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Berbères, Kurdes...(minorités nationales) - Page 5

  • La promesse de Mohamed Yergui (El Watan)

    14es rencontres cinématographiques de Béjaïa

    Seul film en langue amazighe programmé aux 14es Rencontres cinématographiques de Béjaïa (RCB), Je te promets du jeune réalisateur bougiote Mohamed Yergui a intéressé un public nombreux.

    Ce court-métrage de 17 minutes est un pur produit bougiote, tourné totalement à Béjaïa et avec des comédiens de la région.

    L’histoire invite à réfléchir sur la condition féminine, mais aussi sur le poids d’une tradition injuste à l’égard de la femme. Un frère et une sœur, Allili et Baya, ont grandi ensemble dans un village kabyle, au sein d’une famille pauvre qui ne peut se permettre de scolariser qu’un seul de ses deux enfants. Le sacrifice est porté inexorablement sur la fille.

    Le père en a décidé ainsi. Soumise à la tradition et au poids de la société patriarcale, la jeune fille se consacre à son frère. Elle lui tend un livre et l’exhorte à étudier pour lui et pour elle. Lorsque, adulte, elle possède des bijoux, elle les lui offre pour lui permettre de poursuivre des études aux Beaux-Arts. Le frère, attentif et affectueux, lui promet qu’un jour il l'emmènera au mont Gouraya d’où elle pourra contempler son village au loin. La promesse est le fil d’Ariane pour cette fiction qui allie esthétique et aspect anthropologique, qui met en valeur les us et coutumes kabyles.

    Le film débute par l’arrivée au pays, un sac à la main, d’un jeune homme. Le rôle est joué par Farid Oukala, comédien et metteur en scène originaire de Béjaïa et installé à Toulouse, qui s’est déjà produit au Festival international du théâtre de Béjaïa avec une adaptation de La Terre et le sang de Mouloud Feraoun.

    En empruntant les chemins qui montent vers son village natal, sa randonnée pédestre de ces montagnes altières s’accompagne de souvenirs de sa jeunesse qui reviennent en flash-back pour lui rappeler sa sœur qui l’appelait «dada Allili». Les séquences se déroulent sous la musique de Abdelaziz Yousfi (Bazou) qui s’adaptent à la majesté des montagnes des Ath Bimoune. Au village qu’il retrouve après des années d’absence, le jeune homme est accueilli par des obsèques émouvantes. Une jeune femme vient de décéder et ont vient le consoler…

    Mohamed Yergui signe par ce film un travail qui force le respect. Il n’en est pas à son premier court-métrage. Il a réalisé en 2007 Au bout du tunnel (Ad bin tifrat) qui a reçu l’Olivier d’or au Festival culturel national du film amazigh, et Houria la même année, un autre court-métrage, primé (Ahaggar d’or) au Festival du film arabe d’Oran. Le jeune réalisateur, que l’on considère «enfant des RCB» et qui poursuit d’un pas sûr son parcours dans le monde du cinéma, semble promettre, par son nouveau film, de ne pas s’arrêter en si bon chemin.

    Kamel Medjdoub

    http://www.elwatan.com/

  • Irak. Les autorités kurdes doivent mettre fin à la détention d'une femme yézidie qui a subi la captivité aux mains d'EI(Amnesty)

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    Milicienne yézidie

    Le Gouvernement régional du Kurdistan (GRK) doit immédiatement mettre fin à la détention arbitraire et honteuse d'une femme yézidie qui, après avoir subi la captivité aux mains du groupe armé se désignant sous le nom d’État islamique (EI), est détenue sans jugement depuis près de deux ans, a déclaré Amnesty International.

    Bassema Darwish, qui est âgée de 34 ans, mère de trois enfants et qui vivait dans le village de Babira, dans le gouvernorat de Ninewa, est détenue par le GRK depuis octobre 2014. Elle est accusée de complicité avec les forces d'EI qui ont tué trois membres des pechmerga (les forces armées du GRK) au moment où ces derniers atteignaient la maison où elle était retenue en captivité, à Zummar, dans le nord-ouest de l'Irak.

    « Les femmes yézidies enlevées par EI ont véritablement été victimes de graves violences, notamment de viol et d'esclavage sexuel. En ce qui concerne Bassema Darwish, sa libération de captivité n'a pas mis fin aux mauvais traitements. Au lieu de la maintenir en détention depuis près de deux ans en violation de ses droits, les autorités devraient veiller à ce qu'elle reçoive une aide médicale et psychosociale, afin de l'aider à surmonter les épreuves qu'elle a subies en captivité, a déclaré Philip Luther, directeur du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d'Amnesty International.

    « Le fait de la maintenir en détention sans jugement pour une durée indéterminée, sans même qu'elle ait réellement la possibilité de contester la légalité de sa détention, est cruel et illégal. Les autorités doivent soit la libérer immédiatement soit l’inculper d’une infraction dûment reconnue par la loi. »

    Des proches, des militants et des représentants des autorités ont dit à Amnesty International que Bassema Darwish a été enlevée par des combattants d'EI, en même temps que son mari et 33 autres proches, le 3 août 2014 alors qu'ils tentaient de fuir la ville de Sinjar. Elle était alors enceinte. Les captifs ont dans un premier temps été emmenés à Tal Afar, où les femmes et les enfants, parmi lesquels Bassema Darwish, ont été séparés des hommes. On ignore ce qu'il est advenu de 31 de ses proches.

    Elle est actuellement détenue dans la prison pour femmes et pour mineurs d'Erbil, et a donné naissance à une petite fille, Nour Hussein, pendant sa détention.

