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Révolutions Arabes - Page 58

  • Notre position sur la Syrie (NPA 86) + Dossier

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    Le NPA de la Vienne participe à la mobilisation poitevine de solidarité avec Alep.

    Il s’agit pour nous, à une échelle de masse, de dénoncer des crimes contre l’Humanité, de demander, dans l’unité la plus large, l’arrêt des bombardements, et la mise en place de solutions humanitaires rapides. Les populations civiles, et les révolutionnaires syriens, en ont besoin.

    La mobilisation en France (du moins localement), pour la première fois depuis le début de la révolution, rassemble plusieurs organisations politiques de gauche, et de nombreux citoyens. Il faut le saluer, même si cela arrive très tard. Néanmoins, des désaccords de taille continuent d’exister entre certaines de nos organisations. Le NPA tient donc, ici, à donner son positionnement sur la politique à adopter.

    Révolution permanente !

    Depuis les premières heures de la révolution syrienne, dans l’effervescence des printemps arabes, le NPA est aux côtés du peuple syrien. Nous avons, en particulier, écrit des dizaines d’articles dans notre journal "L’Anticapitaliste". Ces articles sont disponibles en cliquant ici. Le NPA a de nombreux militants membres de la IVème Internationale (au même titre que Ensemble !). Nous avons donc des liens avec des groupes politiques syriens engagés dans la révolution. Ceux-ci ont été invités à plusieurs reprises dans certains de nos meetings.

    Ce premier paragraphe vise simplement à mettre en lumière la révolution syrienne. Non, la Syrie ne connait pas une guerre entre DAESH, Al Nostra et l’État Loyaliste de Assad. Cette version est le fruit de la propa- gande du régime de Bachar Al Assad, qui, en faisant entendre cette version, se place, aux côtés de la Russie et de l’Iran, en rempart contre le terrorisme.

    La révolution syrienne, et en particulier à Alep, n’est pas liée aux groupes terroristes islamistes, mais bien à un soulèvement populaire, pour en finir avec la dictature de Assad fils, pour répondre à des exigences démocratiques et sociales. Nier cette révolution, c’est déjà faire le jeu de Assad.

    C’est pourquoi nous ne défendons pas une politique de la paix entre les différentes parties.

    Nous soutenons, de toutes nos forces, la révolution. Nous disons, avec le peuple syrien, Bachar Dégage ! La paix en Syrie, dans l’immédiat, ne se fera pas avec des élections où Bachar pourrait être réélu. Le préalable à la paix, c’est le départ de Assad.

    Refus de tous les impérialismes, de tous les obscurantismes

    Combattre Assad, c’est notamment combattre l’intervention russe en Syrie. Poutine intervient en Syrie aujourd’hui car il a besoin du soutien de Assad afin de garder un partenaire politique ayant une ouverture sur la Méditerranée. Comme en Tchétchénie, Poutine, sous prétexte de lutte contre l’islamisme, détruit toutes les résistances démocratiques ou indépendantistes.

    De l’autre côté, les USA, appuyés notamment par la France, et en relation avec les monarchies du Golfe, ont plus ou moins soutenus les groupes "rebelles" les plus réactionnaires, au moins pour les USA. L’objectif était de contrer la Russie et l’Iran. Toutefois, depuis les attentats, la solution Assad est apparue comme alléchante. Ils ont alors organisé, eux aussi, des bombardements sur la Syrie, tuant, là encore, des centaines de civiles. Et la victoire de Trump pourrait profiter à Assad, comme celle de Fillon, s’il gagnait la présidentielle. Bref, nous avons là affaire à des manœuvres entre impérialismes, qui se soucient de leurs intérêts géopolitiques au détriment d’un peuple qui lutte et qui souffre.

    Nous rappelons pour notre part notre opposition aux interventions militaires impérialistes.

    Nous sommes opposés aux bombardements. Nous avions en revanche relayé l’appel des révolutionnaires syriens, de l’Armée Syrienne Libre, à recevoir des armes pour lutter plus efficacement contre Assad. Mais la France n’a pas répondu positivement, laissant les révolutionnaires sans équipements de qualité, face à un régime soutenu, lui, par la Russie, et face à Daesh, soutenu par les monarchies du Golfe.

    La situation aujourd’hui est pire qu’en 2011.

    La révolution est affaiblie, mais elle est toujours debout. Il ne faut pas céder. Notre rôle est d’organiser la solidarité la plus large, pour sortir du marasme les populations écrasées par le régime et les impérialismes. Mais il faut aussi continuer à soutenir la révolution, ne surtout pas ignorer les révolutionnaires, demander l’arrêt des bombardements, crier avec les syriens Bachar dégage !

    Même en Syrie, ils n’empêcheront pas le printemps d’arriver, et avec lui l’éclosion de mille Communes.

    mercredi 14 décembre 2016

    http://www.npa86.org/

     

    Lire aussi:

    Syrie : Avec la complicité des grandes puissances, Alep agonise (NPA)

    «Burning country»: les syriens dans la guerre et la révolution…(Anti-k)

    Alep, victime de tous ses bourreaux La Syrie nous le rappelle tragiquement : plus que jamais, socialisme ou barbarie ! (Révolution Permanente)

    Avec la conquête surprise de Palmyre, l'EI sort renforcé (L'Express)

    Le régime syrien combat-il vraiment l’État islamique? (Slate)

  • Comment une vidéo conspirationniste sur la Syrie est devenue la deuxième la plus vue sur YouTube (Les Inrocks)

    La propagande russo-syrienne à propos de la bataille d’Alep bat son plein.

    Sur YouTube, la seconde vidéo la plus vue en ce moment émane ainsi de Russia Today France, preuve de sa puissance sur internet.

    Le titre de cette vidéo est un programme en soi : “ONU : une journaliste démonte en deux minutes la rhétorique des médias traditionnels sur la Syrie”. Tous les critères pour lui assurer un buzz sur internet sont remplis : la figure tutélaire de l’ONU (argument d’autorité), le verbe “démonter” qui promet une vérité révélée, la brièveté (“deux minutes”) et la cible, assez classique (les “médias traditionnels”).

    De fait, sur YouTube, elle a cartonné. Postée le 13 décembre en pleine bataille d’Alep, elle a atteint aujourd’hui 419 000 vues, et apparaît dans les “tendances” YouTube en deuxième position, entre une vidéo humoristique et un top 10 insolite. Pourtant, il s’agit d’un exemple typique de propagande russe sur le conflit en Syrie, et donc de désinformation.

