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  • Nouveautés sur Association France Palestine Solidarité

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  • Massacre du 17 octobre 1961 : le crime d’Etat d’une métropole coloniale (NPA)

    Mardi 17 octobre 1961. Paris. Au petit matin. Les hommes de Maurice Papon, préfet de police de Paris, se tiennent prêts, plus que jamais, à dégainer la flingue et la matraque. Ce jour là, les algériens de métropole, pour la plupart concentrés dans les usines parisiennes s’apprêtent à manifester pour la première fois dans les rues de la capitale. Manifestation préparée en secret, contre le couvre-feu raciste décrété à l’encontre des nord-africains. A l’appel du FLN, ils vont affronter, de manière massive et pacifique, les escadrons de la police française, pour revendiquer leur droit à l’indépendance de leur territoire national, l’Algérie encore maintenue sous domination coloniale française. Véritable massacre, dénié par l’histoire officielle, censuré au point d’être maintenu dans l’oubli durant de longues années, la répression de masse qui s’abat sur les manifestants ce jour-là est d’une rare violenc

    La manifestation du 17 octobre 1961 est le pendant métropolitain de la guerre d’Algérie et l’expression de toute la violence de l’Etat français pour maintenir sa domination raciste et impérialiste. Son chef d’orchestre : Maurice Papon, ancien secrétaire général de la préfecture de la Gironde sous le gouvernement de Vichy, collaborationniste et organisateur de rafles de juifs. Il a été choisi pour l’occasion. Reconnu pour son « efficacité », on sait, au sein de l’appareil d’Etat, et au premier chef de Gaulle qui l’a nommé à son poste, qu’il ne fait pas dans la dentelle quand il s’agit d’exécuter les ordres.

    Depuis août 1961 déjà, la répression s’intensifiait à l’encontre des algériens, et de quiconque, tunisien, portugais, marocain, italien, a la peau plus foncée et le cheveu brun et bouclé. Plus forts que jamais étaient les rafles, les chiens, les coups, les « ratonnades » comme les porteurs de matraques aiment à les appeler… Le FLN décide fin août de reprendre sa campagne d’attentats en métropole, abandonnée pourtant depuis plusieurs semaines à cause des négociations entre le gouvernement français et le gouvernement provisoire d’Algérie. Arrestations, contrôles arbitraires, descentes dans les lieux de vie des populations maghrébines et rafles n’ont jamais été aussi systématiques. L’offensive policière prend place dans les rues, les bus et le métro parisien. Pour Papon, « pour un coup rendu, nous en porterons dix ». Le quartier de la Goutte d’Or dans le 18ème arrondissement est particulièrement visé. En septembre, les noyés. Chaque jour ou presque. Latia Younes, Salat Belkacem, Ouiche Mohammed, Mohammed Alhafnaouissi, et bien d’autres encore dont certains ne seront jamais identifiés. A partir du 2 octobre, un couvre-feu anti-arabe est installé : qui l’enfreint risque une mort certaine. C’est la stratégie de la tension qui est choisie par De Gaulle et son fidèle premier ministre, Michel Debré, partisan de l’Algérie française, qui compte ne rien perdre du rapport de force et profite de la répression pour maintenir au sein du territoire français la région du Sahara, zone qui révèlera par la suite ses denrées pétrolifères.

    Dans ce contexte là, la résistance des algériens de métropoles s’organise, mais avec un changement de stratégie. Face à la répression, il faut s’unir. Les algériens, encadrés par le puissant appareil du FLN choisiront la manifestation et la démonstration de force par le nombre. Celle-ci vise l’opinion publique. Les consignes sont de ne céder à aucune provocation et à aucune violence. Trois itinéraires sont choisis et le mot s’est répandu parmi la population algérienne. Aux portes de Paris, aux stations Etoile, Opéra, Concorde, Grands Boulevards, les manifestants sont systématiquement matraqués jusqu’à ce qu’ils s’effondrent. Sur le boulevard Bonne-nouvelle, au pont de Neuilly, au Pont-Neuf d’Argenteuil et ailleurs, la police tirent sur les manifestants. Sur le Pont saint Michel, des hommes sont jetés à la Seine.

    Ce jour là, plus de 10 000 algériens sont interpellés et internés au Palais des Sports, au Parc des expositions, au Stade de Coubertin, au centre d’Identification de Vincennes pendant près de 4 jours. Les autorités françaises qui s’en tiennent à la version d’un échange de tirs entre policiers et manifestants déplorent 3 morts. Pour le FLN, ils seraient plusieurs centaines à être décédés sous les coups de la police française aux ordres du criminel Maurice Papon, pour avoir osé crier et revendiquer le droit à l’égalité, à l’auto-détermination et à la dignité.

