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Israël - Page 6

  • Nouveautés sur A l'Encontre.ch

    Egypte. «Lettre ouverte» au Président de la République sur l’accord imminent avec le FMI

    20 - août - 2016 Publié par: Alencontre

    Le FMI devrait accorder à l’Egypte, début septembre, un «prêt» de 12 milliards de dollars en contrepartie de la baisse des dépenses publiques, de la réduction du nombre de fonctionnaires, de la suppression progressive des subventions aux biens de consommation et d’un nouveau programme de privatisations.  Face à l’imminence de la signature de l’accord, cinq partis […]

    Egypte. «Les généraux vendent l’Egypte»

    20 - août - 2016 Publié par: Alencontre

    Par Haitham Mohamedain Haitham Mohamedain est un avocat spécialisé en droit du travail de premier plan et membre des Socialistes révolutionnaires (SR). Il a été emprisonné de manière totalement infondée à plusieurs reprises par le régime militaire dirigé par le président Abdel Fattah al-Sissi. Mohamedain a été arrêté en septembre 2013 alors qu’il s’apprêtait à représenter […]

    Syrie. «L’ouest ne peut rester en retrait et laisser Alep être détruite»

    19 - août - 2016 Publié par: Alencontre

    Par Janine di Giovanni Les rebelles affirment avoir brisé le siège de la ville [le 5 août], mais ils n’ont pas encore établi une route sécurisée pour les civils. Les forces gouvernementales du président Bachar el-Assad nient avoir été repoussées. La bataille pour le contrôle d’Alep pourrait bien marquer un tournant militaire, mais pour les habitant·e·s […]

    Israël. «Le pays déborde des adeptes du sionisme religieux»

    17 - août - 2016 Publié par: Alencontre

    Les commentaires de mon collègue Ari Shavit [membre du comité de rédaction du quotidien Haaretz] selon lesquels le mouvement des colons est enthousiasmant montrent que dans ce pays même le mouvement qui se dit « centriste radical » est obscurantiste. On se frotte les yeux d’incrédulité. Un journaliste israélien qui se définit comme n’étant ni religieux ni […]

     
  • Nouveautés sur AURDIP

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    • Gaza assoiffée
      | Sami Abu Salem pour Newsweek Middle east |

      Dans le camp de réfugiés de Jabalia, au nord de Gaza, des enfants et des femmes âgées, chargés de bouteilles en plastic, se rassemblent près de robinets pour remplir leurs bouteilles d’eau potable d’un puits artésien nouvellement ouvert par la municipalité.
      Dalal Awwad, une vieille Palestinienne qui (...)

    • Israeli university, arms company hold hasbara hackathon in Haifa
      | The Middle East Monitor |

      An Israeli university has hosted a hasbara hackathon, which saw students gather to create ways to improve Israel’s image and undermine the Boycott, Divestment, and Sanctions (BDS) campaign.
      The ‘iHack’ event, held at the Technion-Israel Institute of Technology, is the latest example of Israeli (...)

    • Light in the Kafkaesque sanctuary of Israel’s Supreme Court

      The rays of sunlight shining through the round opening in the ceiling fall directly on the carefully shaven heads of the two young men. Their bald pates sparkle and shine. The bearded one keeps writing something down. The other guy (who seems to this writer to be of Russian origin) watches and (...)

     

  • Champions de la cause palestinienne, les Algériens ratent le BDS (Algeria Watch)

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    Ne subventionnez pas les balles qui vont me tuer!

     

    La question palestinienne galvanise beaucoup d'Algériens.

    Notre pays a tellement souffert des affres du colonialisme qu'il nous est difficile aujourd'hui pour nous de nous détacher de ce qui constitue la plus grande injustice de l'histoire récente.

    Cependant, si beaucoup d'entre nos compatriotes sont prêts à crier leur amour pour la Palestine et brandir le drapeau palestinien dès qu'ils en ont l'occasion, très peu adhèrent à la campagne de BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions). Une lacune d'autant plus surprenante que BDS est actuellement la méthode la plus efficace et la plus civile pour faire plier le projet colonial sioniste.

    Lancée par la société civile palestinienne en 2005, suite à des années de résistance non fructueuses contre Israël et sa politique d'apartheid et d'épuration ethnique, la campagne de BDS appelle les citoyens de conscience à boycotter les produits israéliens, et à pratiquer un boycott culturel et académique jusqu'à ce qu'Israël se conforme au droit international et reconnaisse le droit aux Palestiniens à vivre dans la dignité.

    Cette méthode de résistance non violente s'inspire du modèle de boycott, de sanctions et de retraits des investissements qui ont mené à la fin de l'apartheid en Afrique du Sud. Dans un contexte d'échec affligeant de différentes tentatives internationales de paix, BDS offre une réelle alternative pour la résistance palestinienne.

    En 2011, Agrexco, l'ancien leader israélien dans l'exportation de produits agricoles est entré en liquidation après une campagne de BDS qui a visé à empêcher les supermarchés et les gouvernements de plus de 13 pays européens d'acheter les produits du géant israélien.

    Par ailleurs, la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED), montre qu'entre 2013 et 2014, Israël a vu une diminution de 46% des Investissements Directes Étrangers (IDE). La guerre sanguinaire menée par Israël à Gaza et la compagne de BDS sont les deux principales explications derrière cette chute importante des IDE.

    Malgré ces victoires et plusieurs autres, il reste beaucoup d'efforts à faire pour faire fléchir le régime sioniste et l'amener au démantèlement de sa politique coloniale. L'Algérie et les Algériens ne contribuent que marginalement à cette campagne de boycott.

    L'Etat Algérien n'applique pas le boycott des compagnies visées par BDS

    BDS ne vise pas toutes les compagnies étrangères qui font du business en Israël. Le rapport de force actuel ne le permet pas. Par contre, BDS vise toutes les compagnies israéliennes, ainsi que toutes les compagnies étrangères qui profitent de l'apartheid et du colonialisme israélien, y compris celles présentes sur les territoires palestiniens occupés (territoires colonisés depuis 1967 en violation totale du droit international).

    Si l'Algérie, par sa non-reconnaissance diplomatique d'Israël, n'entretient pas de relations commerciales officielles avec l'État hébreu et ses compagnies, elle ne boycotte en aucun cas les compagnies étrangères qui acceptent de sous-traiter dans les colonies israéliennes.

    Par exemple, la multinationale française Veolia a été la cible de BDS depuis novembre 2008, en raison de son implication dans la construction et la maintenance d'infrastructures dans les colonies israéliennes comme le tramway de Jérusalem qui a été conçu pour connecter les colonies construites à Jérusalem Est à l'Ouest de la ville.

    Pour sanctionner Veolia de sa participation au projet colonial israélien, plusieurs municipalités locales à travers l'Europe et l'Australie ont décidé de ne pas lui confier de marchés. De nombreuses autorités municipales ont également mis en œuvre des politiques pour exclure Veolia des soumissions sur les contrats locaux.

    Entre-temps, en Algérie, nation autrefois révolutionnaire, Veolia s'est vu attribuer de gros marchés. En 2011, au pic de la campagne contre Veolia et son cautionnement du colonialisme, OTV, la filiale de Veolia spécialisée dans le traitement des eaux, a gagné un marché de 2,7 milliards de dinars pour la réhabilitation et l'exploitation des stations d'épuration des eaux usées implantées à Beni Merad à Blida en coopérant avec GESITP.

    Pourtant grâce aux efforts continus de la campagne de BDS, les pertes de Veolia ont atteint les 20 milliards de dollars. Le groupe français a été forcé en août 2015 de se retirer de tous les projets dans les territoires occupés en liquidant ses derniers 5%s dans le projet du tramway de Jérusalem.

    Le groupe français a même admis publiquement que son retrait était dû aux dégâts causés par la campagne de BDS. L'Algérie n'aura joué aucun rôle dans cette victoire.

    Par ailleurs, Alstom, autre compagnie française lourdement impliquée dans la construction et la maintenance du tramway de Jérusalem, a gagné des milliards de dollars dans des marchés publics algériens comme le tramway d'Alger, d'Oran et de Constantine.

    Un paradoxe quand on constate que l'Arabie Saoudite, connue pour son faible engagement pour la cause palestinienne, a rejeté en 2011 l'offre d'Alstom pour la réalisation du tramway de Haramain.

    L'implication de la compagnie dans la construction illégale du tramway de Jérusalem a été citée comme la cause principale derrière cette décision qui a fait perdre au groupe français 10 milliards de dollars. Comme Veolia, Alstom s'est depuis retiré du tramway de Jérusalem.

