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Solidarité - Page 22

  • Récupération politique ? (Révolution Permanente)

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    Montpellier Rassemblement Alep. Le PS à la baguette pour dédouaner l’impérialisme français !

    Environ 150 personnes se sont rassemblées ce vendredi 16 décembre à Montpellier pour témoigner de leur soutien à la population de la ville d’Alep, à l’appel du collectif « Alep : pour un cessez-le-feu immédiat ». Mais derrière un mot d’ordre formulé de façon très large et donc facilement trompeur, le contenu politique concret imposé lors de l’événement s’est malheureusement révélé être une couverture pour l’impérialisme français.

    L’événement a circulé sur la toile :

    le collectif local « Alep : pour un cessez-le-feu immédiat » organisait, ce vendredi soir, son onzième rassemble- ment pour Alep, incitant à se rassembler « en soutien à la population civile de la ville d’Alep ». Une initiative qui semblait bienvenue face aux massacres, aux bombardements et aux souffrances que subit la population syrienne depuis des années, et dont les médias français nous incitent à nous rendre compte tout spécialement maintenant. Il est évident que si l’émotion est un début, il faudrait réussir à la transformer en force de frappe collective pour mettre un terme à l’horreur.

    Mais cet appel minimal et ce collectif au nom très neutre cachaient en fait une réalité et des contenus bien plus orientés. Sur place, les slogans entonnés dénonçaient Al-Assad, Poutine et Khamenei, chef religieux de l’Iran.

    Mais lorsqu’une militante de BDS a voulu ajouter Hollande à la liste des « assassins », les organisateurs du rassemblement, dont une partie est encartée au PS, lui ont vite fait comprendre que ce genre d’initiative n’était pas souhaité. Une façon de passer délibérément sous silence la responsabilité des autres pays impérialistes, à commencer par la France.

    Le tract distribué, dans la même veine, cible le régime d’Al-Assad, présenté comme seul responsable des massacres et des bombardements, qui ne sont pourtant en aucun cas l’apanage du régime syrien. Tout en dénonçant sur son tract le complotisme qui « tend à douter de tout », le collectif « Alep : pour un cessez-le-feu immédiat » l’alimente donc, en se présentant comme un faux-nez du PS manipulant une émotion populaire légitime pour justifier la politique du gouvernement.

    En affichant en outre la volonté « d’aider les réfugiés qui sont plusieurs millions dans plusieurs pays (Liban, Jordanie, Turquie, Grèce) », les organisateurs font mine d’oublier le bilan comptable du quinquennat Hollande et ses millions de réfugiés syriens refoulés ou morts pendant leur voyage vers l’Europe. On se souvient d’Aylan, mais qui parlera des autres ?

    Le reste n’est qu’hypocrisie et larmes de crocodile, in fine négation des responsabilités du parti au pouvoir, dont se réclame une partie des organisateurs. Exiger un cessez-le-feu, non seulement sur Alep mais sur toute la Syrie, est une évidence ; mais il faut y ajouter l’ouverture des frontières et l’accueil immédiat de tous les réfugiés.

    Pour finir, les discours prononcés devant la Préfecture, dont celui de Michel Calvo (trésorier de la fédération PS de l’Hérault) ont appelé à restructurer le collectif pour mener une action humanitaire en soutien au peuple syrien.

    Mais une action humanitaire sera bien dérisoire si les impérialistes de tout poil, Hollande, Valls ou Fillon les premiers, poursuivent leur politique guerrière et meurtrière. Face à l’urgence de la situation, nos supplications sont dérisoires : l’heure est à la reconstruction de solidarités internationalistes fortes, pour le renversement d’un système qui n’en finit plus de pourrir et d’entraîner dans ses convulsions des millions de vies humaines.

    Dom Thomas

    http://www.revolutionpermanente.fr/

  • Alep : Au milieu des décombres et du sang, Assad et Poutine crient victoire (Révolution Permanente)

    Il s’agit sans doute de l’épilogue de la période ouverte avec les printemps arabes de 2011.

    Alors que la situation à Alep est plus que dramatique, le dictateur Assad crie victoire, épaulé par son allié russe, Vladimir Poutine. Une victoire annoncée de la réaction, qui ne devrait en aucun cas mettre fin à la barbarie qui règne actuellement en Syrie.

    Assad parle de "libération" d’Alep. Poutine appelle au cessez le feu dans tout le pays

    A Alep, les troupes loyalistes du gouvernement Assad ont repris la ville, en ruine après 6 ans de guerre. Dans une vidéo postée sur Facebook, le dictateur s’est félicité de la "libération" d’Alep, un succès qu’il n’aurait jamais obtenu sans ses alliés, en particulier la Russie. Vladimir Poutine n’est d’ailleurs pas en reste, appelant ouvertement à un cessez le feu immédiat sur l’ensemble du territoire Syrien. Le tandem Assad/Poutine, fer de lance de la réaction la plus barbare depuis l’ouverture du processus révolutionnaire en 2011, sort sans conteste vainqueur au milieu des décombres et des cadavres du peuple syrien : plus de 400 000 depuis le début du conflit pour ce qui reste sans doute la plus grande boucherie de ce début de XXI° siècle.