    « Liberté, Egalite, fraternité » répètent en boucle depuis ces sombres temps présidents et gouvernants, y compris ceux qui se satisfont encore aujourd’hui des « bienfaits du colonialisme ». Mais qui est encore dupe ? Nous n’oublierons jamais Malik Oussekine assassiné par les voltigeurs de Pasqua en 1985. En février 2005 la droite fit même passer à l’assemblée une loi insistant sur la nécessité de mettre en valeur « l’aspect positif de la colonisation » dans les livres d’histoire. Avec le temps, rien n’a changé. Aujourd’hui encore la justice donne toute l’impunité à ses policiers : elle a refusé il y a peu de reconnaitre la qualité de meurtre à la mort en 2005 de Zyed et Bouna, il y a 10 ans. Malgré les 54 ans qui nous séparent de ce véritable pogrom orchestré par l’Etat français à l’encontre de la population algérienne en métropole, il y a toujours des voix au sein de la classe politique pour contester la nature des faits. Ainsi, en 2012 où pour la première fois le massacre a été reconnu, quoique bien du bout des lèvres, par l’Etat français en la personne de François Hollande, les Gaino et Sarkozy refusaient « l’engrenage de la repentance ». Ce discours n’exprimait par seulement la crainte de voir les deniers publics ailler à l’indemnisation des familles des victimes, mais surtout de voir s’affirmer lecaractère raciste de la République française, aujourd’hui comme fauteuse d’oppression et de domination des autres peuples, d’Afrique tout particulièrement, qu’elle continue de rançonner ou d’agresser militairement, quand ils ne sont pas gouvernés par des dictateurs à sa botte.

    A l’heure de la chasse aux rroms et aux migrants, d’un racisme d’Etat dorénavant justifié par la « guerre au terrorisme », ce massacre doit être encore et toujours rappelé et condamné, et ce samedi 17 octobre 2015, l’occasion de se rassembler pour cela. A Paris, ce sera à 17h30 au Pont Saint-Michel.

    Yano Lesage

    https://www.npa2009.org/evenement/rassemblement-17-octobre-1961-17-octobre-2015

  • Nouveautés sur A l'Encontre.ch

    Palestine-Israël. Dix balles, et elle ne s’est jamais approchée des soldats israéliens

    16 - octobre - 2015

    Par Amira Hass D’un ton neutre, presque technique, le médecin décrit les blessures produites par les balles de l’armée israélienne qui conduisirent à la mort de Hadeel al-Hashlamoun, âgée de 18 ans. Une balle entra sur son flanc gauche et sortit par son dos. Un éclat se logea dans son genou droit, un os brisé […]

    Ni Daech, ni Assad, pour une paix juste

    16 - octobre - 2015

    • Les diverses initiatives militaires, en Syrie, d’une coalition hétéroclite contre ledit Etat islamique (Daech) participe d’une réécriture politique propagandiste du «printemps arabe» en Syrie. Le soulèvement massif et pacifique de la population, dès mars 2011, est effacé des mémoires médiatisées. Sont gommées, de plus en plus: la terrible répression du régime Assad, opérée par ses […]

    Palestine. Aux côtés des Palestiniens, contre l’occupation

    14 - octobre - 2015

    Par Julien Salingue Les grands médias et les analystes autoproclamés s’interrogent: comment comprendre la multiplication, ces derniers jours, des attaques menées par des Palestiniens en Cisjordanie, à Jérusalem et en Israël? Pourquoi le «calme précaire» a-t-il cédé le pas à un «regain de violences»? Le gouvernement israélien va-t-il pouvoir «reprendre le contrôle» de la situation?

  • Nouveautés sur Association France Palestine Solidarité

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  • Syrie

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  • Tunisie : A propos du prix Nobel de la paix, retour sur la crise de 2013 (Essf)

    L’attribution du prix Nobel de la paix s’est accompagnée d’un subit regain d’intérêt pour la situation en Tunisie. Le projecteur a été en particulier braqué sur la façon dont la coalition dirigée par le parti islamiste Ennahdha a été amenée a quitter le pouvoir en janvier 2014. Il convient donc de revenir sur ce processus.

    Une vague de fond anti-Ennahdha

    En 2012 et 2013, la politique des gouvernements à direction islamiste (1) avait été centrée sur les objectifs suivants :
    - poursuivre la politique néo-libérale dont les effets avaient été une des causes de la révolution,
    - noyauter l’appareil d’Etat, islamiser la Constitution, remettre en cause les droits des femmes,
    - organiser et/ou couvrir les violences contre le mouvement social et la gauche.

    Dans ce cadre, des milices islamistes avaient été mises sur pieds, dont les « Ligues de protection de la révolution » (LPR). Des prédicateurs islamistes du Moyen-Orient parmi les plus rétrogrades, circulaient librement en Tunisie. Ils étaient accueillis officiellement au palais présidentiel par Marzouki, tout comme les responsables des LPR. (2)

    D’importantes mobilisations ont eu lieu contre les tentatives du pouvoir de remettre en cause des droits des femmes, ainsi que contre les violences émanant des milices islamistes et/ou du pouvoir (tir à la chevrotine de la police sur la population de Siliana, attaque du siège de l’UGTT, assassinat de deux dirigeants du Front populaire, etc). (3)