    Comment une vidéo conspi est devenue mainstream

    Pour résumer son contenu : la “journaliste indépendante” Eva Bartlett (qui travaille en fait régulièrement pour Russia Today depuis 2013) est interrogée par un journaliste norvégien sur ce qui l’autorise à dire que les informations des grands médias occidentaux sur la Syrie sont mensongères. Elle lui répond, sur un fond bleu floqué du logo de l’ONU, sans jamais être interrompue, que :

    1 / Il n’y a pas d’organisations internationales sur le terrain à Alep ;

    2 / Les sources des journalistes occidentaux (L’observatoire syrien pour les droits de l’homme et les Casques blancs) sont corrompues ;

    3 / Les entreprises médiatiques occidentales militent pour un changement de régime en Syrie ;

    4 / Enfin, elle soutient que l’armée syrienne n’attaque pas les civils.

    Toutes ces affirmations sont pour le moins contestables, comme l’ont montré les “Décodeurs” du Monde. Des récits de personnes ayant fui Alep étayent les exactions de l’armée contre des civils, les journalistes qui couvrent le conflit n’ont pas seulement recours à des sources institutionnelles, et des ONG comme Médecins du Monde et l’UOSSM sont présentes en Syrie.

     

    La vidéo, hébergée par le site dépendant du Kremlin Russia Today France (RTF), s’arrête là. Elle a été reprise par plusieurs sites extrémistes et conspirationnistes français, comme BreizhInfo, Le Salon Beige, Les Moutons Enragés ou encore Sputnik news (agence russe pro-Kremlin). Des versions en allemand et espagnol sont aussi diffusées par les chaînes locales de RT. Comment cette propagande russo-syrienne est-elle devenue mainstream sur internet ?

    “La presse de ‘réinformation’ est pratiquement majoritaire sur internet”

    Pour l’historienne Marie Peltier, auteure de L’Ere du complotisme (éd. Les Petits matins), l’audience de cette vidéo tient beaucoup à la place hégémonique acquise par RT sur le web :

    “La presse dite ‘alternative’, ou de ‘réinformation’, pourfendeuse des médias occidentaux, est pratiquement majoritaire sur internet. RT a pris une place structurante dans cette nébuleuse : il suffit qu’elle balance un élément de narration pour qu’il soit repris en cascade par une chaîne de sites conspirationnistes.”

    Lancée en 2005 pour doter le Kremlin d’un instrument de soft power, la chaîne d’information en continue anglophone Russia Today, entretient en effet depuis sa naissance un “tropisme conspirationniste”, selon Rudy Reichstadt, rédacteur en chef de Conspiracy Watch : “En 2005, RT était sponsor de la conférence Axis for Peace, à l’initiative de Thierry Meyssan, qui avait invité à Bruxelles des conspirationnistes comme Dieudonné ou encore Jacques Cheminade”.

    La particularité de cette chaîne tient au fait qu’elle considère tous les dires de la presse occidentale comme de la propagande en soi. Elle se targue donc de faire œuvre d’information, en diffusant une vision du monde opposée. “RT est dans une logique d’inversion des réalités : elle se met dans une posture de dénonciation de la propagande du camp d’en face”, explique Marie Peltier.

    “L’audience de cette vidéo trahit la défiance à l’égard des médias classiques”

    La vidéo en question en est le parangon. Dans un contexte prétendument neutre, elle fait intervenir une journaliste qui l’est supposée tout autant. Or il n’en est rien, puisqu’elle s’exprime dans le cadre d’une conférence de presse organisée par la Mission permanente de la République syrienne auprès de l’ONU : c’est donc une initiative du gouvernement de Bachar el-Assad. L'”indépendance” et la neutralité d’Eva Bartlett, journaliste travaillant dans des médias russophiles et invitée dans une conférence organisée par le pouvoir syrien sont donc très contestables :

    “Tous les experts occidentaux convoqués par RT sont considérés ici comme des grandes signatures du conspirationnisme. Mais ils sont nimbés d’une aura d’expertise sur cette chaîne”, constate Rudy Reichstadt.

    Cette vidéo illustre donc le confusionnisme qui peut parfois régner sur une question aussi saturée d’idéologie que la guerre en Syrie. A un moment charnière comme celui de la chute d’Alep, et alors que la demande d’information à ce sujet est en constante augmentation, l’internaute a vite fait de tomber dans le piège. “L’audience de cette vidéo trahit la défiance à l’égard des médias classiques”, analyse Rudy Reichstadt. Et ce ne sont pas les discours pro-russes de François Fillon, Marine Le Pen ou encore Jean-Luc Mélenchon qui vont permettre d’élucider la situation en Syrie.

  • Massacres à Alep : lettre à un « camarade » qui s’obstine à justifier l’injustifiable ( Julien Salingue)

    « Camarade »,

    Cela fait plusieurs semaines que je me dis que je vais t’écrire, et ce sont les événements tragiques d’Alep et ta réaction à ces événements, ou parfois ta non-réaction, qui ont fini par me persuader que l’heure était venue de m’adresser à toi. Pas nécessairement dans le but de te convaincre, car je crois que malheureusement il est déjà trop tard. Mais au moins, comme ça, les choses seront dites et tu ne pourras pas dire que tu ne savais pas.

    Au nom de l’anti-impérialisme ?

    La ville d’Alep est victime d’un massacre, d’une véritable boucherie qui fait immanquablement penser à d’autres villes martyrs comme Srebrenica, Grozny, Fallouja, mais aussi Varsovie et Guernica, ou encore aux camps palestiniens de Sabra et Chatila. Les témoignages directs qui affluent de la ville, venus de Syriens « ordinaires », et non des seuls membres d’un quelconque groupe armé, sont éloquents, a fortiori lorsqu’ils sont accompagnés de photos ou de vidéos. Des mots et des images qui disent la détresse, qui disent l’impuissance, qui disent l’horreur.

