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Tunisie - Page 17

  • Arrêt des poursuites contre l’avocat tunisien Ali Kalthoum (Essf)

    Communiqué

    L’Union syndicale Solidaires exprime son entière solidarité avec Maître Ali Kalthoum, déféré le 3 novembre devant le juge d’instruction.
    Infatigable défenseur des droits de l’Homme sous le régime de Ben Ali, cet avocat de Gafsa avait notamment été un des organisateurs de la défense des prévenus dans les procès ayant suivi le soulèvement du bassin minier de 2008.

    Ali Kalthoum est aujourd’hui poursuivi pour son action en tant que membre du comité cherchant à faire toute la lumière sur l’assassinat, le 6 février 2013, du leader de gauche Chokri Belaïd.
    Il lui est notamment reproché d’avoir affirmé que le juge d’instruction chargé de l’enquête avait couvert des personnes impliquées dans cet affaire.

    L’Union syndicale Solidaires s’élève contre le retour de pratiques de l’époque Ben Ali et participera aux actions de soutien à Maître Ali Kalthoum.

    Paris, le 4 novembre 2015 , par Union syndicale Solidaires

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  • Tunisie : Gouvernement Essid, l’échec inévitable (Essf)

    Résultat de recherche d'images pour "essid humour tunisie"

    Voilà près d’une année que les noces démocratiques - les élections législatives d’octobre 2014 - furent consommées et le gouvernement de Mr. Habib Essid n’a pratiquement rien prouvé en termes d’aptitudes à gérer le pays.
    Sa stérilité programmatique est si manifeste qu’elle n’a pas échappé à l’œil averti de la grande manitou du Fonds Monétaire International (FMI), Christine Lagarde, lors de son récent passage en Tunisie.

    Celle-ci, ayant relevé l’incapacité du gouvernement à entreprendre quelque réforme que ce soit dans le cadre du programme « stand-by arrangement », s’est résolue non sans diplomatie à repousser la date butoir pour la mise en œuvre du panel de réformes structurelles préconisé par son institution au 15 décembre 2015. Ce qui laisse entendre qu’elle a interprété le fait comme une sorte de laxisme gouvernemental (tkarkir) et qu’il fallait laisser du temps au temps.
    Sauf que cet immobilisme énigmatique devant la catastrophe économique annoncée trouve ses raisons ailleurs et n’est même pas soutenable par la thèse des mains amputées avancée par le ministre démissionnaire repenti Lazhar Akremi.

    En dépit du soutien du quadriumvirat Nida-Ennahdha-Afek-El Horr qui lui assure ses arrières avec une majorité confortable à l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP), et composé d’un aréopage de ministres capables de diriger plus d’un Etat (dixit B.C.Essebsi !), ce gouvernement léonin n’a fait depuis son investiture qu’invoquer les circonstances atténuantes pour se dérober à ses engagements électoraux, ou se consoler de ne pouvoir entreprendre autre chose que des mesures douloureuses.
    Visiblement, ce n’est pas la fragilité de son assise politique ou l’incompétence de ses ressources humaines qui l’ont condamné à l’inertie. A l’instar des quasi gouvernements qui l’ont précédé, c’est plutôt son obstination à vouloir passer l’éléphant social dans le chas de l’aiguille de l’économie libérale outrancière.

    Ce dilemme, nos dirigeants, Frères musulmans et Libéraux, l’ont résolu en s’asseyant entre deux chaises alors qu’il fallait trancher, franchir le Rubicon dans un sens ou dans l’autre. Soit dans le sens thatchérien du chômage naturel et du partenariat pour le privé (PPP - partenariat public privé), soit dans le sens jaurésien d’un Etat social entreprenant et entrepreneur qui régule les transgressions de l’économie de marché et pondère le libre arbitre en les convergeant vers un bien être social et régional communs.

    Et même secoué par les injonctions de Mme Lagarde, celui-ci persiste encore à entretenir cette ambivalence paralysante caractéristique d’un gouvernement à la grecque s’essayant à prendre d’assaut les dernières tranchées sociales sans y laisser sa crédibilité électorale.

    Dans l’obligation pressante de faire quelque chose pour sauver les meubles, le gouvernement s’est donc empressé d’annoncer en grande pompe un plan stratégique de développement 2016-2020 qui vise, selon les ambitions de ses promoteurs, non rien moins qu’un nouveau modèle de développement capable de renflouer l’économie nationale avec des taux de croissance dignes de la Chine.
    Une sorte de plan hybride sans Gosplan, étatiste et libéral à la fois, qui consiste à réaliser la transition économique, les objectifs socioéconomiques de la révolution, par le biais du moteur rôdé de l’investissement privé. Ce plan devant être opérationnel fin décembre 2015, coïncidant étrangement avec la mise en demeure notifiée par le FMI.

    Un plan de développement quinquennal, qu’il soit impératif ou incitatif pour le secteur privé, est par essence le fait d’un Etat interventionniste aux antipodes d’un Etat en voie de libérer totalement l’économie tunisienne telle que la conçoit Mohsen Marzouk, secrétaire général du parti associé au pouvoir Nida Tounes.

    Dès lors, si l’intention de l’architecte et clairon de ce stratagème, le Ministre du Développement Yacine Brahim, n’est pas uniquement d’éditer une « note d’orientation », un énième livre blanc révélant sa vision platonique de la Tunisie de demain, celui-ci devra s’essouffler à matérialiser une stratégie de développement axée sur l’abattement des disparités sociales et régionales qui se déploie sous la dictature de l’économie de marché et des objectifs monétaires et budgétaires fixés par le FMI.
    D’ailleurs le projet de loi de Finances 2016 s’inscrit dans la lignée de ses prédécesseurs en faisant fi de cette fameuse note d’orientation aussi inutile qu’inapplicable et vient à propos pour étayer cette argumentation, que le plan quinquennal n’est en fin de compte qu’une officielle tromperie.
    Même s’il n’y avait pas à gérer les déséquilibres macroéconomiques, le terrorisme, le diktat des créanciers, le legs de la Troïka et autres dommages collatéraux de la démocratie parlementaire, il ne peut y avoir de programme économique et social planifié véritable en dehors d’un Etat social ; cette matrice dans laquelle on peut ordonner méthodiquement les déterminants de ce plan stratégique de développement.

    Dans les conditions actuelles de la Tunisie telle qu’elle a été malmenée depuis le 14 janvier 2011, cette assertion n’est ni une position idéologique ni un nouveau paradigme. C’est une nécessité économique et historique qui d’autant plus est la seule interprétation dans la pratique des objectifs de la révolution condensés dans la trilogie Emploi (tachghil), Liberté, Dignité Nationale.
    Si l’Etat social peut être contenu dans une définition, on peut citer celle qu’en donne l’économiste français Ch. Ramaux qui l’identifie par quatre piliers, à savoir, « la protection sociale, la régulation des rapports de travail, les services publics et les politiques économiques (des revenus, budgétaire, monétaire, industrielle, commerciale, etc.) de soutien à l’activité et à l’emploi ».

    Toute la causerie littéraire qui a été déversée sur la « révolution du jasmin » bêchait dans la soif de démocratie et la théorie du complot sans saisir que la chute du régime de Ben Ali fût avant tout la conséquence de l’ébranlement de ces quatre piliers de l’Etat social par un modèle économique que même le quadriumvirat reconnait aujourd’hui à juste titre comme épuisé sans pour autant reconnaitre qu’il s’agit de l’échec du modèle néolibéral.

