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Révolutions Arabes - Page 132

  • Nouveautés sur Association France Palestine Solidarité

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  • Syrie. «La reconquête de Palmyre» et «les mérites» de Bachar el-Assad (AL'Encontre.ch)

    Maurice Sartre

    Maurice Sartre

    Entretien avec Maurice Sartre, historien

    Les médias diffusent des «images» sur la «reconquête» de Palmyre par la dite armée de Bachar el-Assad. Tout cela présenté comme une sauvegarde du «patrimoine de l’humanité» grâce à l’armée du clan Assad face aux criminels (effectifs) de Daech. Si ce n’est que Bachar et sa clique ne peuvent être rangés dans une autre catégorie de massacreurs que Daech, à la différence qu’ils sévissent depuis plus longtemps. Tout cela participe de la revalorisation de Bachar dans le contexte des dites «négociations de Genève».

    • Nombreux sont ceux qui, depuis mars 2011, ont sous-estimé la détermination de la clique de truands au pouvoir à Damas – dans une Syrie de plus en plus privatisée dans les années antérieures – de s’agripper aux structures de son «empire». Poutine, ses avions, ses hélicoptères de combat et leurs bombardements, ainsi que ses troupes «spécialisées» – avec l’expertise acquise en Tchétchénie – ont certes été d’une aide particulière pour lui permettre de refaire surface avec plus de force, depuis septembre 2015. Mais Bachar et son cercle de malfaiteurs disposent aussi de la carte iranienne: le duo Ali Kahmenei-Hassan Rohani et, avant tout, la structure militaire du «Corps des gardiens de la révolution» (en abrégé: Pasdaran). Bachar ne dépend pas du seul Poutine. Certes Poutine et sa garde militaire ont su utiliser la faillite des Etats-Unis dans la région pour y remettre leurs bottes ainsi que sur la scène diplomatique internationale.

    Toutefois, le marasme économique d’ampleur régnant en Russie, qui s’accompagne d’une crise sociale s’exprimant sous diverses formes – et pas seulement en Asie centrale où ses traits nationaux-religieux sont invoqués pour justifier l’intervention en Syrie, avec la bénédiction ou le silence approbateur de divers impérialismes –, ne fait pas du Kremlin un «acteur» qui puisse jouer un rôle déterminant. De plus, la camarilla Assad peut compter sur le bras armé de l’Iran dans l’espace syrien: le Hezbollah libanais.

    Enfin, comme le disent les diplomates ayant fricoté avec le régime de Damas dans des «négociations»: «il dit 49 fois non et une fois noui». Ce qui ne constitue un «obstacle» que pour ceux – des Etats-Unis à la France en passant par d’autres puissances» – qui ont accepté que dans une prétendue «transition démocratique» l’ascendant des Assad se perpétue. Le gouvernement de Netanyahou ne fait d’ailleurs aucune objection à ce scénario. Car cela le sert. Divers articles de la presse israélienne le constatent et l’analysent.

    • Revenons à la présentation de la «reconquête de Palmyre». Le 26 mars 2016, lors du journal d’informations de 12h30, Antoine Denéchère nous annonce: «Une bonne nouvelle nous parvient depuis la Syrie. La cité antique de Palmyre, patrimoine mondial de l’Humanité, est en passe d’être libérée. L’organisation Etat Islamique subit en effet une offensive importante de l’armée de Bachar el-Assad, appuyée par les Russes.» Puis, il nous prévient que sera interrogé, en direct, en tant qu’invité, l’historien Maurice Sartre, spécialiste de Palmyre.

    Ce dernier va effectuer quelques mises au point face à un journaliste qui puise «ses informations» – pour ne pas dire son savoir – dans on ne sait dans quel battage publicitaire. (Rédaction A l’Encontre)

    *****

    Vous êtes professeur émérite d’histoire ancienne à l’Université de Tours et vous avez coécrit récemment Zénobie, de Palmyre à Rome (Ed. Perrin, 2014). Est-ce que vous avez des informations sur la libération de Palmyre, est-ce que c’est fait?

