Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Berbères, Kurdes...(minorités nationales) - Page 2

  • Non à la répression ! Solidarité avec les luttes des masses populaires du Rif ! (PST)

    PST.jpg

    Non à la répression !
    Solidarité avec les luttes des masses populaires du Rif !

    Depuis plusieurs mois, une formidable mobilisation populaire a embrassé toute la région du Rif marocain pour exiger le jugement et le châtiment des responsables de la mort du jeune vendeur de poissons Mohsen Fikri, broyé dans une benne à ordures en octobre 2016.

    Organisé démocratiquement et structuré autour des comités de base, le mouvement populaire du Rif a pris une ampleur sans précédent, après avoir intégré d’autres revendications démocratiques et sociales rappelant le soulèvement du 20 février 2011 au Maroc.

    En effet, c’est contre la répression et la militarisation de la région d’El Hoceima d’une part et, d’autre part, pour le développement des infrastructures sociales, notamment dans l’éducation et la santé, que le mouvement s’est cristallisé. Mais, le soulèvement des masses populaires du Rif a fini par remettre en cause les politiques libérales, imposées par le FMI, la BM, l’UE et les diktats des multinationales, et qui n’ont engendré que l’austérité, la marginalisation, la paupérisation et le chômage de masse.

    Après avoir misé vainement sur son essoufflement et son isolement, le régime monarchique et répressif marocain a tenté sans succès de discréditer le mouvement populaire en l’accusant d’être à la solde de l’étranger et qu’il vise à semer « le chaos et l’insécurité ». Face à la résistance du mouvement et la perspective de son développement dans d’autres régions du pays, le régime a enclenché, depuis le vendredi 28 mai, une répression criminelle de grande ampleur et une vague d’arrestations des principaux dirigeants du mouvement.

    Le PST dénonce la répression et les arrestations arbitraires qui s’abattent sur la population du Rif et des autres régions du Maroc et exprime sa solidarité avec les militants et les détenus du mouvement populaire du Rif.

    Le PST appelle les forces politiques, les syndicats et le mouvement associatif algériens à se solidariser avec la lutte du peuple marocain et à dénoncer la répression et les atteintes aux libertés démocratiques au Maroc.

    Non à la répression du Rif ! Solidarité avec les luttes du peuple marocain !
    Liberté pour Zefzafi et ses camarades !
    Pour le respect des libertés démocratiques au Maroc !
    Pour la satisfaction des revendications légitimes des masses populaires du Rif !
    Vive la solidarité et la lutte des peuples pour la liberté, la dignité et la justice sociale !

    Secrétariat National.
    Alger, le 30 mai 2017

    Parti Socialiste Des Travailleurs
  • Maroc. Les rebelles du Rif dans le viseur du roi Mohammed VI (L'Humanité + El Watan)

    Nasser Zefzafi est accusé d’atteinte à la sûreté de l’état. Youssef Boudlal/Reuters
    Nasser Zefzafi est accusé d’atteinte à la sûreté de l’état. Youssef Boudlal/Reuters
     

    Le Rif marocain est secoué depuis huit mois par un soulèvement populaire.

    Aux revendications sociales et culturelles de cette région marginalisée, le Palais répond par la répression. Nasser Zefzafi, porte-voix de la contestation, a été arrêté.

    Fin de cavale pour Nasser Zefzafi. Hier après-midi, les autorités marocaines ont annoncé l’arrestation de cette figure du soulèvement populaire qui secoue depuis huit mois le Rif, dans le nord du pays. Cette région traditionnellement rebelle s’est encore embrasée au mois d’octobre 2016 après la mort tragique de Mohcine Fikri, un poissonnier d’Al-Hoceima broyé par une benne à ordure alors qu’il tentait de récupérer sa marchandise, saisie par la police.

    Une illustration de la « hogra », du mépris du pouvoir central que dénoncent sans relâche, depuis, les protestataires de cette zone marginalisée. Vendredi, la situation s’est de nouveau brutalement tendue, lorsque Zefzafi a fait irruption dans la mosquée Mohammed-V, principal lieu de culte d’Al-Hoceima, pour interrompre un prêche hostile au « hirak » (la mouvance). L’imam reprochait aux manifestants de semer la « fitna », la discorde parmi les croyants. « Est-ce que les mosquées sont faites pour Dieu ou pour le makhzen (pouvoir – NDLR) ? » s’est exclamé le porte-voix de la contestation.

    Depuis cette altercation, Zefzafi était recherché pour avoir « insulté le prédicateur », « prononcé un discours provocateur » et « semé le trouble ».

    Entre-temps, des heurts ont encore éclaté, une quarantaine de personnes ont été arrêtées, chiffre sous-estimé selon certaines sources, qui parlent de 70 militants interpellés. Certains devaient comparaître dès hier devant la justice. D’autres, dont Zefzafi, ont été transférés au siège de la brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) à Casablanca. Ils font l’objet d’une enquête pour « atteinte à la sécurité intérieure de l’État », selon le procureur du roi à Al-Hoceima. Dans un contexte d’extrême tension, les défenseurs des droits humains dénoncent cette nouvelle vague de répression contre les animateurs d’un mouvement social pacifique.

    « Le centre d’Al-Hoceima est bouclé par la police pour empêcher toute manifestation.

