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Israël - Page 17

  • Israël : une liste arabe unifiée qui peut changer la donne (Npa)

    C’est sur un coup de tête que Benjamin Netanyahou a annoncé de nouvelles élections législatives qui auront lieu le 17 mars...

    Avec une majorité confortable, même après le départ de son allié du centre droit Yesh Atid, Netanyahou pouvait tranquillement aller jusqu’à la fin de son mandat, et poursuivre sa politique jusqu’au-boutiste et suicidaire qui va jusqu’à provoquer une crise majeure avec l’allié étatsunien.

    Un Likoud sans opposition
    Tout laisse prévoir que ces élections vont être un coup pour rien, et qu’au lendemain du 17 mars ce sera du pareil au même. Pourtant, Netanyahou n’est pas apprécié, c’est peu de le dire, et sa politique intérieure et internationale n’est pas un succès : la croissance économique s’essouffle, le niveau de pauvreté a encore augmenté et l’isolement d’Israël sur la scène internationale est sans précédent. Sans oublier l’agression militaire contre Gaza, qui, pour l’État hébreu, a été un échec.
    Si tous les sondages donnent le Likoud gagnant, ce n’est donc pas tant à cause d’une éventuelle performance de la part de la coalition de droite, mais plutôt à cause de la nullité de ce qu’on appelle encore l’opposition. En réunissant leurs forces dans une seule formation politique, les Travaillistes menés par Ytzhak Herzog et le « Mouvement » de l’ancienne ministre des Affaires étrangères, Tsipi Livni, pensaient gagner une majorité lors du prochain scrutin, mais ils n’ont pas réussi leur percée. L’électorat est moins bête que ce qu’on a l’habitude d’écrire dans les médias, et il comprend que la nouvelle coalition n’est qu’un Likoud B, qui non seulement n’a rien à opposer à Netanyahou, mais s’oriente ouvertement vers un gouvernement d’union nationale. Les électeurs préféreront toujours l’original à une pale copie…
    Rajoutons que même s’il faisait un meilleur score que le Likoud, le tandem Herzog-Livni n’a pas les moyens de former une coalition majoritaire de centre gauche. Il n’y a donc rien à attendre de ces prochaines élections… sauf du côté de l’électorat arabe, et c’est bien dans ce secteur que nous sommes témoins d’une véritable révolution.

    Dynamique unitaire autour de la « Liste commune »
    En effet, l’amendement à la loi électorale concocté par le ministre des Affaires étrangères d’extrême droite, Avigdor Lieberman, qui a augmenté le minimum nécessaire pour avoir des élus, a obligé tous les partis arabes à s’unir dans un seul bloc électoral : communistes, nationalistes et islamistes se sont donc unis dans la « Liste commune » et, s’ils parviennent à mobiliser l’électorat palestinien d’Israël, peuvent obtenir 14 élus, certains rêvant même de 15, devenant ainsi la troisième formation à la Knesset. Cette dynamique unitaire a permis à quelques centaines de militantEs juifs de la gauche non sioniste de se retrouver ensemble pour soutenir une liste qui est la seule à se positionner en opposition au discours dominant et consensuel dans la population juive.
    La priorité est aujourd’hui de convaincre l’électorat arabe d’Israël d’aller voter, car au cours des deux dernières décennies l’abstention était de près de 50 %. Si une dynamique de soutien à la « Liste commune » se concrétise, on peut légitimement espérer qu’elle se poursuive après les élections, mettant ainsi fin à une quinzaine d’années de recul dans la mobilisation populaire de la minorité palestinienne d’Israël. En ce sens, la constitution d’une liste arabe unifiée change la donne, et pas seulement sur le plan électoral.

    Michel Warschawski

    Article publié dans le Courrier de Genève.
    Intertitres de la rédaction de l’Anticapitaliste.

    http://npa2009.org/actualite/israel-une-liste-arabe-unifiee-qui-peut-changer-la-donne

  • Soirée-débat avec Max Blumenthal le 3 mars 2015 Paris (Agence Médias palestine)

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    *

    Les groupes locaux de l’AFPS Paris-Centre, Paris-Sud, la campagne BDS France-Paris et l’UJFP
    vous invitent à rencontrer le journaliste américain, écrivain et documentariste :

    Max Blumenthal

    Récompensé de nombreuses fois. Ses articles et ses documentaires ont été publiés dans : “The New York Times” “The Los Angeles Times”, “The Daily Beast”, “The Nation”, “The Guardian”, “The Independent Film Channel”, “The Huffington Post”, “Salon.com”, “Al Jazeera English”.

    Son dernier livre “Goliath : Vie et Haine dans le Grand Israël”, offre une vision particulièrement inquiétante de la société israélienne fondée, selon lui, sur la suprématie ethnique.

    En octobre 2014, lors de la session extraordinaire du Tribunal Russell sur la Palestine à Bruxelles, il a témoigné sur les crimes de guerre commis à Gaza par Israël pendant les 50 jours de bombardements sur la Bande de Gaza, entre le 8 juillet et le 26 août 2014.

    La rencontre aura lieu le 3 Mars à 19h00 au C.I.C.P.
    21ter Rue Voltaire – 75011 Paris
    Metro : Ligne 9 – Rue des Boulets

    Inscription à : rencontre3mars@gmail.com

    http://www.agencemediapalestine.fr/blog/2015/02/25/soiree-debat-avec-le-journaliste-et-ecrivain-max-blumenthal-le-3-mars-2015-a-19h-a-paris/

  • Israël, Juifs et Arabes: la perspective révolutionnaire d’un vivre-ensemble (Essf)

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    Michel Warschawski milite depuis de longues années en Israël. Il a retracé sa biographie dans un de ses ouvrages, Sur la frontière (Stock, 2002).

    Après avoir passé ses premières années à Strasbourg, Michel Warschawski a décidé à 16 ans de partir pour Jérusalem où il a entrepris des études talmudiques. Il a rejoint en 1968 l’Organisation socialiste israélienne fondée en 1962 par des exclus du PC israélien et des militants plus anciens influencés par le trotskysme. Le groupe était surtout connu par le nom de son journal, Matzpen (« La boussole » en hébreu). Matzpen était une organisation révolutionnaire qui considérait le sionisme comme un projet colonial et combattait pour une coexistence entre Juifs et Arabes sur la base d’une complète égalité. Dès juin 1967, Matzpen appelait au retrait complet, immédiat et inconditionnel d’Israël de tous les territoires occupés et affirmait son soutien au droit du peuple palestinien à combattre pour sa libération.

    Malgré un effectif restreint, les actions et positions de Matzpen ont eu un écho qui en a fait un « ennemi intérieur » dénoncé par les sionistes de droite comme de gauche, et dont les militants étaient fréquemment arrêtés. Bien que formé en majorité de militants juifs, Matzpen s’efforçait à la fois de de mobiliser la jeunesse juive israélienne et de développer des liens avec les Palestiniens d’Israël et les organisations de la gauche palestinienne et de pays arabes.

