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Révolutions Arabes - Page 7

  • Alger, la Mecque des révolutionnaires (1962-1974) (Quartiers Libres)

    De 1962, année de son indépendance, et jusqu’en 1974, « Alger la rouge » offrait asile et assistance aux opposants et exilés du monde entier. Un pan méconnu de la politique internationale algérienne, revisité en archives.

    De 1962, année de son indépendance, et jusqu’en 1974, l’Algérie aide activement les mouvements anticoloniaux et les révolutionnaires du monde entier. Avec son sens de la formule, Amilcar Cabral, le fondateur du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC) qualifiera le pays de « Mecque des révolutionnaires ». Dirigée par le tandem Ahmed Ben Bella (à la présidence) et Houari Boumediene (au stratégique ministère de la Défense), l’Algérie jouit alors du prestige d’une indépendance acquise par les armes. Suivant l’inspiration de Fidel Castro et du Che, qui réserveront à Cuba un accueil triomphal à Ahmed Ben Bella, le pays s’impose comme le leader des aspirations des peuples du tiers-monde. Le régime apporte un soutien total aux opposants qui viennent à lui, aussi bien moral que diplomatique et financier.

    Grâce à un habile montage d’archives, ce film revisite la décennie prodigieuse, et méconnue, au cours de laquelle la plupart des opposants à la colonisation et au racisme, du Che aux Black Panthers – en passant par les indépendantistes bretons ! –, feront escale dans une capitale algérienne effervescente, rebaptisée « Alger la rouge ». Même après le coup d’État de Boumediene en 1965, le pays poursuivra sur cette lancée. Si cette politique finira par évoluer au mitan des années 1970, elle restera un sujet de fierté pour le peuple algérien. Après sa libération, en 1990, près de trente ans après s’être entraîné avec les fellagas, Nelson Mandela leur rendra un vibrant hommage et déclarera : « L’Algérie est mon pays. »

     22 mai 2017

    https://quartierslibres.wordpress.com

  • Nuages sur la Tunisie (Le Monde Diplomatique)

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    Mercredi 10 mai 2017, la petite localité de Tebourba, située à 35 kilomètres à l’ouest de Tunis, dans le gouvernorat (préfecture) de La Manouba, a été le théâtre d’affrontements entre jeunes et forces de sécurité, ces dernières usant de gaz lacrymogènes pour disperser plusieurs centaines de manifestants en colère.

    À l’origine de ces violences, la tentative d’immolation par le feu d’un jeune vendeur de fruits à la sauvette empêché de travailler par les policiers. Cela rappelle sans conteste l’événement fondateur de la révolution tunisienne de décembre 2010-janvier 2011, quand des représentants de l’ordre confisquèrent sa marchandise à Mohamed Bouazizi, le poussant à s’asperger d’essence avant de l’enflammer pour mettre fin à ses jours (17 décembre 2010).

    Malgré le retour au calme — les autorités du gouvernorat ont promis d’aménager des espaces de vente pour les marchands ambulants —, le drame de Tebourba est loin d’être isolé. Suicides ou automutilations sont fréquents chez une jeunesse désabusée et les protestations populaires qui suivent ces actes s’ajoutent aux tensions sociales qui aggravent un climat politique des plus délétères. Jour après jour, la Tunisie s’interroge sur son avenir dans un contexte de crise multiforme.

    Lire aussi Thierry Brésillon, « Grand déballage historique en Tunisie », Le Monde diplomatique, mai 2017. La veille des affrontements de Tebourba, le pays apprenait ainsi la démission de M. Chafik Sarsar, le président de l’Instance supérieure indépendante des élections (Isie). En poste depuis 2014, cette personnalité indépendante et très respectée devait préparer les élections municipales — les premières depuis la chute de l’ancien régime — du 17 décembre prochain. Suivi dans son départ par deux autres membres du conseil de l’Isie, dont le vice-président, l’intéressé s’est dit contraint à la démission » et a évoqué des « divergences internes » menaçant l’organisation « d’élections libres et transparentes ».

    Pour de nombreux Tunisiens, il ne fait nul doute que M. Sarsar subissait les pressions des autorités et de partis politiques désireux de remporter le scrutin. Cela afin de bénéficier d’assises territoriales et financières susceptibles de les aider à préparer au mieux leurs campagnes électorales pour les législatives de 2019. Du coup, l’opinion publique se demande si les municipales auront bien lieu. Un report, même de quelques semaines, aurait un effet fâcheux dans la mesure où ce rendez-vous, maintes fois décalé, est considéré comme une étape fondamentale dans la poursuite du processus de transition démocratique entamé depuis la chute de l’ancien président Zine El-Abidine Ben Ali, le 14 janvier 2011.