    Dans toute la région, des maisons sont fouillées, des jeunes militants kidnappés, témoigne Faissal Aoussar, un responsable local de l’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH). Tout cela va envenimer la situation. La seule voie raisonnable serait d’écouter les Rifains, d’entendre leur soif de dignité et de respect, leurs revendications sociales, économiques, culturelles. »

    Les protestataires ont élaboré une solide plateforme revendicative, pour mettre fin au « blocus économique » infligé selon eux à la région, lutter contre « la corruption généralisée », créer des emplois, assurer le droit à l’éducation et à la formation pour tous, favoriser le développement de la région. Mais si la fracture est d’abord économique et sociale, elle se déploie aussi sur le terrain culturel et fait remonter à la surface un lourd contentieux historique.

    Les protestataires revendiquent fièrement leur filiation politique avec Abdelkrim El Khattabi, héros de la première guerre anticoloniale du XXe siècle (1921-1926), figure effacée de l’historiographie officielle, fondateur d’une éphémère république du Rif dont le drapeau rouge et blanc flotte sur les manifestations, un signe explicite de défi au pouvoir monarchique.

    Dans les mémoires, le souvenir de la révolte de 1958, écrasée dans le sang, reste vif.

    À l’époque, la région était devenue le théâtre d’une militarisation dont les contestataires demandent encore aujourd’hui la levée. Plus récemment, la passivité des autorités après le séisme de 2004, qui a fait plus de 600 morts, a attisé le sentiment de marginalisation.

    Cette région berbérophone réclame enfin la pleine reconnaissance de l’identité, du patrimoine culturel et de la langue amazigh.

    Celle-ci est inscrite depuis 2011 comme langue officielle dans la Constitution, mais sans effets sérieux sur l’administration et le système éducatif, dénoncent ses locuteurs. En guise de réponse à ce mouvement social et culturel profond, le makhzen manie l’accusation de séparatisme et crie au complot algérien. Pour mieux justifier ses opérations répressives et tenter d’isoler les rebelles du Rif. Sans succès : dimanche soir, des sit-in de solidarité ont eu lieu à Rabat, Casablanca, Tanger, Marrakech. Signe que le ras-le-bol de la « hogra » ne s’arrête pas aux montagnes du Rif.

  • Maroc Hirak: Grande manifestation à Al Hoceima, sit-in dispersés à Casablanca et Rabat (Tel Quel)

    Hirak: Grande manifestation à Al Hoceima, sit-in dispersés à Casablanca et Rabat
     

    Plusieurs manifestations et rassemblements de soutien au hirak se sont déroulées cette nuit, notamment à Al Hoceima. Certaines ont été rapidement dispersées par les forces de l'ordre.

    "Nous sommes tous Nasser Zafzafi". Portrait du leader récemment arrêté aux bouts des bras, plusieurs manifestants ont défilé cette nuit dans la ville d'Al Hoceima. Une foule "massive qui a rempli le quartier de Sidi Abid" rapporte notre journaliste. La presse internationale comme les policiers étaient massivement présents. Les avocats des prisonniers étaient aussi sur place pour réclamer leur libération. Le père de Nasser Zafzafi a également pris la parole en fin de l'événement pour remercier les participants et appeler à conserver le caractère "pacifique" des protestations. Un enregistrement sonore de Nasser Zafzafi a également été diffusé à la foule, mais nous n'avons pas pu en écouter la teneur exacte.

    Outre le grand rassemblement à Al Hoceima, plusieurs rassemblements de soutien ont eu lieu à Marrakech, Fès, Oujda et Nador. Des sit-in de soutien plus modestes se sont aussi déroulés dans de petites localités comme Martil. "Les rifains ne sont pas des awbach (sauvages)" pouvait-on entendre dans les lives diffusés par des participants à Martil.

    Dispersion de la foule

    A Casablanca et Rabat, les manifestants n'ont pas pu observer de sit in. La foule a été dispersée devant le parlement à Rabat, où se trouvait quelque 200 personnes, selon un journaliste de Telquel présent sur les lieux. Les manifestants ont à peine eu le temps de prononcer quelques slogans avant une charge des forces de l'ordre. Ils ont par la suite tenté de se regrouper près de la gare Rabat ville, mais ont de nouveau été dispersés. Les autorités ont continué de pourchasser les manifestants pour éviter tout rassemblement.

    A Casablanca, un rassemblement à l'appel du mouvement Anfass était prévu devant Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) où avaient été transférés les détenus du hirak. Sur place, notre journaliste décrit de nombreux policiers en civil, brassards orange sur l'épaule, dispersant rapidement les manifestants avant qu'ils ne puissent se regrouper. Les forces de l'ordre se sont déployées tout le long du boulevard Roudani, jusqu'aux intersections avec Zerktouni et Moulay Youssef.

    Selon nos confrères du Desk, des "policiers ont d’abord poussé les manifestants avant de les courser et les frapper à l’aide de matraques pour les disperser, non loin de l’Institut Français de Casablanca." Des points de contrôles auraient alors été établis pour empêcher les rassemblement. Toujours selon le desk, "les noeuds autoroutiers desservant la rocade et l’entrée sud de la ville et les bretelles des autoroutes A1  et A3" ont été filtrées.