    Mais toi, « camarade », tu t’es évertué ces derniers jours – si l’on peut considérer que cet exercice peut avoir de près ou de loin un quelconque rapport avec une vertu – à expliquer qu’il ne fallait pas s’engager aux côtés des habitants d’Alep et qu’il ne fallait pas dénoncer les bombardements dont ils étaient victimes, pas plus qu’il ne fallait dénoncer les exactions commises par les troupes au sol lors de la « libération » de la ville. En d’autres termes, tu es venu nous expliquer qu’il ne fallait pas prendre de position claire et déterminée contre un massacre planifié et perpétré par le régime dictatorial de Bachar al-Assad et par ses alliés, au premier rang desquels la Russie et l’Iran.

    Si je m’adresse à toi, « camarade », c’est parce que nous avons par le passé partagé nombre de combats, notamment – mais pas seulement – le combat pour les droits du peuple palestinien. Parce que je pensais que, malgré nos divergences, nous avions des principes communs. Je n’ai en effet rien à dire à la droite et à l’extrême-droite pro-Poutine et/ou pro-Assad, qui assument clairement leur soutien à des régimes autoritaires au nom de « valeurs » communes, et qui n’ont jamais fait semblant de vouloir construire une réelle solidarité avec les peuples opprimés.

    Mais toi, « camarade », tu te pares de vertus « progressistes », « anti-impérialistes », voire « socialistes », « communistes » ou même « révolutionnaires ». Et c’est au nom de ces vertus que tu tentes de nous convaincre aujourd’hui qu’il ne faut pas se tenir résolument aux côtés de la population d’Alep assiégée et massacrée, et qu’il ne faudra pas se tenir demain aux côtés des populations des autres villes syriennes déjà assiégées et bientôt massacrées.

    Ce qui n’est pas, tu l’avoueras, le moindre des paradoxes.

    « Les plus méchants ne sont pas nécessairement ceux que l’on croit. »

    J’avais en effet cru comprendre que ce qui constituait le patrimoine génétique commun de la gauche anti-impérialiste, c’était d’être aux côtés des peuples écrasés par les États impérialistes et leurs alliés. J’avais cru comprendre que dans ce patrimoine génétique que nous semblions partager, on ne transigeait pas avec la solidarité internationale. Et j’avais espéré que malgré tes positions parfois plus qu’ambigües quant à la tragédie syrienne, le martyr d’Alep te ramènerait à la raison, et à la maison.

    Mais non. Tu t’obstines. Tu t’obstines à tenter d’expliquer que l’on ne peut pas prendre partie pour la population massacrée à Alep. Tu t’obstines à tenter d’expliquer que « les choses ne sont pas si simples ». Tu t’obstines à tenter d’expliquer que dans cette « guerre », il n’y a pas « des gentils d’un côté et des méchants de l’autre », et qu’il faut ainsi savoir raison garder et ne pas céder à la facilité.

    Car toi, bien évidemment, « camarade », tu ne cèdes pas à la facilité. Jamais. Tu nous proposes d’ailleurs ton analyse complexe, pleine de hauteur et de nuance, qui ressemble à peu près à ceci : « Non, Assad n’est pas un démocrate, et les pays qui le soutiennent ne sont pas franchement des modèles non plus. Mais attention : la soi-disant rébellion syrienne est en réalité majoritairement composée de forces issues de l’islam intégriste, voire jihadiste, téléguidées et armées par des régimes réactionnaires comme l’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie, voire par les parrains occidentaux de ces derniers, notamment les États-Unis et la France. »

    Conclusion : « Prudence, les plus méchants ne sont pas nécessairement ceux que l’on croit. »

    La population syrienne, tu connais ?

    Le premier problème avec ton analyse, « camarade », est qu’elle « oublie » un acteur essentiel : la population syrienne. Tu sembles en effet « oublier » que le point de départ des « événements » en Syrie n’est pas une intervention saoudienne, états-unienne, qatarie ou turque. Ni même russe. Le point de départ de tout cela, c’est qu’en mars 2011 des centaines de milliers de Syriens se sont soulevés contre un régime dictatorial et prédateur, comme en Tunisie, comme en Égypte, comme en Libye. Et que si Assad et ses sbires n’avaient pas fait le choix de réprimer ce soulèvement dans le sang, avec plus de 5000 morts et des dizaines de milliers d’arrestations durant l’année 2011, ils seraient eux aussi tombés sous la pression populaire.

    Et nous parlons bien de l’année 2011, cette année où, souviens-toi, « camarade », tu t’enthousiasmais pour les autres soulèvements dans la région. « Le peuple veut la chute du régime », tu te rappelles ? Tu l’as peut-être même chanté dans les rues d’une ville française, toi qui es si épris de liberté, de justice sociale et de démocratie. En Syrie aussi, on le chantait, avec les mêmes revendications économiques, sociales et politiques que dans les autres pays de la région touchés par le soulèvement, et Ryad, Doha, Paris ou Washington n’avaient rien à voir avec ça. Si tu t’intéresses de si près à la chose syrienne, tu dois d’ailleurs savoir qu’à chaque fois qu’il y a eu une trêve au cours des dernières années, les manifestations ont recommencé. Que sans l’intervention de l’Iran, puis de la Russie, le régime serait tombé, sous la pression des Syriens, pas de quelques milliers de « combattants étrangers » – qui sont arrivés, soit dit en passant, bien après que le régime eut tué des milliers de Syriens désarmés, et fait sortir de prison des dizaines, voire des centaines, de « jihadistes », t’es-tu déja demandé pourquoi ? Et que oui, les racines de la « crise » syrienne sont bel et bien la contestation populaire d’un clan et la réponse de ce dernier : tout détruire plutôt que de perdre son pouvoir et ses prébendes.

    À moins que tu ne veuilles signifier que depuis le début les Syriens sont « manipulés » par les pays occidentaux, que tout ça n’est, au fond, qu’une histoire d’hydrocarbures, et que le soulèvement syrien était téléguidé depuis l’extérieur par des puissances qui n’ont qu’à appuyer sur un bouton pour que des populations se soulèvent. Mais je n’ose même pas le penser : tu n’es pas de ceux qui estiment que les Arabes sont tellement benêts qu’ils ne sont pas capables de penser par eux-mêmes et que quand ils se mettent à se mobiliser et à revendiquer en pensant « justice sociale », quitte à risquer de perdre leur vie, c’est forcément parce qu’ils sont manipulés par des Occidentaux qui pensent « hydrocarbures ».

    Pas vrai, « camarade » ?