    Dans un discours prononcé ce même 10 mai, le président Béji Caïd Essebsi a néanmoins assuré que les élections locales auront bien lieu. Annoncée depuis plusieurs jours, son adresse à la nation a surtout été l’occasion de fustiger les mouvements sociaux qui paralysent l’activité économique en divers points du pays, notamment dans les régions du Kef (nord-ouest) et de Tataouine (sud-est). Revendiquant la nécessité de défendre « l’État de droit », et estimant que les manifestations « ne sont pas toutes légitimes » M. Essebsi a fait savoir qu’il avait décidé de recourir à l’armée pour protéger « les outils de production » et défendre les sites d’extraction de pétrole et de phosphate. Pour mémoire, en 2011, alors qu’il était chef du gouvernement (du 27 février au 24 décembre 2011), celui qui fut, entre autres, ministre de l’intérieur (1965-1969) du président Habib Bourguiba, s’était déjà élevé contre « le dégagisme néfaste à l’économie » dont, selon lui, se rendaient coupables nombre de Tunisiens désireux de chasser tous les responsables en place, qu’ils soient élus, gouverneurs (préfets) ou chefs d’entreprise.

    En décidant de faire appel à l’armée pour « protéger » l’activité économique, le président tunisien prend le risque de dérapages tant les protestations s’accroissent. Après six années de transition, une grande majorité de Tunisiens ne voit aucune amélioration dans la situation économique et reproche aux autorités de ne pas agir contre la marginalisation de nombreuses régions. À Tataouine, des manifestants multiplient sit-in, blocages de route et marches publiques pour exiger des investissements pour le développement régional et la mise en place, par les compagnies pétrolières, d’une politique de recrutement favorable à la jeunesse locale. En somme, les mêmes revendications qu’il y a vingt, dix ou six ans… S’il a été favorablement accueilli par la bourgeoisie tunisienne qui se dit lassée par le désordre dans le pays, ce recours à la soldatesque fait craindre un tour de vis sécuritaire et un retour déguisé à l’ordre ancien.

    Il faut dire que les alertes en ce sens s’intensifient. En avril dernier, l’Union générale des étudiants de Tunisie (Uget) dénonçait les violences policières commises lors de manifestations estudiantines. Début mai, la rédaction du site indépendant Nawaat condamnait « le harcèlement du directeur de sa rédaction et l’intention manifeste des autorités à s’acharner contre ses journalistes. » Sami Ben Gharbia, cofondateur et directeur de la rédaction avait alors été convoqué — le 3 mai, jour de la célébration mondiale de la liberté de la presse ! — par la brigade centrale d’investigation de la Garde nationale pour y être interrogé à propos de fuites concernant un projet présidentiel d’amnistie des cadres de l’ancien régime.

    Sur les réseaux sociaux, mais aussi lors des nombreux talk-shows sur les chaînes de télévisions tunisiennes, cette tentation sécuritaire est d’autant plus critiquée que le gouvernement de M. Youssef Chahed (lire l’encadré ci-dessous) peine à apporter des réponses aux inégalités et aux déséquilibres régionaux. C’est d’ailleurs la persistance de la marginalisation d’une partie du pays que met en exergue le dernier rapport de l’International Crisis Group (ICG) (1). Pour les experts de ce laboratoire d’idées basé à Bruxelles, le compromis politique en place depuis 2014, fruit de l’alliance entre le parti Nidaa Tounès (camp présidentiel) et la formation islamo-conservatrice d’Ennahda, est menacé à moyen terme. Relevant la paralysie qui empêche l’accomplissement des réformes, le document insiste sur le poids néfaste des « réseaux clientélistes » et, plus encore, sur l’existence d’une bataille de l’ombre entre l’élite économique traditionnelle et de nouveaux entrepreneurs originaires de l’intérieur du pays ou des zones défavorisées.

    « Alors que les équilibres macroéconomiques sont mis à mal, la polarisation se renforce dans le monde des affaires entre chefs d’entreprises, mais aussi entre ces derniers et les barons de l’économie informelle, notamment de la contrebande, note ainsi le rapport. D’un côté, une élite économique établie issue de la région côtière de l’Est du pays et des grands centres urbains est protégée et privilégiée par des dispositifs réglementaires, et entend le rester. De l’autre, une nouvelle classe d’entrepreneurs issus des régions déshéritées, dont certains sont cantonnés au commerce parallèle, soutiennent en partie les protestations violentes contre le pouvoir central et aspirent à se faire une place parmi l’élite établie, voire à la remplacer. »

    Pour l’ICG, seuls un dialogue national et la mise en place d’un certain nombre de mesures sont susceptibles d’empêcher que cet affrontement régionaliste ne mène à l’échec de la transition démocratique. Et parmi les changements que suggère le laboratoire d’idées, il y a le « renforcement de l’Instance nationale de lutte contre la corruption (Inlucc) » ainsi que la « soumission par les partis politiques de leurs rapports financiers à la Cour des comptes. »

    L’un des mérites du document de l’ICG est d’insister sur le fait que « des hommes de l’ombre du milieu des affaires tirent les ficelles en coulisses pour défendre leurs intérêts. » Une réalité que nombre de Tunisiens valident en faisant systématiquement référence à l’existence de « mafias » organisées dont l’argent irrigue non seulement le champ politique mais aussi celui des médias et même des organisations non gouvernementales (ONG) locales.

