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Arabie Saoudite - Page 7

  • L’attaque saoudienne contre le Yémen, un évènement grave à condamner et combattre (Lcr.be)

     

    Des combattants rebelles chiites manifestent contre les raids saoudiens menés au Yémen, à Sanaa, le 26 mars.

    (Manif chiite contre le raid)

    Dans la nuit du 25 au 26 mars, l’Arabie saoudite a fait pénétrer massivement ses troupes au Yémen. C’est un évènement d’importance, dont il n’est pas sûr qu’il n’aurait pas été occulté médiatiquement chez nous même si la tragédie aérienne des Alpes du Sud ne s’était pas produite l’avant-veille.

    Qu’on en juge : cette invasion-agression est menée au nom d’une coalition de circonstance groupant rien de moins que tous les pays du Conseil de Coopération du Golfe sauf l’Oman, c’est-à-dire les Emirats arabes unis, le Koweit et le Qatar derrière l’Arabie saoudite, mais aussi l’Egypte, le Maroc, la Jordanie, le Soudan et une puissance nucléaire, le Pakistan. Symboliquement la présence sous l’égide saoudienne du régime militaire égyptien du général al Sissi d’une part, et de l’émirat du Qatar ancien soutien des Frères musulmans massacrés en Egypte par le même al Sissi d’autre part, renforce l’aspect voulu d’une sorte de réconciliation des altesses et des képis dans une ligue de salut sunnite formée derrière le nouveau roi Salman ben Abdelaziz al-Saoud, ligue à laquelle la Turquie apporte également son soutien.

    Mieux encore : les ennemis que vient combattre officiellement cette coalition sous égide saoudienne, les houthistes, sont aussi les cibles désignées de Daesh qui s’est illustré par la revendication d’un effroyable attentat faisant 142 morts à Sanaa le 20 mars. Ce carnage était de fait le prologue à l’agression saoudienne, alors même que le régime de Ryad est censé combattre, comme le Qatar, les forces de Daesh en Irak et en Syrie !

    D’ailleurs, les rivaux que Daesh cherche à renvoyer au rayon des vieilleries inoffensives, nous voulons parler d’al-Qaeda, bien présents au Yémen, combattent eux aussi les mêmes houthistes !

    Les Etats-Unis, qui ont depuis des années mené une triste guerre de drones contre al-Qaeda (en tout cas officiellement) au Yémen, se trouvent maintenant dans le même camp de facto, puisqu’ils apportent un soutien officiel à l’intervention saoudienne et sont censés préter leur soutien logistique, sauf qu’il est évident que dans cette affaire, Ryad les a mis devant le fait accompli.

    Le jeu saoudien consiste à orchestrer une coalition anti-chiites visant l’Iran, comme le souligne l’engagement du Pakistan dans la coalition, particulièrement dangereux et qui ne peut se justifier que pour faire planer la menace de prendre à revers l’Iran, ce qui soulève des mobilisations de protestations au Pakistan, et des doutes jusqu’au sommet de l’Etat.

    Or ce jeu intervient à un moment bien précis : les négociations sur le nucléaire iranien sont censées déboucher, ou non, sur un accord, dans les heures ou jours à venir. Officiellement il y a achoppement sur la durée de la surveillance imposée à l’Iran, la levée immédiate ou non des sanctions économiques, et la proposition iranienne récente de garder une grande partie de ses centrifugeuses plutôt que de les envoyer en Russie et de diluer son stock d’uranium sur place sous forme de gaz. Remarquons d’ailleurs que cette dernière complication des négociations est venue aprés l’intervention saoudienne au Yémen et l’entrée du Pakistan dans la coalition, ce qui pourrait avoir renforcé, à Téhéran, les factions hostiles à un accord.

    Mais le bras de fer réel se déroule au sein de l’administration US voire dans la tête de certains hauts responsables, dont Obama : l’intérêt bien compris, à moyen terme, de l’impérialisme nord-américain, est de s’entendre avec l’Iran, ainsi qu’avec Bachar el Assad en Syrie, contre les peuples de la région. Cela supposerait un esprit de décision à Washington dont la carence actuelle renvoie à la crise globale ouverte depuis 2008, et au bilan d’échec accablant sur tous les plans de 15 années de soi-disant guerre sans fin contre le terrorisme.

    Début mars le ci-devant général Petraeus, ancien chef de l’OTAN, de la CIA et de l’occupation US en Irak et Afghanistan, débarqué en 2012 pour … adultère, déclarait que “L’Etat islamique n’est pas le plus grave danger qui menace l’Irak.“.

    Remarquons bien que cette spectaculaire déclaration dit tout haut ce que tous pensent tout bas : mais non, l’Etat islamique, cet abominable chose qui diffuse en vidéos ses barbaries, n’est pas pour eux le véritable danger. Le véritable danger, ce sont les peuples !

    Ceci étant, c’est en l’occurrence l’Iran que Petraeus désigne évidemment ici, et c’est là une attaque directe contre la politique qu’Obama et John Kerry semblent tenter de mettre en oeuvre.

    Deux Etats, ayant des ramifications dans l’appareil d’Etat US tout en dépendant étroitement de sa tutelle ou de sa clientèle, veulent empêcher Washington de matérialiser ce tournant, de signer un accord avec l’Iran, et lui tiennent rigueur de son incapacité croissante à jouer les gendarmes : Israël et l’Arabie saoudite. De sorte que l’on peut dire que l’intervention saoudienne au Yémen s’ajoute à la réélection de Benyamin Netanyahou, aprés sa visite au Congrés US contre Obama, pour essayer maintenant de contraindre Washington à s’aligner sur les initiatives de ses clients !

    Les gesticulations saoudiennes veulent faire croire au monde entier que les houtistes au Yémen serait par rapport à l’Iran dans une relation d’alliance comparable à celle du Hezbollah au Liban. Or, ceci est complétement faux.

    Les chiites du Yémen, zaydites, sont plus proches de l’islam sunnite chafféite que les chiites duodécimains d’Iran et ont toujours cohabité avec lui jusqu’à ce jour, fréquentant y compris les mêmes mosquées. Le régime monarchique de supposés descendants du Prophètes, zaydites, fut renversé en 1962, mais l’intervention égyptienne refusant la prise en compte des revendications paysannes et populaires a “réussi ce tour de force de faire revenir le pays à son point de départ“ (Samir Amin, La nation arabe, Nationalisme et lutte de classe, Editions de Minuit, 1976) et de ramener les “féodaux“ soutenus par la monarchie saoudienne au pouvoir au Nord du Yémen. C’est donc aprés la faillite du nationalisme bourgeois qu’un renouveau zaydite se produisit, d’abord sous la forme d’une évolution religieuse le rapprochant du chiisme duodécimain (par exemple par la reprise de la fête de l’Achoura, mais sans les rituels sanglants), réagissant aux pressions de l’islamisme sunnite pour aligner tout l’islam, évolution d’où sortit le mouvement “houthiste“, du nom du leader politico-religieux Abd Al-Malik Al-Houti, assassiné lors d’un raid aérien saoudien – déjà.

