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Israël - Page 18

  • Un ministre palestinien tué lors d'une manifestation (Libération)

    Ziad Abou Eïn est mort après avoir été frappé par des soldats israéliens alors qu'il protestait contre l’installation d’un avant-poste illégal de colons près de Ramallah.

    Un «acte barbare qui ne peut être ni accepté ni toléré». C’est en ces termes que le président palestinien Mahmoud Abbas a qualifié la mort du ministre palestinien chargé des Affaires de colonisation et de la barrière de séparation, Ziad Abou Eïn. C’est une «attaque brutale qui a provoqué sa mort», a précisé Abbas.

    L’homme participait avec environ trois cents autres personnes à une manifestation dans le village palestinien de Turmus Ayya, près de Ramallah pour protester contre l’installation d’un avant-poste illégal de colons israéliens. Des heurts ont éclaté entre forces israéliennes et manifestants. Selon des témoins sur place, l’un des militaires a frappé le ministre au torse avec la crosse de son fusil. Evacué par ambulance, le responsable palestinien est mort lors de son trajet à l’hôpital.

    L’armée israélienne a indiqué que Ziad Abou Eïn est mort d’une crise cardiaque. La famille a précisé qu’il souffrait également de diabète et de tension élevée. Mais pour l’Autorité palestinienne, ces informations sont superflues et elle souligne que c’est le coup porté qui a provoqué la mort. Le chef des négociations côté palestinien Saeb Erekat a exhorté la communauté internationale à «arrêter les crimes quotidiens d’Israël contre notre peuple». L’armée israélienne, qui dit mener une enquête sur l’événement a informé que ses troupes avaient été menacées lors des heurts et avaient ouvert le feu.

    http://www.liberation.fr/monde/2014/12/10/un-ministre-palestinien-tue-lors-d-une-manifestation_1160810

     L’armée israélienne a indiqué que Ziad Abou Eïn est mort d’une crise cardiaque. La famille a précisé qu’il souffrait également de diabète et de tension élevée. Mais pour l’Autorité palestinienne, ces informations sont superflues et elle souligne que c’est le coup porté qui a provoqué la mort. Le chef des négociations côté palestinien Saeb Erekat a exhorté la communauté internationale à «arrêter les crimes quotidiens d’Israël contre notre peuple». L’armée israélienne, qui dit mener une enquête sur l’événement a informé que ses troupes avaient été menacées lors des heurts et avaient ouvert le feu.Aude MARCOVITCH De notre correspondante à Tel-Aviv
  • “Boycottez-nous !” (l'Anticapitaliste.ch)

    Infatigable militant anticolonialiste, directeur du centre d’information alternative à Jérusalem, Michel Warchawski était de passage à Toulouse, en France, pour une réunion-débat organisée dans le cadre des rencontres Euro-méditerrannée.

    Dans cet entretien, il répond aux questions de nos camarades du Nouveau Parti Anticapitaliste, à propos du bilan de la guerre contre Gaza de cet été, de la reconnaissance d’un Etat palestinien par l’assemblée nationale française, de la situation politique en Israël, etc.

    Quel bilan tires-tu de l’intervention à Gaza ?
    Cette agression, présentée à tort comme une guerre, est un échec pour le gouvernement israélien. Son objectif inavoué, mettre en échec le processus de réconciliation entre le Hamas et l’Autorité palestinienne (AP), n’a pas abouti. Car ne nous y trompons pas, ce n’est pas Gaza et la résistance qui étaient visés, c’était Mahmoud Abbas !

    C’est un point de vue inhabituel. Peux-tu développer ?

    Israël, pour poursuivre sa politique de colonisation, a besoin de montrer qu’il n’y a pas de partenaire pour la paix. L’attaque contre Gaza visait à faire se désolidariser l’Autorité palestinienne de la résistance à Gaza. Mais ceci ne pouvait aboutir, car l’AP aurait été désavouée par le peuple palestinien si elle n’avait pas condamné cette agression. La brutalité de l’attaque a isolé Israël sur le plan international, et c’est sous la pression des USA et de l’Égypte que le gouvernement Nethanyaou a été contraint de signer un armistice.
    La seule faute politique du Hamas a été d’accepter de voir les négociations sur la levée du blocus remises à 4 mois. Car la tactique d’Israël est la même depuis plus de 20 ans : remettre à plus tard les décisions, faire traîner les négociations, et continuer d’avancer dans son projet inchangé depuis sa création : poursuivre la colonisation de la Palestine. Et 4 mois plus tard, le blocus n’est toujours pas levé !

    Depuis, un nouveau front s’est ouvert à Jérusalem, en particulier autour de la question de l’accès à la mosquée al-Aqsa. Le conflit peut-il changer de nature ?

    Le conflit est toujours un conflit entre une puissance occupante, un État colonial, et un peuple qui veut reconquérir ses droits. En Cisjordanie, et depuis plusieurs années à Jérusalem, se poursuit la politique d’implantations des colonies. À Jérusalem, les destructions de maisons arabes et la construction de nouvelles colonies s’accélèrent. Par ailleurs, le gouvernement laisse des groupes de colons d’extrême droite multiplier les provocations sur l’esplanade des mosquées et limite l’accès de la mosquée aux Palestiniens. C’est cela la réalité.
    Mais en effet, sous la pression des ultras, la politique du gouvernement cherche à déplacer aux yeux de l’opinion le conflit sur le terrain religieux. Pour cela, il s’attaque à un symbole essentiel pour tous les musulmans. Ce n’est pas nouveau : déjà en 2000, la provocation de Sharon sur l’esplanade des mosquées avait entraîné la deuxième Intifada ! Aujourd’hui, la pression des ultras dépasse même le gouvernement qui ne sait comment faire machine arrière. Au cours de négociations secrètes avec la Jordanie, Nethanyaou a été mis en garde : toucher à ce lieu saint de l’Islam ne concerne pas que les Palestiniens, mais les musulmans du monde entier. Et là, ce serait un conflit d’une tout autre ampleur.

    Cela m’amène à la question suivante : quelle est l’évolution de la société israélienne ?

    Tout le monde peut l’observer : le gouvernement actuel est le plus à droite, voire à l’extrême droite, depuis la création de l’État d’Israël. Il n’y a que votre président pour ne pas s’en être aperçu : son discours d’amour pour Israël, lors de sa visite, était réellement honteux, de même que ses premières déclarations lors de l’agression contre Gaza.

    Au moment de cette agression, tu as parlé de « fascisation du régime ». N’est ce pas un peu excessif ?

    Je persiste ! Quand un gouvernement pratique une politique pour museler l’opposition, quand il fait voter des lois racistes, liberticides, n’est-ce pas le début d’un processus qui vise à terroriser la population ? La brutalité de l’ambiance créée, plus l’apparition de petits groupes fascistes et de milices, ce n’est pas comme cela que ça a commencé en d’autres temps et d’autres lieux ?

    Et la gauche dans tout ça ?

    La droite est à l’offensive, structurée, réaffirmant sans état d’âme son projet colonial. La gauche, désarçonnée, est hors jeu. Pour prendre une image : nous n’ étions que 3 000 à manifester au moment de l’agression contre Gaza, ce qui est très peu. Mais on pourrait dire que nous étions 100 000 de plus si l’on compte celles et ceux qui quittent aujourd’hui le pays parce qu’ils ne supportent plus l’évolution de cette société. Ce sont les jeunes, souvent les plus diplômés, qui cherchent à partir. Beaucoup d’Israéliens aujourd’hui se font faire des passeports pour avoir une double nationalité.

     

    En France, il y a beaucoup de reportages sur les départs des juifs français en Israël…
    Peut-être, mais ce qu’on oublie de dire, c’est qu’au bout d’un an, la moitié environ repart !

     

    À tes yeux, quel est le sens de la proposition du gouvernement d’une loi visant à instaurer Israël comme « État–nation du peuple juif » ?
    Une provocation supplémentaire ! Et une surenchère de plus dans la réaffirmation des discriminations envers les Palestiniens d’Israël. Une autre façon de dire au peuple palestinien : oubliez la question des réfugiés.

    Pour changer de registre, la France et d’autres membres de l’Europe s’apprêtent à reconnaître l’État palestinien. Qu’en penses tu ?

