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  • Maroc : derrière les beaux discours, la discrimination des femmes (lutte Ouvrière)

    Le Maroc se targue de participer à toutes les conférences internationales relatives aux droits des femmes, et le pays a ratifié la plupart des documents internationaux destinés à promouvoir l’égalité hommes-femmes. Il vient de présenter devant l’ONU son rapport périodique sur la question, qui concerne les années 2009-2012.

    Ce rapport met sans doute en avant les quelques dispositions prises ces dernières années en faveur des femmes, comme le droit à l’IVG en cas de viol, d’inceste ou de malformation grave du fœtus, ou bien la répression du harcèlement sexuel. Mais, derrière ces mesures bien insuffisantes, les beaux discours ne peuvent occulter une situation désastreuse pour les femmes de ce pays, qui de plus se dégrade dans certains domaines.

    L’Association démocratique des femmes du Maroc (ADFM) a publié un rapport parallèle, écrit en collaboration avec 32 autres ONG marocaines, qui dénonce les multiples discriminations dont les femmes sont victimes. Même si l’IVG est tolérée dans certains cas, il n’en reste pas moins qu’une femme choisissant de se faire avorter au Maroc peut aujourd’hui écoper d’un à cinq ans de prison ferme. Cela conduit à la multiplication des avortements clandestins, estimés à 600 à 800 par jour, dans des conditions sanitaires souvent lamentables.

    L’ADFM pointe aussi du doigt les difficultés d’accès au divorce pour les femmes, l’interdiction des relations sexuelles hors mariage, auxquelles on peut ajouter l’augmentation constante ces dernières années des mariages de mineures, essentiellement des jeunes filles entre 14 et 17 ans. Alors que le Maroc en comptait 18 000 en 2004, le nombre de ces mariages est passé à 35 000 en 2013. Ils sont théoriquement interdits par le nouveau Code de la famille, mais les dérogations accordées par le juge de la famille, censées être utilisées de manière exceptionnelle, sont devenues la règle.

    En matière de droit du travail, la situation des femmes régresse aussi. Le taux d’activité féminin, déjà trois fois plus faible que celui des hommes, est passé de près de 28 % en 2000 à 24,7 % en 2012. Cette situation s’explique en partie par une plus grande vulnérabilité des femmes sur le marché de l’emploi, car elles sont globalement moins scolarisées et moins formées que les hommes. L’analphabétisme concerne encore 47,6 % des femmes (et plus des deux tiers d’entre elles en zone rurale) contre 25,3 % des hommes.

    Derrière l’esbroufe des conférences internationales et des rapports à l’ONU, reste la mauvaise volonté manifeste du gouvernement du Maroc, même en matière de législation et d’avancées sociales pour les femmes.

    Valérie FONTAINE 21 Octobre 2015
     
  • Ces villages palestiniens qui vivent dans la peur des attaques des colons (Basta)

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    Alors que la Palestine s’embrase, les villages de Cisjordanie font face aux attaques quasi quotidiennes de colons israéliens installés sur leurs terres. Menaces, jets de pierres ou de cocktails Molotov, incendies de terres agricoles ou de maisons : ils rendent la vie impossible à leurs voisins arabes, jusqu’à brûler vive une famille palestinienne, fin juillet. Un harcèlement qui s’inscrit dans une logique de conquête de territoire et contribue à alimenter le cycle de violence actuel. Malgré des déclarations de principes, qualifiant les colons d’extrême droite de « terroristes », le gouvernement israélien les laisse perpétrer leurs exactions dans l’impunité la plus totale.

    « Nous intervenons dans 27 villages [environ 100 000 habitants en tout], que nous avons notamment sélectionnés en fonction du nombre d’attaques de colons dont ils étaient victimes chaque année », explique Mahmud Isleem, coordinateur pour Médecins du Monde. Depuis 2012, l’organisation a lancé un programme de soutien psychosocial aux populations victimes de violences dans le nord de la Cisjordanie, autour de Naplouse, suite au constat de l’intensification des agressions.

    Une attaque de colons toutes les 36 heures

    Jets de pierres ou de cocktails Molotov, incendies de terres agricoles ou de maisons : selon les chiffres des Nations Unies, les attaques des colons contre des Palestiniens ont été multipliées par quatre entre 2006 et 2014, atteignant un total de 2100 attaques sur ces huit ans. Soit une attaque toutes les 36 heures.

    Les agressions visent autant les personnes que les biens : maisons, voitures, écoles… Dans le village de Qusra, on compte au moins un incident par mois. A Urif, à 13 km au sud de Naplouse, une maison a été visée 18 fois. Jusqu’à ce qu’une ONG les aide à construire une clôture autour de la propriété. Certaines maisons se mettent à ressembler à des prisons, mais c’est la seule solution pour les protéger. « Les colons s’en prennent aussi beaucoup aux oliviers, en les coupant ou en les brûlant, car nous sommes dans des communautés rurales, qui économiquement, dépendent largement de la récolte des olives », précise Patricia Grillo, chargée de plaidoyer à l’ONG Première urgence internationale (PUI).

    Des attaques pour récupérer illégalement des terres

    Principales victimes : les villages situés à proximité des colonies, ou des avant-postes, les implantations qui n’ont pas été approuvées par le gouvernement israélien. Les colonies israéliennes sont illégales au regard du droit international puisque la Convention de Genève interdit strictement le transfert de population civile d’un État vers un territoire occupé, mais Israël n’en tient pas compte en autorisant une grande partie des colonies en Cisjordanie. Les avant-postes s’y installent sans autorisation du gouvernement, et violent donc également les lois israéliennes, mais ils bénéficient pourtant souvent d’une validation rétroactive. « Ils attaquent pour gagner du terrain, récupérer des terres », analyse Mahmud Isleem.

    Autre moteur des violences : la vengeance, avec le mouvement « le prix à payer », un mouvement informel dont se revendique les colons d’extrême droite. Ces colons ripostent ainsi à toute décision du gouvernement israélien qui ne leur serait pas favorable en s’en prenant au hasard aux Palestiniens. C’est notamment le cas après des évacuations d’avant-postes, qui sont illégaux même au regard de la loi israélienne.

    « On voit des gosses qui jouent aux colons et aux Palestiniens »

    « C’est la première fois que je vois autant d’incidents critiques en terme de fréquence. Au nord de la Cisjordanie, il y en a toutes les semaines. Et puis ce conflit dure depuis 60 ans », constate Maximilien Zimmerman, psychologue clinicien et coordinateur des programmes de santé mentale de Médecins du Monde en Palestine. Dans les villages où intervient l’organisation, un état de stress aigu semble être devenu la norme. Les familles évitent de sortir le soir, car c’est à ce moment-là que les risques sont les plus grands. Les parents ne laissent plus les enfants jouer librement dehors. Le climat de violence est présent dans tous les esprits, dès le plus jeune âge : « Dans ces endroits on voit des gosses qui jouent aux colons et aux Palestiniens, et on les voit imiter les incidents violents. »

    « La répétition des attaques impacte la vie des habitants de ces communautés, leur manière d’éduquer leurs enfants, leur sentiment de sécurité. Quand ils élèvent leurs enfants, la question se pose : pour quel avenir ? Tout peut arriver n’importe quand. Même quand ils ne sont pas directement impliqués, c’est ancré dans leur tête et dans leur esprit », observe Maximilien Zimmermann. Dans une culture où exprimer ses émotions est encore perçu comme une faiblesse, les gens somatisent beaucoup. Les tensions au sein des familles augmentent. Les parents sont souvent plus affectés, car ils se sentent responsables de leurs enfants, qu’ils ne sont pas toujours sûrs de pouvoir protéger.

    Une famille brûlée vive par des colons : « Un impact sans précédent »

    Le 31 juillet dernier, de nuit, deux colons s’introduisent dans le village de Duma (2000 habitants) et mettent le feu à la maison de la famille Dawabsheh, surprenant les parents et leurs deux enfants dans leur sommeil. Ali, un bébé de 18 mois, est brûlé vif. Ses parents, Sa’ad et Reham, mourront de leurs blessures dans les semaines suivantes. Ahmad, son frère de 4 ans, est toujours hospitalisé, victime de brûlures à 60%. Tout indique une attaque du « prix à payer ». Les auteurs ont laissé des graffitis derrière eux : « Vengeance » et « longue vie au Messie ». Le crime intervient alors que le gouvernement vient de démolir deux bâtiments de l’influente colonie de Beit El, suite à une décision de justice reconnaissant qu’ils étaient construits illégalement sur un terrain privé palestinien.

    Pour Médecins du Monde, l’impact de ce triple meurtre est sans précédent et va bien au-delà de Duma. « Duma, c’est incompréhensible en terme d’inhumanité. Insulter, jeter des pierres, c’est quelque chose. Mais brûler vif des gens dans leur sommeil… on passe un cap », analyse Maximilien Zimmermann. Jamais autant de victimes directes et indirectes n’auront sollicité une assistance psychologique. Près de la moitié des 70 personnes visitées a eu besoin d’une intervention psychologique d’urgence. Tout le monde se connait à Duma. Personne n’était préparé à entendre les cris de Sa’ad et Reham, à voir leurs corps presque totalement brûlés, à attendre avec eux l’ambulance, à sortir un enfant calciné de la maison. Dans les villages voisins, et jusqu’à 50 kilomètres à la ronde, l’attaque hante les Palestiniens. Tous se disent qu’ils auraient pu être la famille Dawabsheh, et qu’il pourrait y avoir une autre famille décimée à l’avenir. D’après les psychologues intervenus sur le terrain, Duma a un effet boule de neige, encore difficile à évaluer.