    Sans alternative progressiste et prise du pouvoir par les travailleurs, c’est bel et bien la barbarie qui l’emporte. Une barbarie encore loin d’être terminée, tant cette victoire objective d’Assad laisse le champ libre aux représailles, exécutions et épurations. Les ruines d’Alep offrent le visage saisissant des conséquences d’une solution "pro-impérialiste", d’une révolution déviée vers les intérêts de diverses puissances réactionnaires. Un scénario loin d’être isolé, quand on pense à la situation de Mossoul en Irak, au Yémen ou les phénomènes contre-révolutionnaires sanglants en Tunisie et en Egypte.

    Exiger l’ouverture des frontières et l’asile politique : Une revendication immédiate d’urgence pour le mouvement ouvrier international.

    La situation dramatique en Syrie ne laisse quasi plus de place pour un renversement populaire et révolutionnaire de la situation. L’explosion a bien eu lieu, mais le manque de perspectives et d’organisation révolutionnaire aura conduit au désastre actuel, sans alternative possible à court terme pour les masses insurgées.

    Un bilan terrible mais nécessaire dans le contexte mondial actuel, qui laisse présager une augmentation des conflits de classes sur fond de crise économique, sociale et politique. Pour l’heure, la situation d’urgence doit réveiller le meilleur de l’internationalisme ouvrier, avec des revendications fortes que seul un rapport de force conséquent permettra d’imposer.

    Celle de l’ouverture des frontières pour l’accueil de l’ensemble des réfugiés fuyant la barbarie impérialiste au moyen orient et l’obtention de l’asile politique pour toutes celles et ceux qui se sont soulevé(e)s contre le régime dictatorial d’Assad.

    Le tout couplé à un cessez le feu multilatéral entre les différentes force pro-bourgeoises et réactionnaires en action sur le territoire. Il s’agit, à l’heure actuelle, de la seule perspective un tant soit peu progressiste qui soit réalisable, pour éviter la poursuite des actes barbares qu’ouvre la victoire de Bachar Al Assad et de ses alliés.

    16 décembre Julian Vadis

    http://www.revolutionpermanente.fr

  • Paris Alep

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    Facebook

  • Philippe Poutou (NPA)

  • Brest Quimper. Solidaires des victimes d’Alep (Ouest France + Télégramme)

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    Brest:

    Plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées hier soir devant le monument aux morts de la place de la Liberté pour rendre hommage aux habitants d'Alep, victimes d'un siège sanglant de l'armée syrienne ces derniers jours. « Nous sommes la conscience en marche de l'humanité qui refuse la barbarie », ont déclaré les organisateurs regroupant différents collectifs et associations. Les participants ont conclu leur rassemblement en observant une minute de silence. 1

    Quimper:

    Solidaires envers les victimes de la guerre en Syrie, près de 200 personnes se sont rassemblées ce samedi matin 17 décembre, place Terre-au-Duc à Quimper (Finistère). L’appel était lancé par la section quimpéroise de la Ligue des Droits de l’Homme.

    "Des civils sont tués à l’arme blanche. Certains montent dans des cars, on ne les retrouve plus." Les informations reçues par la section quimpéroise de la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) en provenance de Syrie, via les réseaux sociaux notamment, sont "effrayantes", alerte son président, Dominique Brunel.

    http://www.ouest-france.fr/

    http://www.letelegramme.fr/

  • Notre position sur la Syrie (NPA 86) + Dossier

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    Le NPA de la Vienne participe à la mobilisation poitevine de solidarité avec Alep.

    Il s’agit pour nous, à une échelle de masse, de dénoncer des crimes contre l’Humanité, de demander, dans l’unité la plus large, l’arrêt des bombardements, et la mise en place de solutions humanitaires rapides. Les populations civiles, et les révolutionnaires syriens, en ont besoin.

    La mobilisation en France (du moins localement), pour la première fois depuis le début de la révolution, rassemble plusieurs organisations politiques de gauche, et de nombreux citoyens. Il faut le saluer, même si cela arrive très tard. Néanmoins, des désaccords de taille continuent d’exister entre certaines de nos organisations. Le NPA tient donc, ici, à donner son positionnement sur la politique à adopter.

    Révolution permanente !

    Depuis les premières heures de la révolution syrienne, dans l’effervescence des printemps arabes, le NPA est aux côtés du peuple syrien. Nous avons, en particulier, écrit des dizaines d’articles dans notre journal "L’Anticapitaliste". Ces articles sont disponibles en cliquant ici. Le NPA a de nombreux militants membres de la IVème Internationale (au même titre que Ensemble !). Nous avons donc des liens avec des groupes politiques syriens engagés dans la révolution. Ceux-ci ont été invités à plusieurs reprises dans certains de nos meetings.

    Ce premier paragraphe vise simplement à mettre en lumière la révolution syrienne. Non, la Syrie ne connait pas une guerre entre DAESH, Al Nostra et l’État Loyaliste de Assad. Cette version est le fruit de la propa- gande du régime de Bachar Al Assad, qui, en faisant entendre cette version, se place, aux côtés de la Russie et de l’Iran, en rempart contre le terrorisme.

    La révolution syrienne, et en particulier à Alep, n’est pas liée aux groupes terroristes islamistes, mais bien à un soulèvement populaire, pour en finir avec la dictature de Assad fils, pour répondre à des exigences démocratiques et sociales. Nier cette révolution, c’est déjà faire le jeu de Assad.

    C’est pourquoi nous ne défendons pas une politique de la paix entre les différentes parties.