    Un modèle prônant explicitement le déclin volontaire du secteur public et où l’Etat réduit à ses fonctions régaliennes ne représente économiquement qu’une « béquille du secteur privé ».
    Pour mesurer l’ampleur de cette régression du rôle social de l’Etat il suffit de mentionner que le budget de l’Education nationale, l’école publique, est passé en une génération de 33% à 13% du budget global d’un Etat qui pesait à l’époque pour 60% de l’économie nationale. Chaque citoyen tunisien qui n’a pas connu l’exil doré de notre classe politique a dans sa vie vécu à ses dépens un quart de siècle d’effritement quotidien de l’Etat social dans les bus jaunes, les urgences des hôpitaux et les latrines infectes de l’école publique.

    Le délabrement des services publics, le chômage massif des diplômés, l’agonie des régions intérieures, la nudité sociale des retraités, le déclassement de la classe moyenne, les droits bafoués des travailleurs de la sous-traitance, l’extinction progressive des artisans et des petits agriculteurs, les assauts répétés contre l’Union Générale des Tunisienne du Travail (UGTT), en somme, c’est cette négation des piliers de l’Etat social qui a sonné le glas du régime politique.
    Outre que cette typologie d’Etat, et pour ainsi dire, même sous sa forme ponctuelle et non démocratique, les Tunisiens l’ont vécue et l’ont chèrement défendue (émeutes du pain 1984) et c’est ce qu’ils ont instinctivement essayé de rétablir lors du 14 janvier : la négation de la négation.

    La restauration de l’Etat social sur des bases qualitatives auquel cas devait correspondre un nouveau mode de gouvernance démocratique alternatif englobant et transcendant le minima de la démocratie parlementaire.
    Seulement, en raison de plusieurs facteurs concomitants, cette occasion qui s’est présentée un certain 17 décembre 2010 pour sortir le pays du mal développement a vite dégénéré en déconfiture de l’Etat rendant par conséquent sa réforme impraticable. Un front de lutte factice opposant les partisans respectifs d’un Etat civil quelconque et d’un Etat théocratique cauchemardesque a fini par avoir raison des citoyens réclamant un Etat, leur Etat, capable de fournir à un hameau isolé de l’eau courante ou d’embaucher un chômeur diplômé par famille nécessiteuse.
    Les droits économiques et sociaux tenaillés par cet équilibre de la terreur islamo-libérale ne sont plus désormais que du poivre dans la sauce de la Constitution qui en revanche institutionnalise le système de l’actionnariat politique, la partitocratie, cette forme de gouvernement sans réelle séparation des pouvoirs qui s’est appropriée certaines prérogatives de l’Etat pour les transformer en autant de pans de pouvoir inféodés qui a des contrebandiers et qui a des ambassades.
    La dérive mafieuse de l’Etat dévoilée récemment par les politiciens pentiti (mafieux repentis) ne se ressource par conséquent que dans le libéralisme outrancier secondé par ce régime partitocratique en continuité avec l’ancien régime du parti unique dans le cadre d’un Etat libéral affaiblit.

    Ce n’est pas par hasard que l’école économique néolibérale et la pègre organisée soient toutes deux issues de Chicago. La privatisation des biens confisqués et des sociétés fleurons de la famille régente estimés à 40 % du patrimoine national, et qui pouvaient constituer un levier économique étatique important, s’est transformée en une gigantesque braderie sans pudeur où même les slips de Leila Ben Ali ont été mis aux enchères.
    L’explosion de l’économie parallèle, soit l’économie qui ne paie pas les impôts, est une suite logique d’une démarche hystérique néolibérale qui réclame moins d’impôts et moins d’Etat, la déréglementation poussée à l’extrême. La liberté de circulation des capitaux fait approuver par l’ARP des emprunts à des taux d’intérêt de 6 % qui incluent la commission des ministres. Et la liste n’est pas exhaustive.
    Dans cette atmosphère délétère, bien que le Premier ministre soit reconnu pour son sérieux, il n’y a pas lieu de s’étonner de l’échec inévitable du gouvernement Essid et du contenu évasif de son plan quinquennal qui s’attribue « d’édifier un projet civilisationnel en positionnant l’économie dans les chaînes de valeurs à l’échelle mondiale (?) » avec pour seul indice en croissance celui de la corruption et des activités interlopes.
    Tant que la nature de l’Etat et du système politique qui vont contenir, orienter et servir sa démarche économique ne seront pas remis en cause, le champ de manœuvre gouvernemental, que les ministres soient manchots ou pas, est un reliquat de pouvoir qui n’autorise tout au plus que la gestion des affaires courantes.

    Sept gouvernements successifs ont ignoré cette vérité élémentaire que le développement humain, l’inclusion sociale et la concrétisation des ambitions des régions auxquels fait allusion la note d’orientation ne sont pas le propre d’une dynamique du secteur privé qui finit par dégénérer en lumpencapitalisme dans l’absence d’un Etat régulateur.
    Dans les années 70, l’impulsion donnée au secteur privé par le gouvernement Hedi Nouira a permis un développement rapide parce quelle s’est vue contenue par un rôle accru de l’Etat qui a guidé les investissements privés vers des secteurs spécifiques tout en maintenant le rôle prépondérant du secteur public dans l’activité économique. La planification, le système des subventions, le contrôle des prix, la sécurité sociale élaborée, les conventions collectives étaient pourtant l’œuvre de dirigeants aux idées libérales comme Mansour Moalla, alors ministre du Plan, mais assez intelligents pour ne pas tomber dans le piège du laissez-faire.
    Toutefois, cette démarche a montré ses limites car elle s’exerçait dans la matrice d’un Etat centralisé non démocratique qui fluctuait économiquement entre Etat Providence et Etat libéral.
    Ce qui nous ramène à la question récurrente du lien dialectique entre, d’une part, la nature de l’Etat et le régime politique qui le sous-tend et, d’autre part, la stratégie économique envisagée. Escamoter cette question, ne pas résoudre ce dilemme, c’est être condamné à l’immobilisme et foncer tête baissée vers le chaos.
    Voilà pourquoi le gouvernement Essid est toujours ancré à la case départ. Si réellement il entendait mener à bien une politique économique de soutien à l’activité, à l’emploi et aux régions, au lieu de s’adresser aux ministres pour qu’ils identifient chacun dans son domaine cinq urgences à régler, il aurait dû d’abord commencer par désemboîter comme des poupées russes les dérives néolibérales des institutions issues de la transition politique qui vont à l’encontre des objectifs de la révolution.

    Pour cela il aurait fallu la volonté et le courage de Chokri Belaïd, l’unique leader politique qui a fait de l’Etat social démocratique son cheval de bataille pour contrecarrer cette dérive mafieuse et qu’il a payé de sa vie. Or Mr. Habib Essid n’a ni l’une ni l’autre.  mardi 27 octobre 2015, par DAHI Saber

    * Saber Dahi est Secrétaire Général de l’Association Œconomie et co-fondateur du groupe d’action et réflexion Forces de la Tunisie Libre.
    Ancien opposant à Ben Ali, il avait notamment milité à l’époque de la dictature dans l’organisation clandestine OCR.
    Article paru sur http://www.huffpostmaghreb.com/saber-dahi-/gouvernement-essid-lechec_b_8397318.html

    * Autres articles concernant la Tunisie http://www.europe-solidaire.org/spip.php?rubrique130
    Certains d’entre eux sont uniquement accessibles en cliquant sur « sous-rubriques » (A gauche, Economie, Ennahdha-islamisme, Femme, Histoire, Syndicalisme).

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article36179

  • Djerba Spéculation sur les déchets : la face cachée du tourisme de masse (Basta)

    Côté face, des plages de sable fin et de grands complexes hôteliers. Côté pile, un tourisme générant des milliers de tonnes de déchets mal gérés par les autorités publiques.

    L’Île de Djerba qui accuse déjà les effets des actes terroristes en Tunisie, souffre d’un mal de plus en plus visible : l’eau, l’air et les sols sont contaminés par les métaux lourds s’échappant de la profusion de décharges illégales. Deux entreprises, dont une filiale de Suez Environnement, se partagent le marché des déchets. Elles en tirent une manne juteuse en privilégiant l’enfouissement plutôt que la valorisation. Basta ! est allé à la rencontre de citoyens tunisiens qui se mobilisent pour redonner du pouvoir aux municipalités et favoriser le tri à la source.