    C’est dans ce contexte que le président Béji Caïd Essebsi tente de convaincre ses concitoyens d’accepter le projet de loi de réconciliation économique dont la troisième mouture est en discussion à l’Assemblée. Pour les autorités tunisiennes, l’amnistie, sous conditions, de personnes impliquées dans des crimes de corruption est susceptible de tourner la page du passé et de permettre le redémarrage de l’économie. La gauche, les syndicats, ainsi que de nombreuses associations y sont opposées et manifestent régulièrement pour exiger le retrait de ce projet qu’ils qualifient de « blanchiment de la corruption ». Des militants pour la défense des droits humains voient dans ce projet une tentative pour amoindrir les prérogatives de l’Instance Vérité et Dignité (IVD), en charge du processus de justice transitionnelle et dont les travaux font face à une hostilité plus ou moins assumée de la part du pouvoir.

    Lire aussi Jérôme Heurtaux, « Le triple déni des cadres déchus », Le Monde diplomatique, mai 2017. Quoi qu’il en soit, l’avenir de ce texte dépend de la position que prendra Ennahda. À l’image de son guide Rached Ghanouchi, la direction de ce parti semble encline à soutenir le texte pour au moins deux raisons. La première est liée à l’idée qu’une opposition à son adoption sonnerait le glas de la coalition avec Nidaa Tounès et précipiterait le pays dans une grave crise politique à l’issue incertaine. La seconde est d’ordre stratégique. En absolvant certains cadres de l’ancien régime, qui fut pourtant un impitoyable persécuteur des islamistes, Ennahda élargirait son influence au sein des élites économiques traditionnelles, sachant que son poids chez les entrepreneurs du secteur informel est déjà conséquent. Seul problème pour la direction de ce parti, sa base demeure opposée à cette absolution. Le sort du projet de loi de réconciliation économique en dira long sur la recomposition politique en Tunisie.

     

    Un gouvernement affaibli

    Tombera ou ne tombera pas ? Installé à la fin août 2016, le gouvernement de M. Youssef Chahed fait l’objet de nombreuses spéculations quant à sa pérennité. Obligé de composer avec une Assemblée hostile, le plus jeune chef de gouvernement de l’histoire de la Tunisie indépendante (il a 41 ans) doit faire face à un flot ininterrompu de critiques liées notamment à son incapacité à répondre aux attentes sociales nées de la révolution.

    Certes, M. Chahed a été conforté à son poste par le président Essebsi lors du discours de ce dernier, mais le limogeage de deux de ses ministres, visiblement décidé par le palais de Carthage — le siège de la présidence — a illustré le manque d’autonomie du gouvernement. C’est un conflit avec le syndicat de l’enseignement secondaire, une branche de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), qui a coûté son poste à M. Néji Jelloul, ministre de l’éducation. Ce dernier, personnalité ambitieuse et d’autant plus désireuse de jouer un rôle de premier plan que le parti présidentiel Nidaa Tounès est miné par les dissensions, s’est attiré les foudres des syndicats en cherchant à légiférer sur les cours particuliers. Une pratique discrétionnaire et peu encadrée qui représente néanmoins une part substantielle des revenus des enseignants. Son limogeage signe le glas de ce projet, au grand dam de nombreux ménages qui dénoncent le poids financier excessif de ces enseignements additionnels.

    Quant à Mme Lamia Zribi, désormais ex-ministre des finances, son renvoi est dû à une bourde bien étonnante pour qui connaît les exigences de prudence oratoire pour un tel poste. En estimant publiquement que le dinar tunisien, déjà bien faible, pourrait tomber à un taux de 1 euro pour 3 dinars d’ici la fin de l’année, elle a provoqué une panique sur le marché local des changes et obligé le chef du gouvernement à démentir toute imminence de dévaluation de la monnaie nationale. Un cafouillage de mauvais aloi quand on sait que la Tunisie est engagée dans de difficiles négociations avec le Fonds monétaire international (FMI).

    Akram Belkaïd  14 mai 2017

    http://blog.mondediplo.net/

  • Tunisie: "ni terroristes ni casseurs", des manifestants du sud ne "lâchent rien" (Le Point)

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  • Nouveautés sur Association France Palestine Solidarité

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  • Nouveautés sur Agence Médias Palestine

     
    Lettre au président américain Donald Trump de la part des familles des prisonniers palestiniens dans les geôles israéliennes

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      Par Alaa Tartir, le 16 mai 2017   Parler de « coopération » israélo-palestinienne… n’est rien moins qu’une erreur de dénomination. Toutefois, ce n’est pas seulement parce que « le résultat d’une coopération entre un éléphant et une mouche n’est pas difficile à prédire, » comme Chomsky l’écrit si concisément… mais parce que sous...
     
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  • Risque d’escalade en Tunisie après la mort d’un manifestant dans le sud (ESSF)

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    Un jeune manifestant est mort lundi après avoir été écrasé par un véhicule de la gendarmerie dans le sud de la Tunisie, faisant craindre une escalade dans cette région agitée depuis plusieurs semaines par des protestations sociales.