    Ce mouvement a une base territoriale dans des zones paysannes pauvres, et a participé au “printemps arabe“ à Sanaa en 2011, qui a réussi aprés de terribles affrontements à renverser le dirigeant dictatorial et corrompu Ali Abdalla Saleh (lui-même d’origine zaydite), mais sans déboucher sur une issue démocratique, un dirigeant analogue, Saadi, lui succédant en 2013. Tout s’est alors passé comme si le mouvement houtiste avait progressivement, et sans toujours l’avoir cherché, comblé les vides politiques se formant dans l’Etat. Allié depuis 2014 à des secteurs proches de l’ancien président Saleh, les houthistes ont pris le contrôle de Sanaa en septembre 2014. La fuite de Saadi à Aden en janvier 2015 a conduit les houthistes à marcher sur le Sud et à prendre cette ville et c’est alors que Ryad intervient massivement.

    L’intervention saoudienne est donc motivée par la volonté de contrôler le Yémen, pays le plus peuplé et le plus pauvre de la péninsule arabique, un pays qui n’a pas de pétrole mais qui contrôle le passage de Bab el Mandeb (l’entrée Sud de la mer Rouge) et par la grande opération diplomatico-militaire décrite ci-dessus avec la formation d’une coalition sunnite, contraignant les Etats-Unis à la soutenir en espérant saboter un accord avec l’Iran. Ces raisons suffiraient à caractériser cette intervention de réactionnaire sur toute la ligne, devant donc être condamnée et combattue.

    Mais il est vraisemblable que l’attaque saoudienne a été aussi motivée, tout simplement, par la peur panique de voir une crise éclater dans le royaume wahabite lui-même, tant sont profonds les liens entre ses populations et les yéménites. Les chiites, duodécimains, zaydites ou ismaéliens, sont des minorités opprimées et discriminées en Arabie saoudite, et leur mise en mouvement, loin d’être la “manipulation iranienne“ que dénonce le régime pour mieux le circonscrire, annonce l’entrée dans la lutte pour leur émancipation des prolétaires, dont beaucoup ici sont des immigrés africains et asiatiques qui ont déjà manifesté en écho aux grèves de beaucoup de pays asiatiques ces dernières années, et celle des femmes. Bref, le combat contre la discrimination des chiites, 17 à 20% de la population, est une brêche par où tout peut s’engoufrer en Arabie saoudite.

    Le régime de Ryad se met en danger pour éviter ce danger : car son intervention au Yémen, pour peu qu’elle pâtine ou tourne mal, produira un choc en retour très profond. A son tour, le régime risque de vouloir conjurer cette possibilité en pratiquant la fuite en avant dans le sens de la guerre des sunnites contre les chiites et de l’encerclement de l’Iran, alors que tel n’est absolument pas le contenu réel des mouvements sociaux qui ont commencé dans tout le monde arabe. Ce sont les régimes en place et les mécanos monstrueux qu’ils ont activé, comme Daesh, qui sont porteurs des guerres de religion. Le régime iranien et le régime pakistanais sont tout aussi dangereux. Mettre la guerre à la place de l’émancipation, voila leur seul programme.

    L’alternative est l’émancipation, la démocratie, la destruction de toutes les théocraties comme des dictatures militaires. Ce n’est pas une utopie : c’est le réalisme.

    1 avril 2015 par Vincent Présumey

    http://www.lcr-lagauche.org/lattaque-saoudienne-contre-le-yemen/

  • Arabie saoudite. 10 faits bruts au-delà du cas de Raif Badawi (Amnesty)

    http://revolutionsarabes.hautetfort.com/media/00/01/2059829115.jpeg

     

    Le 6 mars, cela fera huit semaines que les autorités saoudiennes ont flagellé en public le blogueur et militant Raif Badawi, condamné à 1 000 coups de fouet et 10 ans de prison pour avoir « insulté l’islam » et créé un forum en ligne dédié au débat politique.

    Après avoir reçu les 50 premiers coups de fouet devant la mosquée de Djedda le 9 janvier, Raif Badawi a été examiné par un médecin qui a assuré aux autorités carcérales que ses blessures n’avaient pas suffisamment cicatrisé et qu’il n’était pas en état de subir une nouvelle série de coups.

    Le vendredi suivant, tandis qu’une commission médicale avait affirmé que Raif Badawi ne devait pas recevoir de coups de fouet en raison de son hypertension, un autre médecin de la prison a estimé qu’il n’y avait aucun problème et que son châtiment pouvait être appliqué. Ensuite, pendant cinq semaines consécutives, les séances de flagellation du vendredi n’ont pas eu lieu, pour des raisons qui demeurent inconnues. On ignore si la suite de sa sentence sera appliquée vendredi 6 mars.

    Raif Badawi a fait la une des médias du monde entier. Cette affaire n’est pourtant que la partie émergée de l’iceberg quant au bilan déplorable de l’Arabie saoudite en termes de droits humains. S’appuyant sur ses recherches, Amnesty International livre 10 éléments qui donnent à réfléchir :

    1. Traitements cruels, inhumains et dégradants
    Les tribunaux saoudiens continuent de prononcer des peines de flagellation à titre de châtiment judiciaire pour de nombreuses infractions, bien souvent à l’issue de procès iniques. Outre Raif Badawi, au cours des deux dernières années, les défenseurs des droits humains Mikhlif bin Daham al Shammari et Omar al Said ont été condamnés à 200 et 300 coups de fouet respectivement, et l’employée de maison philippine Ruth Cosrojas à 300 coups de fouet. Les amputations et les amputations croisées servent aussi de châtiment pour certains crimes.

    2. Montée en flèche des exécutions
    L’Arabie saoudite compte parmi les pays qui exécutent le plus grand nombre de personnes : chaque année, des dizaines de condamnés sont exécutés, la plupart étant décapités en place publique. Depuis le début de l’année 2015, 40 personnes ont été mises à mort, presque quatre fois plus que pour la même période en 2014.

    3. Répression contre les militants
    Outre Raif Badawi, des dizaines de militants sont toujours derrière les barreaux, simplement pour avoir exercé leurs droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion. Les autorités prennent pour cible la communauté des défenseurs des droits humains, petite mais active, et utilisent les lois antiterroristes pour réprimer leurs activités pacifiques qui visent à dénoncer et à combattre les violations des droits humains.

    4. Dissidence étouffée
    Tous les rassemblements publics, y compris les manifestations, demeurent interdits au titre d’un arrêté pris en 2011 par le ministère de l’Intérieur. Ceux qui bravent cette interdiction risquent d’être arrêtés, poursuivis et emprisonnés, entre autres pour avoir « incité la population à s’opposer aux autorités ».

    5. Discrimination systématique à l’égard des femmes
    Les femmes et les filles sont toujours confrontées à la discrimination dans la loi et en pratique. Les femmes sont subordonnées aux hommes aux termes de la loi, en particulier dans les affaires liées à la famille comme le mariage, le divorce, la garde des enfants et l’héritage. Les femmes qui soutiennent la campagne pour contester l’interdiction faite aux femmes de conduire risquent d’être harcelées, intimidées, voire arrêtées par les autorités.

    6. La torture, pratique courante en détention
    Selon notamment d’anciens détenus et des accusés, le recours à la torture et aux autres mauvais traitements demeure courant et très répandu, et ces sévices sont infligés en toute impunité par des membres des forces de sécurité.

    7. Arrestations et détentions arbitraires
    Un très grand nombre de personnes sont arrêtées et placées en détention provisoire pendant plus de six mois, ce qui constitue une violation du Code de procédure pénale saoudien. Les détenus sont souvent maintenus au secret pendant les interrogatoires et privés du droit de consulter un avocat. Des défenseurs des droits humains sont détenus sans inculpation ni jugement depuis plus de deux ans.