    La rage que cela provoque dans la classe politique israélienne fait plaisir ! Mais au-delà, il faut l’interpréter comme un coup de semonce donné par la communauté internationale envers un allié qui devient incontrôlé et commence à irriter même « l’establishment » américain. Celui-ci a besoin dans sa coalition contre Daesh du soutien des gouvernements arabes, et les prises de position de Nethanyaou deviennent encombrantes. Alors tout ce qui est mauvais pour le gouvernement israélien est bon à prendre ! Mais ce n’est qu’un gain symbolique, cela ne changera pas la vie des Palestiniens, la réalité de l’occupation, de la colonisation. Un État qui n’a pas de souveraineté, qui ne contrôle pas ses frontières, n’est pas un État, juste un bantoustan !
    Et pour imposer la reconnaissance des droits des Palestiniens à Israël (dont le projet, inchangé depuis sa création – faut il le rappeler –, reste la colonisation de plus de territoire possible), il faudra un bouleversement tout autre du rapport de forces à l’échelle internationale. Il faudra une réelle volonté politique de la communauté internationale de s’opposer réellement à la politique israélienne, au-delà du geste symbolique…
    Une remarque encore : il faut toute l’arrogance israélienne pour reprocher aux Palestiniens de proclamer unilatéralement un État. Que je sache, l’occupation, la création même de l’État d’Israël, n’a pas été une décision conjointe !

    Alors que faire ?

    Cela se résume en trois mots : Boycott-Désinvestissement-Sanctions (BDS). Quand les États ont failli, c’est aux sociétés civiles de prendre le relais ! Il faut boycotter, isoler par tous les moyens cet État voyou. D’ailleurs, cette campagne inquiète le gouvernement israélien qui vient de faire voter une loi criminalisant le soutien au boycott en Israël même. Amplifier cette campagne, en faire l’axe central de la solidarité, est aujourd’hui, à mes yeux, ce qui doit être la priorité du mouvement de solidarité avec le peuple palestinien. J’ai envie de vous dire : boycottez-nous, c’est le meilleur service que vous pouvez rendre à celles et ceux qui en Israël se battent pour que justice soit rendue au peuple palestinien.

    Propos recueillis par Claude B.9 décembre 2014

    Source : site internet du NPA

    http://www.gauche-anticapitaliste.ch/?p=1141

  • Note sur la coopération militaire entre la France et Israël (Afps)

    http://revolutionsarabes.hautetfort.com/media/01/01/436849504.jpeg

    La coopé­ration mili­taire et sécu­ri­taire entre Israël et la France ne se limite pas aux expor­ta­tions d’armes, elle est multi-​​facettes : impor­tation d’armes ; consul­ta­tions stra­té­giques bila­té­rales ; ren­contre entre auto­rités mili­taires ; échange d’expertise tech­nique et de savoir-​​faire au niveau des dif­fé­rentes armées et des ser­vices de police ; échanges entre les ser­vices de ren­sei­gne­ments ; coopé­ration indus­trielle, avec création d’entreprises franco-​​israéliennes ; projet commun dans le domaine de la recherche ; etc.

    Pour la France, l’enjeu prin­cipal — comme le ministère de la défense avait pu l’écrire en 2008 dans une réponse écrite au député Can­delier — reste de « main­tenir, en matière d’armement, une relation suf­fi­samment active pour per­mettre d’identifier les domaines où l’expertise israé­lienne est unique et utile pour notre pays, tout en demeurant extrê­mement vigilant sur des pro­po­si­tions de coopé­ration dans des domaines très sen­sibles ou pour les­quels nos indus­tries sont en concur­rence frontale ». Concrè­tement ces domaines relèvent pour l’essentiel, sur un plan indus­triel, des sys­tèmes de drones, du spatial et des mis­siles ; sans oublier le partage de savoir-​​faire sur l’intervention dans les zones urbaines acquise par les forces israé­liennes armées…

    Pour Israël, les rela­tions avec la France — comme avec les autres pays euro­péens — sont très recher­chées car elles lui per­mettent de posi­tionner son industrie sur le marché européen et de se pré­valoir d’un label Otan. Dans sa réponse en 2008, le ministère français de la défense notait aussi « l’intérêt israélien pour le système français de com­man­dement inter­armées des opé­ra­tions spé­ciales  ». L’enjeu n’est pas tant tech­nique ou éco­no­mique, que surtout poli­tique en termes d’intégration et de recon­nais­sance par la com­mu­nauté inter­na­tionale — au moins dans sa partie occi­dentale ! —afin de ne pas être isolée sur un plan diplo­ma­tique et poli­tique. Parmi les autres enjeux, figure éga­lement l’Iran et la question de la pro­li­fé­ration nucléaire, mais qui relève d’une pro­blé­ma­tique dif­fé­rente non traitée ici…

    Un enjeu économique limité

    Nous ne dis­posons d’aucune données fiables sur les mon­tants des impor­ta­tions fran­çaises de matériel mili­taire ou sécu­ri­taire en pro­ve­nance d’Israël. Le niveau des ventes directes de maté­riels français à l’État israélien demeure rela­ti­vement faible — sur un plan éco­no­mique — et reste concentré sur des com­po­sants et non des pro­duits finis. En 2013 — der­nières données dis­po­nibles issues du Rapport au Par­lement 2014 sur les expor­ta­tions d’armements de la France, publié par le ministère de la Défense — la France a livré pour 14,4 mil­lions d’euros de matériel mili­taire à Israël ; et 107,4 mil­lions d’euros pour les cinq der­nières années (20092013), soit une moyenne annuelle de 21,5 mil­lions d’euros.

    Au niveau des prises de com­mandes effec­tuées par Israël auprès de la France, en 2013 le montant est de 15,8 mil­lions d’euros. Et de 111,3 mil­lions d’euros pour la période 2009-​​2013 ; soit une moyenne annuelle de 22,3 mil­lions d’euros.

    Comme élément de com­pa­raison, sur la période 2009-​​2013 : Israël repré­sente seulement 0,36 % du total des prises de com­mandes et 0,58 % du total des livraisons d’armes de la France ; et si on se limite aux trans­ferts effectués uni­quement sur la zone du Proche et Moyen-​​Orient : 2 % des livraisons et 1,4 % du montant des prises de com­mande de la France.

    À noter : il s’agit de données finan­cières ! Nous ne dis­posons d’aucune infor­mation sur le type de matériel transféré… et donc l’usage qu’il peut en être fait.

    Importance des salons d’armements

    Le marché israélien devrait rester très dif­ficile d’accès pour les indus­triels français compte tenu, d’une part, de l’importance de l’aide amé­ri­caine qui détermine en grande partie la poli­tique d’achat israé­lienne ; d’autre part, de la per­for­mance de l’industrie d’armement de l’État hébreu qui reste fon­da­men­ta­lement concur­rente sur de nom­breux marchés que la France cherche à obtenir…

    En revanche, un enjeu important pour l’industrie d’armement israé­lienne est l’autorisation accordée par la France pour sa par­ti­ci­pation aux dif­fé­rents salons d’armements inter­na­tionaux qu’elle organise et qui sont devenus au fil des édi­tions, des évé­ne­ments incon­tour­nables et de premier plan.

    À savoir :
    • Euro­satory, pour le matériel ter­restre, les années pairs ;
    • Euro­naval, pour le matériel naval, les années pairs ;
    • Le Bourget, salon aéro­nau­tique civil et mili­taire, les années impairs ;
    • Milipol, spé­cialisé dans le matériel de sécurité et de maintien de l’ordre, les années impairs.

    Ces salons repré­sentent un enjeu important pour le déve­lop­pement de l’industrie mili­taire et de sécurité israé­lienne car il lui donne une forte recon­nais­sance comme acteur et par­te­naire incon­tour­nables. La pré­sence israé­lienne est en constante pro­gression dans ses salons.

    La France, complice des violations du droit international…

    Alors qu’Israël commet des vio­la­tions du droit inter­na­tional huma­ni­taire avérées, le maintien d’une coopé­ration mili­taire est en contra­diction totale avec les propres enga­ge­ments de la France :

    _​ • d’une part, au niveau européen avec la « Position commune du Conseil défi­nissant des règles com­munes régissant le contrôle des expor­ta­tions de tech­no­logie et d’équipements mili­taires » adoptée en décembre 2008, qui com­porte des obli­ga­tions d’interdire tout transfert menaçant « la pré­ser­vation de la paix, de la sécurité et de la sta­bilité régio­nales » ou «  sus­cep­tible d’aggraver les ten­sions et les conflits armées à l’intérieur du pays », par exemple ; des cri­tères qui sont allè­grement bafoués dans le cadre des expor­ta­tions de matériel mili­taire à Israël ;

    _​ • d’autre part, au niveau inter­na­tional avec la signature des conven­tions de Genève com­portant une double « obli­gation négative » — à savoir ne pas encou­rager une partie à un conflit armé à violer le droit inter­na­tional huma­ni­taire, ni prendre des mesures sus­cep­tibles d’aider à la com­mission de telles vio­la­tions — et une « obli­gation positive » — consistant à prendre des mesures appro­priées pour mettre un terme aux violations.

    Nota bene

    • Il ne faut pas oublier l’échelon européen. En effet, l’Union euro­péenne intègre Israël comme un pays associé au niveau des dif­fé­rentes édi­tions du « Programme-​​cadre de recherche et déve­lop­pement tech­no­lo­gique ». Plu­sieurs projets concernent les ques­tions de sécurité, dont cer­tains sont direc­tement pilotés par Israël.