    Caterpillar (CAT), le plus grand fabricant au monde de machines de construction (et de destruction) est un autre exemple de la complaisance du régime algérien face aux compagnies qui profitent directement du système d'oppression instauré par Israël.

    Caterpillar détient le seul contrat pour la construction du bulldozer militaire D9, spécialement conçu pour les invasions des zones bâties. Depuis 1967, Caterpillar sous-traite avec l'armée israélienne pour la démolition de dizaines de milliers de maisons palestiniennes et le déracinement de centaines de milliers d'arbres.

    Caterpillar Bulldozer utilisé par l'armée israélienne pour détruire des maisons palestiniennes dans la ville de Hébron, en Cisjordanie occupée, Décembre 2010.

    Le bulldozer D9 a été largement utilisé par Israël au cours de l'opération "Bouclier Défensif" en 2001-2002, en particulier lors de l'invasion de Ariha (Jénine), où de nombreuses maisons ont été détruites par des bulldozers.

    Un homme handicapé, ne pouvant pas quitter sa maison a été enseveli sous les décombres. Caterpillar a aussi signé des contrats juteux dans le cadre de la construction du mur de séparation qui a coupé de nombreux villages palestiniens du reste de la Cisjordanie.

    Caterpillar est ciblé par BDS depuis plusieurs années, et si la campagne connue sous le nom de 'Caterkiller' a enregistré quelques victoires contre le géant américain, la bataille n'est pas encore gagnée.

    Curieusement, en Algérie, les autorités ne se sont point indisposées par les activités de Caterpillar en territoires occupés. À travers son concessionnaire Bergerat Monnoyeur, Caterpillar, vend ses engins comme des petits pains et profite au-delà de toute espérance de l'explosion des commandes des chantiers publics en Algérie depuis 15 ans.

    Il n'y a, au fond, rien de surprenant dans tout ça. Nous savons depuis quelque temps que l'engagement algérien dans la cause palestinienne n'est qu'une simple rhétorique qui sert de couverture morale dans un contexte de perte critique d'éthique et de principes moraux au sein des hautes sphères de l'État.

    Une des dernières illustrations en est la tentative d'instrumentaliser la cause palestinienne par Chakib Khelil sur son mur Facebook. Après que le nom de son épouse, américano-Palestine, ait été associé à des comptes bancaires qui ont reçu une partie des commissions de Saipem, dans l'affaire de corruption de Sonatrach 2, l'ancien ministre de l'Énergie a présenté l'engagement de sa femme pour l'indépendance de son pays, la Palestine, comme une preuve valable de son innocence. Il a également traité d'agents sionistes les médias qui ont enquêté sur le scandale.

    Des marques ciblées par BDS, «populaires» en Algérie !

    S'il n'est pas possible de compter sur notre gouvernement actuel pour défendre la cause palestinienne, il n'est pas interdit, par contre, en tant que consommateurs, de faire des choix responsables qui aideront à faire pression sur le système discriminatoire d'Israël.

    La liste des marques ciblées par BDS est consistante. Toutes ne comptent pas dans la vie des Algériens. Quelques-unes sont, cependant, suffisamment présentes dans leur quotidien pour espérer que leur boycott ajoute de la force à la campagne de BDS et contribue à mettre fin à la tragédie subie par le peuple palestinien.

    Dans la télécommunication, l'application israélienne Viber figure dans la liste de BDS. Née en 2010 en Israël, Viber est de plus en plus utilisée par les usagers Algériens des smartphones grâce au décollage récent de l'internet mobile (3G).

    Son PDG et un de ses créateurs, Talmon Marco, a servi comme officier en chef en informatique au sein de l'armée israélienne pendant plusieurs années. L'application a souvent fait l'objet de critiques l'accusant de servir d'outil d'espionnage pour le compte d'Israël.

    En cosmétique, le groupe Français L'Oréal fait partie de la liste des marques à boycotter. Le géant de la cosmétique offre par son activité un maquillage aux violations du droit international commis par Israël. L'Oréal Israël fabrique une gamme de produits à partir des minéraux de la Mer Morte dont plus d'un tiers des rives occidentales se situe en Cisjordanie occupée. Les Palestiniens sont interdits d'accès à la totalité des rivages par l'occupation militaire israélienne.

    Mais s'il est encore facile de boycotter en Algérie les deux marques précédentes, c'est dans le fameux Delta Galil Groupe que peut réellement s'évaluer la ferveur de l'engagement pro-Palestinien des Algériens.

    Delta Galil est une entreprise israélienne de textile qui a son entrepôt principal dans la zone industrielle de Barkan, une colonie israélienne en Cisjordanie. Le groupe gère également des magasins à Ma'aleh Adumim et Pisgat Ze'ev dans les territoires Palestiniens occupés.

    Ces colonies, parmi d'autres, sont largement considérées comme le plus grand obstacle à la réussite du processus de paix. Delta Galil vend du textile et du prêt-à-porter aux marques suivantes : Mark and Spencer, Calvin Klein, Nike, Victoria's Secret, Hugo Boss, Tommy Hilfiger, JC Penny, GAP, Target, Wal-Mart, Nicole Miller, Lacoste, Triumph, Pierre Cardin...

    Pour certains, l'engagement à la campagne de BDS peut paraître compliqué devant une telle liste mais en réalité, au temps de la globalisation, chaque marque à au moins une dizaine de substitution possibles.

    BDS, une arme redoutable

    Le meilleur moyen de mesurer le succès de BDS, en dehors de la diminution de l'investissement direct en Israël et du nombre croissant d'institutions qui rejoignent le boycott, est la férocité grandissante des attaques contre le mouvement.

    Le 06 juin 2016, Andrew Cuomo, gouverneur de l'État de New York et personnage politique fortement influencé par AIPAC, lobby israélien aux États Unies, a déclaré en s'adressant aux compagnies qui adhèrent à BDS: "Si vous boycottez Israël, New York vous boycottera... Si vous sanctionnez Israël, New York vous sanctionnera".

    Manuel Valls, Premier ministre Français, a, compte à lui, déclaré au dîner annuel du Crif en Mars que les mots 'antisionisme' et 'antisémitisme' étaient des synonymes et qu'en France le boycott des produits israéliens était un acte 'illégal'... Le pays de la liberté d'expression disent-ils !

    La bataille pour légitimer BDS est donc rude, mais elle en vaut la peine; une solution juste pour un peuple longtemps opprimé est en jeu. Et pour les pessimistes qui pensent que ça ne sert à rien de rejoindre le boycott parce que c'est impossible de vaincre le régime sioniste d'Israël, je laisse 'The Greatest' leur répondre :

    'Impossible n'est rien qu'une excuse avancée par ceux qui trouvent plus facile de vivre dans le monde qui leur a été légué plutôt que de chercher en eux la force de le changer. Impossible n'est pas un fait, c'est une opinion. Impossible n'est pas une fatalité, c'est un défi. Impossible est provisoire. Impossible n'est rien' Mohamed Ali, 1942-2016.

    Tinhinan El Kadi, Huffpost, 10 juillet 2016

    http://www.algeria-watch.org/fr/palestine/algeriens_ratent

    Commentaire: Dans l'état de la "démocratie algérienne", ce n'est pas au peuple algérien qu'ils faut s'en prendre mais bien au régime!

  • Israël accélère des plans pour construire des milliers de maisons dans les territoires palestiniens (Pùblico.es)

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    Après la divualgation des plans des dernières semaines pour construire des milliers de maisons pour les colons juifs en Cisjordanie occupée, deux autres grands projets ont été révélés. Pendant ce temps, la communauté internationale se tient les bras croisés.

    Le gouvernement israélien encourage la construction de milliers de logements pour les colons juifs dans les territoires palestiniens occupés, les plans connus au cours des dernières semaines ont été confirmés dans les dernières vingt-quatre heures devant la passivité de la communauté internationale.

    Si on a su dimanche pour les plans d'extension territoriale de Bethléem, au sud de Jérusalem, lundi a été divulgué l'existence d'un autre grand «plan stratégique» pour le sud de Hébron, qui prévoit la construction de deux parcs industriels , un centre médical et un nombre encore non précisé, mais important de logements.

    Le plan d'expansion de la région de Bethléem a mis des années a prendre forme. Le Premier ministre Netanyahu est celui qui lui a donner l'impulsion finale, mais Ehud Barak du parti travailliste était sur la même position et a ouvert la voie à ce qui demain sera une réalité. Cette situation montre qu'il n'y a pas de différence entre Likoud et Parti travailliste et que les deux partis se jouent des Européens et les Américains.