    8. Discrimination religieuse profondément enracinée
    Des membres de la minorité chiite, dont la plupart vivent dans la région pétrolifère de la province de l’Est, font toujours l’objet d’une discrimination profondément enracinée qui restreint leur accès aux services gouvernementaux et à l’emploi. Des militants chiites ont été condamnés à mort ou à de lourdes peines de prison pour leur participation présumée aux manifestations de 2011 et de 2012.

    9. Expulsion massive de travailleurs migrants
    Selon le ministère de l’Intérieur, la répression contre les travailleurs migrants en situation irrégulière en novembre 2013 s’est traduite par l’expulsion de plus de 370 000 travailleurs ; 18 000 autres étaient toujours en détention au mois de mars 2014. Plusieurs milliers de travailleurs ont été sommairement renvoyés en Somalie, au Yémen et dans d’autres pays, où ils risquent d’être victimes d’atteintes à leurs droits fondamentaux.

    10. Ce qui se passe dans le royaume reste dans le royaume
    Les autorités refusent d’autoriser les organisations indépendantes de défense des droits humains, comme Amnesty International, à entrer dans le pays et prennent des mesures répressives, notamment par l’intermédiaire des tribunaux, contre les militants et les proches de victimes qui prennent contact avec Amnesty.

    5 mars 2015, 15:27

    https://www.amnesty.org/fr/articles/news/2015/03/saudi-arabia-in-ten-brutal-facts/

  • Arabie Saoudite: Al Awamiya, bastion et cœur de la révolution (lcr.be)

    Près de quatre ans après le début du mouvement révolutionnaire à Qatif, les autorités affrontent encore ce mouvement par la violence, les meurtres, les arrestations, la torture en prison, et des cours d’inquisition Aussi n’y a-t-il rien d’étonnant dans la démarche de l’Etat lors des opérations récentes, commises avec une sauvagerie extrême, par la terreur et le châtiment collectif des civils désarmés. Les forces de sécurité ont commis dernièrement un crime qui n’a pas été relaté dans les médias officiels sinon sous forme de cris de vengeance, ou, comme de coutume, pour faire l’éloge des succès de la sûreté dans leur guerre contre le terrorisme. Dans cet article, nous aborderons plusieurs axes dont : le dernier massacre, la réforme et le marchandage, le mouvement révolutionnaire et ses problématiques, l’avenir de la lutte dans la région.

    Il y a eu 27 martyrs, des centaines de blessés et des milliers de détenus dans les cachots du pouvoir depuis le début du mouvement révolutionnaire. La ville de Qatif a subi 7 raids militaires de blindés, dont 6 pour la ville d’Al Awamiya, qui était en réalité la cible… Elle est le bastion et le cœur de la révolution.

    Septième massacre et  vingt-septième martyr

    En ce jour sanglant du 20 décembre dernier, Al Awamiya a subi le raid militaire de dizaines de blindés et d’hélicoptères. Les quartiers résidentiels ont été bombardés, se soldant par la mort de cinq martyrs dont un enfant ne dépassant pas les 13 ans. Les cinq martyrs sont : Ali Abou Abdallah, Abdallah Al Maddad, Ridha Bandari, Thameur Al Rabii, Hassan Mousallab.  Beaucoup de s’en sont sortis avec des blessures variables. Leur nombre s’élève à 74, dont une femme, 7 personnes âgées, et 8 enfants. Il y a eu une tentative de résistance, menée par un groupe qui s’est auto-dénommé « Brigades de la résistance ».

    Cette opération sécuritaire au cours de laquelle les autorités ont utilisé différentes armes, grenades, balles et blindés, a entraîné une destruction matérielle qui n’a épargné ni les fermes, ni les logements, les commerces ou les véhicules. Elle a endommagé tout ou partie de plus de 50 bâtiments et plus de 30 commerces et 79 voitures ont été incendiées ou endommagées.

    La sanction avant le crime

    Les autorités locales ne traitent pas avec le mouvement de protestation, ses militants et sympathisants en tant qu’opposants pacifiques « protestataires » ou en tant que « manifestants ». La  déformation et l’affabulation ont prévalu et servent à qualifier le mouvement. C’est pourquoi nous trouvons toujours ces expressions toutes faites : « provocateurs et émeutiers », « cellule d’espionnage », « soutenus par des Etats étrangers », et « terroristes », « valets » et « crânes bourrés ». Ces allégations ont été toujours de mise lors de tout mouvement de protestation opposé aux régimes. Ce discours a été utilisé pour dénaturer les mouvements révolutionnaires, surtout à l’ère de la contre-révolution au printemps arabe. La presse officielle a déclaré que le dernier massacre était « pour venger le martyr du devoir », en d’autres termes que le pouvoir sécuritaire avait vengé le soldat Abdelaziz Assiri dont les autorités ont affirmé qu’il avait été tué dans le quartier d’Al Nassera, donc pas à Al Awamiya. Par la suite, le général Mansour Turki, qui parle au nom du ministère de l’Intérieur, a fait une sortie affirmant que l’opération était une opération de représailles. C’est ainsi que les journaux ont reproduit l’information, mettant le pouvoir dans l’embarras, puisqu’il avait dépeint la milice comme une milice de représailles. Afin de rectifier ses déclarations hâtives, le général Turki a fait une autre sortie et est revenu sur «  venger le martyr du devoir » et il a dit : «  Les hommes de la sûreté ne font pas de représailles et ne se vengent de personne ». Par ailleurs, la presse officielle n’a pas produit une seule preuve du prétendu assassinat, et en réalité il y a plus de 25 domiciles sur une distance de 100 à 150 mètres du lieu dont les autorités prétendent être celui du crime, le point de contrôle de Nassera– or personne n’y a entendu le moindre tir et personne n’y a vu ce soldat-, c’est un événement auquel nul n’a assisté. Un crime commis dans un lieu différent de celui de l’opération de représailles. En outre, il n’y a pas eu non plus de publication de photo du soldat tué ni de déclarations de témoins oculaires, et nous nous demandons pourquoi ? Les autorités auraient pu publier des preuves de cet événement comme elles l’ont fait pour le soldat blessé dans un hôpital. Elles avaient allégué qu’il avait été atteint par un coup de feu lors de ce même raid. Ainsi l’assassinat du soldat Al Assiri à Al Awamiya reste une invention des autorités – faute de preuves à l’appui de ces allégations.

    Le porte-parole du ministère de l’Intérieur a affirmé que le martyr Ali Abou Abdallah était l’assassin et l’auteur du meurtre du soldat Abdelaziz Assiri. Le militant des droits de l’homme Ali Al Dabissi a commenté cette accusation et la méthode utilisée pour tuer le martyr : « Les enregistrements sonores disponibles et qui contiennent les appels au secours des martyrs (que Dieu les accueille dans sa bonté), prouvent qu’il était possible de les attraper au lieu de les tuer. Le site a été bouclé, les tueurs en ont pris possession, et il était donc aisé de les attraper et de les déférer devant la justice. Cela sera avéré à l’écoute des bandes.».