    _​ • En juin 2008 a été signé entre la France et Israël un « accord de coopé­ration entre le gou­ver­nement de la Répu­blique fran­çaise et le gou­ver­nement de l’État d’Israël sur la lutte contre la cri­mi­nalité et le ter­ro­risme ». Sa mise en œuvre est le fait des minis­tères de l’Intérieur de chacun des États. Elle est encore plus opaque que les échanges au niveau militaire !

    Pistes d’action

    1) Demander un mora­toire de la coopé­ration mili­taire et la mise en place d’une com­mission d’enquête par­le­men­taire chargée de faire la trans­pa­rence sur les moda­lités de cette coopé­ration et de leur conformité au regard des enga­ge­ments inter­na­tionaux de la France. Cette ini­tiative peut être relayée par les groupes locaux ou les indi­vidus auprès de leurs parlementaires.

    2) Orga­niser des mobi­li­sa­tions à l’occasion des dif­fé­rents salons d’armements avec en amont un travail d’information et d’interpellation de nos élus sur leurs res­pon­sa­bi­lités en la matière. En 2015 : le salon de l’aéronautique et de l’espace, du 15 au 21 juin à Paris-​​Le Bourget ; et Milipol (salon mondial de la sécurité inté­rieure) du 17 au 20 novembre au Parc des expo­si­tions de Paris Nord Villepinte.

    3) La France vient de lancer un appel d’offre res­treint concernant l’achat d’un nouveau drone tac­tique pour l’armée de Terre en rem­pla­cement des actuels SDTI (Système de drone tac­tique inté­ri­maire). Thales par­ticipe à cette com­pé­tition avec le Wat­ch­keeper — dérivé du Hermes 450 israélien, déve­loppé par Elbit. Demander son retrait de la compétition.

    4) Pro­fiter de la mise en place au niveau européen d’une nou­velle équipe et d’un nouveau par­lement pour demander la révision de la par­ti­ci­pation d’Israël dans le 8e Pro­gramme cadre de recherche et déve­lop­pement technologique.

    Note rédigée par Patrice Bouveret

    *L’Observatoire des arme­ments est un centre d’expertise indé­pendant fondé en 1984, issu de la société civile. Il a pour objectif d’étayer les travaux de la société civile sur les ques­tions de défense et de sécurité et ce, dans la pers­pective d’une démi­li­ta­ri­sation pro­gressive. L’Observatoire inter­vient sur deux axes prio­ri­taires : les trans­ferts et l’industrie d’armement ; les armes nucléaires et leurs consé­quences. Il publie des études et la lettre d’information Damoclès.

    POUR EN SAVOIR PLUS : www​.obsarm​.org

     

    Documents joints

    • Document (PDF – 129.2 ko)
    • Patrice Bouveret, Observatoire des armements, lundi 8 décembre 2014

      Note d’information, décembre 2014


      Par l’Observatoire des arme­ments Centre de Docu­men­tation et de Recherche sur la Paix et les Conflits

    http://www.france-palestine.org/Note-sur-la-cooperation-militaire

  • Appel Urgent : Dites non au transfert forcé des bédouins (Agence Médias Palestine)

    Le gouvernement israélien mène une politique de transfert forcé visant à chasser les bédouins de leurs terres en Israël et en Cisjordanie. Un plan de transfert concernant la localité de Nuweimeh en Cisjordanie, va être discuté dans les prochains jours, avant d’être approuvé par un sous-comité de l’Administration civile israélienne (Israeli Civil Admnistration). Pendant cette discussion, des objections faites à ce plan doivent être prises en compte.

     

    Manifestez votre opposition à ce plan de transfert de population en envoyant votre objection au plan de la ‘ville’ de Nuweimah, avant le 2 décembre à 16h. Deux modèles de lettres en Anglais sont proposés en pièces jointes, choisissez l’un des deux et compléter les champs surlignés en jaune. Le premier modèle se base sur le droit international humanitaire, le second se base sur les principes de aménagement du territoire.

     

    N’hésitez pas à faire circuler dans vos cercles en votre capacité personnelle et/ ou professionnelle, en sachant que seulement une objection peut être envoyée par organisation, et une seule aussi par personne.

     

    Pour l’envoie (date limite : 2 décembre à 16H), vous pouvez :
    - Envoyer un fax au numéro en haut des lettre ET AUSSI à la coordinatrice plaidoyer AIDA (Willow Heske : wheske@gmail.com) le scan de l’envoie avec une copie du reçu de réception. Elle doit les transférer à l’avocat qui va faire objection, pour qu’il puisse les avoir tous pendant l’audience.
    - Envoyer par mail à AIDA (wheske@gmail.com) qui va envoyer pour vous le fax à la ICA.

    Envoyez votre objection avant le 2 décembre à 16h

     

    Action à l’initiative de AIDA (l’Association des Organisation Internationales de Développement en Palestine)

     

    Pour télécharger des modèles d’objection:

     

    http://www.plateforme-palestine.org/Appel-Urgent-Dites-non-au,4184

    http://www.agencemediapalestine.fr/blog/2014/12/02/appel-urgent-dites-non-au-transfert-force-des-bedouins/

  • RECONNAISSANCE DE LA PALESTINE ? OUI, MAIS PAS SANS SANCTIONS EFFICACES CONTRE ISRAEL ! (UJFP)

    An Israeli border police officer fires tear gas towards Palestinian stone-throwers

    Aujourd’hui l’actualité est marquée notamment par une mobilisation médiatique sur la question de la reconnaissance de la Palestine.


    Cette reconnaissance, tous les amis de la Palestine soutiennent son principe.


    Elle ne peut que contribuer à un plus grand isolement de l’Etat d’Israël, et la Palestine deviendrait alors non plus un « territoire occupé » mais un Etat occupé.


    Mais pousser à la reconnaissance de la Palestine sans créer un rapport de force qui impose des sanctions efficaces contre Israël ne peut que contribuer à préserver le statu quo, à soutenir ou cautionner de fait la continuation du blocus de Gaza, la politique de colonisation de la Cisjordanie, de judaïsation de Jérusalem et d’exclusion des Palestiniens d’Israël, lesquels sont traités comme des sous-citoyens chez eux.

    Souvenons-nous.


    L’Avis émis en juillet 2004 par la Cour Internationale de Justice contre le Mur et le régime qui lui est associé est resté sans en effet, ce qui a conduit un an plus tard au lancement par plus de 170 associations de la société civile palestinienne de la Campagne BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions), à l’image de la campagne qui avait contribué à mettre fin à l’apartheid en Afrique du Sud.

    Autre exemple : faute de sanctions contre Israël, la reconnaissance de la Palestine par l’UNESCO n’a pas empêché Israël d’imposer la floraison de « parcs nationaux » israéliens en territoire occupé, le contrôle de hauts lieux patrimoniaux palestiniens comme par exemple à Hébron, et les provocations actuelles sur l’Esplanade des Mosquées.

    Sans sanctions, la reconnaissance purement de principe de la Palestine peut aboutir à des conséquences catastrophiques : Israël peut en prendre prétexte pour considérer que la question des réfugiés ne la concerne plus et pour estimer que les Palestiniens d’Israël peuvent ne plus être considérés comme citoyens de ce pays.


    Un Etat virtuel désarmé composé de bantoustans contrôlés par la puissance sur-armée qu’est Israël : cette perspective est un risque réel.


    Elle serait le prolongement du projet de loi que le gouvernement Netanyahou veut présenter à la Knesset (parlement israélien) et qui consisterait à faire d’Israël « l’Etat-nation du peuple juif ». Les ambiguïtés de la formule « Etat juif et démocratique » ne suffisaient pas : là ce serait encore plus clair !

    Les sanctions qui s’imposent sont connues :


    - la poursuite des criminels de guerre israéliens par la Cour Pénale Internationale, ce qui d’ailleurs aurait déjà pu se produire même si la Palestine restait simplement « Etat observateur » à l’ONU
    - la rupture de l’Accord d’association (tarifs douaniers préférentiels) entre l’Union européenne et Israël
    - l’embargo sur tout commerce d’armes avec Israël
    - la poursuite du mouvement citoyen BDS.

    L’UJFP participe aux rassemblements pour la reconnaissance de la Palestine, mais tient à souligner que cette reconnaissance n’aura pas une portée réelle sans sanctions énergiques contre l’Etat d’Israël jusqu’à ce que les droits des Palestiniens soient réalisés : fin du blocus de Gaza, fin de l’occupation, de la colonisation, démantèlement du Mur d’apartheid, égalité des droits des Palestiniens d’Israël, droit au retour des réfugiés.