    Washington et Bruxelles fidèles à leur ligne publient des déclarations accablantes sans bouger un doigt pour mettre fin à l'injustice de l'occupation.

    Alors qu'Israël fait ce qu'il veut, indépendamment du droit international, et dans le meilleur des cas Washington et Bruxelles  publient des déclarations accablantes qui ne valent pas plus que le papier sur lequel ils sont écrits. Et cette passivité encourage les Israéliens à poursuivre le même chemin en sachant que leurs décisions ne seront pas contrées par l'Ouest.

    Il serait injuste de charger uniquement sur la représentante de la politique étrangère européenne, Federica Mogherini, car elle est tout simplement un engrenage des politiques qui sont décidées à Berlin, Londres et Paris. Les prédécesseurs de Mogherini ont fait la même chose et ses prédécesseurs à Berlin, Londres et Paris ont également fait la même chose, à savoir, des déclarations inutiles.

    La politique européenne à l'égard de l'ensemble du Moyen-Orient est fondamentalement injuste et très dommageable, désastreuse pour les intérêts de l'Europe, non seulement dans le cas de la Palestine, mais dans toute la région, et année après année, les bureaucrates européens montrent qu'ils peuvent toujours faire pire et accroître esl résultats tragiques.

    Les autorités israéliennes ont, à travers l'«administration civile», en fait une institution militaire, étudiient le territoire à l'est de la colonie juive d'Efrat,  dans la région de Bethléem. L'objectif est de nationaliser les terres palestiniennes pour étendre le bloc de colonies du Gush Etzion.

    Bethléem, qui est déjà surpeuplée et entourée de colonies juives de presque partout, sera bientôt colonisée au sud-ouest: de nouvelles colonies qui vont créer une discontinuité territoriale entre Bethléem et de nombreuses villes et villages palestiniens dans la région.

    Quant au «plan stratégique» pour le sud de Hébron, comme l'appellent les autorités d'occupation, Haaretz a révélé que plus tôt cette année la tête de l'«administration civile», le général David Menachem, a promis au président du Conseil régional d'Hébron Sud, le colon Yochai Damari, deux parcs industriels, un centre médical et un nombre indéterminé de maisons.

    Les nouvelles est venue alors que les USA et coins européens pleurnichent parce ce qu'Israël prépare la démolition du village palestinien de Sussiya, dans la même région du sud d'Hébron. Washington et Bruxelles  fidèles à leur ligne publient des déclarations accablantes sans bouger le petit doigt pour mettre fin à l'injustice de l'occupation.

    La solution au conflit entre Israël et les Palestiniens, à savoir la solution au problème de l'occupation, dépend entièrement de l'attitude de Bruxelles.

    Le «plan stratégique» israélien contemple qu'il existe déjà un parc industriel pour les colons dans le sud d'Hébron, en particulier dans la colonie d'Othniel. Le but est d'étendre la présence de colons afin de créer des fait accomplis irréversibles et pour cela Israël tire parti de la passivité internationale. Dans cette région vivent actuellement environ 8.500 colons dispersés dans une quinzaine de colonies, mais cela semble peu à Netanyahu et si le «plan stratégique» va de l'avant, il y aura bientôt beaucoup plus de colons autour de la ville d'Hébron.

    La solution au conflit entre Israël et les Palestiniens, à savoir la solution au problème de l'occupation, dépend entièrement de l'attitude de Bruxelles. Si Federica Mogherini n'a pas la capacité ou la volonté d'agir sur cette ligne, et comme elle a promis de défendre les intérêts de l'UE et ne le fait pas, il ne lui reste plus qu'à se retirer et démissionner, car clairement elle ne défend pas la intérêts de l'UE.

    Au lieu de promouvoir la paix, Bruxelles fait la promotion de l'injustice et la tragédie de millions de Palestiniens est une incitation à la violence contre l'Europe, une politique qui est menée avec le soutien des gouvernements de Berlin, Londres et Paris.

    JERUSALEM EUGENE GARCIA GASCÓN 15/08/2016 

    http://www.publico.es/israel-acelera-planes-construir-millares

    Lire aussi:

    Israël signe l’arrêt de mort de la solution à deux États

  • Nouveautés sur Association France Palestine Solidarité

    Un homme devant sa maison détruite par l'armée israélienne à Surda, en Cisjordanie. Début octobre 2015, son fils Muhannad a tué deux Israéliens dans une attaque au couteau avant d'être abattu. RFI/Nicolas Ropert

     

  • Des prisonniers palestiniens en grève de la faim (AFPS)

    Palestine : prisonniers en grève de la faim - YouTube Réalisation : Chris Den Hond

    La détention administrative, un héritage britannique

    Juillet-août 2016 : des centaines de prisonniers palestiniens se sont mis en grève de la faim contre le système de la détention administrative israélienne.

    Interview de Sahar Francis, directrice d’Addameer, association palestinienne de défense de prisonniers, avec images de manifestations de soutien aux grévistes.

    Orient XXI, vendredi 12 août 2016

    http://www.france-palestine.org/Des-prisonniers-palestiniens-en-greve-de-la-faim

    http://orientxxi.info/

     

  • Ce pire qui nous inspire (ESSF)

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    « Israël tend à devenir, dans le contexte de la guerre à outrance livrée à l’islamisme, un modèle stratégique en tant qu’Etat de sécurité avancé »

    Un basculement décisif est en train de se produire subrepticement dans la politique conduite par nos gouvernants. Cette bifurcation se produit au point de jonction de la politique intérieure et extérieure. Elle présente également la caractéristique de ne porter la marque d’aucun parti de gouvernement en particulier – elle est l’œuvre des socialistes et de leurs alliés pour la simple raison que ce sont ceux-ci qui sont actuellement aux affaires, comme elle pourrait l’être aussi bien de leurs concurrents ; on a pu en relever les prémisses sous Sarkozy déjà, et ce mouvement se poursuivra au delà des péripéties de l’élection présidentielle à venir, quelle qu’en soit l’issue.

    Ce tournant consiste en ceci :

    pour ceux qui nous gouvernent (notion à entendre dans son sens extensif, incluant les médias, entre autres), l’Etat d’Israël cesse d’être en premier lieu cette dite « démocratie » passablement interlope mais à laquelle il n’est pas pour autant question de ménager son soutien – fût-ce, en plus d’une occasion, en se pinçant le nez.

    Israël, de partenaire stratégique nécessaire, tend à devenir, dans le contexte de la guerre à outrance livrée à l’islamisme, un modèle stratégique en tant qu’Etat de sécurité avancé. Cette inflexion, dont on imagine aisément toutes les promesses qu’elle recèle pour nous en général et, en particulier pour les populations d’origine coloniale dans notre pays, est devenue tout à fait explicite après l’attentat du 14 juillet à Nice : dès le surlendemain, on pouvait entendre un haut gradé militaire israélien expliquer sur les ondes de France Inter, à une heure de forte écoute, comment cet attentat aurait pu être évité si l’on avait su s’inspirer des techniques sécuritaires rodées de longue date dans la lutte contre le terrorisme… palestinien ; et de proposer d’un ton protecteur l’assistance de l’Etat hébreu à la France, le terrorisme islamiste étant un et indivisible, et les Palestiniens en lutte contre l’occupation de leurs territoires de la même eau que Daech [1]

    Quelques jours plus tard, c’est un autre « expert », politique, celui-ci qui, dans les colonnes de Le Monde, mettait en perspective historique, pour en fin de compte les justifier par la nécessaire construction d’un Etat de sécurité, les massives atteintes aux droits de l’homme perpétrés par l’Etat sioniste au détriment des Palestiniens : « Alors qu’Israël est en général jugé et condamné pour la domination qu’il exerce sur les Palestiniens des territoires occupés, voilà que, du fait de la vague terroriste qui submerge le monde, on se penche aujourd’hui sur la lutte anti-terroriste menée par Israël et sur la vigilance publique qui contribue, elle aussi, à relever le défi » [2].

    Ces petits coups de pouce médiatiques destinés à vanter le savoir-faire israélien en matière de lutte contre le terrorisme arabo-musulman ne sont que la musique d’accompagnement de choix politiques au long cours opérés par les gouvernants de ce pays.