    Les combattants d'EI ont systématiquement commis des crimes  de droit international, notamment des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité. Des femmes et des filles yézidies ont été retenues en esclavage sexuel, violées, tuées et torturées. Certaines ont été forcées à regarder pendant qu'on tuait des hommes de leur famille, séparées de force de leurs enfants ou encore forcées à se convertir à l'islam.

    « Il est choquant que le Gouvernement régional du Kurdistan, qui a toujours condamné les atrocités infligées par EI à la communauté yézidie, maintienne en détention une victime de ces violences, en l'accusant d'infractions liées au terrorisme et en la privant de ses droits fondamentaux », a déclaré Philip Luther.

    Le responsable du département des enquêtes de la Direction de la lutte contre le terrorisme, avec qui s'est entretenue Amnesty International en août 2016, a déclaré que quand les forces pechmerga sont arrivées sur le site où Bassema Darwish était retenue en captivité, à Zummar, cette dernière les a trompées en disant que la maison était vide. Il affirme que des combattants d'EI cachés dans le bâtiment ont alors tué trois membres des pechmerga alors qu'ils entraient dans la maison.

    Selon lui, Bassema Darwish avait été « radicalisée », avait piégé les forces pechmerga, et était responsable de leur mort. Il a dit qu'elle était détenue au titre de la législation antiterroriste et que son cas avait été soumis à l'autorité judiciaire, qui devait encore fixer une date pour une audience.

    Des proches de Bassema Darwish ont dit à Amnesty International qu'elle a comparu devant un juge en août au moins une fois sans un avocat, et qu'on l'a forcée à signer quatre documents écrits en kurde, sans qu'elle ait pu en comprendre le contenu.

    La Direction de la lutte contre le terrorisme a rejeté la demande qu'avait présentée Amnesty International pour pouvoir aller voir Bassema Darwish en prison au cours d'un voyage dans le Kurdistan irakien en août. Les avocats qui ont voulu lui rendre visite en prison se sont également heurtés à un refus des autorités. Amy Beam, fondatrice de l'ONG humanitaire Amy, Azadi and Jiyan, a dit à Amnesty International que l'Asayich (le service de sécurité du GRK) lui a adressé des menaces à cause de ses initiatives visant à obtenir la libération de Bassema Darwish.

    Amnesty International a évoqué le cas de Bassema Darwish auprès des autorités à de multiples occasions, mais en vain, notamment tout récemment dans une lettre adressée au président du GRK, Masoud Barzani, le 26 août.

    « Bassema Darwish doit être autorisée à avoir accès sans restriction à ses proches, ses avocats et des observateurs internationaux indépendants. Son droit à un procès équitable, y compris le droit de contester la légalité de sa détention, d'être informée dans une langue qu'elle comprend des charges retenues contre elle, et de bénéficier d'une défense adéquate, doit être pleinement respecté », a déclaré Philip Luther.

    Amnesty International demande également au GRK de remettre en liberté Bassema Darwish jusqu'à ce qu'une juridiction ordinaire et civile se prononce sur le bien-fondé de toute accusation retenue contre elle, en tenant compte de son passé, de sa vulnérabilité et de ses responsabilités à l'égard de ses enfants.

    9 septembre 2016

    https://www.amnesty.org/fr/

  • La gauche kurde seule contre tous (Alternative Libertaire)

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    Viyan Qamislo: Cette milicienne YPJ est tombée face à Daech, sur le front de Manbij.

    Ça devait bien finir par arriver : les impérialistes occidentaux lâchent les YPG pour complaire à Ankara. La parenthèse ouverte il y a deux ans à Kobanê se referme. Mais il n’y a pas le choix : la lutte continue.

    Avec l’entrée de l’armée turque en Syrie le 24 août, la guerre civile entre dans une nouvelle phase. Ce pays martyr est, plus que jamais, le jouet des rivalités entre puissances impérialistes – iraniennes, turques, russes, américaines, françaises, britanniques, saoudien- nes, émiraties, qataries…

    Dans ce bourbier cruel, Alternative libertaire soutient, depuis 2014, les forces de la gauche kurde – le PYD et les milices YPG-YPJ, aujourd’hui fer de lance de la coalition arabo-kurde Forces démocratiques syriennes (FDS). Si AL soutient la gauche kurde, ce n’est pas seule- ment parce qu’elle est « notre meilleur rempart contre Daech » comme on l’entend trop souvent dans la bouche de certains Occidentaux, mais surtout parce qu’elle est la seule force politique à proposer un projet fédéraliste, démocratique, féministe et, d’une certaine façon, laïque, pour le Moyen-Orient.

    Un projet où toutes les composantes culturelles de la région – arabes, kurdes, turkmènes, sunnites, chiites, chrétiennes, yézidies… – puissent vivre à égalité. En ce sens, elle est le rempart de toutes et tous les amis de la liberté et de l’émancipation.

    Pour tout le monde, c’est une évidence : l’armée turque n’est pas entrée en Syrie pour combattre Daech ; et pas vraiment non plus pour combattre Bachar ; elle n’a occupé la région de Djarabulus que pour empêcher la jonction des cantons d’Afrin et de Kobanê, et donc l’unifi- cation territoriale du Rojava (Kurdistan syrien). Ankara amorce ainsi la constitution de la « zone tampon » qu’elle annonce depuis des années, et qui lui permettra de continuer à contrôler les filières djihadistes qui partent de son territoire pour rejoindre Raqqa, la capitale du « califat ». Au passage, l’armée turque a pilonné les positions des FDS, et bombardé plusieurs villages sous leur contrôle, faisant des dizaines de morts.