    L’élargissement de la campagne BDS, qui remporte des succès importants, est un moyen de pression citoyen particulièrement crucial face à Israël et à ses alliés ou complices. Elle construit un rapport de force pour mettre fin aux violations constantes du droit international par un Etat voyou qui cherche à écraser la résistance du peuple autochtone palestinien.

    Le bureau national de l’UJFP, le 26 novembre 2014

    http://www.ujfp.org/spip.php?article3662

  • A quoi servira la reconnaissance par la France de la Palestine ? (Ujfp)

    Ne nous y trompons pas.

    Les récentes « fuites » sur d’éventuelles sanctions contre Israël — organisées par Israël lui-même à travers les Etats membres de l’Union européenne qui le soutiennent inconditionnellement — ne sont que de la poudre aux yeux.

    Il s’agit d’un simple projet que les pays membres n’ont pas vraiment discuté et qui n’a, dans le contexte actuel, aucune chance d’être appliqué. Quant à la reconnaissance de l’Etat de Palestine, elle perd beaucoup de sa signification si elle ne s’accompagne pas de mesures coercitives contre la partie qui refuse la paix depuis longtemps, le gouvernement israélien.

     

    A plusieurs reprises, le ministre des affaires étrangères français Laurent Fabius a déclaré que, le moment venu, Paris reconnaîtrait l’Etat palestinien.

    Ces déclarations se sont faites plus insistantes après que le Parlement britannique a voté une résolution (symbolique) en ce sens et que le gouvernement suédois a officiellement reconnu la Palestine. Selon Libération du 8 novembre, M. Fabius affirme : il y aura « à un moment — c’est une évidence — reconnaissance de l’Etat palestinien par la France », avant d’expliquer : « La question, c’est quand et comment ? Car il faut que cette reconnaissance soit utile aux efforts pour sortir de l’impasse et contribuer à un règlement définitif du conflit. » « Jusqu’à présent l’idée qui a prévalu, c’est que la reconnaissance devait être liée à la négociation. Mais si la négociation ne se produit pas, ou si elle n’aboutit pas, alors la France doit prendre ses responsabilités », a-t-il ajouté. Combien de temps faudra-t-il à Paris pour comprendre que la négociation n’a aucune chance d’aboutir dans le cadre actuel ?

    Le moins que l’on puisse dire, c’est que la France ne fait pas preuve d’un très grand courage.

    Rappelons que ces déclarations sur la reconnaissance de l’Etat palestinien ont d’abord été formulées durant la récente agression israélienne contre Gaza, quand Paris essayait de faire oublier les propos honteux du président François Hollande.

    Il est vrai que les crimes commis à Gaza par l’armée israélienne et la situation intolérable de ce territoire ont poussé les parlements à travers l’Europe à mettre sur la table cette question de la reconnaissance.

    Dans quelques jours, l’Assemblée nationale (le 28 novembre) et le Sénat (le 11 décembre) examineront une résolution peu contraignante en ce sens. Bien sûr, personne ne peut le regretter (même s’il faudra examiner le contenu des textes adoptés). Et si la France reconnaît officiellement l’Etat palestinien, on ne pourra que s’en réjouir, mais modérément. L’acte aura pour conséquence de confirmer la présence de la Palestine sur la carte politique et diplomatique. Mais au-delà ? Même en supposant que la solution à deux Etats soit encore possible malgré la colonisation, la question est de savoir si la reconnaissance la rend plus proche. Or, elle ne met un coup d’arrêt ni à l’extension des colonies, ni à la judaïsation de Jérusalem, tandis que les Palestiniens subissent une répression quotidienne. Et que dire de la situation à Gaza, où la reconstruction est bloquée par le siège israélien, auquel l’Egypte du maréchal Sissi apporte sa contribution ?

    Dans les conclusions de sa réunion du 17 novembre, le Conseil des affaires étrangères de Bruxelles, malgré un ton un peu plus ferme à l’égard d’Israël, renvoie les deux parties dos à dos et, surtout, n’envisage aucune mesure alors même que le blocus de Gaza par Israël (soutenu par l’Egypte) se poursuit et que le texte attribue à Israël toutes les décisions hostiles à la paix [1], il ne prend aucune mesure et renvoie les parties dos à dos. Lire aussi « Pourquoi les négociations au Proche-Orient échouent toujours », Le Monde diplomatique, juin 2014Et il salue encore une fois les « efforts » du secrétaire d’Etat américain John Kerry, qui a pourtant un bilan déplorable, dû largement au fait que, loin d’être un intermédiaire équitable entre les deux parties, il partage pour l’essentiel la vision israélienne de la « sécurité » et de la « paix ». Et si les conclusions du Conseil stipulent qu’il ne doit pas y avoir de retour au statu quo et que le blocus de Gaza doit être levé, le mécanisme d’entrée des matériaux dans Gaza négocié par l’ONU, et mentionné comme « un pas important », n’est en définitive ni plus ni moins qu’un retour à ce statu quo — sachant que l’entrée des matériaux pour les projets de l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) et de l’aide internationale humanitaire était déjà possible.

    Les révélations des projets européens de sanctions par le quotidien Haaretz, le 17 novembre (Barak Ravid, « Haaretz obtains full document of EU-proposed sanctions against Israel »), auraient pu faire naître certains espoirs. Des mesures y sont proposées qui vont jusqu’à demander aux compagnies européennes de ne pas travailler dans les colonies (il est étrange que ces investissements, totalement illégaux du point de vue du droit international, soient encore autorisés !), le boycott des figures israélienne hostiles à la solution à deux Etats (mais il faudrait dans ce cas boycotter le gouvernement israélien lui-même...), etc.

    Or, contrairement à ce que laisse supposer l’article de Haaretz, écrit par un journaliste connu pour ses excellents contacts avec les services de renseignement israéliens, ce texte ne reflète que la volonté de quelques Etats (Suède, Irlande, Pays-Bas, Autriche) et n’a été rédigé que par une poignée de personnes. Il n’a aucune chance de passer les différents groupes de travail au sein du Conseil européen (et donc d’être avalisé par les instances décisionnelles de l’Union européenne, comme le Conseil des affaires étrangères). Mais sa divulgation (à travers les alliés européens d’Israël — République tchèque et Allemagne —, sans doute) sert surtout à la propagande de Tel-Aviv, qui ne va pas manquer de dénoncer l’« antisémitisme européen », ce qui obligera, une fois de plus, l’Europe à se coucher.
    Par Alain Gresh

     

    [1« Actions which call into question stated commitments to a negotiated solution must be avoided. The EU deeply deplores and strongly opposes the recent expropriation of land near Bethlehem, recent announcements of plans for new settlement construction, in particular in Givat Hamatos, Ramat Shlomo, Har Homa and Ramot, as well as plans to displace Bedouins in the West Bank and the continued demolitions, including of EU and Member States funded projects. It urges Israel to reverse these decisions which run counter to international law and directly threaten the two state solution. Recent settlement activity in East Jerusalem seriously jeopardizes the possibility of Jerusalem serving as the future capital of both states. Recalling that settlements are illegal under international law, the EU and its Member States remain committed to ensure continued, full and effective implementation of existing EU legislation and bilateral arrangements applicable to settlement products. The EU closely monitors the situation and its broader implications and remains ready to take further action in order to protect the viability of the two state solution. »

     

     
  • Face aux provocations du gouvernement israélien, reconnaître la Palestine et sanctionner enfin l’occupant ! (Ujfp)

    L’OAS est au pouvoir en Israël et le rouleau compresseur colonial s’emballe. Nétanyahou, Lieberman et Bennet estiment que la situation régionale et l’absence de sanctions internationales leur laissent les mains libres pour consolider le fait accompli.

     

    Jérusalem

    C’est à Jérusalem que nos apprentis sorciers allument le feu. Quand l’armée israélienne a conquis Jérusalem Est en 1967, il y avait eu consensus pour que la mosquée al-Aqsa reste un des lieux saints de l’islam et que les Juifs ne viennent pas prier sur l’esplanade des mosquées. Pourtant, depuis des années, les provocations se multiplient : des tunnels sont construits sous le « Mont du Temple » et des sectes intégristes menacent de détruire les mosquées pour y « reconstruire » le « Temple de Salomon » (temple présumé, à cette époque, Jérusalem n’était qu’un village de l’Âge de Fer). C’est sur l’esplanade des mosquées qu’Ariel Sharon a fait, le 28 septembre 2000, la provocation qui l’a conduit au pouvoir et qui a déclanché la « deuxième Intifada ».

    Aujourd’hui la police protège les sectes intégristes et on parle de transformer une moitié de la mosquée en synagogue comme cela s’est déjà fait avec le Caveau des Patriarches à Hébron. Si un jour, Nétanyahou « cède » à ces intégristes, le Proche-Orient sera à feu et à sang et il sera bien difficile de rappeler que cette guerre est avant tout une guerre coloniale et pas un choc religieux.