    Nous soutenons, de toutes nos forces, la révolution. Nous disons, avec le peuple syrien, Bachar Dégage ! La paix en Syrie, dans l’immédiat, ne se fera pas avec des élections où Bachar pourrait être réélu. Le préalable à la paix, c’est le départ de Assad.

    Refus de tous les impérialismes, de tous les obscurantismes

    Combattre Assad, c’est notamment combattre l’intervention russe en Syrie. Poutine intervient en Syrie aujourd’hui car il a besoin du soutien de Assad afin de garder un partenaire politique ayant une ouverture sur la Méditerranée. Comme en Tchétchénie, Poutine, sous prétexte de lutte contre l’islamisme, détruit toutes les résistances démocratiques ou indépendantistes.

    De l’autre côté, les USA, appuyés notamment par la France, et en relation avec les monarchies du Golfe, ont plus ou moins soutenus les groupes "rebelles" les plus réactionnaires, au moins pour les USA. L’objectif était de contrer la Russie et l’Iran. Toutefois, depuis les attentats, la solution Assad est apparue comme alléchante. Ils ont alors organisé, eux aussi, des bombardements sur la Syrie, tuant, là encore, des centaines de civiles. Et la victoire de Trump pourrait profiter à Assad, comme celle de Fillon, s’il gagnait la présidentielle. Bref, nous avons là affaire à des manœuvres entre impérialismes, qui se soucient de leurs intérêts géopolitiques au détriment d’un peuple qui lutte et qui souffre.

    Nous rappelons pour notre part notre opposition aux interventions militaires impérialistes.

    Nous sommes opposés aux bombardements. Nous avions en revanche relayé l’appel des révolutionnaires syriens, de l’Armée Syrienne Libre, à recevoir des armes pour lutter plus efficacement contre Assad. Mais la France n’a pas répondu positivement, laissant les révolutionnaires sans équipements de qualité, face à un régime soutenu, lui, par la Russie, et face à Daesh, soutenu par les monarchies du Golfe.

    La situation aujourd’hui est pire qu’en 2011.

    La révolution est affaiblie, mais elle est toujours debout. Il ne faut pas céder. Notre rôle est d’organiser la solidarité la plus large, pour sortir du marasme les populations écrasées par le régime et les impérialismes. Mais il faut aussi continuer à soutenir la révolution, ne surtout pas ignorer les révolutionnaires, demander l’arrêt des bombardements, crier avec les syriens Bachar dégage !

    Même en Syrie, ils n’empêcheront pas le printemps d’arriver, et avec lui l’éclosion de mille Communes.

    mercredi 14 décembre 2016

    http://www.npa86.org/

     

    Lire aussi:

    Syrie : Avec la complicité des grandes puissances, Alep agonise (NPA)

    «Burning country»: les syriens dans la guerre et la révolution…(Anti-k)

    Alep, victime de tous ses bourreaux La Syrie nous le rappelle tragiquement : plus que jamais, socialisme ou barbarie ! (Révolution Permanente)

    Avec la conquête surprise de Palmyre, l'EI sort renforcé (L'Express)

    Le régime syrien combat-il vraiment l’État islamique? (Slate)

  • Massacres à Alep : lettre à un « camarade » qui s’obstine à justifier l’injustifiable ( Julien Salingue)

    « Camarade »,

    Cela fait plusieurs semaines que je me dis que je vais t’écrire, et ce sont les événements tragiques d’Alep et ta réaction à ces événements, ou parfois ta non-réaction, qui ont fini par me persuader que l’heure était venue de m’adresser à toi. Pas nécessairement dans le but de te convaincre, car je crois que malheureusement il est déjà trop tard. Mais au moins, comme ça, les choses seront dites et tu ne pourras pas dire que tu ne savais pas.

    Au nom de l’anti-impérialisme ?

    La ville d’Alep est victime d’un massacre, d’une véritable boucherie qui fait immanquablement penser à d’autres villes martyrs comme Srebrenica, Grozny, Fallouja, mais aussi Varsovie et Guernica, ou encore aux camps palestiniens de Sabra et Chatila. Les témoignages directs qui affluent de la ville, venus de Syriens « ordinaires », et non des seuls membres d’un quelconque groupe armé, sont éloquents, a fortiori lorsqu’ils sont accompagnés de photos ou de vidéos. Des mots et des images qui disent la détresse, qui disent l’impuissance, qui disent l’horreur.

    Mais toi, « camarade », tu t’es évertué ces derniers jours – si l’on peut considérer que cet exercice peut avoir de près ou de loin un quelconque rapport avec une vertu – à expliquer qu’il ne fallait pas s’engager aux côtés des habitants d’Alep et qu’il ne fallait pas dénoncer les bombardements dont ils étaient victimes, pas plus qu’il ne fallait dénoncer les exactions commises par les troupes au sol lors de la « libération » de la ville. En d’autres termes, tu es venu nous expliquer qu’il ne fallait pas prendre de position claire et déterminée contre un massacre planifié et perpétré par le régime dictatorial de Bachar al-Assad et par ses alliés, au premier rang desquels la Russie et l’Iran.