    Désormais, quand Manuel Valls proclame à l’occasion du dîner du CRIF (depuis longtemps réduit au statut d’officine propagandiste de l’Etat d’Israël en France) que l’antisionisme est une variété d’antisémitisme, il ne s’agit plus d’une simple et traditionnelle action de lobbying idéologique en faveur de cet Etat dont la doctrine fondamentale est que la force créé la loi [3]. Il s’agit bien désormais de frayer la voie à la notion d’une exemplarité pour nous, en France (et dans tous les pays menacés par le terrorisme islamiste) des doctrines et dispositifs sécuritaires et répressifs expérimentés par les autorités politiques et militaires israéliennes au détriment des Palestiniens – depuis les origines de l’Etat sioniste et en particulier depuis la première Intifada. [4] Il s’agit bien désormais de donner à entendre à l’opinion publique française (et internationale) que « nous » avons un problème avec l’activisme arabo-musulman comme Israël en a un. Et qu’en conséquence, dans l’esprit comme en pratique, les méthodes israéliennes sont bien fondées, désormais, à nous inspirer.

    Le premier article de foi de cette doctrine nouvelle est l’énoncé qui, depuis les attentats de 2015, s’est transmis de bouche en bouche parmi nos dirigeants et leurs supplétifs médiatiques et intellectuels : nous sommes en guerre.

    Cet énoncé est à la base de ce qui, depuis la fondation de l’Etat d’Israël, est destiné à justifier la coexistence d’une sorte d’Etat de droit (dont bénéficie la population d’origine juive) et de dispositifs d’exception et de ségrégation s’appliquant aux Palestiniens. Ces dispositifs ont évolué au fil du temps et la conquête de nouveaux territoires, au fil des guerres gagnées contre les Etats arabes ; l’existence des territoires occupés et le développement sans relâche de la colonisation juive de ces territoires les a établis désormais au cœur de l’Etat de sécurité israélien.

    Ce nous sommes en guerre acclimaté aux conditions françaises (une guerre qui n’est pas près de finir et qui peut-être ne finira jamais) est fondé sur l’idée que « nous » (communauté nationale, communauté de destin fondée sur le partage de la culture, des traditions et de l’amour du pays, mais surtout, en l’occurrence, communauté fusionnée avec l’Etat) avons désormais à prendre en considération ceci : en raison de conditions malheureuses et imprévisibles, il nous faut compter avec l’existence dans notre corps même, dans notre espace vital, de l’existence d’un virus mortel – l’islamisme.

    Ce virus a le visage inhumain d’un hyper–ennemi avec lequel nous sommes désormais engagés dans une lutte à mort. Cet ennemi est d’un type nouveau, il ne ressemble à aucun des ennemis, même les plus acharnés, que nous avons connus dans le passé. Il est non seulement ennemi de l’Etat, mais tout autant de la population, il a indifféremment le visage de l’ennemi intérieur ou extérieur, du proche (le gars de chez nous) ou du lointain (l’importateur étranger de l’idéologie barbare des Daéchiens). Il peut se faire indétectable, certains de ses représentants les plus redoutables étant des convertis, des « radicalisés » de l’avant-veille, des gamins sans traits distinctifs dont les voisins témoignent, à la télé, qu’on leur aurait donné le Bon Dieu sans confession…

    C’est dans cette brèche que va s’engouffrer l’inspiration israélienne qui, depuis les attentats de 2015, a saisi nos dirigeants : trouver les dispositifs sécuritaires aptes à faire face à cette réalité pérenne qui trouve son expression dans la formule volée au discours révolutionnaire du temps de la première guerre mondiale l’ennemi est dans notre propre pays, voilà qui conduit tout naturellement à se rapprocher de l’« expérience » d’une puissance qui, tout en faisant en sorte de cultiver son aura « démocratique » auprès du monde extérieur, a su assumer sans état d’âme son destin d’Etat de sécurité expert à organiser la coexistence des institutions démocratiques et de dispositifs d’exception destinés à surveiller, punir et ségréguer cette fraction de la population considérée comme non seulement un vivier de terroristes mais, fondamentalement, étrangère et hostile au destin d’un l’Etat-nation fondé sur une ethnicité affirmée avec d’autant plus d’intransigeance qu’elle est nébuleuse – un « Etat juif ».

    Ce qui prévaut dans l’approche de l’hyper-ennemi, c’est son caractère essentialiste : il nous hait et veut notre mort non pas pour ce que nous (lui) faisons mais pour ce que nous sommes – ceci parce qu’il est ce qu’il est – un barbare, un étranger au genre humain. Cette approche de l’ennemi est ce que les promoteurs sionistes du récit de stigmatisation des Palestiniens comme terroristes intrinsèques et les activistes de l’anti-islamisme en France ont en commun : pour les premiers, les Palestiniens haïssent les Juifs et Israël non pas à cause de la colonisation et de l’apartheid qu’ils subissent, mais en premier et dernier lieu parce qu’ils sont des antisémites incorrigibles ; pour les seconds, les islamistes et les auteurs des attentats veulent notre mort non pas parce que la France développe une politique néo-coloniale au Proche-Orient et en Afrique, mais parce que nous sommes le pays des droits de l’homme et de la douceur de vivre [5]. Cette approche compacte de l’ennemi présente l’immense avantage de nous dispenser d’écouter ce que dit celui-ci et d’avoir à prendre en considération ce que « ses raisons » pourraient être – tout ceci n’est que faux-semblant et rideau de fumée. Une seule solution, donc, la force et, pour une part, l’éradication.

    Ce qui, entre autres éléments plus pratiques, va nourrir la force d’attraction du topos israélien et tendre pour nos dirigeants à l’ériger en modèle, c’est donc l’heureuse (façon de parler) coexistence entre le bon renom de « la démocratie » et l’infini des possibilités de l’état d’exception incluant des pratiques d’apartheid caractérisées. Ce qui, pour nos dirigeants désireux de tirer le meilleur parti possible de la « menace islamique », apparaît particulièrement fascinant dans le « modèle » israélien, c’est la forme d’un état d’urgence modulable, en situation de perfectionnement constant, sélectif et discriminant, et dont la caractéristique est de pouvoir s’appliquer sur la fraction de la population étiquetée comme dangereuse, à risque(s) en relation avec le syndrome terroriste, sans que pour autant soit massivement affectée l’existence des autres – ceux qui, rassemblés sous le panache tricolore identitaire, reprennent la Marseillaise en choeur au début des matches de foot, respectent les minutes de silence au doigt et à l’oeil et communient avec les victimes quand l’heure est au deuil national [6].

    Or, Israël est l’Etat qui est passé maître dans l’art de faire coexister ce double réseau de vie « normale », encadrée par la loi (et protégée par le bouclier militaro-policier) de vie démocratique cool pour les uns (la Tel-Aviv hédoniste) ou rigoriste pour les autres (la Jérusalem religieuse) et de vie rétrécie/enfermée/réprimée/discriminée/humiliée pour les autres, bref d’assurer la pérennité d’une démocratie d’apartheid, bel oxymore qui, apparemment, ne choque pas vraiment les marchands de sable de « la démocratie », en Occident, soutiens indéfectibles de ce centaure. C’est l’apparente exemplarité de ce double réseau qui intéresse vivement nos dirigeants qui se demandent comment mettre en place durablement des formes de gouvernement « raccourcies », à l’urgence, qui ne fassent pas ouvertement basculer le « démocratique » dans l’autoritaire pour autant, qui concilient le règlement formel de l’institution démocratique avec l’efficacité des dispositions administratives et policières ; qui permettent de gouverner sans faiblesse et de réprimer au besoin sans s’embarrasser de formes ceux qui incarnent le risque lié au terrorisme – sans pour autant que les autres (ceux qu’il convient de rassembler face à la « menace islamiste ») se sentent affectés par une transformation qualitative s’étant produite dans la relation entre gouvernants et gouvernés.

    L’état d’urgence, en ce sens, est taillé sur mesure et en dépit des possibilités infinies qu’il ouvre en termes de répression et de restriction des libertés par voie administrative et policière [7], il ne vise pas, par un coup de force massivement suspensif des libertés de tous et chacun, à faire passer la société toute entière sous les Fourches Caudines d’un pouvoir autoritaire ; il cherche surtout à donner un tour irrévocable à la fracture entre, disons, le parti de la manifestation unanimiste des lendemains des attentats de janvier 2015 et les autres, ennemis potentiels de l’Etat et vivier éventuel du terrorisme (les musulmans considérés comme non « modérés », id est partisans déclarés de l’assimilation et apôtres de la laïcité républicaine, bref les musulmans Canada Dry…).

    A la différence de l’état de siège, dispositif lourd qui suppose une suspension du fonctionnement de l’institution politique et un transfert de tous les pouvoirs à l’armée [8], l’état d’urgence tel qu’il a été mis en place après les attentats de novembre 2015 se destine à assurer la continuité des formes gouvernementales et la stabilité des relations entre gouvernants et gouvernés pour la grande majorité de la population – tout en installant une constellation de dispositifs permettant de combattre l’hydre du terrorisme par les moyens expéditifs requis.

