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Tunisie - Page 13

  • Tunisie : « Nous avons perdu nos illusions, nos rêves sont réalistes » (Anti-k)

     

    Rim Ben Fraj, 31 ans, est Tunisienne, blogueuse, traductrice, éditrice, diplômée précaire, membre du réseau des traducteurs Tlaxcala. Elle travaille comme journaliste freelance. Elle a bien voulu répondre à nos questions.

    Milena Rampoldi : Quels sont les problèmes principaux de la jeune génération en Tunisie ?

    Rim Ben Fraj : La marginalisation économique, sociale et donc politique et culturelle. La jeunesse qui a fait la révolution n’a aucune représentation parlementaire ni gouvernementale, il y a au moins 250 mille diplômés au chômage. Le chômage frappe jusqu’à 80% des jeunes dans certaines régions. La seule alternative qui se présentait -l’immigration clandestine –a été rendue impossible par le mur électronique de Frontex en Méditerranée. Les jeunes qui refusent de se faire recruter par « Daech » n’ont plus que la révolte comme issue. Mais même s’ils se révoltent, l’État n’est pas en mesure de satisfaire leurs revendications : une des conditions posées par la Banque mondiale pour les crédits à la Tunisie est le blocage de nouvelles embauches dans la fonction publique. De plus le niveau de beaucoup de diplômés chômeurs est plutôt bas, à cause de la politique de Ben Ali, qui a facilité le passage du lycée à l’université pour améliorer les chiffres de la Tunisie dans l’index du développement humain. La privatisation par étapes de l’’enseignement et la corruption généralisée n’ont fait qu’aggraver la situation.

    Deux secteurs profitent de cette situation : les entreprises multinationales, principalement d’origine européenne, et les fondations occidentales, principalement allemandes et US. Les premières trouvent une main d’œuvre qualifiée bon marché pour travailler dans des usines proches du marché européen, les secondes recrutent des agents tunisiens pour mettre en œuvre leurs programmes d’influence (au nom de : droits humains, citoyenneté, womens’ empowerment, entrepreneuriat, médias citoyens etc.).

    Pratiquement, cela veut dire que si tu as 25 ans, un niveau bac +3 et que tu cherches du travail, tu as le choix entre travailler dans un Call-center 6 jours sur 7 pour 300 euros par mois, ou pour une association subventionnée, sans contrat ni couverture sociale, pour 400-500 euros par mois. Daech paye à peu près les mêmes salaires. Nos députés viennent de se voter une augmentation de salaire, ils vont gagner 2 000 euros par mois.

    La jeunesse marginalisée est constamment harcelée par la police, les pratiques policières de l’ère Ben Ali n’ont pratiquement pas changé : violences, détentions arbitraires, tortures et mauvais traitements, en un mot la HOGRA (mépris pour les déshérités) :

    Un exemple : un jeune de Kasserine ou de Gafsa ou de Jendouba (des villes de la Tunisie profonde), se trouve sur l’avenue Bourguiba au centre-ville de Tunis, il est interpellé par la police et dès qu’on voit sur sa carte d’identité d’où il vient et qu’il n’est pas tunisois, dans le meilleur des cas on se contente de l’insulter et de lui ordonner de rentrer « chez lui » , mais bien souvent il passera une nuit en cellule. Comme dit mon père, « pour se déplacer dans ce pays on a besoin d’un visa. ».

    Deuxième exemple : une femme de 30 ans rentre chez elle en taxi, seule ou accompagnée, vers minuit : elle est arrêtée par les flics qui lui demandent : « Pourquoi tu n’es pas encore chez toi à cette heure-ci ? » et la harcèlent au cas où elle rentre d’un bar, genre police des mœurs. L’interrogatoire commence : « Tes parents, ils sont au courant que tu bois de l’alcool ? C’est qui ce mec qui est avec toi ? Tu rentres avec lui ? Donne-moi le numéro de téléphone de ton père, on va lui dire que t’es saoule, tu sais que on peut te coller une affaire de prostitution ». L’un d’eux fait semblant d’écrire pour impressionner la victime. Celle-ci, si elle en a un, sort un billet de vingt dinars et ils s’en vont contents. Si elle n’a pas d’argent, elle va passer une heure à les supplier de la laisser repartir.

    MR : Que serait une vraie révolution pour la Tunisie ? Comment changer ce pays ?