    Une odeur irrespirable, qui vous prend à la gorge. Des montagnes de déchets à perte de vue, d’où s’échappent des fumées de gaz toxique liés à la décomposition. Le vol de centaines de mouettes à la recherche de nourriture entrecoupe celui des sacs plastiques, à quelques mètres seulement de la mer... Dans ce no man’s land surgissent des chiffonniers fouillant dans les détritus. Cette décharge de l’île de Djerba, dans le Sud de la Tunisie, s’étend sur une superficie équivalente à plusieurs terrains de football, au bord de la mer Méditerranée. Ces déchets viennent en partie des grands hôtels internationaux qui se dressent le long de la côte, à cinq minutes seulement en voiture de la décharge. Le Riu, l’Aladin, le Club Med, le Vincci... Ces établissements aux allures de palais, qui comptent chacun entre 500 et 900 lits, proposent des tarifs relativement abordables pour les touristes des pays du Nord.

    Ces hôtels ont longtemps fait rêver les voyageurs européens qui se sont massés pendant près d’un demi-siècle sur l’île aux Sables d’or, comme la surnommait Gustave Flaubert. C’était la belle époque du tourisme tunisien, des années 1970 aux années 2000, avant la révolution tunisienne, la baisse de la fréquentation, la peur du terrorisme. La concurrence acharnée – les hôtels et agences de voyage ont sans cesse tenter de diminuer les prix – a entraîné une chute de la rentabilité de ces complexes hôteliers. Ces derniers sont de moins en mois occupés et entretenus, mais la pression sur l’environnement provoquée par l’afflux de touristes est de plus en plus perceptible. Avec des décharges à perte de vue gagnant toujours un peu plus du terrain.

    Pollution de l’eau et maladies respiratoires

    La qualité de l’eau est susceptible d’être touchée par ces décharges sauvages ou officielles. « Les nappes se situent à 10 mètres du sol, explique Chedly Ben Messaoud, le président de Djerba Ulysse, une association sociale, environnementale et culturelle. Si les déchets sont enfouis, il y a un risque pour la qualité de l’eau. La pluie draine les métaux lourds dans les réserves d’eau. » Les déchets provoqueraient aussi des problèmes sanitaires. Les maladies respiratoires seraient nombreuses. À défaut d’étude épidémiologique, les 12 000 habitants de Guellala – une ville située sur la côte sud de l’île où étaient acheminés jusqu’en 2012 une bonne partie des déchets de l’île – ont été marqués par la prolifération d’une espèce de mouche. « Tout ce que cette mouche touchait pourrissait, la viande en particulier », se rappelle Ahmed Rhouma, président de l’association Djerba Action.

    C’est le visage même de l’île qui est victime de cet amoncellement de déchets. Du côté d’Houmt Souk, le chef-lieu administratif de Djerba, des déchets médicaux et organiques, ainsi que des emballages en plastique et en carton, s’amoncellent entre une rangée d’arbres et la mer. Des dépôts anarchiques à l’air libre. À quelques mètres, une décharge gérée par la collectivité est en cours de remplissage. Une géomembrane noire a été déposée sur le sol de cette immense fosse. De la terre viendra recouvrir les tonnes de détritus entreposés à cet endroit. En attendant, les sacs en plastique s’envolent dans les champs voisins.


    De quoi déclencher la colère des Djerbiens qui se sont mobilisés à plusieurs reprises, entre 2011 et 2014. Grève générale, affrontements avec les forces de l’ordre, grande marche de contestation, et un slogan, en 2012, quelques mois après la révolution tunisienne : « La poubelle, dégage ! ». Suite aux contestations, la principale décharge de l’île, celle de Guellala, a été fermée. Mais sans solution des collectivités, les déchets des Djerbiens se sont retrouvés dans des dépôts sauvages, dissimulés un peu partout sur l’île.

    Le tourisme de masse... et ses déchets

    Comment en est-on arrivés là ? Première explication : le tourisme et la pression démographique qu’il a entraînée. « Djerba, ce sont 134 000 habitants en hiver, le double en été, note Chedly Ben Messaoud. Avant, on disait de Djerba que son air était si pur qu’il empêchait de mourir. Aujourd’hui, la dénaturation de l’île est irréversible. L’agriculture a été abandonnée au profit du tourisme de masse. » D’une dizaine d’hôtels de grande envergure au début des années 1970, Djerba en compte désormais 120 ! « En une vingtaine d’années, ils ont été multipliés par quatre, sans tenir compte de la fragilité de l’île. » L’été, de nombreux Tunisiens affluent du continent pour travailler dans ces hôtels. En haute-saison, l’île génère plus de 200 tonnes de déchets par jour, contre 120 tonnes le reste de l’année. « La transformation démographique ajoutée aux infrastructures [des quartiers se sont construits autour des hôtels] n’ont pas été suivis d’une gestion adaptée des déchets », estime Ahmed Rhouma.

    Mais la pression démographique n’explique pas tout. C’est aussi la gestion calamiteuse des déchets par les autorités publiques qui est en cause. Sur l’île de 500 km2 – cinq fois la superficie de Paris –, les poubelles sont généralement ramassées par les municipalités, rassemblées dans un centre de transfert géré par l’Agence nationale de gestion des déchets (Anged), avant d’être transférées vers des sites de compactage ou d’enfouissement. Pas de tri en aval ou en amont. Les déchets organiques (70% des détritus) ne sont pas récupérés ou compostés. Les lixiviats, ces liquides qui résultent des déchets, ne sont pas traités et s’échappent dans l’environnement. « Dès qu’il pleut, les matières organiques se mélangent avec les métaux lourds et cela contamine les nappes », explique Chedly Ben Messaoud.

    Des acteurs privés pour des solutions très lucratives

    Qui s’occupe de la gestion des déchets ? Des acteurs privés dont Segor, possédé à 40% par Cita, une filiale de la multinationale française Suez Environnement. Cette entreprise aurait obtenu un contrat de deux ans pour traiter 50 000 tonnes de déchets par an, à 50 dinars la tonne (environ 22 euros). La solution mise en avant par Segor ? Le compactage des déchets sous la forme de ballots, 100 000 au total, grâce à une enrubanneuse. « Les liquides peuvent s’échapper au moment du compactage, avance Ahmed Rhouma. Personne ne parle de drainage. » L’entreprise Segor, qui n’a pas donné suite aux appels de Basta !, s’en chargera-t-elle ? Une fois enrubannés, ces détritus sont enfouis dans des fosses officiellement protégées par des géomembranes.

    Une technique d’enfouissement dénoncée par des associations et des experts. Non écologique, coûteuse... et favorisant la production de déchets au lieu d’encourager leur diminution. « Tout ce que ces entreprises font, c’est peser les camions qui entrent dans la décharge, raconte Morched Garbouj, ingénieur en environnement et président de l’association environnementale SOS Biaa. Au lieu de faire le tri, on met tout, c’est une stratégie calamiteuse. » Dans la décharge du grand Tunis, 3 000 tonnes de déchets arrivent tous les jours. « Faites le calcul, à 12 euros la tonne à enfouir, ça fait 36 000 euros par jour sans rien débourser. Certains amènent du sable pour augmenter le poids des déchets. » Les lixiviats ne sont généralement pas traités. Certains sont stockés dans des bassins à l’air libre, ou déversés dans la nature ou dans les cours d’eau.