    Dans les années 1970, un débat s’est ouvert au sein de Matzpen sur ses perspectives. Matzpen et des militants de la gauche palestinienne ont décidé de créer en 1984 le Centre d’information alternative (AIC), organisme d’information et de solidarité dont Michel Warschawski est le directeur.

    Matzpen a ensuite cessé d’exister comme organisation bien que nombre de ses militants demeurent actifs dans divers mouvements. En 1989, Michel Warschawski a été condamné à plusieurs mois de prison ferme pour « prestations de services à organisations illégales » (il s’agissait de l’impression de tracts).

    Henri Wilno

    Dans un texte de l’été 2014, tu parles de « fascisation » en Israël. Quelles sont les racines de ce processus ? Est-ce seulement le produit de l’état de guerre ? Peut-on dire que désormais c’est l’extrême droite qui gouverne ?

    Michel Warschawski – Je parle d’un processus long qui remonte a la campagne de haine et de délégitimation qui a précédé l’assassinat de Yitzhak Rabin en 1995. Les assassins du Premier ministre ont pris le pouvoir et sont en fait le pouvoir depuis. J’y inclus l’épisode Ehud Barak (1999-2001) qui, certes, a été le candidat des Travaillistes, mais défendait une politique d’extrême droite et a tout fait pour qu’Ariel Sharon devienne Premier ministre et lui son ministre de la Défense.

    Vingt ans donc de pouvoir continu de la droite, qui ont changé la donne, pas tant dans le domaine de la politique coloniale envers les Palestiniens, mais dans le régime interne de l’Etat d’Israël.

    Le racisme s’est lâché, dans le discours politique, dans la rue et dans la législation qui culmine avec la proposition de modification de la « Loi Fondamentale – Israël, Etat-Nation du peuple Juif ». Une série de lois liberticides et ouvertement discriminatoires contre la minorité palestinienne d’Israël a déjà été votée, d’autres, pires encore, sont en route. La Cour Suprême, qui a été pendant de nombreuses années le garant d’un système qui jonglait entre « Etat juif » et « Etat démocratique », est depuis quelque temps l’objet d’attaques violentes de députés d’extrême droite. Plusieurs projets de loi visent à réduire son pouvoir.

    Le gouvernement s’appuie sur un bloc de trois partis d’extrême droite, bloc dans lequel Netanyahou fait figure de modéré !

    Si depuis un an je parle de fascisme, c’est parce qu’à tout ce que je viens de mentionner s’ajoute la violence contre les militants et organisations démocratiques, de la part de petits groupes fascistes ou même de passants. Gouvernement d’extrême- droite + lois liberticides + violence qui vise à terroriser toute parole critique = fascisme.

    Israël est désormais un des Etats où les inégalités sociales sont les plus fortes (y compris parmi les Juifs), les politiques néolibérales démantèlent les acquis sociaux. Et, pourtant, vu de l’extérieur, le débat social et politique dans la partie juive de la population israélienne semble se polariser complètement autour de deux axes : la religion et la « sécurité ». Est-ce exact ? Les questions sociales ont-elles disparu du paysage ?

    Effectivement, Israël est, dans le groupe des pays industrialisés, le second dans le fossé qui sépare les riches et les pauvres : une bourgeoisie très riche et beaucoup de très pauvres. Selon les données de la sécurité sociale israélienne, 32 % des enfants israéliens – juifs et arabes – vivent sous le seuil de pauvreté ! Le démantèlement de l’Etat social et de ses acquis s’est fait avec une brutalité et une rapidité qui auraient fait pâlir de jalousie Margareth Thatcher.

    Et pourtant les luttes sociales, en particulier les luttes syndicales, restent extrêmement limitées. Il y a trois raisons à cela : la réussite économique d’Israël qui permet de laisser des miettes aux travailleurs, le fait que le taux de chômage est très bas (inférieur à 2 %), l’absence de tradition et d’organisation syndicales dignes de ce nom. 50 ans de pouvoir absolu de la Histadrout, qui n’avait rien a voir avec une organisation syndicale, même de collaboration de classes, ont empêché la formation d’une conscience de classe, aussi primitive fût-elle. S’il y a des luttes, elles restent cantonnées à une entreprise (en général sur des licenciements) ou dans des secteurs plus privilégiés et mieux organisés (infirmières, enseignants).

    Les classes populaires réagissent-elles aux politiques d’austérité ? Qu’est devenu le mouvement des « Indignés » d’il y a deux ans ? Que représente le syndicat Koach la-Ovdim qui semble se renforcer au détriment de la Histadrout ?

    Le mouvement des Indignés a été un feu de paille : une gigantesque mobilisation qui a entraîné des centaines de milliers de personnes pour un retour à l’Etat providence mais n’a enfanté qu’une commission nationale (la Commission Trachtenberg)… dont quasiment toutes les recommandations ont été rejetées par le gouvernement.

    Koach la-Ovdim, qui est la première confédération syndicale indépendante de la Histadrout, reste une organisation modeste, comparée à cette dernière, mais a pu animer des grèves et autres luttes revendicatives de certains des secteurs les plus délaissés, entre autre les travailleurs de l’entretien dans certaines grandes administrations ou encore dans une carrière proche de Jérusalem.

    Pour la majorité des travailleurs israéliens, les positionnements, y compris les identités, sont d’abord de l’ordre du politique et du « national », et, très loin derrière, de l’appartenance sociale. On demande à quelqu’un ce qu’il est, il répondra : Juif, puis Israélien, puis Tunisien ou Russe d’origine. Ensuite il dira « religieux » ou traditionaliste. Très rarement il dira « ouvrier » ou « employé ».

    Qu’est devenu le « camp de la paix » ? Est-il en situation de peser en quoi que ce soit ?

    3000 personnes environ ont manifesté contre l’agression de Gaza. C’est très peu et représente surtout ce qu’en France on appellerait l’extrême gauche. En ce sens, le mouvement de la paix de masse qu’on a connu dans les années 1980 et 1990 ne s’est pas encore remis de sa déroute en août 2000. Cette date est à retenir, car elle marque une cassure, une espèce d’août 1914 du mouvement de la paix : quand Ehud Barak revient des négociations de Camp David (qu’il a sabotées avec la collaboration de l’administration Clinton), celui qui avait été élu sur la base d’une alternative à la politique d’occupation de la droite, réussit a convaincre son propre camp que Yasser Arafat se servait des négociations pour endormir Israël, y créer des lignes de fracture pour finalement jeter les Juifs a la mer (sic !). Il ajoute : la droite avait raison, c’est nous, les pacifistes, qui nous étions trompés.

    Le problème est que ce méga-mensonge a été reçu cinq sur cinq par le mouvement de la paix… Et Sharon a été élu avec une large majorité, pour entreprendre la reconquête des territoires gérés par l’Autorité palestinienne et des quelques acquis résultant des négociations entre Israël et l’OLP.