    Que les forces sécuritaires préfèrent l’assassinat à l’arrestation n’est que la conséquence de l’aggravation de l’impuissance des solutions sécuritaires et judiciaires adoptées par les tribunaux d’inquisition. L’enfant martyr Thameur Al Rabii n’est autre que le petit frère d’Houssine Al Rabii, militant révolutionnaire emprisonné dans les prisons du pouvoir. Quant au martyr Hassan Mousallab, son frère aîné est mort en martyr dans une opération sécuritaire similaire l’année passée. Que les autorités ciblent les proches des militants révèle la tendance vengeresse empruntée par les forces de sécurité face au mouvement révolutionnaire et à la lutte dans la région. Au cours de son histoire, le pouvoir n’a pas eu besoin de justification pour se livrer à ce type de représailles. Nous avons toujours en mémoire l’accident au cours duquel des soldats du secteur sécuritaire se moquent d’une femme de Qatif : « C’est une chiite qui va se divertir » lors d’une scène de représailles aux relents de confessionnalisme, d’humiliation et de sexisme.

    Le mouvement réformiste –le courtier prêt au marchandage

    Les dignitaires et les élites militantes des droits de l’homme de diverses sensibilités ont signé des communiqués politiques de marchandage et de négociation. Ce sont eux qui ont appelé au calme depuis leurs estrades, et ils ont tenté par tous les moyens de faire avorter le mouvement révolutionnaire considérant que la sagesse et les médiations politiques étaient la solution. Malgré l’état de siège et les poursuites que vivent ces militants et les militants des droits de l’homme, dont le militant Fadhel Al Safwani, Mohammad Al Libad, Salman Al Faraj etc.,  les notoriétés et les élites ont exigé de les livrer aux services de sécurité. Ils ont ainsi fait du troc une méthode. Ils échangent l’organisation, le mouvement, la protestation pour les médiations politiques, la flânerie élitiste dans les palais, les correspondances et les rendez-vous dans les hôtels. Ainsi des symboles du courant réformateur nous sortent leur : « As-Sayf, As-Saffar et Al-Habil » avec toutes leurs sensibilités. Mais qui ont en commun de placer la pacification au-dessus de toute autre considération et appellent à s’en remettre aux notables. Dans la période de montée du mouvement révolutionnaire, lorsque la voie réformatrice se heurtait à une crise de polarisation, car ces élites vivent un moment de quasi chômage technique du fait qu’ils perdent leur statut social de médiateur, les voix s’élèvent pour faire porter aux militants la responsabilité de tous les massacres perpétrés par les autorités.

    Tawfik As-Sayf dit à propos du massacre du 20 décembre : « La responsabilité dans ce qui s’est passé à Al Awamiya aujourd’hui, le sang qui a coulé et les vies qui se sont éteintes, incombe à ceux qui sont armés et qui prônent la violence aveugle. Et derrière eux les personnes qui les encouragent et justifient leurs actes. ». C’est le moyen le plus facile ! Considérer que les diverses protestations sont détournées par un groupe de tueurs, d’hommes armés et des partisans du crime. Lénine disait : « Le pessimisme, la non-violence, la faiblesse de la volonté, et faire appel à « l’Esprit » forment une idéologie qui apparaît inévitablement à une époque où l’ancien régime tout entier « a été bouleversé »  et où la masse qui a été élevée sous cet ancien régime et en a sucé le lait maternel, les principes, les habitudes, les traditions, les croyances, ne voit pas ni ne peut voir quel est le nouveau régime qui s’ « ordonne », quelles forces sociales l’ »ordonnent » et comment, quelles forces sociales sont capables de la délivrer des maux sans nombre, particulièrement redoutables, propres aux époques de transformations violentes ». C’est pourquoi les cris humains (utopiques) lancés par As-Sayf et consorts sont le refuge adéquat pour les masses. Le docteur As-Sayf a décrit le mouvement révolutionnaire dans son ensemble comme « daechiste » considérant qu’il s’agissait de milices terroristes. Avant que nous ne critiquions les allégations d’As-Sayf, il faut faire appel à quelques réalités : si les porteurs d’armes sont responsables des crimes du pouvoir, pourquoi Qatif n’est pas considéré comme le gouvernorat où on a abattu le plus d’hommes de la Sûreté ?! Le journal Al Hayat a publié un rapport du ministère de la Justice, qui fait état de 3 villes où on a tué le plus d’éléments de la Sûreté : Riyadh, Jeddah, Haïl, dans ce cas pourquoi n’y a-t-il pas eu d’assaut sur la capitale, la côte ouest ou la région nord ? Si l’on considère que les responsables sont les hommes armés  ?! En réalité, il n’y a pas de logique dans cette analyse même si elle a été publiée suite à une erreur commise par l’esprit « rationnel »  de sa grandeur As-Sayf, le médiateur, en fin de compte : « Prenons garde à la mobilisation individuelle » et la nécessité d’en revenir à un généraliste avachi et un misérable notable qui pour nous a concocté une formule de génie pour résoudre les problèmes sociaux. Ce discours de marchandage a échoué au cours des cinquante dernières années et il est fort probable que les factures d’encre des imprimeries réformistes qui avaient imprimé leurs communiqués de suppliques et mendicité leurs seront réglées. La contestation est un droit de l’homme. C’est le moyen qui a permis les acquis politiques ou économiques de l’histoire. Les mouvements révolutionnaires, y compris dans notre histoire locale, ont mis en place une élite de réformateurs capables de réaliser ce marchandage politique.

    Entre réforme et guérilla

    Comme nous l’avons expliqué, le régime ne peut pas être réformé, car celui qui a intérêt à la radicalisation confessionnelle et le racisme est le même qui a intérêt à torpiller tout mouvement revendiquant la justice sociale. Celui qui possède les palais gardés par des blindés n’a pas d’intérêt politique ni matériel à l’édification d’une société basée sur la justice et l’égalité. Au moment où nous écrivons cet article quelques 50 blindés ont été attachés lors d’une mobilisation sécuritaire à la protection du roi qui a été transporté à l’hôpital de la garde nationale. Les fonctions dévolues à ces militaires sont la protection de la propriété privée et celle de la classe dirigeante et de la bourgeoisie locale. C’est la priorité sécuritaire et non pas la protection des citoyens comme le vantent les élites politiques.

    Comment le réformisme en est-il arrivé là ? ! Le chaos dans les groupes révolutionnaires actuels a conduit le mouvement de protestation à une impasse politique fatale. L’écart entre l’extrémisme révolutionnaire et l’opportunisme politique ne peut être tracé par la conjecture et la ferveur spontanée, mais à travers l’organisation révolutionnaire, la théorie et la pratique concrète jusqu’à ce que le mouvement parvienne à dépasser ses tribulations, comme l’a écrit le militant Bassem Chit : « Afficher la colère est facile, le problème le plus difficile est de l’orienter, car lorsque la spontanéité et l’anarchisme se déplacent vers son point d’impact réel, cela devient plus compliqué, et encore plus profond. C’est là la différence entre le populisme et la révolution. Le populisme assied son trône sur ce moment de spontanéité et finit avec lui, tandis que la pratique révolutionnaire est celle qui peut faire passer cette colère de son instantanéité à sa dimension historique de lutte permanente, non pas par le prisme d’un imaginaire aseptisé de la lutte, mais par la reconnaissance que la colère humaine n’est pas un joli spectacle! Et que sa beauté (possible) se construit dans la « boue » de la lutte, et pas du haut des tours de guet ! »

    La crise du mouvement réformiste a mis en exergue que beaucoup d’activistes, à travers l’émotion révolutionnaire œuvraient à torpiller cette frange qui trahit le mouvement et participe à détruire la région en faisant corps autour des forces sécuritaires contre les civils. De là beaucoup de questions s’imposent: est-ce que le changement de la conscience collective du désespoir à l’espoir et de la réforme à la révolution passe par la lutte contre les forces réformatrices et leurs symboles ?! Est-ce que la polarisation des masses par leur appel au sacrifice fait partie de la voie révolutionnaire ? Est-ce que l’abandon des revendications sociales du mouvement de contestation par des slogans appelant à la mort d’Al Saoud est la tactique adaptée à la conjoncture ?

