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Tunisie - Page 10

  • Nouveautés "Tunisie" sur ESSF

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    • Nouveau gouvernement tunisien : déclarations du Front populaire

      , par HAMMAMI Hamma, JMOUR Mohamed

      Sur la présentation factuelle de la composition du gouvernement Youssef Chahed, lire l’article publié sur ESSF http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article38789
      Hamma Hammami : Les partis de la coalition au pouvoir sont organiquement liés à la corruption (19 août) (...)

    • Tunisie
      Composition du nouveau gouvernement tunisien

      , par LEROUGE Dominique

      Pour connaître les premières réactions du Front populaire, lire les déclarations d’Hamma Hammami et Mohamed Jmour reproduites sur ESSF http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article38788
      Ministres (26 dont 4 de Nidaa et 3 d’Ennahdha)
      Hédi Majdoub (sortant), ministre de l’Intérieur ;
      Farhat (...)

      Tunisie : échec de la tentative de faire participer le Front populaire au « gouvernement d’union nationale »

      , par Divers media

      Le 10 août, le Premier ministre nouvellement désigné avait rencontré de député Front populaire Mongi Rahoui pour lui proposer de participer au futur gouvernement. Dominé par Nida Tounès (parti issu de l’ancien régime) et Ennahdha (islamiste), ce gouvernement aura pour mission de mener une politique (...)

     

  • Les droits des femmes, un combat politique (Nawaat.tu)

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    Le 13 août, fête nationale des femmes, revient, cette année, avec un nouveau souffle de résistance féministe. Pressentie pour légion d’honneur, Sana Ben Achour, ancienne présidente de l’ATFD, a refusé les honneurs de la présidence de la République. Par ailleurs, le projet de loi intégrale de lutte contre la violence contre la femme et la fille à l’étude depuis 2013 vient d’être adopté par le conseil des ministres.

    Instrumentation politique et combats idéologiques

    Sur les pas des familles des martyrs qui ont refusé les décorations de Béji Caid Essebssi, le 14 janvier 2015, Sana Ben Achour prend ses distances de la présidence de la République. Défiant le pouvoir qui a recruté dans ses rangs ses anciennes camarades, Saida Garrach, conseillère de la présidence, et Bochra Bel Haj Hmida, députée représentante de Nidaa Tounes, Sana Ben Achour, insiste, selon ses proches, à se préserver du prestige des palais. Contrairement à Latifa Lakheder, ex- ministre de la culture, décorée par BCE pour « sa contribution dans la promotion du régime républicain », Sana Ben Achour continue à jouer son rôle de féministe à l’extérieur des cercles du pouvoir.

    Le refus de Sana Ben Achour de la légion d’honneur n’est pas isolé d’un contexte politique très tendu qui a marqué la validation du projet du loi intégrale de lutte contre la violence contre la femme et la fille. L’écriture du projet de loi a été marqué par un conflit idéologique entre les conservateurs, Nidaa Tounes et Ennahdha, et les progressistes féministes de la société civile. Dans les coulisses, des proches de Samira Marai, nous confirment qu’elle voulait imposer son autorité de ministre aux expertes plus chevronnées en matière du genre dont Sana Ben Achour.

    De son coté, Ahlem Bousserwel, militante des droits des femmes, qualifie le combat actuel sur les droits des femmes d’institutionnel. « Ce n’est pas une question de partis politiques mais plutôt de politiques publiques. Le problème est que les droits des femmes ne sont pas encore une priorité de planification stratégique. Espérons que le passage de la loi intégrale sera un premier jalon, et là nous pouvons dire que le ministère de la Femme aura l’honneur de l’avoir accomplie » explique Ahlem Bousserwel avant d’ajouter :

    Les militantes féministes qui ont la chance d’être dans des positions de décisions continuent à mener leur bataille en interne sur les politiques publiques. Nous ne pouvons pas évaluer l’influence en rapport avec Nidaa Tounes puisque la ministre actuelle est de Afek Tounes. Cependant, le destin de la loi intégrale nous dira si l’influence politique a servi à faire avancer la cause ou non.

    Éclairage sur quelques blocages religieux à des réformes primordiales

    Monia Ben Jemai, présidente de l’ATFD, se félicite du projet de loi qui promet de radicaliser la perception de la violence à l’égard des femmes. Le projet de loi est divisé sur trois partis: prévention, prise en charge et lutte contre l’impunité. Si quelques lois du code pénal seront réformés comme l’article 227 bis qui permet au violeur d’épouser sa victime, d’autres lois patriarcales et discriminatoires resteront encore intouchables.

