lui aussi, été tragique, se soldant par la mort de deux policiers et d’un journaliste libanais, ainsi que celle d’un officier israélien. La seule explication qui permet de comprendre comment les choses ont ainsi pu dégénérer est bien évidemment le contentieux frontalier entre Israël et le Liban. En effet, même si Israël s’est retiré du Liban en 2000 après vingt-deux années d’occupation, le tracé de la « frontière » est toujours objet de polémique. Polémique aussi au sujet de la zone dite des « fermes de Chebaa », conquise par Israël en 1967. Et quiconque observe la vie politique régionale sait que c’est notamment parce qu’il revendique la souveraineté arabe sur les zones occupées que le Hezbollah se considère toujours en guerre contre Israël.
C’est ainsi que bien souvent les grands médias proposent au public de se focaliser sur l’arbre qui cache la forêt. Les événements spectaculaires et les causalités immédiates sont privilégiés, au détriment de l’exposé et de l’analyse des causes profondes et des tendances sur la longue durée. Le pseudo-équilibre et la course à l’événement vont peut-être offrir au public les moyens de s’émouvoir, mais absolument pas de comprendre.
Un journalisme de diplomates ?
Un troisième et dernier biais peut être identifié : il s’agit de l’alignement quasi-systématique des lignes éditoriales sur l’agenda diplomatique. Il ne s’agit pas seulement de privilégier, ou de valoriser, les analyses et les propositions de la diplomatie française et, plus généralement, occidentale. Il s’agit bien souvent de trier les informations, consciemment ou non, en fonction des aléas du mal-nommé « processus de paix ».
Deux exemples illustrent cette idée. C’est seulement à partir de l’année 2002 que la thématique de la nécessaire « réforme » de l’Autorité palestinienne a fait son apparition marquée dans les grands médias français. Corruption, clientélisme, népotisme, etc. : le « système Arafat » était un véritable échec, et toute perspective de « sortie du conflit » passerait nécessairement par une refonte du système institutionnel palestinien et par l’émergence de nouveaux acteurs. Coïncidence ? C’est précisément à cette période que les Etats-Unis et Israël ont considéré que Yasser Arafat, qui avait pourtant été un acteur central du « processus de paix », n’était plus un interlocuteur crédible et devait être mis hors-jeu.
La corruption et l’incurie de l’appareil politico-administratif palestinien étaient un secret de polichinelle pour quiconque s’intéressait un tant soit peu à la question. Nombre de rapports d’ONG ou de commissions parlementaires étaient en circulation depuis le milieu des années 1990. Ces informations avaient été rarement relayées et ne semblaient pas, à l’époque, nécessiter une attention médiatique particulière. L’explication la plus probable est qu’alors, le « processus de paix » dans sa version originelle semblait demeurer une perspective crédible pour les Occidentaux et qu’il ne fallait pas prendre le risque de le mettre en péril en critiquant ouvertement la direction Arafat. C’est lorsque la donne diplomatique a changé, au début des années 2000, que l’attention des médias s’est progressivement déplacée vers des questions jusqu’alors ignorées.
Deuxième exemple, parmi d’autres : Mahmoud Abbas. Le président de l’Autorité palestinienne est lui aussi un personnage central du « processus de paix ». Considéré comme plus « modéré » et plus « pragmatique » que son prédécesseur, Yasser Arafat, il a durant de longues années bénéficié des louanges de l’administration états-unienne, des chancelleries occidentales et même des responsables israéliens. Et même si la démarche qu’il a entreprise à l’ONU lui a attiré de nombreuses critiques, il continue d’être considéré comme un élément clé dans la perspective d’éventuelles négociations.
Tel est le personnage que donnent également à voir les grands médias. Mais le public sait-il, par exemple, que Mahmoud Abbas a préfacé en 1983 un ouvrage de Robert Faurisson sur les chambres à gaz, avant de publier une thèse de doctorat contenant des éléments négationnistes ? Non. Cette information est-elle indispensable et mériterait-elle nécessairement d’être communiquée ? La question mérite débat. Mais imaginons, l’espace d’un instant, que ce ne soit pas Mahmoud Abbas mais l’un des deux dirigeants les plus en vue du Hamas (Khaled Meshaal et Ismaïl Haniyah) qui ait préfacé Faurisson ou publié une thèse négationniste. Peut-on imaginer que cette information serait longtemps dissimulée au public ? La réponse est, bien évidemment, dans la question.
L’hypothèse selon laquelle Mahmoud Abbas jouit d’un traitement « différencié » en raison de son rôle, avéré ou non, potentiel ou plausible, dans une solution diplomatique telle que la conçoivent les pays occidentaux, est donc très largement probable. Elle est, à l’image du changement de ton par rapport à Yasser Arafat, une des très nombreuses confirmations de l’alignement, volontaire ou non, de la plupart des grands médias sur les positions et les rythmes diplomatiques français, phénomène typique du « journalisme de guerre » (voir à ce sujet sur notre site la rubrique « Journalisme de guerre »). Il ne s’agit évidemment pas de porter un jugement sur la politique française ou sur les dirigeants palestiniens eux-mêmes, mais bien de constater, une fois de plus, que la rigueur journalistique s’efface lorsque la diplomatie s’en mêle.
Quelques notables exceptions permettent d’éclaircir un peu ce sombre tableau, notamment du côté des rares correspondants permanents de la presse écrite et audiovisuelle. Mais leur rareté ne fait que confirmer les tendances générales telles que nous venons de les décrire. Les trois écueils que nous avons signalés ici sont rarement évités par les grands médias et ajoutent une victime supplémentaire au conflit opposant Israël aux Palestiniens : l’information.
Julien Salingue jeudi 15 octobre 2015
Article publié dans le magazine trimestriel d’Acrimed, Médiacritique(s), n°3 (avril 2012)
http://www.acrimed.org/Informer-sur-le-Proche-Orient-le-syndrome-de-Tom-et-Jerry