     

    Dans la réalité, si les masses sont d’accord et unies dans la conscience et croient à la révolution pourquoi les autorités ont-elles pu envahir Al Awamiya et commettre le dernier massacre ! L’accumulation d’erreurs commises par le mouvement révolutionnaire est l’une des raisons pour lesquelles les réformistes en sont arrivés là. Le réformisme a tourné les erreurs du mouvement à son avantage à travers la polarisation de classe de ceux qui n’ont aucun projet sérieux de changement d’une part, et ces franges qui ne peuvent adhérer au mouvement révolutionnaire porteur de slogans « guérilleristes » d’autre part. Ils sont parvenus à se positionner dans une posture qui leur garantit leurs privilèges de classe au détriment du mouvement contestataire, ses opprimés, ses prisonniers et ses martyrs.

    Trotski disait du réformisme et du mouvement révolutionnaire  que l’un des objectifs de l’action des révolutionnaires avec les militants convaincus de la réforme sur le terrain dans des combats unis est de démasquer les directions réformistes et donner une preuve concrète à ces militants que même pour ces réformes on ne peut mener une lutte cohérente et jusqu’au bout que sous la direction des révolutionnaires. L’un des objectifs de l’entrée dans ces combats réformateurs partiels main dans la main avec la jeunesse combattante qui croit dans les directions réformistes et les idées réformistes est l’appel concret à la révolution et sa nécessité !  En d’autres termes, le meilleur moyen d’entraîner les militants réformistes vers le mouvement révolutionnaire passe par les mouvements de protestation civils et leurs revendications sociales, qui donnent l’occasion de polariser diverses franges dont des réformistes. Nous ne pouvons attirer les masses qu’au cœur des luttes. Pour cela, nous avons besoin de ces réformistes pour leur prouver, d’une part que le mouvement réformiste a échoué à réaliser des acquis et à diriger la lutte, et pour attirer, d’autre part, ces masses qui marchent derrière le mouvement réformiste et ses symboles. La tendance à l’extrémisme révolutionnaire qui se fait jour aujourd’hui à même de relancer le sectarisme et le factionnalisme et de détruire le mouvement de l’intérieur.

    L’une des erreurs les plus grossières dans la pratique révolutionnaire est que le subjectivisme prend le dessus sur la revendication. Et la surenchère et l’extrémisme révolutionnaire prennent le pas sur la construction et l’organisation, comme cela arrive lorsque se répandent des modes spécifiques d’opposition qui n’interagissent pas avec les revendications sociales. Mais elles se reflètent avec enthousiasme dans la contestation de la souveraineté royale en piétinant des photos des politiciens et des rois ou en lançant des slogans qui appellent à la mort ou l’anéantissement de la famille royale.

    Cela éclaire la problématique chez le militant en la considérant comme une crise de sacrifice ! C’est alors que l’un d’eux assène : «  Le problème c’est que le peuple ne veut pas se sacrifier pour la victoire ! » De cette vision étroite découle le sectarisme organisationnel et le factionnalisme armé. Car l’armement fractionnel peut apparaître à première vue relever du droit naturel à l’auto défense alors qu’il est la conséquence de l’impasse réelle que vit le mouvement révolutionnaire. Le mouvement révolutionnaire dévie de l’organisation de masse aux méthodes aventuristes révolutionnaires extrémistes qui sous-estiment l’importance de conscience les masses au lieu de la construction et de l’organisation révolutionnaire, la compréhension de la lutte, le fait de mener des luttes autour de revendications bien déterminées. Se satisfaire des revendications révolutionnaires expose le mouvement à l’isolement de l’ensemble du mouvement social et de ses revendications.

    A l’ombre de l’escalade politique de l’Etat à soutenir les contre révolutions pour faire avorter le printemps arabe, l’escalade politique et sécuritaire locale va de pair avec l’escalade régionale. A ce stade crucial de la lutte révolutionnaire, il faut se concentrer sur les revendications sociales et des droits civiques, il faut attirer les masses avec toutes leurs revendications politiques et économiques qui touchent à leur vie quotidienne et ne pas se contenter des revendications révolutionnaires. Il nous faut défendre la liberté d’expression, les droits des femmes et les grèves ouvrières et les droits des travailleurs étrangers en luttant contre le racisme, revendiquer le droit à l’enseignement et aux services de santé et défendre l’environnement. Ce sont des revendications essentielles qui concernent la vie des travailleurs anéantis par le rouleau compresseur du pillage et de l’exploitation. Nous devons évaluer les slogans du mouvement et réexaminer les différentes problématiques. Sans construction d’une organisation socialiste révolutionnaire aucun progrès ne sera réalisé sur le plan du changement social.

    Eternité pour les martyrs des massacres cruels, liberté pour les prisonniers, gloire au mouvement révolutionnaire !

    Nidhal Farah Pour Bassem Chit 8 février 2015

    (traduction de l’arabe, Luiza Toscane, Rafik Khalfaoui)

     http://www.lcr-lagauche.org/arabie-saoudite-al-awamiya-bastion-et-coeur-de-la-revolution/

  • Régimes d’Arabie Saoudite et du Qatar... (ESSF)

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    L’Arabie Saoudite vient de faire parler d’elle à l’échelle internationale, avec la mort du roi Abdallah, décédé le 23 janvier dernier à l’âgé de 90 ans. Son successeur sera son frère Salmane, un jeunot de 79 ans, aussi « ouvert d’esprit » que son aîné.

    Les divers hommages venus des grandes puissances au défunt roi prêteraient à rire, si la réalité de la vie des « sujets » saoudiens n’était pas aussi triste. Mais une partie des dirigeants impérialistes a un peu moins trouvé à rire quand est venue sur la table la question du rôle du royaume saoudien dans la région.

    Ainsi le 2 octobre 2014, le vice-président des États-Unis, Joe Biden, déclara lors d’une réunion à l’université de Harvard (aux USA), à propos des soutiens dont bénéficiaient les groupes djihadistes : « Notre plus gros problème, c’était nos alliés dans la région. Les Turcs sont des grands amis, ainsi que les Saoudiens et les résidents des Émirats arabes unis. Mais (…) ils ont mené une guerre par procuration entre sunnites et chiites, et ils ont fourni des centaines de millions de dollars et des dizaines de milliers d’armes à tous ceux qui acceptent de lutter contre el-Assad. »

    Pouvoir wahhabite et Frères musulmans

    On comprend bien que ce qui inquiétait le vice-président US, ce n’est pas que les pays nommés auraient soutenu des forces démocratiques se battant contre la dictature syrienne, mais bien les djihadistes qui conçoivent cette lutte dans une optique de guerre confessionnelle : le pouvoir syrien est entre les mains du courant religieux alaouite, et ses principaux alliés sont chiites (le régime iranien et le Hezbollah libanais).