    Plus de 98% des crimes restent impunis

    L’incendie de Duma a été condamné de toutes parts, y compris par le gouvernement israélien qui l’a qualifié d’acte terroriste. Problème : à ce jour, les responsables n’ont pas été arrêtés, alors même qu’ils auraient été identifiés. Selon le ministre de la Défense israélien Moshe Ya’alon, une arrestation mettrait en danger les services de renseignement [1]. Dans ce climat d’impunité, malgré l’appel de Benjamin Netanyahu pour une « tolérance zéro » envers les colons violents, les attaques ont connu une recrudescence. Après Duma, Médecins du Monde en compte deux par semaine dans les villages où l’ONG est présente, davantage que les mois précédents.

    L’absence de sanction, là encore, n’a rien d’exceptionnel. D’après les chiffres de Yesh Din, une organisation israélienne de protection des droits humains, seuls 1,9% des cas de plaintes pour agressions par des colons aboutissent à une condamnation des auteurs des attaques. Dans bien des cas, les victimes renoncent à se signaler : porter plainte semble vain et beaucoup craignent de le payer en perdant, par exemple, leur permis de travail en Israël. Pour les ONG, cette impunité encourage la répétition des agressions. Les colons n’ont presque jamais à assumer les conséquences de leurs actes.

    Des Palestiniens sans protection, des colons accompagnés par l’armée

    Le contraste avec le traitement des Palestiniens auteurs d’attaques contre des israéliens est saisissant : eux sont exécutés sur le coup par l’armée, ou arrêtés dans les jours qui suivent, avec leurs complices, après des vagues d’incursions et de perquisitions dans toute la Cisjordanie. Leurs maisons font également l’objet de « démolitions punitives », qui touchent ainsi toute leur famille sans discrimination.

    Autre différence majeure : les colons, y compris pendant leurs attaques, sont protégés par les forces de sécurité israéliennes, qui n’hésitent pas à tirer sur les Palestiniens à coup de bombes lacrymogènes, balles en caoutchouc voire balles réelles si ceux-ci répliquent face aux agresseurs. Côté palestinien, aucune force de sécurité officielle. Les accords d’Oslo ne les autorisent pas à gérer la sécurité dans les zones B et C de la Cisjordanie, qui représentent 98% du territoire. Ce serait donc à Israël de protéger les populations dans ces zones. Et aux États tiers de faire pression sur l’État hébreu pour respecter cette obligation en vertu du droit international. En l’absence de réaction des uns et des autres, les violences des colons se perpétuent.

    La colonisation par l’instauration de « zones de peur »

    Les acteurs humanitaires s’entendent pour dire que ces actes violents doivent être mis en lien avec la politique de colonisation de la Cisjordanie. D’après l’organisation israélienne Yesh Din, ils font partie des stratégies d’accaparement de ce territoire par ceux qui le considèrent comme la Judée et Samarie, une terre israélienne. Cela passe par l’installation des colonies et avant-postes, la déclaration de zones de sécurité ou zones militaires autour de ces implantations, l’appropriation de terrains pour leurs infrastructures… puis l’instauration de « zones de peur » où en raison des violences et du harcèlement les Palestiniens n’oseront plus aller [2]

    Le mouvement du « prix à payer », quant à lui, contribue à faire pression sur le gouvernement israélien pour obtenir des politiques favorables à la colonisation. En 2013 la ministre de la justice israélienne Tzipi Livni propose de les sanctionner comme des terroristes, proposition qui sera rejetée par Benjamin Netanyahu. L’absence de fermeté d’Israël à l’encontre de ces factions – ils ne représentent qu’une partie des 340 000 colons – est souvent perçue comme un soutien implicite à la colonisation. Impression alimentée par la poursuite des implantations en Cisjordanie et la légalisation a posteriori des avant-postes.

    Les gens qui vont mieux sont souvent ceux qui sont actifs dans la lutte

    Selon Mahmud Isleem, « les Palestiniens restent parce qu’ils ne veulent pas devenir des réfugiés ». Mais pour Maximilien Zimmerman, « dans une situation pareille, il est difficile de se projeter dans l’avenir, de donner du sens à l’existence, de faire des projets ». Dans la région, les sources de frustration sont multiples : expansion des implantations israéliennes illégales en Cisjordanie, conflit autour de la mosquée d’Al Aqsa, démolitions, restrictions de mouvements, arrestations, impossibilité de développer l’économie, enfermement et bombardements de Gaza, radicalisation d’une frange de plus en plus importante de la société israélienne à l’encontre des Palestiniens…

    La cohabitation avec des colons agressifs et les confrontations avec l’armée sont à replacer dans un contexte de sentiment d’oppression et d’injustice plus large, à l’échelle de tout un territoire, et sur des décennies. « Ce qu’on fait est un sparadrap sur une plaie qui ne se refermera pas tant que le conflit est là », conclut Maximilien Zimmermann. « Finalement, on constate que les gens qui vont mieux sont souvent ceux qui sont actifs dans la lutte : ils gèrent mieux d’un point de vue psychologique. Les gens désespérés, passifs, ont une souffrance plus grande que ceux qui vont s’engager dans un mouvement, une ONG, ou une forme d’expression artistique pour transformer ces émotions négatives. » Avec la montée des tensions dans toute la Cisjordanie, les attaques se sont intensifiées et les acteurs de terrain peinent à tenir les comptes. L’issue de cette escalade est pour le moins incertaine mais les impacts sur les communautés seront forcément significatifs.

    Antoine Besson 20 octobre 2015

    Notes

    [1Lire ici.

    [2Voir Yesh Din, Under the radar, mars 2015.

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    http://www.bastamag.net/Palestine-ces-villages-qui-vivent-sous-la-menace-des-colons-violents

  • Quand Paris Match prétend qu’un drapeau palestinien est « un masque aux couleurs du Hamas » (Acrimed)

     

    La situation en Israël et dans les territoires palestiniens fait de nouveau l’actualité. Nous aurons l’occasion de revenir sur le traitement médiatique des récents « événements » dans les jours à venir, qui reproduit malheureusement la plupart des travers que nous avons déjà eu l’occasion d’identifier par le passé [1].

    Mais nous ne pouvons d’ores et déjà nous empêcher de signaler la remarquable – au sens strict du terme – bévue de l’hebdomadaire Paris Match dans sa livraison du 15 octobre 2015, avec le curieux choix de légende d’une photo illustrant un article sur la situation à Jérusalem (page 70) :

    Ou comment un drapeau palestinien devient un… « masque aux couleurs du Hamas ».

    Méconnaissance ? Incompétence ? Précipitation ? Nous ne le savons pas. Mais ne pas reconnaître le drapeau palestinien, pourtant récemment hissé au siège de l’ONU, et soupçonner « instinctivement » les jeunes Palestiniens et Palestiniennes qui luttent contre les forces israéliennes d’être sous la coupe du Hamas en dit long. Cette bévue est en effet révélatrice de l’ignorance et des parti-pris, conscients ou non, de certains journalistes et de certaines rédactions sur le dossier palestinien, et des ravages de la « pensée automatique ». Ce qui est d’autant plus blâmable ici que l’article illustré par cette photo est de fort bonne tenue. Encore un effort ?

    Colin Brunel lundi 19 octobre 2015

    PS : merci au lecteur qui nous a signalé cette photo.

    http://www.acrimed.org/Quand-Paris-Match-pretend-qu-un-drapeau-palestinien-est-un-masque-

  • «Empêcher l’effondrement du régime Assad» (A l'Encontre.ch)

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    Entretien avec Gilbert Achcar
    conduit par Ilya Budraitskis

    Le 17 octobre 2015, Zakaria Malafji, membre de l’Armée syrienne libre à Alep, déclarait à un journaliste du Guardian: «Le régime d’Assad a avancé de 6 km le vendredi 16 octobre et s’est emparé de trois villages. Les Russes nous ont arrosés avec des bombes, y compris sur les zones habitées par des civils. Ils veulent tout nettoyer afin que les tanks du régime et même les fantassins puissent avancer.» Paul Khalifeh rapportait de Beyrouth, le 18 octobre, sur les ondes de RFI qu’Hassan Nasrallah avait déclaré lors de la cérémonie en hommage «à l’un des plus importants chefs militaires du Hezbollah, Hassan Hussein al-Hage tué en Syrie la semaine dernière que ce commandant est mort au combat en participant avec ses troupes à l’offensive de l’armée syrienne dans la province d’Idleb, près de la Turquie, très loin du Liban». Nasrallah a conclu: «La bataille actuelle est essentielle et décisive. Nous sommes présents partout où nous devons l’être.» Selon P. Khalifeh, basé à Beyrouth: «Des experts évaluent à 10’000 le nombre de combattants du Hezbollah actuellement déployés en Syrie.»