    Dans le reste de Jérusalem, chaque jour, de nouvelles constructions de colonies ou d’appartements sont annoncées. Dans les quartiers palestiniens de Sheikh Jarrah et Silwan, des colons protégés par la police occupent des appartements et rendent la vie impossible aux autochtones. Tout cela au nom de la Bible : le légendaire roi David aurait vécu à Silwan.

    C’est contre la judaïsation à marche forcée de Jérusalem que la ville s’embrase. Les attentats suicides traduisent la colère et le désarroi d’une population palestinienne abandonnée et progressivement marginalisée. De façon symbolique, l’attentat contre la synagogue de Har Nof a eu lieu dans un quartier situé sur l’ancien territoire de Deir Yassin, le village palestinien où toute la population a été massacrée en avril 1948 par les milices terroristes de l’Irgoun et du Lehi.

    Gaza, la cage

    Les médias ne parlent plus de Gaza, on n’y meurt plus comme cet été. Pourtant tout est fait pour que Gaza explose à nouveau. Le blocus est impitoyable, tant du côté israélien que du côté égyptien. Les entrées et sorties du territoire se font au compte-goutte. Des milliers d’habitantEs de Gaza sont bloquéEs en Égypte sans pouvoir rentrer chez eux/elles. La pénurie et l’étouffement sont tels à Gaza que tout le monde s’attend à un nouvel embrasement alors que des centaines de milliers de personnes ont dû quitter définitivement leurs appartements détruits. La jeune afghane Malala, Prix Nobel de la Paix, a décidé de faire don du montant du prix des « Enfants du Monde » à la reconstruction des écoles à Gaza. Reconstruction qui attendra : seul le ciment israélien parvient, en quantité très insuffisante, à Gaza.

    La fuite en avant

    Le gouvernement Nétanyahou attaque de tous les côtés. Dans le désert du Néguev, les expulsions s’amplifient contre la population Bédouine (pourtant de nationalité israélienne) et le village d’al-Araqib a subi une nouvelle destruction.

    Par 14 voix contre 5, le cabinet israélien a décidé de faire d’Israël « l’État-nation du peuple juif ». Autrement dit, les 6 millions de Palestinien-ne-s qui vivent entre Méditerranée et Jourdain deviennent officiellement des sous-citoyenNEs et les 60% de Juifs/ves qui vivent hors d’Israël se voient signifier qu’ils/elles sont des touristes n’ayant pas compris qu’Israël est leur mère patrie.

    Il faut noter que Tzipi Livni et Yair Lapid ont voté contre, ce qui traduit les premières fractures dans l’extrême droite israélienne.

    De même un des principaux partis religieux de la coalition au pouvoir, le Shas (environ 10% des voix), désapprouve clairement l’attaque menée contre l’esplanade des mosquées.

    Fragilisé, le gouvernement Nétanyahou lance sa propagande, toujours aussi peu imaginative : la reconnaissance de l’État de Palestine serait un « acte antisémite » !

    Un État oui, mais pas hors sol.

    Bien sûr, une reconnaissance de l’État de Palestine par la France et par tous les pays de l’Union Européenne serait vécue en Palestine comme une grande victoire, comme une reconnaissance des droits et de la dignité du peuple palestinien. Elle mettrait incontestablement en difficulté Israël transformé ainsi, juridiquement, en un État colonial occupant le territoire d’un autre pays. Elle donnerait à cet État palestinien des armes juridiques dans les instances internationales. Elle mettrait en exergue « l’illégalité » de l’occupation des territoires conquis en 1967. Elle donnerait aux PalestinienNEs une citoyenneté dont ils/elles sont de fait privéEs. Elle permettrait à l’État palestinien de porter plainte contre Israël devant la justice internationale pour les crimes de guerre, crimes contre l’humanité et incitation au génocide commis.

    Interrogeons-nous : qu’est-ce qui est en train d’être reconnu par les pays européens ?
    Les initiateurs/trices de la « reconnaissance » demandent des « négociations » alors que toutes celles qui ont eu lieu et qui ont été soutenues par l’Union Européenne étaient des demandes de capitulation des PalestinienNEs sur leurs revendications.
    Pour l’instant, la Palestine serait un État hors-sol, un territoire non-viable, un bantoustan constitué de cantons éclatés.

    La question des sanctions

    Il est illusoire de penser qu’à froid et sans sanctions, la « communauté internationale » puisse changer le cours des choses. Il y a le précédent du jugement de la Cour Internationale de Justice de la Haye (9 juillet 2004) condamnant Israël pour la construction du mur (de l’apartheid) en Cisjordanie. À l’époque, ce mur mesurait 250 Km, il en fait 3 fois plus aujourd’hui. Israël a bafoué cette décision défavorable comme ce pays en a bafoué des dizaines.

    En 120 ans d’existence, le sionisme a toujours fonctionné de la même manière : on crée le fait accompli puis on le consolide, on le légalise et on poursuit le rouleau compresseur colonial. Deux fois dans son existence, l’Erat d’Israël a été (très légèrement) sanctionné : en 1957 sur l’évacuation du Sinaï et en 1991 sur l’ouverture de négociations. Les deux fois, ce pays très mondialisé, qui dépend totalement de ses échanges avec l’Occident et de l’aide américaine, a cédé instantanément.

    La Suède vient de reconnaître la Palestine. En même temps, elle maintient sa coopération militaire avec Israël et ne s’oppose pas à l’accord qui permet aux produits israéliens (même ceux des colonies) d’inonder les marchés européens. Ça ne crée aucune véritable pression sur Nétanyahou.

    La reconnaissance de l’Etat palestinien doit donc impérativement s’accompagner de sanctions. Et elle doit s’accompagner d’un véritable changement de la politique européenne. Jusqu’à présent, les dirigeants européens sont complices de l’occupant à l’image du gouvernement français qui refuse de libérer le militant du FPLP Georges Ibrahim Abdallah, en prison depuis plus de 30 ans pour un crime imaginaire.

    Un agenda dépassé

    À l’occasion de la bataille sur la reconnaissance de la Palestine, on voit ressurgir la revendication « d’un État palestinien » sur l’ensemble des territoires conquis par Israël en 1967 ayant Jérusalem-Est comme capitale et vivant en paix avec Israël. Charles Enderlin lui-même vient d’expliquer que ce n’est plus possible et la quasi-totalité des internationaux qui vont en Palestine le disent depuis longtemps. La majorité des Palestiniens n’y croit pas ou ne le souhaite pas. Plus de 10% de la population juive israélienne (650000 personnes) vit au-delà de la ligne verte (la frontière internationalement reconnue). 40% des militaires (professionnelLEs ou conscritEs) sont des colons. Les n°2 et 3 du gouvernement sont des colons. Évacuer les colons coûterait 30% du PIB israélien.

    Bien sûr l’État unique est pour l’instant également utopique.

    Il faut comprendre que le projet historique du sionisme (un État juif homogène) est loin d’être réalisé et que la situation est ouverte.

    Il serait navrant que la reconnaissance de l’État de Palestine fasse apparaître comme unique revendication la solution à deux États. Cela solution est irréaliste et elle n’est ni juste, ni souhaitable. Elle abandonne les Palestiniens d’Israël et les réfugiés, entérinant l’apartheid israélien et la fragmentation de la Palestine. Elle fait croire que l’Autorité Palestinienne est la seule représentante du peuple palestinien, ce qui est manifestement inexact.

    Le BDS

    La voie diplomatique toute seule ne changera pas le rapport de forces. C’est la capacité de résistance des PalestinienNEs et l’ampleur du soutien international qui seront déterminants et qui auront des conséquences diplomatiques.

    La campagne mondiale BDS multiplie les succès. Les pressions pour empêcher la publicité pour Téva se multiplient. Orange est interpellé par ses syndicats pour sa participation à la téléphonie mobile dans les territoires occupés.

    La campagne BDS a provoqué l’écroulement de l’action « Sodastream ». Cette firme envisage de déménager son usine depuis la colonie de Maale Adoumim vers le Néguev (là où on expulse les Bédouins, ce qui est tout aussi immoral). En Californie, les dockers ont refusé à plusieurs reprises de débarquer des cargos de la compagnie israélienne Zim. L’image d’Israël est sérieusement atteinte. Cette campagne doit s’amplifier et accompagner la reconnaissance de l’État de Palestine.

    Pierre Stambul (25 novembre 2014)

    Article de Pierre Stambul à paraître dans la revue "Emancipation"

    http://www.ujfp.org/spip.php?article3664

  • Charles Enderlin : “Un Etat palestinien n’est plus possible” (Télérama)

     

    [Illustrative photo by Shutterstock.com]

     

    La ville de Jérusalem est sous tension après l’attentat du 18 novembre 2014 contre une synagogue. Le reporter Charles Enderlin y réside depuis quarante ans. Son regard sur ce nouvel accès de violence est bien sombre.