    Une cinquantaine de personnes ont également été hospitalisées pour asphyxie au gaz lacrymogène ou fractures, lors de heurts entre manifestants et forces de l’ordre à El-Kamour et Tataouine, sa préfecture, a indiqué à l’AFP le ministère de la Santé.

    La tension est montée durant le week-end à El-Kamour, site désertique à une centaine de km de Tataouine où campent depuis près d’un mois des habitants réclamant une meilleure répartition des richesses et des recrutements prioritaires dans les sociétés pétrolières.

    Face à ce mouvement entravant la circulation des camions vers les champs pétroliers et gaziers de Tataouine, le président Béji Caïd Essebsi a solennellement demandé le 10 mai aux militaires de protéger les sites de production du pays d’éventuels blocages. Lundi matin, « un citoyen a été tué à El-Kamour par un 4x4 de la Garde nationale (l’équivalent de la gendarmerie) qui faisait marche arrière. Il est mort après son transport à l’hôpital », a confirmé devant la presse le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Yasser Mesbah.

    Tout est fermé

    Ce décès est survenu lors d’une manifestation devant le complexe pétrolier et gazier, où les forces de l’ordre ont fait usage de gaz lacrymogène pour repousser les protestataires qui tentaient d’y pénétrer.
    Selon le porte-parole du ministère de la Défense, Belhassen Oueslati, les manifestants « ont utilisé des camions pour forcer le barrage » érigé autour des installations. « La situation est stable », a-t-il ajouté lors de ce point de presse.

    Son homologue de l’Intérieur a indiqué que 13 policiers avaient été blessés à El-Kamour et Tataouine. Six agents de la Garde nationale ont aussi été touchés dont deux grièvement. Un agent de la protection civile est en soins intensifs, a-t-il ajouté.

    M. Mesbah a également déclaré que le siège de la Garde nationale à Tataouine avait été incendié, des véhicules des forces de l’ordre brûlés et la fourrière dévalisée.
    Après le décès du manifestant d’El-Kamour, une manifestation de soutien organisée devant le gouvernorat à Tataouine a elle aussi fini en heurts.

    Ce rassemblement n’a dégénéré « qu’après les violences à El-Kamour », a assuré à l’AFP, sous couvert de l’anonymat, un participant. « Tout est fermé à Tataouine. Seule l’armée est là, les policiers et gendarmes sont partis. Nous n’avons aucun problème avec l’armée, qui se comporte de manière très civilisée », a-t-il ajouté.

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    On ne lâche rien

    Dans le centre de Tunis, deux manifestations -des dizaines de personnes puis quelques centaines- ont été organisées lundi en soutien aux contestataires du sud. Les participants ont notamment repris à leur compte le slogan phare des habitants de Tataouine : « On ne lâche rien ».
    « Le peuple de Tataouine revendique son droit au travail et au partage des ressources et (Béji Caïd) Essebsi répond par la force », a fustigé Marwane, la trentaine.

    Parmi les rares réactions politiques, le parti islamiste Ennahdha a appelé au calme, tout en jugeant « légitimes » les revendications des habitants de Tataouine.

    Dès samedi, l’armée avait procédé à des tirs de sommation pour disperser la foule à El-Kamour, pour la première fois depuis l’appel du président Essebsi aux militaires. Le lendemain, le ministère de la Défense a prévenu que l’armée aurait recours à la force contre quiconque tenterait de pénétrer à l’intérieur du site d’El-Kamour.
    « La tentative d’entrer par la force dans l’installation protégée par l’armée (...) n’est pas un acte pacifique (...) Cela requiert une réaction », a insisté lundi à la radio le porte-parole du ministère Belhassen Oueslati.

    En fonctions depuis moins d’un an, le gouvernement d’union de Youssef Chahed est à son tour confronté à une grogne sociale croissante, en particulier dans les régions périphériques.
    Les mouvements prennent régulièrement l’allure de sit-in bloquant routes et accès à certains sites.
    La Tunisie, unique pays rescapé du Printemps arabe, avait connu début 2016 sa plus importante contestation sociale depuis la chute de la dictature cinq ans plus tôt, après le décès d’un jeune manifestant lors d’une manifestation pour l’emploi à Kasserine (ouest).

    mardi 22 mai 2012

  • Ces pauvres qui agacent la Tunisie des nantis (Nawaat.tn)

    Albert Camus disait : « L’homme n’est pas entièrement coupable : il n’a pas commencé l’histoire ; ni tout à fait innocent, puisqu’il la continue ».

    Battez-vous, mais ne vous trompez pas de combat. Méprisez la misère, non ceux qui la subissent. Et si vous trouvez niais ceux qui compatissent avec la misère des autres, pensez à ceux qui vivent aveuglement dans la névrose du « toujours plus », s’oubliant dans la tourmente qu’exige leur personnage. Existe-t-il un plus grand mépris de soi ?

    Les pauvres agacent les falsificateurs de l’histoire, les promoteurs de la grandeur virtuelle de la Tunisie. Ils ne sont plus méritants et reconnaissants des bienfaits qui leur sont accordés. Voilà qu’ils se mettent à ne plus supporter leur misère, à revendiquer, à dénoncer les injustices, les abus de pouvoir et le déséquilibre du développement régional.