    Le mouvement de la paix ne s’est pas remis de cette déroute, et nous sommes encore loin d’une renaissance de ce dernier, comme mouvement de masse capable de peser sur les choix politiques du gouvernement.

    Tu as expliqué, je crois, que par son ignorance des questions sociales, une partie de la gauche israélienne et du camp de la paix avait rejeté les sépharades dans les bras du Likoud et de l’extrême droite : est-ce définitif ?

    Les couches populaires et plus particulièrement les Juifs pauvres originaires des pays arabes (qu’on appelle à tort « sépharades »), ont fait, depuis la fin des années 1970, le choix de la droite, non par identification avec son idéologie du Grand Israël, mais parce qu’elle représentait l’opposition au pouvoir absolu, totalitaire et raciste – envers les Juifs non Européens – de la pseudo-gauche.

    La « gauche » n’a aucune chance de regagner l’électorat populaire, car sa réalité et son image sont bourgeoises, et son racisme anti-oriental colle à son identité. L’immigration massive des Russes a d’ailleurs encore renforcé cette ligne de fracture. Pour reprendre pied dans les couches populaires, une nouvelle gauche est à construire, mais ceci est la tâche de la prochaine génération.

    Ceci dit, les mariages intercommunautaires sont de plus en plus nombreux, et je pense que l’appartenance ethnique, au sein de la communauté juive-israélienne, tend à perdre petit a petit de sa pertinence.

    Que représente l’extrême gauche en Israël ? Les Anarchistes contre le mur ? D’autres mouvements ?

    Ce qu’on appelle ici la gauche radicale est très modeste, définie essentiellement par son positionnement sur les questions politiques (conflit colonial et guerres), même si en général cette extrême gauche défend par ailleurs une orientation anticapitaliste. Elle n’a pas, dans la population juive, de parti dans lequel elle pourrait se structurer, et c’est dans des collectifs qu’on la trouve, que ce soit sur des questions d’ordre politique (occupation, racisme) ou d’ordre social (refugiés économiques, droits des femmes, logement…) Quand il y a des élections, elle vote par défaut pour un des « partis arabes », en particulier le Parti communiste. Ce dernier se défend d’ailleurs d’être « un parti arabe », même si 85 % de son électorat provient de la population palestinienne d’Israël.

    Les Anarchistes contre le Mur, certaines organisations féministes, les divers groupes qui luttent contre l’occupation ou les injustices sociales, ou encore le Centre d’information alternative (AIC), se retrouvent dans des campagnes spécifiques (contre le mur, contre les groupes fascistes, pour les sans-papiers, etc.), mais il n’existe pas de structures pérennes.

    Un des problèmes auxquels nous sommes confrontés est ce que j’ai appelé, il y a des années, l’« ONGisation » de la politique, une professionnalisation autour de petites boutiques, souvent bien financées pour leurs activités par des fondations ou des Etats européens. Les ONG font certes un bon travail d’information et de sensibilisation, mais elles ne peuvent en aucun cas être la base d’un mouvement de masse. Certains diront même qu’elles en sont, involontairement, un obstacle.

    Comment évoluent les discriminations envers les Arabes israéliens ? La sécession entre Juifs et Arabes israéliens est-elle désormais complète ? Ou bien y-a-t-il des espaces communs de coopération et de lutte ?

    Depuis 2000 (en octobre 2000, Ehoud Barak ordonnait une répression sanglante des manifestations de solidarité, dans les localités arabes, avec la révolte palestinienne des territoires occupés), nous avons été témoins d’une rupture du front judéo-arabe qui caractérisait le mouvement d’opposition à l’occupation et aux discriminations contre la minorité palestinienne d’Israël (qui fait 20 % de la population). Les Palestiniens ne viennent plus à Tel Aviv pour manifester et ont fait le choix de se mobiliser dans leurs villes et villages. C’est ce qui explique pourquoi les manifestations dans les grandes villes juives sont passées de dizaines de milliers à quelques milliers seulement.

    Derrière ce choix, s’exprime aussi une volonté d’autonomie, car dans le « front judéo-arabe », le PC poussait à une hégémonie juive, dont la présence de drapeaux israéliens et la sur-représentation d’orateurs juifs étaient les signes extérieurs.

    La minorité arabe est représentée à la Knesset par trois partis de poids plus ou moins égal : le PC (sous la forme du Front pour la paix et l’égalite), le Rassemblement national démocratique (Balad – nationalistes radicaux), et la Liste arabe unifiée, nationaliste conservatrice.

    Un amendement à la loi électorale peut pousser les partis arabes à faire à l’avenir liste commune, s’ils veulent avoir des élus, et si cette perspective se réalise, il pourrait y avoir dans la prochaine Knesset un groupe parlementaire arabe d’une quinzaine de députés (sur 120…) A moins que n’aboutissent les tentatives de l’extrême droite d’interdire à certains partis arabes de se présenter. A ce propos, les prochaines semaines seront déterminantes.

    Pour que le front judéo-arabe se reconstruise, il est indispensable que les militants juifs acceptent de se débarrasser de leur volonté hégémonique et de devenir une force d’appoint à un mouvement qui est d’abord un mouvement national arabe.

    Quel est l’écho de l’AIC dans le contexte actuel ?

    La spécificité du Centre d’information alternative est d’être, trois décennies après sa constitution, toujours la seule organisation commune israélo-palestinienne. L’AIC regroupe des militants, connus et reconnus, de la gauche palestinienne et des antisionistes israéliens. Si, comme son nom l’indique, elle fait un travail d’information et d’analyse politique et sociale (en particulier sur son site alternativenews.org), son originalité et son importance résident dans son choix d’être une brèche dans le mur qui sépare les deux sociétés, y compris dans le monde militant, et de promouvoir une perspective de coopération et de partenariat entre les mouvements des deux côtés de la « ligne verte ».

    Dans un contexte où la séparation est perçue comme une valeur quasi-absolue, la perspective d’un vivre-ensemble est éminemment révolutionnaire, et elle passe par la nécessité d’un combat commun.

    Propos recueillis par Henri Wilno

    Paru dans la Revue L’Anticapitaliste n°61 (janvier 2015). https://npa2009.org/

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article34397

  • Entretien avec Pierre Stambul à paraître dans un journal algérien. (UJFP)

    1) Les positions de Roger Hanin en faveur de l’indépendance de l’Algérie, du temps du colonialisme français, et l’hommage qui a été rendu par le président Abdelaziz Boutéflika, après son décès, prouvent que l’Algérie n’est pas hostile aux Juifs, mais au sionisme qui occupe la Palestine. Un mot autour de ça ?