     

    Des voitures béliers qui foncent sur les piétons, un attentat contre un rabbin fondamentaliste, un massacre dans une synagogue... Mais aussi une colonisation incessante, des religieux messianiques qui montent sur l'Esplanade des Mosquées pour prier avec l'idée de construire un jour le troisième Temple, des débats sans fin à la Knesset pour tenter de justifier leurs agissements. Jérusalem semble au bord de l'explosion.

    C'est dans ce contexte qu'en France, le groupe parlementaire socialiste a déposé ce jeudi 22 novembre 2014 une proposition de résolution visant à reconnaître un État palestinien. Qu'en pense Charles Enderlin, chef du bureau de France 2 à Jérusalem qui l'an dernier, dans son livre Au nom du Temple, décryptait « l'irrésistible ascension du messianisme juif » ?

    Il en a tiré un film, achevé depuis mars dernier, que France 2 serait bien inspiré de diffuser rapidement pour nous aider à comprendre les enjeux d'un terrifiant conflit. Habitant Jérusalem depuis 40 ans, Charles Enderlin n'a jamais été aussi sombre.

    Comment la presse israélienne a-t-elle rendu compte du massacre de la synagogue ?
    Toutes les télés ont montré l'horreur, les obsèques, le fait qu'on se retrouve avec 25 orphelins dans une même rue d’un quartier ultra-orthodoxe de Jérusalem. Cela suscite un choc chez les Israéliens, la peur. Mais les commentateurs de la presse écrite tentent de garder une distance. Surtout, le chef du Shin Beth, la sécurité intérieure, a contredit le premier ministre, Benyamin Netanyahou, qui ne cesse d'accuser Mahmoud Abbas d'inciter à la violence.

    “Les violences auxquelles nous assistons en ce moment ne sont pas une Intifada”

    Cette « diabolisation » de Mahmoud Abbas par Benyamin Netanyahou fonctionne-t-elle ?
    Oui, il y a un rejet complet des Palestiniens au sein de très larges secteurs du public israélien. Après l’attentat, les images de distribution de sucreries dans la rue par quelques islamistes à Gaza et surtout Bethleem, cela a fait des dégâts ! Alors qu'il y a chez beaucoup de Palestiniens de la gêne, et une crainte de la suite. Car pour eux, cela va signifier encore davantage de contrôles, de barrages, d'ennuis de toutes sortes.

    Les violences auxquelles nous assistons en ce moment ne sont pas une Intifada, ne ressemblent en rien aux soulèvements palestiniens que l'on a connus dans le passé. Les auteurs d'attaques de ces dernières semaines n'appartenaient à aucune organisation, aucune cellule terroriste, n'obéissaient à aucune hiérarchie. C'est un palestinien père de famille qui le matin prend sa voiture et d'un coup décide de la transformer en véhicule-bélier, ou qui prend un tournevis et le plante dans le dos d'un juif religieux. Ils sont encouragés par la télé du Hamas et les réseaux sociaux islamistes qui lancent des appels au meurtre d'Israéliens et de juifs.

    Mais l’attentat de la synagogue a été revendiqué par le FPLP, vieille organisation palestinienne de gauche qui revendiquait déjà les attentats de la seconde intifada...
    Le FPLP a automatiquement revendiqué ce massacre parce que ses deux auteurs appartiennent à une famille connue comme étant proche du FPLP. Mais il n'est pas sûr du tout qu'un chef du FPLP leur ait donné des ordres. Ces chefs sont tous à la retraite, certains sont des vieillards...

    Pourquoi ce nouvel accès de violence ?
    C’est dû à un certain nombre de facteurs. L’agitation autour de l’Esplanade des saintes mosquées provient du sionisme religieux qui a le sentiment d'avoir gagné la partie en Cisjordanie et se tourne donc vers l'Esplanade des saintes mosquées, qui est aussi l’endroit où, selon le Judaïsme, se dressait le Temple construit par Hérode il y a 2000 ans. C'est pour cela que les musulmans commencent à s'inquiéter. Il y a eu en un an quinze débats à la commission de l’intérieur de la Knesset sur le droit des juifs à prier sur le Mont du Temple.

    A l'origine, le grand rabbinat avait interdit aux juifs de monter car l'emplacement exact du Saint des Saints n'était pas connu. Seul le grand prêtre avait le droit d’y pénétrer une fois par an. Mais les rabbins nationalistes religieux ont déterminé l'endroit où il se trouvait, et décrété en 2003 que non seulement il y a un droit d’y monter, mais que c'est un devoir religieux.

    On n’est plus du tout dans un conflit politico-ethnique...
    Non, la grande inquiétude de l'administration américaine et de certains diplomates européens, après l'attentat de la synagogue, et avec la tension autour de l'Esplanade des mosquées-Mont du temple, c'est que le conflit religieux se durcisse encore et que cela fasse tâche d'huile. Imaginez que pour venger un attentat particulièrement sanglant, des extrémistes juifs aillent porter atteinte aux mosquées de l'Esplanade, les répercussions seraient mondiales.

    “Tout le monde sait en Israël que le processus de paix est mort”

    La question d’un Etat palestinien n’est donc plus du tout d’actualité ?
    C'est fini ! Tout le monde sait en Israël que le processus de paix est mort. A Ramallah, lorsque je rencontre des dirigeants palestiniens, je leur demande : croyez vous que vous aurez un Etat, avec 380 000 colons ? Croyez-vous que les juifs vont vous donner la souveraineté sur les quartiers arabes de Jérusalem-Est, sur l'Esplanade des mosquées, qui est le troisième lieu de l'Islam, mais le seul lieu saint juif ?

    Et ils me répondent : « nous savons très bien qu'on n'aura pas d'Etat, la Cisjordanie est devenue une peau de panthère, et il n'est plus possible de créer un Etat qui ait une continuité territoriale. » Mahmoud Abbas aussi en a parfaitement conscience. Il va avoir 80 ans et pense à l’héritage politique qu’il va laisser à son peuple. Quelques résolutions de l’ONU, la reconnaissance de la Palestine par le plus de pays possibles.

    Pourquoi maintient-on alors la fiction de deux Etats possibles ?
    Je n'arrive pas à imaginer que les analystes des chancelleries, en Europe et même aux Etats-Unis, ne soient pas conscients qu'on n'évacuera pas 380 000 colons, et pas même 10 000. L'idée de deux Etats est morte. Dans mon film, Ouri Ariel, l'actuel ministre du Logement, un colon qui pousse à la colonisation partout où c'est possible, me dit qu'il ne peut y avoir qu'une seule souveraineté entre le Jourdain et la Méditerranée, celle d'Israël, et si « les Arabes », sous-entendu les Palestiniens, veulent davantage de droits politiques, on leur donnera le droit de vote pour la Knesset. « Nous pouvons faire face à 30 députés arabes supplémentaires au parlement. En 3000 ans d’existence, le peuple juif a surmonté des crises bien plus graves » dit-il.

    C'est leur vision. Le sionisme religieux ne renoncera pas à la terre d'Israël, à Jérusalem et au Mont du Temple. Les diplomates européens en sont conscients, ceux que je rencontre me disent qu'en continuant de financer l'Autorité palestinienne, l'Europe ne fait que maintenir l'occupation.

    Alors que faire ?
    Je ne sais pas. Puisqu'un Etat palestinien n'est plus possible, il faut chercher d'autres solutions, une sorte de confédération, une fédération de peuples... Mais c'est problématique avec un conflit religieux. 80 % des Israéliens croient aujourd'hui en Dieu, 51 % croient en la venue du Messie. La gauche séculière ne représente plus que 17 % de la population juive. Et vous avez aussi côté palestinien des virages vers la religion, l’islamisme alors que dans la région Daesh s’implante. On va vers une lente descente en enfer. Régulièrement, on a l’impression que le fond a été atteint… puis, il y en encore un !

    Comment Israël, Etat né du sionisme laïc et socialiste, en est-il arrivé là ?
    Il y a eu bien sûr l'importante fécondité des religieux. L'arrivée de l'immigration de l'ancienne URSS n'a pas amélioré le désir de démocratie et d'un accord avec les Palestiniens. Et puis il y a eu un lent processus de désintégration. Netanyahou est, après Ben Gourion, le chef de gouvernement qui est resté le plus longtemps au pouvoir et qui a le plus changé le pays.

    Économiquement en le libéralisant, en réduisant les charges sociales, en accroissant les inégalités. Et politiquement avec sa vision d'un Etat juif entouré d'ennemis à chaque génération : un dictateur, un peuple, veulent détruire le peuple juif, maintenant ce sont les Iraniens et les islamistes arabes.