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    Maurice Sartre: Non, je ne crois pas que c’est fait. Les dernières informations font état de combats qui ont encore lieu et il semblerait – et là je suis comme tout le monde, je ne suis pas à Palmyre – que les troupes de Daech se soient retranchées précisément dans la ville antique. Ce qui modère en quelque sorte notre joie ou notre plaisir de les voir déguerpir du site antique. Car la menace qui pèse sur la ville reste très grave, très lourde et ce n’est pas les combats au milieu des ruines qui peuvent nous rendre très optimistes. Donc, pour l’instant, il semblerait que l’armée de Bachar tienne la citadelle, la zone des grands hôtels à l’entrée sud-ouest de la ville et une partie au moins de la vallée des tombeaux, c’est-à-dire la zone archéologique à l’ouest de la grande colonnade.

    Maurice Sartre, je rappelle que vous êtes spécialiste de la Syrie antique et notamment de Palmyre, est-ce que, en tant qu’historien justement, vous pouvez dire «merci Bachar el-Assad de nous aider à libérer Palmyre»?

    Sûrement pas. D’abord, parce que Bachar est à l’origine de tout le drame que traverse la Syrie. Il ne faut quand même pas oublier que huit morts sur dix sont le fait de Bachar el-Assad et pas de Daech. Ensuite, le pillage de Palmyre, l’armée de Bachar el-Assad s’y est livré grandement pendant le temps où elle l’occupait et en avait repris le contrôle entre 2012 et 2015. Et, enfin, je n’oublie jamais non plus que c’est Bachar el-Assad qui a livré sans combat Palmyre à Daech, s’abstenant même de bombarder les convois de Daech qui faisaient route de Deir ez-Zor à Palmyre à travers 200 km d’un désert plat comme la main et où il n’y a aucune cachette.

    Ne faisons pas de Bachar le sauveur qu’il faut remercier. Il est le complice de Daech très largement. Il ne faut pas oublier que c’est quand même lui qui leur achète du pétrole et une partie du blé qui font leur fortune et qu’il avait livré la ville de Palmyre sans aucun combat. Cela n’empêche pas que je suis très heureux de voir Daech déguerpir. Mais que le deuxième tyran de la Syrie reprenne le contrôle de Palmyre n’est sûrement pas quelque chose qui est fait pour réjouir qui que ce soit et sûrement pas les Syriens.

    Est-ce que vous vous dites aujourd’hui que vous allez bientôt pouvoir retourner à Palmyre et observer l’étendue des dégâts?

    D’abord, que je retourne à Palmyre est très accessoire. Bien sûr j’aimerais y retourner. Je pense que le directeur général des antiquités qui fait un travail formidable va sans doute très vite faire le bilan des destructions. Bien sûr il ne pourra pas, comme d’habitude, tout dire et notamment révéler l’ampleur des pillages qui avaient eu lieu avant l’arrivée de Daech et qui étaient considérables déjà. Mais peu importe, je crois que pour l’instant ce qui est urgent c’est effectivement de faire le point. Non pas sur ce qu’on connaît déjà, car par les photos aériennes on connaît beaucoup des destructions les plus graves, c’est-à-dire ce qu’a fait Daech et qu’il a mis en scène, ce qui fait que le monde entier est au courant. Cela on le connaît. Mais ce qui est le plus grave, c’est l’étendue des pillages et donc la disparition d’un patrimoine archéologique insoupçonné, inconnu, non identifié même encore par les historiens. Et il est extrêmement important de le faire le plus vite possible avant que l’armée de Bachar el-Assad ne se remette, comme elle l’avait fait avant, à piller le site et à se livrer elle-même au trafic des antiquités. (26 mars 2016, journal d’informations de France culture de 12h30).

    Publié par Alencontre le 27 - mars - 2016
     
  • Jénine Paris 12

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  • Dessins de presse:

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    Prise de Palmyre (The Guardian)

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    Le dessin original ignore la Turquie, pourquoi?

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    The Independant

  • Annemasse BDS

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  • Nouveautés sur "Lutte Ouvrière"

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    Dans le monde

  • Guerre d’Algérie : pour réprimer, droite et gauche étaient complices (Lutte Ouvrière)

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    La décision de François Hollande de commémorer l’anniversaire du 19 mars 1962, date du cessez-le-feu qui marqua la fin de la guerre d’Algérie, a déclenché une polémique bien hypocrite, notamment avec Nicolas Sarkozy.