    La présence des Juifs au Maghreb est antérieure à l’arrivée des Arabes. La plupart d’entre eux étaient descendants de Berbères convertis au judaïsme. D’autres sont les descendants des Juifs chassés d’Espagne en 1492. Les Juifs maghrébins ont vécu en paix avec leurs voisins musulmans pendant des siècles. Il n’y a jamais eu au Maghreb d’expulsions, de spoliations ou de massacres contre les Juifs contrairement à ce que l’Europe chrétienne a souvent connu. En 1870, à l’époque du colonialisme français, le décret Crémieux a donné aux Juifs algériens la nationalité française. Les Juifs qui étaient autochtones ont été assimilés au colonisateur et artificiellement séparés de la population musulmane à qui cette nationalité a été refusée. Au moment de l’indépendance algérienne, la plupart des Juifs (mais pas tous) sont partis vers la France et plus rarement vers Israël. Il est fondamental que les Juifs maghrébins retrouvent la culture, la musique, la cuisine, les odeurs, les lieux qui correspondent à leur histoire et leurs racines. Il est tout aussi fondamental que l’Algérie retrouve sa part juive et recherche les traces de la présence séculaire des Juifs dans ce pays.

    2) Roger Hanin, Fernand Yveton et d’autres, ont prouvé que des Juifs anticolonialistes existent, au même titre que les musulmans et chrétiens. Un mot autour de ça, également ?

    Les Pieds Noirs n’ont pas tous été pour l’OAS et les Juifs n’ont pas tous été contre l’indépendance de l’Algérie. Il est important que l’Algérie célèbre, avec les centaines de milliers de victimes de la guerre d’indépendance, le courage de Maurice Audin, torturé à mort par les hommes du Général Aussaresses, le combat des « porteurs de valise », les risques incroyables pris par des Européens ou des Juifs qui sont allés au bout de leurs convictions contre le colonialisme. Je citerai plusieurs Juifs : Henri Curiel, Henri Alleg, William Sportisse. Je conseille d’ailleurs aux lecteurs de lire le livre autobiographique de William Sportisse (« Le camp des oliviers ») qui raconte des décennies de lutte anticoloniale dans la région de Constantine. À l’Union Juive Française pour la Paix, nous comparons souvent le combat des « porteurs de valise » (dont certains étaient juifs) à celui des anticolonialistes israéliens qui soutiennent les droits du peuple palestinien.

    3) Quels liens gardent encore les Juifs d’Algérie avec leur pays d’origine ?

    On ne peut pas généraliser. Beaucoup ont la nostalgie, le besoin d’aller visiter les endroits où leurs ancêtres ont vécu ou de fleurir les cimetières. Quelqu’un comme Roger Hanin a toujours considéré que l’Algérie était son pays.  En même temps, dans le climat d’islamophobie assez répugnant que connaît la France aujourd’hui, les Juifs français originaires du Maghreb sont des « cibles ». Certains occultent leurs origines berbères, prétendent que les Juifs maghrébins ont été persécutés et tiennent des propos racistes.

    4) Les Juifs hostiles au sionisme et à l’occupation de la Palestine sont-ils persécutés en Israël et en France ?

    En France, le problème n’est pas la répression mais plutôt l’ignorance. Pour les médias, c’est plus simple si les Musulmans sont pour la Palestine et les Juifs pour Israël. L’existence de Juifs antisionistes pose la question de la guerre du Proche-Orient, non pas en termes de religion, d’origine ou de communauté, mais en termes de refus du colonialisme, de lutte contre l’apartheid et de « vivre ensemble dans l’égalité des droits ». Pendant longtemps, les médias nous ont ignorés. Ils commencent doucement à nous donner la parole.


    En Israël, le pays se définit comme un « Etat juif ». Les non Juifs n’ont aucun droit mais, en principe, le pays est « démocratique » pour les Juifs. Les Israéliens anticolonialistes peuvent s’exprimer, y compris dans la presse, mais on observe un durcissement certain : les refuzniks (ceux qui refusent l’armée) vont en prison. Les manifestations de soutien aux Palestiniens sont souvent attaquées. Des lois sont votées pour criminaliser tout appel au boycott d’Israël. Nos camarades israéliens nous décrivent l’ambiance étouffante d’une société raciste et certains sont tentés de partir.

    5) Le Premier ministre Nétanyahou a réitéré son appel aux Juifs pour s’installer en Israël après les attentats terroristes de Paris et de Copenhague. S’agit-il d’une tentative de récupération politique ?

    C’est une infamie. Le sionisme n’a jamais lutté contre l’antisémitisme, il s’en nourrit. Il ne défend pas les Juifs, il les met volontairement en danger. Les Juifs français ont derrière eux une longue histoire de lutte pour la citoyenneté et l’égalité. Ils ont joué un rôle important dans la résistance contre le nazisme et dans les luttes anticoloniales. Et voilà un chef d’Etat étranger qui vient de commettre de nombreux crimes de guerre à Gaza qui arrive sur notre territoire pour nous expliquer que nous sommes des touristes et que nous avons mal compris, notre pays c’est là-bas. Il nous pousse à quitter notre pays pour aller voler des terres palestiniennes.

    Le sionisme a toujours affirmé que Juifs et non Juifs ne peuvent pas vivre ensemble (ni en France, ni au Proche-Orient). Son seul but a toujours été de pousser les Juifs à partir en Israël. Cette stratégie n’est pas seulement criminelle contre les Palestiniens. Elle est suicidaire pour les Juifs.

    Comble de la récupération : les victimes de l’attentat antisémite de Paris ont été enterrées au cimetière de Givat Shaul. Ce « nouveau quartier » de Jérusalem s’appelait autrefois Deir Yassine, le principal village palestinien martyr où, le 9 avril 1948, les milices de l’Irgoun dirigées par Menahem Begin ont massacré toute la population civile. Quel symbole !

    5) Les attentats terroristes de Paris ont-ils servi les intérêts politiques de Nétanyahou ?

    À l’évidence les actes de Daesh ou d’autres groupes semblables servent les intérêts de ce que ces terroristes prétendent combattre. Les sionistes ont toujours affirmé que juif=sioniste et ils sont devenus les élèves modèles du « choc des civilisations ». En s’en prenant aux Juifs parce que Juifs et en profanant l’Islam, des groupes comme Daesh veulent nous entraîner vers une guerre que nous devenons absolument refuser.
    Contre cette logique de mort, nous devons mener ensemble un combat contre tous les racismes : le racisme antiRom, antiArabe, antiNoir, antisémite, antimusulman …

    Pierre Stambul
    Coprésident de l’Union Juive Française pour la Paix (UJFP) lundi 16 février 2015

    http://www.ujfp.org/spip.php?article3894

  • Israël contre les Juifs (UJFP)

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    C’est un refrain bien établi. Vous critiquez Israël et le sionisme ? Vous êtes antisémite !

