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Solidarité - Page 68

  • Nouveautés sur Association France Palestine Solidarité

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  • En Israël, « un gouvernement d’extrême droite, hyper-nationaliste et raciste » (Anticapitaliste)

     
     
    Michel Warschawski milite depuis de longues années en Israël, entrant en 1968 au sein de l’Organisation socialiste israélienne (Matzpen, la « boussole »), révolutionnaire et antisioniste, et fondant en 1984, avec des militants de gauche palestiniens, le Centre d’information collective. Il a retracé sa biographie dans un de ses ouvrages, Sur la frontière (Stock, 2002).
     
    Netanyahou a finalement réussi à gagner les élections en mars 2015. Comment expliques-tu sa réussite ? Comment définir le gouvernement israélien actuel ?
     
    Netanyahou a gagné les élections pour deux raisons : la première c’est l’absence de crédibilité du centre-gauche, qui n’avait aucune alternative à proposer, en particulier dans le domaine de l’occupation coloniale. Livni et Herzog disaient à peu près la même chose que Netanyahou, mais avec moins de fermeté. Le mot « paix » n’a quasiment jamais été utilisé par les candidats de l’ex-parti travailliste. Si on reste dans le discours sécuritaire, personne n’est plus convainquant que Benjamin Netanyahou, et comme vous le savez en France aussi, l’électeur préfère toujours l’original à la copie, extrêmement pâle d’ailleurs quand elle a le visage de Yitshak Herzog.
     
    La seconde raison, c’est l’arme de la peur, très bien instrumentalisée par Netanyahou, de l’Iran à l’électorat arabe « qui se mobilise en masse dans des bus affrétés par les ONG ». La peur de l’ennemi ou de l’autre est plus que jamais l’arme utilisée par les puissants… et fait le lit des mouvements racistes, xénophobes et fascistes. Face à ce discours de la peur, il fallait proposer une alternative réelle, faite de Droit et de Solidarité, mais cela le centre-gauche en est totalement et définitivement incapable.

     
    La victoire de l’extrême droite a été écrasante, et Netanyahou n’a pas eu à faire de coalition avec les partis du centre. C’est donc un gouvernement d’extrême droite, hyper-nationaliste et raciste qu’ont engendré les dernières élections.
     
    Quelles ont été les premières mesures ?
     
    Netanyahou a agi dans la continuité de ses précédents gouvernements : accélération et élargissement de la colonisation, projets de nouvelles lois liberticides, en particulier contre les ONG, censure de projets culturels « antinationaux ». Bref, on continue la même politique nationaliste, raciste mais aussi néolibérale.
     
    Comment analyses-tu la révolte palestinienne actuelle ?
     
    La révolte actuelle est la conjonction de deux facteurs. Le crédit accordé pendant la dernière décennie à Mahmoud Abbas et à sa politique de « processus de paix » est épuisé. La grande majorité de la société, y compris la jeunesse, et de la classe politique, y compris le Hamas et ce qui reste de la gauche, avaient laissé le Président mener sa politique sans tenter d’y mettre des bâtons dans les roues. Ils étaient pour le moins sceptiques, mais ont laissé sa chance au Président. Le crédit est maintenant épuisé, d’autant que Mahmoud Abbas lui-même a déclaré à l’ONU que le processus d’Oslo était mort, assassiné par les Israéliens.
     
    Le second facteur est la série de provocations initiées ces derniers mois par Netanyahou et ses ministres, la plus grave étant la remise en question du statu quo sur l’Esplanade des Mosquées et la profanation d’Al Aqsa par des policiers israéliens. Les deux facteurs réunis ont eu un effet explosif. Partout en Palestine (et dans l’ensemble du monde musulman) la rumeur a couru que ce gouvernement allait détruire la Mosquée pour y reconstruire le Temple juif… ce qu’expriment ouvertement certains membres du parti de Netanyahou.
     
    Netanyahou a parlé d’une « nouvelle Intifada », pour hystériser le climat politique et justifier de nouvelles mesures de répression. Avec le recul, quelle différence vois-tu entre le climat politique et les sentiments dominants dans la société israélienne à l’époque de la première Intifada en 1987, et aujourd’hui ?
     