    Le Rojava, un pion sur l’échiquier impérialiste

    Depuis la bataille de Kobanê (septembre 2014-juin 2015), la gauche kurde a accepté le sou- tien financier et matériel de certaines puissances étrangères (Russie, États-Unis, France…) pour ne pas rester isolée face à d’autres (Iran, Turquie, régime de Damas…). Si on veut voir le verre à moitié plein, on peut dire qu’elle a joué, avec une habileté certaine, un impérialisme contre un autre. Si on veut voir le verre à moitié vide, on peut dire qu’elle a joué un jeu dange- reux. Car évidemment les impérialistes ne voient dans le Rojava (Kurdistan syrien) qu’un pion sur leur échiquier. Et c’est ce pion qu’ils sont en train de sacrifier.

    Lâchage de Washington, Moscou et Paris

    Mis devant le fait accompli, les États-Unis essaient, en vain, de limiter les affrontements entre leur allié historique dans l’Otan (la Turquie) et leur allié de circonstance (les FDS). Mais, fonda- mentalement, John Kerry s’est empressé d’assurer Ankara de sa loyauté et de prendre ses distances avec les FDS. Dès le 26 août, il déclarait à Genève :

    « Nous sommes pour une Syrie unie. Nous ne soutiendrons aucune initiative kurde indépen- dante. Il y a eu un certain engagement limité, comme chacun le sait, avec une composante de combattants kurdes, sur une base limitée, et nous avons coopéré très étroitement avec la Turquie pour bien s’assurer qu’il y ait une meilleure compréhension des règles régissant cet engagement. »

    Comme en écho, son homologue russe Segueï Lavrov, a aussitôt ajouté :

    « Je suis convaincu que les Kurdes doivent rester une partie de l’État syrien, et faire partie de la solution, plutôt que d’être un acteur instrumentalisé pour atomiser et fragmenter le pays ». La Russie, marraine de Bachar el Assad, et en plein rapprochement avec la Turquie depuis la rencontre Erdogan-Poutine du 10 août, fixe ainsi les limites auxquelles elles souhaite que les FDS se conforment. Elle s’est en revanche bien gardé de condamner l’attaque turque [1].

    La France est servilement alignée sur Ankara. François Hollande, a signalé, dès le 25 août, « comprendre » l’intervention turque, laissant échapper quelques paroles de regret pour les bombardements turcs sur les positions des FDS [2].

    « Les Kurdes n’ont pour amies que leurs montagnes »

    Il ne faut pas imaginer que la gauche kurde est surprise de ce lâchage. Depuis le début, elle savait fort bien que cette bienveillance de la part des impérialistes occidentaux n’était que temporaire. « Les Kurdes n’ont pour amies que leurs montagnes » dit un proverbe local, signi- fiant par là que ce peuple ne doit compter que sur lui-même.

    Dans les semaines qui viennent, si ce lâchage se poursuit, la gauche kurde risque de se retrouver de nouveau bien seule. Pour notre part, nous continuerons à soutenir son action. Car face aux potentats sanglants d’Ankara, de Damas ou de Raqqa, elle incarne la seule possibilité d’une alternative démocratique, fédéraliste et populaire.

    Alternative libertaire, 1er septembre 2016

    http://alternativelibertaire.org/?Syrie-la-gauche-kurde-seule-contre

  • La guerre syrienne et l’émancipation nationale kurde (La Riposte)

    La Turquie bombarde les Kurdes, le gouvernement syrien aussi.

    Le 17 août dernier, les chasseurs-bombardiers du gouvernement syrien ont frappé plusieurs positions des « unités de protection populaires » kurdes (YPG) dans la province d’Al-Hasaka. Les engagements militaires épisodiques entre et les forces armées syriennes et les milices kurdes sont révélateurs de la position stratégique difficile du régime de Bachar Al-Assad, qui veut limiter l’extension du territoire sous le contrôle des unités YPG, malgré le rôle de plus en plus important de celles-ci dans le combat contre leur ennemi commun qu’est l’« État Islamique ».

    En 2012 et 2013, les troupes loyalistes syriennes, souffrant d’une trop grande dispersion, se sont largement retirées des zones kurdes.

    Lorsque les troupes loyalistes ont perdu la province de Raqqa à Daesh, les YPG ont saisi le secteur nord de la province. Un développement similaire s’est produit à Al-Hasaka. Daesh y avait repoussé les forces loyalistes, avant d’être repoussé à son tour par les YPG, qui ont gardé le secteur sous son propre contrôle. Damas ne pouvait qu’accepter la situation, mais ses frappes aériennes récentes contre les Kurdes servent tout de même d’avertissement. Les YPG doivent consolider leurs positions pour faire face à de nouvelles attaques syriennes, mais surtout à celles de l’armée turque, dont l’incursion récente en territoire syrien vise davantage à contenir les forces kurdes que de s’attaquer à Daesh.

    L’intervention militaire de la Turquie en Syrie a été préparée par une série d’initiatives diplomatiques récentes.

    Les accords entre la Turquie, la Russie et l’Iran concernaient des dossiers économiques, mais avaient aussi une dimension militaire. La guerre que mène la Turquie – par milices « rebelles » interposées – contre Moscou, Téhéran et Damas se poursuivra, mais au fur et à mesure que la perspective d’une défaite militaire de Daesh se rapproche, les grandes puissances régionales et mondiales pensent à sécuriser leurs positions respectives. Poutine a mis de côté sa menace de détruire immédiatement tout avion militaire turc entrant dans l’espace aérien syrien. Ceci permet à la Turquie de déployer désormais ses bombardiers contre les positions de Daesh mais surtout contre celles des YPD. Malgré le fait qu’ils se font la guerre sur d’autres fronts, les régimes de Damas et d’Ankara sont d’accord sur la nécessité de contenir, et dès de possible réduire, l’implantation des YPD. La prise de Manbij par une force majoritairement kurde était une bonne nouvelle dans la guerre contre Daesh, mais une source d’inquiétude profonde pour Damas et Ankara, et donc, par extension, pour Moscou et Washington.

