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Israël - Page 20

  • Le problème palestinien et le conflit israélo-arabe (Manifeste Matzpen 1967)

    Le dix-neuvième anniversaire de la création de l'Etat d'Israël aura lieu ce mois-ci. Durant ces dix-neuf années le conflit israélo-arabe ne s'est pas rapproché d'une solution.

    Le problème palestinien demeure une plaie ouverte au sein du Moyen-Orient ; une source incessante d'effusions de sang, de souffrances et d'injustices ; un lourd fardeau pesant sur les ressources économiques de la région ; un prétexte pour l'intervention impérialiste et l'agression militaire ; une menace grave pour la paix mondiale.

    Mais ce qui est particulièrement grave, c'est la situation des Arabes palestiniens, les victimes directes de la guerre de 1948 et de la collusion entre « les frères-ennemis » : Ben Gourion et Abdallah. La majorité des Arabes de Palestine ont été dépossédés de leurs foyers et de leurs terres durant la guerre de 1948 et après celle-ci, et ils vivent depuis lors comme réfugiés, dans les souffrances et la détresse, à l'extérieur d'Israël.

    Les dirigeants israéliens refusent catégoriquement de reconnaître leur droit élémentaire au rapatriement. Les Arabes qui sont restés en Israël sont victimes d'une sévère oppression économique, civique et nationale.

    Durant ces dix-neuf années, Israël a été un îlot isolé au sein du Moyen-Orient, un état qui n'est indépendant qu'au sens formel du terme, vu sa dépendance économique et politique des puissances impérialistes, spécialement des Etats-Unis. Il a servi continuellement d'instrument de ces puissances contre la nation Arabe et contre les forces progressistes du monde arabe. Ce rôle de la politique officielle israélienne s'est manifesté le plus clairement (mais ce ne fut pas la seule occasion) en 1956, lorsque le gouvernement israélien s'est joint à l'impérialisme anglo-français dans une collusion agressive contre l'Egypte, fournissant même à ces puissances le prétexte d'une intervention militaire.

    L'état de guerre et l'hostilité entre Israël et ses voisins arabes s'est poursuivi depuis dix-neuf ans et les dirigeants sionistes d'Israël n'ont aucune perspective réelle de modifier cette situation. La politique israélienne est dans l'impasse.

    La crise économique actuelle en Israël, qui a entraîné un chômage important chez les ouvriers et qui soumet les masses populaires à une pénible épreuve, souligne le fait qu'Israël ne peut continuer à exister longtemps sous sa forme présente, en tant qu'Etat sioniste, coupé de la partie du monde où il se situe.

    Ainsi la situation actuelle est contraire aux intérêts des masses arabes : Israël, sous sa forme actuelle, constitue un obstacle important à la lutte de ces masses contre l'impérialisme et pour l'unité socialiste Arabe. Le maintien du statu quo est également contraire aux intérêts des masses israéliennes.

    L'Organisation Socialiste Israélienne dans les rangs de laquelle se trouvent des Arabes comme des Juifs, estime que le problème palestinien et le conflit israélo-arabe peuvent et doivent être résolus dans une direction socialiste et internationaliste, prenant en considération les aspects spécifiques de ce problème complexe. Ce n'est pas un conflit ordinaire entre deux nations.

    Par conséquent il ne suffit pas d'en appeler à une coexistence basée sur la reconnaissance mutuelle des droits nationaux des deux peuples.

    L'état d'Israël est la conséquence de la colonisation jusqu'au boutiste de la Palestine par le mouvement sioniste, aux dépens du peuple arabe et sous les auspices de l'impérialisme. Le présent état d'Israël, sioniste, est aussi un instrument de la poursuite du "projet sioniste". Le monde arabe ne peut approuver l'existence en son sein d'un Etat sioniste dont l'objectif déclaré est non pas de servir d'expression politique à sa propre population, mais de tête de pont, instrument politique et destination de l'immigration des juifs du monde entier. Le caractère sioniste d'Israël est également contraire aux véritables intérêts des masses israéliennes, parce qu'il signifie que le pays se trouve dans une dépendance constante de forces extérieures.

    Nous estimons, par conséquent, qu'une solution du problème requiert la désionisation d'Israël. L'Etat d'Israël doit subir une profonde transformation révolutionnaire, de sorte que cet état sioniste (c'est-à-dire état des Juifs du monde entier) devienne un état socialiste représentant les intérêts des masses qui y vivent. En particulier, la « loi du retour » (qui accorde à tout juif du monde le droit absolu et automatique d'immigrer en Israël et en devenir un citoyen), doit être abrogée. Chaque demande d'immigration en Israël sera jugée à ce moment séparément sur ses mérites propres, sans discrimination aucune de nature raciale ou religieuse.

    Le problème des réfugiés arabes de Palestine est l'aspect le plus douloureux du conflit israélo-arabe. Nous sommes donc d'avis que tout réfugié qui désire retourner en Israël doit être mis en mesure de le faire ; dans ce cas, il devrait obtenir un rétablissement intégral dans tous ses droits économiques et sociaux. Les réfugiés qui choisiraient librement de ne pas être rapatriés devraient être intégralement indemnisés pour la perte de propriété et les souffrances personnelles subies par eux.