    RBF : C’est la question à 100 000 euros ! Avant de se réaliser dans les rues, la révolution se fait dans les esprits. Et elle passe par la libération des corps. C’est un travail de longue haleine ; l’école nous a formatés pour devenir des « idiots spécialisés », des consommateurs endettés et des individus cloisonnés. La société nous enferme dans des cages. Le projet de Bourguiba – « je transformerai cette nébuleuse d’individus en une nation moderne » – a échoué, un peuple intelligent se retrouve opprimé par une caste de salopards ignorants. Chaque fois qu’il s’est révolté, il a été écrasé par ceux d’en haut et trahi par ceux qui prétendaient le représenter. Nous devons résoudre une contradiction : en nous coexistent un sentiment libertaire et un grand conservatisme, nous devons donc nous éduquer, nous rééduquer, encore et toujours.

    MR : Quels sont les meilleures stratégies pour faire entendre la voix des opprimés dans le pays ?

    RBF : Développer des projets coopératifs et horizontaux permettant de créer des alternatives économiques viables, qui permettent aux gens de vivre en autonomie. Communiquer largement sur les projets réussis et les outils nécessaires. Beaucoup de jeunes journalistes citoyens de la nouvelle génération semblent plus préoccupés par leur survie matérielle que par la diffusion d’informations à ceux et celles qui en ont vraiment besoin. Il faut développer des médias autonomes et alternatifs en « langue tunisienne », vu que le français et l’anglais sont difficilement compris par la majorité des Tunisiens. Et il ne faut pas rester enfermés dans Facebook, il faut retrouver les modes de communication directe.

    MR : Comment est-ce qu’on peut se référer à l’égalitarisme islamique pour le combat ?

    RBF : La plupart des partis se présentant comme islamistes, de la Turquie au Maroc en passant par la Tunisie, ne sont que des regroupements hétérogènes dirigés par une bourgeoisie affairiste voulant prendre la place des bourgeoisies bureaucratiques et policières au pouvoir. Leurs références à l’islam ne sont que des masques pour leurs intérêts de classe. L’islam pratiqué naturellement par les classes populaires, sans blabla idéologique, est plutôt égalitaire. Il fait partie des réflexes naturels dont il n’est pas nécessaire de parler pour qu’ils agissent.

    MR : Comment est-ce qu’on peut lier la lutte marxiste pour la justice sociale avec la lutte islamique pour la justice sociale ?

    RBF : Les idéologies ont fait assez de morts comme ça. La lutte pour la justice sociale ne doit pas s’arrêter à des frontières artificielles, elle doit se construire en partant des besoins communs à tous et à toutes, et pour la défense des biens communs.

    MR : Quels sont les trois points forts de la jeunesse tunisienne que vous donnent de l’espoir pour continuer votre combat pour justice, solidarité, liberté, travail ?

    RBF : Optimisme malgré tout, perte des illusions, remplacées par des rêves réalistes, et « Soumoud » (ténacité).

    Rim Ben Fraj, 31 ans, est Tunisienne, blogueuse (http://othertoons.blogspot.com/) traductrice, éditrice, diplômée précaire, membre du réseau des traducteurs Tlaxcala. Elle travaille comme journaliste freelance. Elle a bien voulu répondre à nos questions.

    Milena Rampoldi Écrivaine, traductrice, éditrice et militante des droits humains, Milena Rampoldi est née en 1973 à Bolzano/Bozen, dans le Haut-Adige/Tyrol du Sud italien, dans une famille bilingue et biculturelle. Elle est la fondatrice de l’association ProMosaik pour le dialogue interculturel et interreligieux, qui s’engage pour la paix et les droits humains. Elle est membre de Tlaxcala.

    CADTM – 12 février par Milena Rampoldi , Rim Ben Fraj

    http://www.anti-k.org/tunisie-nous-avons-perdu-nos-illusions-nos-reves-sont-realistes

  • L’Union européenne ne sait proposer que le libre-échange à la Tunisie (Essf)

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    Cinq ans après les révolutions arabes, les eurodéputés spécialisés dans les questions commerciales s’apprêtent à adopter mardi une résolution qui veut faire de l’accord de libre-échange en chantier avec la Tunisie « un partenariat politique » pour soutenir la jeune démocratie tunisienne.

    Mais les documents publiés en exclusivité par Mediapart, qui décrivent le point de départ des négociations déjà menées par la commission européenne à Tunis en 2015, laissent penser que les élus auront toutes les peines du monde à se faire entendre.

    Ce projet d’« accord de libre-échange approfondi et complet » (ALECA ou DCFTA) entre l’UE et la Tunisie est dans l’air depuis la chute du régime Ben Ali en 2011. Mais Tunis avait voulu attendre les élections de 2014, et la soi-disant « stabilisation » de son paysage politique, pour enclencher cette négociation clé pour l’avenir du pays. Le processus a vraiment été lancé en mai 2015, lors d’une visite du premier ministre tunisien, Habib Essid, à Bruxelles. Un accord plus modeste, qui libéralise les droits de douane pour certaines industries, existe déjà depuis 1995. Cette fois, l’accord doit porter sur les droits de douane (à réduire un peu plus), mais surtout sur les normes et régulations (à rapprocher entre les deux régions).