    La guerre syrienne est une guerre à facettes multiples et tous les intervenants jouent un double jeu.

    La Russie soutient les milices kurdes dans une certaine mesure. Cela lui donne un moyen de pression contre la Turquie. Pour la même raison, elle fournit des armes au PKK. Mais pour Poutine, il importe avant tout de consolider le pouvoir du régime syrien et assurer sa propre emprise sur celui-ci. En conséquence, le moment venu, il trahira les Kurdes.

    Les États-Unis, pour leur part, sont le principal soutien extérieur des YPG, leur fournissement des armements et des centaines de cadres militaires issus des Special Operations Forces. L’aviation américaine intervient en appui des opérations kurdes au sol. Les Kurdes sont utiles et efficaces contre Daesh – et un levier dont Washington espère se servir plus tard contre le régime de Damas – mais ce n’est pas dans l’intérêt des États-Unis de laisser les Kurdes conserver les terres qu’ils ont conquises au cours du conflit. Ceci créerait des problèmes majeurs pour son allié régional principal, à savoir la Turquie, qui est également membre de l’OTAN.

    Quelques développements récents illustrent bien la primauté des rapports entre Washington et Ankara. Erdogan avait fait pression sur les États-Unis pour limiter le déploiement des forces kurdes à proximité d’Alep. Les États-Unis ont donc décidé de détourner les Forces Démocratiques Syriennes (dont les YPD forment l’élément prépondérant) vers Raqqa et de s’appuyer sur des troupes sous commandement pro-turc pour les opérations au nord d’Alep. Cependant, ces derniers ont lamentablement échoué, et les États-Unis, passant outre les objections d’Ankara, n’avaient d’autre choix que de refaire appel aux Forces Démocratiques Syriennes pour assurer la relève.

    Les États-Unis ne peuvent pas toujours faire ce qu’ils veulent, comme on le voit, mais il est clair qu’ils trahiront les Kurdes dès lors que la situation sur le terrain le permettra, tout comme les Russes de leur côté. En visite officielle en Turquie, le vice-président américain Joe Biden a lancé un avertissement aux YPG, leur disant que les États-Unis retireraient leur soutien si les YPG ne quittent pas les zones à l’ouest de l’Euphrate. Les grandes puissances cherchent à manipuler les YPG pour atteindre leurs propres fins, mais demeurent implacablement hostiles à tout ce qui pourrait durablement favoriser l’émancipation nationale et sociale des Kurdes.

    Les YPG essaient, eux, de jouer leurs soutiens les uns contre les autres pour faire avancer leur propre position sur le terrain. Ils ont remporté quelques succès, de ce point de vue, et ne sont pas loin de pouvoir relier les trois zones sous leur contrôle en un seul territoire, qu’ils appellent Rojava. C’est un objectif qu’aucun de leurs « alliés » ne voudrait voir se réaliser, car il renforcerait la position des Kurdes dans leur lutte pour la création d’un État de Kurdistan. Cette perspective est une menace bien plus dangereuse, pour l’État turc, que celle de Daesh. Le besoin de contenir les YPG constitue la motivation principale de l’engagement militaire direct de la Turquie dans la guerre syrienne. Malgré l’affaiblissement de ses capacités militaires engendré par la tentative de coup d’État et les purges des forces armées en cours, elle ne pouvait plus attendre.

    Greg Oxley, PCF.  

    http://www.lariposte.org/2016/08/guerre-syrienne-lemancipation-nationale-kurde/

    Commentaire: La Riposte est un group trotskiste "entriste" au sein du PCF

  • Nouveautés sur Europe Solidaire Sans frontières

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    • Syrie, périphérie de Damas : Etranglé par le régime d’Al-Assad, Daraya capitule

      , par KODMANI Hala

      L’évacuation ce vendredi des derniers habitants de Daraya, en périphérie de Damas, a été obtenue à l’issue d’un accord entre le régime Assad et les insurgés syriens qui lui tenaient tête après quatre ans de siège.
      Traînant d’une main une valise à roulettes et de l’autre un enfant en bas âge, des centaines de (...)

    • Turkey
      Turkey’s incursion in Syria is aimed at defeating the Kurds and overthrowing Rojava

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      Turkey’s incursion into northern Syria on 24 August was flagged up as a move to drive the so-called Islamic State (ISIS) out of the border town of Jarabulus. But that is just a cover: Turkey’s not very secret major objective is to crush the 50,000-strong Kurdish YPG (people’s Protection Unit) (...)

    • Kurdistan in Turkey
      Debate – Analysing the PKK: a reply to Alex de Jong

      , by HEARSE Phil, PARKER Sarah

      In the wake of the failed military coup in Turkey, and the massive wave of state repression that has followed, building solidarity with the progressive resistance in Turkey and Kurdistan is even more vital. The attention of socialists and democrats worldwide will be turned towards the (...)