    Si je m’adresse à toi, « camarade », c’est parce que nous avons par le passé partagé nombre de combats, notamment – mais pas seulement – le combat pour les droits du peuple palestinien. Parce que je pensais que, malgré nos divergences, nous avions des principes communs. Je n’ai en effet rien à dire à la droite et à l’extrême-droite pro-Poutine et/ou pro-Assad, qui assument clairement leur soutien à des régimes autoritaires au nom de « valeurs » communes, et qui n’ont jamais fait semblant de vouloir construire une réelle solidarité avec les peuples opprimés.

    Mais toi, « camarade », tu te pares de vertus « progressistes », « anti-impérialistes », voire « socialistes », « communistes » ou même « révolutionnaires ». Et c’est au nom de ces vertus que tu tentes de nous convaincre aujourd’hui qu’il ne faut pas se tenir résolument aux côtés de la population d’Alep assiégée et massacrée, et qu’il ne faudra pas se tenir demain aux côtés des populations des autres villes syriennes déjà assiégées et bientôt massacrées.

    Ce qui n’est pas, tu l’avoueras, le moindre des paradoxes.

    « Les plus méchants ne sont pas nécessairement ceux que l’on croit. »

    J’avais en effet cru comprendre que ce qui constituait le patrimoine génétique commun de la gauche anti-impérialiste, c’était d’être aux côtés des peuples écrasés par les États impérialistes et leurs alliés. J’avais cru comprendre que dans ce patrimoine génétique que nous semblions partager, on ne transigeait pas avec la solidarité internationale. Et j’avais espéré que malgré tes positions parfois plus qu’ambigües quant à la tragédie syrienne, le martyr d’Alep te ramènerait à la raison, et à la maison.

    Mais non. Tu t’obstines. Tu t’obstines à tenter d’expliquer que l’on ne peut pas prendre partie pour la population massacrée à Alep. Tu t’obstines à tenter d’expliquer que « les choses ne sont pas si simples ». Tu t’obstines à tenter d’expliquer que dans cette « guerre », il n’y a pas « des gentils d’un côté et des méchants de l’autre », et qu’il faut ainsi savoir raison garder et ne pas céder à la facilité.

    Car toi, bien évidemment, « camarade », tu ne cèdes pas à la facilité. Jamais. Tu nous proposes d’ailleurs ton analyse complexe, pleine de hauteur et de nuance, qui ressemble à peu près à ceci : « Non, Assad n’est pas un démocrate, et les pays qui le soutiennent ne sont pas franchement des modèles non plus. Mais attention : la soi-disant rébellion syrienne est en réalité majoritairement composée de forces issues de l’islam intégriste, voire jihadiste, téléguidées et armées par des régimes réactionnaires comme l’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie, voire par les parrains occidentaux de ces derniers, notamment les États-Unis et la France. »

    Conclusion : « Prudence, les plus méchants ne sont pas nécessairement ceux que l’on croit. »

    La population syrienne, tu connais ?

    Le premier problème avec ton analyse, « camarade », est qu’elle « oublie » un acteur essentiel : la population syrienne. Tu sembles en effet « oublier » que le point de départ des « événements » en Syrie n’est pas une intervention saoudienne, états-unienne, qatarie ou turque. Ni même russe. Le point de départ de tout cela, c’est qu’en mars 2011 des centaines de milliers de Syriens se sont soulevés contre un régime dictatorial et prédateur, comme en Tunisie, comme en Égypte, comme en Libye. Et que si Assad et ses sbires n’avaient pas fait le choix de réprimer ce soulèvement dans le sang, avec plus de 5000 morts et des dizaines de milliers d’arrestations durant l’année 2011, ils seraient eux aussi tombés sous la pression populaire.

    Et nous parlons bien de l’année 2011, cette année où, souviens-toi, « camarade », tu t’enthousiasmais pour les autres soulèvements dans la région. « Le peuple veut la chute du régime », tu te rappelles ? Tu l’as peut-être même chanté dans les rues d’une ville française, toi qui es si épris de liberté, de justice sociale et de démocratie. En Syrie aussi, on le chantait, avec les mêmes revendications économiques, sociales et politiques que dans les autres pays de la région touchés par le soulèvement, et Ryad, Doha, Paris ou Washington n’avaient rien à voir avec ça. Si tu t’intéresses de si près à la chose syrienne, tu dois d’ailleurs savoir qu’à chaque fois qu’il y a eu une trêve au cours des dernières années, les manifestations ont recommencé. Que sans l’intervention de l’Iran, puis de la Russie, le régime serait tombé, sous la pression des Syriens, pas de quelques milliers de « combattants étrangers » – qui sont arrivés, soit dit en passant, bien après que le régime eut tué des milliers de Syriens désarmés, et fait sortir de prison des dizaines, voire des centaines, de « jihadistes », t’es-tu déja demandé pourquoi ? Et que oui, les racines de la « crise » syrienne sont bel et bien la contestation populaire d’un clan et la réponse de ce dernier : tout détruire plutôt que de perdre son pouvoir et ses prébendes.

    À moins que tu ne veuilles signifier que depuis le début les Syriens sont « manipulés » par les pays occidentaux, que tout ça n’est, au fond, qu’une histoire d’hydrocarbures, et que le soulèvement syrien était téléguidé depuis l’extérieur par des puissances qui n’ont qu’à appuyer sur un bouton pour que des populations se soulèvent. Mais je n’ose même pas le penser : tu n’es pas de ceux qui estiment que les Arabes sont tellement benêts qu’ils ne sont pas capables de penser par eux-mêmes et que quand ils se mettent à se mobiliser et à revendiquer en pensant « justice sociale », quitte à risquer de perdre leur vie, c’est forcément parce qu’ils sont manipulés par des Occidentaux qui pensent « hydrocarbures ».