    Les eurodéputés qui suivent le dossier le promettent haut et fort : il n’est pas question de conclure un accord de libre-échange comme les autres. D’autant que les regains de tensions sociales, en janvier, ont rappelé à quel point la situation restait précaire en Tunisie, et les inégalités sociales colossales. « Cet accord ne peut pas être seulement commercial, il doit être politique, pour vraiment aider la Tunisie et les Tunisiens et soutenir leur développement économique », prévient Marielle de Sarnez (UDI-MoDem), rapporteure du texte. « C’est un partenariat politique qui vise à encourager la transition démocratique dans un contexte qu’on connaît troublé, renchérit un autre Français, le socialiste Emmanuel Maurel. Ce qui implique que l’accord soit asymétrique et progressif. »

    « Asymétrique », c’est-à-dire que l’accord pourrait ouvrir davantage les marchés européens aux Tunisiens, que les marchés tunisiens aux Européens. « C’est d’abord pour la Tunisie », résume de Sarnez. « On ne va pas imposer aux Tunisiens des règles qu’on imposerait aux Américains ou aux Canadiens », assure Maurel. Et « progressif », parce que « l’état d’esprit de la négociation, ce n’est pas du tout d’imposer une ouverture là tout de suite maintenant, l’idée, c’est que la Tunisie en sorte gagnante ».

    Le problème de ces discours prudents du côté du parlement européen, c’est qu’ils cadrent mal avec la réalité des négociations. Mediapart a pris connaissance des premières versions de dix chapitres du futur traité, rédigées en français par la commission. Ces textes – à télécharger en intégralité sous l’onglet Prolonger de l’article – ont été finalisés à Bruxelles en juillet 2015, et présentés aux experts tunisiens lors du premier « round » de négociations, en octobre 2015 à Tunis. La prochaine rencontre entre Européens et Tunisiens devrait avoir lieu « après Pâques », fait-on savoir du côté de la commission.

    Dans son compte-rendu (pdf, 146.2 kB) des négociations d’octobre, la commission fait état de discussions encore « préliminaires » et – selon la formule habituelle – « ouvertes et constructives ». Mais les documents publiés par Mediapart, à analyser avec précaution puisqu’ils remontent à l’été dernier, montrent que la commission est arrivée à Tunis avec, dans ses bagages, un projet déjà avancé, extrêmement précis par endroits, qui semble calqué sur le modèle de n’importe quel traité de libre-échange conclu par l’UE. Difficile de voir quelles seront les marges de manœuvre offertes à la démocratie tunisienne pour négocier cet accord…

    Certains jugeront l’anecdote révélatrice : à plusieurs endroits du texte, il est question du Maroc, et non de la Tunisie, ce qui laisse penser que le copié-collé de l’accord de libre-échange négocié avec Rabat semble avoir marché à plein (par exemple l’annexe 3 du chapitre sur les droits à la propriété intellectuelle, ou encore les articles 42 et 52 du chapitre sur les services).

    À Tunis, des activistes s’inquiètent d’un texte où l’UE imposerait ses vues de A à Z. « Il faut bien comprendre le déséquilibre flagrant entre ces deux partenaires. On a un géant économique d’un côté, un État minuscule de l’autre. Le PIB par habitant est huit fois supérieur en Europe à celui en Tunisie », met en garde Azzam Mahjoub, un universitaire tunisien auteur d’un rapport l’an dernier sur le sujet pour une ONG, le Réseau euro-méditerranéen des droits de l’homme. « La Tunisie représente 1 % à peine de l’ensemble du commerce extérieur de l’UE, alors que l’UE représente près des trois quarts du commerce extérieur pour la Tunisie… »

    « Le gouvernement tunisien n’est plus provisoire, mais on ne peut pas dire qu’il soit stable pour autant. Il n’a pas encore formulé de vraie vision pour l’avenir, et il va falloir repenser le modèle économique du pays », prévient, de son côté, Abdeljelil Bédoui, membre du comité directeur du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux, qui a été consulté par l’UE en amont des négociations. À ses yeux, « le modèle néolibéral, qui repose sur une logique marchande, ne peut pas réaliser les objectifs en matière économique et sociale qui ont été fixés dans la nouvelle constitution ». Bref, Tunis devrait d’abord engager un vaste débat sur le développement du pays, avant de s’engager dans une négociation périlleuse avec l’UE.