    En outre, tous les lois et règlements ayant pour objet d'exercer une discrimination envers la population arabe d'Israël, de l'opprimer et d'exproprier ses terres doivent être abrogés. Toutes expropriations et tous dommages (relatifs à la terre, à la propriété et à la personne) causés sous couvert de ces lois et règlements doivent être intégralement dédommagés.

    La désionisation d'Israël implique également que soit mis fin à la politique étrangère sioniste, qui sert l'impérialisme. Israël doit prendre une part active à la lutte des arabes contre l'impérialisme et pour l'établissement d'une unité socialiste arabe.

    La colonisation sioniste de la Palestine se différencie de la colonisation d'autres pays sous un rapport essentiel : alors que dans d'autres pays les colons ont fondé leur économie sur l'exploitation du travail des autochtones, la colonisation de la Palestine a été réalisée par le remplacement et l'expulsion de la population indigène.

    Ce fait a engendré une complication extrême du problème palestinien. Comme résultat de la colonisation sioniste s'est formée en Palestine une nation hébraïque avec ses propres caractéristiques nationales (langue commune, économie séparée, etc.). Qui plus est, cette nation a une structure de classe capitaliste ; elle se divise en exploiteurs et exploités, bourgeoisie et prolétariat.

    L'argument que cette nation s'est formée artificiellement et aux dépens de la population arabe indigène ne change rien au fait que cette nation hébraïque est maintenant existante. Ce serait une erreur désastreuse que d'ignorer ce fait.

    La solution du problème palestinien doit non seulement réparer les torts faits aux arabes de Palestine, mais également garantir l'avenir national des masses hébraïques. Ces masses ont été amenées en Palestine par le sionisme, mais elles ne sont pas responsables des actions du sionisme. Tenter de punir les travailleurs et les masses populaires d'Israël pour les péchés du sionisme ne peut résoudre le problème palestinien, mais seulement mener à de nouveaux malheurs.

    Ceux des dirigeants nationalistes arabes qui en appellent au Jihad [guerre sainte] pour la libération de la Palestine ignorent le fait que, même si Israël était vaincu militairement et cessait d'exister en tant qu'Etat, la nation hébraïque existerait encore. Si le problème de l'existence de cette nation n'est pas résolu correctement, une situation de conflit national dangereux et prolongé sera à nouveau créée, ce qui causera une effusion de sang et des souffrances sans fin et servira de nouveau prétexte à l'intervention impérialiste. Ce n'est pas une coïncidence que les dirigeants qui préconisent pareille « solution » s'avèrent également incapables de résoudre le problème kurde.

    De plus, il faut comprendre que les masses israéliennes ne seront délivrées de l'influence du sionisme et ne lutteront contre lui qu'à la condition que les forces progressistes du monde arabe leur présentent une perspective de coexistence sans oppression nationale. L'Organisation Socialiste Israélienne estime par conséquent qu'une solution véritable du problème palestinien requiert la reconnaissance du droit de la nation hébraïque à l'autodétermination.

    Autodétermination ne signifie pas nécessairement séparation. Au contraire, nous sommes d'avis qu'un petit pays pauvre en ressources naturelles, tel qu'Israël, ne peut exister en tant qu'entité séparée. Une seule alternative s'offre à lui : ou bien continuer à dépendre des puissances étrangères, ou bien s'intégrer dans une union régionale.

    Il s'ensuit que la seule solution conforme aux intérêts des masses arabes, comme des masses israéliennes, est l'intégration d'Israël en tant qu'unité dans une union économique et politique du Moyen-Orient sur la base du socialisme. Dans un pareil cadre, la nation hébraïque sera à même de mener sa propre vie nationale et culturelle sans mettre en péril le monde arabe et sans que sa propre existence soit menacée par les arabes. Les forces des masses israéliennes se joindront à celles des masses arabes dans une lutte commune pour le progrès et la prospérité.

    Nous estimons, par conséquent, que le problème palestinien, de même que d'autres problèmes essentiels du Moyen-Orient, ne peut être résolu que dans le cadre d'une Union du Moyen-Orient. L'analyse théorique et l'expérience pratique montrent toutes deux que l'unité arabe ne peut se former et exister de manière stable seulement si elle a un caractère socialiste.

    On peut donc résumer la solution que nous proposons par la formule : désionisation d'Israël et intégration de celle-ci dans une Fédération Socialiste du Moyen-Orient. Nous sommes d'avis que le problème de l'avenir politique des Arabes palestiniens devrait également être résolu dans le cadre décrit ci-dessus.

    Certains estiment que la justice exige la création d'une entité politique spéciale des Arabes de Palestine. Notre opinion est que cette question doit être décidée par les Arabes palestiniens eux-mêmes, sans ingérence extérieure. Cependant, nous pensons que ce serait une grave erreur de poser le problème de l'avenir politique des arabes palestiniens séparément et indépendamment de la question de l'union socialiste arabe. Les arabes palestiniens sont à présent aux premiers rangs de la lutte pour l'unité. Si on devait leur présenter un objectif séparé et indépendant, la cause de l'unité arabe pourrait en subir de sérieux dommages. De même, la création d'un petit etat arabe séparé n'est pas conforme aux intérêts de la nation arabe, y compris du peuple arabe de Palestine.