    Nouvelle Intifada ? Je ne sais pas ce que cela veut dire. On a parlé en 2000 de Seconde Intifada alors qu’il s’agissait d’une reconquête initiée par Israël des (très maigres et souvent symboliques) acquis d’Oslo.
     
    Si le mot Intifada est utilisé pour décrire un soulèvement populaire généralisé, on n’en est pas encore là. Les actions de masse restent encore limitées. Ce qui avait permis l’Intifada, c’est l’existence d’une véritable direction, faite de l’ensemble des partis politiques, au niveau national (dans les territoires occupés) et local, qui donnait des consignes régulières et était entendue par toute la population.
     
    Aujourd’hui cette direction n’existe plus, remplacée par l’Autorité palestinienne… et sa police.
     
    S’il y a eu dans la société israélienne, entre 1987 et 1990 une large sympathie et de forts mouvements de solidarité avec la lutte palestinienne, ce n’est plus du tout le cas aujourd’hui, et la solidarité est limitée à quelques milliers de personnes. Pour comprendre cette différence, il faut revenir quinze ans en arrière, au grand mensonge de Ehoud Barak, à son retour du sommet de Camp David. Ce mensonge (des « offres généreuses » rejetées par Yasser Arafat etc.) a été avalé à pleine bouche par le mouvement de la paix, qui annonçait ainsi sa mort volontaire et assumée. On peut détruire un mouvement de masse en 48 heures, mais le reconstruire demande une génération entière. Aujourd’hui le mouvement de la paix israélien est encore dans le coma. Il reste à espérer que contrairement à Ariel Sharon, ce coma n’est pas définitif…
     
    La surenchère d’extrême droite domine la politique israélienne. Netanyahou et le Likoud y participent allègrement. Outre la répression « classique » (des tirs de snipers au blocage des territoires palestiniens et punitions collectives), il y a eu les propos délirants sur Hitler et le Mufti de Jérusalem, les nouveaux « murs de sécurité » à l’intérieur du « grand Jérusalem », peut-être la privation du statut de « résident » pour 80 000 Palestiniens de Jérusalem vivant « du mauvais côté » des barrières « de sécurité ». Le gouvernement israélien navigue-t-il à vue, au fil des surenchères racistes et sécuritaires, ou a-t-il une stratégie de plus long terme ?
     
    Et l’un, et l’autre. Les provocations sur l’Esplanade des Mosquées ont été imposées par ses propres ultras à Netanyahou qui craignait, s’il s’opposait à leurs provocations, de perdre des électeurs au profit d’autres partis d’extrême droite. Même s’il savait que c’était une erreur, il était trop lâche pour y mettre un veto. Les mesures ultra-sécuritaires, les projets de lois encore plus répressifs et surtout la tonalité brutale de son discours politique sont essentiellement populistes, pour plaire à son électorat d’extrême droite.
     
    Ceci dit, Netanyahou a un projet stratégique : étendre les frontières d’Israël jusqu’au Jourdain, tout en se débarrassant de la majorité des Palestiniens, enfermés derrière des murs dans des enclaves autogérées qu’ils pourront, s’ils le désirent, appeler Etat(s) Palestinien(s). En fait c’est le vieux plan Sharon.
     
    Est-ce que d’autres voix, des contestations se font entendre dans la société israélienne sur cette « gestion de la violence » ?
     
    Comme je l’ai dit, l’opposition à la politique sécuritaire est très réduite, d’autant que la population palestinienne d’Israël, qui est la principale force d’opposition, a fait désormais le choix de manifester dans ses villes et ses villages, et de ne plus venir renforcer les rangs des manifestations à Tel Aviv.
     
    Les doutes voire des critiques sévères qui s’expriment dans la classe politique sur la stratégie et les choix tactiques de Netanyahou sont le fait… des anciens responsables des diverses agences de sécurité (Mossad, Shin Beit) et de généraux à la retraite. Auxquels il faut ajouter plusieurs éditorialistes et chroniqueurs dans les différents quotidiens.
     