    • LGBT+ Egypt
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      In an interview with Germany’s Süddeutsche Zeitung newspaper late last month, Shawki Allam said that he condemned the Orlando massacre in which 49 people were killed and that no one had “the right to hurt homosexuals or to take the law into their own hands.”
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    • A gauche
      Tunisie : Déclarations de dirigeants du Front populaire sur leur refus de voter la confiance au gouvernement Chahed

      , par AMROUSSIA Ammar, AMAMI Nizar, HAMMAMI Hamma, HAMMAMI Jilani, LAKHDHAR Zied

      D’autres déclarations convergentes rapportées par les media sont disponibles sur ESSF aux adresses suivantes
      http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article38728 http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article38788 http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article38800
      25 août : Jilani Hammami (...)

     

  • Les rebelles yéménites convoquent le parlement (El Watan.dz)

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    Un autre revers pour la coalition arabe

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    Lancée le 25 mars 2015, l’opération de raids aériens de la coalition arabe menée par l’Arabie Saoudite contre les rebelles houthis n’a pas atteint jusque-là son objectif. A savoir, chasser les Houthis, une minorité zaïdite d’obédience chiite, de la capitale Sanaa, qu’ils occupent militairement depuis septembre 2014 et rétablir le pouvoir du président Abd Rabbo Mansour Hadi, réfugié à Riyad.

    Ces rebelles ont bravé encore ladite coalition en convoquant hier le Parlement. Avec la tenue de cette session, les rebelles souhaitent faire approuver par les députés la création, le 28 juillet, d’un «Conseil supérieur». «L’objectif» de cette instance consiste à «rassembler les efforts en vue de faire face à l’agression menée par l’Arabie Saoudite et ses alliés» et «gérer les affaires publiques aux niveaux politique, militaire, économique, administratif, social et en matière de sécurité», selon un communiqué des rebelles et le parti du Congrès populaire général (CPG) de l’ex-président Ali Abdallah Saleh.

    Impasse

    L’émissaire de l’ONU, Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, qui a suspendu les pourparlers entre rebelles et gouvernement la semaine dernière, a décrit le conseil de gouvernance rebelle comme une violation des engagements pour un processus de paix. Le gouvernement yéménite a annoncé, le 31 juillet, avoir accepté un projet d’accord de paix proposé par l’ONU, mais les rebelles l’ont rejeté.

    Il s’agit notamment du retrait dans un délai 45 jours des rebelles, le retrait des zones occupées depuis 2014, dont la capitale Sanaa, la restitution des armes lourdes à l’armée, la levée du siège des villes et la libération des détenus.

    L’accord du gouvernement à ce plan est intervenu après une réunion à Riyad dirigée par le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi, considéré comme l’autorité légitime par la communauté internationale.

    Mercredi dernier, l’ONU et l’Iran se sont alarmés de la reprise des raids et des combats à grande échelle.

    «Le secrétaire général de l’ONU est profondément inquiet des informations sur l’intensification des combats dans les provinces de Hajjah, Saada et Sanaa», a déclaré l’un de ses porte-parole. «L’escalade aggrave la situation humanitaire et les souffrances du peuple yéménite». L’Iran a dénoncé l’«inaction» de la commu- nauté internationale face aux «atrocités que font subir les Saoudiens au peuple yéménite». Le ministère des Affaires étrangères à Téhéran a appelé l’ONU et les pays fournisseurs d’armes à l’Arabie Saoudite à entreprendre des «efforts effectifs pour arrêter ces attaques et prendre les mesures nécessaires pour protéger les civils».

    La veille, le département américain de la Défense avait annoncé que les Etats-Unis allaient vendre à l’Arabie Saoudite des chars, véhicules blindés, mitrailleuses lourdes et munitions, représentant un contrat de 1,15 milliard de dollars.

    Conformément à la procédure américaine en la matière, c’est le département d’Etat qui a approuvé cette vente d’équipements à Riyad, contrat qui sera concrétisé par le feu vert technique du Congrès, selon un communiqué du Pentagone. «Cette vente, telle qu’elle est proposée, contribuera à la politique étrangère et à la sécurité nationale des Etats-Unis en permettant d’améliorer la sécurité d’un partenaire régional stratégique qui a été et qui continue d’être un acteur leader pour la stabilité politique et les avancées économiques du Moyen-Orient», a indiqué l’Administration américaine.

    Depuis 2004, les Houthis mènent la guerre au pouvoir central de Sanaa. Jusqu’en 2010, six guerres ont eu lieu entre les deux belligérants. Le président de l’époque, Abdallah Saleh, les justifie par le fait que les Houthis veulent rétablir l’imamat aux dépens de la République. Le Qatar propose ses bons offices pour trouver une issue au conflit. Cependant, la médiation de 2007, suivie d’un traité en février 2008, n’a pas empêché la reprise des combats en avril de la même année.

    De son côté, Riyad est intervenu militairement en novembre 2009 à Saada, bastion des Houthis, une ville située à ses frontières. En août 2010, un autre traité a été signé à Doha entre le gouvernement et les insurgés. Après le départ de Abdallah Saleh du pouvoir, ils poursuivent leur guerre contre les nouvelles autorités de Sanaa. En la circonstance, les partisans de l’ancien président deviennent les alliés des Houthis.

    Amnay idir 14.08.16

    http://www.elwatan.com/international/un-autre-revers-pour-la-coalition-arabe

    Lire aussi:

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Houthis

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Insurrection houthiste_au_Yemen

    Qui sont les Houthis, ces rebelles qui bouleversent la donne au Yémen ?

    Non, tous les Houthis du Yémen ne sont pas chiites (et autres erreurs)

  • Quatre régions, quatre autorités en Syrie (Orient 21)

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    La Syrie en guerre est actuellement divisée en quatre régions principales, contrôlées respectivement par le régime, l’organisation de l’État islamique (OEI), les Kurdes et différents groupes de l’opposition. Il existe à présent une grande variété d’administrations locales autonomes et l’essentiel de l’activité économique s’est déplacé vers la zone côtière. C’est cette situation et ses conséquences qu’il faudra affronter lors du règlement du conflit.