    Ils sont agaçants même trop agaçants, car non seulement ils posent des soucis certains pour les responsables politiques actuels, mais en plus, leur lisibilité fait tomber à l’eau tous les bla bla sur le Bourguiba « visionnaire », qui en réalité n’est que l’investigateur d’une politique économique extravertie, et nettement au dépend de l’équilibre entre les régions.

    Ces pauvres emmerdent, car ils veulent leur part du « gâteau », ils demandent à être assistés par un Etat trop occupé à subventionner ses hôteliers et à s’épuiser à faire passer un projet de loi qui pardonnerait aux voleurs du pays leurs crimes. « Ce sont des hommes d’affaires », nous dit-on. Drôles d’hommes d’affaire, qui profitent de bas salaires, d’exonération d’impôt et qui restent pourtant insatisfaits. Ces mêmes hommes d’affaire qui s’adonnaient à des opérations de trafic qui ont fait perdre au pays deux points et demi de croissance pendant une dizaine d’années.

    Aux yeux des bien-pensants, les pauvres sont des barbares dangereux pour l’ordre public. Comment ces habitants de Tataouine, ont-ils osé renvoyer le chef du gouvernement ? Un jeune aussi raffiné et dynamique qui a pris la peine d’aller leur proposer des solutions de pacotilles pour soulager leurs misères.

    Ces gens-là n’ont aucun savoir vivre, ni sens de raffinement. Ils ne pensent pas au bien du pays. Ils ont la haine et ils veulent diviser le pays. A l’issue de l’attentat de Sousse qui a visé l’hôtel de Mme Zohra Driss, celle-ci a eu l’intelligence de demander aussitôt l’aide de l’Etat, alors que les cadavres étaient encore chauds. Elle a eu ce qu’elle demandait. Les « ploucs » devraient s’inspirer de ce type d’élégance et apprendre à battre le fer pendant qu’il est chaud.

    Ces pauvres sont bêtes, ils revendiquent la décentralisation et le développement des régions. Il parait que c’est prévu par la constitution, oui mais, ils auraient dû comprendre que les lois, les écrits et les discours officiels existent pour être dépassés dans ce pays.

    « Je ne reconnais plus ma Tunisie », crient certains. Qu’est-ce qui a changé dans leur Tunisie ? Les pauvres justement ; d’invisibles, ils sont devenus visibles. Un peu trop aux goûts de ces braves gens : leurs revendications, même tues par les télévisions sont reliées par les réseaux sociaux. On les rencontre à chaque coin de rue en plein centre-ville. Les uns, vendent des « chinoiseries » de tout genre. Les autres brondissent dans un parking pour réclamer quelques millimes. Les plus exigeants ont pris l’habitude d’aller déranger les responsables avec leurs requêtes. Les plus « méchants » bloquent les routes. Les pauvres de ce pays ont changé. Ingrats, ils n’accomplissent plus leur devoir de pauvres. Ils refusent désormais, d’être au service d’une minorité de nantis sans imagination, et leurs relais arrogants déguisés en politiques et bradant des slogans auxquels personne ne croit plus.

    Le pire ces déshérités se sont mis à agacer même des pauvres comme eux. Ces derniers font partie de ce qu’on appelle la classe moyenne. Leurs ennemis jurés, c’est ces misérables qui ne restent plus tranquilles. Nostalgiques, ils souhaitent le retour d’un Etat fort qui obligerait tous ceux qui les dérangent à se cacher et se la boucler. Ils veulent la paix pour vaquer tranquillement à leurs petits trafics fantasmant et jonglant avec des millions qu’ils ne possèdent pas encore.

    A défaut de partager les millions des nantis, ils se contentent, pour le moment, de partager leurs bêtises et défendre leurs balivernes ; leur coach s’appelle Lotfi Laamari, leur imam préféré Férid El Beji, Leur expert génial est Moez Joudi, leur spectacle préféré l’éternelle Hadhra de Fadhel Jaziri. Les plus « modernes » d’entre eux sont fans de l’émission Capital de M6 et des livres de Paulo Coelho.

    Ils se disputent les « j’aime », les « j’adore » et les « bravo » pour les statuts du rejeton de l’exécutif. Au papa, ils pardonnent tout, attendant stoïquement l’apparition de son génie supposé, prêtant à ses discours des subtilités qu’ils n’ont pas. La majorité de ce type de pauvres, sont des humanistes intermittents, ils veulent pardonner aux mafieux, et punir fermement les grévistes, les paresseux et les vendeuses qui oublient de leur rendre leurs petites monnaie (Pour le principe, nous disent-ils).

    Dans leurs heures perdues, ils distribuent la nationalité Tunisienne aux uns, la confisquant aux autres. Le malaise des riches est à limite compréhensible, mais la haine des pauvres par ces derniers est pathétique et désespérante. Intransigeante, elle n’a d’égal que la somme de lâcheté, de renoncement et de trahison de leur personne après avoir gagné les miettes que leurs maîtres ont daigné leur laisser. Leur amertume irait en grandissant car la concurrence devient rude, entre eux ; leurs maîtres sont de plus en plus cupides, bêtes et méchants, les pauvres de plus en plus indisciplinés et agaçants, et eux, même pas repus.