     

    Un Juif français veut pouvoir « vivre son judaïsme » ? On l’invite à faire son « alyah » et à apporter sa pierre à la colonisation de la Palestine. On essaie de nous marteler que l’histoire des Juifs s’est achevée et qu’Israël en est l’aboutissement. Israël fonctionne comme un effaceur de l’histoire, de la mémoire, des langues, des traditions et des identités juives. La politique israélienne n’est pas seulement criminelle contre le peuple palestinien. Elle se prétend l’héritière de l’histoire juive alors qu’elle la travestit et la trahit. Elle met sciemment en danger les Juifs, où qu’ils se trouvent. Et elle les transforme en robots sommés de justifier l’injustifiable

    Retour sur un passé récent
    L’histoire des Juifs français n’a strictement rien à voir avec Israël. Régulièrement spoliés, massacrés ou expulsés par différents rois très chrétiens, les Juifs ont acquis la citoyenneté française avec l’Abbé Grégoire pendant la Révolution. Ces deux derniers siècles ont été marqués par une quête de la citoyenneté et de l’égalité des droits. L’affaire Dreyfus a révélé que, si une partie de la société française était antisémite, une autre partie, finalement majoritaire, considérait que l’acquittement et la réhabilitation de Dreyfus étaient l’objectif de tous ceux qui étaient épris de liberté et refusaient le racisme. L’histoire des Juifs français a été marquée par leur participation importante à la résistance contre le nazisme et le régime de Vichy, puis par l’engagement de nombre d’entre eux dans des luttes progressistes et/ou anticoloniales. Les intellectuels juifs de cette époque s’appelaient Raymond Aubrac, Marc Bloch, Laurent Schwartz, Pierre Vidal-Naquet, Stéphane Hessel. C’était une époque où beaucoup de Juifs pensaient que leur propre émancipation passait par celle de tou-te-s. C’était une époque où le racisme, le fascisme et la haine de l’autre étaient considérés comme des abjections à combattre. Les enfants juifs allaient à l’école publique, jamais il ne leur serait venu à l’idée de se séparer des autres dans des écoles confessionnelles.


    On s’efforce aujourd’hui en Israël d’effacer l’histoire des Juifs dans les différents pays où ils ont vécu. Si les Juifs ont longtemps été considérés par les antisémites en Europe comme des parias inassimilables et s’ils ont été persécutés parce qu’ils constituaient un obstacle aux nationalismes fous qui rêvaient de sociétés ethniquement pures, ils n’ont jamais recherché la séparation mais au contraire l’insertion à l’intérieur des sociétés dans lesquels ils vivaient.

    Une assignation à la désertion
    On fait un saut de quelques années. En tête d’une gigantesque manifestation parisienne censée dénoncer le terrorisme, on trouve trois criminels de guerre, Nétanyahou, Lieberman et Bennet qui viennent de s’illustrer dans le massacre de plus de 2000 Palestinien-ne-s (essentiellement des civil-e-s) à Gaza pendant l’été 2014. Profitant de l’émotion causée par l’attentat antisémite de la Porte de Vincennes, Nétanyahou est autorisé (par le gouvernement français) à déclarer aux Juifs français qu’ils sont en insécurité en France et qu’ils doivent partir dans leur « vrai » pays, Israël.


    En fait, le sionisme n’a jamais combattu l’antisémitisme.

    Il s’en est toujours nourri avec en permanence un seul et unique but : faire immigrer le maximum de Juifs en Israël. Du coup, Nétanyahou n’hésite pas à mettre en danger les Juifs français. Il en fait des étrangers dans leur propre pays, des « touristes » qui n’ont pas compris que leur « patrie » est là-bas. Les Juifs sont sommés d’être des « traîtres » (à la seule et unique cause, celle du Grand Israël de la mer au Jourdain) ou des complices. La France a toujours été un échec pour Israël : à peine 80000 Juifs sont partis depuis 1948 et une moitié est revenue. Alors la propagande se fait assourdissante. Pourtant, s’il y a bien un pays où les Juifs sont en insécurité, c’est Israël et il sera ainsi tant que la destruction de la Palestine se poursuivra.


    À « l’alyah » (la montée) des vivants vers Israël, s’ajoute à présent celle des morts. Les autorités israéliennes incitent vivement les Juifs français à faire enterrer leurs proches en Israël. Ainsi les victimes de la tuerie de la porte de Vincennes ont été inhumées au cimetière de Givat Shaul. Ce « quartier » de Jérusalem, c’est l’ancien Deir Yassine, le village martyr de la guerre de 1948 où les milices de l’Irgoun dirigées par Menachem Begin ont massacré toute la population avant que le village ne soit, comme tant d’autres, rayé de la carte. Quel symbole !

    Israël à l’avant-garde de l’islamophobie
    Les Juifs ont vécu pendant des centaines d’années dans le monde musulman. Ils ont même été accueillis par l’empire ottoman après leur expulsion d’Espagne en 1492. Aujourd’hui, Israël participe à la diabolisation des Arabes et des musulmans en se comportant en élève modèle du « choc des civilisations ». Le racisme anti-arabe et l’islamophobie s’expriment ouvertement, des politiciens en ont fait leur fond de commerce et les passages à l’acte sont fréquents. Les crimes de masse comme à Gaza ou la multiplication des propos racistes (Pour le rabbin Rosen, les Palestiniens sont des Amalécites et la Torah autorise qu’on les tue ainsi que leurs femmes, leurs enfants, leurs troupeaux) laisseront des traces. Comment imaginer que ce qui est infligé aux Palestiniens sera sans conséquences ?
    En Israël, des propagandistes rivalisent pour expliquer que les Juifs ont vécu l’enfer dans le monde musulman, masquant le fait que l’antisémitisme a été avant tout une invention européenne et chrétienne. Les Juifs orientaux subissent en Israël des discriminations sociales et un mépris raciste. Ils ont souvent été humiliés et discriminés à leur arrivée. Ils sont coupés de leurs racines et poussés à renier leur identité. L’expulsion des Palestiniens de 1948 est présentée comme un « échange de population » alors que le sionisme est le principal responsable, et de la Nakba, et du départ des Juifs orientaux de leurs pays.

    Qu’y a-t-il de juif en Israël ?
    Les sionistes ont théorisé l’idée que les Juifs et les non-Juifs ne peuvent pas vivre ensemble. C’est totalement contraire à tout ce qui s’est passé pendant des centaines d’années. Cela va à l’encontre de l’aspiration des Juifs à sortir des ghettos, des mellahs et des juderias pour devenir des citoyens normaux.