    Que dit l’opposition parlementaire sioniste israélienne, les partis (travailliste et du « centre ») de l’Union sioniste ? Prétend-elle avoir une autre politique ?
     
    J’ai répondu à cette question concernant les positions du centre-gauche. Mais avec la crise actuelle c’est même pire, Herzog critique le gouvernement sur sa droite !
     
    Et la (vraie) gauche en Israël ? L’alliance du parti communiste et des partis arabes israéliens qui a fait un score très honorable aux élections de mars ? Les différentes organisations pacifistes et antisionistes ?
     
    La « vraie gauche » est effectivement composée de deux éléments, la Liste (arabe unifiée) et le collectif des différentes organisations anti-guerre et anti-occupation. La Liste unifiée a organisé de nombreux rassemblements de masse dans les villes arabes et dans les villes mixtes, comme Haïfa, où ont participé des dizaines de milliers de manifestants. Quant aux initiatives des organisations anticoloniales, elles restent limitées à quelques milliers de personnes. La grande majorité de ce qui a été autrefois le « mouvement de la paix » préfère garder ses forces pour pleurer l’assassinat de Rabin, dont on vient de célébrer le vingtième anniversaire.
     
    Tzipi Levni, l’héritière « centriste » du parti fondé par Ariel Sharon avant son coma, se prétend favorable à une « solution de deux États pour deux peuples ». Ses propos sont hypocrites, mais cette solution est depuis longtemps l’espoir de beaucoup de militants contre la colonisation et l’oppression des Palestiniens. 22 ans après Oslo, vu l’ampleur de la colonisation (plus de 570 000 colons en Cisjordanie et à Jérusalem-Est aujourd’hui, contre 200 000 en 1993) et l’évolution de la société israélienne, que penses-tu aujourd’hui d’une telle perspective ?
     
    Je ne crois pas à l’irréversibilité de la colonisation israélienne. Des empires ont été réversibles, la colonisation française ou anglaise en Afrique et en Asie a été réversible, l’URSS a été réversible, l’Algérie est devenue indépendante après 130 ans de colonisation en profondeur. Tant que le peuple palestinien n’aura pas baissé les bras et continue à revendiquer la décolonisation de ses terres (du moins la Cisjordanie et Gaza), la situation reste réversible. Tout est une question de rapports de forces, régionaux et internationaux. J’ajouterai que quand le rapport de forces aura changé et pourra imposer une solution, les « deux États » seront la position de repli des Israéliens, extrême droite comprise.
     
    Propos recueillis par Yann Cézard
    dans la revue L'Anticapitaliste Revue du NPA n° 71 (décembre 2015)
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    L’économie de la Palestine : asphyxiée et pourtant vivante Viennent de paraître les  actes du colloque organisé par le CVPR-PO, le 11 avril 2015, au Sénat (éditions du CVPR-PO, 126 pages, 10 euros). Le colloque met en évidence la régression de l’économie palestinienne induite par l’occupation-colonisation israélienne – une évolution totalement à contre-courant de celle de pays faisant..
     
     
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      Khalida Jarrar, parlementaire palestinienne de gauche et féministe et avocate des prisonniers politiques, a été condamnée le 6 décembre dernier à 15 mois d’emprisonnement par un tribunal militaire israélien à Ofer. Après son arrestation par les forces militaires d’occupation, qui ont fait intrusion le 2 avril dans sa maison de Ramallah, l’emprisonnement de Jarrar, ancienne directrice...
     
     
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  • Paris Palestine

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  • Syrie, l’agression russe (Emancipation)

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    Nous publions ci-dessous un article rédigé suite à l’intervention de Shadi Abu Fakher à une réunion publique organisée par le collectif “Avec la révolution Syrienne”, le 5 novembre 2015. Pour comprendre ce qui est arrivé et pourquoi à ce moment particulier, nous devons remonter dans le temps afin de découvrir les raisons cachées de cette agression russe en Syrie.