    Pas vrai, « camarade » ?

    Lance-roquettes contre aviation

    Le deuxième problème avec ton analyse, « camarade », est que tu mets sur le même plan, d’une part, le « soutien » apporté par la Russie et l’Iran à Assad et, d’autre part, le « soutien » apporté par les États-Unis, la France, la Turquie et les monarchies du Golfe aux forces d’opposition syriennes. Tu essaies de faire croire qu’il n’y aurait pas une supériorité militaire écrasante du régime Assad et de ses alliés et qu’après tout, pour reprendre, en la modifiant à peine, une formule en vogue dans un pays frontalier de la Syrie, « Assad a le droit de se défendre ».

    Mais oses-tu réellement comparer, d’une part, les milliers de « conseillers militaires » et l’armement iraniens, les milliers de combattants du Hezbollah et, surtout, l’aviation russe (ainsi que les véhicules et l’armement lourd fournis par la Russie, 2ème puissance militaire mondiale) qui viennent en appui à un État et une armée régulière et, d’autre part, les armes légères, les lance-roquettes et lance-missiles vétustes fournis ou financés par les monarchies du Golfe ou la Turquie et les armes légères, les lance-roquettes, les quelques armes anti-char et les systèmes de communication et dispositifs de vision nocturne fournis, au compte-goutte, par les États-Unis et la France ?

    Sais-tu que ce que demandent les forces d’opposition syriennes depuis le début ce sont des missiles anti-aériens, pour pouvoir se défendre contre les avions de la mort de Poutine et d’Assad, et que ce sont les États-Unis qui ont systématiquement mis leur veto à la livraison de telles armes ? Sais-tu qu’au début de l’année 2014, après l’échec de la conférence de « Genève 2 », les Saoudiens ont pour la première fois suggéré de livrer des lance-missiles aux forces d’opposition syriennes, que les États-Unis s’y sont opposés, et qu’ils n’ont pas changé de position depuis ? Les États-Unis qui ne voulaient pas, qui ne veulent pas, que ces armes tombent « entre de mauvaises mains », et qui ne veulent surtout pas que l’appareil d’État syrien soit détruit car ils ont tiré, contrairement à d’autres, les bilans de leur brillante intervention en Iraq.

    Pose-toi la question : elles sont où, les terribles armes des forces d’opposition ? Penses-tu sérieusement qu’Assad aurait pu bombarder des quartiers entiers depuis des hélicoptères volant à basse altitude si les opposants syriens disposaient d’un réel armement ?

    Et te souviens-tu qu’en mai dernier l’ambassade de Russie en Grande-Bretagne, qui doit pourtant être bien renseignée et qui, si elle avait des preuves du surarmement des opposants à Assad, les exhiberait, en était réduite à tweeter des images extraites d’un jeu vidéo (!) pour « démontrer » que les forces d’opposition syriennes recevaient des armes chimiques ?

    Alors soyons sérieux, tu veux bien ?

    Qui détruit la Syrie ?

    Le troisième problème avec ton analyse, « camarade », est que tu oublies tout simplement une donnée fondamentale : les faits. Car tu pourras toujours me dire que ce que je viens d’écrire est impossible à prouver, même si ce sont les acteurs principaux de ce « non-soutien » et les « non-soutenus » qui en ont témoigné, et qui continuent de le faire, car peut-être, après tout, sont-ils de fieffés menteurs.

    Mais si tu veux absolument des preuves, contente-toi d’ouvrir les yeux et pose-toi cette question simple : comment la Syrie a-t-elle pu être détruite ? Quand tu commentes les images des villes rasées en disant qu’il y a « de la violence des deux côtés », tu occultes un détail : qui possède les armes nécessaires pour des destructions d’une telle ampleur ? Pour le dire autrement : qui peut mener des bombardements ? Où sont les avions des forces d’opposition syriennes ? Où sont les hélicoptères des forces d’opposition syriennes ? Où sont leurs tanks ? Cachés sous terre, comme la surpuissante armée de Saddam Hussein qui menaçait le monde entier ? Combien les forces d’opposition syriennes ont-elles détruit d’avions ? Sais-tu qu’en 2013, lorsqu’elles ont abattu deux hélicoptères, il s’agissait d’un événement tellement rare qu’elles l’ont célébré en grande pompe et qu’elles ont diffusé partout des images de leur « exploit » ? Deux hélicoptères ! À l’époque, je n’ai pas pu m’empêcher de penser aux Gazaouis célébrant la chute accidentelle d’un drone israélien…

    La « coalition » menée par les États-Unis intervient militairement, objectes-tu. Mais peux-tu me faire la liste des bombardements menés par cette « coalition » contre les forces armées du régime d’Assad ou contre les forces armées qui le soutiennent ? Non, ne perds pas ton temps à chercher, car je me renseigne moi-même quotidiennement auprès de sources sûres : d’après le régime de Damas et les médias qui relaient sa communication, sources que l’on ne peut guère soupçonner de vouloir dissimuler ce type de bombardements, la chose est arrivée… deux fois. La première fois, c’était en décembre 2015 (4 morts), dans la région de Deir ez-Zor, la « coalition » démentant avoir visé l’armée syrienne et affirmant qu’elle avait bombardé Daech. La deuxième fois, c’était en septembre 2016 (entre 50 et 80 morts selon les sources), près de l’aéroport de Deir ez-Zor, la « coalition » reconnaissant cette fois-ci avoir bombardé les positions du régime et présentant des excuses officielles à Bachar al-Assad et à Vladimir Poutine.