    Les manifestants ont tout même réussis à se rassembler plus tard dans la soirée. Selon notre confrère Mohamed Ezzouak, directeur du site d'informations Yabiladi, qui appuie ses propos par un live vidéo retransmis par le média.

    mai 31
     

    Lire aussi : 

    Procès à Al Hoceima : 25 manifestants restent derrière les barreaux

  • Maroc Solidarité avec les mobilisations dans le Rif (Inprecor)

    © inprecor/jr

    Déclaration du Bureau de la IVe Internationale

    Depuis sept mois un mouvement de contestation populaire ne cesse de croître dans la région du Rif au nord du Maroc, et a culminé par un rassemblement de plusieurs dizaines de milliers de manifestants à Al-Hoceima le 18 mai dernier. Ce mouvement prend racine dans la mobilisation populaire qui s’est affirmée dans la région à partir du 20 février 2011, reprenant au Maroc la dynamique des soulèvements dans toute le Maghreb et le Moyen-Orient. Il a été relancé en octobre 2016 lorsque le jeune pêcheur Mohsen Fikri a été broyé dans une benne à ordures à Al-Hoceima.

    La population du Rif organisée dans des comités locaux, réclame le jugement des responsables de cette mort ainsi que de cinq autres rifains tués dans une agence bancaire lors des événements du 20 février 2011. Elle demande également la levée de la militarisation de la province d’Al Hoceima, l'arrêt des poursuites et du harcèlement contre les petits paysans, et porte d’autres revendications sociales concernant les services de santé, d'éducation et les infrastructures qui manquent aux habitants. C'est une indication claire de la faillite des politiques économiques et sociales promues par l'État marocain en vue de rembourser son énorme dette publique, qui se manifestent par la destruction du tissu productif, le pillage des ressources maritimes et forestières, la faiblesse des principaux services publics et l'absence d'emploi pour les jeunes

    Ces politiques néolibérales au profit du grand capital étranger et local, dictées par les institutions financières et commerciales internationales et les gouvernements des puissances impérialistes, sont mises en œuvre par des institutions marocaines corrompues et qui n’ont rien de démocratiques. Les divers organes gouvernementaux, sécuritaires et médiatiques du système monarchique cherchent à faire taire la voix de la population rifaine, à criminaliser le mouvement de contestation et à saper sa crédibilité pour qu’il ne serve pas d’exemple pour d'autres villes et régions du Maroc qui vivent dans les mêmes conditions de marginalisation, d’appauvrissement et de bafouement de la dignité.

    Nous saluons la lutte des Rifains leur organisation par la base, leur créativité et leur détermination, ainsi que les forces qui soutiennent cette lutte au Maroc.

    Nous condamnons la politique de répression et de désinformation de l'État marocain.

    Nous appelons à l'élargissement de la solidarité internationale, pour que ce mouvement obtienne la satisfaction de ses revendications permettant d’obtenir des améliorations significatives de leurs conditions de vie sociales, démocratiques et culturelles. Ce sont des revendications partagées par toutes les couches populaires marocaines et des pays proches, qui cherchent la voie de leur émancipation du despotisme politique et de l'exploitation capitaliste.

    Victoire pour la lutte populaire rifaine !

    Vive la lutte pour la liberté, la dignité et la justice sociale !

     29/05/2017

    http://www.inprecor.fr/

    Lire aussi:

    Articles

    Maroc

     

  • Maroc : le leader du Rif dans la clandestinité, situation explosive à Al-Hoceïma (Anti-k)

    Rif Maroc
    La situation est très tendue à Al-Hoceïma
     
    Les heurts se multiplient à Al-Hoceïma.
     
    Nasser Zefzafi, le leader de la contestation populaire dans la région, actuellement en fuite et recherché par la justice, a appelé à des manifestations pacifiques avant de rejoindre la clandestinité. La police a arrêté plusieurs de ses camarades du «Hirak» (mouvance).
     
    Dans la région du Rif, réputée frondeuse, la province d’Al-Hoceima est le théâtre de manifestations récurrentes depuis la mort fin octobre 2016 d’un vendeur de poisson, broyé accidentellement dans une benne à ordures. La situation est très tendue depuis vendredi 26 mai 2017. La police est intervenue en force samedi soir pour empêcher toute manifestation d’ampleur en soutien à Nasser Zefzafi, le leader de la contestation populaire, actuellement en fuite et recherché par la justice.

    Nasser Zefzafi fait l’objet d’un mandat d’arrêt pour avoir interrompu la prière du vendredi dans une mosquée de la ville. Vingt personnes, dont plusieurs militants connus de la contestation, ont été arrêtées depuis vendredi. Des heurts similaires ont été signalés dans la ville voisine d’Imzouren, où les forces de l’ordre sont là aussi intervenues pour disperser les rassemblements, selon des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux.

    Discours identitaire

    Au fil des mois, la contestation, menée par un petit groupe d’activistes locaux, a pris une tournure plus sociale et politique, exigeant le développement du Rif, dans un discours identitaire teinté de conservatisme et de références religieuses.

    Le Rif, berbérophone, entretient des rapports de méfiance avec le Makhzen (Palais royal). Ostracisée par Hassan II, la région a longtemps souffert du manque de développement économique. Al-Hoceima a aussi été l’un des principaux foyers de la contestation lors du mouvement du 20-Février, la version marocaine des Printemps arabes en 2011. L’un des éléments déclencheurs de ce mouvement de révolte avait été le suicide en Tunisie d’un vendeur ambulant qui s’était immolé en réaction à la saisie de sa marchandise.

    ​Qui est Nasser Zefzafi, la nouvelle figure du Rif ?