    Par conséquent, nous sommes d'avis que si les arabes de Palestine se prononcent pour la création d'une entité politique propre, les dispositions politiques et territoriales nécessaires devraient être prises dans le cadre de la formation d'une Fédération socialiste du Moyen-Orient. Les pays qui détiennent actuellement des portions du territoire de la Palestine — Israël, la Jordanie, et l'Egypte — devraient contribuer en particulier à un tel règlement.

    Nous en appelons aux forces socialistes révolutionnaires des pays arabes et des autres pays, afin qu'elles prennent en considération le programme présent qui est le nôtre, et entament une large discussion en vue de mettre au point une position commune sur les problèmes du Moyen-Orient.  

    Organisation Socialiste Israélienne

    Matzpen (La Boussole) 18 mai 1967

    https://www.marxists.org/francais/4int/suqi/1967/05/manifeste_matzpen.htm

  • La double guerre d’Israël (LCR.be)

    Deux courts articles de Michael Warschawski, militant anti-sioniste israélien.

    Le premier (« La double guerre d’Israël ») porte sur la montée d’un courant fasciste au sein de la société israélienne. Le second (« Surpris! ») rappelle que le mépris raciste pour les opprimés caractérise toute guerre coloniale et rappelle que toutes ces guerres ont finalement été perdues par les oppresseurs, malgré leur supériorité écrasante. « Gaza ne fera pas exception », conclut notre camarade. Solidarité avec le peuple palestinien ! Tous à Bruxelles le 17 août (gare du Nord, 14H). Palestine vaincra ! (LCR-web)

    La double guerre d’Israël

    Israël est impliqué dans une double guerre : une guerre contre le peuple palestinien et une guerre pour l’avenir de l’État. La démonstration de samedi (19 juillet, NDLR) à Tel-Aviv est une tentative tardive, beaucoup trop tardive, pour sauver une certaine image d’Israël, un Israël qui n’existe pas.

    Est-ce le début d’un retour à la santé mentale pour la société israélienne?

    Il est beaucoup trop tôt pour répondre à cette question, mais la manifestation anti-guerre de samedi à Tel-Aviv a été la première manifestation de masse pour protester contre l’opération sanglante d’Israël… envers la population de Gaza. Entre quatre et cinq mille personnes ont exprimé leur opposition à l’agression israélienne, mais aussi leur inquiétude sur le parcours dangereux que la société israélienne a emprunté ces derniers mois.

    En fait, je crois que le destin d’Israël était la principale préoccupation de la majorité des manifestants.

    Alors que le noyau des manifestants était les « usual suspects », c’est-à-dire des militants du mouvement contre l’occupation des territoires, j’ai identifié beaucoup de femmes et d’hommes qui ne viennent généralement pas à ce genre d’événements, des gens qui sont plus proches du consensus national. Leur principale préoccupation est que le vieux consensus n’existe plus, et qu’une nouvelle voix effrayante occupe le devant de la scène.

    Comme de très nombreux autres journalistes israéliens, j’utilise le terme de «fasciste» pour caractériser cette nouvelle force politique. Comme les autres mouvements fascistes dans l’histoire moderne, le fascisme israélien tente de terroriser les voix et les mouvements d’opposition. Et les actions des fascistes israéliens ont en effet réussi à répandre la peur, y compris parmi les défenseurs des vétérans.

    Pour un segment important de la société israélienne, «leur» Israël est donc en péril, un Israël qui essaie de garder une image de démocratie et de libéralisme, pas un État brutal qui consiste à importer dans sa propre société les méthodes utilisées contre la population palestinienne colonisée. Cette image a été sérieusement érodée au cours des trois dernières décennies mais, pour une forte minorité, il reste important de l’entretenir.

    Tout à coup, ceux-là vont se regarder dans le miroir et découvrir qu’ils sont des monstres. En quelque sorte, après trois semaines d’une opération meurtrière, composée de crimes de guerre et qui a fait plus de 1 000 morts (le 24 juillet, NDLR), des civils pour la plupart, ils essaient de se dissocier de ce qu’ils voient dans le miroir.

    L’importance de la manifestation de samedi doit être trouvée, cependant, dans le fait que c’était une manifestation contre la peur: « Nous n’avons pas peur », a dit le peuple à Tel-Aviv, ou, au moins, « nous sommes en mesure de surmonter notre peur ».

    D’une certaine manière Israël, est impliqué dans une double guerre : une guerre contre le peuple palestinien et une guerre pour l’avenir de l’État. La démonstration de samedi à Tel-Aviv est une tentative tardive, beaucoup trop tardive, pour sauver une certaine image d’Israël, un Israël qui n’existe pas.

    Publié dans alternativenews.org, site de l’Alternative Information Center.