    Vous recherchez la compagnie des « grands », des inoubliables sensations. Evitez de vous réduire à de simples consommateurs frustrés. Cherchez la compagnie des vrais grands de ce monde, lisez leurs beaux testes, ressourcez-vous avec leurs belles musiques. Ouvrez vos yeux sur la beauté du monde. Les pauvres ne vous agaceraient plus. Avec un peu de chance, vous finirez par remplacer votre dégout par un minimum d’empathie. Et là, vous comprendrez que vous n’êtes point à l’abri de l’injustice de ce monde. Bientôt, vous n’aurez plus le droit aux miettes, quoique vous vendiez. Il vaut mieux échouer à essayer de changer le monde, que de perdre en se conformant à l’ensemble de ses bêtises. Rien n’est plus amer que de se retrouver, à l’automne de sa vie, insatisfait, agacé, ne supportant plus les éclats de rire des enfants, se disant « tout ça pour ça » !

    Albert Camus disait : « L’homme n’est pas entièrement coupable : il n’a pas commencé l’histoire ; ni tout à fait innocent, puisqu’il la continue ». Tenter de s’inscrire dans la rupture avec ce monde, injuste et superficiel, est salvateur. Battez-vous, mais ne vous trompez pas de combat. Méprisez la misère, non ceux qui la subissent. Tentez de déloger ceux qui s’assoient dessus, au lieu de les courtiser. Et si vous trouvez niais ceux qui compatissent avec la misère des autres, pensez à ceux qui vivent aveuglement dans la névrose du « toujours plus », s’oubliant dans la tourmente qu’exige leur personnage. Existe-t-il un plus grand mépris de soi ?

     

    http://nawaat.org/

  • A Beyrouth, Journées militantes de Veille du Patrimoine pour défendre les sites historiques en danger (Global Voices)

     

    Partie de l'affiche annonçant la Journée de Veille du Patrimoine. Toutes les photos

    Dans les années qui ont suivi la guerre civile libanaise de 1975-1990, Beyrouth a connu une frénésie de privatisation et de promotion immobilière qui a altéré l'aspect de la ville, depuis le front de mer jusqu'aux collines entourant la péninsule.

    Cette période, appelée ‘l'ère de la reconstruction’ renvoyant souvent aux années 1990 mais qui dure encore, a vu de nombreux monuments historiques de Beyrouth menacés de destruction pour faire place à la ‘rénovation urbaine’.

    Les universitaires préfèrent dire ‘effacement spatial’, expliquant que “l'effacement spatial initié par les destructions de la guerre se consolide lors de la reconstruction d'après-guerre”, selon les mots de Marwan Ghadour et Mona Fawaz. Bruno Marot et Serge Yazigi vont encore plus loin en soutenant que “l'essor d'un urbanisme orienté par le marché, l'absence de véritable planification urbaine et la polarisation confessionnelle à grande échelle” pourraient semer “les graines d'un conflit futur”.

    Des militants au Liban ont riposté en organisant une Journée de Veille du Patrimoine [‘Heritage Watch Day’, nom officiel de l'événement] pour attirer l'attention internationale sur un certain nombre de sites historiques menacés, et encourager les Beyrouthins à les défendre activement. Deux sites seront au centre de cette édition : le Palais de Hneine et la Péninsule de Dalieh.

    Le Palais de Hneine est un des édifices les plus remarquables de Zokak el-Blat, autrefois un quartier-jardin huppé à l'extérieur des murailles de la vieille ville. Quand la guerre civile a éclaté en 1975, son rez-de-chaussée a abrité des familles déplacées, qui ont subdivisé les grands espaces avec des cloisons improvisées.

    Les derniers occupants ont été expulsés en 1990, et le palais est désormais vide et délabré. Le bâtiment a de multiples copropriétaires, sans consensus clair sur son avenir, pendant que s'intensifie la cadence du développement immobilier dans le quartier.

    Quant à la Péninsule de Dalieh, c'est un lieu marquant de la corniche de front de mer, à riche valeur sociale et culturelle. Depuis des siècles, la zone rocheuse ouverte qui longe le bord de mer est mise à profit par les familles populaires pour des activités récréatives quotidiennes : elles y nagent, célèbrent les fêtes religieuses, mais aussi pêchent et jardinent.

    L'accès public aux plages de Beyrouth est une longue tradition, qui remonte à l'Empire Ottoman (depuis le 16ème siècle jusqu'à 1918) et s'est poursuivie pendant le mandat français (1920-1943) avec des lois interdisant la promotion immobilière en bord de mer.

    Mais depuis les années 1960, une série de changements législatifs a fait disparaître la plupart des protections du littoral, permettant une construction presque sans frein.

    Une opportunité saisie par les grands investisseurs immobiliers, qui ont réussi à s'approprier la presque totalité du site. Les propriétaires actuels envisagent la réalisation d'une marina privée. Les phases initiales des travaux incluent la démolition des abris de pêche et la clôture du site pour empêcher son accès public.