    À la lecture des documents, l’accord en gestation, assez proche dans sa structure de textes comme celui conclu avec la Corée du Sud (en vigueur depuis 2011), insiste très souvent sur la nécessité d’un transfert – à sens unique – des normes européennes vers la Tunisie. C’est particulièrement net dans le chapitre consacré à la concurrence, où des pans du droit européen de la concurrence sont repris tels quels dans le texte (voir l’article 1.3, qui fait des traités européens et de la jurisprudence de la Cour européenne de justice les références en dernier ressort). Cela peut s’avérer constructif, s’il s’agit de contrer des cartels entre entreprises qui voudraient s’entendre sur les prix. Mais c’est plus problématique lorsque cela permet de bloquer toute aide d’État en soutien à un secteur ou une entreprise. La Tunisie consent à se doter, d’ici un laps de temps à négocier, d’une autorité indépendante chargée d’évaluer la légalité des aides d’État, conformément aux critères européens (article 3.1.b).

    Ailleurs, la logique est identique, et c’est à chaque fois la Tunisie, sous couvert de « rapprochement des législations », qui semble devoir consentir les vrais efforts.

    Dans le chapitre consacré à l’énergie : « Dans la mise en œuvre de ce chapitre, la Tunisie veille à rendre progressivement ses législations existantes et futures dans ce domaine compatibles avec l’acquis de l’UE quand nécessaire et approprié » (article 11). Ou celui sur les « mesures sanitaires et phytosanitaires » : « La Tunisie procède au rapprochement progressif de sa réglementation sanitaire et phytosanitaire à l’acquis de l’UE » (article 6). À l’inverse, cette toute première mouture du texte semble très peu contraignante pour l’UE. Dans le chapitre sur les investissements, les entreprises étrangères ne sont par exemple pas contraintes d’employer un minimum de travailleurs locaux (« Aucune Partie ne peut imposer (…) de recruter un nombre donné ou un pourcentage donné de ses ressortissants » : chapitre 2, section 1, article 7).

    À ce stade, le texte ne contient pas de mécanisme d’arbitrage – ce système qui autorise une multinationale étrangère à attaquer un État en justice –, dit ISDS dans le jargon juridico-commercial. Un article le prévoit (article 4 du chapitre concurrence), mais il reste à compléter. À l’été 2015, la polémique faisait rage sur le recours à l’ISDS dans le traité avec les États-Unis (elle s’est depuis apaisée). Ce qui explique sans doute la prudence, alors, des négociateurs européens sur le sujet. Dans le même ordre d’idées, une section entière est prévue pour encadrer le « secret des affaires », autre dossier très sensible à Bruxelles, mais elle est là encore laissée vierge (section 3 du chapitre sur la propriété intellectuelle).

    « Les négociateurs européens souhaitent le pur et simple transfert des normes de l’UE à la Tunisie. La marge de manœuvre laissée aux Tunisiens pour construire leur propre système normatif est très faible », s’inquiète Amélie Canonne, spécialiste des questions commerciales au sein de l’AITEC, une association française de solidarité internationale. Elle ajoute que « nous avons déjà entendu cent fois les promesses de transparence ou de consultation, mais dans les faits, c’est toujours l’UE qui impose sa rationalité et ses exigences aux pays plus faibles, qui n’ont rien à y gagner ».

    En Tunisie, le débat ne fait que commencer. Il devrait s’intensifier cette année. « Pour le moment, le débat n’est pas sérieux. La Tunisie doit au moins mener sa propre étude d’impact sur l’offre présentée par l’UE », estime Abdeljelil Bédoui, du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux. « Pour l’instant, les seules études qui existent ont été commandées par l’Union européenne auprès d’un bureau d’études qui publie systématiquement des conclusions positives pour n’importe quel accord, avec n’importe quel pays. »

    L’universitaire Azzam Mahjoub regrette lui aussi l’absence d’études en profondeur du sujet. « Les Tunisiens, ces cinq dernières années, ont eu vraiment d’autres chats à fouetter. Les gens sont plutôt prudents sur le sujet pour le moment. Mais il y aura sans aucun doute un débat houleux au niveau du parlement. » Pour lui, l’UE devrait opérer une différence, dans la manière dont elle négocie ses accords de libre-échange, « entre des États qui s’engagent résolument vers une certaine convergence avec les valeurs démocratiques de l’UE et les autres ». Il plaide pour des « accords de solidarité », qui iraient plus loin que la simple politique de voisinage de l’UE, et autoriseraient, pourquoi pas, un accès à certains fonds structurels d’ordinaire réservés à l’UE.

    Il regrette également l’absence de stratégie collective – jusqu’à présent – du Maroc, de la Tunisie, de l’Égypte et de la Jordanie, qui tous ont négocié ou sont en train de négocier des accords de libre-échange avec l’UE. « Il ne faut pas toujours renvoyer la balle au camp adverse : il y a clairement un défaut de solidarité Sud-Sud, une coordination zéro, qui nous empêche de négocier dans de meilleures conditions avec Bruxelles », juge-t-il.