    En résumé, et sauf erreur de ma part (nul n’est infaillible), la « coalition », qui revendique environ 5000 « frappes » sur la Syrie, a ciblé deux fois, depuis le début de sa campagne de bombardements en 2014, le régime Assad, dont une fois où elle s’est « excusée ». À noter, donc, dans ton calepin : « les véritables opérations militaires menées par la « coalition » ont visé Daech et d’autres groupes « jihadistes », et non Assad et ses alliés ».

    Pour finir, quelques remarques « préventives »

    Il y a bien d’autres problèmes avec ton analyse, « camarade », mais je ne veux pas abuser de ton temps. D’ailleurs, pour avoir eu souvent l’occasion de discuter de vive voix avec toi de ces « problèmes d’analyse » en confrontant, à ta « géopolitique » et à ton « anti-impérialisme », les faits et la chronologie réelle des événements, je sais que tu n’aimes pas trop ça, les faits. Ils sont vraiment trop têtus.

    Car c’est beaucoup plus simple de venir provoquer ou semer le trouble via des posts/commentaires Facebook ou dans des forums de discussion que de prendre le temps d’avoir un échange un peu précis et argumenté.

    Alors au cas où tu serais quand même tenté de céder à la facilité et de vouloir jouer à ce petit jeu, je te soumets quelques remarques « préventives » :

    • Avant de me dire que je défends les mêmes positions que les États-Unis, la France, l’Arabie saoudite, le Qatar, BHL ou quelques autres « compagnons encombrants », souviens-toi que, si on raisonne de la sorte, tu défends de ton côté les mêmes positions que la Russie, l’Iran, le maréchal Sissi, François Fillon ou Marine Le Pen, et demande-toi si c’est un argument.
    • Avant de me dire qu’Israël a bombardé, depuis 2011, à une quinzaine de reprises, des positions du régime Assad, et que ceux qui sont contre Assad sont donc avec Israël, souviens-toi qu’en juin dernier Poutine déclarait, au terme d’une rencontre avec Netanyahu avec lequel il venait de signer plusieurs accords commerciaux, ce qui suit : « Nous avons évoqué la nécessité d’efforts conjoints dans la lutte contre le terrorisme international. Sur ce plan, nous sommes des alliés. Nos deux pays ont une expérience importante en matière de lutte contre l’extrémisme. Nous allons donc renforcer nos contacts avec nos partenaires israéliens dans ce domaine ». Et demande-toi si c’est un argument.

    • Avant de me dire que la rébellion syrienne en a appelé aux pays occidentaux pour recevoir des armes et bénéficier d’un appui militaire conséquent, notamment aérien, et que ça cache forcément quelque chose, souviens-toi que les forces kurdes que tu admires tant – à juste titre – depuis qu’elles ont repoussé Daech à Kobané ont fait exactement la même chose, et qu’elles ont, elles, obtenu cet appui, au point qu’elles ont remercié publiquement les États-Unis de leur soutien, et demande-toi si c’est un argument.

    • Avant de me dire que la rébellion syrienne, quand bien même on aurait pu avoir au départ de la sympathie pour elle, est aujourd’hui confisquée par des forces réactionnaires issues de l’islam politique, et que certaines de ces forces n’hésitent pas à s’en prendre violemment à des civils ou, variation sur le même thème, que c’est vraiment tragique de bombarder des civils mais que c’est parce que les terroristes se cachent parmi eux, quand ils ne les utilisent pas comme boucliers humains, souviens-toi que c’est le discours de ceux qui veulent justifier les campagnes de bombardements meurtriers sur Gaza, et demande-toi si c’est un argument.

    • Avant de me dire que les insurgés syriens sont des « alliés objectifs » de Daech, souviens-toi que Daech a été chassé d’Alep au début de l’année 2014 par ceux qui sont en train de se faire aujourd’hui massacrer par Assad, réfléchis ensuite au concept d’« allié objectif », et demande-toi si c’est un argument. Tu peux aussi repenser, si tu n’es pas convaincu, à ce qui a été rappelé plus haut à propos des véritables cibles des bombardements de la coalition, et te demander une deuxième fois si le coup de l’« allié objectif » est un argument.

    • Avant de me dire, enfin, que ceux qui dénoncent Assad et Poutine « oublient » de dénoncer les massacres commis par les grandes puissances occidentales et par leurs alliés, sache que parmi ceux qui se mobilisent pour Alep, nous sommes nombreux à nous être mobilisés pour Gaza, contre les interventions militaires en Afghanistan, en Iraq, en Libye ou ailleurs, et que nous ne renonçons pas, contrairement à toi qui as choisi de ne pas être dans la rue hier soir pour dénoncer la boucherie en cours, à notre cohérence politique, à nos idéaux et à l’anti-impérialisme. Et demande-toi si c’est un argument.

    ***

    Voilà donc, « camarade », ce que je voulais te dire. Le ton n’est pas très agréable, j’en conviens, mais ce n’est pas grand chose à côté de l’indifférence, parfois même du mépris que tu affiches vis-à-vis du martyr d’Alep.