    La Journée de Veille du Patrimoine est organisée par deux collectifs.

    Celui de Save Beirut Heritage (Sauver le patrimoine de Beyrouth), une association de bénévoles qui œuvre à la surveillance collective des bâtiments du patrimoine et agit comme lanceur d'alerte à chaque soupçon de démolition illégale, a porté la candidature du palais de Hneine Palace à la Liste de surveillance du World Monuments Fund (WMF, Fonds mondial pour les monuments) Le WMF est une organisation internationale privée à but non lucratif “fondée en 1965 par des particuliers préoccupés par la destruction accélérée dans le monde de trésors artistiques essentiels”.

    Quand à the Civil Campaign to Protect the Dalieh of Raouche (la Campagne civique pour protéger le Dalieh de Raouche), cette coalition de particuliers et d'associations, partageant un engagement fort pour la préservation des espaces communs et de la diversité écologique et culturelle de Beyrouth, a emboîté le pas pour la péninsule de Dalieh.


    Image via Beirut Report. Source.

    La Journée de Veille du Patrimoine, qui se déroulera de fait sur plusieurs jours du 18 au 21 mai, proposera des conférences et discussions publiques, des interventions artistiques spéciales aux sites, des expositions, ateliers scolaires et visites de sites, des concerts, marchés alimentaires et foires de rue.

    Le programme vise à faire reconnaître les citoyens et usagers de la ville comme des partenaires actifs dans la bataille pour sauver le patrimoine, et leur donner la possibilité d'exprimer leurs inquiétudes devant la façon dont le développement immobilier mû par le marché et le règne de la déréglementation transforment le caractère et l'identité de Beyrouth.

    Image via Beirut Report. Source.

    Les sites ont tous deux rejoints les 48 déjà inscrits sur la liste, avec l'espoir que cela attire l’attention sur d'autres sites du patrimoine menacés. 

    Des lieux comme la Maison Rouge dans le quartier de Hamra à Beyrouth, qui daterait du 18ème siècle, La Maison Rose, une des plus anciennes grandes demeures de Beyrouth datant du 19ème siècle, Ramlet El Bayda, la dernière plage publique de Beyrouth, la Brasserie Laziza, aussi appelée La Grande Brasserie du Levant, une des premières grandes usines du Liban et qui serait la plus ancienne brasserie du Mouen-Orient, Horsh Beirut, le plus grand espace vert de la ville, et les vestiges antiques découverts dans ce qu'on a surnommé le Quartier Digital de Beyrouth au centre de la capitale sont quelques exemples de l'indifférence de la ville pour ses atouts culturels, auxquels elle préfère l'urbanisation et la promotion immobilière massives.

    Comme l'a expliqué Florence Massena, ce sont “les symboles de l'absence de planification urbaine dans la capitale libanaise, où le patrimoine succombe à l'argent”.

    La Maison Rouge a été retirée de la “liste des bâtiments protégés” en février 2017, sept mois seulement après y avoir été inscrite. Le sort de la Maison Rose est incertain lui aussi depuis qu'un artiste britannique a réussi à la ramener brièvement sous les projecteurs des média. Fin 2016, elle a été rouverte au public pendant deux mois. Quant à la Brasserie Laziz, sa démolition a débuté en mars 2017 pour “faire place à un complexe d'appartements de luxe”.

    Pendant ce temps, Horsh Beirut est sous la menace aujourd'hui “de la construction en cours à l'intérieur du parc d'un poste médical avancé” malgré son classement en site naturel depuis 1940. Le parc, qui couvrait à l'original 125 hectares, est aujourd'hui réduit à un triangle de 33 hectares. Il a été rouvert au public en septembre 2015 après vingt ans de fermeture.

    Quant aux vestiges antiques, ils n'ont été découverts que récemment et semblent remonter à l'époque romaine. Habib Battah, du blog renommé ‘Beirut Report’ a réussi à y jeter un coup d’œil et s'est fait après cela agresser physiquement par des promoteurs et menacer verbalement par un fonctionnaire de haut rang pour avoir publié des photos des ruines.

    Pour le programme exhaustif des activités prévues de la Journée de Veille du Patrimoine, cliquer ici.

  • Arabie Saoudite (Amnesty + A l'Encontre.ch)

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    La visite de Donald Trump risque de donner le feu vert à des violations des droits humains

    Les droits humains sont attaqués sans relâche dans les États du Golfe. Margaret Huang, directrice d'Amnesty International États-Unis

    Le président américain Donald Trump entame son premier voyage à l'étranger et se rend au sommet de Riyad, en Arabie saoudite : la lutte contre le terrorisme et la sécurité seront au cœur de ses discussions avec les dirigeants des États du Golfe et des États arabes. Le président devrait également dévoiler des contrats d’armement de plusieurs milliards de dollars avec l'Arabie saoudite. Le fait que les droits humains ne figurent pas à l’ordre du jour risque de favoriser les violations dans une région où les gouvernements bafouent les droits de leurs propres citoyens au nom de la lutte contre le terrorisme et violent le droit international humanitaire dans des conflits alimentés en grande partie par des transferts d'armes américains, a déclaré Amnesty International.