    Afin de contextualiser et de saisir les lignes de force de la guerre civile en Syrie et les interventions de la Russie comme des forces militaires occidentales, Ilya Budraitskis s’est entretenu avec Gilbert Achcar. Nous présentons ci-dessous la traduction français de cet entretien. (Rédaction A l’Encontre)

    Ilya Budraitskis: Il y a plusieurs jours (30 septembre) que les opérations militaires russes en Syrie ont débuté; les objectifs et la stratégie de cette opération restent peu clairs. L’explication donnée par les autorités russes n’est pas évidente. D’un côté, elles affirment que la raison principale de cette opération est de combattre l’Etat islamique et, de l’autre, ainsi que Poutine l’a fait aux Nations unies [le 28 septembre], elle est présentée comme une contribution visant à légitimer le gouvernement d’Assad. D’après vous, quel est le véritable objectif de cette opération?

    Gilbert Achcar: La raison officielle initiale donnée pour l’intervention a été façonnée pour que la Russie obtienne un feu vert occidental, en particulier américain. Dans la mesure où les pays occidentaux bombardent l’Etat islamique en Syrie, ils n’étaient certainement pas en mesure de formuler des objections à la Russie de faire de même. C’est avec ce prétexte que Poutine a vendu son intervention à Washington avant de la mettre en œuvre, et Washington a officiellement acheté. Au tout début, avant que la Russie planifie le commencement des bombardements, les déclarations de Washington saluaient la contribution de la Russie au combat contre l’Etat islamique. C’était, bien entendu, complètement illusoire – une supercherie. Mais je serais très surpris si, à Washington, ils s’imaginaient réellement que la Russie déployaient des forces en Syrie pour combattre l’Etat islamique.

    Ils ne peuvent ignorer que le véritable objectif de l’intervention russe est de consolider le régime de Bachar el-Assad. Le fait est que Washigton partage le véritable objectif de l’intervention de Moscou: empêcher l’effondrement du régime Assad. Depuis la première phase du soulèvement en Syrie, l’administration des Etats-Unis, même lorsqu’elle commença à dire qu’Assad devrait se retirer, a toujours insisté sur le fait que le régime devrait rester en place. Contrairement ce qu’imaginent des critiques simplistes des Etats-Unis, l’administration Obama n’est en aucune mesure impliquée dans une affaire de «changement de régime» en Syrie – c’est plutôt le contraire qui est vrai. Elle souhaite uniquement un régime Assad sans Assad. C’est la «leçon» qu’elle a tirée de l’échec catastrophique des Etats-Unis en Irak: rétrospectivement, elle pense que les Etats-Unis auraient dû opter pour un scénario que l’on pourrait qualifier de «saddamisme sans Saddam», plutôt que de démanteler les appareils du régime iraken.

    C’est la raison pour laquelle l’intervention de Poutine était vue plutôt favorablement par Washington. Il y a beaucoup d’hypocrisie dans la plainte actuelle de l’administration Obama sur le fait que la plus grande partie des frappes russes sont dirigées contre l’opposition syrienne n’appartenant pas à l’Etat islamique. Ils blâment la Russie pour ne pas frapper suffisamment l’Etat islamique: si la proportion des frappes russes contre l’Etat islamique avaient été plus importante, leur collusion leur aurait été plus confortable. Ils se seraient opposés dans une bien moindre mesure aux frappes consolidant le régime Assad. Et, pourtant, l’espoir de Washington est que Poutine empêchera non seulement un effondrement du régime et le consolidera, mais qu’il contribuera également à aboutir à une espèce de résolution politique du conflit. Pour l’heure, cela relève plus du prendre ses désirs pour une réalité que d’une concrétisation que de cette option.

    L’objectif central de l’intervention militaire russe en Syrie était d’étayer le régime en un moment où ce dernier subissait de fortes pertes depuis l’été dernier. Assad lui-même a reconnu en juillet 2015 l’incapacité du régime de conserver des fractions de territoire qu’il contrôlait jusque-là. L’intervention de Moscou a pour objectif d’empêcher l’effondrement du régime et de lui permettre de reconquérir le territoire qu’il a perdu au cours de l’été passé. C’est là l’objectif fondamental et premier de l’intervention russe.

    Il y a toutefois un second but, qui dépasse largement la Syrie et qui se traduit dans le fait que la Russie a envoyé en Syrie une certaine sélection de ses forces aériennes de combat et a procédé à des tirs de missiles depuis la mer Caspienne. Cela apparaît un peu comme le «moment du Golfe» de l’impérialisme russe. Ce que je veux dire par là, c’est que Poutine réalise, à plus petite échelle, ce que les Etats-Unis réalisèrent en 1991 lorsqu’ils firent étalage de leur armement avancé contre l’Irak au cours de la première guerre du Golfe. C’était une manière de dire au monde: «Voyez à quel point nous sommes puissants! Voyez quelle est l’efficacité de notre armement!» Et c’était là un argument majeur pour la réaffirmation de l’hégémonie américaine en un moment historique crucial. La Guerre froide touchait à sa fin – 1991 se révéla, comme vous le savez bien, la dernière année d’existence de l’Union soviétique. L’impérialisme américain avait besoin de réaffirmer la fonction de son hégémonie au sein du système mondial.

    Ce que Poutine fait actuellement avec cette démonstration de force revient à dire au monde: «Nous, Russes, possédons aussi un armement avancé, nous pouvons aussi être à la hauteur, et nous sommes en réalité plus fiables que les Etats-Unis.» L’intimidation machiste de Poutine contraste fortement avec l’attitude timide de l’administration Obama au Moyen-Orient au cours des dernières années. Poutine se gagne des amis dans la région. Il a développé des relations avec l’autocrate contre-révolutionnaire d’Egypte Sissi ainsi qu’avec le gouvernement irakien. L’Irak et l’Egypte sont deux Etats qui étaient considérés comme appartenant à la sphère d’influence des Etats-Unis, et pourtant les deux soutiennent l’intervention russe, les deux achètent des armes russes et développent des rapports militaires et stratégiques avec Moscou.

    Cela est, bien entendu, une percée majeure pour l’impérialisme russe dans sa concurrence avec l’impérialisme des Etats-Unis. De ce point de vue, l’intervention en cours de la Russie devrait être vue comme faisant partie de la compétition inter-impérialiste. Il y a plus de 15 ans, je considérais que la guerre au Kosovo faisait partie d’une nouvelle Guerre froide. Cette caractérisation était critiquée à l’époque; nous sommes désormais en plein dedans, c’est une chose manifeste.

    Nombreux sont ceux qui affirment que ce qui se passe aujourd’hui en Syrie, avec l’intervention russe, relève d’un échec complet de la politique des Etats-Unis. D’autres pensent qu’il y a un dessein caché des Etats-Unis pour que ceux-ci impliquent la Russie dans le conflit. Et il semble, en outre, qu’il y ait une véritable division au sein des élites américaines autour de la question syrienne. Quelle est, selon vous, la position des Etats-Unis dans cette situation?

    Il y a assurément, aux Etats-Unis, un désaccord ouvert au sommet en ce qui concerne la Syrie. A propos de la fourniture d’aide à l’opposition dominante syrienne, ce n’est pas un secret qu’il y a eu une querelle entre Obama et Hillary Clinton, lorsque cette dernière était secrétaire d’Etat, et d’autres, au sein de l’armée et de la CIA, partageant ses vues. En 2012, lorsque ce débat commença, la force d’opposition principale, l’Armée syrienne libre, était encore en position dominante. C’est en fait la faiblesse de cette opposition syrienne – faiblesse qui tient à l’absence de soutien de la part de Washington et, en particulier, au veto des Etats-Unis à la fourniture de sa part de moyens de défenses anti-aériennes – qui a permis aux forces islamiques «djihadistes» de développer une opposition en parallèle qui est devenue ensuite plus importante dans l’affrontement armé contre le régime syrien. Ceux qui étaient partisans d’un soutien à l’opposition alors dominante, comme H. Clinton et celui qui était alors directeur de la CIA, David Petraeus, sont maintenant convaincus que les événements ont montré qu’ils avaient raison, que le développement catastrophique de la situation en Syrie est, dans une large mesure, un résultat de la mauvaise politique d’Obama.

    En effet, Obama fait face à un bilan très négatif de sa politique vis-à-vis de la Syrie. Il s’agit d’un désastre complet, quel que soit l’angle sous lequel vous l’analysez, humanitaire ou stratégique. Les pays de l’Union européenne sont inquiets de la très grande vague de réfugiés, laquelle est la conséquence d’un désastre humanitaire massif. L’administration Obama tente de se consoler en affirmant que la Russie glisse dans un piège, que cela sera son deuxième Afghanistan. Ce n’est pas un hasard si, lors de ses récentes critiques de l’intervention russe, Obama a utilisé le terme de «bourbier»: un mot utilisé pour les Etats-Unis au Vietnam et pour l’Union soviétique en Afghanistan. On dit donc maintenant que la Russie s’empêtre dans un bourbier en Syrie. C’est encore là prendre ses désirs pour des réalités. Le but consiste à adoucir à amortir l’effet d’un échec majeur.