    Lance-roquettes contre aviation

    Le deuxième problème avec ton analyse, « camarade », est que tu mets sur le même plan, d’une part, le « soutien » apporté par la Russie et l’Iran à Assad et, d’autre part, le « soutien » apporté par les États-Unis, la France, la Turquie et les monarchies du Golfe aux forces d’opposition syriennes. Tu essaies de faire croire qu’il n’y aurait pas une supériorité militaire écrasante du régime Assad et de ses alliés et qu’après tout, pour reprendre, en la modifiant à peine, une formule en vogue dans un pays frontalier de la Syrie, « Assad a le droit de se défendre ».

    Mais oses-tu réellement comparer, d’une part, les milliers de « conseillers militaires » et l’armement iraniens, les milliers de combattants du Hezbollah et, surtout, l’aviation russe (ainsi que les véhicules et l’armement lourd fournis par la Russie, 2ème puissance militaire mondiale) qui viennent en appui à un État et une armée régulière et, d’autre part, les armes légères, les lance-roquettes et lance-missiles vétustes fournis ou financés par les monarchies du Golfe ou la Turquie et les armes légères, les lance-roquettes, les quelques armes anti-char et les systèmes de communication et dispositifs de vision nocturne fournis, au compte-goutte, par les États-Unis et la France ?

    Sais-tu que ce que demandent les forces d’opposition syriennes depuis le début ce sont des missiles anti-aériens, pour pouvoir se défendre contre les avions de la mort de Poutine et d’Assad, et que ce sont les États-Unis qui ont systématiquement mis leur veto à la livraison de telles armes ? Sais-tu qu’au début de l’année 2014, après l’échec de la conférence de « Genève 2 », les Saoudiens ont pour la première fois suggéré de livrer des lance-missiles aux forces d’opposition syriennes, que les États-Unis s’y sont opposés, et qu’ils n’ont pas changé de position depuis ? Les États-Unis qui ne voulaient pas, qui ne veulent pas, que ces armes tombent « entre de mauvaises mains », et qui ne veulent surtout pas que l’appareil d’État syrien soit détruit car ils ont tiré, contrairement à d’autres, les bilans de leur brillante intervention en Iraq.

    Pose-toi la question : elles sont où, les terribles armes des forces d’opposition ? Penses-tu sérieusement qu’Assad aurait pu bombarder des quartiers entiers depuis des hélicoptères volant à basse altitude si les opposants syriens disposaient d’un réel armement ?

    Et te souviens-tu qu’en mai dernier l’ambassade de Russie en Grande-Bretagne, qui doit pourtant être bien renseignée et qui, si elle avait des preuves du surarmement des opposants à Assad, les exhiberait, en était réduite à tweeter des images extraites d’un jeu vidéo (!) pour « démontrer » que les forces d’opposition syriennes recevaient des armes chimiques ?

    Alors soyons sérieux, tu veux bien ?

    Qui détruit la Syrie ?

    Le troisième problème avec ton analyse, « camarade », est que tu oublies tout simplement une donnée fondamentale : les faits. Car tu pourras toujours me dire que ce que je viens d’écrire est impossible à prouver, même si ce sont les acteurs principaux de ce « non-soutien » et les « non-soutenus » qui en ont témoigné, et qui continuent de le faire, car peut-être, après tout, sont-ils de fieffés menteurs.

    Mais si tu veux absolument des preuves, contente-toi d’ouvrir les yeux et pose-toi cette question simple : comment la Syrie a-t-elle pu être détruite ? Quand tu commentes les images des villes rasées en disant qu’il y a « de la violence des deux côtés », tu occultes un détail : qui possède les armes nécessaires pour des destructions d’une telle ampleur ? Pour le dire autrement : qui peut mener des bombardements ? Où sont les avions des forces d’opposition syriennes ? Où sont les hélicoptères des forces d’opposition syriennes ? Où sont leurs tanks ? Cachés sous terre, comme la surpuissante armée de Saddam Hussein qui menaçait le monde entier ? Combien les forces d’opposition syriennes ont-elles détruit d’avions ? Sais-tu qu’en 2013, lorsqu’elles ont abattu deux hélicoptères, il s’agissait d’un événement tellement rare qu’elles l’ont célébré en grande pompe et qu’elles ont diffusé partout des images de leur « exploit » ? Deux hélicoptères ! À l’époque, je n’ai pas pu m’empêcher de penser aux Gazaouis célébrant la chute accidentelle d’un drone israélien…

    La « coalition » menée par les États-Unis intervient militairement, objectes-tu. Mais peux-tu me faire la liste des bombardements menés par cette « coalition » contre les forces armées du régime d’Assad ou contre les forces armées qui le soutiennent ? Non, ne perds pas ton temps à chercher, car je me renseigne moi-même quotidiennement auprès de sources sûres : d’après le régime de Damas et les médias qui relaient sa communication, sources que l’on ne peut guère soupçonner de vouloir dissimuler ce type de bombardements, la chose est arrivée… deux fois. La première fois, c’était en décembre 2015 (4 morts), dans la région de Deir ez-Zor, la « coalition » démentant avoir visé l’armée syrienne et affirmant qu’elle avait bombardé Daech. La deuxième fois, c’était en septembre 2016 (entre 50 et 80 morts selon les sources), près de l’aéroport de Deir ez-Zor, la « coalition » reconnaissant cette fois-ci avoir bombardé les positions du régime et présentant des excuses officielles à Bachar al-Assad et à Vladimir Poutine.

    En résumé, et sauf erreur de ma part (nul n’est infaillible), la « coalition », qui revendique environ 5000 « frappes » sur la Syrie, a ciblé deux fois, depuis le début de sa campagne de bombardements en 2014, le régime Assad, dont une fois où elle s’est « excusée ». À noter, donc, dans ton calepin : « les véritables opérations militaires menées par la « coalition » ont visé Daech et d’autres groupes « jihadistes », et non Assad et ses alliés ».

    Pour finir, quelques remarques « préventives »

    Il y a bien d’autres problèmes avec ton analyse, « camarade », mais je ne veux pas abuser de ton temps. D’ailleurs, pour avoir eu souvent l’occasion de discuter de vive voix avec toi de ces « problèmes d’analyse » en confrontant, à ta « géopolitique » et à ton « anti-impérialisme », les faits et la chronologie réelle des événements, je sais que tu n’aimes pas trop ça, les faits. Ils sont vraiment trop têtus.