    Quand Sarkozy reproche aujourd’hui à Hollande d’avoir choisi une date qui marque le début de l’exode des Français d’Algérie et du massacre des harkis, les supplétifs de l’armée française, il ne fait que rappeler l’une des conséquences tragiques de cette guerre que ses prédécesseurs et ceux de Hollande menèrent à tour de rôle. Et quelle date aurait-il fallu choisir dans cette guerre où chaque jour était marqué par une empreinte de sang ? Pendant le long combat du peuple algérien pour son indépendance, la droite et les socialistes menèrent la répression d’un commun accord, se partageant la responsabilité de la mort de centaines de milliers d’Algériens, et de dizaines de milliers de jeunes soldats français.

    C’est la gauche qui commença à intensifier la guerre.

    Lorsque la lutte armée commença à la Toussaint 1954, François Mitterrand, qui à l’époque n’était pas encore socialiste, mais ministre de l’Intérieur appartenant à un petit parti de droite, déclara à l’Assemblée « Tous les moyens seront réunis pour que la force de la nation l’emporte, quelles que puissent être les difficultés et les cruautés de cette tâche. » Ce fut le début d’une répression féroce.

    En mars 1956, le socialiste Guy Mollet se fit voter des pouvoirs spéciaux, avec l’appui du PCF.

    Il s’en servit pour rappeler en Algérie des jeunes du contingent et, l’année suivante, il confia le maintien de l’ordre à Alger au général Massu, couvrant ses actes de torture. À partir de mai 1958, lorsque de Gaulle fut appelé au pouvoir par Guy Mollet, la droite prit le relais de la gauche pour aggraver encore la répression, en Algérie mais aussi en France où la police massacra le 17 octobre 1961 plusieurs centaines de manifestants algériens dans les rues de Paris.

    Face à cette complicité sans faille de la droite et de la gauche, la polémique entre Hollande et Sarkozy, cinquante-quatre ans après les faits, apparaît bien dérisoire.

    Après le cessez-le-feu, de nombreux harkis furent massacrés. L’armée française les avait recrutés pour l’aider dans sa sale guerre. Mais à la différence des parachutistes de Massu ou des troupes françaises, la majorité d’entre eux ne purent pas quitter l’Algérie, et restèrent face à la haine de ceux qu’ils avaient réprimés. C’est souvent le sort que les gouvernements des grandes puissances réservent, quand vient le moment de la défaite, à ceux qui leur ont servi de supplétifs. Quant aux 700 000 Français qui durent quitter l’Algérie, eux aussi furent victimes de cette politique qui avait dressé un mur de haine entre les populations française et arabe d’Algérie.

    Hollande et Sarkozy peuvent bien se chamailler aujourd’hui sur une date de commémoration, cela est sans importance, et ne peut effacer la complicité de leurs prédécesseurs dans la guerre sanglante qu’ils menèrent en Algérie.

    Daniel MESCLA 23 Mars 2016
  • La France sent mauvais (Michel Warscharwski)

    coup-de-boule Siné Mensuel

    Valls critique le président de l’Observatoire de la laïcité parce qu’il a osé avoir pour interlocuteur… des musulmans ; Elisabeth Badinter déclare qu’il ne faut pas avoir peur d’être traité d’islamophobe. Selon Michel Warschawski, correspondant en Israël, la France connaît une terrible régression.

    Récemment, le Premier ministre Manuel Valls a fortement critiqué le président de l’Observatoire de la laïcité, Jean-Louis Bianco. Bianco est un homme intègre, et loin d’être un gauchiste. Après les attentats du 13 novembre, il avait signé une pétition titrée « Nous sommes unis », publiée dans Libération. Parmi les signataires, le grand rabbin de France Haïm Korsia. Valls ne critique pas le contenu de l’appel mais la présence parmi les signataires de militants musulmans d’obédiences diverses : s’ils ne dérangent pas le grand rabbin de France, ils sont infréquentables pour le Premier ministre.

    Quand il y a un incendie, que les gens s’unissent pour l’éteindre, doit-on les punir pour cela ? Doit-on refuser qu’une partie de ceux-là aient le droit de l’éteindre alors que le pyromane les visait ? Pourquoi Valls s’en prend-il aux pompiers et à toutes les bonnes volontés ?