    «Le Rifain qui défie l’Etat», selon la formule de Tel Quel, est un homme très connecté. A 39 ans, Nasser Zefzafi a su s’imposer comme leader grâce à ses interventions sur les réseaux sociaux. Tribun hors-pair, ses discours enflammés contre les autorités trouvent écho auprès d’une population conservatrice. Ses dernières sorties médiatiques, notamment le discours moralisateur enflammé tenue à la mosquée, ont refroidi certains de ses concitoyens.  Un mélange de religieux, de gauchisme et de régionalisme.

    Rabat réalise que le tout répressif ne peut être la solution devant une fronde sociale si forte. Depuis une semaine, le Rif assiste à un véritable défilé de ministre. Pas moins sept d’entre eux se sont rendus sur place. L’Etat marocain a depuis annoncé la mise en œuvre d’un catalogue de projets de développement de la région, désormais une «priorité stratégique».

    Par Géopolis @GeopolisFTV

    Publié le 28/05/2017

    http://www.anti-k.org

  • Appel pour le Rif en lutte (CADTM)

     

    A toutes les victimes du despotisme, de l’oppression, à toutes celles et ceux qui voient leur dignité bafouée et qui aspirent à un Maroc démocratique.

    A tous ceux et toutes celles qui luttent contre l’injustice et pour un pays de liberté, de dignité et de justice sociale.

    A tous et à toutes les personnes solidaires et sympathisantes avec le mouvement de contestation populaire dans le Rif et ses revendications justes et légitimes.

    A tous ceux et toutes celles qui refusent la répression de la lutte des habitants du Rif et de leurs voix et l’arrestation de leurs activistes.

    ATTAC CADTM Maroc propose :


    - L’organisation d’une journée de colère au Maroc pour lever le siège sur le Rif ;
    - D’élargir la solidarité au niveau mondial.


    Le contexte du mouvement de contestation populaire

    Le mouvement de contestation populaire dans la région du Rif au nord du Maroc prend ses racines dans la mobilisation populaire qui a eu lieu dans la région lors des soulèvements du 20 février 2011. Il a été redynamisé par la mort fin octobre 2016 du vendeur de poisson Mohcine Fikri, broyé sauvagement dans une benne à ordures. La population du Rif réclame le jugement des responsables de la mort de Mohcine ainsi que de cinq autres Rifains tués dans une agence bancaire lors des événements du 20 février 2011. Elle demande également la levée de la militarisation de la province d’Al Hoceima qui devrait être déclarée comme une zone sinistrée, l’arrêt des poursuites contre les petits paysans, et plusieurs autres revendications sociales qui ont trait au modèle de développement que souhaitent réellement les habitants du Rif.


    L’incapacité de l’État à satisfaire les revendications

    Ces revendications sociales démontrent clairement la faillite des politiques économiques et sociales promues par l’État dans cette région, qui se manifeste par la destruction du tissu productif, le pillage des ressources maritimes et forestières, la faiblesse des principaux services publics comme les dispensaires, les universités, les écoles et l’absence d’emplois pour les jeunes.


    La dette et les politiques d’austérité sont bien la cause de nos malheurs

    Les grands choix économiques de l’État sont fondés sur la nécessité de rembourser une énorme dette publique en renforçant l’austérité pour les budgets sociaux, sur l’ouverture des secteurs rentables de notre pays aux capitaux étrangers, sur plus allègements fiscaux en faveur des riches, la généralisation de la corruption, l’expropriation des terres et l’accaparement des richesses par une minorité, etc. Ces politiques sont légitimées par des institutions non démocratiques.


    La répression comme réponse de l’État aux revendications sociales

    Les habitants du Rif subissent une grande vague de répression. A partir du vendredi 26 mai 2017, les forces de police ont entrepris une série d’arrestations de jeunes militants, et sont d’intervenues brutalement dans les rues et les places pour disperser les manifestants. Telle est la réponse de l’État après la visite d’une délégation ministérielle à Al Hoceima et ses environs, qui apparaît plutôt comme une visite de reconnaissance et de surveillance pour préparer le raid, et qui n’a rien d’une volonté sérieuse de résoudre des problèmes de développement en suspens dans la région.

    À toutes les organisations de lutte.

    À tous les militant-e-s qui aspirent à la liberté et à la démocratie.

    A tous ceux et celles qui veulent combattre pour briser l’isolement des Rifains.

    L’association ATTAC CADTM Maroc propose d’entamer des concertations afin d’organiser des luttes dans tout le pays, sous des formes à déterminer et élargir la solidarité avec les habitants du Rif qui résistent. L’intensité de la répression pour vaincre le mouvement de contestation augmentera dans les jours qui viennent et il est de notre devoir d’empêcher que cela arrive.

    Les Rifains ont besoin d’une barricade populaire de protestation et de solidarité qui s’étende dans tout le pays et soit composée de milliers de jeunes qui clameront haut et fort dans les rues et les places :
    - Non à la militarisation d’Al Hoceima et ses environs. Non à la répression de la population.

    Mobilisons-nous d’urgence pour concrétiser l’idée d’organiser une journée de colère populaire dans tout le pays pour lever le siège de l’État sur le Rif, et élargir la solidarité internationale.