    Car c’est beaucoup plus simple de venir provoquer ou semer le trouble via des posts/commentaires Facebook ou dans des forums de discussion que de prendre le temps d’avoir un échange un peu précis et argumenté.

    Alors au cas où tu serais quand même tenté de céder à la facilité et de vouloir jouer à ce petit jeu, je te soumets quelques remarques « préventives » :

    • Avant de me dire que je défends les mêmes positions que les États-Unis, la France, l’Arabie saoudite, le Qatar, BHL ou quelques autres « compagnons encombrants », souviens-toi que, si on raisonne de la sorte, tu défends de ton côté les mêmes positions que la Russie, l’Iran, le maréchal Sissi, François Fillon ou Marine Le Pen, et demande-toi si c’est un argument.
    • Avant de me dire qu’Israël a bombardé, depuis 2011, à une quinzaine de reprises, des positions du régime Assad, et que ceux qui sont contre Assad sont donc avec Israël, souviens-toi qu’en juin dernier Poutine déclarait, au terme d’une rencontre avec Netanyahu avec lequel il venait de signer plusieurs accords commerciaux, ce qui suit : « Nous avons évoqué la nécessité d’efforts conjoints dans la lutte contre le terrorisme international. Sur ce plan, nous sommes des alliés. Nos deux pays ont une expérience importante en matière de lutte contre l’extrémisme. Nous allons donc renforcer nos contacts avec nos partenaires israéliens dans ce domaine ». Et demande-toi si c’est un argument.

    • Avant de me dire que la rébellion syrienne en a appelé aux pays occidentaux pour recevoir des armes et bénéficier d’un appui militaire conséquent, notamment aérien, et que ça cache forcément quelque chose, souviens-toi que les forces kurdes que tu admires tant – à juste titre – depuis qu’elles ont repoussé Daech à Kobané ont fait exactement la même chose, et qu’elles ont, elles, obtenu cet appui, au point qu’elles ont remercié publiquement les États-Unis de leur soutien, et demande-toi si c’est un argument.

    • Avant de me dire que la rébellion syrienne, quand bien même on aurait pu avoir au départ de la sympathie pour elle, est aujourd’hui confisquée par des forces réactionnaires issues de l’islam politique, et que certaines de ces forces n’hésitent pas à s’en prendre violemment à des civils ou, variation sur le même thème, que c’est vraiment tragique de bombarder des civils mais que c’est parce que les terroristes se cachent parmi eux, quand ils ne les utilisent pas comme boucliers humains, souviens-toi que c’est le discours de ceux qui veulent justifier les campagnes de bombardements meurtriers sur Gaza, et demande-toi si c’est un argument.

    • Avant de me dire que les insurgés syriens sont des « alliés objectifs » de Daech, souviens-toi que Daech a été chassé d’Alep au début de l’année 2014 par ceux qui sont en train de se faire aujourd’hui massacrer par Assad, réfléchis ensuite au concept d’« allié objectif », et demande-toi si c’est un argument. Tu peux aussi repenser, si tu n’es pas convaincu, à ce qui a été rappelé plus haut à propos des véritables cibles des bombardements de la coalition, et te demander une deuxième fois si le coup de l’« allié objectif » est un argument.

    • Avant de me dire, enfin, que ceux qui dénoncent Assad et Poutine « oublient » de dénoncer les massacres commis par les grandes puissances occidentales et par leurs alliés, sache que parmi ceux qui se mobilisent pour Alep, nous sommes nombreux à nous être mobilisés pour Gaza, contre les interventions militaires en Afghanistan, en Iraq, en Libye ou ailleurs, et que nous ne renonçons pas, contrairement à toi qui as choisi de ne pas être dans la rue hier soir pour dénoncer la boucherie en cours, à notre cohérence politique, à nos idéaux et à l’anti-impérialisme. Et demande-toi si c’est un argument.

    ***

    Voilà donc, « camarade », ce que je voulais te dire. Le ton n’est pas très agréable, j’en conviens, mais ce n’est pas grand chose à côté de l’indifférence, parfois même du mépris que tu affiches vis-à-vis du martyr d’Alep.

    Tu feras ce que tu veux de cette lettre, et tu as bien évidemment le droit de continuer à te gargariser de ta vision « géopolitique » à courte vue et de ton « anti-impéralisme » pavlovien pendant que les Syriens crèvent sous les bombes de Poutine et d’Assad, et sous tes yeux.

    On ne parle pas ici d’un exercice de rhétorique sur Facebook par commentaires interposés, mais de milliers, de dizaines de milliers de vies. On ne parle pas d’une divergence entre nous sur l’appréciation de tel ou tel événement, mais de ton silence complice ou de tes misérables contorsions face à l’une des plus grandes tragédies de notre temps. On ne parle pas d’un simple désaccord politique, mais d’une véritable rupture.

    Je ne sais pas quand nous nous parlerons la prochaine fois, « camarade ». Mais ce que je sais, c’est que si tu persistes, et malheureusement je crois que c’est ce que tu vas faire, il n’y aura même plus de guillemets, car il n’y aura plus de camarade.

    Je te laisse avec le Che, qui a quelque chose à te dire :

    « Surtout, soyez toujours capables de ressentir au plus profond de votre cœur n’importe quelle injustice commise contre n’importe qui, où que ce soit dans le monde. C’est la plus belle qualité d’un révolutionnaire. »

    Julien Salingue, le 15 décembre 2016

    PS : Non, je n’ai pas mis de notes. Ce n’est pas dans mes habitudes de ne pas indiquer de références, mais tu auras probablement compris que c’est volontaire. Car comme tu es très doué pour faire des recherches sur internet (et ailleurs ?), on sait très bien toi et moi que tu pourras retrouver l’ensemble des sources utilisées ici.

    http://www.anti-k.org/

  • Alep : honte à la prétendue « communauté internationale » ! (Tendance Claire du NPA)

    À bas la guerre et vive le droit des peuples à l’auto-détermination !

    Selon les dernières estimations, près de 90 % d'Alep Est est passé sous domination des forces pro-Assad, grâce au soutien militaire des Russes et des forces confessionnelles chiites iraniennes et du Hezbollah libanais. Après 130 jours de bombardements et de combats au sol, la ville n'est plus qu'un amas de ruines destiné a figurer l'intransigeance du régime autoritaire tenu d'une main de fer par Assad et ses alliés.