    Les Juifs religieux qui émigrent en Israël y rencontreront rarement la religion telle qu’elle a été pratiquée pendant des siècles. Le courant national-religieux s’est imposé. Ce courant intégriste a totalement révisé la religion. Le « peuple élu », ça n’a jamais voulu dire qu’il a plus de droit que les autres mais au contraire qu’il a plus de devoirs. Parmi les préceptes, il y a « ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas qu’on te fasse » et « tu aimeras ton prochain comme toi-même ». « L’an prochain à Jérusalem », ça n’a jamais voulu dire qu’il faut réaliser le nettoyage ethnique en cours, mais « vivement que le Messie vienne ». L’hébreu a toujours été une langue religieuse interdite à l’usage profane. La religion juive est une religion de « l’exil ». L’installation sur cette terre (d’Israël/Palestine) avant l’arrivée du Messie et a fortiori l’établissement d’un Etat juif étaient interdits. D’ailleurs les Juifs expulsés d’Espagne en 1492 ne sont pas allés à Jérusalem. Herzl a rencontré une hostilité quasi unanime des rabbins contre le projet sioniste dès qu’il a été question d’établir un État juif en Palestine.
    Pour les Juifs laïques, les valeurs dominantes d’Israël sont à l’antithèse de ce que sont pour eux les valeurs du judaïsme. Où trouve-t-on dans la tradition juive le racisme, le chauvinisme, le militarisme, le négationnisme de l’existence et de la dignité de l’autre ? Qu’y a-t-il de commun entre ce qu’ont représenté les grands intellectuels juifs (Einstein, Freud, Arendt, Kafka, Benjamin …) et les criminels de guerre qui dirigent Israël ? Qu’est devenue en Israël la mémoire de celles et ceux qui ont lutté contre le fascisme et le colonialisme (Marek Edelman, Abraham Serfaty, Henri Curiel …) ? De quel héritage juif peuvent se prévaloir les colons et les militaires qui justifient à l’avance les violences et les crimes commis contre les Palestiniens ?


    Comme l’écrit l’historien israélien Shlomo Sand à propos du livre de Yakov Rabkin Comprendre l’État d’Israël, « celui qui voit dans le sionisme une continuation du judaïsme ferait bien de lire ce livre. Mais celui qui croit que l’État d’Israël est un État juif est obligé de le lire ».
    Certains Juifs pensent qu’après le génocide nazi, Israël est l’ultime refuge. Au nom de quoi les dirigeants israéliens peuvent-ils brandir partout l’antisémitisme et le souvenir du génocide ? Les sionistes n’ont joué qu’un rôle marginal dans la lutte contre l’antisémitisme et la résistance au nazisme. Certains dirigeants sionistes ont même eu un comportement honteux pendant la montée du fascisme (Ben Gourion avec les accords de Haavara, 1933) et à l’époque de l’extermination (le groupe Stern assassinant des soldats et des dignitaires britanniques). Comment ne pas comprendre que la mémoire du génocide signifie « que cela n’arrive plus jamais » et pas « que cela ne NOUS arrive plus jamais », ce qui correspond à une vision tribale de l’humanité totalement contraire à toutes les formes d’héritage juif.

    Refuser l’assignation et la peur, refuser toutes les formes de racisme et de discrimination.
    Il y a des confrontations qui ont du sens : les luttes contre l’oppression, la domination, le colonialisme, pour l’égalité des droits. On nous vend aujourd’hui une guerre qui n’est pas la nôtre : celle d’un monde dit « civilisé » contre le « terrorisme islamique ». Dans cette « guerre », les musulmans sont considérés comme des terroristes en puissance et sont sommés de « prouver » qu’ils ne sont pas des complices de Daesh.


    Et les Juifs sont assignés à soutenir sans réserve une politique israélienne criminelle contre les Palestiniens et suicidaire pour les Juifs.
    Cette fuite en avant criminelle tient par la peur. Ce syndrome assure le consensus à un point tel qu’un négociateur palestinien (le professeur Albert Aghazarian) a pu dire que les Israéliens ont peur de ne plus avoir peur. Cette peur irrationnelle a gagné beaucoup de Juifs français.
    Dans le contexte du « choc des civilisations », prétexte des dominants pour ensanglanter le monde, il y a en France une montée générale de toutes les formes de racisme. Contrairement à l’image fabriquée par les principaux médias, le racisme frappe essentiellement tous les « dominés », toutes les victimes de l’apartheid social : Arabes, Noirs, Roms. Il prend une nouvelle tournure en se masquant derrière l’islamophobie. Comme il n’est plus politiquement correct de dire « sale arabe », on diabolise l’islam.
    Il y a aussi une incontestable et détestable montée de l’antisémitisme. Mais les différentes formes de racisme ne sont pas traitées de la même façon.


    Les dirigeants israéliens et en France le CRIF, participent activement à la stigmatisation des musulmans. Ils affirment contre toute évidence qu’il n’y a qu’un seul racisme à dénoncer (l’antisémitisme) et qu’on est à la veille d’une nouvelle « nuit de cristal ». Ils font apparaître les Juifs comme ceux que le pouvoir protège alors que l’idéologie sécuritaire, les déclarations des principaux dirigeants et le travail nauséabond de pseudo intellectuels, visent une seule population déclarée dangereuse.
    Les stéréotypes antisémites se nourrissent aussi de la complicité du CRIF avec la politique israélienne et de la partialité évidente du pouvoir. À l’heure des confusions, l’indignation légitime contre les crimes israéliens fait monter l’antisémitisme et les quelques paumés attirés par la violence effroyable de Daesh commettent des attentats criminels contre les Juifs parce que Juifs.

    La lutte contre le racisme ne peut pas être découpée. Choisir certaines « bonnes » victimes contre d’autres est à l’antithèse du combat antiraciste. La politique israélienne et la négation totale des droits du peuple palestinien ne protègent absolument pas les Juifs. Au contraire. Pour créer l’Israélien nouveau, il a fallu « tuer le Juif », celui qui pensait que son émancipation passait par celle de l’humanité. Comme le dit le militant israélien anticolonialiste Eitan Bronstein : « nous ne serons jamais libres tant que les Palestiniens ne le seront pas ». En refusant le tribalisme, les Juifs français réaffirmeront une histoire dont ils peuvent être fiers.
    C’est tou-te-s ensemble qu’il faut combattre tous les racismes, toutes les stigmatisations, toutes les discriminations. C’est tou-te-s ensemble qu’il faut défendre le droit, en Palestine comme ici.

    Pierre Stambul jeudi 19 février 2015

  • TROIS BOURREAUX DU PEUPLE PALESTINIEN A PARIS LE 11 JANVIER : QUELLE HONTE ! (Ujfp)

    Benjamin Nétanyahou, Avigdor Lieberman et Naftali Bennett représenteront le 11 janvier l’Etat d’Israël à la grande manifestation européenne de riposte aux fusillades contre Charlie Hebdo et contre le magasin casher à Paris. Ces trois personnages sont des criminels de guerre qui relèvent de la Cour Pénale Internationale pour les meurtres de masse commis à Gaza et ailleurs.

    Ce sont trois sinistres artisans de la volonté d’Israël d’écraser le peuple palestinien : Nétanyahou, le dirigeant des massacres à Gaza, Lieberman et Bennett, deux ministres colons, l’un prévoit l’expulsion de tous les Palestiniens, y compris ceux qui vivent en Israël et l’autre se vante d’avoir tué des Palestiniens.

    Ce qui est tout aussi grave, c’est la signification que leur présence confirme, concernant la nature de cette manifestation.