    Le secrétariat national
    28 mai 2017


    Auteur.e

    ATTAC/CADTM Maroc

    Membre du réseau CADTM en bref : L’Association pour la Taxation des Transactions en Aide aux Citoyens au Maroc (ATTAC Maroc) a été créée en 2000. ATTAC Maroc est membre du réseau international du Comité pour l’annulation de la dette du tiers monde (CADTM) depuis 2006 (devenu Comité pour l’abolition des dettes illégitimes depuis juin 2016). Nous comptons 11 groupes locaux au Maroc. ATTAC veut être un réseau aidant à l’appropriation par les acteurs engagés dans l’activité sociale, associative, syndicale et plus largement militante des enjeux de la mondialisation sur les problématiques de résistance sociale et citoyenne. www.attacmaroc.org http://arabic.cadtm.org/

    Adresse : n°140, rue Cadi Bribri Akkari 10000. Rabat. Maroc

    Emai:l azikiomar2008@gmail.com

    Site Web attacmaroc.org

    Tel 00 212 6 61 17 30 39

    29 mai par ATTAC/CADTM Maroc

    http://www.cadtm.org/

  • Irak. Clans, pétrole et les projets d’une «indépendance kurde» (A l'Encontre.ch)

     

    «Bien sûr que c’est notre droit d’être indépendant», assène Najat, une étudiante en relations internationales.

    Au réfectoire de l’université de Souleimaniya [deuxième ville du Kurdistan d’Irak], le débat est lancé entre jeunes. «Le gouvernement irakien s’y opposera, mais cela ne doit pas nous arrêter», renchérit Ahmad. «Soyons réalistes, tempère Faranj, nous avons été incapables d’établir de solides institutions, et nous sommes divisés.»

    Au pied des montagnes qui ont longtemps été «les seules alliées des Kurdes» dans leur quête de liberté, Souleimaniya est le fief de l’Union patriotique du Kurdistan (UPK dirigée par Jalal Talabani), l’un des deux grands partis kurdes. «A l’université, confie un étudiant, tout est contrôlé en sous-main par l’UPK». Peu avant notre passage, une trentaine de jeunes sont allés discuter indépendance avec un responsable du Parti démocratique du Kurdistan (PDK, du clan Barzani), le grand rival de l’UPK, à Erbil, «la capitale» des provinces kurdes du nord de l’Irak. «A notre retour, avoue l’un d’eux, l’université nous a punis».

    Autour de la table, un seul des neuf étudiants confie s’être déjà rendu à Bagdad, la capitale d’un pays qui est pourtant encore le leur. S’ils comprennent l’arabe, ces jeunes Kurdes ne le parlent pratiquement jamais. Sur les marchés de Souleimaniya, le gros des produits vient de l’Iran voisin, à l’est. A Erbil, plus au nord, la Turquie est le principal fournisseur. En cheminant entre les deux villes, le visiteur a l’impression d’être déjà dans un autre pays. Et pas seulement parce que les pâturages verdoyants des contreforts montagneux contrastent avec le relief plat et souvent désertique du reste de l’Irak. Alliés jusque-là discrets des Kurdes, les Israéliens n’utilisent même plus un second passeport pour venir à Erbil. Au-delà des plaques minéralogiques sur leurs voitures et du passeport, que partagent encore les Kurdes d’Irak avec leurs compatriotes arabes?

    Une société dominée par deux familles 

    Les régions kurdes se sont peu à peu détachées du reste de l’Irak. Amorcée en 1992 après la sanglante répression dont les Kurdes furent victimes de la part de Saddam Hussein, leur autonomie s’est accélérée après la chute de la dictature en 2003. Les provinces kurdes profitèrent alors d’un calme relatif pour prospérer. A Erbil, les immeubles poussèrent comme des champignons. La ville a été atteinte du syndrome de Dubaï: un World Trade Center est même sorti de terre. En dix ans, tout a changé, mais rien n’a vraiment changé dans cette société clanique, dominée par deux familles, les Barzani à Erbil et les Talabani à Souleimaniya. Deux clans rivaux qui se livrèrent une impitoyable guerre civile au milieu des années 1990. Mais vingt ans après, alors que les deux partis cherchent à organiser un référendum en vue de l’indépendance, les fantômes du passé resurgissent.

    Au Shaab café de Souleimaniya, Moktalla tue le temps en fumant cigarette sur cigarette dans ce bistrot en pierre ocre, orné des portraits des martyrs pechmergas, ces combattants kurdes tombés pour la cause. Ancien pechmerga, Moktalla a été blessé en 2008 par l’explosion d’une mine alors qu’il protégeait à Bagdad Jalal Talabani, l’homme fort de Souleimaniya devenu le premier président de l’Irak post-Saddam Hussein. «Je suis sans salaire», grogne-t-il, sous un cliché de Danielle Mitterrand, la «pasionaria française des Kurdes». En 2009, las de la gestion de M. Talabani, il a quitté l’UPK pour rejoindre un nouveau parti, Goran («changement» en kurde). Pour le sanctionner, l’UPK a cessé de payer sa pension. Goran n’ayant pas accès aux ressources financières du Kurdistan, jalousement gardées par l’UPK et le PDK, Moktalla se retrouve sans revenu, mais il soutient l’indépendance. «C’est le rêve de tous les Kurdes. Nous voulons en finir avec le contrôle que les pays voisins exercent sur nous, car nous savons bien qu’ils ne sont pas nos amis.»