    À l’instar du traité avec les États-Unis, les eurodéputés, tout comme leurs homologues à Tunis, auront le dernier mot : ils pourront valider ou rejeter le texte définitif sorti des négociations. Dans sa résolution (à télécharger ici (pdf, 490.5 kB)), qui devrait faire l’objet d’un vote très large, aux environs du 15 février, en commission « commerce international » du parlement européen, Marielle de Sarnez défend en particulier la création d’une « commission mixte » intégrant 15 eurodéputés et autant de députés tunisiens, afin de superviser le chantier (mais ce sont bien les experts de la commission européenne et du gouvernement tunisien qui sont en charge de la négociation technique).

    La résolution réclame aussi la publication du mandat de négociation. Comme pour l’accord avec les États-Unis, dont le texte d’origine est longtemps resté secret, la commission assure être partante pour publier le mandat, mais renvoie la balle au conseil européen, où certaines capitales bloqueraient la publication du texte. L’Allemand Martin Schulz, président du parlement européen, s’est rendu en Tunisie, du 8 au 10 février.

    Du côté de l’exécutif de Jean-Claude Juncker, où quelque 27 personnes travaillent, avec des degrés d’investissement divers, sur le texte, on assure partager le même souci d’un « accord asymétrique », et l’on rappelle que la politique commerciale de l’UE a toujours intégré des enjeux politiques et diplomatiques. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les premiers documents de la négociation permettent d’en douter. 

    , par LAMANT Ludovic

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    1. Emploi d’un membre de chaque famille sans tenir compte du père ou de la mère, et ce dans le cadre de règles justes et équitables pour l’ensemble des chômeurs.

    2. Mise en application d’un classement préférentiel dans les recrutements selon les spécialités, l’année de l’obtention du diplôme, l’âge et le gouvernorat.

    3. L’application d’une discrimination positive pour les chômeurs de longue durée, les malades, les chômeurs âgés de plus de 35 ans et les cas sociaux.

    4. L’abaissement de l’âge de départ à la retraite pour permettre l’embauche des jeunes.

    5. L’octroi d’une indemnité de chômage égale au salaire minimum en vigueur ainsi que le bénéfice de la couverture sociale, de la gratuité des soins et du transport durant la période du chômage et la suppression des dispositifs précaires mis en place actuellement comme le travail volontaire ou les stagiaires professionnels.

    6. Mise en place de mesures d’exception dans les conditions d’âges requises dans le recrutement dans la fonction publique surtout celles en vigueur aux ministères de l’intérieur et de la défense.

    7. La restructuration de la Société Nationale de Cellulose et de Papier Alfa ainsi que la réouverture des unités fermées et leur modernisation afin qu’elles puissent pourvoir à l’embauche des jeunes chômeurs.

    8. L’attribution de terres domaniales au profit de projets agricoles pour les jeunes chômeurs.

    9. L’examen de la situation de la société pétrolière SEREPT et la société du phosphate de Jedliane afin d’accroitre les possibilités de recrutement dans ces deux sociétés.

    10. Création de sociétés publiques à l’instar de la société la Société Nationale de Cellulose et de Papier Alfa, et ce, dans le secteur des industries de transformation employant beaucoup de main d’œuvre.

    11. Recrutement statutaire des recrutés dans la fonction publique selon différents dispositifs précaires tels les professeurs contractuels en alternance, le dispositif n° 16, les chantiers ; et l’examen des listes d’attente des lauréats des concours de CAPES oraux et écrits.

    12. Augmentation du taux des chômeurs dans les recrutements et publications de toutes les données concernant les critères et les résultats des opérations de recrutement afin de garantir toute la transparence nécessaire.

    13. Publication de tous les engagements du gouvernement vis-à-vis des « sit-inneurs » dans le journal officiel de la République tunisienne, afin d’éviter les erreurs de communications car aujourd’hui la crédibilité ne prévaut que par l’écrit.

    Kasserine, le 25 janvier r2016

    الجمعية التونسية للدفاع عن طالبي الشغل بالقصرين
    Association Tunisienne de Défense des Demandeurs d’Emploi Kasserine

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article36018

  • Tunisie: Les six jours qui ont de nouveau fait trembler l’ordre néocolonial (NPA)

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    Un calme relatif règne sur la Tunisie, après 6 jours de colère qui ont replongé le pays dans l’atmosphère insurrectionnelle de janvier 2011...

    C’est la crise de l’emploi qui a mis, de nouveau, le feu aux poudres ! Et ce sont encore des jeunes, notamment des « diplômés-chômeurs» qui se sont soulevés contre un gouvernement soumis aux ordres du capital mondial. Celui-ci poursuit la même politique économique et sociale qui ne cesse  d’alimenter la ruine économique et le chaos social.