    “Netanyahou n’a pas de réel adversaire sur la scène politique israélienne”

    Mais les Israéliens ont voté et revoté pour lui ?
    Vous savez comment ça se passe : voter Netanyahou, c'est voter pour sa sécurité et pour l'économie. Il faut à un Israélien moyen une drôle d'analyse pour penser que sa sécurité et son bien-être économique passerait par le fait de renoncer à des territoires et à ramener des colons en Israël. Aujourd’hui, il n’a pas de réel adversaire sur la scène politique israélienne.

    Et vous, dans l’Israël d’aujourd'hui ?
    Je suis arrivé ici il y a un peu plus de quarante ans. J'ai connu des moments formidables, j'étais à l'aéroport de Tel Aviv lorsque l'Égyptien Anouar el-Sadate est arrivé pour un accord de paix historique, j'étais là lorsque les accords d'Oslo ont été signés, lorsqu'un traité de paix a été conclu avec la Jordanie. J'aime aller en Jordanie et en Égypte, je sais que dans ces pays les modérés, les dirigeants, veulent le plus vite possible un accord, que l'initiative de paix en 2002 de la Ligue arabe tient toujours, qu'elle a été renouvelée à plusieurs reprises, régulièrement repoussée par les gouvernements israéliens.

    Mais pourquoi la ligne dure de l’Egypte sur Gaza ?
    Les Égyptiens sont sensibles à la question palestinienne, mais rejettent les Frères musulmans et le Hamas. Après l'élection de Morsi, les Frères musulmans se sont crus les rois du pétrole, ont commis erreur sur erreur. Sissi est aujourd'hui très populaire en Égypte parce qu'il a destitué Morsi et les Frères musulmans, qui, malgré tout représentent peut-être 30 % de la population égyptienne.

    Or, le Hamas fait partie de la confrérie déclarée « organisation terroriste » par le régime du général Sissi. Lorsque les trois chefs du Hamas dans le sud de la bande de Gaza ont été tués par des missiles israéliens, je suis persuadé que militaires égyptiens ont appelé leurs collègues israéliens pour les remercier. Il y a une coopération militaire israélo-égyptienne comme jamais il n'y a eu par le passé.

    Que les Palestiniens n’aient plus de soutien à l’extérieur, est-ce que cela n’encourage pas la droite israélienne ?
    La droite israélienne est avant tout pro-colonisation, et ne se soucie pas du tout du sort des Palestiniens. Elle est hostile à un Etat palestinien, et rien ne la fait dévier de sa ligne. Pour mon livre et mon film, j'ai été reçu par tous les rabbins que je voulais voir, je les ai filmés sur l'Esplanade des mosquées m'expliquant leurs projets, je n'ai eu aucun problème pour aller voir les nationalistes religieux qui, pourtant, m'ont attaqué pendant des années.

    En Israël, on peut s’insulter et quand même parler...
    Ca commence à disparaître, il y a une véritable campagne contre la gauche. Au début des bombardements de Gaza, on a vu sur des pages Facebook francophones la photo du journaliste de Haaretz Gideon Levi et la mienne, avec cette légende : tout bon juif doit tuer ces deux collabos.

    “Le conflit au Proche-Orient, c’est un peu comme le virus Ébola”

    Si un Etat palestinien n’est plus possible, comment construit-on l’avenir ?
    La question est posée à la communauté internationale. Car le conflit au Proche-Orient, c'est un peu comme le virus Ébola : ces deux tribus, Juifs et Palestiniens, qui se bagarrent là-bas, c'est désagréable, on n'a pas envie de s'en occuper. Mais quand le virus commence à arriver en Europe, on fait semblant de commencer à s'en occuper, on vote des résolutions qui restent lettre morte…

    Vous ne croyez pas à un Etat d’Israël plus démocratique et plus égalitaire pour tous, un Etat qui se doterait d’une Constitution ?
    Un Etat binational sous une forme ou une autre ? Dans tous les cas, ça voudrait dire la fin du sionisme libéral prôné par Theodore Herzl et par la gauche sioniste des débuts. Mais on n'y est pas.

    Vous savez quel est le débat du moment ? Changer les Lois fondamentales pour qu'Israël ne soit plus un Etat « démocratique et juif » mais un Etat national juif, et démocratique ensuite.

    De quoi parle t-on ? D'une forme de théocratie, peut-être d'une monarchie ? Et quels éléments de valeur juive on mettrait dans les lois fondamentales ? Israël n'a pas de constitution. Pas de séparation entre la synagogue et l'Etat. Et Benyamin Netanyahou s'est déclaré en faveur de la proposition de loi la plus extrême, il exige avant toute chose des Palestiniens qu'ils reconnaissent la nation du peuple juif. En échange de quoi, il serait prêt à un Etat palestinien démilitarisé, Jérusalem restant réunifiée sous la souveraineté israélienne.

    Plutôt que de courir après cette chimère de deux Etats, la communauté internationale ne devrait-elle pas imposer à Israël de se doter d'une Constitution ?
    Peut être. Mais je suis quand même journaliste, je regarde avec un profond regret ce qui s'est développé sous mes yeux, cette histoire que j'ai décrite du mieux possible. Les Palestiniens ont leur part de responsabilité dans l'échec. Bien sur, il y a eu le terrorisme palestinien qui a fait basculer l’opinion israélienne.

    A l’origine, Arafat et Abbas n'auraient pas dû se lancer dans le processus d'Oslo sans obtenir le gel total de la colonisation ; la communauté internationale a laissé croitre les colonies, sans condamnation sérieuse, le département d'Etat, le Quai d'Orsay, ou la Chancellerie allemande, ont laissé faire. Alors maintenant on veut voter, on va peut-être reconnaître un Etat palestinien, même si c’est avant tout symbolique et ne change rien sur le terrain, si ce n’est renforcer le sentiment largement répandu en Israël : « Le monde est contre nous ! » Et donc… apporte de l’eau au moulin de la droite israélienne.

     

    Vincent Remy Publié le 21/11/2014. Mis à jour le 21/11/2014 à 17h38.
  • Après Gaza. Le Tribunal Russell sur la Palestine : un avertisseur d’incendie (Essf)

    gaza

    L’offensive israélienne contre la population civile de Gaza a incité les responsables du Tribunal Russell pour la Palestine à se réunir en session exceptionnelle les 24 et 25 septembre derniers à Bruxelles.

    Plusieurs centaines de personnes ont assisté aux 16 témoignages qui s’y sont succédés et à la conférence de presse du jury qui a présenté ses conclusions. L’exercice était éprouvant.

    Ce que nous avons pu voir et entendre dépasse de loin en horreur la représentation que les médias ont pu nous donner du massacre de cet été. Il est remarquable par exemple que Paul Mason, journaliste de la télévision britannique Channel Four venu apporter son témoignage de premier plan sur le ciblage intentionnel des écoles de Gaza a dû le faire précéder d’un avertissement : il témoignait en son nom propre, sa rédaction ne pouvant cautionner ses propos, pourtant essentiellement factuels.

    Rappelons pour commencer une donnée déjà connue et incontournable : comme le faisait déjà remarquer l’historien israélien Shlomo Sand pendant l’offensive, « le Hamas a tiré indistinctement sur des civils et n’a tué quasiment que des militaires, alors qu’Israël, qui disait vouloir frapper des combattants, a tué massivement des civils ».

    En effet, en 50 jours, l’armée israélienne a tué 2.188 Palestiniens de Gaza dont au moins 1.658 civils tandis que les groupes armés palestiniens ont de leur côté tué 66 soldats et 7 civils israéliens. Cette disproportion flagrante est en soi, pour le Tribunal Russell, constitutive de crime de guerre. Dans ses conclusions, il  écrit en effet que « les forces israéliennes ont violé deux principes cardinaux du droit international humanitaire – la nécessité d’établir une distinction claire entre les cibles civiles et militaires et la nécessité d’adapter de façon proportionnée le recours à la violence militaire par rapport aux objectifs de l’opération ».

    Pour rester dans les questions de proportion, il est indispensable de prendre conscience de l’escalade inouïe à laquelle se livre actuellement Israël. La précédente offensive contre Gaza (« Plomb durci ») avait déjà suscité une vague d’indignation de par le monde. Elle était pourtant 14 fois moins intense que celle de l’été dernier si on prend en compte le nombre de munitions lâchées sur les Gazaouis. En 2008-2009, 50 tonnes de bombes sont tombées sur ce petit territoire, tandis qu’en 2014 il s’est agi de 700 tonnes ! Cela donne à réfléchir : où s’arrêtera cette politique de destruction si Israël reste impuni ? L’offensive de cet été est en effet la plus violente depuis l’occupation de Gaza en 1967 et rien n’indique que ce soit la dernière, notamment au vu de la quasi unanimité avec laquelle l’opinion israélienne l’a approuvée.