    Suite à l’assassinat du 25 juillet, une vague d’hostilité envers Ennahdha a traversé le pays et d’immenses mobilisations ont eu lieu. (4) En toile de fond, l’Egypte avec les formidables manifestations de juin contre le gouvernement islamiste, suivies de leur dégagement par l’armée de l’ancien régime, ainsi que le spectre du scénario lybien.
    Fathi Chamkhi explique : « Le Front populaire, qui regroupe l’essentiel de organisations politiques de gauche, a dans un premier temps réagi vigoureusement, appelant même à l’insurrection. Il s’est ensuite tout de suite rétracté sous la pression de Nida Tounes (5), pour finalement rester dans les limites du respect de l’ordre et de la légalité établie ». (6) Le Front a alors décidé de former une alliance avec toutes les forces s’opposant au parti islamiste au pouvoir au sein d’un éphémère « Front de salut national » (FSN) (7) dont un des principaux objectifs était la mise en place d’un « gouvernement de salut national » pour remplacer celui d’Ennahdha. (8)

    Le départ des islamistes du pouvoir

    Mais en final, c’est la formule de « dialogue national » incluant Ennahdha, proposée avec constance depuis juin 2012 par les dirigeants de l’UGTT, (9) qui s’est imposée. A partir de la mi-septembre ce « dialogue » s’est progressivement mis en place sous l’égide d’un « Quartet » composé de l’UGTT, du syndicat patronal UTICA, de la Ligue tunisienne pour la défense des droits l’Homme, et de l’Ordre des avocats.

    Lâché de toutes parts, Ennahdha a compris qu’il n’avait pas d’autre solution que de quitter le gouvernement. Il voulait ainsi éviter de subir le même sort que ses cousins égyptiens, sauvegarder ses positions acquises au sein de l’appareil d’Etat, et garder une chance de revenir ultérieurement au pouvoir. Ennahdha a également renoncé aux mesures rétrogrades qu’il voulait initialement inclure dans la nouvelle Constitution et a même accepté quelques avancées. (10)

    Fathi Chamkhi explique (11) : « En fait, ce sont les chancelleries européennes, notamment française, allemande, britannique, mais aussi étasunienne, qui étaient les vraies maîtresses du jeu. Pour preuve le fait qu’elles ont réussi à imposer le chef de gouvernement qu’elles ont voulu, à savoir l’ultra-libéral Mehdi Jomàa, cadre supérieur franco-tunisien d’une filiale de la multinationale pétrolière française Total ». Comme l’a titré à l’époque le quotidien « Le Monde », Jomàa a été « un nouveau premier ministre nommé sous la pression occidentale ». (12) Dans ce cadre, la décision d’accorder le prix Nobel au Quartet a un sérieux parfum de retour d’ascenseur.

    Epilogue

    Ennahdha s’était résigné en janvier 2014 à sortir par la porte avant que le toit de la maison ne s’effondre sur sa tête. Il est revenu au gouvernement par la fenêtre un an plus tard à l’invitation de Nidaa, son ennemi proclamé pendant près de trois ans ! (13)
    La lutte pour le leadership qui avait auparavant opposé ces deux partis s’est effacée devant ce qui les rassemble : accentuer la politique néo-libérale, chercher à juguler les grèves, restreindre les libertés.
    Avec en prime pour Nidaa Tounès, parti se situant dans la continuité du pouvoir en place avant 2011, la volonté de blanchir les corrompus de cette époque. (14) 13 octobre 2015

    Notes :

    1. Deux autres partis étaient associés au pouvoir d’Ennahdha : le CPR de Marzouki à qui avait été accordée la présidence de la République, Ettakatol (section tunisienne de l’Internationale socialiste), dirigé par Ben Jafaar, à qui avait été attribuée la présidence de l’Assemblée constituante.

    2. http://www.kapitalis.com/politique/14124-le-palais-de-carthage-deroule-le-tapis-rouge-au-predicateur-wahhabite-nabil-al-awadi.html
    http://www.businessnews.com.tn/Tunisie---Une-délégation-des-LPR,-avec-«-Recoba-»,-chez-Marzouki-au-palais-de-Carthage,520,35636,3

    3. En novembre 2012, la police a tiré à la chevrotine sur la population de Siliana. Le 4 décembre 2012, des milices islamistes ont attaqué le siège national de l’UGTT. Le 6 février 2013, un dirigeant du Front populaire, Chokri Belaïd, a été assassiné devant son domicile. Il en a été de même le 26 juillet pour Mohamed Brahmi, un autre dirigeant du Front populaire.

    4. Fathi Chamkhi : « Une lame de fond anti-Frères Musulmans secoue la Tunisie » - (31 août 2013) http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article29845

    5. Nidaa Tounès a été lancé en juin 2012 autour d’anciens responsables du parti de Bourguiba et Ben Ali, dont Beji Caïd Essebsi.

    6. Fathi Chamkhi est militant de RAID (Attac et Cadtm en Tunisie). Membre de la LGO (trotskiste). Il est députés du Front populaire depuis octobre 2014. Propos recueillis le 29 septembre 2015.