    Le pétrole, nerf de la guerre 

    Ils? La Turquie, mais surtout l’Iran dont l’influence est prépondérante à Souleimaniya. Outre le commerce légal, il y a le pétrole, vendu en contrebande par camions. Un juteux trafic aux mains du clan Talabani. Problème, le patriarche est plongé depuis des années dans un coma profond. Il ne peut plus parler. En septembre, deux cadres de son parti ont fomenté un coup d’Etat alors qu’il rentrait d’un séjour à l’hôpital en Allemagne. Un expert raconte: «Barham Saleh et Kosrat Rasoul ont dit à son épouse Héro Ibrahim: maintenant le centre de décision est chez nous. Il faut assainir les finances de l’UPK. Les pechmergas doivent devenir une seule force sur l’ensemble du Kurdistan, et nous devons clairement parler d’un référendum en vue de notre indépendance.»

    Trois jours de tractations chez Laour Talabani, le patron des renseignements locaux et neveu du patriarche, des Iraniens omniprésents depuis leurs deux consulats de Souleimaniya, et puis le soufflé est retombé. La jeune garde devra attendre! «Plus que jamais, Mme Talabani a repris la situation en main à Souleimaniya, constate l’expert. La preuve, c’est elle qui est à la manœuvre dans les négociations cruciales sur le pétrole de Kirkouk.»

    C’est le nerf de la guerre. A 100 km à l’ouest de Souleimaniya, Kirkouk et sa région recèlent 20 % des réserves prouvées de pétrole de tout l’Irak. Repeuplée d’Arabes sous Saddam Hussein puis de Kurdes à partir de 2003, la cité fait partie des territoires disputés entre Bagdad et les Kurdes. «Sans Kirkouk, l’indépendance kurde est tout simplement un leurre», assène un diplomate à Erbil. Avec un baril tombé à 45 dollars, et privé des subsides de Bagdad depuis que les Kurdes ont décidé d’écouler leur pétrole sans passer par l’Etat irakien, leur gouvernement autonome basé à Erbil affiche une dette record de 23 milliards de dollars.

    Total et Chevron, qui avaient misé sur le Kurdistan, ont déserté. L’austérité est là. Les salaires des fonctionnaires ont été rognés d’un tiers et sont versés avec deux mois de retard. «Les gens sont mécontents, affirme Abou Baqr al-Kawani, dirigeant du Parti islamiste du Kurdistan. Avant, nous recevions 17 % du budget de l’Etat central et la population était payée. Mais nos leaders n’ont aucune vision. Ils ont juste recruté des partisans, ils n’ont pas travaillé pour développer l’agriculture ou l’industrie.»

    Les opposants islamistes ou liés à Goran soupçonnent Massoud Barzani, président du gouvernement autonome, de vouloir «faire un coup politique» en proposant un référendum d’ici à la fin de l’année. «Barzani n’a plus de légitimité, son mandat a expiré, insiste al-Kawani, et comment parler d’indépendance alors que le Parlement a été dissous. Nous voulons des réformes internes.» «Rien ne marche avec Bagdad, c’est le moment où jamais!», répond Hoshyar Zebari. L’ancien ministre des Affaires étrangères d’Irak (2003-2014) connaît mieux que quiconque la défiance historique qui caractérise la relation entre Bagdad et les Kurdes. «Pourquoi le premier ministre Haïdar al-Abadi vient-il d’interdire pour quelques jours l’atterrissage des vols commerciaux à Erbil?», peste-t-il.

    Depuis son immense maison, perchée sur le nid d’aigle de Salahadine, Hoshyar Zebari conseille désormais son oncle, Massoud Barzani. «L’Administration américaine veut faire reculer l’influence iranienne en Irak, se félicite-t-il. Les pays arabes ne publient plus de communiqué incendiaire quand on parle d’indépendance, et la Turquie a besoin de notre pétrole et de notre gaz.» Sous-entendu: en devenant indépendants, les Kurdes d’Irak seront les porte-parole de la cause kurde, et non plus le PKK, honni par Ankara, lequel, espère-t-on à Erbil, ne s’opposera pas à l’indépendance.

    Pas sûr. Au mur du salon, Hoshyar Zebari exhibe un tapis de soie persan que le président iranien Hassan Rohani lui a offert. Téhéran et ses nombreux relais à Bagdad et au Kurdistan seront les principaux opposants à cette indépendance rêvée. «Les Iraniens pourraient activer leurs réseaux pour nous déstabiliser», redoute un dirigeant kurde.

    «Si on devient indépendant, naîtra un nouveau Soudan du Sud»  

    Depuis 2015, Téhéran s’est rapproché du PKK, l’organisation kurde considérée comme terroriste par la Turquie et les Etats-Unis. Or, des montagnes de Qandil jusqu’à la ville d’Amadé aux confins de la Turquie, le PKK contrôle 30 % environ de la province d’Erbil. A Kirkouk, le PKK a recréé en sous-main le Parti de la liberté. Et à Souleimaniya, le PKK et Téhéran disposent en Mme Talabani d’un appui précieux. «De nombreux Kurdes soutiennent le PKK, fait valoir un journaliste à Kirkouk, car ce sont eux qui défendent les Kurdes syriens, alors que Barzani est allié avec notre ennemi turc qui réprime les Kurdes sur son territoire.»

    Proches de l’Iran, les milices chiites irakiennes, qui participent à la bataille de Mossoul contre Daech, inquiètent également les Kurdes. «Elles ont commencé de recruter parmi des anciens leaders tribaux kurdes», confie un dirigeant du PDK. Il redoute qu’après la victoire de l’armée et des milices à Mossoul, ceux-ci lancent un assaut pour reprendre Kirkouk et leur barrer la route de l’indépendance: «ce serait la confrontation», prévient Hoshyar Zebari.