    Avant l’insurrection, la Syrie pouvait être divisée en deux régions. L’ouest du pays, qui comprend l’axe Damas-Alep et inclut les principales grandes villes de la zone côtière, constituait la partie la plus développée tandis que le sud (les provinces de Deraa, berceau de la révolte, Quneitra et Soueida) et l’est (Deir ez-Zor, Hassakeh et Rakka) étaient plus démunies, selon les indicateurs socio-économiques.

    Il y avait cependant des exceptions à ce tableau.

    Ainsi, la province d’Idlib comptait parmi les plus pauvres. À majorité rurale, elle avait été détachée d’Alep en 1958 afin d’affaiblir la métropole du nord et deuxième ville du pays. De même, les niveaux de développement économique et social dans la campagne autour d’Alep étaient faibles. De fait, la fracture ville/campagne dans la province d’Alep est la plus criante du pays.

    Dans le même temps, les provinces orientales sont les plus riches en ressources naturelles. Le pétrole est extrait dans les champs autour de Rakka et Deir ez-Zor et à la frontière nord-est de l’Irak. Le blé, l’orge et le coton — trois cultures stratégiques — sont cultivés dans ces régions, également les plus riches en ressources minérales grâce notamment aux eaux de l’Euphrate qui descend de la Turquie et arrose l’Irak après avoir traversé la Syrie. En conséquence, les régions riches en ressources naturelles ne tiraient qu’un bénéfice limité de leur sol.

    La Syrie était gouvernée par un État central relativement fort. Les institutions étaient actives, le gouvernement continuant d’offrir ses services (scolarisation, éducation, etc.), d’investir dans l’infrastructure et de fixer les prix de certains produits de consommation (pain, gazole, etc.) ou à la production (produits agricoles, électricité, prêts bancaires). Dans les zones les plus sous-développées, il demeurait un employeur important, en partie en raison du faible niveau de l’investissement privé.

    85 % de pauvres

    La décennie de Bachar al-Assad, en particulier après 2005, a vu une notable réduction du rôle de l’État. L’investissement public était en baisse et les subventions à la majeure partie des biens et services réduites. Les politiques économiques du gouvernement ont été axées sur le secteur des services, et en faveur des grands centres urbains au détriment des banlieues, de la campagne et plus globalement des régions les plus reculées du pays. Marquant une rupture avec les politiques passées des gouvernements baasistes, la responsabilité du développement de ces zones délaissées était transférée au secteur privé, et les sociétés privées qui investissaient dans les parties reculées du pays bénéficiaient de réductions d’impôts et de régulations plus flexibles afin de les encourager. Cependant, en l’absence d’une forte volonté politique, les investissements dans les régions les plus pauvres ont marqué le pas. Ce n’est pas parce que les autorités n’ont pas réalisé les lacunes et la nécessité d’y remédier, mais elles en ont pris conscience trop tard.

    En 2016, les effets dévastateurs de la guerre sur l’économie et la vie des Syriens ne sont plus à démontrer. Selon le dernier rapport publié fin 2015 par les experts du Syrian Centre for Policy Research (SCPR), le conflit avait infligé à la fin de l’an dernier des pertes économiques d’environ 255 milliards de dollars, le PIB du pays était équivalent à moins de la moitié de sa valeur de 2010, le chômage s’élevait à plus de 50 % et la pauvreté touchait plus de 85 % de la population. En raison de la fuite des capitaux, de la chute des réserves de la banque centrale et du déficit de la balance commerciale, la livre syrienne va aujourd’hui à vau-l’eau. Échangée aux alentours de 600-700 LS pour un dollar, elle ne vaut plus que le dixième de sa valeur à la veille du conflit.

    Un impact important et durable de la guerre semble être la fragmentation du pays en au moins quatre zones distinctes :


    - la première, sous contrôle du régime, correspond à la partie occidentale et la plus développée susmentionnée : la zone côtière et le principal axe Damas-Alep, à l’exception de quelques régions rurales et suburbaines et autour de la moitié de la ville d’Alep, majoritairement aux mains de l’opposition et dans une moindre mesure du Front Al-Nosra. La ville d’Alep elle-même est sous le contrôle du gouvernement dans sa plus grande partie (ouest) et des rebelles qui tiennent la partie est  ;


    - la deuxième est contrôlée par l’OEI dans l’est du pays, le long de l’Euphrate, ce qui correspond grosso modo aux zones des tribus arabes historiquement liées à l’Irak, et autour des champs pétroliers de Deir-ez-Zor et de Rakka, bastion de l’OEI en Syrie  ;


    - une troisième zone, kurde, s’étend au nord-est et dans une poche à l’ouest d’Alep. Elle est sous domination du Parti de l’Union démocratique (PYD), la branche syrienne du PKK. C’est là que les Kurdes de Syrie sont majoritaires ou forment tout au moins la plus grande minorité  ;


    - enfin, une quatrième zone est contrôlée par divers groupes d’opposition, en plus du Front Al-Nosra. Ces régions de l’opposition (Armée libre syrienne – ALS — et autres groupes rebelles) sont fragmentées et ne possèdent pas de continuité territoriale contrairement aux trois autres.

    Ces trois dernières zones correspondent aux régions sous-développées du sud et de l’est de la Syrie.