    Monia Ben Jemai explique que si le projet de loi a élargi la définition de la violence conjugale en incluant l’ex époux et l’ex fiancé dans la liste des auteurs, il exclut encore le partenaire intime et ex partenaire intime ( petit ami ). Nous savons qu’en réalité les petits amis peuvent commettre des violences conjugales et pourtant ils n’ont pas été retenus dans le projet de loi de peur d’encourager les femmes à avoir des rapports sexuelles en dehors le cadre légal.

    La présidente de l’ATFD regrette, aussi, l’absence de la criminalisation du viol conjugal. « Toutes les femmes victimes de violences conjugales ( morales et physiques ) affirment avoir subies des violences sexuelles de la part de leurs conjoints. En éliminant le viol conjugal, on donne l’autorité au conjoint d’exercer une violence sexuelle dans l’impunité la plus totale. Très souvent ces viols conjugaux ont lieu durant la période de séparation » explique Monia Ben Jemai. Mais, selon la loi, ne stipule pas clairement le consentement de l’épouse pour les rapports sexuels.

    La réforme de l’article 227 bis du Code pénal, bête noire des féministes tunisiennes, n’a pas été abrogé en entier. Si le violeur n’a plus le droit de se marier avec sa victime, une grande injustice est encore présente dans le projet de loi. « Le projet de loi maintien la peine de prison entre 5 et 6 ans de prison pour tout acte sexuel consenti avec une fille entre 13 et 18 ans. Considérant que les viols sont commis systématiquement sans violence vu le phénomène de sidération qui tétanise les victimes, et considérant que les juges ignorent, en général, cette réalité et ne tiennent compte que des traces de violences physiques, nous avons peur que les viols seront, désormais, qualifiés d’actes sexuels consentis » regrette Monia Ben Jemai.

    Par ailleurs, il existe une incohérence entre l’article 127 du Code pénal et la réforme de l’article 227 bis par le projet de loi. « Selon l’article 127, le viol des filles et des garçons sont considérés de la même façon. Par contre, dans l’article 227 bis, si l’acte sexuel consenti avec une fille entre 13 et 18 ans est puni, il ne l’est pas pour le garçon. Ça veut dire que la femme peut consentir un acte sexuel entre 13 et 18 ans ? La majorité sexuel pour les hommes est considérée à 18 ans mais la majorité sexuelle des femmes, selon cette logique, est à 13 ans » relève Monia Ben Jemai.

    Concernant le harcèlement sexuel dans les institutions, le projet de loi insiste sur la répétition des actes alors qu’en réalité le harcèlement sexuel, en Tunisie, est en général commis par un seul acte. « Concrètement, le patron ou le professeur convoque sa victime et fait un chantage en demandant des services sexuels contre une bonne note à l’examen ou un salaire … » explique Monia Ben Jemai avant de pointer une des lacunes majeures du projet de loi, celui de l’inceste. Si les féministes peuvent se réjouir de la criminalisation de l’inceste, les délais pour porter plainte ont été fixés à l’age de 38 ans.

    Le problème est que les victimes d’inceste n’osent porter plainte, en général, qu’à l’âge de 40 ans. D’ailleurs dans la majorité des pays, les victimes d’inceste gardent leur droit de porter plainte à vie.

    Malgré ses lacunes et incohérences, le projet de loi intégrale est considéré par les féministes comme un acquis. Mais le rôle de la société civile ne s’arrêtera pas ici. « L’enjeu actuel est de faire voter le projet avec le maximum de réformes en faveur des femmes. Nous regrettons que les parlementaires ne soient pas formés et informés convenablement à propos la violence à l’égard des femmes. Mais nous n’allons rien lâcher ! » affirme Monia Ben Jemaii annonçant le début d’un nouveau round de la lutte pour les droits des femmes en Tunisie.

  • Nouveautés "Tunisie" sur ESSF

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    • Women
      Tunisian Gender Law Reform: Optimism in Spite of the Long Road Ahead

      , by CANAVAN Kristen

      On June 3rd, Euro-Mediterranean Human Rights Network (Euro-Med) hosted a conference entitled “Forms of Violence Against Women and Girls” to discuss the Tunisian Personal Status Code and Penal Code – both of which are long overdue for reform. Critical yet optimistic, the proposed goals for legal (...)

    • Women
      From Bourguiba to Nhadha – State feminism in Tunisia: reading between the lines

      , by MHADHBI Amira

      The Tunisian experience with state feminism is a model to draw lessons from, especially for the Arab-Muslim countries whether governed by liberal autocratic regimes or Islamist regimes: whenever the regime talks in favour of women, read between the lines.
      As a young Tunisian feminist living in (...)