    Un gâteau à partager

    Deux grosses entreprises se partagent le gâteau de la gestion des déchets en Tunisie. Il y a d’une part Segor qui s’occupe du sud du pays et dont les actionnaires principaux sont Cita (40 %) et SCET Tunisie (50 %), un cabinet d’études et de conseil sur les politiques de déchets. « C’est un conflit d’intérêt flagrant », dénonce Morched Garbouj. On trouve aussi Ecoti, une société italienne, qui intervient dans le centre du pays et dans le grand Tunis, suite au départ de Pizzorno environnement [1]. Cette entreprise française a quitté la Tunisie suite à un scandale de corruption en 2007, sous le régime de Ben Ali. Tous ces acteurs n’ont pas intérêt à ce que les déchets soient réduits... et prônent donc la poursuite de l’enfouissement, alors même que cette technique est abandonnée dans les pays européens.

    Pour bien comprendre ce qui se joue en Tunisie, il faut remonter en 2005. Jusqu’à cette date, ce sont les communes qui gèrent les déchets. Mais Ben Ali assure alors vouloir imiter les pays européens en dotant le pays d’une stratégie nationale de gestion des déchets. « Au lieu de doter les communes de moyens financiers, on crée l’Agence nationale de gestion des déchets (Anged) », relate Morched Garbouj. Objectif affiché : apporter une assistance technique et financière, grâce à des experts compétents et étrangers... « Différents États, comme la Corée du Sud, et institutions [2] ont envoyé de l’argent à l’Anged pour améliorer cette gestion des déchets », raconte Morched Garbouj. Des dizaines de millions d’euros affluent, des crédits à taux bonifiés... Rapidement, l’Anged rend des études concluant à l’intérêt de l’enfouissement. Des décharges sont construites, des contrats sont passés avec des entreprises chinoises, allemandes... « On nous a dit qu’il fallait apprendre le travail des étrangers, souligne Morched Garbouj. Ben Ali assurait que la Tunisie allait devenir le leader arabe en matière de gestion des déchets. »

    « Une véritable mafia de l’environnement »

    La réalité est toute autre. Petit à petit, les communes qui géraient l’ensemble des déchets ne deviennent qu’un intermédiaire et se retrouvent uniquement en charge de la collecte des déchets. Les entreprises privées gèrent les décharges et assurent la dernière étape, la plus lucrative : l’enfouissement. « L’État tunisien leur met à disposition les infrastructures, les camions, les employés, l’essence, explique Morched Garbouj. On a découvert que l’exploitant n’investit rien. Les autorités nous disent que l’on ment. On leur demande les contrats passés avec ces entreprises privées. Elles ne souhaitent pas nous les communiquer. C’est une véritable mafia de l’environnement. »

    Face à cette situation, des citoyens réunis en associations se mobilisent pour mieux gérer les déchets. Premier défi : redonner du pouvoir aux municipalités et éviter ainsi que les responsabilités ne soient diluées. « Il faudrait que ces fonds donnés aux agences soient transférés vers les communes », estime Morched Garbouj. Deuxième défi : traiter en amont la question des déchets. « La seule solution, c’est de valoriser les déchets [majoritairement organiques] par nous-mêmes, de développer le compostage et le tri à la source », indique Ahmed Rhouma. Du compost qui pourrait servir ensuite pour les espaces verts des complexes hôteliers.

    Un projet de valorisation des déchets abandonné

    Le compostage, c’est l’objectif du projet de coopération internationale développé en partenariat avec le département de l’Hérault. 500 000 euros devaient être investis pour construire une usine de valorisation des déchets [3]. « L’idée est de valoriser les bio-déchets des hôtels, de produire du compost qui sert ensuite à améliorer les sols, et de réaliser un transfert de compétences entre le syndicat de gestion des déchets Centre-Hérault et les autorités tunisiennes », explique Marie Doutremepuich, du service de la coopération décentralisée de l’Hérault. Mais le projet, dont le premier emplacement choisi a été contesté, a pris du retard. La structure métallique devra donc être déplacée dans les prochains mois. Un projet pilote a déjà été réalisé à Houmt Souk, la plus grande ville de l’île.

    Mais c’est aussi à un changement des mentalités et des pratiques individuelles qu’appellent les associations de défense de l’environnement. « Nos parents ne jetaient pas les matières organiques dans les poubelles », se souvient Chedly Ben Messaoud. « Nous souhaitons lancer une campagne pour que les sacs plastiques soient supprimés des commerces », lance Ahmed Rhouma, dont l’association travaille auprès des écoles pour sensibiliser autour de cette question. Enfin, quelques hôtels semblent avoir mis en place un système de tri des déchets [4]. Mais c’est certainement la baisse de la fréquentation touristique de l’île, suite aux attentats de mars et juin 2015, qui aura le plus fort impact sur la quantité des déchets de Djerba.

    Texte : Sophie Chapelle et Simon Gouin par Nathalie Crubézy, 26 octobre 2015

    Notes

    [1A lire : l’article de Rue89.

    [2Parmi lesquels le Programme des nations unies pour le développement, l’Agence française du développement et l’Union Européenne.

    [4A lire : l’article de Libération.

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  • Tunisie : A propos du prix Nobel de la paix, retour sur la crise de 2013 (Essf)

    L’attribution du prix Nobel de la paix s’est accompagnée d’un subit regain d’intérêt pour la situation en Tunisie. Le projecteur a été en particulier braqué sur la façon dont la coalition dirigée par le parti islamiste Ennahdha a été amenée a quitter le pouvoir en janvier 2014. Il convient donc de revenir sur ce processus.

    Une vague de fond anti-Ennahdha

    En 2012 et 2013, la politique des gouvernements à direction islamiste (1) avait été centrée sur les objectifs suivants :
    - poursuivre la politique néo-libérale dont les effets avaient été une des causes de la révolution,
    - noyauter l’appareil d’Etat, islamiser la Constitution, remettre en cause les droits des femmes,
    - organiser et/ou couvrir les violences contre le mouvement social et la gauche.

    Dans ce cadre, des milices islamistes avaient été mises sur pieds, dont les « Ligues de protection de la révolution » (LPR). Des prédicateurs islamistes du Moyen-Orient parmi les plus rétrogrades, circulaient librement en Tunisie. Ils étaient accueillis officiellement au palais présidentiel par Marzouki, tout comme les responsables des LPR. (2)

    D’importantes mobilisations ont eu lieu contre les tentatives du pouvoir de remettre en cause des droits des femmes, ainsi que contre les violences émanant des milices islamistes et/ou du pouvoir (tir à la chevrotine de la police sur la population de Siliana, attaque du siège de l’UGTT, assassinat de deux dirigeants du Front populaire, etc). (3)

    Suite à l’assassinat du 25 juillet, une vague d’hostilité envers Ennahdha a traversé le pays et d’immenses mobilisations ont eu lieu. (4) En toile de fond, l’Egypte avec les formidables manifestations de juin contre le gouvernement islamiste, suivies de leur dégagement par l’armée de l’ancien régime, ainsi que le spectre du scénario lybien.
    Fathi Chamkhi explique : « Le Front populaire, qui regroupe l’essentiel de organisations politiques de gauche, a dans un premier temps réagi vigoureusement, appelant même à l’insurrection. Il s’est ensuite tout de suite rétracté sous la pression de Nida Tounes (5), pour finalement rester dans les limites du respect de l’ordre et de la légalité établie ». (6) Le Front a alors décidé de former une alliance avec toutes les forces s’opposant au parti islamiste au pouvoir au sein d’un éphémère « Front de salut national » (FSN) (7) dont un des principaux objectifs était la mise en place d’un « gouvernement de salut national » pour remplacer celui d’Ennahdha. (8)

    Le départ des islamistes du pouvoir

    Mais en final, c’est la formule de « dialogue national » incluant Ennahdha, proposée avec constance depuis juin 2012 par les dirigeants de l’UGTT, (9) qui s’est imposée. A partir de la mi-septembre ce « dialogue » s’est progressivement mis en place sous l’égide d’un « Quartet » composé de l’UGTT, du syndicat patronal UTICA, de la Ligue tunisienne pour la défense des droits l’Homme, et de l’Ordre des avocats.