    (Sur base d’une traduction française par D. Hamon).

     

    Surpris!

    Un ami architecte me disait, il y a déjà longtemps, qu’une des premières choses qu’il a apprise à l’école d’architecture c’est qu’un mur invite toujours soit un pont soit un tunnel. Les êtres humains ne supportent pas d’être enfermés dans une cage, et feront toujours tout pour trouver les moyens de franchir les murs qui les entourent. Il suffit d’ailleurs de se souvenir du ghetto de Varsovie, et des multiples moyens qu’utilisaient les Juifs assiégés pour passer du cote aryen afin de s’y refugier ou d’y trouver de la nourriture ou des armes. Les égouts, en particulier. A Gaza ce sont des tunnels, vers le territoire égyptien, mais aussi vers Israël.

    En découvrant le système ingénieux des tunnels creusés par le Hamas pour pouvoir pénétrer sur le territoire israélien, les militaires israéliens n’ont pas pu cacher leur surprise: « On savait qu’il y avait des tunnels, mais ce que nous venons de découvrir dépasse tout ce que nous imaginions » a déclaré à la télévision un officier supérieur.

    Une fois de plus les services de renseignements sont surpris:

    surpris en 1973 par l’offensive syro-égyptienne; surpris en 1982 par la capacité de résistance des Palestiniens dans les camps de réfugiés; surpris en 1987 par l’Intifada; surpris par la résistance du Hezbollah en 2007; toujours surpris!

    On dit pourtant que les services de renseignements israéliens sont parmi les meilleurs du monde; comment expliquer alors cette surprise récurrente?

    Les experts israéliens ne sont pas plus bêtes que leurs collègues français à l’époque de la guerre d’Algérie ou états-uniens pendant la guerre du Vietnam, et ils souffrent de la même lacune: l’hybris colonialiste: la supériorité militaire rend aveugle et le racisme, inhérent à toute guerre coloniale, engendre la bêtise.

    C’est la raison pour laquelle les militaires et les colonialistes de tous genres sont toujours pris de surprise; ils sont incapables de se mettre à la place des colonisés et de prédire leurs comportements comme des êtres humains qui seraient comme eux. C’est pourquoi ils ont toujours perdu leurs guerres coloniales, malgré leur supériorité militaire écrasante. Gaza ne sera pas une exception.

    http://www.lcr-lagauche.org/non-a-limpunite-des-criminels-de-guerre-israeliens/

  • Pour Israël, l’ennemi, c’est la négociation» (Le Courrier.ch)

    Pourquoi cette guerre à Gaza?

    Michel Warschawski: Il faut tout d’abord dire que Gaza est secondaire. Pourquoi la guerre, point. A mon avis: pour repousser le plus longtemps possible toute velléité internationale de tendre à l’ouverture de négociations. L’ennemi stratégique du gouvernement israélien, c’est la négociation. Ce gouvernement ne veut pas négocier. Certes, dans l’air du temps, il y a comme une volonté américaine et européenne de pousser Israël à négocier. Il leur faut donc faire contre-feu. Il était clair qu’en attaquant Gaza, les négociations seraient rendues impossibles. C’était l’objectif stratégique le plus important.

    Dans le même état d’esprit, la cible n’est pas le Hamas, c’est Mahmoud Abbas (président de l’Autorité palestinienne et leader du Fatah, ndlr). Mahmoud Abbas est celui que la communauté internationale présente comme prêt à discuter; celui dont tout le monde dit à Israël: «C’est avec lui que vous devez parler.» En attaquant Gaza, ce gouvernement met Mahmoud Abbas dans une situation impossible. Soit il se solidarise avec Gaza et donc avec le Hamas, renforçant le discours de Netanyahou qui diabolise le Hamas et sa propre personne. Soit il se désolidarise, et perd alors toute légitimité palestinienne. Pour Israël, cela semble donc être une situation «win-win». Sauf que cela ne se passe pas tout à fait comme cela. Car Mahmoud Abbas est poussé par les Américains à jouer le rôle d’intermédiaire. Le président de la Palestine se trouve ainsi à jouer le rôle des Nations unies alors que c’est son peuple qui est attaqué. Mahmoud Abbas reste au cœur de l’action diplomatique. Ils n’ont pas réussi à le neutraliser, mais sa position est fragile.

    Un sondage dit que 80% des Israéliens soutiennent l’intervention à Gaza. Quel regard portez-vous sur cette société, qui a glissé vers la droite et semble suivre aveuglément Netanyahou et Lieberman?

    Il n’y a pas l’ombre d’un doute, les hommes politiques et le gouvernement, ont clairement glissé à droite en Israël. Et pourtant, je pense que la société israélienne est divisée sur le fond en deux moitiés – une grande et une petite. Un peu moins de 50% soutiennent la politique de la droite et votent pour ces partis. L’autre moitié n’aime pas les colons, se moque du Grand Israël et aspire à une solution de compromis. Et puis, il y a quand même, au milieu, une petite frange qui s’abstient ou vote pour des partis du centre.