    7. Voir « Entre le déjà plus et le pas encore »,
    Inprecor no 597, http://orta.dynalias.org/inprecor/home ou http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article29844

    8. Déclaration constitutive du Front de salut national (26 juillet) http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article29377

    9. « L’initiative de l’UGTT sur le lancement d’un conseil de dialogue national » (18 juin 2012)
    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article26202

    10. La nouvelle Constitution a été promulguée en janvier 2014. Suite à d’intenses mobilisations, en ont été exclus les reculs que comptaient y inscrire initialement les islamistes, comme par exemple la référence à la charia ou l’infériorisation des femmes. Malgré ses limites, cette Constitution inclut quelques avancées, comme par exemple la liberté de conscience et la condamnation pénale du takfir (accusation d’avoir renié l’Islam pouvant servir à justifier la mise à mort). http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article31234

    11. Propos de Fathi Chamkhi recueillis le 29 septembre 2015.

    12. « Un nouveau premier ministre nommé sous la pression occidentale » (Le Monde, 16 décembre 2016) http://www.lemonde.fr/tunisie/article/2013/12/16/tunisie-un-nouveau-premier-ministre-nomme-sous-la-pression-occidentale_4334890_1466522.html

    13. Participent également au pouvoir l’UPL autour de l’affairiste douteux Slim Riahi, et le parti ultra-libéral Afek Tounès.
    « La »normalisation« est lancée » (11 février 2015) http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article34582

    14. Concernant le projet de blanchiment des corrompus de l’ère Ben Ali, voir notamment :
    * sur la place de cette mobilisation dans la situation politique
    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article36020
    * sur les mobilisations avant le 8 septembre
    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article35989
    * sur les mobilisations entre le 8 et le 21 septembre (dont les manifestations du 12),
    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article36012

     

    Autres articles concernant la Tunisie http://www.europe-solidaire.org/spip.php?rubrique130
    Cliquer sur « sous-rubriques » pour accéder à celles-ci (A gauche, Economie, Ennahdha, islamisme, Femme, Histoire, Syndicalisme).

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article36083

  • Un ami de l’AFPS est mort, assassiné par l’armée israélienne (Afps 22)

    Nous avions rencontré Moataz cet été en Bretagne. Notre ami palestinien Moataz est mort assassiné par l’armée, hier à Bethléem.

    Il était venu à l’invitation de la Fédération des MJC des Côtes d’Armor pour participer à des échanges, pour débattre avec d’autres jeunes étrangers de la question des murs réels et symboliques qui empêchent la construction d’un monde meilleur. Ils imaginaient ensemble des démocraties où chacun pourrait vivre sans haine.

    Moataz était heureux quand il était face à la mer : cela lui procurait une sensation de liberté, de légèreté, qu’il n’avait pas connue avant. Il adorait le football et avait envisagé de jouer dans l’équipe nationale palestinienne. Il aimait la vie, la musique, la danse, les copains. Moataz avait 27 ans, 27 années passées dans le camp de Deheishe, à Bethléem.

    Il appartenait à une famille connue pour sa lutte pacifique contre l’occupation : sa mère, ses cousins et son oncle Naji Owdah ont été arrêtés à de nombreuses reprises ; son frère Ghassan est actuellement en prison en détention administrative depuis 8 mois. Lors de la seconde intifada, son cousin Jad avait été assassiné dans les mêmes conditions. Aujourd’hui, au cours de ce que nos amis appellent la 3è intifada, c’est Moataz qui s’est fait prendre la vie par les Israéliens. Cet été Ghassan avait entamé une grève de la faim qu’il a terminé depuis peu.

    Depuis son retour en Palestine, ses copains, sa famille ne cessaient de lui demander pourquoi il n’était pas resté en France. Ce à quoi Moataz répondait : "mon frère est en prison, il fait une grève de la faim, sa vie est en danger. Je ne veux pas qu’il meure sans que je sois là."

    Moataz est mort au checkpoint de Bethléem. Il est mort lors d’une manifestation non violente. Il protestait contre l’assassinat d’un autre jeune tué la veille par l’armée israélienne.

    Moataz est mort. Son frère est toujours en prison. Ils ne se sont pas revus. Il manquera à sa famille, à ses amis et il nous manquera mais il restera pour nous tous le combattant de liberté.

    Nathalie Thouquan-Lailet, Marie-Noëlle Blavet pour l’AFPS
    Corinne Le Fustec, Yoann Le Puil pour les MJC

    AFPS Saint-Brieuc - MJC Saint-Brieuc, mercredi 14 octobre 2015

    http://www.france-palestine.org/Un-ami-de-l-AFPS-est-mort-assassine-par-l-armee-israelienne

    http://french.pnn.ps/2015/10/13/martyriser-a-bethleem/

  • Informer sur le Proche-Orient : le syndrome de Tom et Jerry (Acrimed)

     

    Nous remettons à la « une », trois ans après sa première publication, un article consacré au traitement médiatique du conflit opposant Israël aux Palestiniens. Les événements de ces derniers jours, et leur couverture par les « grands médias », confirment en effet malheureusement la plupart des constats opérés dans cet article (Acrimed, 15 octobre 2015).