    Certains ont cru ou croient toujours que la monarchie saoudienne soutiendrait les partis affiliés à l’internationale des Frères musulmans, ce qui est une erreur. Si le pouvoir wahhabite saoudien a aidé les Frères musulmans dans les années 1950 et 1960 contre le régime nassériste – le nationalisme arabe séculier était alors son ennemi principal absolu –, les deux sont devenus des rivaux depuis de longues années. Cela s’explique par des rivalités pour la direction des forces islamistes dans le monde, mais aussi par l’orientation « républicaine » des Frères musulmans (qui aspirent à une République islamique, mais rejettent la monarchie).

    Concernant l’Égypte, les alliés de l’Arabie saoudite se trouvent parmi les partis salafistes, qui ont majoritairement soutenu les militaires contre les Frères musulmans. L’Arabie saoudite et d’autres monarchies du Golfe ont rapidement collecté 12 milliards de dollars d’aide financière en quelques jours début juillet 2013, permettant au nouveau pouvoir égyptien de colmater les brèches dans le budget de l’État...

    Le Qatar en soutien aux radicaux

    Le Qatar est le seul régime monarchique du Golfe à déplorer ouvertement la mise à l’écart des Frères musulmans en Egypte. La chaîne télévisée qatarie a pris d’ailleurs ouvertement leur parti, mais le pouvoir qatari a fini par accepter les nouvelles réalités égyptiennes.

    Mais le Qatar soutient, lui aussi, des islamistes plus radicaux, d’obédience djihadistes, dans certains pays. Ainsi, quand les djihadistes avaient pris le pouvoir par les armes au Nord du Mali entre janvier et avril 2012, le Qatar leur fournissait une aide qui ne tarda pas à être remarquée : des avions en provenance du Qatar atterrissaient sur place, officiellement dans un but « humanitaire »…

    Et sur le théâtre de guerre syrien, le Qatar joue par ailleurs le même jeu que le pouvoir saoudien, cherchant à transformer l’affrontement politique avec le régime Assad en guerre confessionnelle.

    Bertold du Ryon

    * Paru dans l’Hebdo L’Anticapitaliste - 274 (29/01/2015). http://www.npa2009.org/

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article34242

  • Les petites manoeuvres de MAM au profit de l'Arabie Saoudite et du Koweit (L'Express)

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    L'ancienne ministre UMP des Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie a déposé un amendement pour retirer toute référence aux deux pays du Golfe dans un passage du "rapport annuel sur la situation des droits de l'homme" du Parlement européen, portant sur l'application de la peine de mort dans le monde. 

    L'eurodéputée UMP et ancienne ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, préside au Parlement européen "la délégation pour la relation avec les pays de la péninsule arabique". C'est le groupe d'amitié avec les pays du golfe (Arabie Saoudite, Bahreïn, Emirats Arabes Unis, Koweit, Oman, Qatar, Yémen). 

    Or, "MAM" a déposé un amendement - examiné cette semaine en commission des Affaires étrangères - au "Rapport de 2014 sur la situation des droits de l'homme", recensant les faits enregistrés au cours de l'année précédente. Michèle Alliot-Marie propose de retirer l'Arabie Saoudite de la liste des pays où "une augmentation marquée des exécutions" a été constatée et de ne plus faire apparaître le Koweit dans les Etats montrés du doigt pour avoir procédé à "une reprise des exécutions".

    Or, selon les ONG, l'Arabie Saoudite a procédé à 79 exécutions (essentiellement par décapitation) en 2013 - contre 69 en 2009. Quant au Koweit, il a mis fin en 2013 à six années de non application de la peine de mort. "La diplomatie européenne demande qu'on ne cite pas les pays mais les régions, justifie-t-on dans l'entourage d'Alliot-Marie. C'est pourquoi elle a proposé qu'on retire la mention de ces pays." 

    Une règle qui existe, certes, entre pays européens (éviter de "nommer et blâmer"), mais qui ne s'applique en aucun cas pour les pays extérieurs à l'Union, a fortiori en matière de droits de l'homme. 

    Par  

    http://www.lexpress.fr/actualite/politique/les-petites-manoeuvres-de-mam-au-profit-de-l-arabie-saoudite-et-du-koweit_1644662.html

    Commentaire: C'est la même qui avait proposé l'aide de la police  française à Ben Ali.

  • La flagellation du blogueur saoudien reportée pour "raisons médicales" (Al Huff' )

    La flagellation du blogueur saoudien prévue ce vendredi a été reportée, probablement d'une semaine, pour "raisons médicales", a annoncé sa femme à l'AFP.

    Raef Badaoui, 31 ans, a été condamné en novembre à dix ans de prison, une amende de 1.000 riyals (266.000 USD) et à 1.000 coups de fouet répartis sur 20 semaines pour "insulte à l'islam".

    Il s'est vu infliger le 9 janvier 50 coups de fouet, déclenchant un tollé international, et devait recevoir la deuxième partie de cette sentence ce vendredi.

    Mais "le médecin de la prison a estimé que la santé de Raef Badaoui n'autorisait pas sa flagellation aujourd'hui", a déclaré Ensaf Haidar, jointe au téléphone au Canada où elle a trouvé refuge avec ses trois enfants.

    Mme Haidar a précisé que son mari souffrait de blessures après la flagellation infligée la semaine dernière devant une mosquée de Jeddah (ouest), sur la mer Rouge.

    La prochaine séance de coups de fouet "aura probablement lieu vendredi prochain", a-t-elle ajouté.

    Amnesty International a confirmé ce report, indiquant que "le médecin avait conclu que les blessures n'avaient pas encore cicatrisé correctement et que (le militant) ne serait pas capable de supporter une autre séance de coups de fouet".

    L'ONG de défense des droits de l'Homme a de nouveau dénoncé une peine d'une "inhumanité scandaleuse".

    Emprisonné depuis 2012, Raef Badaoui était l'animateur du site internet Liberal Saudi Network et a été le lauréat en 2014 du prix Reporters sans frontières (RSF) pour la liberté de la presse.

    Les autorités ont fermé ce site internet. Une femme qui militait pour les droits de l'Homme aux côtés de M. Badaoui, Souad Chammari, avait indiqué lors de sa condamnation que son site avait "critiqué la police religieuse et certains agissements et fatwas (édits religieux)" qui selon elle "portent atteinte à l'essence de l'islam".

    Jeudi, le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, avait exhorté le roi Abdallah d'Arabie saoudite à offrir son pardon au blogueur.

    Il avait estimé que la flagellation constituait "une forme de châtiment cruel et inhumain", soulignant qu'"une telle punition est interdite par la législation internationale en matière de droits de l'Homme, notamment par la Convention contre la torture que l'Arabie saoudite a ratifiée".

    Cette peine a également été condamnée par l'Union européenne, qui l'a jugée "inacceptable", et les Etats-Unis, qui ont évoqué une "punition inhumaine" et appelé les autorités à l'annuler.

    L'Arabie saoudite, berceau du wahhabisme (version rigoriste de l'islam), est un royaume ultraconservateur où le mélange des sexes est interdit en dehors du cadre familial et où les femmes n'ont pas le droit de conduire. Toute critique de la dynastie des Al-Saoud, des institutions religieuses et de l'islam est passible de poursuites et de condamnations.