    Cette position s’inscrit dans une terrible régression islamophobe que connaît la France depuis l’affaire du voile, mais encore plus depuis l’attaque contre Charlie Hebdo. Pour preuve, si nécessaire, cette déclaration d’Elizabeth Badinter sur les ondes de France Inter (6 janvier 2016) dont, comme on dit dans ma tradition, la vieillesse fait honte à sa jeunesse :

    « Il ne faut pas avoir peur de se faire traiter d’islamophobe… À partir du moment où les gens auront compris que c’est une arme contre la laïcité, peut-être qu’ils pourront laisser leurs peurs de côté pour dire les choses. »

    Comment qualifier ce à quoi nous assistons : une personnalité publique et influente vient proclamer sur les ondes d’une radio nationale qu’il ne faut pas avoir peur de se faire traiter d’islamophobe, dans une période où les actes islamophobes ont augmenté de plus de 200 % ? Si l’on appliquait l’égalité des lois à tous les citoyens, Madame Badinter serait poursuivie en justice pour avoir tenu de tels propos.

    C’est lors d’une rencontre des Amis du Crif que le Premier ministre s’en est pris à Jean-Louis Bianco pour défendre Madame Badinter et pour dénoncer la signature commune avec des organisations musulmanes :

    « On ne peut pas signer des appels, a déclaré le Premier ministre sous les applaudissements des membres du Crif, y compris pour condamner le terrorisme, avec des organisations que je considère comme participant du climat que l’on a évoqué tout à l’heure. »

    Valls crée un nouveau concept politique, le climat et, partant de ce concept, déclare que tout « climatologue » doit être ostracisé, avant d’être – qui sait ? – déchu de sa nationalité et, comme apatride, envoyé a Drancy.

    Politique fiction ? Procès d’intention ? En aucun cas : il suffit pour se faire une idée de la conception de la démocratie qu’a Manuel Valls d’écouter ses propos sur les appels au BDS (boycott, désinvestissement, sanctions) en France :

    « Les pouvoirs publics doivent changer d’attitude [vis-à-vis des actions BDS, NDLR]. On voit très bien comment on est passé de la critique d’Israël à l’antisionisme, et de l’antisionisme à l’antisémitisme. »

    Et alors que le président du Crif, Roger Cukierman, exigeait l’interdiction de manifestations qui appellent au BDS, Valls, loin de lui faire une petite leçon de démocratie et du républicanisme dont il se réclame en permanence, lui répond : « Ce que je peux vous dire, c’est que j’en parlerai, et j’en ai déjà parlé avec le ministre de l’Intérieur. Je pense que les pouvoirs publics doivent changer d’attitude vis-à-vis de ce type de manifestations. Il me semble qu’il s’agit de quelque chose qui participe d’un climat (encore une fois le « climat ») nauséabond, donc je suis plus qu’attentif. Je pense que nous allons prendre des dispositions […] qui doivent montrer que ça suffit, et qu’on ne peut pas tout se permettre dans notre pays. »

    Quelles dispositions ? Déchéance de nationalité ? Camps d’internement ? La France est – et pour longtemps encore, promet le Premier ministre – dans l’état d’urgence. Tout est donc possible. S’il y a un climat nauséabond en France, c’est dans des propos tels que ceux de Manuel Valls qu’on doit chercher la source. Ou encore dans la distinction que fait Christian Estrosi (au Grand Rendez-vous d’Europe 1) entre la kippa et le voile, la première étant encouragée par le président de la région Paca, le second dénigré.

    Aux Juifs de France qui se sentent protégés par des politiciens comme Estrosi, je ferais une double mise en garde : d’abord, si la République interdit ou stigmatise aujourd’hui un signe religieux d’une minorité, non catholique, elle permet de faire de même demain avec une autre religion ; Vichy n’est pas si loin pour que les Juifs de France soient si certains d’être immunisés contre un racisme d’État : si on s’en prend aujourd’hui au voile, après-demain, ce sera à la kippa qu’arborent avec démagogie les Estrosi de droite et de gauche.

    Ensuite, une telle discrimination entre deux communautés, l’une étant valorisée et l’autre dénigrée, ne peut pas ne pas provoquer des réactions anti-juives au sein de la communauté dénigrée. Répétons-le inlassablement : la seule protection des Juifs de France, c’est le combat commun contre le racisme, dans toutes ses expressions. Flirter avec le racisme antimusulman n’est pas seulement immoral, c’est suicidaire.