    Contrairement à d’autres questions d’actualité internationale, le conflit opposant Israël aux Palestiniens est l’objet de nombreux articles, sujets et reportages. Le problème de la couverture médiatique de ce conflit n’est donc pas tant quantitatif que qualitatif. Un décryptage de cette couverture nous conduit à distinguer trois travers majeurs qui caractérisent l’information relative au Proche-Orient, telle qu’elle nous est proposée par les « grands médias ».

    De l’art d’équilibrer une situation déséquilibrée

    Le premier de ces biais est celui de l’injonction permanente à un traitement « équilibré » du conflit. Les événements du Proche-Orient suscitent en France, pour des raisons politiques, historiques et culturelles que l’on ne pourra pas développer ici, une attention toute particulière. Ils sont générateurs de passions et leur perception est marquée par une lourde charge émotive, ce qui ne manque pas d’avoir des répercussions sur la manière dont les grands médias essaient de les couvrir.

    D’où l’injonction au traitement « neutre », que l’on peut parfois assimiler à une forme de censure, voire d’autocensure de la part de certains journalistes et de certaines rédactions : il ne faudrait pas froisser l’un des deux « camps » et, pour ce faire, adopter une position « équilibrée ».

    Or la situation ne s’y prête pas, pour la bonne et simple raison que l’Etat d’Israël et les Palestiniens ne sont pas dans une situation équivalente. S’il existe bien un « conflit » opposant deux « parties », nul ne doit oublier que ses acteurs sont, d’une part, un Etat indépendant et souverain, reconnu internationalement, doté d’institutions stables, d’une armée moderne et suréquipée et, de l’autre, un peuple vivant sous occupation et/ou en exil, sans souveraineté et sans institutions réellement stables et autonomes.

    Adopter une démarche qui se veut équilibrée conduit donc nécessairement à occulter certains aspects de la réalité, tout simplement parce qu’ils n’ont pas d’équivalent dans l’autre « camp ». C’est ainsi que les grands médias privilégieront les moments de tension visible, en d’autres termes militaires, les « échanges de tirs », les « victimes à déplorer dans les deux camps » ou, dans un cas récent, les « échanges de prisonniers ». Il s’agit de montrer que la souffrance des uns ne va pas sans la souffrance des autres, et que les moments de tension ou d’apaisement sont liés à des décisions ponctuelles prises par l’un ou l’autre des deux « camps », ou par les deux conjointement.

    C’est ainsi qu’un tel traitement médiatique occulte presque totalement ce qui est pourtant l’essentiel de la vie quotidienne des Palestiniens et l’un des nœuds du « conflit » : l’occupation civile (colonies) et militaire (armée) des territoires palestiniens. Les camps militaires israéliens et les colonies n’ont pas d’équivalent en Israël, pas plus que les centaines de checkpoints qui morcellent les territoires palestiniens, le mur érigé par Israël, les réquisitions de terres et les expulsions, les campagnes d’arrestations, les attaques menées par les colons, les périodes de couvre-feu, les routes interdites sur critère national, etc.

    Une couverture qui se veut « équilibrée » conduit nécessairement, par la recherche permanente d’un contrepoint, d’un contrechamp, d’une équivalence, à passer sous silence des informations pourtant essentielles : c’est ainsi qu’il faut aller consulter la presse israélienne pour savoir, par exemple, que pour la seule année 2010 ce sont pas moins de 9 542 Palestiniens de Cisjordanie qui ont été déférés devant les tribunaux militaires israéliens, avec un taux de condamnation de 99,74 %. Une information des plus parlantes, mais qui n’a pas d’équivalent côté israélien. Elle ne sera donc pas traitée.

    Cette couverture biaisée, cette « obsession de la symétrie », au nom d’une prétendue neutralité, conduit donc les grands médias à offrir une image déformée des réalités proche-orientales. Le public est ainsi dépossédé d’une partie pourtant indispensable des éléments de compréhension de la persistance du conflit opposant Israël aux Palestiniens. A fortiori dans la mesure où ce premier biais se double d’un second, tout aussi destructeur pour la qualité de l’information : le « syndrome de Tom et Jerry ».

    Le syndrome de Tom et Jerry

    Tom et Jerry, célèbres personnages de dessins animés, sont en conflit permanent. Ils se courent après, se donnent des coups, construisent des pièges, se tirent parfois dessus et, quand ils semblent se réconcilier, sont en réalité en train d’élaborer de nouveaux subterfuges pour faire souffrir l’adversaire. Le spectateur rit de bon cœur, mais il reste dans l’ignorance : il ne sait pas pourquoi ces deux-là se détestent, on ne lui a jamais expliqué pourquoi Tom et Jerry ne peuvent pas parvenir à une trêve durable, voire une paix définitive.