    C’est pourquoi nous exhortons les diverses associations amies du peuple palestinien qui comptent se rendre à cette manifestation à reconsidérer leur décision.

    La manifestation devait être soi-disant « d’unité nationale » contre le terrorisme et pour la liberté d’expression.
    Elle sera en réalité une représentation des « valeurs du monde civilisé occidental » contre les « menaces terroristes du monde arabo-musulman », une manifestation bien dans la tonalité du « choc des civilisations » qui d’après nos gouvernants, même quand ils se défendent de diffuser ce point de vue, régit le monde actuel.

    En fin de compte tous ceux qui souhaitaient manifester demain leur solidarité avec les victimes de ces terribles attentats et pensaient sincèrement montrer une société française unie contre le crime, se sont fait confisquer leur manifestation par les organisateurs autoproclamés d’une grande messe de « l’Axe du Bien » : le gouvernement, ses amis et tous ses concurrents de droite – hormis le Front National, dont l’idéologie n'a nul besoin d'invitation pour prospérer. Les grands alliés internationaux seront présents : ces mêmes représentants d’État dont les politiques contre les peuples ont permis l’apparition du terrorisme djihadiste, les courants islamophobes, les amis de l’État d’Israël et bien sûr les représentants de cet État.
    Quant aux populations dangereuses, postcoloniales, jeunes, éventuellement porteuses de signes ostentatoires musulmans, elles subiront le dispositif de contrôle renforcé dans la période qui s’ouvre. Nous ne pouvons oublier qu’à tous ceux-là les manifestations de solidarité et la liberté d’expression ont été interdites, l’été dernier, pendant l'opération « Bordure de protection » menée contre Gaza par les trois invités israéliens de demain.

    Les représentants d’Israël ont commencé à faire de grands appels à la population juive française, soi-disant victime d’un déferlement antisémite sans précédent, pour qu’elle émigre en Israël, pays « de grande liberté ». Une fois de plus, les dirigeants israéliens mettent sciemment en danger les Juifs français par la peur et l’incitation au départ.

    Le Bureau National de l’UJFP le 11 janvier 2015

  • Ces Israéliens qui se veulent pacifistes : encore un effort (UJFP)

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    Avertissement :

    Ce texte de Richard Wagman était destiné à paraître dans le journal Libération, en réponse à un article de Avraham B. Yeshoshua, paru dans l’édition du 24-25 décembre de ce journal dans la rubrique « Rebonds ». Mais ce texte a été refusé. Le voici :

     

    Avraham B. Yeshoshua, écrivain israélien, nous informe dans les pages « Rebonds » de Libération du 24-25 décembre de la présence de sa signature – et de celle de près de 1 000 autres personnalités israéliennes – sur une pétition exhortant les parlements européens à reconnaître l’État de Palestine. Cette initiative est salutaire, car elle traduit le sentiment de certains secteurs de la population israélienne qui souhaitent le respect des droits nationaux des Palestiniens, et qui aimeraient voir enfin une paix juste instaurée entre ces deux peuples.

    Et pourtant, les signataires prennent moult précautions et annoncent des prises de position qui semblent aller à l’encontre de cet objectif. Il faut dire qu’outre des écrivains, les signataires comprennent de nombreuses personnalités qu’on peut difficilement confondre avec des antisionistes tel l’ancien ambassadeur d’Israël en France, l’ancien président de la Knesset, l’ancien président de l’Agence juive, ainsi que des officiers de l’armée israélienne. Même si leur pétition est un bol d’air frais, elle est plus timide que l’opinion exprimée par un certain nombre de leurs compatriotes. Et elle va moins loin que de nombreux Juifs pacifistes en Europe et ailleurs.

    À titre d’exemple, afin de ne pas « désespérer le processus du paix », les signataires mettent en garde ceux qui seraient tentés de faire recours à la violence. Qui visent-ils, l’armée israélienne ? Non, les Palestiniens !

    Tout d’abord, s’il y avait un véritable processus de paix, ça se saurait. Pour le moment, le « processus » en question consiste à de périodiques bombardements de Gaza par l’artillerie israélienne, des incursions quotidiennes de Tsahal dans des villes et dans des camps de réfugiés palestiniens, l’accentuation de la colonisation dans les Territoires occupés, des provocations sur l’Esplanade des Mosquées, le tout ponctué de rares séances de « négociations » dont l’objectif annoncé par Tel-Aviv est d’assurer la sécurité… de la puissance occupante. Dans cette configuration, des appels adressés aux Palestiniens afin d’éviter la violence sont pour le moins déplacés.

    Dans leur lancée, les signataires s’inquiètent du même coup de ce qui leur paraît comme une épouvante absolue.

    Une autre guerre ? Non. La perspective de créer un État binational pour Israéliens et Palestiniens, de la Méditerranée au Jourdain. Compte tenu du fait qu’il y a déjà plus de 600 000 colons israéliens installés dans les Territoires occupés, on voit mal en quoi l’idée d’un seul État pour tous les habitants – Juifs et Arabes – serait une menace pour la paix et la sécurité. Elle serait peut-être sa meilleure garante. Ce n’est pas aux Européens qu’il revient de décider des contours des structures étatiques dans la région : c’est bien aux premiers intéressés de le faire. Il n’empêche, de plus en plus de Juifs, en Israël et en dehors, considèrent désormais un tel scénario comme une porte de sortie éventuelle à la crise qui secoue ces deux peuples. Peut-être dans un premier temps la reconnaissance – suivie par la création réelle – d’un État palestinien dans les frontières de 67 serait une première étape dans ce sens. Ou peut-être ce serait l’étape ultime, si les deux peuples le décident ainsi. L’histoire le dira. Mais devant l’horreur de la situation actuelle, la perspective d’un État binational constitue néanmoins une issue positive potentielle. Ce n’est surtout pas la « catastrophe » dont parle M. Yeshoshua dans son article.

    Par la même occasion les signataires de la pétition demandent aux responsables européens de prendre une autre position sans équivoque. Le respect intégral du droit international ? Non, un refus du droit au retour des réfugiés palestiniens ! Encore une fois, si c’est une paix juste et durable que cherchent les pétitionnaires, ce n’est peut-être pas le meilleur moyen pour y parvenir.

    Toute initiative qui vise à impliquer davantage l’Europe dans le règlement du conflit, en commençant par une reconnaissance – même symbolique – de l’État de Palestine, va dans le bon sens. Pour aller plus loin, peut-être les pétitionnaires israéliens peuvent-ils s’inspirer des responsables d’organisations juives progressistes en Europe, en Amérique et ailleurs. Comme par exemple le réseau des Juifs Européens pour une Paix Juste qui, dans un communiqué, dénonce la violence de l’armée et du gouvernement israéliens, précisant que de tels agissements alimentent l’antisémitisme, faisant « peser une menace sur tous les Juifs du monde ». Voilà une parole européenne qui vaut la peine d’être entendue.