    Bref, la marche vers la liberté reste semée d’embûches. Si les Etats-Unis, qui disposent à Erbil d’une des plus importantes stations de la CIA au Moyen-Orient, ont promis aux Kurdes de maintenir des troupes après la défaite de Daech à Mossoul, Washington reste attaché à «l’unité de l’Irak».

    «Au moins qu’ils restent neutres, à défaut de nous soutenir», plaide Hoshyar Zebari. «Un État kurde?, s’interroge un vieux cadre de l’UPK. Nous avons deux polices, deux services de renseignements et deux corps de pechmergas liés à chacun des deux grands partis. Nous ne sommes pas parvenus à les unifier. Si on devient indépendant, naîtra un nouveau Soudan du Sud». C’est-à-dire un Etat non viable! (Publié dans Le Figaro du 22 mai 2017)

     Alencontre le 22 - mai - 2017 Par Georges Malbrunot
     
  • Le souverain marocain face aux revendications sociales et identitaires Le Rif en ébullition (Algeria Watch)

    5130453_6_e1b2_manifestation-contre-la-corruption-la_8a16329b4ef4c736940633d27a459c98.jpg

    Une nouvelle manifestation s’est déroulée jeudi à Al Hoceïma, ville de la région du Rif, dans le nord du Maroc, rapporte l’AFP citant des sources concordantes.

    Le leader du mouvement, Nasser Zefzafi, a dénoncé entre autres la «corruption» de l’exécutif et des politiciens locaux, les «mafias» locales, «l’esprit de répression» de l’Etat et de ses services de renseignement qui «manipulent les institutions», la «présence massive» des militaires dans la ville, le «sous-développement» de la région, le nouveau gouvernement islamiste.

    S’en prenant au gouverneur local, il a une nouvelle fois rejeté les accusations de séparatisme, exigé la «libération» de militants de sa mouvance et la «démilitarisation» de la province. Réputée frondeuse, la région du Rif est le théâtre de manifestations récurrentes depuis la mort, fin octobre 2016, d’un vendeur de poisson, Mouhcen Fikri, broyé accidentellement dans une benne à ordures. L’incident a suscité l’indignation dans le pays, qui a pris la forme à Al Hoceïma d’un mouvement social et politique.

    Au-delà de la mort de Mouhcen Fikri

    Mené par un groupe d’activistes locaux, le «hirak» (la mouvance) pose de nombreuses revendications pour le développement du Rif, qu’il estime marginalisé. A travers les réseaux sociaux, les activistes dudit groupe ont multiplié les paroles de défiance contre la «répression» du pouvoir. Le 6 mai, des manifestants organisent une marche. Le lendemain, le gouverneur de la région nord du pays Mohamed El Yaakoubi a dénoncé les «intox» des leaders de la contestation qui devront répondre «devant la justice de leurs appels à la violence». «Tout est virtuel. A voir les profils Facebook de ces gens, on pourrait croire que la ville est en feu, alors qu’il n’en est rien», a ajouté le même responsable. «Leur discours est une succession d’intox. Ils disent tout et son contraire», a-t-il relevé, dénonçant des «appels à la violence», ainsi qu’un «discours de terreur et d’instrumentalisation» aux relents «discriminatoires».

    «Une procédure (judiciaire, ndlr) est déjà en cours.

    (...) La justice dira qui tire les ficelles», a indiqué le gouverneur. Dimanche dernier, au terme de leur réunion avec le ministre de l’Intérieur pour examiner la situation dans cette région, les chefs des six formations politiques de la majorité ont dénoncé une «instrumentalisation» des manifestations par des «parties étrangères». Ils ont également accusé le mouvement d’exprimer des revendications à «caractère séparatiste». Et les manifestations de jeudi, outre leur dimension économique et sociale, expriment le rejet des populations de la région de ces accusations : «Nos revendications sont sociales et relèvent de notre droit à une vie décente et n’ont aucune dimension séparatiste», a déclaré Nasser Zefzafi à la veille de la manifestation.
    Amnay Idir

    El Watan, 20 mai 2017

    http://www.algeria-watch.org/

    .

    Lire aussi:

    Au Maroc, Al-Hoceima manifeste à nouveau contre la « corruption », la « répression » et le « chômage » (Le Monde)

  • La question kurde dans l’impasse (Souria Houria)

     

    Fresque célébrant à Erbil les peshmergas (combattants kurdes) 

    Les batailles contre Daech, à Mossoul et à Rakka, loin de servir les intérêts des populations kurdes, risquent fort d’aggraver les conflits entre les différentes milices qui prétendent les représenter.

    La question kurde se trouve aujourd’hui dans une impasse paradoxale, alors même que la lutte de la coalition menée par les Etats-Unis contre Daech a fait du PDK (Parti démocratique du Kurdistan) son bastion en Irak et du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) son fer de lance en Syrie. Ces deux partis utilisent en effet la lutte anti-jihadiste pour pousser leur accaparement de la cause kurde. Les mouvements citoyens et les autres partis kurdes sont les premières victimes d’une politique aussi agressive.

    LES ETERNELS RIVAUX DU PDK ET DU PKK

    Le PKK est largement parvenu, dans l’opinion européenne, à associer « les Kurdes » à sa double stratégie partisane : d’une part, la confrontation armée depuis 1984 avec l’Etat turc, relancée en 2015, après deux années de « processus de paix » inabouti ; d’autre part, l’établissement d’une entité majoritairement kurde en Syrie, dénommée « Rojava » à partir de 2013, sous l’égide du PYD, la branche locale du PKK. Ce détournement de l’image d’un peuple entier au profit exclusif d’une organisation d’inspiration marxiste-léniniste est impressionnant.