    Attaques contre l’ASL

    Après l’assassinat du journaliste américain par Daech (août 2014), et la mise sur pied d’une coalition internationale par les États Unis (EU), visant à en finir avec Daech, feignant d’ignorer que la cause réside d’abord dans le régime syrien, les EU ont exprimé leur souhait de coopérer avec les forces de l’opposition syrienne modérée, afin d’en faire des alliées dans le combat contre Daech. Tous les regards étaient alors tournés vers la brigade des Martyrs de Syrie, dirigée par Jamal Maarouf, et le mouvement HZM dirigé par le général Salim Idriss. Il s’agit des plus importantes formations armées au nord de la Syrie, relevant de l’Armée Libre et basées à Alep et Idleb. Elles sont soutenues par les EU. À la suite de cette déclaration américaine, le mouvement Ahrar Al Cham et le Front Al Nosra ont attaqué par surprise la brigade des Martyrs de Syrie. Un mois plus tard, le mouvement HZM était attaqué. Ainsi, les deux forces essentielles sur lesquelles devaient s’appuyer les EU ont été liquidées.

    À ce stade de la mi-2014, il était clair que la Turquie était derrière les islamistes d’Ahrar Al Cham et du Front Al Nosra. La Turquie refusait l’objectif de la coalition, feignant d’oublier Bachar Al Assad. Elle refusait aussi que les EU se soient appuyés sur le PYD (2), la branche du PKK en Syrie. Ce dernier est connu pour sa coordination avec le régime syrien au nord, et sa participation à la répression des manifestations pacifiques dans les régions kurdes au début de la révolution.

    Cette attaque de l’Armée libre par le Front Al Nosra et Ahrar Al Cham a eu un impact important dans la population. Le ressentiment populaire à leur endroit a crû à un point tel qu’il a failli menacer leur existence, n’eût été leur sauvetage par le régime qui leur a permis de remporter une victoire importante à Wadi Dhif, qui a contribué à atténuer le ressentiment populaire. Il leur a remis en moins de douze heures la garnison.

    Il faut savoir que Wadi Dhif était assiégé depuis plus d’un an et demi par l’Armée libre et que près de 1500 soldats de cette dernière sont tombés au cours de ce siège et des tentatives vaines de le libérer. Cette base est considérée comme responsable de la plupart des bombardements de la banlieue d’Idleb. Il n’y a pas une famille de cette banlieue qui n’ait été victime de cette garnison de Wadi Dhif, en termes de blessés, de morts, ou de destruction de domiciles. La reprise de la garnison de Wadi Dhif par Ahrar Al Cham et le front Al Nosra était révolutionnaire pour tous les habitants de la banlieue d’Idleb. Cela a permis au Front Al Nosra et Ahrar Al Cham de dire qu’ils avaient chassé l’Armée libre parce qu’elle collaborait avec le régime, preuve en était la libération de la base de Wadi Dhif en moins de douze heures. La plus forte présence du Front Al Nosra et d’Ahrar Al Cham était alors enregistrée tandis que l’Armée libre perdait en influence.

    La question du PYD

    En face, les EU ont poursuivi leur alliance avec le PYD contre Daech jusqu’à la libération de la ville de Tall Abiadh proche de Raqqa, la capitale de Daech. Les forces de Daech se sont retirées de Tall Abiadh sans combat. Des rumeurs ont fait état d’un accord entre le PYD et Daech pour le retrait de Daech de cette ville qui compte un nombre relativement important de Kurdes et sa remise au PYD en échange d’une non intervention de ce dernier dans l’attaque des zones majoritairement arabes dominées par Daech, notamment Raqqa. Ces rumeurs se sont avérées justes avec l’annonce par Salah Muslim, le dirigeant du PYD, que ses troupes ne participeraient pas à la libération de Raqqa. Cela a jeté un froid entre le PYD et les EU.