    Richard Wagman
    Président d’honneur de l’Union Juive Française pour la Paix (UJFP)

    Dernier ouvrage : La Palestine, une question juive, publié chez Edilivre (2014)

    25/12/14 mardi 30 décembre 2014 par Richard Wagman

    http://www.ujfp.org/spip.php?article3736

  • Israël vous souhaite un joyeux Noël (UJFP)

    Israël vous souhaite un joyeux Noël avec, hier 24 décembre 2014 – l’année du grand massacre de Gaza – une nouvelle incursion doublée d’un assassinat, après de nouveaux bombardements il y a cinq jours.

    Israël vous assure également de l’efficacité de la promotion de son discours officiel, avec, sur RFI, cette nouvelle preuve que le vocabulaire de sa propagande est toujours en aussi bonne forme.

     

    Je cite : « De sources israéliennes, on indique que des snipers palestiniens ont ouvert le feu sur une patrouille israélienne dans le secteur sud du territoire contrôlé par le Hamas. Côté palestinien on affirme qu’un combattant des brigades Ezzedine al-Qassam a été tué. »

    Explication de texte : côté israélien, on est à même de savoir d’où vient la faute et la responsabilité de l’attaque, et donc d’analyser et de justifier la réponse. En revanche, côté palestinien, à part qu’on meurt on n’a pas d’avis sur la question. Pourquoi ça donc ? Ben passke les Arabes, de base c’est un peu plus teubé que les autres, le genre on-réfléchit-pas-on-tire et après bon, y’a des morts. Mais ça, qu’y’ait des morts, voyez, c’est normal. La civilisation, en face, elle se laisse pas faire et elle a quand même franchement raison.

    Je cite : « Le week-end dernier Israël avait déjà riposté en force, après un tir isolé de roquette sur une agglomération israélienne. Les Israéliens accusent les dirigeants du Hamas de se préparer à de nouvelles hostilités en faisant des essais de tirs de missiles et en réparant les tunnels endommagés l’été dernier pendant les combats, au lieu d’investir dans la restauration des infrastructures civiles de la bande de Gaza. »

    Explication de texte : Ah voilà, donc là, c’est confirmé (bien sûr) qu’il s’agit comme d’hab’ d’une riposte d’Israël : c’est le journaliste qui le dit cette fois, on n’est plus dans le « de sources israéliennes ». Nous avons également confirmation qu’Israël a des accusations à porter (côté civilisés on pense et on décrypte) mais que, côté palestinien, on se tait. Parce que sinon, si on ne se taisait pas côté palestinien sur ce qu’on pense de tout ça... bah, il est certain que RFI nous dirait aussi quelles accusations les Palestiniens ont à porter !


    Enfin donc, bref, les Arabes se taisent, ne pensent rien, n’ont rien à nous expliquer, et surtout pas ce qu’il se passe à Gaza avec « la restauration des infrastructures civiles ». Et tout ça, c’est tant mieux. Heureusement qu’ils ferment leur gueule ! Leur parole inutile, venimeuse et inexistante, au moins, n’encombre pas l’espace médiatique, ça nous laisse de la place et tout loisir de démonter leur hypocrisie, leur ruse, leur fourberie et leur terrorisme : oui, figurez-vous que ces ensauvagés ne trouvent rien de mieux à faire, à Gaza, que de se préparer à de nouvelles hostilités en faisant des essais de tirs de missiles et en réparant les tunnels endommagés l’été dernier pendant les combats. Au lieu, les infâmes ordures, d’investir dans la restauration des infrastructures civiles.

    Sur ce, je souhaite aussi un très joyeux Noël à RFI et au correspondant à Jérusalem, Michel Paul.

    La haine m’étouffe à nouveau à votre écoute. Mais comme je vous l’ai déjà prédit, je sais que vous serez les premiers à acclamer la résistance palestinienne quand aux yeux du monde elle aura gain de cause, et qu’elle aura gagné. Moi, je n’oublierai pas votre participation à l’étouffement de cette résistance, votre lourde responsabilité dans la négation du droit et de la justice, votre collaboration au profit des sauvages, des décivilisés et des exterminateurs que vous élevez aujourd’hui au rang d’emblèmes de la civilisation.

    Noëlle Cazenave-Liberman jeudi 25 décembre 2014

    http://www.ujfp.org/spip.php?article3731

  • un « jour noir » pour la diplomatie israélienne (ci)

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    Ce 17 décembre s’annonce comme un « mercredi noir » pour la diplomatie israélienne, constate sur Al-Monitor l’éditorialiste israélien Ben Caspit.

    « Le système judiciaire européen [a retiré] le Hamas de sa liste des orga- nisations terroristes ; les Etats membres de la Convention de Genève se réu- nissent à la demande de la Palestine pour convenir de plusieurs résolutions à l’encontre d’Israël ; le Parlement européen [s'est prononcé] sur une version adoucie d’une résolution de reconnaissance d’un Etat palestinien. Et, last but not least, le projet de résolution palestinien sera soumis au Conseil de sécurité. »

    Soutenu par la Ligue arabe et déposé par la Jordanie – actuellement membre non permanent du Conseil de sécurité –, ce projet demande la fin de l’occupation israélienne sur les Territoires palestiniens dans un délai de deux ans. Bref, « il y avait longtemps qu’on n’avait pas vu une telle offensive diplomatique contre Israël », fait observer Ben Caspit.

    Il explique que, si la résolution va indubitablement être bloquée, la pression qui pèse sur Israël pourrait finir par convaincre l’électorat, appelé aux urnes au mois de mars, que « maintenir [le Premier ministre] Nétanyahou en poste ne conduira qu’à un enfer diplomatique sans issue [...] et qu’il leur faut trouver un leader capable de récupérer le soutien américain, de mener des négociations avec les Européens et, surtout, de parler aux Palestiniens ».

    http://www.courrierinternational.com/dessin/2014/12/17/un-jour-noir-pour-la-diplomatie-israelienne

  • Un ministre palestinien meurt sous les coups de l’armée israélienne (npa)

     

    Alors qu’il participait à une manifestation en Cisjordanie, prés de Ramallah, Ziad Abou Eïn, ministre de l’autorité palestinienne en charge du dossier des colonies, a été frappé à la poitrine à coups de crosse par les soldats de l’armée israélienne qui s’opposait à cette marche. Cette manifestation pacifique se rendait du village palestinien de Turmus Ayya à la colonie d’Adei Ad pour y planter des oliviers. Peu de temps après le responsable palestinien était déclaré mort à l’hôpital de Ramallah.

    De Gaza à Ramallah le gouvernement israélien ne connaît qu’une politique : la multiplication des implantations de colonies et face à la résistance légitime des palestiniens la répression barbare.

    Plus que jamais solidarité et mobilisation !

    Montreuil, le 10 décembre 2014

    http://npa2009.org/communique/un-ministre-palestinien-meurt-sous-les-coups-de-larmee-israelienne