    Lâché de toutes parts, Ennahdha a compris qu’il n’avait pas d’autre solution que de quitter le gouvernement. Il voulait ainsi éviter de subir le même sort que ses cousins égyptiens, sauvegarder ses positions acquises au sein de l’appareil d’Etat, et garder une chance de revenir ultérieurement au pouvoir. Ennahdha a également renoncé aux mesures rétrogrades qu’il voulait initialement inclure dans la nouvelle Constitution et a même accepté quelques avancées. (10)

    Fathi Chamkhi explique (11) : « En fait, ce sont les chancelleries européennes, notamment française, allemande, britannique, mais aussi étasunienne, qui étaient les vraies maîtresses du jeu. Pour preuve le fait qu’elles ont réussi à imposer le chef de gouvernement qu’elles ont voulu, à savoir l’ultra-libéral Mehdi Jomàa, cadre supérieur franco-tunisien d’une filiale de la multinationale pétrolière française Total ». Comme l’a titré à l’époque le quotidien « Le Monde », Jomàa a été « un nouveau premier ministre nommé sous la pression occidentale ». (12) Dans ce cadre, la décision d’accorder le prix Nobel au Quartet a un sérieux parfum de retour d’ascenseur.

    Epilogue

    Ennahdha s’était résigné en janvier 2014 à sortir par la porte avant que le toit de la maison ne s’effondre sur sa tête. Il est revenu au gouvernement par la fenêtre un an plus tard à l’invitation de Nidaa, son ennemi proclamé pendant près de trois ans ! (13)
    La lutte pour le leadership qui avait auparavant opposé ces deux partis s’est effacée devant ce qui les rassemble : accentuer la politique néo-libérale, chercher à juguler les grèves, restreindre les libertés.
    Avec en prime pour Nidaa Tounès, parti se situant dans la continuité du pouvoir en place avant 2011, la volonté de blanchir les corrompus de cette époque. (14) 13 octobre 2015

    Notes :

    1. Deux autres partis étaient associés au pouvoir d’Ennahdha : le CPR de Marzouki à qui avait été accordée la présidence de la République, Ettakatol (section tunisienne de l’Internationale socialiste), dirigé par Ben Jafaar, à qui avait été attribuée la présidence de l’Assemblée constituante.

    2. http://www.kapitalis.com/politique/14124-le-palais-de-carthage-deroule-le-tapis-rouge-au-predicateur-wahhabite-nabil-al-awadi.html
    http://www.businessnews.com.tn/Tunisie---Une-délégation-des-LPR,-avec-«-Recoba-»,-chez-Marzouki-au-palais-de-Carthage,520,35636,3

    3. En novembre 2012, la police a tiré à la chevrotine sur la population de Siliana. Le 4 décembre 2012, des milices islamistes ont attaqué le siège national de l’UGTT. Le 6 février 2013, un dirigeant du Front populaire, Chokri Belaïd, a été assassiné devant son domicile. Il en a été de même le 26 juillet pour Mohamed Brahmi, un autre dirigeant du Front populaire.

    4. Fathi Chamkhi : « Une lame de fond anti-Frères Musulmans secoue la Tunisie » - (31 août 2013) http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article29845

    5. Nidaa Tounès a été lancé en juin 2012 autour d’anciens responsables du parti de Bourguiba et Ben Ali, dont Beji Caïd Essebsi.

    6. Fathi Chamkhi est militant de RAID (Attac et Cadtm en Tunisie). Membre de la LGO (trotskiste). Il est députés du Front populaire depuis octobre 2014. Propos recueillis le 29 septembre 2015.

    7. Voir « Entre le déjà plus et le pas encore »,
    Inprecor no 597, http://orta.dynalias.org/inprecor/home ou http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article29844

    8. Déclaration constitutive du Front de salut national (26 juillet) http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article29377

    9. « L’initiative de l’UGTT sur le lancement d’un conseil de dialogue national » (18 juin 2012)
    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article26202

    10. La nouvelle Constitution a été promulguée en janvier 2014. Suite à d’intenses mobilisations, en ont été exclus les reculs que comptaient y inscrire initialement les islamistes, comme par exemple la référence à la charia ou l’infériorisation des femmes. Malgré ses limites, cette Constitution inclut quelques avancées, comme par exemple la liberté de conscience et la condamnation pénale du takfir (accusation d’avoir renié l’Islam pouvant servir à justifier la mise à mort). http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article31234

    11. Propos de Fathi Chamkhi recueillis le 29 septembre 2015.

    12. « Un nouveau premier ministre nommé sous la pression occidentale » (Le Monde, 16 décembre 2016) http://www.lemonde.fr/tunisie/article/2013/12/16/tunisie-un-nouveau-premier-ministre-nomme-sous-la-pression-occidentale_4334890_1466522.html

    13. Participent également au pouvoir l’UPL autour de l’affairiste douteux Slim Riahi, et le parti ultra-libéral Afek Tounès.
    « La »normalisation« est lancée » (11 février 2015) http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article34582

    14. Concernant le projet de blanchiment des corrompus de l’ère Ben Ali, voir notamment :
    * sur la place de cette mobilisation dans la situation politique
    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article36020
    * sur les mobilisations avant le 8 septembre
    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article35989
    * sur les mobilisations entre le 8 et le 21 septembre (dont les manifestations du 12),
    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article36012

     

    Autres articles concernant la Tunisie http://www.europe-solidaire.org/spip.php?rubrique130
    Cliquer sur « sous-rubriques » pour accéder à celles-ci (A gauche, Economie, Ennahdha, islamisme, Femme, Histoire, Syndicalisme).

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article36083

  • Tunisie: libération immédiate des condamnés de Sidi Bouzid (Npa)

    sidi b.jpg

    Les média sont intarissables sur l'attribution du prix Nobel de la paix à quatre organisations tunisiennes présentées comme ayant permis à la Tunisie d'éviter la guerre civile.

    Ils "oublient" en général d'ajouter que le pouvoir ayant ensuite vu le jour a pour principales préoccupations de permettre la consolidation de "l'ordre néo-libéral", de "blanchir" les corrompus de l'ère Ben Ali, de combattre les revendications sociales et de restreindre les libertés.

    Témoin en est la répression frappant des militants se battant pour des revendications sociales qui constituaient une des principales bases de la révolution de 2011.

    Samedi 10 octobre, par exemple, 11 condamnations à 8 mois de prison fermes ont été prononcées par le tribunal de Sidi-Bouzid, la ville qui a été le point de départ de la révolution.

    Les "crimes" dont les 11 condamnés sont accusés sont d'avoir :

    - participé à des manifestations organisées par l'Union des diplômés chômeurs (UDC),

    - pris part ou organisé des protestations sociales,

    - photographié ou filmé des manifestations.

    L'un d'entre eux est même accusé d’avoir photographié une manifestation alors qu’il subissait au même moment une opération chirurgicale à l’hôpital de Sousse !

    Le NPA apporte son entière solidarité aux 11 condamnés de Sidi Bouzid. Il participera aux actions engagées pour obtenir :

    - leur libération immédiate et sans conditions,

    - l’abandon de toutes les accusations portées contre eux.

    Montreuil, le 11 octobre 2015

    http://npa2009.org/communique/liberation-immediate-des-condamnes-de-sidi-bouzid

  • Tunisie: déclaration d’Hamma Hammami à l’occasion du troisième anniversaire de la fondation du Front populaire (Essf)

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    Le Front populaire, le garant du sauvetage de la Tunisie et de la réalisation des objectifs de la révolution.