    La grande asymétrie entre ces deux pans de la société, c’est que la droite est au pouvoir. Elle agit, dans une urgence permanente, alors que les modérés, qui ne paient pas le prix de la colonisation, sont insouciants. La situation est calme, rien ne semble menacer Israël – jusqu’à cette dernière crise. La sécurité individuelle est garantie, les bombes n’explosent plus, Israël est une société performante, son économie tourne: pourquoi changer? Face à cela, la droite avance. Ce n’est pas l’absence d’une opposition potentielle, mais son anomie qui pose problème.

    A la manifestation de Tel Aviv du 2 août, la majorité des participants étaient des Tel-Aviviens typiques, totalement «désidéologisés», plongés dans la consommation. C’était, je dirai presque, les bobos de Tel Aviv. Ils se sont mobilisés pour Gaza. Oh, pour certains, ils avaient même une petite larme dans le cœur. Ils avaient vu des photos, même si ici, il faut les chercher. Mais pourquoi manifestaient-ils, alors qu’ils le font si rarement? Parce qu’ils ont surtout peur pour leur Israël, leur Tel Aviv détendu, non idéologique, plutôt à gauche qu’à droite, qui est sévèrement menacé.

    Ils voient désormais émerger un pays de tueurs où Netanyahou devient presque le centre! Avec comme détonateur, l’assassinat [du jeune Palestinien] Mohammad Abou Khdeir, brûlé vif par trois citoyens israéliens. Le gouvernement a eu beau dire que ce sont trois illuminés… Pas du tout. Ils sont dans la continuité d’une politique. Ce sont des gens qui viennent de bonnes familles de droite, de familles respectées.

    Ils sont l’expression d’une partie d’Israël qui s’intègre dans un discours raciste, vote des lois racistes. On n’aurait jamais imaginé cela il y a quinze ans. Certains se réveillent maintenant en se disant: «ce n’est pas notre Israël!»

    Quinze ans ce n’est pas un jour, mais c’est un rythme extrêmement rapide.

    Oui, c’est très rapide. Le tournant date de 2000. C’est la reconquête, la fin du mouvement de la paix. Ce sont les positions et les discours d’Ehud Barak qui détruisent la paix. Les gens n’y croient plus. Ainsi la moitié qui n’est pas de droite sort démobilisée, déboussolée de ces années, offrant un monopole idéologique à la droite.

    En 2013, le parti de Yaïr Lapid (Yesh Atid, fondé en 2012, dont le nom signifie «il y a un futur», ndlr) a reçu dix-neuf mandats, 10% des votes, alors qu’il est un peu comme Beppe Grillo en Italie, «ni de droite ni de gauche, ni pour ni contre, ni ni». Lapid a une belle gueule et prétend tout changer. Il était star de télé, n’a jamais pris position politiquement avant de se présenter aux élections et d’être plébiscité à Tel Aviv. Clairement, il a une idéologie de droite raciste, fortement positionnée contre les pauvres. Son programme? «Nous, à Tel Aviv, on ne veut pas payer pour les va-nu-pieds,»

    Mais ce qui est intéressant, c’est de voir la jeunesse, ceux qui ont 30 ans, fatiguée de la vieille politique, ne voter pour rien ou pour quelque chose qui ne veut rien dire, qui n’est engagé à rie, et qui donc demeure libre de faire ce qu’il veut. La manifestation de Tel Aviv était la prise de conscience de la classe moyenne que leur Israël est soumis au risque de disparaître. J’étais dans un des cafés branchés de la ville et leur discours était: «On va partir. Ce pays commence à sentir mauvais, on ne s’y reconnaît plus. Lieberman, Netanyahou, les colons, ce n’est pas nous.» Certes, ils ne partiront pas. Mais cela leur permet de ne pas assumer, de ne pas lutter. Ils sont résignés dans cette condition de refus, mais incapables à ce jour de proposer autre chose.

     

    «L’Europe fait payer aux Palestiniens sa culpabilité à l’égard des juifs»

    Que répondez-vous à ceux qui disent: «Pourquoi manifester autant sur ce conflit? On ne vous entend pas autant sur la Syrie ou au sujet de Boko Haram?»

    Michel Warschawski: D’abord, c’est une remarque fallacieuse. Car ce sont les mêmes qui se mobilisent pour la Syrie, l’Afrique, toujours les mêmes. Qu’ils arrêtent donc de nous reprocher d’être uniquement engagés sur la Palestine et Israël, car c’est faux. Cela dit, il y a évidemment une intensité particulière de l’engagement concernant ce conflit, pour des raisons historiques que j’expliquerai plus loin.

    Le pouvoir français, et les éditorialistes qui couvrent ce conflit, disent vouloir éviter son «importation». C’est un mot que je ne comprends pas. Lorsqu’il y eut un immense mouvement de solidarité avec le Viêt-Nam, importait-on ce conflit? Non. On identifiait une grande injustice et un grand combat! Et tout le monde ou presque était vietnamien. Il en est de même aujourd’hui avec le conflit israélo-palestinien, tout aussi emblématique. Il se trouve sur la ligne de front du soi-disant choc des civilisations.