    La comparaison a ses limites, mais il n’est sans doute pas exagéré de considérer que les grands médias, notamment audiovisuels, nous offrent souvent, lorsqu’il s’agit du Proche-Orient, une information digne de Tom et Jerry : « le cycle de la violence a repris » ; « la trêve a été brisée » ; « la tension monte d’un cran » ; « les deux parties haussent le ton » ; etc.

    Mais pourquoi ces deux-là se détestent-ils ? Bien souvent, le public n’aura pas de réponse. Il devra se contenter d’une couverture médiatique qui se focalise sur la succession des événements, sans s’interroger sur les causes profondes ou sur les dynamiques à long ou moyen terme. L’information est donc la plupart du temps décontextualisée, dépolitisée, déshistoricisée, quitte à flirter allègrement avec le ridicule.

    C’est ainsi qu’en décembre 2010, un véritable morceau de bravoure a été publié dans le quotidien Libération. Ce « reportage », que nous avons analysé en détail sur notre site [1], cumulait la quasi-totalité des travers de l’information relative au Proche-Orient, entre autres le syndrome de Tom et Jerry. Nous écrivions alors :

    L’absence de la mention des racines politiques et historiques des « tensions » peut parfois confiner au ridicule. Témoin ce passage de l’article, un véritable chef-d’œuvre du genre : « Les tensions se sont pourtant multipliées ces derniers temps. En août, l’élagage d’un arbre par des soldats israéliens sur la ligne bleue, tracée par l’ONU après le retrait israélien du Sud-Liban en 2000, a fait quatre morts et failli dégénérer en conflit ouvert. » On se frotte les yeux et on relit pour être sûr de bien comprendre, en retenant seulement cette fois-ci le sujet, le verbe et le complément : L’élagage d’un arbre… a fait quatre morts.

    Mais que s’est-il passé ? Les élagueurs sont-ils tombés de l’arbre ? Ou alors est-ce l’arbre qui est tombé sur une famille qui pique-niquait tranquillement ? Ou peut-être, autre explication plausible, est-ce le Hezbollah, mouvement islamique et donc, à sa façon, « vert », qui a manifesté sa fibre écologiste en voulant venger la mort d’un arbre ?

    Trêve d’ironie : malheureusement, l’incident dit « de l’arbre » a, lui aussi, été tragique, se soldant par la mort de deux policiers et d’un journaliste libanais, ainsi que celle d’un officier israélien. La seule explication qui permet de comprendre comment les choses ont ainsi pu dégénérer est bien évidemment le contentieux frontalier entre Israël et le Liban. En effet, même si Israël s’est retiré du Liban en 2000 après vingt-deux années d’occupation, le tracé de la « frontière » est toujours objet de polémique. Polémique aussi au sujet de la zone dite des « fermes de Chebaa », conquise par Israël en 1967. Et quiconque observe la vie politique régionale sait que c’est notamment parce qu’il revendique la souveraineté arabe sur les zones occupées que le Hezbollah se considère toujours en guerre contre Israël.

    C’est ainsi que bien souvent les grands médias proposent au public de se focaliser sur l’arbre qui cache la forêt. Les événements spectaculaires et les causalités immédiates sont privilégiés, au détriment de l’exposé et de l’analyse des causes profondes et des tendances sur la longue durée. Le pseudo-équilibre et la course à l’événement vont peut-être offrir au public les moyens de s’émouvoir, mais absolument pas de comprendre.

    Un journalisme de diplomates ?

    Un troisième et dernier biais peut être identifié : il s’agit de l’alignement quasi-systématique des lignes éditoriales sur l’agenda diplomatique. Il ne s’agit pas seulement de privilégier, ou de valoriser, les analyses et les propositions de la diplomatie française et, plus généralement, occidentale. Il s’agit bien souvent de trier les informations, consciemment ou non, en fonction des aléas du mal-nommé « processus de paix ».

    Deux exemples illustrent cette idée. C’est seulement à partir de l’année 2002 que la thématique de la nécessaire « réforme » de l’Autorité palestinienne a fait son apparition marquée dans les grands médias français. Corruption, clientélisme, népotisme, etc. : le « système Arafat » était un véritable échec, et toute perspective de « sortie du conflit » passerait nécessairement par une refonte du système institutionnel palestinien et par l’émergence de nouveaux acteurs. Coïncidence ? C’est précisément à cette période que les Etats-Unis et Israël ont considéré que Yasser Arafat, qui avait pourtant été un acteur central du « processus de paix », n’était plus un interlocuteur crédible et devait être mis hors-jeu.

    La corruption et l’incurie de l’appareil politico-administratif palestinien étaient un secret de polichinelle pour quiconque s’intéressait un tant soit peu à la question. Nombre de rapports d’ONG ou de commissions parlementaires étaient en circulation depuis le milieu des années 1990. Ces informations avaient été rarement relayées et ne semblaient pas, à l’époque, nécessiter une attention médiatique particulière. L’explication la plus probable est qu’alors, le « processus de paix » dans sa version originelle semblait demeurer une perspective crédible pour les Occidentaux et qu’il ne fallait pas prendre le risque de le mettre en péril en critiquant ouvertement la direction Arafat. C’est lorsque la donne diplomatique a changé, au début des années 2000, que l’attention des médias s’est progressivement déplacée vers des questions jusqu’alors ignorées.