    Le Front populaire commémore aujourd’hui, 7 octobre 2015, le troisième anniversaire de sa fondation. Ces trois années d’existence ont été pleines de luttes et de sacrifices, aux côtés du peuple tunisien et des forces démocratiques et progressistes, pour résister aux plans des forces réactionnaires, qu’elles soient de l’intérieur ou de l’extérieur du pays. Celles-ci visaient à contourner le processus révolutionnaire et démolir ses acquis, et faire revenir la Tunisie à la case de la tyrannie, de la corruption et de la dépendance.

    Le Front populaire a contribué de manière effective à sauver le pays de la gouvernance de la troïka (1), qui a conduit le pays au bord de l’abîme. Il a simultanément contribué à imposer une Constitution démocratique (2) qui garantit aux Tunisiens et aux Tunisiennes leurs libertés et leurs droits fondamentaux.

    Cela a coûté au Front populaire le martyre de deux dirigeants emblématiques, Chokri Belaïd (3) et Haj Mohamed Brahmi (4), qui ont été frappés par les mains du terrorisme noir, dans le cadre d’un plan visant à démanteler l’Etat et à déchirer l’unité du peuple et du pays. Ce terrorisme noir voulait imposer le dictat des gangs terroristes takfiris, (5) soutenus dans la région et au niveau international par les milieux ultraréactionnaires arabes et les puissances néo-coloniales.
    Le Front populaire a également subi le martyre de deux de ses meilleurs militants à Gafsa et à Kasserine, les martyrs Mohamed Bel Mufti (6) et Majdi Ajlani. (7)

    Cependant, en dépit des acquis réalisés dans le processus révolutionnaire, le pays n’est pas encore sorti du tunnel. Il se retrouve depuis les dernières élections législatives et présidentielles (de fin 2014) sous le pouvoir d’une coalition droitière réactionnaire, basée essentiellement sur l’alliance Nidaa - Ennahda. Sa mission est de contourner complètement la révolution et de reproduire un régime autoritaire garantissant les intérêts des minorités locales réactionnaires et de nombreuses forces régionales et internationales. Ces forces extérieures s’immiscent ouvertement dans les affaires nationales et font supporter aux masses laborieuses la facture d’une crise économique qu’elles n’ont pas causée.

    Ceci est d’autant plus clair au regard de l’empressement du gouvernement de contournement de la révolution à faire passer des orientations économiques impopulaires. Celles-ci aggravent la dépendance et la soumission aux milieux financiers mondiaux prédateurs, l’expansion de la pauvreté, la marginalisation et les inégalités entre les groupes sociaux, et perpétuent le système de corruption.

    En voici quelques exemples :

    * le dernier budget complémentaire,
    * le projet de document d’orientation pour les cinq prochaines années,
    * le projet de loi sur la « réconciliation » économique et financière, qui vise à blanchir la corruption et miner la justice transitionnelle,
    * le projet de loi de partenariat entre les secteurs public et privé, qui vise à favoriser le démantèlement et la liquidation du secteur public,
    * l’extension de l’âge de la retraite à 65 ans, pour faire supporter aux salariés la crise des fonds de sécurité sociale...

    Dans le cadre de cette orientation socio-économique, et pour protéger ses propres intérêts, la coalition au pouvoir :

    * fait revenir plusieurs symboles de l’ancien régime à l’activité dans un certain nombre d’institutions ;
    * tarde à instaurer de nouvelles institutions de l’Etat en conformité avec la nouvelle Constitution ;
    * traîne à réformer les systèmes judiciaire, sécuritaire et administratif ;
    * tarde à régler le dossier des martyrs et blessés de la révolution,
    * tergiverse sur la divulgation de la vérité sur l’assassinat des symboles du Front populaire, les martyrs Chokri Belaïd et Haj Mohamed Brahmi ;
    * entrave la tenue du Congrès national pour la lutte contre le terrorisme afin de brouiller les faits qui entourent l’évolution de ce phénomène dans notre pays et la responsabilité en ce domaine du Mouvement Ennahda ;
    * adopte un système de quotas dans les nominations au sein de l’administration et des institutions, sans prendre en compte le principe de qualification ;
    * prend des mesures et des positions qui portent atteinte à la souveraineté nationale et à l’indépendance de la décision nationale (traité de partenariat avec les Etats-Unis, adhésion subite à la « coalition internationale contre le terrorisme »...)

    Tout cela se passe dans un environnement marqué par :

    * une recrudescence de la criminalisation des luttes sociales,
    * le harcèlement des travailleurs et de leur organisation syndicale, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT),
    * le lancement de campagnes effrénées contre le Front populaire et les forces civiles, démocratiques et progressistes dans une tentative de les exclure, de les marginaliser pour mieux s’en prendre au peuple, aux masses laborieuses, aux pauvres, aux régions défavorisées et marginalisées.

    Simultanément, les tensions et les problèmes se sont exacerbés surtout par l’amplification du rôle destructeur des mafias financières et des médias. Des mafias qui cherchent par tous les moyens malveillants et ignobles à empoisonner l’atmosphère générale dans le pays en diffusant des rumeurs et en semant la peur et le doute. Leur but est d’anéantir ainsi la stabilité afin de ne pas avoir à rendre des comptes et d’échapper à toutes poursuites.

    Le Front populaire a assumé sa responsabilité dans des circonstances difficiles. Il s’est toujours adressé au peuple avec un discours de franchise et de vérité. Il a fait face à tous les complots et à toutes les manœuvres qui se tramaient contre lui. Le Front populaire saisit aujourd’hui l’occasion du troisième anniversaire de sa fondation pour :

    • Saluer toutes les militantes et tous les militants ainsi que ses ses ami.e.s, pour leurs efforts et sacrifices visant à préserver le Front populaire, permettre son élargissement et consolider son influence. Il les invite à consentir plus d’efforts et à serrer les rangs pour garantir la réussite de sa troisième conférence nationale afin qu’elle soit à la hauteur des grandes tâches qu’imposent les conditions dangereuses que traversent notre pays et la région dans son ensemble ;

    • Réitérer sa détermination à continuer dans la voie tracée par ses martyrs et les martyrs de la nation en général, la voie de la lutte par les moyens civils pacifiques garantis par la Constitution. Une voie destinée à faire face au processus de contournement, et créer les conditions favorables à la réalisation des objectifs de la révolution que résume le slogan : « Travail - Liberté - Dignité nationale », permettant à notre pays de sortir de la crise et à notre peuple de satisfaire ses revendications et ses aspirations ;

    • Inviter toutes les forces vives du peuple à se regrouper autour du Front populaire, qui représente une véritable alternative à la coalition de droite au pouvoir. Les faits ont en effet montré que cette coalition est, comme l’alliance de la troïka, incapable de répondre aux attentes du peuple tunisien, ni de garantir l’indépendance de la Tunisie et sa souveraineté.

    • Inviter toutes les forces démocratiques et progressistes tunisiennes, politiques et civiles, concernées par le sauvetage de la Tunisie et la protection de ses acquis, ainsi que par la réalisation des revendications de son peuple en matière de liberté, d’égalité, de démocratie et de justice sociale, à unir leurs rangs, comme l’impose la gravité de la conjoncture.

    • Réitérer son attachement à développer le travail commun avec toutes les forces nationales démocratiques et progressistes dans le monde arabe afin de faire face aux plans coloniaux, sionistes, réactionnaires, qui le ciblent et œuvrent à le déchirer davantage sur des bases sectaires, confessionnelles et tribales, ainsi qu’à enterrer la cause du peuple palestinien qui subit aujourd’hui une attaque sioniste sauvage atroce visant à confisquer la terre palestinienne, et en particulier la mosquée Al-Qods.

    Gloire et éternité aux martyrs !