    Alep, foyer du processus révolutionnaire syrien entamé en mars 2011 et malheureusement très vite refermé, est aujourd’hui une ville martyre. La catastrophe humanitaire est le résultat de 5 années d’interventionnisme des puissances étrangères, qui ont abreuvé en armes et soutenu militairement le régime d’Assad et les différentes factions islamistes.

    A l'heure où la ville va tomber entre les mains vengeresses de Bachar Al Assad et où Donald Trump, ainsi que François Fillon en France, se rapprochent de Poutine, la responsabilité des organisations communistes internationalistes est de soutenir sans failles le peuple syrien victime de s'être élevé contre un régime dictatorial.

    D'une contestation pacifique à une guerre totale, bref retour sur 5 années de conflit

    En mars 2011, dans le sillon des processus révolutionnaires qui ont émergé dans les pays du Maghreb, la population syrienne se dresse contre Assad dans un élan démocratique large. Si dès le début du mouvement les Syrien.ne.s scandaient des slogans politiques d'unité, Assad a à l'inverse dénoncé une prétendue sédition confessionnelle, dépolitisant de fait l'élan contestataire.

    Dès lors, la répression de la part du régime fut sanglante : près de 2 600 victimes furent à déplorer1, entraînant de fait la militarisation d'une mobilisation avant tout pacifique.

    Fin 2011-début 2012, l'Armée Syrienne Libre entame un conflit ouvert contre le tyran Bachard Al Assad. L’ASL est d’emblée dominée par des « laïques » pro-occidentaux et différentes factions islamistes. De là commence à se jouer le jeu des puissances régionales et internationales : ne pouvant intervenir directement en Syrie, les occidentaux, États-Unis en tête, financent et soutiennent les insurgé.e.s. Rapidement pourtant, et face à la main de fer d’Assad sur le pouvoir, l'ASL est en proie à de nombreux conflits internes dus notamment à la multitude de composantes politiques et confessionnelles dont elle émane. De fait, l’hétérogénéité de l'ASL fut source de grandes divisions au sein de l’opposition à Bachar.

    Progressivement, celui-ci a libéré les prisonniers djihadistes. La guerre civile syrienne fut donc un terreau fertile où ceux-ci purent s'implanter, dans un territoire en proie à l'instabilité chronique. C'est dans ces conditions que l'Organisation Etat Islamique se développa, sponsorisée par des puissances étrangères régionales.

    Cette islamisation du conflit fut le prétexte de son internationalisation : en 2014, une coalition regroupant plus de 40 pays frappa la Syrie où l'Organisation Etat Islamique était implantée2.

    Dès 2015 et principalement depuis 2016, les alliés du régime de Assad, a savoir les Russes, les Iraniens et le Hezbollah libanais ont profité de ce prétexte pour intensifier les frappes contre les régions contrôlées par les rebelles syriens, au motif que ceux-ci étaient principalement des islamistes membres ou pro Daesh (ce qui était vrai).

    Alep, foyer de la révolution et de la résistance syrienne est aujourd’hui en passe d'être totalement reprise par les forces pro-Assad. Cela au prix de milliers de morts, hommes, femmes et enfants et de centaines de milliers de déplacé.e.s. Il est aujourd'hui certain que Bachar a utilisé des armes chimiques contre son peuple3. De même, il est certain que les hôpitaux ont été délibérément bombardés4 La ville, comptant autrefois près d'un million et demi d'habitant.e.s, en abrite aujourd’hui entre cent et cent cinquante mille. Si de prétendus « couloir humanitaires » ont été mis en place par la Russie ou le régime, les habitant.e.s refusent de les emprunter : ce sont en réalité des filets où les hommes sont soit suspectés d'être des rebelles et donc séquestrés soit enrôlés de force dans l'armée du dictateur Bachar. Les femmes et les enfants subissent le sort des victimes des guerres, que nous préférons ne pas détailler ici par décence.

    Honte à la prétendue « communauté internationale » et à ses dirigeants qui ont montré leur vrai visage : celui d'ordures ne défendant que leur propres intérêts.

    Ha ! illes étaient joli.e.s les Duflot, Mariton et Mennucci annonçant fièrement leur départ pour Alep dimanche soir, dans le but de « lancer le message d'arrêter les massacres », de faire « un geste de solidarité »5. Illes ont été refoulé.e.s a la frontière turque ce lundi prouvant s'il le fallait encore l’incapacité complète des gouvernements à faire autre chose que la guerre pour préserver leur intérêts.

    Washington, de son côté a lancé des piques, faisant semblant de s'émouvoir de la situation, accusant le régime syrien de « crimes contre l'humanité ».

    Enfin, pour terminer cette liste de la honte, notons la résolution de l'assemblée générale de l'ONU qui a voté une trêve immédiate en Syrie mais qui est consciente de son inutilité6 : la trêve ne pourra pas être appliquée suite au sixième veto russe.

    Les médias occidentaux nous font pleurer sur Alep (où la situation est effectivement dramatique et révoltante) pour mieux se taire sur les méfaits de notre impérialisme. Ils instrumentalisent le drame horrible d’Alep pour pousser à une escalade militaire. Mais notre impérialisme ou celui des USA ne vaut guère mieux que le soutien de Poutine à Assad. Notre impérialisme a couvert le soutien turc à Daesh, il bombarde aussi en Syrie et en Irak. Mossoul est aujourd’hui sous les bombes occidentales, qui ne valent guère mieux que les bombes de Poutine. La Syrie crève des ingérences étrangères depuis 5 ans.

    Malgré cette situation dramatique, nous ne pouvons pour autant en appeler à la « communauté internationale » pour « sauver » le peuple syrien. A l'inverse, l'interventionnisme constant des impérialistes occidentaux dans la région n'a fait qu'accentuer les conflits sous couvert de protection de la démocratie, masquant en réalité la préservation des influences et des hégémonies.

    Aujourd'hui, aucune aide humanitaire ne peut être apportée en Syrie sans y joindre son lot de militaires, de bombes et de morts. De fait, si l'une des causes principales de cette guerre est son internationalisation, c'est à dire l'entrée en guerre directement ou indirectement de puissances impérialistes, nous devons en prendre acte et le dénoncer avec fermeté.