    L’activité économique retranchée dans la zone côtière

    Bien que beaucoup moins ravagées que le reste du pays et en dépit d’une stabilité en trompe-l’œil, les régions sous contrôle du régime ont subi des changements aux impacts profonds sur le tissu économique, social et culturel de la Syrie. Dans cette partie du pays où vivent toujours deux tiers de la population, un nouvel équilibre est en train d’être instauré. L’axe Damas-Alep, qui constituait la colonne vertébrale du pays, a été particulièrement affaibli par la destruction des villes — Homs (troisième ville du pays), la moitié d’Alep et les banlieues de Damas —, la fuite des investisseurs et des classes moyennes ainsi que par l’affaiblissement du rôle et des institutions de l’État.

    L’investissement privé et public — ou ce qui en reste — se déplace vers la région côtière, considérée comme sûre et protégée. Ainsi en 2015, par exemple, 32 % des investissements privés autorisés par la Syrian Investment Agency (SIA) étaient localisés dans les provinces de Tartous et de Lattaquié (les deux principaux ports du pays) tandis que les provinces de Damas et d’Alep n’en absorbaient que 27 %. En comparaison, ces deux dernières attiraient en 2010 quelque 40,5 % des projets agréés par la SIA contre 4,5 % pour Tartous et Lataquieh. L’an dernier à Tartous, la création de petites entreprises a doublé : 1 752 nouvelles sociétés ont été créées en 2015 contre 867 l’année précédente. Et le nombre de sociétés par actions est passé de 119 en 2014 à 251 en 2015. Les investisseurs sont naturellement attirés par la sécurité qui règne dans la zone côtière, notamment le gouvernorat de Tartous, le plus paisible depuis le début de l’insurrection. À cela s’ajoute le mouvement de population fuyant d’autres régions du pays qui s’est accompagné d’un afflux d’investisseurs soucieux de placer leurs capitaux dans une région où la demande de produits connaît une hausse relative. Le changement en faveur de la zone côtière reflète ainsi une nouvelle donne démographique : les alaouites ne constituent plus la majorité des habitants de cette région comme auparavant.

    Dans une large mesure, le déplacement de l’investissement public vers la zone côtière est le résultat de la politique du régime visant à satisfaire sa «  clientèle  ». À l’automne 2015, le premier ministre Waël Al-Halqi a annoncé le lancement d’investissements, dont les medias officiels se sont fait largement l’écho, totalisant 30 milliards de livres syriennes dans les provinces de Lattaquié et de Tartous. Au même moment, le gouvernement n’allouait qu’une mince enveloppe de 500 millions de LS à la ville d’Alep, auparavant cœur industriel et commercial du pays.

    Un grand nombre d’investisseurs traditionnels ont quitté le pays et se sont installés dans d’autres régions du monde. De nouveaux hommes d’affaires ont bâti leur fortune sur des activités liées à l’état de guerre. Les élections aux chambres de commerce de Damas et d’Alep à la fin 2014, par exemple, ont illustré ces changements. À Alep, sur les douze membres du conseil d’administration, dix sont de nouveaux venus dont les noms étaient inconnus avant l’insurrection. Et à Damas, sept des douze membres sont dans cette situation.

    Grâce à l’appareil d’État, les régions côtières continuent d’entretenir des liens solides avec Damas et le gouvernement central. Une majorité d’alaouites sont toujours employés dans les secteurs civils et militaires de l’État qui a de tous temps été un pourvoyeur d’emplois pour cette communauté. Et ce rôle s’est accentué avec la guerre et la contraction de l’économie. Cette grande dépendance de la communauté alaouite vi-à-vis de l’Éat central est un facteur important plaidant contre une éventuelle autonomie de la région côtière, ce qui explique l’importance du contrôle de Damas.

    Des institutions concurrentes de l’État

    Pour ce qui est des zones hors du contrôle des forces du régime — dont certaines le sont depuis plus de trois ans — elles ont dû s’adapter à la nouvelle situation et créer des institutions et une certaine forme de gouvernance. Dans ces régions, des centres et des modes de production ont été détruits, des hommes d’affaires sont partis et les réseaux de transport et commerciaux ont été disloqués. Ces destructions ont surgi après des décennies de sous-développement. Pour les populations, les nouvelles institutions, mises en place pour pallier l’absence de l’État et le vide laissé par la destruction de l’économie d’avant la guerre, ont souvent, mais pas toujours, plus de légitimité que le gouvernement. À cela plusieurs raisons :

    - plusieurs instances sont élues, notamment dans les zones où l’opposition est installée, même si les processus électoraux laissent souvent beaucoup à désirer  ;
    - elle sont dirigées par des locaux dont un grand nombre ont lutté pour protéger leur communauté du régime  ;
    - elles font partie d’un projet politique plus ambitieux accepté par la population (Kurdes, opposition).

    En réalité, ces institutions sont en compétition avec celles du gouvernement, et la Syrie se trouve dans la situation où au moins trois d’entre elles se considèrent — ou prétendent être — le gouvernement, avec à la clé au moins quatre programmes scolaires et trois monnaies utilisées comme moyen d’échange. Ainsi, les Kurdes autorisent-ils des projets d’investissement et leurs propres publications  ; au cours des deux dernières années, ils ont édicté des dizaines de lois censées réglementer la vie dans leurs régions. L’OEI lève des impôts, autorise des investissements et a sa propre force de police. Une pléthore de conseils locaux gèrent la vie quotidienne. Enfin, le gouvernement intérimaire de l’opposition est composé de plusieurs ministères et a créé des instances chargées de de l’administration des hôpitaux et de la distribution du blé, du pain et des aides à l’intérieur du pays.