    Vive le Front populaire

    Le porte-parole
    Hamma Hammami
    Tunis, le 7 octobre 2015

    Notes :

    1. On appelle en Tunisie « troïka » la coalition ayant exercé le pouvoir entre décembre 2011 et janvier 2014. Elle était dirigée par le parti islamiste Ennahdha. Celui-ci s’était entouré du CPR de Moncef Marzouki (à qui avait été attribué la Présidence de la République), et de la section tunisienne de l’Internationale socialiste (Ettakatol) dont le président avait obtenu la présidence de l’Assemblée.

    2. La nouvelle Constitution a été promulguée en janvier 2014. Suite à d’intenses mobilisations, en ont été exclus les reculs que comptaient y inscrire initialement les islamistes, comme par exemple la référence à la charia ou l’infériorisation des femmes. Malgré ses limites, cette Constitution inclut quelques avancées, comme par exemple la liberté de conscience et la condamnation pénale du takfir (accusation d’avoir renié l’Islam pouvant servir à justifier la mise à mort). http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article31234

    3. L’avocat Chokri Belaïd était un des principaux dirigeants du PPDU (Parti des Patriotes-démocrates unifiés) ainsi que du Front Populaire. Il a été assassiné le 6 février 2013.

    4. Mohamed Brahmi était un des principaux responsables du parti nationaliste nassérien de gauche Courant populaire ainsi que du Front populaire.

    5. Le Takfir est une accusation d’avoir renié l’Islam pouvant servir à justifier la mise à mort.

    6. Mohamed Bel Mufti était ingénieur à Tunisie Telecom et militant du Front populaire. Il a été assassiné à Gafsa par un policier lors des manifestations ayant suivi l’assassinat de Mohamed Brahmi.

    7. Majdi Ajlani était militant du PPDU (Parti des Patriotes démocrates unifié (PPDU) et du Front populaire. Il est décédé suite à un tir de balles de caoutchouc par la police, le 8 janvier 2014 à Feriana (Kasserine), lors d’une manifestation contre la loi des finances de 2014 et la marginalisation de cette région du centre-ouest de la Tunisie.

    8. Concernant le projet de blanchiment des corrompus de l’ère Ben Ali, voir notamment :
    * sur la place de cette mobilisation dans la situation politique
    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article36020


    * sur les mobilisations avant le 8 septembre
    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article35989


    * sur les mobilisations entre le 8 et le 21 septembre (dont les
    manifestations du 12),http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article36012

    * Traduction de l’arabe (non relue par l’auteur) de Rafik Khalfaoui. Notes de Dominique Lerouge.

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article36057

  • Il faut combattre les tabous homophobes en Tunisie (Amnesty)

    La condamnation d’un étudiant de 22 ans à un an de prison pour «relations homosexuelles»  aura au moins eu le mérite douvrir enfin le débat sur ce sujet en Tunisie. Lundi 28 septembre 2015, dans une déclaration sans précédent, le ministre de la Justice Mohamed Salah Ben Aissa a appelé publiquement à la dépénalisation des relations homosexuelles.

    Le jeune étudiant, connu sous le pseudonyme de Marwan, a été condamné par un tribunal de Sousse le 23 septembre, après avoir subi un examen anal forcé destiné à « prouver » sa pratique de la sodomie.

    Le 6 septembre 2015, Marwan avait été convoqué par la police en lien avec le meurtre dun homme commis à Sousse. Il a nié toute implication dans ce meurtre, mais a reconnu avoir eu des relations sexuelles avec la victime, semble-t-il après que les policiers leurent menacé de linculper du meurtre. Il a alors été inculpé de « sodomie » en vertu de larticle 230 du Code pénal, qui prévoit pour cette infraction une peine pouvant aller jusquà trois ans de prison. Ce même article érige aussi en infraction le « lesbianisme », même sil est rarement utilisé pour arrêter des femmes lesbiennes.

    Les militants LGTBI (lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres et intersexués) de Tunisie se sont vite emparés du cas de Marwan. Ces groupes sont de plus en plus actifs depuis quelques mois, enhardis par larrivée au pouvoir dun nouveau gouvernement de coalition plus progressiste. Ils font campagne contre la criminalisation des relations homosexuelles entre personnes consentantes, soulignant que celle-ci porte atteinte à deux droits fondamentaux garantis par la nouvelle Constitution tunisienne : le droit au respect de la vie privée et le droit de ne pas subir de discrimination.

    Certains groupes ont même lancé une campagne en ligne demandant quil ne soit plus pratiqué dexamens anaux forcés – une initiative sans précédent en Tunisie.

    Dans une interview accordée aux médias quelques jours après la condamnation de Marwan, le ministre de la Justice, Mohamed Salah Ben Aissa, a reconnu que larticle 230 violait le droit au respect de la vie privée garanti par la Constitution et devait être abrogé. Les défenseurs des droits humains tunisiens doivent profiter de cette dynamique pour faire évoluer le discours sur lhomosexualité en Tunisie, afin que les paroles se traduisent en actes.

    Malheureusement, le cas de Marwan est loin d’être isolé. Dans le cadre de sa campagne contre les violences sexuelles et la violence liée au genre en Tunisie, Amnesty International a récemment recueilli des informations sur plusieurs cas dhommes gays ayant été arrêtés, placés en détention et poursuivis entre 2009 et 2014 – sans compter les nombreux autres cas qui, daprès les militants, ne sont pas signalés.

    Des gays tunisiens ont raconté à Amnesty International avoir été interpelés simplement parce qu’ils avaient l’air « efféminés » ou parce quon les avait vus parler à un autre homme dans un quartier connu par la police pour être fréquenté par des gays. Comme Marwan, beaucoup ont été arrêtés sans preuves et contraints de subir un examen anal destiné à prouver la sodomie, bien que la fiabilité de ce type dexamen invasif ne soit pas scientifiquement prouvée. Amnesty International considère que les examens anaux forcés constituent une forme de torture ou dautre mauvais traitement.

    Des personnes transgenres ont également dit à l’organisation quelles avaient été arrêtées et poursuivies pour atteinte à la moralité publique simplement parce quelles ne se conformaient pas aux stéréotypes de genre et aux normes sociales en vigueur.

    Toutefois, les répercussions de ces lois vont bien au-delà du risque permanent darrestation et de poursuites. Partout dans le monde, la criminalisation des relations entre personnes de même sexe favorise la violence contre les LGBTI et crée un climat permissif qui les rend vulnérables aux violences policières, ainsi quaux actes de harcèlement et dintimidation au sein de leur famille et de leur milieu de vie. Malheureusement, la Tunisie ne fait pas exception à la règle.

    Amnesty International a rencontré des personnes LGBTI qui avaient reçu des coups de couteau, des coups de pied dans la tête, des brûlures de cigarette et des menaces de mort en raison de leur identité de genre ou de leur orientation sexuelle. Or, bien souvent, la police a rejeté ou ignoré leurs plaintes à cause des dispositions de larticle 230.

    Dans certains cas, au lieu de mener une enquête en bonne et due forme sur ces crimes homophobes et transphobes – conformément à leurs obligations aux termes du droit international – les policiers ont ouvertement adressé des avertissements ou des menaces aux victimes (y compris à des lesbiennes) pour les inciter à retirer leur plainte sous peine dêtre elles-mêmes poursuivies. Dans dautre cas, ils ont profité de la peur des poursuites pour soumettre des personnes LGBTI à du chantage, des manœuvres dextorsion et, parfois, des atteintes sexuelles. Les gays et les personnes transgenres qui ne veulent pas être arrêtés sont souvent obligés de verser des pots-de-vin aux policiers et de leur donner leur téléphone ou dautres objets de valeur.

    En conséquence, les victimes LGBTI de viol ou dautres agressions sexuelles sont souvent réticentes à se faire connaître et à signaler ces actes à la police.