    Tu feras ce que tu veux de cette lettre, et tu as bien évidemment le droit de continuer à te gargariser de ta vision « géopolitique » à courte vue et de ton « anti-impéralisme » pavlovien pendant que les Syriens crèvent sous les bombes de Poutine et d’Assad, et sous tes yeux.

    On ne parle pas ici d’un exercice de rhétorique sur Facebook par commentaires interposés, mais de milliers, de dizaines de milliers de vies. On ne parle pas d’une divergence entre nous sur l’appréciation de tel ou tel événement, mais de ton silence complice ou de tes misérables contorsions face à l’une des plus grandes tragédies de notre temps. On ne parle pas d’un simple désaccord politique, mais d’une véritable rupture.

    Je ne sais pas quand nous nous parlerons la prochaine fois, « camarade ». Mais ce que je sais, c’est que si tu persistes, et malheureusement je crois que c’est ce que tu vas faire, il n’y aura même plus de guillemets, car il n’y aura plus de camarade.

    Je te laisse avec le Che, qui a quelque chose à te dire :

    « Surtout, soyez toujours capables de ressentir au plus profond de votre cœur n’importe quelle injustice commise contre n’importe qui, où que ce soit dans le monde. C’est la plus belle qualité d’un révolutionnaire. »

    Julien Salingue, le 15 décembre 2016

    PS : Non, je n’ai pas mis de notes. Ce n’est pas dans mes habitudes de ne pas indiquer de références, mais tu auras probablement compris que c’est volontaire. Car comme tu es très doué pour faire des recherches sur internet (et ailleurs ?), on sait très bien toi et moi que tu pourras retrouver l’ensemble des sources utilisées ici.

    http://www.anti-k.org/

  • Alep : honte à la prétendue « communauté internationale » ! (Tendance Claire du NPA)

    À bas la guerre et vive le droit des peuples à l’auto-détermination !

    Selon les dernières estimations, près de 90 % d'Alep Est est passé sous domination des forces pro-Assad, grâce au soutien militaire des Russes et des forces confessionnelles chiites iraniennes et du Hezbollah libanais. Après 130 jours de bombardements et de combats au sol, la ville n'est plus qu'un amas de ruines destiné a figurer l'intransigeance du régime autoritaire tenu d'une main de fer par Assad et ses alliés.

    Alep, foyer du processus révolutionnaire syrien entamé en mars 2011 et malheureusement très vite refermé, est aujourd’hui une ville martyre. La catastrophe humanitaire est le résultat de 5 années d’interventionnisme des puissances étrangères, qui ont abreuvé en armes et soutenu militairement le régime d’Assad et les différentes factions islamistes.

    A l'heure où la ville va tomber entre les mains vengeresses de Bachar Al Assad et où Donald Trump, ainsi que François Fillon en France, se rapprochent de Poutine, la responsabilité des organisations communistes internationalistes est de soutenir sans failles le peuple syrien victime de s'être élevé contre un régime dictatorial.

    D'une contestation pacifique à une guerre totale, bref retour sur 5 années de conflit

    En mars 2011, dans le sillon des processus révolutionnaires qui ont émergé dans les pays du Maghreb, la population syrienne se dresse contre Assad dans un élan démocratique large. Si dès le début du mouvement les Syrien.ne.s scandaient des slogans politiques d'unité, Assad a à l'inverse dénoncé une prétendue sédition confessionnelle, dépolitisant de fait l'élan contestataire.

    Dès lors, la répression de la part du régime fut sanglante : près de 2 600 victimes furent à déplorer1, entraînant de fait la militarisation d'une mobilisation avant tout pacifique.

    Fin 2011-début 2012, l'Armée Syrienne Libre entame un conflit ouvert contre le tyran Bachard Al Assad. L’ASL est d’emblée dominée par des « laïques » pro-occidentaux et différentes factions islamistes. De là commence à se jouer le jeu des puissances régionales et internationales : ne pouvant intervenir directement en Syrie, les occidentaux, États-Unis en tête, financent et soutiennent les insurgé.e.s. Rapidement pourtant, et face à la main de fer d’Assad sur le pouvoir, l'ASL est en proie à de nombreux conflits internes dus notamment à la multitude de composantes politiques et confessionnelles dont elle émane. De fait, l’hétérogénéité de l'ASL fut source de grandes divisions au sein de l’opposition à Bachar.

    Progressivement, celui-ci a libéré les prisonniers djihadistes. La guerre civile syrienne fut donc un terreau fertile où ceux-ci purent s'implanter, dans un territoire en proie à l'instabilité chronique. C'est dans ces conditions que l'Organisation Etat Islamique se développa, sponsorisée par des puissances étrangères régionales.

    Cette islamisation du conflit fut le prétexte de son internationalisation : en 2014, une coalition regroupant plus de 40 pays frappa la Syrie où l'Organisation Etat Islamique était implantée2.

    Dès 2015 et principalement depuis 2016, les alliés du régime de Assad, a savoir les Russes, les Iraniens et le Hezbollah libanais ont profité de ce prétexte pour intensifier les frappes contre les régions contrôlées par les rebelles syriens, au motif que ceux-ci étaient principalement des islamistes membres ou pro Daesh (ce qui était vrai).