    • A gauche
      Tunisie : le Front populaire confirme son opposition au pouvoir en place

      , par Divers media

      En janvier 2014 le Front populaire avait amorcé son retour à son orientation de départ : ni la droite religieuse, ni la droite issue de l’ancien régime. Dans la foulée de ce positionnement, le Front s’oppose cet été à la tentative de replâtrage de la coalition gouvernementale dirigée par Nidaa Tounes et (...)

     

  • Le Front Populaire refuse de s'entretenir avec Youssef Chahed (Al Huff' Maghreb)

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    Youssef Chaheb, ex (?) fonctionnaire des USA

    Hamma Hammami dénonce une nomination "affligeante"

    Invité de la radio nationale, le porte-parole du Front populaire, Hamma Hammami, a estimé que la manière avec laquelle Youssef Chahed a été nommé au poste de chef du gouvernement est affligeante pour le peuple tunisien.

    Pour Hammami, le passage en force effectué du président de la République – qui a nommé Chahed sans consulter personne selon le concerné – a mis toutes les parties participantes aux concertations de Carthage devant le fait accompli. Et d’ajouter que le Front populaire savait, bien avant l’annonce de l’initiative présidentielle, que Youssef Chahed allait succéder à Habib Essid.

    Hamma Hammami a assuré que le successeur d’Essid fait d’ailleurs partie du cercle restreint du chef de l’État ce qui expliquerait sa désignation.

    A la question de savoir si le Front populaire allait soutenir, malgré tout, le nouveau gouvernement, Hamma Hammami a expliqué que ce soutien n’aura pas lieu d’être si jamais le Front Populaire estime que la nouvelle formation ministérielle n’investit pas assez d’effort dans la lutte contre la corruption. Et d’ajouter que son parti dispose d’une réelle stratégie pour mettre fin à la corruption devenue omniprésente dans le quotidien des Tunisiens.

    Rappelons que dans un communiqué daté du 9 août, le Front populaire a officiellement décliné l’invitation de Youssef Chahed pour une rencontre avec une délégation du parti.

    Les dirigeants du Front ont expliqué, dans le même document, que leur parti a refusé de prendre part aux concertations, de signer le pacte de Carthage et de bénir le processus de désignation de Youssef Chahed. De ce fait, le Front populaire ne pourra pas faire partie des partis politiques avec lesquels Chahed pourra s’entretenir sur le sort de sa nouvelle équipe.

    A ce sujet, et lors du même passage radiophonique, Hamma Hammami a indiqué qu’il ne s’agit pas là d’un nouveau "non" de la part du Front qui refuse, selon lui, de s’inscrire dans la logique et la politique de la corruption mais qu’il serait tout oui pour collaborer à la mise en place d’un système de réforme contre toutes ces méthodes.

  • L'Observatoire Tunisien de l'Eau met en garde contre une "révolte de la soif" (Al Huff' Maghreb)

    WATER TUNISIA

    Dans un communiqué rendu public sur a page Facebook, l’Observatoire Tunisien de l’Eau (OTE) a mis en garde contre une "révolte de la soif".

    L’OTE a pointé du doigt la politique de communication de la SONEDE (Société Nationale de l’Exploitation et de la Distribution de l’Eau) et son “manquement à sa responsabilité et à ses engagements envers les citoyens “ et reproché à la société de ne pas ”mener les études nécessaires et de ne pas intervenir aux moments opportuns pour éviter l’aggravation de la situation”, a rapporté la TAP.

    L’Observatoire rappelle, à travers son communiqué, que des mouvements protestataires ont eu lieu, en particulier dans la région de Jendouba et des citoyens ont, à maintes reprises, tenté de faire entendre leur voix et faire part aux autorités concernées de leur calvaire à cause de la non disponibilité des ressources en eau potable.

    L’OTE a rappelé, dans son communiqué, que l’accès à l’eau potable est droit fondamental, garantit par la Constitution.

    Il appelé à auditionner la SONEDE et le ministère de l’Agriculture concernant cette crise de l’eau et demande aux autorités concernées de trouver une solution urgente et immédiate aux problèmes de rupture et de perturbation de la distribution de l’eau.

    Selon l'OTE, la SONEDE devra rencontrer les représentants de la société civile et les parties concernées pour discuter des problèmes rencontrés par les citoyens et en trouver les solutions idoines.

    Le ministre de l'Agriculture, Saâd Seddik avait affirmé le mois dernier que les réserves en eau dans les grands barrages sont estimées à 882,6 millions de m3, au 27 juillet 2016, alors qu’elles avaient dépassé, l’année dernière, 1 milliard de m3.