    Pour l’heure, il semble en fait que des alliés principaux des Etats-Unis, comme l’Allemagne et la France, n’expriment pas une position absolument négative quant à l’intervention russe. Pensez-vous que l’intervention russe ait provoqué une division entre les Etats-Unis et l’Europe et qu’elle pourrait offrir à la Russie une possibilité de traiter avec l’Union européenne séparément des Etats-Unis?  

    Je ne le crois pas. Tout d’abord, il n’y a pas de différences majeures entre les positions française et américaine. Elles sont en réalité assez proches. La position allemande est légèrement différente parce qu’elle n’est pas directement engagée dans une action militaire contre l’Etat islamique. La France a critiqué la Russie pour cibler l’opposition n’appartenant pas à l’Etat islamique. Et la position française est très stricte au sujet d’Assad. A l’instar de Washington, et même plus catégoriquement, Paris affirme qu’il doit s’en aller et qu’il ne peut y avoir de transition politique en Syrie avec sa participation. Et c’est, en fait, assez manifeste parce que si une transition politique doit être fondée sur un accord, un compromis entre le régime et l’opposition, il est impossible que cette dernière accepte un gouvernement conjoint sous la présidence de Bachar el-Assad. La position de Washington et de Paris suppose cela. Par contraste avec celle de Moscou, qui considère Assad comme le président légitime et insiste que tout accord doit être approuvé par lui. Il y a pour l’heure un écart significatif entre les deux positions.

    Ainsi que je vous l’ai dit, Washington et ses alliés européens prennent leurs désirs pour des réalités. Ils espèrent que, une fois le régime syrien consolidé, Poutine exercera une pression sur ce dernier afin d’ouvrir la voix à un compromis aux termes duquel Assad accepterait de remettre son pouvoir après une période transitoire dont le point culminant serait des élections. Angela Merkel, bien qu’elle ait rectifié sa position le jour suivant, a déclaré à un moment donné que la communauté internationale devrait s’accorder avec Assad. Et nous avons entendu la même chose en provenance de plusieurs secteurs en Europe comme aux Etats-Unis: «Après tout, Assad est mieux que l’Etat islamique. Nous pouvons faire des affaires avec lui. Mettons-nous d’accord sur une espèce de transition avec lui.» C’est, en réalité, contre-productif. Cela n’aboutit qu’à unifier l’opposition n’appartenant pas à l’Etat islamique contre cette perspective. L’opposition armée comprend toutes les nuances de «djihadisme», chacune surenchérissant sur l’autre dans son opposition à Assad. Il n’est pas possible qu’une quelconque fraction crédible de l’opposition puisse accepter un accord impliquant une présence continue d’Assad. Son départ est une condition indispensable à tout accord politique visant à mettre un terme à la guerre en Syrie. Sans cela, elle ne s’arrêtera pas.

    Washington a émis de nombreuses déclarations hypocrites condamnant l’action russe, même s’il lui a tout d’abord donné le feu vert. La raison principale à cela tient dans le fait que l’administration Obama ne veut pas apparaître comme soutenant ouvertement le sauvetage du régime Assad et, ainsi, se mettre à dos les sunnites de la région, tels qu’elle les voient. Les Etats-Unis utilisent en réalité l’intervention russe pour enfoncer un coin entre Moscou et les pays à majorité sunnite. Les Saoudiens ont commencé des discussions avec la Russie et on rapporte qu’ils ont proposé un accord visant à augmenter les prix du pétrole comme récompense d’un changement d’attitude de la Russie vis-à-vis de la Syrie. Et ils sont actuellement très déçus par l’intervention de Moscou, bien qu’il soit possible qu’ils espèrent que Poutine impose finalement un départ d’Assad.

    Au même moment, toutefois, des secteurs comme les Frères musulmans et les chefs religieux du royaume saoudien ont appelé à la guerre sainte contre le deuxième Afghanistan russe, en symétrie frappante avec la qualification par l’Eglise orthodoxe russe de guerre sainte pour ce qui a trait à l’aventure militaire de Poutine. Notez la différence entre les guerres impérialistes précédentes et celles de la période récente: la guerre était considérée comme religieuse uniquement du côté «musulman». Désormais, pour la première fois dans une histoire longue, nous avons un affrontement de «guerriers sacrés»! En ce sens, Poutine un est cadeau de Dieu pour les djihadistes: l’ennemi parfait.

    Comme vous le savez probablement, le général iranien Qasem Soleimani a effectué une visite secrète à Moscou cet été. C’est après cette rencontre qu’a été prise la décision finale concernant l’intervention russe. L’Iran a joué un rôle clé dans cette décision. A votre avis quel intérêt l’Iran a-t-il à une intervention russe?

    L’Iran partage avec la Russie un intérêt commun à préserver le régime Assad, qui est un allié stratégique pour les deux pays. Pour l’Iran, la Syrie représente un lien clé dans un axe qui va de Téhéran au Hezbollah du Liban en passant par l’Irak et la Syrie. La Syrie joue un rôle crucial pour les fournitures que l’Iran transmet au Hezbollah; elle accorde aussi à l’Iran un accès stratégique à la Méditerranée. Pour la Russie, la Syrie est le seul pays sur la Méditerranée qui héberge des bases navales et aériennes russes. Ces raisons expliquent l’actuelle contre-offensive qui se déploie en Syrie associant les forces du régime Assad, les troupes iraniennes (directement ou par procuration) et les frappes aériennes russes. En fait, le régime Assad est complètement dépendant de l’Iran depuis quelque temps déjà. C’est l’Iran qui mène le jeu en Syrie. La Russie exerce également beaucoup d’influence sur Damas puisqu’elle en est le principal fournisseur d’armes. Le rôle de la Russie est devenu beaucoup plus important en Syrie suite à cette intervention directe. En Occident certains accueillent favorablement cette intervention russe en pensant que cela diminuera le rôle de l’Iran, mais cela revient de nouveau à prendre ses désirs pour des réalités.

    Les médias russes décrivent la situation en Syrie comme si ce pays avait un gouvernement légitime et un ordre «normal» et que les différentes forces anti-gouvernementales ne cherchaient qu’à détruire l’Etat et à introduire le désordre. D’après un autre point de vue, le régime Assad aurait subi une profonde transformation pendant la guerre civile et on ne peut pas dire qu’il s’agit d’un Etat «normal» qui s’affronte à des forces anti-étatiques. Il y aurait eu une dégénérescence de l’Etat et le régime Assad actuel en serait le produit. A votre avis, quelle est actuellement la véritable nature du régime Assad et dans quel sens a-t-il changé pendant les années de guerre?

    Commençons par le fait que Poutine et Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères, décrivent tout le temps le régime Assad comme étant un gouvernement «légitime». Cette affirmation est issue d’une conception extrêmement restreinte de la légitimité. On pourrait bien sûr dire que Assad représente le gouvernement légitime du point de vue de la loi internationale, mais certainement pas de celui de la légitimité démocratique. Le gouvernement est peut-être «légal» selon les critères des Nations unies mais il n’est certainement pas «légitime» puisqu’il n’a jamais été élu démocratiquement. Ce régime est le produit d’un coup d’Etat qui a eu lieu il y a 45 ans. Il est encore au pouvoir après une transmission de la présidence par héritage au sein d’une la dynastie quasi royale qui dirige le pays au moyen de services de sécurité et d’une dictature militaire. La Syrie est un pays où il n’y a eu ni élections justes ni libertés politiques depuis un demi-siècle. Ce régime s’est encore aliéné la population au cours des deux dernières décennies en accélérant des réformes néolibérales qui ont conduit à l’appauvrissement de larges secteurs de la population, surtout dans les campagnes, et à une montée brusque du chômage et du coût de la vie.

    La situation était devenue intolérable, et c’est la raison pour laquelle le soulèvement populaire s’est produit en 2011. Ce régime brutalement dictatorial n’a évidemment pas pu faire face de manière démocratique aux manifestations de masse, qui étaient très pacifiques au début, par exemple en organisant des élections réellement libres. Il n’en était pas question. Et la seule réponse du régime a été la force brutale, qui s’est intensifiée peu à peu, tuant tous les jours plus de gens et menant à une situation qui a fait que le soulèvement s’est transformé en une guerre civile. En outre, il est bien connu que durant l’été/automne 2011, le régime a relâché les djihadistes qu’il détenait dans ses prisons. L’objectif était qu’ils créent des groupes djihadistes armés – conséquence que leur remise en liberté rendait inévitable dans le contexte d’un soulèvement – de manière à confirmer le mensonge que le régime avait répandu depuis le début, à savoir qu’il se trouvait confronté à une rébellion djihadiste. C’était un bon exemple de prophétie auto-réalisatrice, et les militants libéré des prisons par le régime dirigent actuellement certains des groupes djihadistes clés en Syrie. Il faut comprendre que quoi que l’on puisse dire du caractère réactionnaire d’un important secteur de ceux qui luttent contre le régime, en premier lieu c’est le régime lui-même qui les a produits. Plus généralement, par sa cruauté, le régime a suscité le ressentiment qui a engendré le développement du djihadisme, y compris l’Etat islamique (Daech), qui est en effet une réponse barbare à la barbarie du régime, dans ce que j’ai appelé le heurt des barbaries (clash of barbarisms).