    A ce propos, une approche des effets de l’état d’urgence classiquement soucieuse de la défense des libertés et de la sauvegarde de l’Etat de droit passe largement à côté du problème. Quand Agamben, dans cette même optique écrit que « Dans un pays qui vit dans un état d’urgence prolongé et dans lequel les opérations de police se substituent progressivement au pouvoir judiciaire, il faut s’attendre à une dégradation rapide et irréversible des institutions publiques » [9], il élude aussi une dimension du problème. En effet, la visée de ce dispositif et son effet effectif sur le terrain ne sont pas tant de produire une dégradation homogène des droits de chacun et des libertés du citoyen, sujet éminemment abstrait et fictif en l’occurrence, mais bien d’accentuer la fracture et le contraste entre deux « parts » ou deux régimes de la population. C’est que, quand bien même elles seraient censées, sur le papier, s’appliquer à tous et toutes, les mesures forgées dans le creuset de l’urgence s’abattent sur certaines catégories tout à fait déterminées : les perquisitions en forme de raids de vandalisation, les assignations à résidence, les contrôles au faciès renforcés, le serpent de mer de la déchéance de nationalité, le regroupement familial compliqué voire rendu impossible, les naturalisations ralenties, les mosquées fermées, les contrôles vestimentaires renforcés, les bavures policières exonérées, etc.

    Ce n’est donc pas du tout la population qui, de façon homogène et dans son ensemble, serait appelée à souffrir du tour d’écrou autoritaire effectué sous le couvert de l’état d’urgence ; en premier lieu, c’est ce qu’Agamben, précisément, appellerait la « fracture biopolitique » entre une partie de la population et l’autre qui se trouve renforcée et qui, sous l’effet de ces dispositifs, prend un tour en quelque sorte « destinal » – cette fracture se trouvant ainsi inscrite dans un horizon de « lutte à mort », de questions de vie et de mort. La plupart de ceux/celles au nom de la protection desquels sont adoptés les dispositions placées sous le signe de l’urgence ne les éprouvent pas comme atteintes à leurs libertés mais comme mesures de protection rendues nécessaires par la montée des menaces contre leur intégrité – menaces perçues comme « mortelles » par une opinion dont la pâte est efficacement pétrie par les médias et les marchands de peur.

    Bien rares seront ceux qui, dans ce contexte, s’offusqueront de ce que des policiers ou des gendarmes, voire des auxiliaires aux statuts indéfinis autant que nébuleux leur demandent d’ouvrir le coffre de leur voiture – celui qui « n’a rien à se reprocher » se fait volontiers le partenaire de la compression des libertés publiques. L’Etat sécuritaire, bien loin de fonctionner seulement au tour de vis, suppose la mobilisation d’une partie de la population (celle qui se coagule à l’Etat et voit le monde par les yeux de la police) au service de la « sécurisation » (bien illusoire) de la vie sociale, comme le montre l’attentat de Nice perpétré dans l’une des villes de France où la mise en condition sécuritaire de la population est des plus avancées.

    Mais, de même que l’attentat de la Promenade des Anglais ne demeure une énigme que si l’on oublie que la prospérité de cette ville est construite sur un apartheid inscrit dans sa géographie urbaine et humaine, de même, la mobilisation de la partie de la population rendue aux conditions de la police et soumise au discours sécuritaire a pour condition expresse et rigoureuse la cristallisation de son animosité à l’endroit des « autres » – ceux/celles que le discours de l’Etat désigne comme le vivier du risque, le monde de l’ennemi – aujourd’hui, donc, tout ce qui s’associe au nom de l’Islam.

    Or, s’il est un pays dans lequel cette fracture biopolitique a été systématiquement construite comme le fondement même de la gouvernementalité, édifiée sur l’opposition « destinale » entre Juifs et Arabes, une opposition ethnicisée et culturalisée à outrance – c’est bien Israël. On peut dire à cet égard que l’état d’urgence n’est que la manifestation ponctuelle d’un projet stratégique consistant à inscrire dans les rouages même du gouvernement des vivants l’opposition (et pas seulement la séparation) entre peuple légitime (peuple renationalisé et loyal à l’Etat) et population dangereuse car ferment de dissolution ou de destruction violente de la communauté nationale vigoureusement reterritorialisée en termes ethniques, culturalistes et fallacieusement religieux.

    Que ce soit en Israël aujourd’hui ou dans la France de l’état d’urgence, les populations dangereuses sont toujours épinglées sur un mode néo-orientaliste comme celles qui réactivent dans le présent de manière aussi absurde qu’intempestive des différends ou de vieilles plaintes coloniales d’un autre temps, des griefs historiques d’une autre époque. Ce qui rend ces post/néo coloniaux particulièrement enragés et dangereux, c’est le fait même qu’ils s’obstinent à ne pas comprendre que « l’Histoire a tranché » et que les torts subis, les crimes supposés dont ils s’acharnent à réclamer réparation sont prescrits de longue date. « Le musulman » ou l’Arabe de ce nouvel orientalisme n’est plus tant alangui, avachi, lascif, sale, comme il l’était dans les récits de voyage du XIX° siècle que « radicalisé », fanatisé, emporté par son instinct de mort et sa fascination pour le sacrifice [10]. Mais toujours, comme avant, fourbe et porté à la dissimulation – à défaut de davantage de lumières sur l’Islam, les Français ont récemment appris à la radio et dans les journaux un mot d’arabe – la taqia, la dissimulation stratégique de ses dispositions et intentions, destinée à tromper l’« infidèle »…

    Il est intéressant que nos gouvernants et nos experts de la lutte antiterroriste se tournent spontanément aujourd’hui, face à la « menace islamiste », vers le « modèle » israélien [11] plutôt que vers les souvenirs et traditions de la colonisation française et les vieilles recettes de la contre-insurrection, élaborées et mises à l’épreuve avec le succès que l’on sait dans le creuset des guerres de décolonisation (Indochine, Algérie). A l’évidence, le 11/09 fait ici époque en dessinant le nouvel horizon de la lutte contre le terrorisme islamique d’une manière si emphatique, obsessionnelle et exclusive que les racines coloniales du gouvernement à l’urgence (de l’état d’urgence comme figure dédramatisée de l’état d’exception) perdent leur visibilité. Ce qui permet à tous ceux qui pratiquent le déni de la dimension coloniale de notre histoire nationale d’affirmer que notre présent aux prises avec le terrorisme islamiste est « sans rapport » aucun avec le passé colonial (hermétiquement refermé sur lui-même).

    Cette opération de déliaison ou de découpage est nécessaire pour que le « modèle » israélien puisse s’imposer comme incontournable : l’Etat israélien n’a-t-il pas, par la force des choses, pris plusieurs longueurs d’avance dans la lutte contre la « violence aveugle » mise en œuvre par les extrémistes palestiniens – les attentats contre les civils innocents, les kamikazes, les attaques au couteau, à la voiture-bélier, la nécessaire veille sécuritaire perpétuelle – bref, la guerre au terrorisme ne font-ils pas partie, depuis toujours du quotidien de la population (des « vrais habitants ») en Israël ?

    L’israélisation de la politique française passe par le fait que l’Etat de sécurité tende à devenir le désir propre d’une partie substantielle de la population française (vivant en France), plutôt que les « formes de l’urgence » soient perçues par les gens ordinaires comme des contraintes et des restrictions imputables à la violence du pouvoir. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’au train où vont les choses, à supposer que l’actualité française continue durablement à être scandée par des épisodes comme ceux de Nice ou de Saint-Etienne du Rouvray, rien ne permet d’exclure que ce calcul des gouvernants s’avère payant. Encore une fois, le fait que cet alignement du sécuritaire à la française sur le paradigme israélien ne soit ni de droite ni de gauche (aux conditions de la politique des partis) assure la pérennité de l’application à le traduire en pratique – pas de souci de continuité, de ce point de vue, dans la perspective de la prochaine élection présidentielle.