    La nouvelle explosion de colère des sans-emploi a débuté le 17 janvier à Kasserine1, à la suite du décès du jeune diplômé-chômeur Ridha Yahyaoui lors d’une action de protestation. Très rapidement, la contestation a embrasé l’ensemble du pays. L’ampleur et la rapidité d’extension du mouvement, mais aussi les violences qu’il a déchaînées, ont poussé le pouvoir à décréter un couvre-feu sur l’ensemble du territoire2. Ce dernier a permis un retour au calme après des affrontements et des heurts violents entre manifestants et forces de l’ordre.

    Les dégâts sont importants : un policier est décédé et on dénombre plusieurs centaines de blessés des deux côtés. Le couvre-feu s’est traduit par l’arrestation de plus de 500 personnes, tous des malfaiteurs et des casseurs selon le ministère de l’Intérieur.

    Un mouvement discrédité, voire criminalisé

    Les crimes du système économique et social, qui ont poussé les classes populaires et la jeunesse à l’insurrection révolutionnaire il y a cinq ans, à savoir le chômage des diplômés du supérieur, le sous-emploi de masse et la misère généralisée, ont connu une extension phénoménale après la révolution. Le taux de chômage se situe officiellement à 15,3 %. Le sous-emploi touche deux actifs occupés sur trois. Le nombre de familles répertoriées comme étant extrêmement pauvres et bénéficiant des programmes d’aides de l’État, s’élève à 834 000 familles, soit environ 42 % de la population. Dans le même temps, beaucoup d’autres familles pauvres sont exclues de ce statut qui garantit un minimum vital3.

    Le chômage des diplômés du supérieur a augmenté de 71 % depuis 2010 : leur nombre est passé de 139 000 à 242 000 en 20154. Parmi eux, 34 000 médecins, pharmaciens et ingénieurs. Dans le même temps, plus de 100 000 sont en situation de chômage déguisé, insérés dans des programmes créés à cet effet.
    Le gouvernement, les quatre partis de la coalition gouvernementale, ainsi qu’une bonne partie de la presse ont tenté de discréditer, voire de criminaliser, la révolte des jeunes sans emploi. Le Front populaire, quant à lui, n’a pas hésité à soutenir le mouvement, reconnaissant même qu’il y est impliqué.

    Cette nouvelle révolte a remis à l’ordre du jour la grave crise sociale dans laquelle ne cesse de s’enliser la Tunisie. Elle a démontré aussi que le processus révolutionnaire conserve toute sa vigueur, malgré un bilan largement négatif. Plusieurs sit-in se poursuivent et réclament des réponses claires et rapides à un gouvernement très affaibli et aux abois. Des appels ont été lancés pour la reprise des manifestations.

    De Tunis, Fathi Chamkhi
    Député Front populaire

    • 1. Kasserine est une ville du sud-ouest, située à environ 280 km de Tunis.
    • 2. Le couvre-feu de 20h à 5h a été mis en place le 22 janvier. Il renforce ainsi l’état d’urgence en vigueur jusqu’au 21 février 2016.
    • 3. Une pension mensuelle d’environ 68 euros par famille (150 000 familles), plus un carnet de soins médicaux gratuits (232 000 familles) ou bien à demi-tarif (602 000 familles), des aides à la scolarité : 13 euros par élève (333 000 élèves) à chaque rentrée scolaire, et 45 euros par étudiant (40 000) à l’occasion de la rentrée universitaire.
    • 4. http ://www.ins.nat.tn/indexfr.php

    https://npa2009.org/tunisie-les-six-jours-qui-ont-de-nouveau-fait-trembler-lordre-neocolonial

     
  • Tunisie : la colère des jeunes chômeurs (Lutte Ouvrière)

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    Les mouvements de colère se multiplient dans les gouvernorats du centre-ouest de la Tunisie.

    La ville de Kasserine, en particulier, connaît une vague de protestations des chômeurs, qui réclament des emplois, le développement de la région et la fin de la corruption. Des manifestations et sit-in se sont déroulés dans une vingtaine de villes.

    À l’origine de cette récente flambée, il y a la mort, le 16 janvier, d’un jeune chômeur qui s’est tué en escaladant un poteau électrique lors d’un rassemblement. Son nom, comme d’autres noms, avait été retiré par l’administration d’une liste d’embauchés. Le même désespoir touche des milliers d’autres jeunes, comme ceux qui, grimpés pendant le rassemblement sur le toit de la préfecture, menaçaient de se jeter dans le vide.