    Si l’on veut vraiment parler du risque d’importation du conflit, il faudrait alors désigner les institutions juives, soi-disant représentatives des juifs de France, de Suisse, d’Allemagne, qui deviennent de fait des ambassades d’Israël, ses bureaux de propagande.

    Eux, oui, «importent» le conflit en affirmant, pour résumer, que les juifs de France, c’est Tsahal (surnom de l’armée israélienne, ndlr). Beaucoup d’autres Français, et en particulier d’origine musulmane répondent que si les juifs de France c’est Tsahal, les musulmans de France c’est le Hamas. A ce moment-là, on fait d’un conflit politique étranger, une lutte de communautés en France. Mais à mon avis, 100% de cette responsabilité retombe en France sur le CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) ou, ailleurs, sur des organisations équivalentes.

    En quoi ce combat est-il emblématique? En quoi finalement, cela concerne-t-il l’Europe?

    C’est l’Europe, puis la communauté internationale, qui ont créé ce conflit. Les Européens ont décidé de résoudre le problème des rescapés de la Seconde Guerre mondiale et du génocide des juifs d’Europe en disant: «On vous donne un Etat, prenez les clés, vingt francs, vous aurez un soutien politique, militaire, etc.», décidant ainsi de faire payer les Arabes de Palestine pour un crime qui leur était étranger. Pour l’Europe, cela a été une façon abjecte de se dédouaner, sur le dos des autres, de sa responsabilité dans le génocide.

    Propos recueillis par STZ

    «Le Hamas est un mouvement de résistance»

    Que pensez-vous du discours dépeignant le Hamas en un mouvement terroriste?

    Michel Warschawski: Le Hamas est à mes yeux avant tout un mouvement de résistance. Sa charte ne m’a jamais dérangé, parce que celle de l’OLP (Organisation de libération de la Palestine, qui négocia la mise sur pied de l’Autorité palestinienne avec Israël au début des années 1990, ndlr) était exactement pareille avant que l’OLP n’en change. Une charte, c’est un bout de papier. La charte du Likoud, c’est le Grand Israël jusqu’en Syrie. Or, plus personne n’en parle aujourd’hui. C’est vieux, et on ne se débarrasse du vieux qu’en échange d’autre chose. Arafat a rendu la charte de l’OLP «caduque» en affirmant: «D’accord pour supprimer cette charte, mais que donnez-vous en échange?»

    Il est de notoriété publique – le Hamas l’a dit et répété – que si Israël se retire des territoires occupés, sur les frontières de 1967, il est prêt à une houdna (trêve) de durée illimitée. C’est exactement ce glissement de la posture du «on va tout détruire», à «on peut parler et négocier» qu’avait opéré l’OLP. «Ne nous demandez pas la reconnaissance, c’est hors de question, mais on peut accepter l’existence de fait»: le Hamas a dit qu’il ne saboterait pas les discussions avec Israël, ne s’opposerait pas aux tentatives du président Mahmoud Abbas, mais a prédit leur échec. Le Hamas est une organisation assez fruste, enracinée dans la paysannerie (en Cisjordanie surtout), mais avec une capacité de résistance incroyable.

    Cette capacité de résistance du Hamas justement, vous-a-t-elle surprise?

    Il n’y a pas une seule guerre de laquelle Israël ne sorte avec la gueule de bois, frappé de stupeur par la force de la réaction. Surprise! Comme si on ne savait pas. Au Liban on ne savait pas, à la guerre du Kippour non plus. La première Intifada: surprise, la deuxième: surprise encore. J’ai écrit récemment un texte où je réclamais le remboursement de mes impôts payés indument pour des services de renseignements à la noix, considérés pourtant comme les meilleurs du monde mais toujours surpris.

    Ils ne savaient pas que le Hamas disposait de roquettes d’une aussi longue portée, et pourtant, rien d’étonnant. Quand on enferme quelqu’un, que fait-il? Il essaie de sortir, par en haut, par en bas. En haut, c’est les missiles, en bas, les tunnels. Je l’ai appris, moi, dans le ghetto de Varsovie. On a des exemples historiques de comment réagissent des peuples en état de siège. Il y a ce besoin de sortir coûte que coûte. Tu creuses, tu creuses, tu envoies ce que tu peux de l’autre côté. Cela, pour un peuple assiégé, c’est déjà en soi une victoire. Israël se fait toujours surprendre par l’état de préparation de l’ennemi. Personne n’aurait pu croire qu’Israël n’arriverait pas à «nettoyer» Gaza. Pourtant, c’est un match nul. Et un match nul entre l’équipe d’Algérie et celle de l’Allemagne, c’est comme une victoire pour l’équipe d’Algérie.

    Ce qui aurait permis au Hamas de ramasser la mise, c’est si l’Egypte était restée neutre. Or, le Hamas doit se battre à la fois contre Israël et contre l’Egypte. Personne n’aurait imaginé que la junte militaire égyptienne irait aussi loin dans sa collaboration avec Israël pour casser la résistance du Hamas. Je pense que sans l’Egypte collaborationniste, le Hamas aurait pu gagner. Or, là, Israël va pouvoir se retirer unilatéralement, sans allègement du siège. Il y aura un retrait, mais un maintien du blocus sur un champ de ruines.