    Les lois qui érigent en infraction les relations homosexuelles entre personnes consentantes, en Tunisie ou ailleurs, sont contraires au droit international et aux normes internationales relatifs aux droits humains.

    Avec cette récente ouverture dun véritable débat public sur les droits des LGBTI, la Tunisie semble enfin faire de petits pas – petits mais essentiels – dans la bonne direction, faisant naître une lueur despoir.

    Toutefois, ce nest quen abrogeant larticle 230 du Code pénal et en dépénalisant une bonne fois pour toutes les relations consenties entre personnes de même sexe que les autorités tunisiennes pourront espérer offrir une protection suffisante contre la violence et la discrimination. Elles doivent immédiatement libérer Marwan et sengager dans un processus de réforme législative afin que plus personne ne soit arrêté ni poursuivi en raison de son identité de genre ou de son orientation sexuelle.

    Cet article a été initialement publié sur le site du Huffington Post Maghreb.

    30 septembre 2015

    https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2015/09/challenging-tunisias-homophobic-taboos/

  • Tunisie : l’UGTT agite la menace d’une grève générale dans le secteur privé (Afriques en lutte)

    Résultat de recherche d'images pour "ugtt tunisie"

    Le secrétaire général adjoint de l’UGTT chargé du secteur privé, Belgacem Ayari a agité mardi la menace d’une grève générale dans ce secteur. Cette menace vise à faire pression sur le privé pour l’amener à suivre l’exemple du gouvernement qui a signé mardi un accord prévoyant des augmentations salariales sur trois ans dans la fonction publique et les entreprises publiques s’étalant de 2016 à 2018.

    Belgacem Ayari a accusé le patronat de n’avoir manifesté le moindre signe de coopération. Si cela continue,on lancera des campagnes de mobilisation au niveau régional dont le point d’orge sera un grand rassemblement national sur la place Mohamed Ali à Tunis.

    Au cas ou la centrale ouvrière mettrait à exécution sa menace, ce serait un précédent dans le secteur privé.

    25 septembre 2015 Source : Leaders

    http://www.afriquesenlutte.org/afrique-du-nord/tunisie/article/tunisie-l-ugtt-agite-la-menace-d

  • Tunisie (Anti-k)

    Déclaration sur la tragédie des migrations en méditerranée

    DECLARATION SUR LA TRAGEDIE DES MIGRATIONS EN MEDITERRANEE : Drame et violations des droits humains
     
    Nous, les organisations signataires de cette déclaration :
    1. Prenons connaissance des derniers développements relatifs au drame des migrations en Méditerranée, véritable désastre humanitaire avec 000 personnes migrantes qui ont traversé la Méditerranée depuis janvier 2015 et au moins 2 600 morts recensés.
    2. Considérons les violations des droits des personnes migrantes et réfugiées comme un affront à la dignité humaine et aux conventions
    3. Exprimons notre vive préoccupation face au silence des pays arabes et des organisations arabes au sujet du drame des personnes migrantes et refugiées originaires notamment d’Irak, de Syrie, de Lybie et prenons note de la déclaration de l’Union Africaine- Juin 2015
    4. Soulignons l’échec de la communauté internationale à mettre fin aux crises en Irak, Syrie et Lybie et à mettre en œuvre des stratégies de développement durable dans les pays du Sud de la Méditerranée et les pays africains, en vue de faciliter une réelle répartition des richesses, le respect des droits civils, politiques, économiques.
    5. Condamnons vigoureusement les restrictions au droit de quitter tout pays y compris le sien, qui a une force juridique contraignante et est consacré dans le Pacte international des droits économiques sociaux et culturels, les conventions de l’OIT sur les droits des migrants (97 et 143) et la Convention des Nations Unies relative au statut des réfugiés.
    6. Réitérons avec force notre condamnation des violations flagrantes des droits humains constatées par les organisations internationales et les organisations de la société civiles qui ont conduit à la mort d’au moins 20,000 hommes, femmes et enfants depuis 15 ans, et sont le résultat de politiques de gestion des frontières agressive et discriminatoires, ainsi que de l’absence de véritables politiques d’
    7. Exhortons les Etats partenaires de l’Union européenne à refuser de nourrir cette logique d’exclusion meurtrière, en particulier dans le cadre de sa coopération en matière de mobilité, mais aussi lors du sommet Euro-Africain prévu les 11 et 12 novembre 2015 à Malte
    8. Exprimons notre pleine solidarité avec les personnes migrantes et réfugiées qui subissent des traitements inhumains et des violences racistes sur les deux rives de la Méditerranée et les frontières de l’Europe de l’Est et les Balkans; Rappelons que l’Union européenne se montre complice de ces maltraitances, sur son territoire, en mer, mais aussi à l’extérieur de l’Europe, aux antipodes avec ses Appelons à ce que les droits fondamentaux et la dignité de ces personnes soit respectés en tous lieux.
    9. Dénonçons le triplement des moyens de l’agence Frontex, et l’absence de financements suffisants alloués au sauvetage en mer ainsi qu’à l’accueil (budget annuel de Frontex en 2015 : plus de 115M EUR ; budget annuel du bureau européen sur l’asile : 15M EUR)
    10. Notons les initiatives envisagées par les pays de l’Union Européenne :
    • Pour adopter une politique européenne unifiée de droit d’asile qui doit être basée sur les normes internationales
    • Pour la suspension immédiate du règlement de Dublin II ;
    • Pour élargir les consultations au sujet de cette politique aux pays africains dans le cadre du sommet Afrique – Union Européenne qui se tiendra à Malte en novembre prochain et aux pays arabes concernés.
    • Pour créer des centres de sélection et d’accueil des personnes réfugiées et
    A ce sujet, nous exprimons nos vives inquiétudes quant à la fonction de ces centres qui pourraient devenir des centres de détention et de tri des personnes. Nous nous y opposons.
    Nous exigeons que ces espaces soient des centres d’accueil, et que les acteurs de la société civile puissent y avoir accès, de même que les organisations internationales compétentes. Nous exigeons que les personnes accueillies dans ces centres soient libre de circuler en dehors, et que l’examen de leur situation individuelle de façon juste et équitable par les autorités impartiales et indépendantes y soit garanti. Nous demandons enfin que des moyens conséquents soient alloués pour assurer un accueil digne et des procédures respectueuses des garanties procédurales.
    • Pour que les violations des droits des personnes soient sanctionnées, que les victimes puissent porter plainte et obtenir réparation, qu’il s’agisse de violences perpétrées par des gardes-frontières, des policiers, des trafiquants, ou des
    • Pour faire la vérité sur les personnes disparues en mer en poursuivant les criminels
    • Pour développer des couloirs légaux et sécurisés de passage et de sauvetage en mer des personnes migrantes et réfugiées.

    Nous exigeons la mise en place d’un mécanisme de suivi des actions et d’évaluations précitées en concertation avec la société civile.

    1. Nous opposons à toutes les initiatives et mesures sécuritaires de refoulement, d’externalisation des frontières et d’encouragement au retour des personnes réfugiées et
    2. Réitérons nos propositions pour éviter l’improvisation et adopter une approche concertée, globale et cohérente visant à trouver une réponse internationale et humaine à la crise des personnes migrantes et réfugiées qui risque de se prolonger et de s’
    3. Lançons un appel à la tenue d’une conférence mondiale sur la question de la crise humanitaire et existentielle des personnes migrantes et réfugiées avec la participation des acteurs de la société
    4. Appelons à la vigilance et à la mobilisation continue de toutes les forces vives de la société civile pour protéger les droits des personnes réfugiées et des migrantes
    Signataires :
     
    Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’homme en Tunisie CRLDHT
    Union générale tunisienne du travail UGTT
    Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux FTDES
    Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives FTCR
    Réseau euro-méditerranéen des droits de l’Homme – REMDH
    Confédération générale italienne du travail CGIL
     
    CHERBIB Mouhieddine