    En bref, les dispositifs découlant de cette perspective se déploient à deux niveaux : la population et le territoire. Au premier d’entre eux, la très grande majorité de la population sait bien que l’état d’urgence et le tour de vis sécuritaire, la « guerre » déclarée aux islamistes – tout cela n’aura guère d’incidence sur sa vie quotidienne. On ne se mobilise pas en masse, dans un climat d’asthénie collective et de grand dégoût de la politique pour la défense de droits et de libertés dont on a (soit dit avec une infinie tristesse plutôt qu’avec cynisme) de moins en moins l’usage. On ne se mobilise pas sur des questions de principes quand on est porté à considérer que, dans le domaine de la vie publique (polis, politeia, civitas, res publica et toutes ces sortes d’antiquités…), tout se vaut et que ce tout ne vaut rien, ou pas grand chose. Dans le contexte de l’actuelle hystérie anti-islamiste inlassablement entretenue par les médias, d’un épisode sanglant à l’autre, la formation des meutes de chasse et de représailles tend à dépasser les espérances et les calculs du pouvoir – au point de risquer, un jour, de devenir incontrôlable – comme c’est régulièrement le cas en Israël lorsque se produisent des attentats.

    Sur ce plan, Agamben a raison de souligner que « dans l’Etat de sécurité, on voit se produire une tendance irrépressible vers ce qu’il faut bien appeler une dépolitisation progressive des citoyens dont la participation à la vie politique se réduit aux sondages électoraux » [12]. Mais à cela il conviendrait d’ajouter que la mobilisation sécuritaire perpétuelle de la population tend inéluctablement à produire des effets en retour qui entraînent une radicalisation autoritaire, raciste et fascisante – si ce n’est fasciste tout court – des personnels politiques et autres gouvernants : sur ce point aussi, Israël est, si l’on peut dire, un parfait « exemple », la surenchère sécuritaire entendue comme joker du gouvernement des vivants débouchant inévitablement sur l’arrivée aux affaires des partisans des solutions extrêmes dans le « traitement » de la dite question palestinienne [13].

    Depuis les attentats de janvier 2015, c’est au même processus exactement de radicalisation des corps de l’appareil d’Etat et des appareils idéologiques s’y rattachant que l’on assiste, sous l’effet de la montée des obsessions et des surenchères sécuritaires. Du coup, c’est tout le gouvernement des populations qui se trouve déporté vers l’autoritarisme, le néo-nationalisme, l’idéologie du rejet, emporté par une sorte de désir répressif sans borne – un désir de camps, de Guantanamo, de stalag et de goulag pour l’ennemi désigné et qui, chez les plus empressés, ne se dissimule même plus… Sur la Promenade des Anglais, au lendemain de l’attentat, le discours de haine se libère et le désir de ratonnade prend corps sur le modèle israélien (« Mort aux Arabes ! » est à dans ce pays le cri de ralliement courant des bandes fascistes et suprémacistes ultra-sionistes dans la foulée de tout événement sanglant mettant en cause des Palestiniens). De même du côté des gens de l’Etat en cours de radicalisation accélérée, de l’ancien ministre au flic de base, monte la fièvre de la vindicte et l’affect du « rétablissement de l’ordre ». Le fait qu’en peu de mois le terme « radicalisation » soit devenu un mot clé, magique et puissant, de ce qui tient lieu d’analytique politico-médiatico-savantasse du phénomène djihadiste fait écran à ce processus d’une tout autre importance qu’est la radicalisation de corps variés de l’appareil d’Etat à l’occasion de l’actualité djihadiste, mais aussi bien des mouvements dits sociaux récents : police, justice, armée, même, dont certains hauts gradés réclament, dans le contexte agité du moment, le droit de sortir de son rôle de « grande muette » [14].

    A l’occasion des manifestations contre la loi El Khomry, on a vu non seulement les flics, se sentant couverts, s’en donner à cœur joie mais de nombreux juges se joindre à la frairie sans état d’âme en condamnant comme à l’abattage les manifestants arrêtés par la police [15]. « Il faut que l’ordre règne à Paris ! », statuait un haut magistrat, d’un ton réglementairement versaillais.

    L’onde sécuritaire emporte tout sur son passage. Dans le contexte de l’attentat de Nice et du meurtre du prêtre de Saint-Etienne du Rouvray (juillet 2016), il n’est pas question qu’une autre actualité violente que celle des crimes d’inspiration islamiste vienne parasiter le message qui désormais circule en boucle – « ils s’en prennent à notre civilisation chrétienne, ils profanent ce que nous avons de plus sacré – nos églises ! ». Par conséquent, lorsque Adama Traoré meurt par asphyxie au cours de son interpellation par les gendarmes le 19 juillet à Beaumont-sur-Oise, dans le contexte d’une de ces « émotions » de quartier sensible qui font désormais partie du paysage post/néocolonial français, le procureur de la République de Pontoise, en zélé préfet judiciaire, censure par deux fois les rapports d’autopsie et tente d’accréditer la fable selon laquelle le jeune homme souffrait, avant son arrestation, d’une pathologie si grave que son décès s’avère sans rapport aucun avec des violences subies… Les gendarmes, eux, admettent dans leur rapport sur les conditions de l’arrestation, qu’ils ont « pesé » de tout leur poids (ils s’y sont mis à trois) sur Traoré pour l’immobiliser et les deux rapports d’autopsie mentionnent explicitement des « manifestations d’asphyxie ». Tandis donc que l’assassinat du prêtre de Saint-Etienne du Rouvray devenait un événement mondial et que le Pape en personne rendait hommage au martyr (un mort), le mensonge d’Etat s’appliquait à faire passer cet autre mort, la victime d’un autre registre de violence, non moins récurrent et obsédant que la violence islamiste (celle des flics), par pertes et profits – circulez, il n’y a rien à voir ! – injonction devant laquelle, fort heureusement, la famille et les amis d’Adama Traoré n’ont pas plié [16].

    A l’évidence et moins que jamais, dans le contexte sécuritaire construit par les syndics de faillite qui nous gouvernent, les morts de mort violente ne sont égaux. Si le procureur (de la République) de Pontoise cachetonnait aux Indigènes de la République plutôt qu’au ministère de la Justice, il ne s’y prendrait pas autrement pour faire valoir qu’en ladite République, seule compte la vie « blanche », et que quand, de surcroît, celle-ci est catholique et en soutane, le mort noir et indigène n’a plus qu’à se faire pardonner d’avoir un jour existé et à aller se faire enterrer au Mali.

    C’est ainsi, donc, que la radicalisation de l’Etat qui ne se trouve pas cantonnée dans les appareils de partis et les corps répressifs (on a vu, notamment après les attentats de janvier 2015, comment elle avait prise sur le corps enseignant embarqué dans la croisade de la défense de la laïcité) prend la forme d’une levée générale des inhibitions. On ne saurait durablement se dire et se sentir « en guerre » sans entrer dans de nouvelles dispositions ni voir se dessiner un nouveau champ d’action : la simple mise en condition de l’opinion ne suffit plus, la mobilisation est en marche ; avec la création de cette sorte de garde nationale à la Juin 1848 que l’on nous annonce, chaque citoyen décidé à prendre sa part à la lutte contre la menace vitale que font peser sur nous les combattants du djihad devient un soldat de l’ordre. C’est le temps des milices, de la vigilance patriotique, du devoir civique de dénonciation. Autant de gestes requis par l’autorité et que la population juive a, en Israël, de longue date intériorisés.

    Les dispositifs de contrôle se nouent à cette nouvelle subjectivité du citoyen mobilisé. Certains points de passage comme les gares, les sorties de métro, l’entrée dans certains lieux publics qui pour certains étaient des nasses destinées à la capture des sans papiers peuvent devenir de véritables checkpoints voués à la détection des terroristes [17]. Les fouilles, effectuées par des agents de sécurité deviennent banales et routinières. Les mailles du filet militaro-policier et para-policier se resserrent, notamment dans les espaces urbains, davantage à des fins de production parmi la population d’effets d’accoutumance à l’omniprésence des forces dites de l’ordre, dans le paysage quotidien, que dans le but de « sécuriser » le territoire, tâche hors de portée. Il s’agit bien de produire un « peuple » de l’Etat de police qui intériorise et fait siennes les dispositions du gouvernement à l’urgence et à la sécurité. Un peuple suffisamment dépolitisé et mis en condition par le discours anxiogène et belliqueux du pouvoir pour faire bon accueil aux mesures sécuritaires mettant à mal les libertés publiques et pour perdre entièrement de vue la notion d’un Etat de droit dont il serait, contre les abus et les coups de force du pouvoir, le gardien non moins que le bénéficiaire.