    Il y a un autre aspect à cette question. Le régime Assad est maintenant bien pire qu’il ne l’était avant le soulèvement. Actuellement ce n’est plus seulement un Etat dictatorial mais aussi un pays dans lequel des gangsters meurtriers déchaînés – les shabiha, comme on les appelle en arabe – sont aux commandes. C’est la terreur semée par les shabiha dans la population des régions contrôlées par le régime qui a entraîné la récente la vague de réfugiés syriens fuyant vers l’Europe. Ce sont les nombreuses personnes qui ne supportent plus de rester soumis à ces gangsters criminels que le régime Assad a encouragés. La population syrienne n’a aucune confiance en l’avenir du régime, c’est pourquoi tous ceux qui peuvent se le permettre décident d’essayer de fuir en Europe. Comme vous pouvez le voir dans les reportages à la télévision, beaucoup de réfugiés qui fuient vers l’Europe n’appartiennent pas aux secteurs les plus pauvres de la population. Il y a une proportion significative de personnes de la classe moyenne parmi les réfugiés. Souvent ces personnes ont vendu tout ce qu’elles possédaient en Syrie parce qu’elles n’avaient aucun espoir d’y revenir. Cela va coûter très cher à l’avenir du pays. Ceux qui restent en Syrie sont soit des gens qui ne peuvent pas faire autrement, soit ceux qui profitent de la guerre.

    La situation est très sombre. Personne ne peut blâmer les Syriens parce qu’ils décident de quitter définitivement leur pays, il faut vraiment être très optimiste pour conserver un quelconque espoir dans l’avenir de la Syrie. Néanmoins l’histoire a connu des situations dramatiques encore pires qui ont été suivies de renouveau, même si cela peut prendre des années. La première condition pour la cessation de la guerre et le début d’un relèvement de la Syrie est cependant le départ d’Assad. Il sera impossible de mettre un terme à cette terrible tragédie tant qu’il sera au pouvoir.

    Les médias occidentaux parlent encore d’une opposition modérée en Syrie. Le principal contre-argument de Poutine est qu’il n’y a pas de frontière claire entre les djihadistes et les modérés dans l’opposition armée. Lavrov a même déclaré récemment qu’il pourrait bien parler à l’Armée libre syrienne, mais qu’il n’était pas clair qui étaient ses dirigeants et si elle existait réellement. Pouvez-vous me donner une appréciation des groupes d’opposition non-Daech?

    Il existe tout un éventail de groupes. Cela va des groupes initiaux de l’Armée libre syrienne, qui étaient relativement laïques et non sectaires, en passant par toutes les variantes de djihadistes et de modérés dans l’opposition armée, jusqu’à Al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaida. Tous les djihadistes partagent le programme d’imposer la loi de la charia dans les régions sous leur contrôle, mais aucun de ces groupes, y compris Al-Nosra, n’arrive à la cheville de l’incroyable barbarie de Daech, qui est une détestable caricature d’un Etat fondamentaliste qui aurait été déclarée comme étant invraisemblable s’il avait été décrit dans une œuvre de fiction. Les groupes islamistes de l’opposition non-Daech représentent un ensemble de forces fondamentalistes qui vont des Frères musulmans à Al-Qaida. Ils sont tous opposés à Daech. Rien de tout cela n’inspire de l’optimisme concernant l’avenir de la Syrie. Il est vrai que la barbarie du régime a tué plus de gens que tous les autres groupes, y compris Daech. La plupart des forces d’opposition représentent des alternatives qui sont loin d’être enthousiasmantes. Mais la précondition indispensable pour inverser cette tendance – produite par le régime lui-même – est le renversement d’Assad.

    Il y a également des forces kurdes en Syrie, elles constituent le groupe armée le plus progressiste – voire le seul – qui participe à cette lutte. Jusqu’à maintenant les forces kurdes se sont principalement battues contre Daech, alors qu’elles adoptaient une position plus ou moins neutre par rapport au régime et au reste de l’opposition. L’année dernière les forces kurdes étaient – et sont encore – soutenues par des frappes aériennes et des livraisons d’armes des Etats-Unis. Elles contrôlent et défendent essentiellement les régions avec des populations kurdes. Pour jouer un rôle au-delà de leurs régions et ainsi dans le destin de la Syrie dans son ensemble, les Kurdes devront établir des alliances avec les Arabes et les autres minorités. C’est ce que Washington essaie de faire, avec quelques succès, d’abord en les amenant à travailler avec les groupes de l’Armée libre syrienne, et maintenant avec des tribus arabes syriennes, sur le modèle que les Etats-Unis ont impulsé en Irak contre Al-Qaida et qu’ils tentent maintenant de relancer contre Daech.

    Pensez-vous qu’une coalition de ce genre puisse jouer un rôle de premier plan en Syrie, et peut-être représenter une perspective progressiste pour l’avenir du pays?

    Franchement je ne suis pas optimiste concernant toutes les forces qui existent actuellement sur le terrain. Ce qu’on peut espérer de mieux est de mettre un terme à la guerre: arrêter ce terrible carnage et la destruction du pays est une priorité absolue. Une alternative progressiste devra être reconstituée en utilisant le potentiel encore existant. Même s’il n’y a pas de forces organisées représentant une alternative progressiste il y a encore un potentiel important, notamment chez les jeunes qui ont lancé le soulèvement en 2011, mais des milliers d’entre eux sont actuellement en exil, d’autres sont en prison et beaucoup d’autres se trouvent encore en Syrie mais ne peuvent pas jouer un rôle déterminant dans la guerre civile. Il faut donc d’abord mettre un terme à la guerre. Mais pour que la situation puisse inspirer de l’optimisme il faudra l’émergence d’une nouvelle alternative progressiste sur la base du potentiel existant.

    Peut-on dire qu’il faudra une aide ou une intervention étrangère pour arrêter ce conflit? Ou pensez-vous que les interventions étrangères, qu’elles soient russes ou occidentales, ne font que prolonger la guerre?

    Jusqu’à maintenant l’intervention occidentale n’a ciblé que Daech. Les frappes de la coalition dirigée par les Etats-Unis ont toutes été effectuées sur des régions contrôlées par Daech et elles ont complètement évité celles contrôlées par le régime. En ce qui concerne les frappes russes, elles sont pour la plupart dirigées contre l’opposition non-Daech dans les régions qui sont l’objet d’un combat entre le régime et l’opposition, il y a eu très peu de frappes russes contre Daech. Dans ce domaine il existe donc une différence importante entre les interventions de la coalition dirigée par les Etats-Unis et celle des forces russes. L’intervention russe est effectivement en train de prolonger la guerre civile syrienne. Quelles que soient les illusions en Occident concernant le rôle possible de la Russie, le fait est qu’avant l’intervention russe le régime syrien était épuisé, il perdait du terrain et semblait être près de l’effondrement. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Poutine est intervenu. Un écroulement du régime Assad aurait été une défaite terrible pour lui.

    Daech a effectué son expansion spectaculaire il y a plus d’une année, et ni la Russie ni le régime Assad n’ont rien entrepris d’important pour le combattre. Le souci principal de Poutine – tout comme celui d’Assad d’ailleurs – est la survie du régime. En le consolidant, Poutine est en train de prolonger la guerre, et cela est criminel. On peut évidemment souhaiter que les illusions occidentales se réalisent et que Poutine arrivera à forcer Assad à démissionner. Il est difficile de connaître les projets de Poutine dans ce domaine. Mais la Russie court un grand risque de rester coincée dans un «bourbier» («quagmire» selon le terme utilisé par Obama), si la guerre n’est pas stoppée à court terme. Il faudra donc observer comment les choses se développent. Le plus beau rêve des gens ordinaires en Syrie est actuellement la fin de la guerre avec un déploiement de forces des Nations unies pour maintenir l’ordre et reconstruire l’Etat et le pays.

    (Traduction A l’Encontre; entretien publié en anglais dans LeftEast, le 15 octobre 2015.

    Publié par Alencontre le 19 - octobre - 2015

    La version en russe peut être trouvée en cliquant sur le lien suivant: http://openleft.ru/?p=7083)

    Gilbert Achcar est professeur à la School of Oriental and African Studies (SOAS) à l’Université de Londres. Dernier ouvrage publié en français: Marxisme, orientalisme, cosmopolitisme, Ed. Actes Sud, Sindbad, 2015.