    Directives explicites

    Certains aspects de l’offensive sont clairement constitutifs de crimes contre l’humanité. En effet l’opération « Bordure Protectrice » était essentiellement dirigée contre la population civile et ce de façon généralisée et systématique. Le Tribunal Russell a pu pointer, grâce notamment au témoignage d’Eran Efrati (ancien militaire israélien et membre de « Breaking the Silence ») trois directives internes de l’armée israélienne dont la révélation permet de mieux appréhender le caractère intentionnel de la tuerie de masse.

    1° La « doctrine Dahiya » implique l’utilisation d’une force disproportionnée visant à punir collectivement la population civile pour des actes de groupes de résistance ou de leaders politiques.

    2° La « directive Hannibal » autorise la destruction de zones entières afin d’empêcher la capture de soldats israéliens.

    3° La « politique de la ligne rouge » consiste en la création d’une « zone de mort » au-delà des limites d’une « ligne rouge » arbitraire et invisible autour de bâtiments occupés par les forces israéliennes. Très concrètement, cela signifie que tout Palestinien, quel que soit son âge et sans être nécessairement soupçonné d’appartenir à un groupe armé, qui franchit à son insu la « ligne rouge » est assassiné. Nous sommes ici très loin d’une opération « défensive » comme se plaît à le prétendre le gouvernement israélien…

    Crimes contre l’humanité

    Les crimes contre l’humanité mis en exergue par le Tribunal Russell sont au nombre de trois : le meurtre, l’extermination et la persécution.

    Meurtre. Le meurtre a été défini en droit international notamment par le Tribunal Pénal International pour l’ex-Yougoslavie comme étant « le fait de causer, de manière illicite et intentionnelle, la mort d’un être humain ». Le Tribunal Russell pour la Palestine estime qu’une « proportion significative des victimes civiles palestiniennes au cours de l’opération Bordure Protectrice est le résultat d’actes délibérés, illicites et intentionnels ».

     

    1. Extermination. Se fondant sur le Statut de la Cour Pénale Internationale, le Tribunal Russell pour la Palestine reprend à son compte la définition du crime d’extermination comme incluant « à la fois les meurtres de masse et le fait d’imposer intentionnellement des conditions de vie (telles que la privation d’accès à la nourriture, à l’eau et aux soins de santé) calculées pour entraîner la destruction d’une partie de la population ». Il note que ce crime diffère de celui de génocide notamment en ce qu’il n’implique pas nécessairement « que l’auteur ait eu l’intention de mener à terme la destruction du groupe dans son ensemble ou en partie » (c’est moi qui souligne).

    Entrent dans ce cadre les attaques ciblées contre les bâtiments et le personnel médicaux. Nous avons pu entendre le témoignage accablant du Docteur Mads Gilbert, médecin norvégien travaillant à Gaza. Hôpitaux, ambulances et personnel médical ont été sciemment visés de façon à empêcher les victimes d’accéder à des soins.

    L’affirmation officielle du gouvernement israélien selon laquelle les infrastructures hospitalières auraient abrité des terroristes n’a jamais été prouvée. Selon les témoins, la seule fois où Israël a visé des infrastructures publiques hébergeant effectivement des lanceurs de missiles était le cas de deux écoles de l’ONU… désaffectées. Les autres écoles visées par des bombardement ou des tirs abritaient exclusivement des enfants et/ou des réfugiés.

    Les destructions d’infrastructures civiles (notamment la centrale électrique de Gaza) y compris celles de l’ONU s’ajoutent à d’autres mesures comme le refus de créer un couloir humanitaire, la fermeture des passages d’Erez et de Rafah (avec la complicité du régime égyptien), tout cela a selon le Tribunal Russell pour la Palestine « contribué à l’imposition de conditions de vie calculées pour entraîner la destruction d’une partie de la population de Gaza ».

    1. Persécution. Selon le Tribunal Russell pour la Palestine, « le crime contre l’humanité de persécution implique le déni intentionnel et grave de droits fondamentaux des membres d’un groupe ou d’une collectivité. Le groupe doit être ciblé à des fins discriminatoires pour des motifs politiques, raciaux, nationaux ethniques, culturels, de genre ou religieux ». Ayant déjà étudié lors de précédentes sessions la politique générale d’Israël vis-à-vis des Palestiniens, le TRP conclut qu’elle « revêt un caractère intrinsèquement discriminatoire » que l’offensive contre Gaza n’a fait qu’intensifier. Il cite, parmi les violations de droits fondamentaux commises cet été à Gaza : le meurtre, la torture, la violence sexuelle, la violence physique non considérée comme torture, le traitement cruel et inhumain ou la soumission à des conditions inhumaines, l’humiliation et la dégradation constantes, le régime de terreur imposé à la population civile, l’arrestation et la détention illicites, l’emprisonnement ou le confinement, les restrictions à la liberté de mouvement et la confiscation ou la destruction de logements privés, de commerces, d’édifices religieux, de bâtiments culturels ou symboliques ou encore de moyens de subsistance. Chacun de ces crimes contre l’humanité a été illustré de témoignages précis.

    Vers un génocide ?

    Contrairement à ce que prétendent ses détracteurs, le Tribunal Russell n’a pas affirmé qu’un génocide a été commis à Gaza. Plus sérieusement, il veut alerter l’opinion publique sur deux processus en cours qui, s’ils se poursuivent du fait de l’impunité, pourraient conduire l’Etat d’Israël à commettre effectivement un génocide.

    Le premier de ces processus découle de tout ce qui précède en termes de crimes contre l’humanité. L’opération Bordure Protectrice qui vient s’ajouter à « l’effet cumulé du régime prolongé de peine collective à Gaza semble[nt] imposer des conditions de vie calculées pour entraîner la destruction progressive des Palestiniens en tant que groupe à Gaza ». Et le Tribunal Russell pour la Palestine de mettre « en exergue la transformation potentielle d’un régime de persécution, comme démontré (…) ci-dessus, en un régime génocidaire dans les faits ».

    Cette crainte se fonde sur l’observation d’un autre processus, idéologique celui-ci : la libération d’une parole génocidaire de la part de faiseurs d’opinions, de responsables politiques et religieux israéliens. Le journaliste israélo-canadien David Sheen a compilé pour le TRP un florilège de ces déclarations. Par exemple la députée Ayalet Shaked « qui définit ‘l’intégralité du peuple palestinien [comme] l’ennemi’, plaide pour la destruction de ‘ses personnes âgées, ses femmes, ses villes et villages, ses biens et ses infrastructures’ et déclare que les ‘mères de terroristes’ devraient être détruites ‘comme devraient l’être les maisons dans lesquelles elles ont élevé les serpents’ ». Ou encore le Rabbin Shmuel Eliahu affirmant avant Bordure Protectrice que « s’ils n’arrêtent pas après 1.000, nous devrons en tuer 10.000. S’ils n’arrêtent pas encore nous devons en tuer 100.000, 1.000.000 même ». Le Rabbin d’Hébron, Dov Lior, donne une justification « religieuse » à un possible génocide : « Dans une guerre, ceux qui sont attaqués (selon le récit israélien, ce sont les Palestiniens qui ont déclenché la guerre, DL) ont le droit de prendre des mesures pour exterminer leur ennemi ».

    L’accumulation de ces déclarations qui émanent, non plus de quelques extrémistes marginaux, mais de dignitaires influents qui enfreignent le droit international mais non le droit israélien (en Israël l’antisémitisme est interdit mais il n’existe aucune loi pour prohiber les autres formes de racisme) ont mené le Tribunal Russell sur la Palestine à conclure que « dans une situation où certains crimes contre l’humanité sont commis en toute impunité et où l’incitation directe et publique à commettre le génocide est manifeste dans la société, il est très concevable que des individus ou l’Etat puissent choisir d’exploiter ces conditions en vue de commettre le crime de génocide ».

    Cette mise en garde forte fait songer à celle, tristement prophétique, émise notamment par la Fédération Internationale des Droits de l’Homme enquêtant sur le Rwanda dans les mois et années qui ont précédé le génocide de 1994.

    Les amis de la Palestine doivent en prendre toute la mesure, avec les nuances qu’y apporte le Tribunal Russell pour la Palestine : Israël POURRAIT commettre un génocide. La LCR entend  contribuer à faire entendre cette vérité – dans le but qu’elle ne se réalise pas. En ce sens le Tribunal Russell sur la Palestine aura accompli la mission que Walter Benjamin assignait dans les années 1930 à l’historien matérialiste : être un avertisseur d’incendie.

    Ce texte est une version légèrement remaniée d’un texte à paraître dans le prochain numéro de la revue de l’UPJB, Points Critiques.

    24 octobre 2014 par Daniel Liebmann

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article33371

     

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