    Il s’agit somme toute pour les gouvernants de créer parmi la population les conditions propices à la maturation de l’idée (si l’on peut dire…) selon laquelle il y a une guerre à gagner, une guerre contre le terrorisme, celle-ci ne se déroulant pas seulement sur des théâtres d’opérations lointains où ce sont « les autres qui meurent », mais chez nous et parmi nous aussi, une guerre où tombent parfois des victimes qui nous ressemblent et pourraient être nos proches, nos amis, nos voisins. Dire cela, c’est dire aussi qu’il y a un ennemi à haïr, tant il est à la fois redoutable et abject, et tenter de faire en sorte que cristallise cette haine d’une manière telle que tout le reste s’efface au profit du rassemblement contre ce qui menace notre intégrité collective – l’ampleur des résistances suscitées par la loi modifiant le droit du travail montre que le compte n’y est pas encore tout à fait [18]. Mais la contamination de la population par l’esprit de l’exception n’en continue pas moins à progresser : nul ne s’émeut du caractère de guerre sans prisonniers que revêt le combat que l’Etat français conduit contre les terroristes et assimilés non seulement sur les théâtres éloignés de l’affrontement, en Syrie ou dans le Nord du Mali, mais en France même ; lorsque les unités dites d’élite de la police entrent en action contre des auteurs d’attentats, c’est pour les éliminer et non pas pour les arrêter en vue de les mettre à la disposition de la Justice. Il y a quelque temps déjà que l’opinion s’est accoutumée au fait que le terme « neutraliser » signifie, dans la bouche des journalistes et autres fabricants d’énoncés corrects, tuer, liquider.

    Ceci quand bien même le « terroriste » serait un déséquilibré qui part à l’assaut d’un commissariat de police aux cris de « Allahhou Akhbar ! » armé d’un hachoir à viande et se fait « neutraliser » par un flic armé d’un pistolet-mitrailleur et harnaché d’un gilet pare-balles. Lors de l’assaut de Saint-Denis où les tirs de la police se comptent par milliers et ceux des « terroristes » (dont une femme qui n’a pas participé aux attentats) à l’unité. A Saint-Etienne du Rouvray, l’on crible de balles sur le parvis de l’église deux types armés de couteaux. C’est une battue, l’hyper-ennemi est une bête malfaisante et le rétablissement de l’ordre ne serait pas complet si l’affaire ne s’achevait pas sur ce rite d’extermination emboîté dans les rites d’exécration. Là aussi, ces exécutions sommaires de l’outlaw ont non seulement un parfum de western mais aussi bien de conduite de la guerre contre l’ennemi intime à l’israélienne. Pour le moment, on permet encore en France aux familles d’inhumer les cadavres des auteurs d’attentats à la sauvette, ce à quoi ne consent pas toujours d’Etat d’Israël [19].

    Insistons sur ce point capital : sur l’immense majorité des gens, l’état d’exception glisse comme l’eau sur les plumes d’un canard. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la perspective même de sa reconduction indéfinie n’émeut pas grand monde, pour peu que les interdictions de braderies et autres festivités ne se fassent pas trop pesantes. Le point de bascule se situe ailleurs : l’état d’urgence dont la mise en œuvre ne relève pas d’un coup de force affectant le vie quotidienne de tous et chacun, mais s’effectue sans rupture marquée avec l’ordre constitutionnel, expose la partie ciblée de la population (le vivier supposé du « terrorisme ») à une répression d’abord administrative venant doubler la répression policière, là où auparavant, la Justice était appelée à statuer et agir : ce sont les perquisitions expéditives et les assignations à résidence, placée sous le signe des mesures dont l’exécution ne saurait s’embarrasser de procédure lourdes et lentes – l’urgence, toujours. L’administratif, c’est ici ce qui permet à l’exécutif de s’assurer, sans passer par la case de la Justice, du corps de suspects épinglés selon leur appartenance à une catégorie dont l’Etat (la police, les services de renseignement) définissent les contours – les « islamistes » [20]. Le propre de ce type de pratiques (les perquisitions comme les assignations) est de ne pas se trouver entravées par des complications formelles, ce qui va permettre par exemple de placer un individu aux arrêts à domicile sans fixer de terme à cette peine qui ne dit pas son nom – « décision » est l’euphémisme qui désigne ici la peine, bien réelle, infligée sans passer par la case Justice.

    En Israël, l’emprisonnement sans terme et par simple par décision administrative de Palestiniens soupçonnés de menées hostiles à l’Etat est une pratique courante, héritée de l’époque du Mandat britannique. On a là une matrice qui « travaille » dans des conditions où s’impose la notion d’une population établie dans les frontières de l’Etat et dont le propre serait d’être, in totto, un vivier pour le terrorisme – les Palestiniens en Israël, les musulmans activistes en France. Lorsque cette notion tend à s’enraciner dans le corps social, les dispositifs de dépistage, de tri sélectif, de surveillance, d’épinglage et de discriminations fondés sur l’origine ou la croyance (tout ce qui est de la graine d’hyper-ennemi) peuvent s’installer sans susciter de protestations massives : fichiers « S », contrôles au faciès renforcés, criminalisation des affirmations intempestives d’appartenance à l’Islam, chasse aux mineurs, etc..

    Ce qui fait encore la différence, ce sont les questions de territoire : les Palestiniens occupés sont pris dans la nasse de « leurs » territoires où ils sont assignés à un régime d’occupation militaire assorti de toutes sortes de restrictions à géométrie variable et d’où ils ne peuvent sortir que sous conditions – ou pas [21]. Nous n’en sommes pas tout à fait là, mais on remarquera que la territorialisation du conflit de l’Etat avec les post-coloniaux va bon train : lorsque le 30 juillet dernier, les amis d’Adama Traoré déposent une déclaration de « marche » à Paris (Gare du Nord-Bastille), dûment enregistrée par la Préfecture de Police, ils n’en sont pas moins bloqués par la police : pas question que les indigènes de Beaumont-sur-Oise viennent importer leur tort subi dans les rues de la capitale – et c’est ici, comme souvent, les gares du Nord et de l’Est parisiens qui font office de checkpoints [22].

    Si l’on trace une ligne reliant tous ces traits dispersés du gouvernement des vivants qui vient, on voit se dessiner une figure cachée de la politique. Une figure dynamique dont le propre est que la direction qu’elle imprime à la vie politique échappe totalement à ses acteurs. En Israël, la surenchère sécuritaire sur laquelle surfent les équipes ou plutôt les combinaisons dirigeantes successives est cette fuite en avant qui constitue le seul expédient permettant à un peuple de l’Etat (rassemblé comme illusoire peuple ethnique mais fait en vérité d’une multitude de pièces rapportées et traversé par des inégalités sociales violentes et toutes sortes d’autres facteurs de division et d’éclatement) de tenir ensemble envers et contre tout. Israël est tout sauf une nation et n’est « un peuple » qu’à la condition d’une guerre perpétuelle contre un autre peuple, dépossédé de sa terre. Un peuple en astreinte guerrière, otage du militarisme de l’Etat.

    Dans ces conditions, l’unique exutoire sécuritaire et son envers, la conquête via l’occupation et les colonies des terres palestiniennes sont ce ressort effectif d’une politique qui, de ce fait, est vouée à prospérer sur cela même qu’elle prétend combattre : le quadrillage des territoires occupés par les colonies et les routes stratégiques, l’omniprésence de l’armée, les barrages, les fouilles et les destructions de maisons, les internements administratifs – bref, tout ce qui s’effectue au nom de la sécurité est cela même qui va nourrir, du côté des jeunes Palestiniens, les vocations activistes et la mise en œuvre d’actions d’éclat plus ou moins sanglantes et toujours destinées à frapper l’imagination de l’opinion israélienne. Ce cycle infini est ce qui nourrit la « radicalisation » constante de la politique israélienne et, actuellement, la montée de formes fascistes dans le cadre même d’une démocratie parlementaire – c’est ainsi que la politique israélienne s’est transformée en machine infernale aux mains d’activistes affichant de plus en plus ouvertement leurs convictions racistes et expansionnistes, se faisant de façon toujours plus pressante les promoteurs d’une politique d’apartheid au détriment des Palestiniens, mais aussi d’aventures guerrières destinées à assurer de façon « définitive » à l’Etat d’Israël la position de gendarme de l’Occident au Moyen-Orient – de Benjamin Netanyahou en Avigdor Liberman, de Lieberman en Naftali Bennett, etc.

    En pratique, l’efficace de cette dynamique incontrôlée qui fait ressembler la politique israélienne à un camion fou se manifeste chaque jour par une nouvelle dérive autoritaire : attaques à la Poutine contre les ONG dénonçant la colonisation illégale des territoires palestiniens, tentatives de mise au pas de la culture et multiplication des actes de censure, idéologisation à outrance de l’enseignement de l’histoire, pressions exercées sur les citoyens israéliens d’origine arabe pour qu’ils proclament leur allégeance à l’Etat comme Etat juif , etc. [23].