    Deuxième exemple, parmi d’autres : Mahmoud Abbas. Le président de l’Autorité palestinienne est lui aussi un personnage central du « processus de paix ». Considéré comme plus « modéré » et plus « pragmatique » que son prédécesseur, Yasser Arafat, il a durant de longues années bénéficié des louanges de l’administration états-unienne, des chancelleries occidentales et même des responsables israéliens. Et même si la démarche qu’il a entreprise à l’ONU lui a attiré de nombreuses critiques, il continue d’être considéré comme un élément clé dans la perspective d’éventuelles négociations.

    Tel est le personnage que donnent également à voir les grands médias. Mais le public sait-il, par exemple, que Mahmoud Abbas a préfacé en 1983 un ouvrage de Robert Faurisson sur les chambres à gaz, avant de publier une thèse de doctorat contenant des éléments négationnistes ? Non. Cette information est-elle indispensable et mériterait-elle nécessairement d’être communiquée ? La question mérite débat. Mais imaginons, l’espace d’un instant, que ce ne soit pas Mahmoud Abbas mais l’un des deux dirigeants les plus en vue du Hamas (Khaled Meshaal et Ismaïl Haniyah) qui ait préfacé Faurisson ou publié une thèse négationniste. Peut-on imaginer que cette information serait longtemps dissimulée au public ? La réponse est, bien évidemment, dans la question.

    L’hypothèse selon laquelle Mahmoud Abbas jouit d’un traitement « différencié » en raison de son rôle, avéré ou non, potentiel ou plausible, dans une solution diplomatique telle que la conçoivent les pays occidentaux, est donc très largement probable. Elle est, à l’image du changement de ton par rapport à Yasser Arafat, une des très nombreuses confirmations de l’alignement, volontaire ou non, de la plupart des grands médias sur les positions et les rythmes diplomatiques français, phénomène typique du « journalisme de guerre » (voir à ce sujet sur notre site la rubrique « Journalisme de guerre »). Il ne s’agit évidemment pas de porter un jugement sur la politique française ou sur les dirigeants palestiniens eux-mêmes, mais bien de constater, une fois de plus, que la rigueur journalistique s’efface lorsque la diplomatie s’en mêle.


    Quelques notables exceptions permettent d’éclaircir un peu ce sombre tableau, notamment du côté des rares correspondants permanents de la presse écrite et audiovisuelle. Mais leur rareté ne fait que confirmer les tendances générales telles que nous venons de les décrire. Les trois écueils que nous avons signalés ici sont rarement évités par les grands médias et ajoutent une victime supplémentaire au conflit opposant Israël aux Palestiniens : l’information.

    Julien Salingue  jeudi 15 octobre 2015

    - Article publié dans le magazine trimestriel d’Acrimed, Médiacritique(s), n°3 (avril 2012)

    http://www.acrimed.org/Informer-sur-le-Proche-Orient-le-syndrome-de-Tom-et-Jerry

     
  • Palestine. Aux côtés des Palestiniens, contre l’occupation (A l'Encontre.ch)

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    Par Julien Salingue

     Les grands médias et les analystes autoproclamés s’interrogent: comment comprendre la multiplication, ces derniers jours, des attaques menées par des Palestiniens en Cisjordanie, à Jérusalem et en Israël?

    Pourquoi le «calme précaire» a-t-il cédé le pas à un «regain de violences»? Le gouvernement israélien va-t-il pouvoir «reprendre le contrôle» de la situation?

    Ils «vivent» sous occupation

    Une fois de plus, l’intérêt est porté sur le conflit opposant Israël aux Palestiniens lorsque des Israéliens sont blessés ou tués. Comme si, entre deux attaques au couteau ou entre deux tirs de roquettes, les «violences» s’interrompaient. Comme si la mainmise israélienne sur les territoires palestiniens, l’occupation militaire et la colonisation n’étaient pas des violences. Comme si le blocus de Gaza était une mesure pacifique…

    Combien de fois faudra-t-il le rappeler, les Palestiniens vivent sous occupation depuis des décennies. Ils sont confrontés chaque jour à la politique discriminatoire, expansionniste et répressive de l’Etat d’Israël. Il n’y a pas de «processus de paix», mais un processus de colonisation maintenue, avec son cortège d’expulsions, de saisies de terres, de démolitions de maisons, d’arrestations des récalcitrants.

    En temps «normal», il ne s’écoule pas une semaine sans que des manifestations palestiniennes soient prises pour cibles par l’armée israélienne, sans que des habitants de Cisjordanie soient victimes d’exactions commises par les colons [1], sans que des dizaines de Palestiniens soient enlevés en pleine nuit ou au petit matin pour être incarcérés sans jugement dans des prisons militaires.

    Alors, à la question «Pourquoi ces violences de la part des Palestiniens», on a envie de répondre par une autre question: «Pourquoi pas?»

    Sois colonisé et tais-toi?!