    Il a en outre rappelé que la Tunisie est parmi les pays qui vivent sous le seuil de la pauvreté hydrique (460 m3 par personne, contre une moyenne mondiale de 1000 m3, un taux fixé par les Nations-Unies pour mesurer la pauvreté en eau), appelant les citoyens à rationaliser l'utilisation de l'eau.

    Dans un rapport publié en 2015, la World Resources Institute classe la Tunisie parmi les 33 pays les plus susceptibles de connaitre un stress hydrique (ou pénurie d'eau) d'ici 2040.

    Selon le rapport, la Tunisie se classe parmi les pays qui ont un risque très élevé de manquer d'eau dans les décennies à venir pouvant perdre ainsi plus de 80% de ses ressources naturelles d'eau d'ici 2040.

    L'UNESCO a quant à elle déjà tiré la sonnette d'alarme affirmant que la Tunisie souffrira de sérieux problèmes d'eau à l'horizon 2025.

  • Tunisie: Un collectif d'associations et d'organisations appelle à adapter le Code du Statut Personnel à la Constitution (Al Huff' Maghreb)

    13 AOUT 2013

     

    La consécration du principe de l’égalité homme-femme en Tunisie exige l’adaptation du Code du Statut Personnel (CSP) à la nouvelle Constitution du pays, a affirmé Radhia Jerbi, présidente de l’Union Nationale de la Femme Tunisienne (UNFT).

    S’exprimant lors d’une journée d’étude sur "La situation de la femme tunisienne 60 ans après de la promulgation du CSP", tenue mardi, au siège de l’Union Tunisienne de l'Agriculture et de la Pêche (UTAP), à l’initiative de l’UNFT, Jerbi a souligné que "le CSP, en tant qu’acquis important de la femme tunisienne, doit être révisé afin de mieux l’appliquer, sur le terrain, en faveur de l'égalité".

    La présidente de l’UNFT a précisé que cette manifestation s’inscrit dans le cadre des festivités organisées à l’occasion de la célébration de la fête nationale de la femme tunisienne qui coïncide, cette année, avec le 60ème anniversaire de l’UNFT et du CSP.

    Elle a mis l'accent sur l’importance de la coopération entre les différentes organisations afin de servir l’intérêt de la femme tunisienne et de défendre ses droits, soulignant le parcours militant de l’UNFT et la lutte menée en faveur de l’amélioration du statut de la femme.

    De son côté, Saad Seddik, ministre de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, a fait le point sur le rôle crucial de la femme rurale, notamment la femme agricultrice, dans la sécurité alimentaire dans le monde, rappelant l’obligation de défendre ses droits.

    Appuyant son approche par des statistiques, il a évoqué le nombre limité des femmes propriétaires de terres contre le nombre élevé des ouvrières agricoles, dont le taux s’élève à 58 % du nombre total des femmes agricultrices.

    Les statistiques montrent aussi le manque de formation agricole en faveur de la femme rurale, a-t-il révélé, notant que le taux des filles inscrites dans des centres de formation agricole s’élève seulement à 25 %.

    Le ministre a également mis la lumière sur les difficultés qu’affrontent les femmes agricultrices dans l’accès aux sources de financement, indiquant que peu d'entre elles bénéficient de prêts.

    Pour sa part, Abdelmajid Ezzar, président de l’Union Tunisienne de l’Agriculture et de la Pêche (UTAP), a appelé, dans son intervention, à l’amélioration des conditions du travail des ouvrières agricoles, insistant sur l’importance de garantir leur sécurité à travers l'amélioration du transport agricole.

    Outre le danger des accidents de la route qu’affrontent les femmes agricultrices, elles doivent aussi faire face, dans certaines zones forestières, au danger du terrorisme, a-t-il ajouté.

    Selon Ezzar, unir les efforts et coordonner le travail des différentes organisations permettra de protéger la femme et de défendre ses droits.

    Un accord de partenariat a été conclu, dans ce sens, entre l’UNFT et l’UTAP, prévoyant une action commune des deux organisations en faveur de la femme tunisienne.

    Honorée à cette occasion par l’UNFT, Majdouline Cherni, présidente de l’Instance générale des martyrs et blessés de la révolution et des opérations terroristes, a parlé du risque encouru par les femmes habitant près des zones militaires qui peuvent perdre la vie, victimes du terrorisme ou de l'explosion de mines.

    Cette journée d’étude a été organisée en partenariat avec l’UTAP, l’union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), la Ligue des Electrices Tunisiennes (LET) et l'Association LAM ECHAML.