    On sent aujourd’hui la politique gouvernementale française, dans le contexte de la lutte contre le « terrorisme islamique », emportée, toutes choses égales par ailleurs, par un type comparable de spirale obscure : tout pas franchi dans cette direction est voué à produire un effet d’aggravation du phénomène qu’il s’agit de combattre. La lutte contre le djihadisme est elle-même la première des fabriques de djihadistes, ceci aussi bien sur le front intérieur qu’extérieur : chaque tour de vis ciblé en direction de ceux que l’on soupçonne de sympathies islamistes entretient, non sans motif, le grand récit d’une persécution dirigée contre ceux qui sont les victimes de la politique de l’Occident. Quand une dite « bavure » de la coalition occidentale en Syrie fait un nombre de morts à peu près équivalent à ceux de l’attentat de Nice, c’est une sinistre comptabilité qui s’établit dans la tête de ceux qui, désespérant de la justice et du droit, rêvent désormais de rendre coup pour coup, peu important les moyens [24] ; quand, à l’occasion d’une autre « bavure », policière, celle-ci, le mensonge d’un représentant de l’Etat (de l’institution judiciaire) s’affiche à la une des journaux, c’est, de même, la chaîne sur laquelle sont montés les vengeurs en série qui se remet en marche… Cette spirale, quand bien même elle saisirait ceux/celles qui en sont les acteurs plutôt qu’elle ne serait à proprement parler un instrument entre leurs mains ou l’élément d’une stratégie, n’en confirme pas moins la thèse avancée par Agamben : l’Etat de sécurité n’est pas ce qui vise à faire face à des risques et des dangers, mais bien ce qui vit de l’entretien et de la reproduction sans fin de ceux-ci, dans un contexte durable où les déficits de légitimité des gouvernants sont criants. Qu’est-ce qu’un Valls pourrait bien vendre d’autre en effet à l’opinion [25] qu’une illusoire protection au prix de l’omniprésence de la police et de la mise à l’encan des libertés publiques ?

    Achille Mbembe insiste dans ses récents ouvrages sur les affinités entre le capitalisme et la pensée animiste, le capitalisme, dit-il, « s’institue sur le mode d’une religion animiste ». On serait porté à se demander aujourd’hui si ce type de contamination n’affecte pas tout autant les formes politiques dans ce temps où le citoyen et le sujet apeuré de l’Etat de sécurité tendent à ne plus faire qu’un. De plus en plus, dans ces conditions, le lien du dirigeant comme celui de l’homme ordinaire au réel vient à se distendre, les fuites dans l’imaginaire se multiplient, tandis que s’imposent les conduites magiques : la représentation de l’image du terroriste, l’énonciation de son nom deviennent l’objet de débats passionnés à l’occasion desquels les ténors des médias s’ébrouent dans les eaux spectrales du totem et du tabou, du mana et de l’aura (maléfique)… Dans les colonnes du Monde, un sociologue et philosophe en état de gravitation avancée énonce sérieusement : « A court terme, contre ce genre d’actes [terroristes], il faudrait une vraie politique de renseignement. Ultra-ciblée, mais ultra-secrète (sic). Mais surtout, parce qu’Internet change radicalement les fondamentaux du terrorisme, il faudrait un observatoire européen des identités (re-sic), avec des spécialistes d’Internet, des sociologues, des psychologues, etc., pour comprendre comment se construisent ces identités, en particulier les frustrations, les haines » [26].

    Bref, ça délire grave – et dans tous les sens. Ce qui porte rarement à l’optimisme, pour les temps qui viennent. [27]

    Alain Brossat, 9/08/2016

    RÉPONSE

    chantal quillot | 12 août 2016 à 10 h 28 min
    dans le genre « tout va mal » qui nous entraîne vers un dangereux pessimisme, vous oubliez totalement de parler des réactions immédiates et démocratiques du simple citoyen, soit après Charlie, soit après l’assassinat du prêtre, type aller ensemble et en tant que laïque dans les églises et les mosquées. Les français ne sont pas si suivistes !!

  • Nouveautés sur "Lutte Ouvrière"

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    Israël : l’impasse de la répression

     

  • Nouveautés sur Association France Palestine Solidarité

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  • Israélisation de la gouvernance de la France : le cas emblématique de Georges Ibrahim Abdallah (UJFP)

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    Nous n’allons pas dans ce texte reprendre l’ensemble du dossier de ce scandale d’État qu’est le maintien en détention de Georges I. Abdallah

    Georges vit sa 32° année de détention à Lannemezan, Hautes Pyrénées.

    Nous voudrions aujourd’hui insister sur le fait que le maintien en détention de ce militant communiste libanais solidaire du peuple palestinien est un cas emblématique d’israélisation de la gouvernance de la France.

    En effet :

    • Non seulement Georges n’a pas été condamné à une peine de prison à perpétuité sur des preuves de culpabilité dans l’assassinat d’un conseiller militaire étatsunien et d’un agent du Mossad en France, mais sur une suspicion de complicité,
    • Non seulement Georges n’a pas bénéficié de l’échange négocié par l’entremise de l’Algérie alors que les Forces Armées Révolutionnaires libanaises ont relâché leur otage Antoine Perraut,
    • Non seulement la Justice a refusé à plusieurs reprises sa libération une fois la peine de sureté de 19 ans accomplie,
    • Mais quand la Justice elle-même a décidé de sa libération à la condition (classique et prévue par la loi) de son expulsion,
    • Alors même que les autorités libanaises sous la pression d’un mouvement en faveur de Georges avait affirmé et confirmé qu’elles étaient prêtes à l’accueillir au Liban,
    • Le Ministre de l’Intérieur (Manuel Valls) a refusé de signer l’arrêté d’expulsion, empêchant ainsi sa libération.

    Ainsi, nous pouvons dire que Georges est devenu un détenu administratif. C’est le pouvoir exécutif qui a refusé d’appliquer la décision de Justice. Sa condamnation à la perpétuité est devenue une condamnation à la perpétuité réelle, traitement considéré comme inhumain.

    Le maintien en détention de Georges est un exemple de suppression de la séparation des pouvoirs. C’est ce que vivent des milliers de Palestiniens détenus administratifs en Israël, maintenus en détention pour des périodes de 6 mois indéfiniment renouvelables par la seule volonté gouvernementale, en dehors de toute procédure judiciaire, sans même de chef d’inculpation, au nom de la « sécurité ». Le fait que cela soit en application d’une loi britannique datant du mandat que le Royaume Uni avait sur la Palestine ne contredit pas qu’il s’agit en 2016 d’une pratique typiquement israélienne.

    Dans le débat sur l’état d’urgence, on a vu dans les discours s’opérer un glissement faisant de la « sécurité » le premier droit de l’homme, alors même que la déclaration des Droits de l’Homme invoque la « sureté », qui n’est pas un synonyme, mais au contraire la garantie d’être à l’abri de mesures arbitraires, telles les lettres de cachet de l’Ancien Régime (et du Régime Valls-Hollande).

    Si le CDI est menacé dans le droit du travail, on nous propose aujourd’hui la DDI, la détention à durée indéterminée de tout « suspect » dans des centres de rétention, à l’israélienne. On peut imaginer que ces centres seront entourés de barrières en fil de fer barbelé innovantes dont Israël est le champion, mais cela fera l’objet d’un autre article.

    Nous ne céderons pas à l’état d’urgence, nous manifesterons en octobre à Lannemezan pour le triste 32° anniversaire de la détention de Georges Ibrahim Abdallah, nous maintenons l’exigence de sa libération.

    Le Bureau national de l’UJFP, le 7 août 2016

    Le site http://liberonsgeorges.over-blog.com http://liberonsgeorges.over-blog.com donne tous les éléments et nous avons déjà fait état des visites que l’un d’entre nous a pu lui rendre et rencontrer ainsi un militant toujours debout. Georges Ibrahim Abdallah, ainsi qu’une dizaine de détenus politiques et sociaux, basques et arabes de la centrale de Lannemezan, en solidarité avec les prisonniers politiques palestiniens qui sont en grève de la faim pour dénoncer la politique israélienne de "détention administrative" et pour soutenir et exiger la libération inconditionnelle du militant palestinien Bilal Kayed, ont fait la grève du plateau pendant trois jours du 4 au 6 août.

    Ci-dessous, une interpellation bien venue adressée à « nos » gouvernants

    Lettre ouverte du Secrétaire Général du Parti Communiste Libanais, Hanna Gharib, en commémoration de l’anniversaire de la prise de la Bastille et de la Fête nationale française, adressée aux gouvernements libanais et français.

    http://www.ujfp.org/