    Comme le faisait en effet remarquer la journaliste israélienne Amira Hass dans une tribune parue le 6 octobre dernier dans Haaretz: «Les Palestiniens se battent pour leurs vies, [alors qu’]Israël se bat pour l’occupation.» Et de poursuivre: «Les jeunes Palestiniens ne se mettent pas à assassiner des juifs parce qu’ils sont juifs, mais parce que nous sommes leurs occupants, leurs tortionnaires, leurs geôliers, les voleurs de leur terre et de leur eau, les démolisseurs de leurs maisons, ceux qui les ont exilés, qui bloquent leur horizon. Les jeunes Palestiniens, vengeurs et désespérés, sont prêts à donner leur vie et à causer à leur famille une énorme douleur, parce que l’ennemi auquel ils font face leur prouve chaque jour que sa cruauté n’a pas de limites.» [L’article traduit a été publié sur le site A l’Encontre en date du 10 octobre 2015.]

    Quelles sont les perspectives offertes aux Palestiniens par ceux qui aujourd’hui critiquent leurs actions et exigent un «retour au calme»? Aucune, sinon la perpétuation d’un système de domination et d’oppression contre lequel ils n’auraient pas le droit de s’insurger, et face auquel ils n’auraient qu’une seule attitude à adopter: la soumission et le silence, en attendant que les choses s’améliorent dans un avenir plus ou moins lointain. En d’autres termes: sois colonisé et tais-toi!

    La révolte des Palestiniens est légitime

    Entre le 1er et le 11 octobre, 4 Israéliens sont morts suite à des attaques au couteau et une dizaine d’entre eux ont été blessés. Dans le même temps, 24 Palestiniens ont été tués et plus de 1300 ont été blessés par balles réelles ou balles en caoutchouc, soit une moyenne de 130 par jour. Durant la seule journée du dimanche 11 octobre, 75 Palestiniens ont été atteints par des tirs à balles réelles lors de manifestations en Cisjordanie, à Jérusalem et à Gaza. Des chiffres qui indiquent non seulement l’ampleur de la répression israélienne, qui se durcit chaque jour, mais aussi et surtout le déséquilibre des forces en présence. [Depuis le mercredi 14 octobre, l’armée est déployée, suite à une décision du gouvernement, dans la ville de Jérusalem aux côtés des forces de police; de nouveaux checkpoints ont été mis en place dans Jérusalem-Est, etc.]

    Difficile de mesurer aujourd’hui l’ampleur que peut prendre la révolte en cours, notamment parce qu’elle se caractérise par une accumulation d’actes individuels, sans coordination ni stratégie de la part des factions politiques palestiniennes. Mais une chose est certaine: le gouvernement israélien a une fois de plus choisi de nier ses responsabilités et de se faire passer pour la victime, quitte à multiplier les provocations, les amalgames et les incitations à la haine. Mais rien n’y fera: la colère, la révolte et la résistance des Palestiniens sont légitimes, et personne ne pourra leur interdire de lutter pour affirmer leurs droits. Nous avons été, nous sommes, et nous serons à leur côté dans ce combat. (Publié sur L’Anticapitaliste en date du 14 octobre 2015)

    [1] Dans Le Monde daté du 14 octobre 2015, en page 3, Piotr Smolar rapporte: «L’heure est grave pour les colons; il faut se faire entendre. «Nous pensons qu’il existe une fenêtre historique pour changer la donne et étendre la souveraineté d’Israël à toute la Judée-Samarie [autrement dit la Cisjordanie occupée], explique Avi Roeh, président du conseil de Yesha (organisation regroupant les représentants des colons).»

    Fin de l’article: «Les colons ne représentent pas qu’une minorité bruyante. Leur influence politique est devenue majeure, leur idéologie centrale, faute d’une gauche décomplexée, qui présenterait une alternative solide. Le président Reuven Rivlin, issu du Likoud, ne dit-il pas lui-même que les constructions représentent un «droit national et historique»? Il y avait 341’000 colons en Cisjordanie en 2012; ils étaient 370’000 en 2014 (auxquels s’ajoutent 200’000 à Jérusalem-Est). Quant aux constructions, 2874 chantiers ont été lancés en 2013, 1503 en 2014 et 983 au cours des six premiers mois de 2015, précise l’ONG israélienne La Paix maintenant. «Il est totalement faux de dire que tout est à l’arrêt, explique Anat Ben Nun, responsable des relations extérieures de l’ONG. On construit aussi bien dans les avant-postes illégaux que dans les grands blocs de colonies.» (Réd. A l’Encontre)

    Publié par Alencontre le 14 - octobre - 2015

    Julien Salingue, chercheur, est l’auteur ou co-auteur de nombreux ouvrages, parmi lesquels: Israël: un Etat d’apartheid? Enjeux juridiques et politiques (avec Céline Lebrun), Paris, L’Harmattan, 2013; A la recherche de la Palestine, préface d’Alain Gresh, Le Cygne, Paris, 2011.

    http://alencontre.org/video/palestine-au-cote-des-palestiniens-contre-loccupation.html