     09/08/2016

    http://www.huffpostmaghreb.com/2016/08/09/code-du-statut-personnel-

  • Fonctionnaire américain devenu Premier Ministre tunisien (Nawaat.org)

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    L’autre parcours de Youssef Chahed 
     
    L’image relayée par les médias dominants a omis une période importante du parcours de Youssef Chahed : ses années en tant que chargé de missions au département Foreign Agricultural Service à l’ambassade américaine à Tunis.
     
    Les documents de Wikileaks révèlent un autre aspect du parcours professionnel de Youssef Chahed, candidat mandaté par le président de la République Beji Caid Essebsi pour former un nouveau gouvernement. L’image relayée par les médias dominants a omis une période importante du parcours de Youssef Chahed : ses années en tant que chargé de missions au département Foreign Agricultural Service à l’ambassade américaine à Tunis, comme le montre une correspondance publiée en 2010.

    Le ministre des Affaires locales dans le gouvernement sortant et le président du comité de consensus institué par le président de la République lors de la crise qui a secoué son parti à la fin de 2015, n’est pas seulement universitaire et expert international en politique agricole, comme le mentionne succinctement sa biographie officielle. Avant, et longtemps après le 14 janvier 2011, Youssef Chahed a travaillé au Foreign Agricultural Service à l’ambassade américaine de Tunis.

    Fonctionnaire de l’ambassade américaine

    Cette agence relevant du département de l’Agriculture des États-Unis est l’un des principaux leviers de la politique économique américaine. Sa mission cible la promotion du « secteur alimentaire et l’agriculture à l’étranger », à travers la collecte d’informations sur le mouvement de l’offre et de la demande mondiales et les nouvelles opportunités sur le marché. Les activités du Foreign Agricultural Service visent en effet à améliorer la capacité des produits américains à entrer sur le marché mondial, à mettre en œuvre des programmes en vue de créer de nouveaux marchés et à maintenir la compétitivité des produits américains sur les marchés mondiaux.

    La correspondance fuitée par wikileaks, datée du 13 janvier 2010 et signée par l’ambassadeur Gordon Gray révèle les efforts consentis par les Etats-Unis pour convaincre les autorités tunisiennes de procéder à l’adoption, la commercialisation et l’utilisation de la « biotechnologie » (les OGM et les pesticides) dans le domaine de l’agriculture en Tunisie. La même correspondance met en garde contre une éventuelle réticence des autorités tunisiennes dans l’application de cette politique, sous la pression des partenaires traditionnels de la Tunisie, c’est-à-dire l’Union européenne.

    Représentant de commerce des « biotechnologies »

    La correspondance évoque aussi l’organisation d’un atelier, où sont conviés plusieurs experts américains pour effectuer des études de terrain et animer des discussions avec les acteurs clés du secteur agricole tunisien, parmi les représentants du gouvernement, les députés et les acteurs de la société civile. L’ambassadeur recommande enfin de se mettre en contact avec Youssef Chahed, chargé du suivi et de l’organisation de l’atelier et de la communication autour de l’évènement.

    Le recrutement de Youssef Chahed en tant qu’expert agricole à l’ambassade des États-Unis n’a pas été fortuit. Il est l’auteur d’une thèse de doctorat soutenue à Paris en 2003 sous le titre évocateur de «&nbsp,Mesure de l’impact de la libéralisation des marchés agricoles sur les échanges et le bien-être&nbsp,».

    L’économiste Mustapha Jouili a passé au peigne fin cette thèse. Il assure que Youssef Chahed y prône la nécessité de la libéralisation totale du secteur de l’agriculture en Tunisie et recommande des réformes foncières en vue de libéraliser l’investissement agricole et de permettre aux investisseurs étrangers de posséder des terres agricoles en Tunisie.

    Selon Jouili, des notions comme « la protection des droits des agriculteurs » ou « la souveraineté alimentaire » sont aux yeux de Youssef Chahed des slogans obsolètes et contraires aux fondements de la science moderne. Pour l’économiste de gauche, le nouveau chef du gouvernement est étroitement lié aux institutions financières mondiales et plus particulièrement à l’Organisation mondiale du commerce.

    Youssef Chahed a également assisté en tant qu’observateur, représentant les Etats-Unis d’Amérique, à la 28ème Session de la Conférence Régionale de la FAO pour l’Afrique organisée à Tunis en mars 2014.

    Sous l’aile de Béji Caid Essebsi

    Le parcours politique de Youssef Chahed a commencé au sein du parti Al Wifak Al Jomhouri qui s’est présenté aux élections de 2011 au sein de la coalition du Pôle démocratique moderniste. Le parti fondé par Youssef Chahed, son ami Slim Azzabi et Abdelaziz Belkodja a fusionné avec deux autres partis politiques pour former, en 2012, le parti Al Jomhouri.