    Lorsque les États-Unis ont commencé à négocier avec la Turquie leur intervention ou leur participation à la coalition anti Daech, la Turquie les a autorisés à utiliser l’aéroport d’Incirlik près de la frontière syrienne. Elle a annoncé sa participation aux attaques contre Daech moyennant un accord avec les EU sur l’établissement d’une zone tampon au nord de la Syrie, sa revendication. On était alors à la mi juillet 2015, mais la Turquie a attaqué principalement le PYD et de façon secondaire Daech. C’est alors que les EU se sont rétractés sur la zone tampon et ont annoncé conjointement avec l’Allemagne à la mi août de la même année leur intention de retirer les missiles Patriot de Turquie, disposés aux frontières turco syriennes pour les protéger d’une éventuelle violation de l’espace aérien turc par les missiles ou les avions syriens. C’est alors qu’ont commencé plusieurs processus parallèles.

    Vers une intervention russe

    Le premier est le processus russe. Après l’annonce conjointe de l’Allemagne et des EU de leur intention de retirer les missiles Patriot de Turquie, des fuites dans la presse russe et celle du régime syrien ont fait état du renforcement des bases militaires en Syrie, destinées à l’accueil des soldats russes et à l’intensification du soutien russe à Bachar Al Assad. Au début du mois de septembre, soit deux semaines environ après l’annonce du retrait des missiles Patriot, le journal israélien Yediot Aharonot a rapporté que, selon des sources diplomatiques occidentales, la Russie enverrait des milliers de soldats et des dizaines d’avions en Syrie pour combattre Daech et les forces de l’opposition syrienne. L’opération a commencé avec l’extension de l’aéroport d’Hamimim à Lattaquié. Des navires militaires russes ont pris la mer à destination de la Syrie, notamment pour certains par le détroit du Bosphore.

    Le second consista en l’accélération des initiatives turques pour créer une zone tampon au nord d’Alep. Elle a utilisé des forces islamiques affidées, telles les Frères musulmans, le mouvement Ahrar Al Cham et autres et a demandé au Front Al Nosra d’évacuer la zone tampon qu’elle projetait d’établir. Le tribunal islamique d’Alep a émis plusieurs décrets interdisant l’utilisation de la monnaie syrienne et la remplaçant par la monnaie turque. La Turquie facilitait simultanément le passage des réfugiés de son territoire vers l’Europe afin d’en faire un moyen de pression sur cette dernière aux fins de la convaincre que la meilleure solution pour endiguer le flux des réfugiés était l’établissement d’une zone tampon offrant une protection à près de cinq millions de personnes.

    Le troisième est la feuille de route de De Mistura (3) proposée à l’ONU, alignée sur la position russe, dont le point important est la tenue de négociations entre le régime, la société civile et l’opposition, à condition qu’il détermine la composition de la délégation de cette dernière. Les négociations devraient déboucher sur la constitution d’une assemblée transitoire, adoubée d’un conseil militaire commun de l’opposition et du régime, dont la mission serait de combattre le terrorisme. La feuille de route se conclut sur la tenue d’élections mais n’évoque pas Al Assad. Elle propose un comité de liaison international de parrainage et de supervision de cet accord .

    Le quatrième processus se joue sur le terrain : les forces de l’opposition qui ont progressé au nord de la Syrie et leurs soldats ont libéré la quasi totalité d’Idleb et de sa banlieue. L’opposition s’est rapprochée de Lattaquié, le principal fief du régime. À Damas, l’opposition a remporté des victoires importantes. Vingt-cinq positions ont été libérées en banlieue. La route stratégique entre Damas et Homs a été coupée. Le régime syrien a commencé à vaciller et les signes de la chute sont patents.

    L’armée russe frappe l’Armée Libre

    Yediot Aharonot avait fait état de l’arrivée prochaine de l’armée russe, comme nous le disions plus haut. Effectivement, l’armée russe est arrivée et a commencé ses opérations militaires le 30 septembre. Les missiles Patriot ont été retirés quelques jours plus tard. Les lois de la navigation aérienne ont été réactivées pour empêcher des collisions entre avions russes et avions de la coalition.

    Les coups russes se sont concentrés sur l’Armée libre, notamment dans les zones où elle avait progressé récemment, soit aux abords de Lattaquié, à Idleb, Hama et autour de Damas. Cette attaque russe a été concomitante d’une attaque de Daech sur les régions contrôlées par l’opposition à Alep. Cette dernière a été alors prise en tenaille entre les forces du régime, les milices iraniennes et les forces russes à l’ouest et au sud, et Daech à l’est, ciblant essentiellement l’Armée libre sans s’approcher d’Ahrar Al Cham ou du Front Al Nosra.