  • Religions : je persiste et signe (Michel Warschawski )

    coup-de-boule Siné Mensuel

    Suite à son Coup de Boule « La France sent mauvais » paru dans le n°50 de Siné Mensuel, Michel Warschawski a reçu un courrier de lecteur fâché. Il répond, persiste et signe. 

    Même si j’ai porté la kippa pendant les vingt premières années de ma vie et pratiqué tous les commandements de la Tora, y compris les plus futiles, je suis aujourd’hui un athée qui mange à Kippour et adore la côte de porc. À la synagogue, je n’y vais que pour des fêtes de famille et mon enterrement se fera hors des rites et des cimetières juifs.

    J’ai cependant développé une véritable allergie aux laïcards français. Je spécifie « français » parce que c’est une maladie typiquement hexagonale et je ne pense pas qu’en Grande-Bretagne, par exemple, il y ait moins d’athées ou d’agnostiques qu’en France, mais ils sont, pour la plupart, exempts de cette haine du religieux.

    Eh oui, même si je collabore à Siné Mensuel et aime beaucoup Bob, je suis loin de partager leur haine des religieux. Pourquoi cette clarification ? Parce que Catherine m’a fait suivre un courrier me concernant où on pouvait lire :

    « C’est quoi cet article de Warschawski ? Certes, Valls est à vomir, mais est-ce une raison pour défendre les religions dans Siné ?!  La France sent mauvais. Difficile de contredire un tel titre. Cela dit, dans quel autre pays un canard comme Siné Mensuel pourrait exister ? Si on élimine tous les pays où la religion est au pouvoir totalement ou partiellement, ça fait pas lerche. Quant à considérer le voile comme un simple signe religieux, alors là, je m’étrangle au point que j’aurai sans doute du mal à acheter le prochain numéro le mois prochain. Certes, combattre l’obscurantisme religieux est on ne peut plus délicat quand on est sans cesse parasité par des nuisibles qui en profitent pour y insérer du racisme, mais fait chier quand même ».

    Je ne sais pas ce que signifie « défendre les religions ». Je sais par contre ce que signifie la liberté, et le droit de chacun de vivre sa vie comme il/elle l’entend, tant que cela ne porte pas préjudice à l’autre. Préjudice n’inclut évidemment pas « ce qui me dérange » : si, comme je l’ai dit, j’aime la côte de porc, je n’aime pas par contre la cuisine indienne et l’odeur des plats au curry m’importune. Pourtant, je n’ai jamais envisagé qu’on ferme pour cette raison les restos indiens.

    Le port de la kippa ou du fez, du foulard ou de la perruque est une histoire de choix individuel… qui, comme tous les choix ou les goûts, est formaté par la culture ambiante, l’école, la famille, voire l’Église.

    Quand, en plus, une communauté est stigmatisée, le port de ses signes distinctifs est souvent un acte d’affirmation de soi et de mise en défi du racisme ambiant. Si l’on interdisait la kippa en France, je crois bien que je défierais la loi et mangerais ma côte de porc avec une kippa sur la tête.

    La laïcité est faite de la séparation totale de l’État et des religions et du droit de chacun de vivre ses croyances, philosophiques ou religieuses, comme il/elle l’entend. La France a été à l’avant-garde de la bataille historique pour cette laïcité, et ses valeurs ont rayonné à travers le monde. Mais quand cette laïcité prend les accents de Madame Badinter, c’est de racisme qu’il s’agit, dans la droite ligne du « rôle civilisateur du colonialisme ». Car – mais faut-il le rappeler ? – la France laïque et républicaine a tenté d’imposer sa civilisation aux peuples sauvages, au prix de millions de morts. Aujourd’hui, elle n’a aucun problème à faire des affaires juteuses avec l’Arabie saoudite… où le port du voile est obligatoire.

    J’irai même plus loin : un peuple qui a applaudi pendant près de quatre ans le Maréchal et son régime, qui a collaboré, activement ou passivement, à la déportation de ses citoyens juifs ou roms, se doit d’être modeste quand il critique les mœurs civilisationnelles des autres.