    Face à la colère qui s’exprime à Kasserine, Sidi Bouzid, Siliana, villes où le chômage atteint près de 25 % et l’analphabétisme 32 %, et jusque dans les faubourgs de Tunis, les gaz lacrymogènes et l’appel à la patience sont la seule réponse du gouvernement. Le pouvoir, aux mains du parti de droite Nidaa Tounès, secondé par la parti islamiste Ennahda, déplore ne pas posséder de « baguette magique » pour régler la situation des classes travailleuses. À part des promesses de créations d’emplois et de formations, les jeunes chômeurs ne voient rien venir.

    Les prix grimpent, les grèves pour les salaires se développent dans les transports, les aéroports, le phosphate.

    L’état d’urgence proclamé depuis novembre dernier, à la suite d’un attentat meurtrier à Tunis, ne fait pas taire les protestations de la jeunesse ouvrière, pas plus que le couvre-feu instauré récemment.

    La promesse d’une aide financière d’un milliard d’euros est venue de la France, dont les groupes capitalistes ne voient pas d’un bon œil le mécontentement monter en Tunisie. Cette aide sera étalée sur cinq ans et représentera chaque année moins que le prix de deux Rafale. Il reste aussi à voir qui en seront les vrais bénéficiaires. En tout cas, elle fera au mieux l’effet d’un sparadrap sur une plaie béante.

    Viviane LAFONT 27 Janvier 2016
     
  • Tunisie. Ils veulent un autre ordre social. Eux, veulent l’ordre (A L'Encontre.ch)

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    Par Henda Chenaoui

    Le Conseil de sécurité nationale de Tunisie s’est réuni, le 25 janvier 2016, au Palais de Carthage sous la présidence du président de la République, Béji Caïd Essebsi (BCE), pour l’évaluation de la situation sécuritaire dans le pays.?La réunion s’est déroulée en présence du président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), Mohamed Ennaceur, du chef du gouvernement Habib Essid, des membres du Conseil supérieur des armées, ainsi que de plusieurs hauts cadres sécuritaires, outre des membres du gouvernement et des députés de l’ARP, indique un communiqué de la présidence de la République. Autrement dit, face au mouvement social, «l’ordre» est réclamé par les sommets de l’armée, par les ex-bénalistes, ainsi que par ceux (Ennhada) qui «négocient» avec le pouvoir, tant l’ordre social est propre à leur programme socio-économique, Dès novembre 2015, la vieille garde se retrouve à la Sécurité nationale: Abderrahmane Belhaj Ali.

    Abderrahmane Belhaj Ali

    A. Belhaj Ali

    Ce dernier, très tôt, a attiré l’attention Zine el-Abidine Ben Ali, ancien directeur de la Sûreté devenu ministre de l’Intérieur. A sa prise de pouvoir, le 7 novembre 1987, Ben Ali fait de Belhaj Ali son directeur de la sécurité présidentielle. Ironie de l’histoire: déjà, à l’époque, il succède à Rafik Chelly, resté fidèle à Habib Bourguiba. Belhaj Ali officie à ce poste jusqu’en 2001, quand Leïla Ben Ali (femme influente de Ben Ali, du clan Trabelsi) commence à éloigner le premier cercle formé, depuis 1987, autour de son époux. «Déplacé» en Mauritanie il va compléter sa formation dans ce pays. Il sera aux premières loges du nouvel ordre que vise à imposer ECB qui doit faire face à une résistance sociale d’ampleur que décrit Henda Chenaoui. (Rédaction A l’Encontre)

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    Entre Kasserine, Sidi Bouzid et Tunis, le mouvement social revendiquant travail et développement régional continue à rassembler des milliers de citoyens. Ce lundi, 25 janvier, les manifestations ont eu lieu à Kasserine, Sidi Bouzid, Regueb, Jebeniana, Hamma, Gafsa, Jendouba, Ghardimaou, Tibar, Siliana, Beja, Jendouba, le Kef et Tunis. Les manifestations et rassemblements ont conservé leur aspect pacifique dans toutes les régions.

    Là où tout a commencé le 16 janvier 2016 les jeunes chômeurs continuent leur sit-in au siège du gouvernorat pour revendiquer le développement régional et l’emploi. Dans un communiqué publié hier dimanche 24 janvier, ils se réjouissent «de l’échec des tentatives d’infiltration et de récupération des demandes légitimes du sit-in et de tout le mouvement social pacifique». Les chômeurs ont condamné «la surdité du gouvernement face à nos demandes d’ouverture d’un dialogue». Ils ont exprimé leur refus catégorique du «traitement hautain et centralisé des problématiques de la région de Kasserine et de sa jeunesse». Ils rappellent enfin leur détermination à affronter «le système de la corruption et de la bureaucratie qui a marginalisé depuis des années notre région et qui essaie à nouveau d’ignorer notre existence dans les programmes de développement».