    Le PDK, formation historique du nationalisme kurde depuis 1946, dirige pour sa part le Gouvernement régional du Kurdistan (GRK), formé dans le cadre de la constitution irakienne de 2005, et doté de son propre cadre budgétaire, dix ans plus tard. L’Union patriotique du Kurdistan (UPK), qui a fait scission du PDK en 1975, a longtemps contesté la position dominante du PDK, imposant son fief de Souleymanié en regard d’Erbil, capitale du GRK. Mais les querelles de succession et les luttes de faction ont considérablement affaibli l’UPK.

    Tout concourt à opposer le PDK « traditionaliste » au PKK « gauchiste ». Le premier joue la carte de la Turquie, tandis que le second coopère avec le régime Assad et l’Iran (où la minorité kurde est pourtant privée de l’essentiel de ses droits). L’implantation de la direction militaire du PKK dans la chaîne montagneuse de Qandil, au nord-est du territoire du GRK, aggrave les différends. Les milices des deux partis s’affrontent dans la région du Sinjar/Shingal pour le contrôle des populations yézidies qu’elles affirment toutes deux avoir sauvées de l’horreur jihadiste. Malgré ce conflit ouvert entre PDK et PKK, les Etats-Unis continuent de s’appuyer dans leur lutte contre Daech sur celui-ci en Syrie et sur celui-là en Irak.

    MILICES ET « SECURITE » CONTRE SOCIETE CIVILE

     Le PDK et le PKK ont cependant en commun la préférence pour la répression armée à l’encontre de la contestation interne. La montée en puissance de l’aile militaire du PKK, aux dépens de sa direction politique, s’est déroulée en parallèle de la consolidation du pouvoir des différents services de « sécurité » (en kurde Assayich) à l’ombre du GRK. La lutte contre Daech et les attentats jihadistes n’ont pu que conforter cette militarisation du contrôle social (le terme Assayich désigne également la « sécurité » intérieure du PKK dans le « Rojava » de Syrie, distincte là comme ailleurs des peshmergas).

    L’émergence du parti Goran (Changement), aux élections régionales du Kurdistan d’Irak en 2009, laissait espérer une troisième voie citoyenne au bipartisme historique entre le PDK et l’UPK. Mais la crise d’octobre 2015, aggravée par l’escalade milicienne du PDK, a paralysé le fonctionnement du Parlement régional et rejeté Goran dans une opposition impuissante. L’UPK collabore depuis à l’étouffement de la protestation dans la zone de Souleymanié, par exemple lors de la récente grève des enseignants, pourtant dénuée de revendication politique (les professeurs ne sont depuis longtemps payés qu’au quart de leur salaire officiel).

    En Turquie, le HDP (Parti démocratique des Peuples), en sensible progression au sein de la population kurde, a remporté un score historique de 13% des voix aux législatives de juin 2015, privant l’AKP du président Erdogan de la majorité absolue. Le chef de l’Etat s’est acharné à réparer cet affront au scrutin suivant de novembre 2015, tandis que la reprise des hostilités avec le PKK semait la désolation dans les provinces majoritairement kurdes du sud-est de la Turquie. Quant au HDP, sa direction politique et sa représentation parlementaire ont été la cible d’une répression sans précédent.

    Ce double raidissement autoritaire à Ankara et à Erbil installe la question kurde dans une impasse qui risque d’être durable. La reprise d’un processus de paix entre Ankara et le PKK est moins que jamais à l’ordre du jour, ce qui amène la guérilla séparatiste, sur le recul en Turquie, à concentrer ses forces en Syrie, à la fois contre l’opposition anti-Assad (en coordination avec la Russie) et contre Daech (avec le soutien croissant des Etats-Unis). On voit pourtant mal ce que la cause kurde aurait à gagner d’une percée du PKK/PYD vers Rakka, où les peshmergas seraient rejetés comme des forces aussi étrangères que les milices pro-iraniennes aujourd’hui à Alep.

    Le PDK vient, pour sa part, de relancer l’idée d’un référendum sur l’indépendance du Kurdistan d’Irak, repoussant toute ouverture intérieure à cette échéance symbolique. Nul doute qu’une écrasante majorité de la population se prononcerait en faveur de l’indépendance du GRK, où le drapeau kurde flotte d’ores et déjà sans partage. Mais cela signerait l’avènement d’un Etat-PDK, fondé sur la redistribution clientéliste de la rente pétrolière, d’une part, et sur l’étouffement méthodique de toute contestation, d’autre part.

    Le PDK et le PKK sont ainsi tous deux engagés dans une fuite en avant : le premier vers le référendum pour l’indépendance, afin d’éluder la question de la démocratie au Kurdistan d’Irak ; le second dans une expansion territoriale en Syrie, afin d’éluder la question de son alliance de fait avec le régime Assad. A la lumière de tels développements, une question se pose aux « amis des Kurdes », nombreux en France et, pour certains d’entre eux, aussi estimables que sympathiques. De quels Kurdes au juste sont-ils aujourd’hui « les amis » ?

    Source : Blog Le Monde - Date de parution le : 30/04/2017
     
     Souria Houria le 1 mai 2017