    Alep, foyer de la révolution et de la résistance syrienne est aujourd’hui en passe d'être totalement reprise par les forces pro-Assad. Cela au prix de milliers de morts, hommes, femmes et enfants et de centaines de milliers de déplacé.e.s. Il est aujourd'hui certain que Bachar a utilisé des armes chimiques contre son peuple3. De même, il est certain que les hôpitaux ont été délibérément bombardés4 La ville, comptant autrefois près d'un million et demi d'habitant.e.s, en abrite aujourd’hui entre cent et cent cinquante mille. Si de prétendus « couloir humanitaires » ont été mis en place par la Russie ou le régime, les habitant.e.s refusent de les emprunter : ce sont en réalité des filets où les hommes sont soit suspectés d'être des rebelles et donc séquestrés soit enrôlés de force dans l'armée du dictateur Bachar. Les femmes et les enfants subissent le sort des victimes des guerres, que nous préférons ne pas détailler ici par décence.

    Honte à la prétendue « communauté internationale » et à ses dirigeants qui ont montré leur vrai visage : celui d'ordures ne défendant que leur propres intérêts.

    Ha ! illes étaient joli.e.s les Duflot, Mariton et Mennucci annonçant fièrement leur départ pour Alep dimanche soir, dans le but de « lancer le message d'arrêter les massacres », de faire « un geste de solidarité »5. Illes ont été refoulé.e.s a la frontière turque ce lundi prouvant s'il le fallait encore l’incapacité complète des gouvernements à faire autre chose que la guerre pour préserver leur intérêts.

    Washington, de son côté a lancé des piques, faisant semblant de s'émouvoir de la situation, accusant le régime syrien de « crimes contre l'humanité ».

    Enfin, pour terminer cette liste de la honte, notons la résolution de l'assemblée générale de l'ONU qui a voté une trêve immédiate en Syrie mais qui est consciente de son inutilité6 : la trêve ne pourra pas être appliquée suite au sixième veto russe.

    Les médias occidentaux nous font pleurer sur Alep (où la situation est effectivement dramatique et révoltante) pour mieux se taire sur les méfaits de notre impérialisme. Ils instrumentalisent le drame horrible d’Alep pour pousser à une escalade militaire. Mais notre impérialisme ou celui des USA ne vaut guère mieux que le soutien de Poutine à Assad. Notre impérialisme a couvert le soutien turc à Daesh, il bombarde aussi en Syrie et en Irak. Mossoul est aujourd’hui sous les bombes occidentales, qui ne valent guère mieux que les bombes de Poutine. La Syrie crève des ingérences étrangères depuis 5 ans.

    Malgré cette situation dramatique, nous ne pouvons pour autant en appeler à la « communauté internationale » pour « sauver » le peuple syrien. A l'inverse, l'interventionnisme constant des impérialistes occidentaux dans la région n'a fait qu'accentuer les conflits sous couvert de protection de la démocratie, masquant en réalité la préservation des influences et des hégémonies.

    Aujourd'hui, aucune aide humanitaire ne peut être apportée en Syrie sans y joindre son lot de militaires, de bombes et de morts. De fait, si l'une des causes principales de cette guerre est son internationalisation, c'est à dire l'entrée en guerre directement ou indirectement de puissances impérialistes, nous devons en prendre acte et le dénoncer avec fermeté.

    Une des conditions pour une paix juste au Proche-Orient, même si cela semble aujourd’hui une perspective lointaine, n'est pas le renforcement de la présence de troupes occidentales mais au contraire au départ de celles-ci, quelles qu'elles soient.

    Aujourd'hui, l'urgence est de soutenir les forces progressistes de la région. Dans ce sens, nous devons soutenir la révolution kurde du Rojava qui combat tant Daesh en Syrie que les ambitions personnelles des dictateurs turcs et syrien.

    Nous devons de plus intervenir ici, en France, auprès des réfugié.e.s qui fuient des conflits dont illes sont les premières victimes.

    Nous devons plus que jamais construire un réel réseau de solidarité internationaliste pour faire face aux attaques que les peuples du monde entier subiront.

    Arrêt immédiat des bombardements russes sur Alep !

    Arrêt de toutes les interventions occidentales en Syrie et en Irak (Mossoul) !

    Solidarité avec le Rojava libéré du régime d’Assad et des forces islamistes !

    P.S : pour une information très complète sur la Syrie, nous recommandons grandement la lecture du blog de notre camarade Joseph Daher

    https://syriafreedomforever.wordpress.com/

    Gaston Lefranc, Nastrit Daul (15 décembre 2016)

     Notes:

    1 http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2011/09/15/syrie-six-mois-de-revolte-et-de-repression_1572834_3218.html

    2 http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2014/09/15/etat-des-lieux-des-participants-a-la-coalition-contre-l-etat-islamique_4487310_3218.html

    3 http://www.rfi.fr/moyen-orient/20130604-syrie-gaz-sarin-fabius-damas-assad-etats-unis

    4 http://www.lefigaro.fr/international/2016/09/28/01003-20160928ARTFIG00189-syrie-les-deux-plus-grands-hopitaux-d-alep-bombardes.php

    5 http://www.lexpress.fr/actualite/politique/trois-deputes-francais-a-alep-pour-affirmer-un-soutien-a-la-population_1859138.html

    6 http://www.europe1.fr/international/lassemblee-generale-de-lonu-vote-une-resolution-pour-une-treve-immediate-en-syrie-2923346

    http://tendanceclaire.org

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