    Un an après, Chahed a quitté le parti d’Ahmed Nejib Chebbi, pour rejoindre, avec Saïd Aïdi, Nidaa Tounes, qui fêtait alors son premier anniversaire.

    En janvier 2016, Nidaa Tounes est en pleine crise. La guerre des chefs faisait rage entre Hafedh Caid Essbsi et Mohsen Marzouk. Le président du parti Béji Caid Essbssi nomme Youssef Chahed à la tête d’« un comité du consensus » chargé d’éteindre l’incendie. Quatre des treize membres du comité ont démissionné, estimant que Youssef Chahed a fait valoir les intérêts et les dictats de Hafedh Caid Essbsi. Le groupe de Mohsen Marzouk a fini par quitter Nidaa Tounes pour former Machrou’ Tounes [Projet pour la Tunisie].

    Plusieurs observateurs ont souligné la concordance entre sa mission au sein de Nidaa et sa nomination au poste de ministre des Affaires locales. Une récompense pour le rôle qu’il a joué au profit de Hafedh Caid Essebsi, fils du président de la République, d’où les craintes du retour du clan familial au sommet de l’Etat.

    Source : nawaat.org

    Par Mohammed Samih Beji Okkez, 4 août 2016. Nawaat-tunisia

    Traduit par: Hafawa Rebhi

    Le site publie les correspondances Wikileaks

    Saoudi Abdelaziz

    http://www.algerieinfos-saoudi.com/2016/08/fonctionnaire-american-devenu-premier-ministre

  • Front Populaire: La nomination de Youssef Chahed va reproduire l'ancien régime (Huff Maghreb)

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    Le Front Populaire a tranché sur la question de la nomination de Youssef Chahed à la tête du cabinet d'union nationale.

    Pour le parti, cette nomination n'est pas le fruit d'une longue série de négociations mais simplement, une continuité des pratiques de l'ancien régime, reposant sur les liens de parentés, le clientélisme et la mainmise par une petite catégorie sur les leviers du pouvoir qui a des intérêts communs avec les centres de corruption

    En effet, dans un communiqué rendu public mardi 3 août, le Front Populaire s'est dit contre la nomination de Youssef Chahed qu'il qualifie de danger pour la vie politique et constitue une solution à la crise de la coalition au pouvoir aux dépens des aspirations du peuple et une dérobade de la responsabilité de l’échec de la coalition.

    “Le choix de Youssef Chahed consacre la loyauté en premier lieu au président de la République qui veut contourner la Constitution pour imposer un régime présidentiel comme première étape en désignant un chef de gouvernement proche et docile dont on pourra orienter les décisions et en amendant la Constitution au moment approprié, en seconde étape, comme l’ont affirmé plusieurs parties de la coalition au pouvoir” souligne le communiqué.

    Le parti a appelé les forces nationales et démocratiques, partis, organisations et associations, à se mobiliser pour rejeter les plans du président de la République et sa coalition au pouvoir visant à mettre fin au processus révolutionnaire et à retourner à la dictature et à la répression.

    Il est à noter que le Front Populaire n'a pas fait partie des signataires du document de Carthage à savoir la feuille de route du gouvernement d'union nationale, signée le 13 juillet dernier.

  • La société civile tunisienne mobilisée contre l’impunité et la corruption (CCFD)

    L’intention avancée dans l’exposé des motifs de cette loi « de réconciliation économique », est de rétablir un climat favorable à la reprise des investissements afin de relancer une économie qui peine à retrouver son dynamisme. L’objet de cette loi est en réalité d’éteindre toutes les poursuites contre les hommes d’affaires et les agents de l’État impliqués dans la corruption, le détournement de l’argent public, l’évasion fiscale avant la révolution, moyennant un arbitrage fondé sur la reconnaissance des faits et le versement d’une indemnité.

    « Permettre aux corrompus de l’ancien régime de retrouver leur place »

    Pour le collectif d’organisations engagées dans la campagne en faveur du retrait de ce projet de loi, son véritable objectif est de blanchir les corrompus de l’ancien régime et de leur permettre de retrouver leurs positions dans la vie économique et l’administration pour y restaurer les anciennes pratiques.

    Le débat dure en réalité depuis plus d’un an. Le 20 mars 2015, le nouveau Chef de l’État, Béji Caïd Essebsi, un ancien ministre de l’ex-président Habib Bourguiba, avait annoncé son intention de favoriser une réconciliation nationale visant à tourner la page du passé. Le 14 juillet 2015, il avait usé de son pouvoir d’initiative législative pour proposer ce projet, suscitant immédiatement une levée de bouclier. Avocats, associations engagées dans la transition démocratique, quelques partis politiques avaient multiplié les protestations, largement relayées par la presse française. Un petit collectif composé d’individus, baptisé "Manich Msemah" (en français : "pas de pardon"), s’était mobilisé pour exiger l’abandon du projet.