    Pourquoi le Hezbollah ne bouge-t-il pas, pourquoi le Cisjordanie ne se soulève-t-elle pas? Comment cela se fait-il qu’il n’y ait pas de deuxième, de troisième front?

    Il se peut que cela arrive. Jérusalem, par exemple, vit des micro-soulèvements et des accrochages tous les jours. Mais il manque une direction politique, quelqu’un qui dise: «On y va.» Une instance qui coordonne, donne le rythme, et pas uniquement une bande de jeunes, liés au Fatah ou à autre chose, qui vont à la confrontation, se font frapper et tuer d’une manière désordonnée.

    Là encore, Mahmoud Abbas a une très grande responsabilité. Là encore, il ne joue pas son rôle de représentant des Palestiniens, mais plutôt celui de l’ONU. Il est l’ONU. Mais ce n’est pas juste, il est élu pour être le président des Palestiniens en lutte et pour mener cette lutte à terme.

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    Propos recueillis par STZ 1. Anthropologue et travailleur social, Sylvain Thévoz est conseiller municipal socialiste en Ville de Genève. Il se trouve en Israël et Palestine à titre personnel pour rencontrer des membres de la société civile et des acteurs sociaux locaux. L’entretien que nous publions a été réalisé quelques jours avant le cessez-le-feu en vigueur depuis mardi.

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    Note:

    L’offensive sur Gaza a rendu évidente l’hégémonie de la droite raciste et militariste en Israël. Au point de faire peur à de nombreux citoyens qui ne reconnaissent plus leur pays et craignent de le voir disparaître, témoigne Michel Warschawski. Que dit l’offensive militaire contre la bande de Gaza de la société israélienne? Quelles conséquences aura-t-elle sur l’avenir du Proche Orient? Basé à Jérusalem, le journaliste franco-israélien Michel Warschawski, ardent opposant à la colonisation, est aussi un fin analyste du conflit. Bien connu des lecteurs du Courrier, dans lequel il tient une chronique mensuelle, ce fils de rabbin, né à Strasbourg en 1949, est aujourd’hui le principal animateur de l’Alternative information center (AIC), un centre d’information alternative. Le conseiller municipal genevois Sylvain Thévoz l'a rencontré à Jérusalem, alors que les bombes pleuvaient encore sur l’enclave palestinienne de Gaza1.

    http://www.lecourrier.ch/122913/pour_israel_l_ennemi_c_est_la_negociation

  • Démystifier la propagande officielle et para-officielle, en Israël (A l'Encontre)

    Quinze des vingt-quatre personnes tuées, suite à l'attaque  sur Bani Suhaila (quartier de Khan Younis - Gaza) sont  des enfants (21 juillet 2014)

    Quinze des vingt-quatre personnes tuées, suite à l’attaque
    sur Bani Suhaila (quartier de Khan Younis – Gaza) sont
    des enfants (21 juillet 2014)

    Ce texte de John Brown, écrit en hébreu, a été traduit en anglais par Sol Salbe. La traduction en français a été assurée par la rédaction de A l’Encontre. Les mensonges à propos de la guerre contre les Palestiniens, entre autres à Gaza, produits par des porte-parole de l’armée israélienne et les médias israéliens – en partie répercutés par des médias internationaux – continuent à être cités sans relâche à des fins de propagande. Dans le contexte de la «guerre», il est courant que les rumeurs et les mensonges non seulement soient nombreux mais impactent la société. La stratégie du «bourrage de crâne» a été expérimentée, à grande échelle, en Europe entre 1914 et 1918. (Rédaction A l’Encontre)

    *****

    1. «Le Hamas oblige les résidents à se tenir sur les toits des maisons, ce qui conduit à leur mort.»

    A l’origine de cette affirmation il y a la tuerie de six membres de la famille Kware’a et de deux autres personnes le 8 juillet à 14h30. D’après l’enquête [de Haaretz, quotidien israélien], les membres de la famille ont évacué la maison après avoir reçu un appel téléphonique de l’armée, mais y sont retournés en croyant à tort que le missile «knock on the roof» [missile d'avertissement] était celui qui devait démolir leur maison.

    Les représentants des forces aériennes israéliennes affirment qu’ils savaient que la famille avait commencé à rentrer chez elle mais qu’ils ne pouvaient pas dérouter le missile de sa trajectoire. Cet argument ne tient pas, dans ce cas, puisque l’armée a attaqué d’autres familles de manière similaire sans aucun avertissement. Les exemples sont abondants: par exemple la tuerie de 26 membres de la famille de Abou Jame et de 18 membres de la famille Al Batsch, sans compter les bombardements généralisés de la population civile à Rafah.

    2. Le porte-parole de l’armée israélienne s’est dépêché d’annoncer qu’il y avait eu une tentative d’infiltration par un tunnel vers le Kibboutz Nahal Oz le 21 juillet 2014. Il a également affirmé que des combattants du Hamas se dirigeaient vers la garderie d’enfants locale.