    Publication: 16/01/2015 16h21 CET Mis à jour: 16/01/2015 16h21 CET

  • L’on ne peut pas être Charlie sans être Raif Badawi" ( Liberté Alger)

    Des manifestants demandent la liberté pour le blogueur saoudien Raif Badawi, lors d'un rassemblement à Montréal, le 9 janvier 2015 - AFP/Clément Sabournin

       Des manifestants demandent la liberté pour le blogueur saoudien Raif Badawi, lors d'un rassemblement à Montréal, le 9 janvier 2015 - AFP/Clément Sabournin

    Le commentaire du chroniqueur algérien Mustapha Hammouche sur la peine écopée par le jeune blogueur saoudien Raif Badawi et l'hypocrisie des démocraties occidentales qui permettent la présence du numéro deux de la diplomatie saoudienne à la marche républicaine.
    Un jeune Saoudien, Raif Badawi, animait un blog militant pour un régime politique plus libéral et un rigorisme religieux atténué. Le 7 mai dernier, la "justice" du roi a condamné Badawi à dix ans de prison, une amende de 226 000 dollars et mille coups de fouet pour avoir créé ce site de débat. Il devra subir vingt séances de bastonnade réparties sur vingt vendredis à raison de cinquante coups par séance. La première lui a été infligée vendredi dernier [9 janvier].

    Un témoin décrit ainsi "l'événement" : "Lorsque les fidèles ont vu le fourgon de police devant la mosquée, ils ont su que quelqu'un allait être flagellé aujourd'hui. Ils ont formé un cercle. Des passants les ont rejoints et la foule s'est agrandie (...). Mais personne ne savait pourquoi l'homme amené là allait être puni." C'est que l'Arabie saoudite n'est pas le paradis de la liberté d'information, et peu de gens étaient au courant de l'affaire Raif Badawi. Entravé aux pieds et menotté, Raif "était silencieux, mais on voyait à son visage et son corps qu'il souffrait terriblement" pendant que l'agent des forces de sécurité lui assénait les coups de bâton en comptant jusqu'à 50. Après quoi, la foule a crié : "Allahou Akbar !" Et Raif Badawi a été traîné vers le fourgon qui devait le ramener en prison en attendant la séance suivante de supplice, vendredi prochain.

    Un intégrisme qui terrorise les consciences

    Le surlendemain, Nizar Al-Madani, ministre d'Etat aux affaires étrangères (numéro deux de la diplomatie saoudienne), était à Paris pour prendre part à la "marche républicaine" contre le terrorisme islamiste et pour la liberté d'expression !

    Des chefs d'Etats démocratiques, Obama notamment, ont bien tenté d'intercéder auprès du roi d'Arabie. Comme ils le font souvent auprès de despotes protégés par leurs "justices" barbares et... leur utilité pour le commerce mondial. Ces démarches ne vont jamais jusqu'à faire de cette brutalité d'Etat un enjeu de relations internationales. Les démocraties savent bien que ce genre de "partenaires" survit par la terreur qu'ils instillent en leurs sujets. Mais pas question de compromettre des débouchés potentiels pour les Awacs, Rafale et autres centrales EPR...

    Y aurait-il une différence entre un intégrisme qui terrorise les consciences et assassine la liberté d'expression parce qu'ici, il est pratiqué par un Etat et là par un groupe armé ? Puisque les droits de l'Homme constituent un attribut de l'être humain, de l'individu, pourquoi y aurait-il une différence entre un crime commis contre des citoyens que la république défend et un autre commis contre des sujets otages de leurs despotes ? Ce n'est que chimère d'espérer réduire le terrorisme porté par les forces disparates de l'obscurantisme tout en admettant la légitimité de pouvoirs sévissant contre leurs peuples par la terreur rigoriste.

    Les tragédies que l'islamisme a infligées aux démocraties ont invariablement suscité en elles le même réflexe : renforcer la frontière. Mais, à l'ère numérique, il n'y a plus de frontières qui puissent contenir le message ! Et c'est le message du wahhabisme, relayé par Farid Benyettou du côté des Buttes-Chaumont, qui a engendré les frères Kouachi ! Et c'est la source du mal et son relais qui s'en tirent à bon compte. Et s'offrent le luxe de condamner le crime de leurs disciples !

    Liberté Mustapha Hammouche  15 janvier 2015

    http://www.courrierinternational.com/article/2015/01/15/l-on-ne-peut-pas-etre-charlie-sans-etre-raif-badawi

  • L'Arabie saoudite prévoit de reprendre la flagellation de Raif Badawi vendredi 16 janvier (Amnesty)


    Les autorités saoudiennes ont l’occasion d’améliorer leur bilan catastrophique en matière de droits humains en tenant compte de l’indignation internationale suscitée par la flagellation publique de Raif Badawi et en mettant immédiatement fin à celle-ci, a déclaré Amnesty International.

    Selon les informations reçues par l’organisation, le militant emprisonné, qui a été condamné à 10 ans de prison et 1 000 coups de fouet pour avoir créé le site « Libérez les libéraux saoudiens », va être flagellé une deuxième fois vendredi 16 janvier. L’application de sa peine de flagellation a commencé la semaine dernière après la prière du vendredi, lorsqu’il a reçu 50 coups de fouet devant la mosquée d’Al Jafali à Djedda.

    « Tous les regards sont tournés vers l’Arabie saoudite. Si ses autorités ignorent les très nombreuses critiques et poursuivent sans complexe la flagellation de Raif Badawi, ce pays fera alors preuve d’un grand mépris du droit international et de l’opinion mondiale, a déclaré Saïd Boumedouha, directeur adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

    « La flagellation et les autres formes de châtiments corporels violent l’interdiction de la torture et des autres mauvais traitements. En continuant d’appliquer cette peine inhumaine, les autorités saoudiennes bafouent de façon flagrante les principes fondamentaux des droits humains. »

    Les gouvernements des États-Unis, du Canada, de l’Allemagne et de la Norvège, notamment, ont condamné la flagellation de Raif Badawi. Des milliers de personnes à travers le monde ont exprimé leur indignation concernant cette affaire sur les réseaux sociaux et plusieurs centaines de militants ont organisé des manifestations devant les ambassades d’Arabie saoudite dans divers pays.

    « La communauté internationale doit maintenir la pression sur les autorités saoudiennes. La peine cruelle et injuste de Raif Badawi doit être arrêtée immédiatement », a déclaré Saïd Boumedouha.

    L’épouse de Raif Badawi, Ensaf Haidar, a indiqué à Amnesty International qu’elle craignait que son mari ne puisse pas supporter physiquement une deuxième série de coups de fouet.

    « Raif m’a dit qu’il souffrait beaucoup à la suite de sa flagellation, son état de santé n’est pas bon et je suis certaine qu’il ne pourra pas résister à une nouvelle série de coups de fouet, a-t-elle déclaré.