    Ilya Budraitskis est historien et doctorant à Institute for World History, Russian Academy of Science, à Moscou. Il est le porte-parole du Mouvement socialiste russe et membre de du comité éditorial du Moscow Art Magazine et du site OpenLeft.Ru.

    http://alencontre.org/laune/empecher-leffondrement-du-regime-assad.html

  • Nouveautés sur Orient 21

  • Arabie saoudite. Trois jeunes militants pourraient être exécutés sous peu (Amnesty)

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    Il est à craindre que l'exécution d’Ali Mohammed Baqir al Nimr et de deux autres jeunes militants chiites - arrêtés alors qu’ils étaient mineurs pour avoir participé à des rassemblements contre le gouvernement saoudien - ne soit imminente, a déclaré Amnesty International vendredi 16 octobre après avoir appris qu’ils avaient été transférés en détention à l'isolement.  

    L’organisation est en mesure de confirmer qu’Ali al Nimr, Dawood Hussein al Marhoon et Abdullah Hasan al Zaher ont été conduits en détention à l'isolement à la prison d’al Hair à Riyadh le 5 octobre. Ils ont été appréhendés à des dates différentes en 2012, tandis qu’ils étaient tous mineurs, et ont été condamnés à mort en 2014. Leurs condamnations ont été confirmées par la cour d’appel et la Cour suprême de leur pays en 2015. 

    Selon des informations relayées par des médias favorables au gouvernement, et qui ont provoqué un tollé mondial, Ali al Nimr pourrait être crucifié après sa décapitation. Mercredi 14 octobre, sa mère a exhorté Barack Obama, le président des États-Unis, à intervenir pour sauver son fils.  

    « La peine de mort est un châtiment cruel, inhumain et dégradant et il n’existe aucune preuve qu’elle ait un effet dissuasif sur la criminalité. Son utilisation dans le but de punir une personne qui était mineure au moment des faits qu’on lui reproche est une violation flagrante du droit international », a déclaré James Lynch, directeur adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d'Amnesty International.

    « Le fait que ces trois hommes affirment avoir été torturés et privés du droit de s’entretenir avec un avocat durant les interrogatoires inspirent d’autres préoccupations au sujet de leurs procédures. Il apparaît clairement qu’ils n’ont pas bénéficié d’un procès équitable. »

    Ali al Nimr a été arrêté en février 2012, alors qu'il avait 17 ans, puis placé dans un centre de réinsertion pour mineurs, avant d'être incarcéré dans une prison pour adultes. Il a été condamné à mort en mai 2014 par le Tribunal pénal spécial de Djedda, un tribunal jugeant des affaires ayant trait à la sécurité et au terrorisme, pour 12 infractions - parmi lesquelles participation à des manifestations antigouvernementales, agressions contre les forces de sécurité, détention d’un mitraillette et vol à main armée. Ali al Nimr a déclaré que ses « aveux » lui avaient été arrachés sous la torture, mais le tribunal a refusé de diligenter une enquête sur ses allégations.  

    Abdullah al Zaher et Dawood al Marhoon ont été arrêtés le 3 mars et le 22 mai 2012, alors qu’ils avaient respectivement 16 et 17 ans. En octobre 2014, ils ont été condamnés à mort par le Tribunal pénal spécial de Riyadh pour des motifs similaires, puisqu’ils avaient notamment été reconnus coupables d’avoir participé à des défilés antigouvernementaux, commis un vol à main armée et « pris part à l’homicide de policiers en fabriquant et utilisant des cocktails Molotov pour les attaquer ». Eux aussi affirment qu’on les a torturés et forcés à « avouer ». 

    « Le bilan de l’Arabie saoudite concernant les condamnations à mort consécutives à des procédures entachées d'irrégularités est choquant. La peine de mort est souvent appliquée arbitrairement à l’issue de procès iniques », a déclaré James Lynch.

    « Cela est aggravé dans le cas présent par la condamnation de mineurs délinquants à ce châtiment, ce qui constitue une violation du droit international. Il est choquant que le tribunal n’ait pas pris en considération les allégations des trois militants selon lesquelles on les a torturés afin de leur arracher des "aveux", et les ait condamnés à mort sur cette seule base. »

    La Convention relative aux droits de l'enfant, que l’Arabie saoudite est tenue de respecter, indique clairement que la peine de mort ne peut être prononcée pour des infractions commises par des personnes mineures.   

    L’Arabie saoudite est l’un des pays du monde qui exécutent le plus de prisonniers. Le royaume a mis à mort 137 personnes jusqu’à présent cette année, contre 90 pour toute l’année 2014. La peine capitale est souvent imposée à l’issue de procès iniques, et ni les mineurs délinquants ni les personnes présentant des troubles mentaux ne sont épargnés, a indiqué Amnesty International dans un rapport récent.  

    Ali al Nimr est le neveu de Nimr Baqir al Nimr, un religieux chiite originaire de l’est du pays, qui a été condamné à mort en octobre 2014. Les tensions entre les autorités saoudiennes et la minorité chiite du pays se sont accrues depuis 2011, lorsque, en partie inspirés par les mouvements de protestation populaire qui ont balayé le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, certains citoyens vivant dans la province de l'Est, majoritairement chiite, ont multiplié les appels en faveur de réformes.   

    Complément d'information

    Depuis 2012, les autorités saoudiennes persécutent défenseurs des droits humains et dissidents en toute impunité, aussi bien par la voie juridique que par des moyens extrajudiciaires comme des interdictions de voyager.

    Une nouvelle loi de lutte contre le terrorisme est entrée en vigueur en février 2014, et est utilisée depuis lors contre des défenseurs des droits humains et des militants afin de les condamner à de lourdes peines de prison, voire à la peine de mort.

    La plupart des procès de ces militants se sont déroulés devant le Tribunal pénal spécial, dont la compétence est vague et les procédures nimbées de secret.

    Outre les militants chiites ci-dessus, le Tribunal pénal spécial a également condamné Waleed Abu al Khair, défenseur des droits humains et avocat, en vertu de cette nouvelle loi antiterroriste. Le 13 octobre, il a aussi condamné Abdulrahman al Hamed, un des membres fondateurs de l’Association saoudienne des droits civils et politiques, à neuf ans de prison. 16 octobre 2015, 11:42

     

    Pour en savoir plus

     

    https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2015/10/saudi-arabia-three-young-activists-could-soon-be-executed/

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  • Rassemblement en solidarité avec le peuple palestinien et sa jeunesse (Afps)

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    21 octobre à 18h Place de l’Opéra

    Depuis des mois, des événements d’une gravité extrême meurtrissent la Palestine. En Cisjordanie, à Jérusalem-Est et à Gaza, l’armée israélienne tue. Les colons massacrent, provoquent, profanent et démolissent sans limite, au mépris des principes fondamentaux du droit international.

    Le gouvernement israélien porte l’entière responsabilité de la dégénération d’une situation devenue explosible et incontrôlable.

    C’est pourquoi en solidarité avec la résistance palestinienne, le Collectif national pour une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens appelle tous les démocrates épris de paix et de justice à se rassembler.

    Nous dirons avec force :


    • Stop à l’agression israélienne
    • Sanctions contre Israël
    • Solidarité avec le soulèvement de la jeunesse palestinienne
    • Arrêt du blocus de Gaza
    • Respect de la résolution 194 sur le droit au retour
    • Libération de tous les prisonniers politiques palestiniens
    • Mise sous protection internationale du peuple palestinien
    • Reconnaissance des droits nationaux du peuple palestinien

    Plus que jamais :

    La France doit reconnaître l’Etat de Palestine, agir au Conseil de Sécurité pour faire échec au gouvernement de Benyamin Netanyahou

    La France doit agir en Europe pour la suspension de l’accord Union européenne/Israël

    Rassemblement

    Mercredi 21 octobre 18 heures

    Place de l’Opéra

    Collectif National pour une Paix Juste et Durable en Palestine (CNPJDPI) - 75009, mercredi 21 octobre 2015

    signataires membres du Collectif pour une Paix Juste et Durable entre Israéliens et Palestinien