    Dans les deux cas, ces affirmations sont fondées sur un mensonge; toutes les incursions avaient visé des soldats et les sorties des tunnels et les endroits où ont eu lieu les incursions étaient très éloignés des sites mentionnés dans les communiqués de l’armée. Un porte-parole du conseil d’Eshkol [conseil régional au nord-ouest du Negev] a demandé que l’on corrige ces communiqués, mais cela n’a jamais été fait. Des communiqués continuent d’ailleurs à faire allusion à des attaques terroristes qui auraient été déjouées. On peut raisonnablement penser que c’est pour tenter de couvrir des échecs opérationnels tels qu’une préparation imparfaite depuis l’emplacement de tir protégé ou une entrée non opérationnelle dans un véhicule non blindé dans une zone dangereuse à Ein Hashlosha.

    3. Suiteà unrécit abusif publié dans le quotdien Ma’ariv et sur Facebook dans le blog absurde d’Avri Gilad [animateur de TV et radio fort connu], Zombies, le bruit s’est répandu concernant un projet d’utiliser simultanément de nombreux tunnels lors de Rosh Hashana (Nouvel an juif) dans le but de conquérir le monde. Les renseignements militaires israéliens ne savent rien d’un tel projet et l’information a été démentie par les officiels des renseignements. Même le président des Affaires extérieures et du Comité de défense de la Knesset l’ont démentie.

    4. «L’ONU exige qu’Israël partage le système du Dôme de fer avec les Palestiniens.»

    A l’origine de ce mensonge, il y a un titre trompeur sur les sites d’information Ynet et Arutz Sheva. En fait le Commissaire pour les droits humains s’est plaint de ce que, alors même que se déroulaient les combats, les Etats-Unis fournissaient des armes ainsi qu’un financement supplémentaire destiné au budget militaire israélien, dont une subvention urgente pour le système Dôme de fer, alors que personne n’accordait aux Palestiniens une protection contre les bombardements. Il est intéressant de noter que la version anglaise de Ynet n’a pas répété cette nouvelle erronée.

    5. «Le Hamas a exécuté 20 personnes qui manifestaient contre lui à Shejaiya-» C’est ce qu’a affirmé le reporter Alon Ben-David au cours d’une émission d’information. Cette affirmation a été reprise des douzaines de fois le jour même, et continue d’être répétée.

    Or, ce récit ne correspond pas à la réalité. Cinq ressortissants de Beit Hanoun ont été tués au cours d’un incident, après qu »un résident local a tiré sur un volontaire de UNWRA (agence de l’ONU), l’atteignant dans la jambe, ce qui a déclenché une confrontation locale. La police du Hamas les a dispersés en tirant à balles réelles, et a ainsi tué cinq personnes. Alon Ben-David lui-même a rectifié son histoire, ce qui n’a pas empêché que le rapport erroné ne soit ensuite repris sur Channel 1. Dans le même temps, les forces israéliennes ont tué au moins 13 manifestants en Cisjordanie, dont au moins 10 ne représentaient aucune menace directe pour les soldats israéliens. Cette nouvelle a été vérifiée, mais elle a à peine été mentionnée dans les médias.

    6. Contrairement à ce qui a été rapporté, le lieutenant Hadar Goldin n’a pas été capturé suite à un attentat- suicide à proximité de l’unité de Goldin. En réalité, il a été capturé lorsque lui et d’autres soldats de son unité sont tombés dans une embuscade près de l’entrée d’un tunnel et ont été tués au cours d’une fusillade. Malgré l’attention qu’ont portée les médias à cet incident, la réaction immédiate de l’armée a été de blanchir l’incident en utilisant le terme «Directive Hannibal» et d’organiser un assaut massif et sans discrimination contre la population civile qui a entraîné la mort de 130 personnes. Cela a été à peine été mentionné dans la presse israélienne.

    7. «Le Hamas investit 40% de son budget dans les tunnels.» En fait, d’après des fuites provenant de sources israéliennes de qualité, le Hamas dépense moins de 14% de son budget dans la défense. C’est moins que le taux d’investissement israélien dans son développement militaire.

    8. «Des organisations des droits humains ont obligé Israël à fournir du ciment à Gaza, ciment qui a servi à construire les tunnels.» Entre 2007 et septembre 2013, Israël n’a permis l’entrée de ciment à Gaza que pour l’usage des organisations internationales. Au cours du mois de septembre 2013, Israël a permis que du ciment puisse entrer pour les secteurs privés. Mais le gouvernement a banni l’entrée de ciment, dès octobre 2013, après qu’un tunnel a été découvert. Toutes ces restrictions n’ont pas affecté le Hamas qui a continué à faire entrer du ciment en contrebande depuis Rafah (côté égyptien). Par conséquent, les restrictions n’ont affecté que le secteur privé. (Article publié sur +972, le 8 août 2014, traduction de A l’Encontre) Par John Brown

    Publié par Alencontre le 10 - août - 2014