    « J’ai annoncé la nouvelle à nos enfants la semaine dernière pour éviter qu’ils ne l’apprennent par des amis à l’école. Ils sont extrêmement choqués. La pression internationale est essentielle ; je suis convaincue que si nous maintenons notre soutien, il finira par payer. Nous devons continuer de nous battre. »

    Dans une autre affaire révélatrice de l’intolérance absolue de l’Arabie saoudite à l’égard de l’opposition pacifique, lundi 12 janvier, l’avocat de Raif Badawi, le défenseur des droits humains Waleed Abu al Khair, a vu sa condamnation confirmée en appel. Initialement condamné à 15 ans d’emprisonnement, il ne devait en purger que 10. Cependant, le juge a ordonné lundi qu’il purge l’intégralité de sa peine car il a refusé de présenter des excuses pour les faits qu’on lui reproche. Le tribunal pénal spécial l’avait reconnu coupable de divers chefs d’accusation, notamment « déloyauté envers le souverain », « atteinte au pouvoir judiciaire » et « création d’une organisation non autorisée ».

    http://www.amnesty.org/fr/for-media/press-releases/saudi-arabia-set-resume-flogging-raif-badawi-friday-2015-01-14

  • L'Arabie saoudite a prévu de commencer vendredi la flagellation publique d'un militant condamné à 1 000 coups de fouet (Amnesty)

    Amnesty International a appris que le militant saoudien emprisonné Raif Badawi serait flagellé en public demain, après la prière du vendredi, devant la mosquée d’Al Jafali à Djedda.

    Raif Badawi a été condamné l’an dernier à 10 ans de prison, 1 000 coups de fouet et une amende d’1 million de rials saoudiens (environ 226 000 euros) pour avoir créé un forum en ligne destiné au débat public et « insulté l’islam ». D’après les informations recueillies par Amnesty International, Raif Badawi recevra jusqu’à 50 coups de fouet ce vendredi 9 janvier et le reste de sa peine de flagellation sera appliqué sur 20 semaines.

    « La nouvelle du début de la flagellation de Raif Badawi demain est choquante. Les autorités saoudiennes doivent immédiatement suspendre tout projet d’application de ce châtiment brutal. La flagellation et les autres formes de châtiments corporels sont prohibées par le droit international, qui interdit la torture et les autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, a déclaré Philip Luther, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

    « Il est effrayant de penser qu’un châtiment aussi vicieux et cruel doit être infligé à une personne qui n’a rien fait de plus qu’oser créer un forum public de débat et exercer pacifiquement son droit à la liberté d’expression. »

    Amnesty International considère Raif Badawi comme un prisonnier d’opinion et demande l’annulation de sa peine et sa libération immédiate et sans condition. 8 janvier 2015

    http://www.amnesty.org/fr/for-media/press-releases/saudi-arabia-commence-public-flogging-activist-sentenced-1000-lashes-2015-0

    Pour plus d’informations, veuillez consulter le document suivant :

    Un cybermilitant saoudien est condamné à 1 000 coups de fouet et 10 ans de prison http://www.amnesty.org/fr/for-media/press-releases/thousand-lashes-and-10-years-prison-online-saudi-arabian-activist-2014-05-0

  • Sept manières dont l’Arabie saoudite muselle les internautes (Amnesty)

    Raif Badawi a été arrêté le 17 juin 2012 et est emprisonné depuis lors en Arabie saoudite.

    Raif Badawi purge une peine de 10 ans de prison en Arabie saoudite, notamment pour avoir créé un site web. Un autre blogueur du pays – qui doit garder l’anonymat pour sa sécurité – nous parle des différents stratagèmes dont usent les autorités pour museler les internautes.

    1. Bâillonner toute personne ayant une opinion indépendante
    « Dans l’ensemble, la situation est très mauvaise en Arabie saoudite, surtout pour les personnes qui ont des opinions indépendantes, à contre-courant. Récemment, des journalistes, des athlètes, des poètes, des blogueurs, des militants et des utilisateurs de Twitter ont fait l’objet d’enquêtes, d’arrestations et de détentions de courte durée. »

    2. Rejeter tous les problèmes sur le terrorisme
    « Les autorités sont fragiles. Elles se servent de différents moyens pour bâillonner et réprimer la dissidence, notamment la loi sur le terrorisme, un texte scandaleux utilisé pour terroriser les personnes qui ont des opinions. Les tribunaux prononcent des peines de prison de 10 ans ou plus pour un simple tweet. Les personnes athées ou en contact avec des organisations de défense des droits humains sont accusées de “terrorisme”. »

    3. Lancer des attaques personnelles contre les blogueurs
    « On m’a fait toutes sortes de problèmes. Les autorités sont allées voir les fournisseurs d’accès qui hébergeaient mon site web personnel en leur demandant de le bloquer et d’en effacer tous les contenus. Elles m’ont également envoyé des agents des forces de sécurité pour me dire d’arrêter ce que j’étais en train de faire dans mon intérêt et celui de ma famille. Plus tard, j’ai été officiellement interdit de blog et menacé d’arrestation si je continuais. J’ai cédé et j’ai arrêté pour protéger ma famille. »

    4. Interdire, accuser à tort et licencier
    « Beaucoup de blogueurs ont vu leurs activités restreintes ou interdites. Certains d’entre eux – que je connais – font toujours l’objet d’une enquête au sujet de blogs qu’ils ont tenus en 2008, alors qu’ils ont quitté la blogosphère depuis. Les blogueurs saoudiens peuvent également perdre leur travail et se voir empêchés de gagner leur vie. Beaucoup doivent faire face à des allégations mensongères les présentant comme “athées” ou “fous”. La quasi-totalité des aspects de la vie du blogueur font l’objet de restrictions. »

    5. Généraliser la cybersurveillance et la censure
    « La censure bat son plein, surtout depuis l’adoption de la loi sur le terrorisme. Un poète a été arrêté à la suite d’un simple tweet dans lequel il critiquait indirectement le roi Abdullah en des termes symboliques. Sachant qu’il y a plusieurs millions d’internautes en Arabie saoudite, cela veut dire que les autorités gardent un œil sur tout ce qui s’écrit. Nous avons également appris dans la presse internationale que l’Arabie saoudite se servait de la cybersurveillance pour pirater et surveiller les comptes des militants. »

    6. Mobiliser une cyber-armée
    « Les autorités disposent d’une puissante armée d’informaticiens qui diffusent une image trompeuse de la situation en Arabie saoudite pour leurrer les gens à l’étranger. Ils créent des sites web, des chaînes YouTube et des blogs qui s’en prennent aux militants et aux opposants en les faisant passer pour des athées, des infidèles et des agents qui prônent la désobéissance au roi. En revanche, ces sites web, ces chaînes et ces blogs font souvent l’éloge de l’État et de son action. J’ai personnellement été victime de ce type de campagnes orchestrées par l’État visant à ternir ma réputation. »

    7. Infliger des sanctions brutales
    « Le cas de Raif Badawi illustre une fois de plus la cruauté d’un État qui continue de gouverner au moyen de sanctions archaïques comme les coups de fouet, les fortes amendes et les peines de prison excessives. Le gouvernement saoudien doit savoir que le monde ne lui appartient pas et qu’il ne peut pas réduire le monde au silence par l’argent. »

    Raif Badawi a été arrêté le 17 juin 2012 et est emprisonné depuis lors en Arabie saoudite.

    © Juan Osborne pour Amnesty International

    décembre 2014

    En un coup d'œil

    Écrivez une lettre, changez sa vie

    Écrivez au roi d’Arabie saoudite en l’exhortant à libérer Raif Badawi dans les meilleurs délais.

    Utilisez la formule d’appel « Sire » (« Votre Majesté » dans le corps du texte) et envoyez votre lettre à l’adresse : His Majesty King Abdullah bin Abdul Aziz Al Saud, The Custodian of the Two Holy Mosques, Office of His Majesty the King, Royal Court, Riyadh, Royaume d’Arabie saoudite.

    Agissez en ligne

    http://www.amnesty.org/fr/news/7-ways-saudi-arabia-silencing-people-online-2014-12-06