    Ainsi, les avions de la coalition frappent essentiellement Daech en Irak tandis que les avions russes, les forces du régime et Daech frappent l’Armée libre en Syrie, entraînant une nouvelle vague de réfugiés du nord de la Syrie qui participe au déferlement en Europe.

    Les propositions de De Mistura et de Poutine

    À ce stade, les circonstances sont propices à la mise en œuvre de l’initiative de De Mistura correspondant à la vision russe. Le groupe de liaison, c’est à dire le comité de Vienne, a commencé à discuter d’un avenir pour la Syrie et de modalités d’opérations de paix, sans qu’un seul Syrien n’en soit partie prenante, à l’exception du maître d’hôtel où se tiennent les réunions, comme l’ont noté les Syriens sarcastiques. La Russie a mis sur pied une nouvelle initiative à savoir une banque d’objectifs communs pour la Russie et la coalition internationale, qui ajoute que toute partie militaire refusant d’entrer dans cette opération pacifique, deviendra une cible commune de la coalition et de la Russie.

    Les propositions de De Mistura et des Russes posent plusieurs problèmes. Le premier est que De Mistura choisit la délégation de l’opposition. Il y a lieu de craindre que soient intégrées des parties considérées par la Russie comme opposantes à l’instar de Kadri Jamil, vice Président du conseil des ministres syrien et affidé de Bachar Al Assad. Mais il est vendu par le régime et les Russes comme opposant, comme d’autres. On rejouerait les conférences de Moscou de l’opposition syrienne puisqu’on retrouve parmi les présents nombre de noms de soutiens du régime, et qui combattent même avec lui, mais que le régime et les Russes présentent comme opposants. Le deuxième point concerne le maintien de Bachar Al Assad et la banque des objectifs, puisque le maintien de Bachar Al Assad dans l’étape transitoire entraînera le refus des négociations de la majorité de l’opposition armée, impliquée dans la banque des objectifs, et cela aura pour corollaire que la coalition internationale et les Russes frapperont l’opposition syrienne.

    Le maintien de Bachar, un obstacle majeur

    Si cela devait se réaliser à l’avenir, cela ne serait aucunement une solution pour la Syrie, la guerre continuerait pour une durée indéterminée tant que les Russes camperont sur leurs positions. Il aurait été plus utile pour l’émissaire international qu’est De Mistura de constituer une délégation syrienne émanant de la charte du Caire de 2012, une charte élaborée par toutes les forces de l’opposition syrienne, ratifiée par Moscou comme par l’Occident alors. Et il aurait été plus utile pour les pays participants à Vienne d’affirmer que l’avenir de la Syrie est consacré par la charte du Caire au lieu d’affirmer que l’avenir de la Syrie est l’État laïc, sans consultation du peuple syrien, ce qui va être saisi comme prétexte par beaucoup de forces islamiques en Syrie pour refuser les points des réunions de Vienne, l’avenir de la Syrie y étant selon eux défini par l’Occident et la Russie. Il faut savoir que la charte du Caire affirme la démocratie en Syrie, sa pluralité et sa laïcité. Elle a été proposée par les forces nationales syriennes, balayant ainsi les prétextes des islamistes.

    Le maintien de Bachar Al Assad sera l’obstacle majeur à la paix en Syrie, si nous sommes d’accord que le régime syrien est un régime qui gravite autour de Bachar ; dans le cas de son maintien au pouvoir, son système et les forces qui le soutiennent contrecarreront toute solution pacifique. L’expérience yéménite est là pour nous rappeler que Ali Abdallah Salah a continué à gérer ses partisans dans le but de faire avorter toute solution politique. Nous ne devons pas nous attendre à ce que Bachar Al Assad, qui est responsable de l’exil de la moitié du peuple syrien, de l’assassinat de plus d’un demi million de civils et de la destruction de toute la Syrie pour se maintenir au pouvoir autorisera une solution pacifique. Nous savons qu’il ne ménagera aucun effort pour faire avorter le processus de paix.