    Agir Contre le Colonialisme Aujourd’hui (ACCA) – AFD International – AILES Femmes du Maroc - Alternative Libertaire (AL) - Américains contre la guerre (AAW) - Association des Travailleurs Maghrébins de France (ATMF) - Association des Tunisiens en France (ATF) - Association France Palestine Solidarité (AFPS) - Association Nationale des Elus Communistes et Républicains (ANECR) - Association pour la Taxation des Transactions financières et pour l’Action Citoyenne (ATTAC) - Association pour les Jumelages entre les camps de réfugiés Palestiniens et les villes Françaises (AJPF) - Association Républicaine des Anciens Combattants (ARAC) - Association Universitaire pour le Respect du Droit International en Palestine (AURDIP) - Campagne Civile Internationale pour la Protection du Peuple Palestinien (CCIPPP) - Cedetim / IPAM - Collectif des Musulmans de France (CMF) - Collectif Faty Koumba : Association des Libertés, Droits de l’Homme et non-violence - Collectif interuniversitaire pour la coopération avec les Universités Palestiniennes (CICUP) - Collectif Judéo-Arabe et Citoyen pour la Palestine (CJACP) - Collectif Paix Palestine Israël (CPPI Saint-Denis) - Comité de Vigilance pour une Paix Réelle au Proche-Orient (CVPR PO) - Comité Justice et Paix en Palestine et au Proche-Orient du 5e arrt (CJPP5) - Droit-Solidarité – Ensemble - Europe Ecologie les Verts (EELV) – Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (FTCR) - Fédération Syndicale Unitaire (FSU) – Forum Palestine Citoyenneté - Gauche Unitaire (GU) - Génération Palestine - La Courneuve-Palestine - le Mouvement de la Paix - les Femmes en noir - Ligue des Droits de l’Homme (LDH) - Ligue Internationale des Femmes pour la Paix et la Liberté, section française de la Women’s International League for Peace and Freedom (WILPF) (LIFPL) - Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples (MRAP) - Mouvement Jeunes Communistes de France (MJCF) - Mouvement Politique d’Emancipation populaire (M’PEP) - Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) - Organisation de Femmes Egalité - Parti Communiste des Ouvriers de France (PCOF) - Parti Communiste Français (PCF) - Parti de Gauche (PG) - Participation et Spiritualité Musulmanes (PSM) – Socialistes pour la Paix – Sortir du colonialisme - Une Autre Voix Juive (UAVJ) - Union des Travailleurs Immigrés Tunisiens (UTIT) - Union Générale des Etudiants de Palestine (GUPS-France) - Union Juive Française pour la Paix (UJFP) - Union Nationale des Etudiants de France (UNEF) - Union syndicale Solidaires

    http://www.france-palestine.org/Solidarite-avec-le-peuple-palestinien-et-sa-jeunesse

  • Informer sur le Proche-Orient : « La tentation est de se rabattre sur ce qui apparaît comme un "juste milieu" » (Acrimed)

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    Nous remettons à la « une », trois ans après sa première publication, une interview de Benjamin Barthe, journaliste au Monde, consacrée au traitement médiatique du conflit opposant Israël aux Palestiniens. Les événements de ces derniers jours, et leur couverture par les « grands médias », confirment en effet malheureusement la plupart des constats opérés dans cette interview (Acrimed, 19 octobre 2015).

    Dans quelles conditions travaille-t-on lorsque l’on est journaliste dans les territoires palestiniens ?

    Le terrain est assez singulier. Il n’est pas accessible à tous les journalistes, il y a une forme de filtrage effectué par les autorités israéliennes, avec notamment la nécessaire obtention d’une carte de presse. Si l’on travaille pour une publication installée, renommée, cela s’obtient sans trop de problèmes. Dans le cas contraire, on ne l’obtient pas toujours. Or, par exemple, il est impossible de se rendre à Gaza sans carte de presse. Un second filtrage est effectué par Israël : c’est la censure militaire. Les journalistes à qui une carte est attribuée doivent s’engager à respecter la censure et à ne pas porter atteinte à la sécurité de l’État d’Israël. Enfin, la fragmentation géographique des territoires palestiniens est, de facto, un filtrage. Toutes les zones ne sont pas toujours accessibles. C’est ainsi que, lors des bombardements israéliens sur Gaza, à l’hiver 2008-2009, l’accès était fermé aux journalistes.

    Le territoire palestinien est exigu, ce qui crée en réalité des conditions favorables au travail de journaliste. On peut se rendre dans un lieu donné, mener son enquête, rentrer le soir même et rédiger son article. Par ailleurs, cela permet de faire des micro-enquêtes, des micro-reportages, de s’intéresser de manière précise au quotidien des Palestiniens. Parfois j’ai eu l’impression de faire des articles de type presse quotidienne régionale, à ceci près que le moindre de ces micro-reportages met toujours en jeu des questions politiques. Si l’on a envie de bien faire son travail, on peut donc proposer aux lecteurs des sujets originaux, variés, qui peuvent rendre palpable l’expérience quotidienne des Palestiniens et expliquer, beaucoup mieux que bien des sujets sur les épisodes diplomatiques tellement répétitifs et stériles, les enjeux de la situation.

    Comment manier les différentes sources sans être victime de la propagande ?

    On est confronté à une surabondance de sources, en réalité. Il y a bien sûr la presse, notamment la presse israélienne, avec des journalistes qui font très bien leur travail, par exemple au quotidien Haaretz. Il y a aussi une abondance d’interlocuteurs, notamment du côté palestinien, avec une réelle disponibilité. Ils veulent parler de leur situation, la faire connaître. Ils estiment que c’est dans leur intérêt de parler aux médias. Par exemple, il est relativement facile de parler, à Gaza, à un ministre du Hamas. Il y a aussi les sources venues de la société civile, avec les nombreuses ONG, tant du côté palestinien que du côté israélien, ou des différentes agences de l’ONU, très présentes sur le territoire. Ces ONG et ces agences produisent en permanence des rapports, des enquêtes, qui représentent une matière première considérable.

    L’important, c’est la gestion de ces sources. Le fait qu’il y ait surabondance peut en effet s’avérer être un piège. Premièrement, ces sources ne sont pas toutes désintéressées, elles peuvent avoir un agenda politique, il faut donc en être conscient et les utiliser à bon escient. Mais il y a un autre danger : on constate une tendance, dans la communauté des journalistes, à considérer que les sources israéliennes et les sources palestiniennes sont par définition partisanes. La tentation est donc de se rabattre sur ce qui apparaît comme un « juste milieu » : les sources venues de la communauté internationale, notamment les rapports de l’ONU, de la Banque mondiale, du FMI, etc. Ce n’est pas mauvais en soi, certains de ces rapports sont très fournis, très documentés, mais il y a tout de même des précautions à prendre. En effet, ces sources internationales restent prisonnières d’une certaine vision du conflit : la plupart d’entre elles sont arrivées dans la région après les accords d’Oslo et leur lecture du conflit est imprégnée de la logique et de la philosophie d’Oslo.

    Un exemple : la Banque mondiale a sorti récemment un rapport sur la corruption dans l’Autorité palestinienne. Les conclusions du rapport étaient en forme d’encouragement à la nouvelle administration palestinienne et au Premier ministre, Salam Fayyad, pour son travail de transparence, de modernisation des infrastructures et des institutions palestiniennes. Ce qui est assez choquant ici, c’est que la Banque mondiale est partie prenante de ce travail de réforme, elle verse de l’argent, elle participe aux programmes de développement qui sont mis en place dans les territoires palestiniens, etc. Que la Banque mondiale s’érige donc en arbitre des élégances palestiniennes, qu’elle distribue les bons et les mauvais points sur la corruption, est assez déplacé, puisque ce sont des politiques dans lesquelles elle est pleinement investie qu’elle prétend juger.

    J’ai rencontré la personne qui a enquêté et fait ce rapport, et il s’avère qu’elle a démissionné. En effet, son rapport a été en partie réécrit. C’est la philosophie même de son rapport qui a été remaniée, puisqu’elle y expliquait qu’en réalité c’était la structure même d’Oslo qui expliquait la corruption : un régime censé gérer une situation d’occupation pour le compte d’un occupant, en l’aidant par exemple à y faire la police, est par nature, par essence, générateur de corruption, qu’elle soit morale, politique ou économique. Or la Banque Mondiale n’a pas voulu que cette question soit abordée, y compris par sa principale enquêtrice : cela en dit long sur la situation, de plus en plus bancale, de plus en plus problématique, dans laquelle se trouvent ces organismes internationaux. Ils demeurent prisonniers d’un paradigme qui date de plus de vingt ans, et qui a largement failli. Il faut donc manier ces sources avec prudence.

    Certains insistent particulièrement sur le poids des mots, et notamment sur la portée symbolique de certains termes : mur/barrière, colonies/implantations, etc. Qu’en penses-tu ?

    Le débat au sujet de la clôture construite par Israël (faut-il parler d’un mur ? D’une barrière ? D’une clôture ?) est pour moi assez vain. Par endroit il s’agit effectivement d’une clôture électronique, avec des barbelés, à d’autres endroits il s’agit bien d’un mur... Donc le débat sur le nom m’intéresse assez peu. Pour moi, ce qui est essentiel, c’est de montrer les processus à l’œuvre derrière les mots, de montrer les réalités.

    On peut tout à fait dire qu’Israël construit un mur, mais si l’on oublie de préciser que ce mur est construit dans les territoires palestiniens et non pas entre Israël et la Cisjordanie, on passe à côté de la réalité de ce mur. Si on oublie de préciser, à propos des portes qui ont été aménagées par Israël dans le mur en expliquant qu’il ne s’agissait donc pas d’une annexion car les agriculteurs dont les champs se situent de l’autre côté du mur pourraient le franchir, qu’en réalité ces portes demeurent, la plupart du temps, fermées, ou que les soldats censés les ouvrir arrivent régulièrement en retard, de nouveau on rate la réalité.

    Il y a bien des mots qui sont piégés, mais pas nécessairement ceux auxquels on pense. Ainsi en va-t-il de Gilad Shalit, que presque tout le monde a présenté comme un « otage » qui avait été « kidnappé ». J’ai pour ma part toujours fait attention, dans mes écrits, à le qualifier de « prisonnier ». En effet, pour moi il ne fait aucun doute qu’il s’agissait bien d’un prisonnier de guerre, au même titre qu’un grand nombre de détenus palestiniens dans les prisons israéliennes. Et Gilad Shalit n’avait pas été « kidnappé », mais bien capturé par les Palestiniens.