    Une des conditions pour une paix juste au Proche-Orient, même si cela semble aujourd’hui une perspective lointaine, n'est pas le renforcement de la présence de troupes occidentales mais au contraire au départ de celles-ci, quelles qu'elles soient.

    Aujourd'hui, l'urgence est de soutenir les forces progressistes de la région. Dans ce sens, nous devons soutenir la révolution kurde du Rojava qui combat tant Daesh en Syrie que les ambitions personnelles des dictateurs turcs et syrien.

    Nous devons de plus intervenir ici, en France, auprès des réfugié.e.s qui fuient des conflits dont illes sont les premières victimes.

    Nous devons plus que jamais construire un réel réseau de solidarité internationaliste pour faire face aux attaques que les peuples du monde entier subiront.

    Arrêt immédiat des bombardements russes sur Alep !

    Arrêt de toutes les interventions occidentales en Syrie et en Irak (Mossoul) !

    Solidarité avec le Rojava libéré du régime d’Assad et des forces islamistes !

    P.S : pour une information très complète sur la Syrie, nous recommandons grandement la lecture du blog de notre camarade Joseph Daher

    https://syriafreedomforever.wordpress.com/

    Gaston Lefranc, Nastrit Daul (15 décembre 2016)

     Notes:

    1 http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2011/09/15/syrie-six-mois-de-revolte-et-de-repression_1572834_3218.html

    2 http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2014/09/15/etat-des-lieux-des-participants-a-la-coalition-contre-l-etat-islamique_4487310_3218.html

    3 http://www.rfi.fr/moyen-orient/20130604-syrie-gaz-sarin-fabius-damas-assad-etats-unis

    4 http://www.lefigaro.fr/international/2016/09/28/01003-20160928ARTFIG00189-syrie-les-deux-plus-grands-hopitaux-d-alep-bombardes.php

    5 http://www.lexpress.fr/actualite/politique/trois-deputes-francais-a-alep-pour-affirmer-un-soutien-a-la-population_1859138.html

    6 http://www.europe1.fr/international/lassemblee-generale-de-lonu-vote-une-resolution-pour-une-treve-immediate-en-syrie-2923346

    http://tendanceclaire.org

  • Désigner enfin l'impérialisme russe pour ce qu'il est en Syrie (Le Huffinton Post)

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    Un dessein impérial qui fait fi des peuples, s'engage aux côtés d'un des plus barbares despotes de ce temps et permet à Daech de proliférer encore et encore. C'est cela l'impérialisme russe en Syrie.

    Certains esprits simples, en France et au-delà, ne peuvent concevoir l'impérialisme que comme américain, ou en tout cas occidental.

    On rappellera la définition du Larousse de ce "phénomène ou doctrine d'expansion et de domination collective ou individuelle". Jamais la Russie n'a été historiquement présente en Syrie, où se sont pourtant succédé les empires de diverses obédiences. Et, contrairement à une vulgate peu éclairée, Moscou n'est pas intervenu en 2011 aux côtés du régime Assad pour défendre de supposés acquis stratégiques: la base maritime de Tartous, sur la Méditerranée, était alors désactivée ; les Assad père et fils avaient accumulé sur des décen- nies les dettes impayées à l'égard de Moscou, sans avoir montré la moindre disponibilité à les régler ; enfin, aucune menace militaire sérieuse ne pesait sur le régime Assad en 2011, confronté qu'il était alors à des manifestations largement pacifiques.

    Vladimir Poutine s'est bel et bien engagé sans réserve aux côtés de Bachar al-Assad, dès le printemps 2011, en cohérence avec une vision du monde partagée et en application d'un dessein impérial longuement mûri.

    Cette vision commune à Poutine et Bachar repose sur la primauté absolue des régimes contre les peuples, dont les contestations ne peuvent être que le fruit de conspirations ourdies à l'étranger, d'où la légitimité à les traiter militairement comme une menace extérieure. Le dessein impérial de Poutine se nourrit de l'expérience historique : une puissance à vocation internationale doit consolider ce statut au Moyen-Orient, pour le meilleur (Bush père et le "nouvel ordre mondial" en 1991) ou pour le pire (Bush fils et l'invasion de l'Irak en 2003). Poutine a donc investi à fonds perdus en Syrie en armements, financement et soutien diplomatique, escomptant bien en être récompensé au centuple.

    Ce pari niait toute existence autonome d'un peuple syrien, et naturellement tout droit à l'autodétermina- tion pour la population de Syrie.

    Il rejoignait paradoxalement la vision du monde d'un Barack Obama de plus en plus désabusé, crispé sur la logique interétatique qui devait déboucher, reconnaissons-le, sur la conclusion, en juillet 2015, d'un accord sur le nucléaire iranien. Cet accord, pour la signature duquel Washington avait suspendu toute avancée sérieuse sur le dossier syrien, était censé favoriser la paix et la stabilité sur le moyen et le long terme dans la région. Deux mois plus tard, la Russie s'engageait massivement en Syrie, et directement cette fois, après un véritable discours-programme de Poutine à la tribune des Nations-Unies. Discours dont la tonalité "souverainiste" pouvait se résumer à : Vive les régimes et à bas les peuples !

    Les cinq années écoulées ont vu la Russie mener une véritable "guerre froide à sens unique", où Poutine a naturellement engrangé les succès, tant Obama était pressé de reculer pour éviter toute tension sérieuse au Moyen-Orient. La métaphore graphique de David B., en exergue de ce texte, est à cet égard éclairante. Elle nous rappelle que Poutine n'a jamais pu faire que ce qu'on lui a laissé faire. Que son expansion en Syrie, avec réactivation d'un port de Tartous désormais largement doté, puis établissement d'une base aérienne de premier rang à Lattaquié, n'a été rendue possible que par l'abandon du peuple syrien à cette machine de guerre. On voit avec le recul comment l'institution d'une "zone de sécurité" à la frontière turque aurait pu à la fois enrayer le flux des réfugiés et enraciner une "troisième voie" hostile à Assad comme à Daech.

    Au lieu de cela, le monde a laissé la Russie établir sa propre "zone de sécurité" au nord de la Syrie, par le déploiement de ses batteries anti-aériennes les plus avancées.