    Shadi Abu Fakher

    Traduction de Luiza Toscane

    (1) Harakat Zaman Mohammad ou Mouvement du Temps de Mohammad (NDLT).

    (2) Partiya Yekitiya Demokrat ou Parti de l’Union Démocratique (NDLT).

    (3) Staffan De Mistura, émissaire des Nations Unies pour la Syrie depuis juillet 2014 (NDLT)

    http://www.emancipation.fr/spip.php?article1203

  • Sénat: colloque

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  • Nouveautés sur Agence Médias Palestine

     
    Colloque au Sénat: "La vie quotidienne en territoires palestiniens occupés" le 14 décembre

    Colloque au Sénat: « La vie quotidienne en territoires palestiniens occupés » le 14 décembre

    (Colloque complet)   Rencontre sous l’égide de M. Gilbert ROGER, président du groupe d’amitié France-Palestine du Sénat, sénateur de Seine-Saint-Denis    OUVERTURE 09h30 M. Gilbert ROGER, président du groupe d’amitié France-­Palestine du Sénat, sénateur de Seine-Saint-Denis   DONNÉES DE L’OCCUPATION  : CADRAGE GÉNÉRAL 10h00   Droit international et Territoires occupés : la perspective d’un expert de...
     
     
     
    Les arrestations liées à l’incendie criminel qui a détruit une maison palestinienne

    Les arrestations liées à l’incendie criminel qui a détruit une maison palestinienne

    Electronic Intifada, , 3 Décembre 2015 Des enfants dans la maison incendiée de la famille Dawabsha, avant la cérémonie d’obsèques de Riham, morte de ses blessures, plus d’un mois après que l’incendie criminel dont les auteurs suspectés seraient des extrémistes juifs, ait tué Ali, son bébé de 18 mois et Saad, son mari, le 7 septembre....
     
     
     
    La LICRA : Ses attaques contre le mouvement de solidarité avec la Palestine

    La LICRA : Ses attaques contre le mouvement de solidarité avec la Palestine

    Fiche réalisée par l’Agence Média Palestine – Novembre 2015 La LICRA : Ses attaques contre le mouvement de solidarité avec la Palestine La LICRA se positionne en France comme une association oeuvrant contre le racisme. Très institutionnelle, interlocuteur privilégié du gouvernement sur les questions de lutte contre les préjugés/racisme, elle jouit auprès du grand public d’une...
     
     
     
    La volte-face de Syriza à propos d'Israël est désormais complète

    La volte-face de Syriza à propos d’Israël est désormais complète

    Par Asa Wintstanley, mardi 1er décembre 2015 Il fut un temps, Syriza était un parti politique populaire et de gauche, porté au pouvoir lors des élections grecques grâce à sa promesse de mettre fin à des années d’austérité imposée par le FMI et l’Union Européenne. Mais aujourd’hui, la direction du parti a vendu tous ses...
     
     
    Le cas d'une famille de Gaza tuée pendant son sommeil porté devant la Cour Pénale Internationale

    Le cas d’une famille de Gaza tuée pendant son sommeil porté devant la Cour Pénale Internationale

    Par Ali Abunimah, 23 novembre 2015   Des parents affligés devant les corps des membres de la famille al-Louh le 20 août 2014, lors de leurs funérailles à Deir al-Balah au centre de la Bande de Gaza. Ils ont été tués plus tôt ce matin là dans une attaque aérienne israélienne sur leur maison. (Ashraf Amra...
     
     
    Olivia Elias: "Le monde manque de poètes" - Hommage à Darwich, Césaire, Neruda

    Olivia Elias: « Le monde manque de poètes » – Hommage à Darwich, Césaire, Neruda

    Le monde manque de poètes, par Olivia Elias, poète de Palestine, 21 novembre 2015   Nabil Anani, peintre de Palestine Hommage à Darwich, Césaire, Neruda   Le monde manque de poètes / de ceux qui convoquent les vents et les tempêtes / qui traversent les océans dans les cales des navires et survivent en chantant /...

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