    Dans les régions, la dignité passe par le travail et le développement

    A Sidi Bouzid, une manifestation a eu lieu ce matin, lundi 25 janvier, rassemblant des dizaines de personnes. Organisée par l’Union des diplômés chômeurs, le bureau régional de l’UGTT et le bureau régional de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme, la manifestation s’est dirigée vers le siège du gouvernorat où les manifestants ont demandé à rencontrer le gouverneur. «Ce dernier nous a promis, la semaine dernière, une réunion pour recevoir nos demandes de développement et d’emplois. Mais il a tout annulé à la dernière minute sans explications», selon Atef Affi, membre de l’UDC (Union des diplômés chômeurs) à Sidi Bouzid. Le bureau régional de l’UDC a appelé le pouvoir central à régler la question de l’emploi précaire et à confier la gestion des concours publics à une commission indépendante où la société civile doit être représentée.

    Le rassemblement des jeunes chômeurs de la région a été réprimé par la police qui «a aspergé les manifestants de gaz lacrymogène et a attaqué même les passants à coups de matraques», témoigne Atef Affi. En même temps, des jeunes chômeurs ont entamé, ce matin, un sit-in au siège de la délégation de Regueb (40 km de Sidi Bouzid) pour demander le développement régional, l’emploi et l’ouverture du dossier de la corruption.

    À Jebeniana (Sfax), une grande manifestation a eu lieu, cet après-midi, au centre-ville, appelant à ouvrir le dossier du développement et de l’emploi mais aussi à la démission du gouvernement actuel. Deux sit-in se poursuivent aux sièges de la municipalité et de la délégation depuis mardi 19 janvier.

    hamma

    À El Hamma (Gabes), les manifestants ont barré la route nationale n°16 qui relie Gabes à Kebili pour exiger d’être reçus par les responsables locaux. Selon radio Tatouine toutes les administrations locales ont été fermées durant la journée.

    À Gafsa, plusieurs manifestations pacifiques ont eu lieu, aujourd’hui, rassemblant les diplômés chômeurs et les ouvriers des chantiers. Toujours avec les mêmes demandes, les manifestants ont appelé à l’application de la discrimination positive envers les régions défavorisées.

    Au nord-ouest, plusieurs délégations dans les gouvernorats de Jendouba, Siliana, Béja et le Kef ont continué à manifester pour les mêmes raisons. À Jendouba, des sit-in ont démarré, dès ce matin, dans de nombreuses délégations. À GharDimaou, Tibar et Siliana, les diplômés chômeurs ont manifesté pour rappeler leur droit à l’emploi et au développement régional.

    Deux grèves de la faim à Tunis

    Quinze employés diplômés de la Société Tunisienne de l’Électricité et du Gaz continuent leur 22e jour de grève de la faim devant le siège de la compagnie, rue Kamel Ataturk à Tunis. Un rassemblement de soutien, organisé par les militants de Manich Msamah, a eu lieu ce midi. Les grévistes de la faim demandent de régler leurs situations financière et administrative.

    À la Kasbah, une dizaine de jeunes diplômés chômeurs se sont rassemblés pour rappeler les demandes du mouvement social revendiquant travail et développement. Malgré la forte présence policière, aucune agression n’a été enregistrée durant ce rassemblement pacifique.

    Le samedi 22 janvier, huit jeunes de Bouzayane (Sidi Bouzid) ont entamé une grève de la faim au siège de la Ligue tunisienne des droits de l’homme. à Tunis. Les grévistes demandent la mise en application immédiate d’un accord de l’année dernière pour l’emploi. Un sit-in a eu lieu à Bouzayane durant 47 jours suivi d’une grève de la faim du 22 avril au 4 juin 2015. Les deux actions ont débouché sur un accord d’embauche pour 64 jeunes de la région dans la fonction publique.

    L’accord a été signé par le ministère des Affaires sociales, le secrétaire général adjoint de l’UGTT (Union générale tunisienne du travail), Bouali Mbarki, un membre de la LTDH et deux députées de la région Mbarka Aouinia (Front Populaire) et Nozha Bayaoui (Initiative Nationale). «Mais la liste a été modifiée et les autorités locales ont supprimé huit noms. Nous continuerons notre grève de la faim jusqu’à l’application de l’accord du 4 juin 2015 dans son intégralité», nous explique Akram Dhif Allah, un des grévistes de la faim. (25 janvier 2016, dans nawaa)

    Publié par Alencontre le 27 - janvier - 2016

    Henda Chenaoui est journaliste indépendante, spécialiste en mouvements sociaux et nouvelles formes de résistance civile. Elle s’intéresse à l’observation et l’explication de l’actualité sociale et économique qui passe inaperçue.

    http://alencontre.org/moyenorient/tunisie-ils-veulent-un-autre-ordre-social-eux-veulent-lordre