    « Les droits humains sont attaqués sans relâche dans les États du Golfe. L'Arabie saoudite et d'autres pays du Golfe se servent de la lutte contre le terrorisme comme d'un prétexte pour écraser et persécuter les détracteurs, les dissidents pacifiques et les défenseurs des droits humains, a déclaré Margaret Huang, directrice d'Amnesty International États-Unis.

    « Alors même que des familles sont tuées chez elles et que des armes interdites par le droit international sont utilisées par la coalition que dirige l'Arabie saoudite au Yémen, l'administration Trump prévoit des contrats d’armement de plusieurs milliards de dollars avec l'Arabie saoudite. Ce mépris flagrant pour les droits humains et le droit humanitaire ne fera qu'inciter les États du Golfe et du monde à poursuivre leur quête de " sécurité " au détriment des droits fondamentaux des citoyens. »

    Transferts d'armement des États-Unis

    Lors d'une récente visite en Arabie saoudite, le rapporteur spécial des Nations unies sur la promotion et la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans la lutte contre le terrorisme a conclu que l'Arabie saoudite n'avait pas pris de mesures concrètes pour enquêter sur de possibles crimes de guerre commis par ses propres forces dans le conflit au Yémen.

    Or, les États-Unis restent le principal fournisseur d'armes de l'Arabie saoudite. L'administration Trump est en train de finaliser les dernières étapes d'une vente d'armes de plusieurs milliards de dollars avec le gouvernement saoudien.

    Amnesty International a rassemblé des informations sur un vaste éventail de violations du droit international commises par tous les belligérants au Yémen, y compris la coalition que dirige l'Arabie saoudite. La coalition a mené des raids aériens incessants, tuant et blessant des civils et détruisant des habitations, des biens et des infrastructures civils dans des attaques menées sans discrimination ou visant des biens de caractère civil. Plusieurs de ces attaques, dont certaines constituent des crimes de guerre, ont utilisé des armes américaines.

    « Les États-Unis, via des transferts d'armes à destination de l'Arabie saoudite, continuent d'alimenter de graves violations des droits humains, qui causent de terribles souffrances à la population civile du Yémen, a déclaré Margaret Huang.

    « Des preuves accablantes attestent de crimes de guerre commis par la coalition que dirige l'Arabie saoudite. Les États-Unis doivent immédiatement cesser de fournir des armes aux membres de la coalition en vue d'une utilisation au Yémen et faire pression en faveur d'une enquête indépendante et efficace sur les nombreuses violations recensées dans le cadre de cette guerre oubliée. »

    Répression des droits humains

    En mai 2017, le rapporteur spécial des Nations unies sur la promotion et la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans la lutte contre le terrorisme a conclu que les lois antiterroristes du pays ne respectent pas les normes internationales et que l'Arabie saoudite « doit cesser d’utiliser la législation antiterroriste contre les personnes exerçant pacifiquement leurs droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion ».

    Amnesty International a constaté une répression continue et systématique orchestrée par les autorités en Arabie saoudite contre les militants des droits humains, s'attaquant violemment aux derniers vestiges d'une société civile très fragilisée dans le pays. Des militants sont arrêtés et poursuivis, aux termes des lois antiterroristes et de lois destinées à étouffer toute critique pacifique, sur la base de chefs d'inculpation à la formulation vague et excessivement large. Parmi les détenus, les prévenus ou ceux qui purgent des peines d’emprisonnement figurent plusieurs membres de l’Association saoudienne des droits civils et politiques (ACPRA), une organisation indépendante de défense des droits humains créée en 2009 et que les autorités ont dissoute en 2013.

    « Les autorités saoudiennes se cachent derrière les lois antiterroristes draconiennes pour justifier les condamnations de défenseurs pacifiques des droits humains. Les uns après les autres, les militants en Arabie saoudite disparaissent », a déclaré Margaret Huang.

    D'autres pays du Golfe invoquent la sécurité et la lutte contre le terrorisme pour réprimer la dissidence. Le gouvernement de Bahreïn restreint la liberté d'expression et le droit de réunion pacifique : il arrête d'éminents défenseurs des droits humains, prive des Bahreïnites de leur nationalité, réprime violemment les manifestations et dissout les partis d'opposition.

    Aux Émirats arabes unis, les autorités restreignent de manière arbitraire les droits à la liberté d’expression et d’association, arrêtent et poursuivent en justice, aux termes des textes législatifs sur la diffamation et des lois antiterroristes, des opposants et des personnes critiques à l’égard du gouvernement, ainsi que des étrangers. Les disparitions forcées et les procès inéquitables sont des pratiques courantes. Les détenus sont régulièrement torturés et maltraités. 19 mai 2017,

    https://www.amnesty.org/

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    Lire aussi:

    Etats-Unis-Arabie saoudite. Des dizaines de milliards pour des contrats entre un Trump contesté et un royaume dont le portefeuille n’est plus si replet