    Un moyen de contourner l’instance Vérité Dignité (IVD)

    Pour le collectif, la motivation à peine dissimulée de cette initiative présidentielle était de contourner l’Instance Vérité Dignité (IVD) : l’institution chargée de mettre en œuvre la justice transitionnelle, incluant les crimes économiques et financiers, une spécificité tunisienne.

    Aux yeux de ses détracteurs, l’IVD serait animée par un esprit de vengeance, trop lente pour garantir un traitement rapide des dossiers des hommes d’affaire et marquée politiquement par le contexte dans lequel la loi qui l’a créée a été élaborée.

    Des objections rejetées par la présidente de l’IVD, Sihem Ben Sedrine : « Nous n’avons jamais été consulté sur ce projet, regrettait-elle en juin 2015. Pourtant, le mécanisme d’arbitrage proposé aux hommes d’affaires par l’IVD est bien plus efficace que le système envisagé par le projet de la présidence. »

    Un projet jugé inconstitutionnel

    Sollicitée par l’IVD pour évaluer la légalité du projet, la Commission de Venise - un organisme d’expertise juridique du Conseil de l’Europe - avait rendu en octobre 2015, un avis détaillé estimant le mécanisme d’arbitrage envisagé comme inconstitutionnel dans la mesure où il contredit l’obligation de l’Etat de mener à bien le processus de Justice transitionnelle, inscrite dans la nouvelle Constitution.

    Composé en grande majorité de représentants du pouvoir exécutif, délibérant sans transparence, ne prévoyant aucun recours, ne laissant aucune initiative aux victimes des crimes financiers, ne disposant pas de pouvoirs d’investigation, le projet n’offrirait en effet aucune des conditions nécessaire pour établir la vérité et accorder ainsi l’amnistie aux acteurs de la corruption dans des conditions équitables pour les parties lésées.

    Contesté politiquement, affaibli juridiquement, le projet de loi dont les lacunes techniques sautaient aux yeux, avait disparu de l’agenda. Mais, depuis la mi-juillet 2016, il est à nouveau discuté en commission à l’Assemblée, dans sa version initiale. En dépit des objections argumentées qu’il a soulevées ; et malgré le fait que le mécanisme d’arbitrage prévu dans le cadre de l’IVD entre l’État et les opérateurs de la corruption a commencé à fonctionner, notamment avec le cas emblématique de Slim Chiboub, homme d’affaire et gendre de l’ancien président Ben Ali.

    Une mobilisation qui se structure

    Cette fois la mobilisation s’est davantage structurée. Un collectif national de 23 organisations tunisiennes s’est constitué. Parmi elles, l’Observatoire tunisien de l’économie (OTE), partenaire du CCFD-Terre Solidaire. « Nous avons donné un appui en terme de méthodologie de plaidoyer et d’argumentaire, explique Layla Riahi de l’OTE. Le noyau de la mobilisation reste "Manich Msemah". »

    Emna Mornagui, l’une des animatrices de "Manich Msemah" précise : « Nous avons envoyé une lettre aux députés pour les inviter à prendre leurs responsabilités et répondre aux attentes du peuple en matière de lutte contre la corruption. En particulier, nous soulignons le fait qu’ils sont appelés à débattre d’une projet dont le caractère inconstitutionnel a déjà été établi et que, sur un plan économique, l’impunité en terme de corruption contredit les attentes de toutes les organisations internationales. Le collectif dispose à présent d’un argumentaire juridique, économique et politique détaillé. Nous avons organisé une mobilisation à travers les régions et une marche nationale à Tunis le 25 juillet 2016 avec les organisations et les partis politiques qui ont rejoint la campagne. »

    « S’il est adopté, ce projet de loi sera le dernier clou sur le cercueil de la lutte contre l’impunité, déplore Cherif el Khadi, membre de l’association iWatch, spécialisée dans la lutte contre la corruption. Le développement ne peut passer sur le blanchiment des corrompus. Le message qui sera envoyé, c’est l’impuissance de l’État face à la fraude et à la corruption. Contrairement à ce qu’avancent les promoteurs du projet, il ne créera pas un climat favorable à la reprise des investissements. »

    Seule la justice transitionnelle peut empêcher la reproduction du système

    « La justice transitionnelle a d’abord comme objectif d’empêcher la reproduction du système, insiste Layla Riahi de l’OTE. Pour cela il faut établir la vérité, que les responsables rendent des comptes et réformer les structures qui ont rendu possible la corruption. La réconciliation ne se décrète pas à priori, c’est l’aboutissement de ce processus. »

    L’enjeu de ce projet de loi va donc bien au-delà de la seule impunité des responsables de l’ancien régime, c’est la reproduction d’un modèle économique et politique fondé sur la main mise du pouvoir sur l’activité au profit de quelques clans liés au pouvoir. En d’autres termes, un système mafieux.