    Le calvaire d'Alep en est la conséquence directe, avec liberté absolue pour les bombardiers de Poutine et d'Assad de pilonner des zones résidentielles, tout en interdisant à l'ONU, déjà privée d'accès au sol, d'opérer des largages humanitaires par voie aérienne. Pendant ce temps là, Daech, ostensiblement épargné par les frappes russes, continue de recruter et d'inspirer des attentats dans le monde entier depuis la ville syrienne de Raqqa, dans la vallée de l'Euphrate. Daech a même profité de l'acharnement de Poutine et d'Assad contre Alep pour s'emparer de nouveau de Palmyre, que Moscou prétendait avec emphase avoir "libéré" en mars 2016.

    Résumons donc : un dessein impérial qui fait fi des peuples, s'engage aux côtés d'un des plus barbares despotes de ce temps et permet à Daech de proliférer encore et encore. C'est cela l'impérialisme russe en Syrie et c'est en ces termes qu'il faut le désigner. Pour l'heure, le chef de la diplomatie russe peut publiquement accuser les Etats-Unis d'avoir encouragé l'offensive de Daech à Palmyre. Et son homologue américain, toute honte bue, se borne en écho à exhorter la Russie à la "compassion" envers la population d'Alep, abandonnée de tous. Voici venu le temps des assassins.

    Professeur des universités, en charge du Moyen-Orient à Sciences Po (Paris)

    http://www.huffingtonpost.fr/

  • La destruction d’Alep et la barbarie du monde capitaliste (Lutte Ouvrière)

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    Alep agonise sous les bombes.

    Depuis plusieurs mois, les habitants de cette ville grande comme Marseille sont pilonnés par l’armée syrienne soutenue par la Russie. « Les rues sont pleines de gens sous les décombres. Ils meurent parce qu’on ne peut pas les sortir de là », expliquent les secouristes. Même les hôpitaux sont pris pour cible, tandis que l’armée reprend rue par rue les quartiers qui lui échappaient encore.

    Les grandes puissances se renvoient la balle.

    Le rôle de la Russie est certes révoltant. Et que penser de politiciens comme Le Pen ou Fillon qui font l’éloge de Poutine ! ( Et Jean Luc Mélenchon, note du Blog) Mais Hollande et Obama sont bien mal placés pour s’indigner et crier au crime contre l’humanité. Car les grandes puissances ont une responsabilité écrasante dans l’évolution qui a conduit à la situation actuelle.

    Il n’y a pas si longtemps, elles soutenaient la dictature féroce d’Assad, que Sarkozy avait invité en 2008 pour le défilé du 14 juillet.

    Puis en 2011, lors des « printemps arabes », les dirigeants occidentaux l’ont lâché. Ils ont soutenu des milices, y compris celles d’islamistes aussi barbares que le régime. Trois ans plus tard, après que cette politique eut permis aux islamistes de prendre le contrôle d’un vaste territoire, les grandes puissances ont de nouveau changé d’orientation. Elles critiquent Assad et Poutine, mais leur laissent faire le sale boulot, tandis qu’elles-mêmes mènent la guerre contre les islamistes dans d’autres parties de la Syrie et en Irak, comme à Mossoul, aujourd’hui ravagé par des combats terribles.

    En cinq ans, la guerre en Syrie aurait fait 400 000 morts, 12 millions de réfugiés, dont 4 millions sont partis à l’étranger.

    Les dirigeants occidentaux versent aujourd’hui des larmes de crocodile. Leur sollicitude ne va pas jusqu’à ouvrir la porte aux Syriens. Si ceux-ci parviennent à fuir cet enfer et tentent de se réfugier en Occident, ils se heurtent aux barbelés dressés par l’Europe-forteresse ou par la Turquie avec l’argent européen. Et c’est souvent alors la Méditerranée qui devient leur cimetière, comme cela a encore été le cas la semaine dernière.

    La politique des puissances occidentales n’a jamais été guidée par les intérêts des peuples, mais toujours par la cupidité. Le Moyen-Orient et son pétrole font depuis longtemps l’objet de leurs convoitises. Pendant la Première Guerre mondiale, Français et Britanniques se sont partagé l’Empire ottoman, et la Syrie est passée sous domination française. Depuis, les pays de la région sont peut-être indépendants mais les puissances occidentales continuent de les piller, au prix de guerres terribles. Et, aujourd’hui encore, le marchand de canons Dassault ou le cimentier Lafarge font leur beurre sur la dévastation de la Syrie.

    Les dirigeants français expliquent qu’en combattant là-bas ils luttent contre le terrorisme. Quelle hypocrisie ! En réalité, ils l’alimentent, par leur politique impérialiste. Les attentats en France ont été un contrecoup de la guerre de l’autre côté de la Méditerranée.

    Cette guerre implique déjà l’Iran, les monarchies du Golfe, les États occidentaux, la Russie et le régime turc, en guerre contre sa minorité kurde. Et l’histoire du 20e siècle nous rappelle qu’un conflit en apparence lointain et secondaire peut déboucher sur une guerre généralisée.

    Alors, Alep est certes loin, mais ce qui se passe là-bas nous concerne, car c’est peut-être de notre avenir qu’il s’agit. Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage, disait Jaurès. Syrie, Irak, Afghanistan, Ukraine, Soudan, Libye… le monde est aujourd’hui à feu et à sang.

    Le capitalisme, c’est d’abord l’exploitation de la classe ouvrière, les bas salaires et la menace permanente du chômage. Rien que cela justifie d’y mettre fin. Mais en outre ce système dément, qui repose sur la concurrence féroce entre firmes et entre États, menace en permanence de conduire toute l’humanité dans la guerre. Les ouvriers français ou allemands d’avant 1914 étaient durement exploités. Mais ce qui les attendait, l’enfer des tranchées et de Verdun, était pire encore.

    Alors, nous débarrasser du capitalisme, ôter aux grandes entreprises leur mainmise sur toute l’économie, est vital. C’est vital pour mettre fin aux inégalités et à l’exploitation du travail salarié. Mais c’est vital aussi pour mettre fin aux guerres engendrées par la convoitise des grandes firmes et des grandes puissances. Sans cela, nous aurons tôt ou tard d’autres Alep et d’autres Mossoul, non seulement de l’autre côté de la Méditerranée, mais à nos portes et dans nos villes.

    14 Décembre 2016

    http://journal.lutte-ouvriere.org/

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