    Les dépenses effectuées par ces nouvelles autorités ne font qu’augmenter. Les experts du SCPR estiment que le total des dépenses «  publiques  » combinées des zones de l’opposition, de l’OEI et kurdes équivaut actuellement à 13,2 % du PIB syrien en 2015, contre 31,6 % dans les régions du régime. Ce qui veut dire que les dépenses «  publiques  » dans les zones non gouvernementales représentent actuellement l’équivalent de plus du tiers du budget, ce qui montre la place de plus en plus importante des nouvelles institutions créées à travers le pays pour remplacer l’État.

    Incontournable décentralisation

    La «  stabilité  » des frontières intérieures de la Syrie au cours des trois dernières années, l’ancrage des institutions nouvellement établies et l’autonomisation ainsi que les pouvoirs des nouveaux acteurs poseront à coup sûr, à la fin du conflit, de sérieux défis auxquels il faudra répondre. L’un d’entre eux est la décentralisation. Car au-delà de la question kurde, dont le règlement nécessitera un fort degré d’autonomie, la décentralisation offre l’une des rares options permettant aux différentes forces issues du conflit de se rassembler. D’ores et déjà, des appels à plus de pouvoirs locaux se font écho à travers la Syrie, et l’une des principales difficultés qui empêche l’unification de l’opposition est précisément le fort sentiment d’autonomie qui s’est développé dans les diverses communautés du pays. Le conflit a également reflété le degré de méfiance, longtemps refoulé, entre les villes, entre les villes et leurs campagnes environnantes et entre les différentes régions. Les élites urbaines, notamment à Damas, associent souvent la décentralisation à la partition du pays et à la perte de souveraineté, ce qui ne manquera pas de susciter des rejets des deux côtés de la ligne de fracture régime/opposition.

    Une autre question, partiellement liée à celle de la décentralisation, concerne l’équitable allocation des ressources. Les régions les plus riches en ressources naturelles sont aussi les moins développées, et il paraît peu probable qu’elles acceptent à nouveau le contrôle de Damas sur leurs richesses, comme par le passé. Les dépenses dans les zones kurdes, par exemple, sont dans une grande mesure financées grâce à l’exploitation du pétrole. À Deir-ez-Zor, avant l’émergence de l’OEI, les tribus et communautés locales se sont battues pour le contrôle des gisements pétroliers, considérées comme «  usurpés  » par Damas. Or, l’allocation d’une plus grande part de ressources aux régions sera combattue par tout gouvernement futur devant faire face à une pénurie de revenus. Et ce d’autant plus qu’il sera engagé dans un considérable effort de reconstruction.

    Le conflit syrien a également démontré la centralité de la question communautaire en révélant des tensions sectaires et ethniques : la peur des minorités de l’islamisme, la crainte des Kurdes de l’arabisme, la peur des chrétiens assyriens des Kurdes ainsi que le profond sentiment d’injustice ressenti par la majorité sunnite. Au-delà de ces peurs, il sera nécessaire de trouver des solutions aux questions identitaires qui sont restées longtemps réprimées. La construction d’un État qui se maintienne à égale distance de tous ses citoyens tout en assurant leurs droits politiques et culturels en tant qu’individus et en tant que communautés, pour l’instant irrésolue, sera déterminante.

    Jihad Yazigi 29 juillet 2016
  • Tamazight, langue de France : le CMA appelle à la mobilisation (Le Matin.dz)

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    En 2001, un collectif de plus de 30 associations culturelles franco-amazighes, a entrepris une démarche en vue de faire cesser les discriminations qui frappent les citoyens de culture amazighe et de donner à Tamazight (la langue amazighe) les moyens publics pour assurer sa promotion.

    Cette démarche portait le titre significatif de « Citoyens à part entière, Tamazight à l’Education Nationale ».


    Au cours de la période 2002-2004, les représentants de ce collectif ont été reçus au Ministère de l’Education nationale et des promesses leur ont été faites concernant la prise en charge par l’Etat français, de l’ensei- gnement du berbère dans les lycées, notamment pour la préparation de l’épreuve de berbère au Bacca-lauréat.
     

    Plus d’une décennie plus tard, sous des gouvernements de gauche comme de droite, rien n’a bougé.

    Les enfants et jeunes Français d’origine amazighe continuent d’être privés de la langue d’origine de leurs parents tandis qu’on leur propose parfois avec insistance, l’apprentissage de la langue arabe, dans le cadre du dispositif ELCO (enseignement des langues et cultures d’origine).

    Aujourd’hui, Najat Vallaud-Belkacem, Ministre de l’Education nationale et Rifaine d’origine, affiche sa ferme volonté d’enseigner l’arabe dès le CP mais ne fait jamais mention de Tamazight qui va demeurer exclue de l’Ecole française. Nos enfants vont ainsi continuer à subir l’arabisation et l’islamisation en France.

    Conscients de cette situation gravement discriminatoire, nous appelons toutes les associations et personnalités amazighes intéressées, à venir échanger sur les initiatives à prendre rapidement dans le but de donner à notre identité linguistique et culturelle sa place légitime dans ce pays.

    La réunion est prévue le :

    Samedi 2 juillet 2016 à 13h30

    Espace Franco-Berbère Azul

    19, Place des Alizés, 94000 Créteil

    Métro : ligne 8, station Pointe du lac

    congres.mondial.amazigh@wanadoo.fr

    Et merci de bien vouloir transmettre cet appel aux personnes et responsables associatifs amazighs (Berbères, Kabyles, Chawis, Mozabites, Rifains, Chleuhs…) de France que vous connaissez.

    http://www.lematindz.net/news/21049-tamazight-langue-de-france-le-cma-appelle-a-la-mobilisaiton.html