    La société civile écartée

    Ce débat a révélé une autre dérive inquiétante. La commission parlementaire chargé d’examiner le projet a auditionné un certain nombre d’associations, dont iWatch : « Les députés ont écarté le sujet, s’indigne Mouheb Garoui, le directeur de l’association. Le débat a porté sur le rôle de la société civile. Les députés de la majorité nous ont reproché de ne pas être neutres, d’intervenir sur un sujet politique ! »

    Dans un contexte où le rôle de la société civile dans la transition démocratique joue aussi important, salué par le Prix Nobel de la paix en 2015, cette volonté de l’écarter constitue une régression.

    Thierry Brésillon

    Pour en savoir plus :

    La révolution tunisienne, cinq ans après, le désenchantement ?
    Le prix Nobel de la paix, une reconnaissance pour la société civile tunisienne

  • Tunisie : l’opposition du Front populaire à la coalition au pouvoir (Anti-k)

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    Ce positionnement confirme la retour du Front populaire au positionnement sur lequel il avait été fondé en octobre 2012 : l’opposition simultanée à la droite religieuse (Ennahdha) et à la droite issue de l’ancien régime (Nidaa Tounès).

     

    A l’heure où ces deux droites néo-libérales participent ensemble à la coalition au pouvoir, ce positionnement est plus actuel que jamais.  A partir de janvier 2014, le Front renoue avec son orientation initiale.

    Cette orientation est dans la lignée des positionnements successifs adoptés depuis le depuis deux ans et demi :

    – le refus de ses députés, le 29 janvier 2014, de voter la confiance au gouvernement néo-libéral de Jomàa qui a succédé à celui dirigé par Ennahdha,1

    – l’affirmation, le 11 décembre 2014, de la nécessité de combattre à la fois Nidaa et le duo Marzouki-Ennahdha lors du second tour de l’élection présidentielle, 2 

    – le refus, fin 2014, de voter la loi de finances 2015 et le budget qui en découle, 3 

    – le refus, en janvier 2015, de voter la confiance au gouvernement Nidaa-Ennahdha, et à plus forte raison d’y participer.

    – le refus en juin 2016 de participer au gouvernement d’union nationale proposé par Essebsi.

    Notes :

    1« L’orientation du Front populaire » (février 2014)

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article31234

    2« Déclaration du 11 décembre 2014 » :

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article33807

    3« Le débat à l’Assemblée sur le budget d’austérité » (11 décembre 2014)

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article33859

     

    Hamma Hammami : Le gouvernement sera forcé de réprimer les libertés pour passer des mesures douloureuses

    Exit Essid, la patate chaude refilée au prochain gouvernement !

    Le porte-parole du Front populaire (FP), Hamma Hammami, a estimé, dans une déclaration accordée à la TAP, lundi 1er août 2016, en marge du conseil régional du Parti des Travailleurs à Monastir, que « le prochain gouvernement échouera car il n’aura pas de nouvelles alternatives et un nouveau programme et sera forcé de réprimer les libertés pour faire passer des mesures douloureuses ».

    Il a ajouté, selon la même source, que « le gouvernement d’union nationale ne pourra pas venir à bout de la crise causée par les choix de la coalition au pouvoir, le gouvernement, la présidence de la République et la majorité au parlement ».

    Hamma Hammami a souligné que « le pays vit une crise de pouvoir global due à des choix erronés ».

    « Il n’y a pas de traitement nouveau à la crise et un débat sur ses véritables causes mais une tentative de mettre sur le dos du chef du gouvernement démissionnaire ses causes » a-t-il ajouté. « Sauver la Tunisie est possible et les mesures semblent claires, simples et à la portée, mais la problématique est d’ordre politique » a enfin estimé le porte-parole du FP.

    Rappelons que les élus du FP ont boycotté samedi, le vote de confiance pour le gouvernement Essid, estimant être « non concernés par ce vote ».

    M.B.Z (avec TAP) Dominique Lerouge le 02/08/2016

    http://www.anti-k.org/tunisie-lopposition-du-front-populaire-a-la-coalition-au-pouvoir

    http://www.businessnews.com.tn/hamma-hammami–le-gouvernement-sera-force-de-reprimer-les-libertes-pour-passer-des-mesures-douloureuses