    Autre exemple, et autre catégorie de mots piégée : c’est toute la nomenclature qui a été mise en place avec le processus d’Oslo. On parle de « processus de paix », de « président palestinien », de « gouvernement palestinien », etc. Le terme de « président » ne figurait pas, au départ, dans les accords d’Oslo. C’est la vanité de Yasser Arafat, et l’intelligence politique de Shimon Pérès, notamment, qui a vite compris l’intérêt qu’il avait à utiliser lui aussi ce terme. L’idée qu’il y avait un « président palestinien » entretenait l’idée qu’il se passait quelque chose d’historique : les Palestiniens avaient désormais un « président », ils n’étaient donc pas loin d’avoir un État... Or il est intéressant de questionner ce vocabulaire, cette sémantique : quels sont exactement les pouvoirs de ce « président » ? En réalité, il n’a pas beaucoup plus de pouvoir et d’attributions qu’un préfet (sécurité, aménagement du territoire), si ce n’est le fait qu’il peut se déplacer à l’étranger en prenant un avion prêté pour l’occasion par un pays arabe. Ses « pouvoirs » ne s’exercent en outre que sur une partie de la Cisjordanie, 40 % si l’on est optimiste, 18 % si l’on est plus réaliste et que l’on ne prend en compte que ce que l’on nomme les « zones autonomes » palestiniennes. Voilà qui donne une idée un peu plus précise de ce qu’est le « président » palestinien.

    Il en va de même avec le « processus de paix ». Ce terme entretient l’idée que même si parfois il y a des incidents, des moments un peu compliqués, globalement il y a un processus, une dynamique. Or force est de constater que, s’il y a peut-être eu au départ une dynamique, le « processus de paix » est très rapidement devenu un processus de chantage, un bras de fer totalement déséquilibré entre le géant israélien et le lilliputien palestinien, duquel Israël n’avait rien à craindre. C’est ainsi qu’avec sa mainmise sécuritaire Israël a pu continuer à acculer les Palestiniens, à construire les colonies, etc. Je pense donc que c’est bien du devoir des journalistes d’interroger ces termes, ces mots, et de leur redonner leur véritable sens.

    Je voudrais finir en ajoutant que ce qui est valable pour les mots est également valable dans un autre domaine : les cartes. Il existe en effet une production cartographique « classique » qui structure l’imaginaire, y compris l’imaginaire médiatique. On serait face à une région que l’on peut diviser en deux : à l’ouest, Israël, et à l’est, la Cisjordanie. Cela entretient l’idée que l’on va vers la création de deux États, qu’il suffirait d’opérer un découpage le long de la « ligne verte » qui séparerait Israël de la Cisjordanie. Or la réalité est bien différente : il y a, partout d’est en ouest, l’État d’Israël, avec en son sein quelques enclaves palestiniennes. Et lorsque l’on déplace le curseur géographique, comme lorsque l’on interroge le vocabulaire, on questionne vraiment les schémas classiques et les paradigmes sur la base desquels est trop souvent construite l’information. lundi 19 octobre 2015

    Avant de devenir journaliste au Monde (desk Proche-Orient), Benjamin Barthe a été pigiste à Ramallah durant neuf ans, de 2002 à 2011. Il a reçu le prix Albert Londres en 2008 pour ses reportages sur Gaza. Il est l’auteur de Ramallah Dream, voyage au cœur du mirage palestinien [1]. En octobre 2010, il participait à un « Jeudi d’Acrimed » dont la vidéo est visible ici-même. Pour le n° 3 de Médiacritique(s) (avril 2012), il nous a accordé l’entretien reproduit ci-dessous.

    http://www.acrimed.org/Informer-sur-le-Proche-Orient-La-tentation-est-de-se-rabattre-sur-ce-qui

  • Une Intifada qui ne dit toujours pas son nom (CCR)

    «Vendredi de la révolution». La Palestine s’éveille !

    Pawel Basnacki

    Ce vendredi 16 octobre, les organisations palestiniennes avaient appelé à un « vendredi de la révolution ». Des manifestations ont eu lieu en Cisjordanie et dans la bande de Gaza après la grande prière hebdomadaire. L’appel faisait notamment suite à l’annonce de la fermeture de l’esplanade des Mosquées, à Jérusalem, à tous les hommes de moins de quarante ans. Quatre Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes dans la journée : l’un en Cisjordanie occupée, un autre près de Naplouse et deux autres dans la bande de Gaza lors d’une manifestation à proximité du mur.

    Un peuple poussé à bout

    La fermeture de l’esplanade des Mosquées intervenait, selon la police israélienne, « dans le cadre des mesures destinées à empêcher toute attaque terroriste ». Cette limitation de circulation constitue une grave attaque contre le peuple palestinien, en empêchant une grande majorité de la population d’accéder au troisième lieu le plus important de l’islam. Cette fermeture s’est accompagnée d’un déploiement de 300 soldats dans Jérusalem. L’un des derniers déploiements aussi importants de soldats remonte à 2002, pendant la deuxième Intifada, en même temps qu’une vaste opération militaire israélienne était menée en Cisjordanie occupée.

    Dans un contexte d’une telle violence contre la population palestinienne, quatre morts se sont ajoutées aux 32 victimes palestiniennes tuées depuis début octobre. Alors que le Premier ministre Benjamin Netanyahu rabâche que « le terrorisme au couteau ne nous vaincra pas », le gouvernement israélien vient d’autoriser l’emploi à Jérusalem d’un fusil de sniper Ruger. Utilisé dans une manifestation près de Naplouse début octobre, celui-ci a blessé 55 palestiniens en l’espace de quelques heures. Comme quoi les « terroristes » ne sont pas ceux que l’on montre du doigt. Un enfant de 13 ans armé d’un couteau n’est que l’image d’un mouvement spontané de jeunes qui ont pris conscience de la trahison de leurs dirigeants. Le couteau est une arme de désespoir, pour ces jeunes qui n’ont connu que la colonisation et l’apartheid.

    La première action de ce vendredi de la révolution a été d’incendier le Tombeau de Joseph à Naplouse, en Cisjordanie occupée. Les juifs vénèrent ce site, qui abrite selon eux la dépouille de Joseph, l’un des douze fils de Jacob, mais qui est le lieu de sépulture d’un des cheikh local pour les palestiniens. L’édifice a subi d’importants dégâts avant que les forces de sécurité palestiniennes n’interviennent. Le rôle de l’Autorité Palestinienne est alors apparu avec clarté...

    Une Autorité Palestinienne désavouée

    Alors que Mahmoud Abbas n’encourage en rien la révolte légitime du peuple palestinien, il est sorti de son silence suite à l’incendie, pour déplorer un acte « irresponsable ». Il a ainsi donné raison au secrétaire d’État américain, John Kerry, qui expliquait que « Le président Abbas s’est engagé en faveur de la non-violence » et qu’« il doit [la] condamner haut et fort ». Au lieu d’apporter un soutien au peuple, l’autorité palestinienne tente de canaliser la violence et de garder sa place officielle aux yeux du monde alors qu’elle est de plus en plus désavouée par les palestiniens. Abbas menace également de rompre les accords d’Oslo, une tactique utilisée à de nombreuses reprises. Par là, il tente de récupérer un peu de popularité auprès du peuple, mais également d’appeler à l’aide l’Etat israélien. Benjamin Netanyahu pousse à une rencontre avec le président palestinien, tout en lui reprochant d’encourager la violence. Il l’empresse de cesser « de justifier » et « d’appeler aux violences », ce qui est pourtant loin d’être la position d’Abbas.

    Cette situation s’inscrit dans le cadre de la coopération entre l’État israélien et l’autorité palestinienne. Pour mieux contrôler la Cisjordanie, l’État sioniste fait appel aux autorités mises en place par les traités d’Oslo. Celles-ci permettent aux forces de sécurité palestiniennes de collaborer en partageant des informations, en procédant aux arrestations des opposants, et en contrôlant, in fine, la colère légitime du peuple palestinien par une de ses minorités. Cette stratégie coloniale a déjà fait ses preuves par le passé.

    La Jordanie, qui en appelle au conseil de sécurité des Nations Unies, ne va pas non plus dans le sens de la mobilisation du peuple palestinien. Et pour cause. Il ne faut pas oublier qu’elle convoite le territoire de la Cisjordanie. On se souvient aussi du « Septembre noir » qui, en 1970, a coûté la vie à des milliers de palestiniens. Une chose est sûre, la révolte des palestiniens ne sert pas les affaires du roi de Jordanie Abdallah II.

    Le peuple palestinien ne peut compter que sur lui même pour combattre l’occupant et ses alliés. Et nous ne pouvons que porter l’idée d’une solidarité internationale avec le peuple palestinien, en combattant l’impérialisme de nos États, soutien de l’État israélien. Publié le 16 octobre 2015

    http://www.revolutionpermanente.fr/Vendredi-de-la-revolution-La-Palestine-s-eveille