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Tunisie - Page 18

  • La Tunisie révolutionnaire, le 18 septembre à Marseille (AL)

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    Le processus révolutionnaire déclenché en Tunisie (2010-2011), et propagé dans toute la région arabe s’est heurté aux manœuvres de puissants adversaires : primo, le fondamentalisme islamique obscurantiste ; secundo, le fondamentalisme néolibéral usurpateur et colonialiste ; tertio, le fondamentalisme d’une gauche nationaliste centralisatrice.

    La dynamique populaire a été court-circuitée, et remplacée par un soi-disant « processus démocratique » qui limite les tâches révolutionnaires et conduit à une restauration de l’ancien régime.

    Le courage des jeunes révoltés, des citoyens des régions et des secteurs populaires marginalisés n’a pas suffi à démanteler les vieilles structures et à émanciper le peuple du joug de l’État et du système capitaliste.

    L’absence d’une stratégie révolutionnaire réfléchie, d’un programme d’action déterminé et d’une capacité organisationnelle efficace en est la cause principale.

    Néanmoins elle a ouvert des débats et conduit à une remise en cause des stéréotypes du XXe siècle liés au modèle soviétique, principale entrave au développement d’autres horizons révolutionnaires.

    Ce livre souhaite contribuer à ce débat, pour dépasser l’ère de la stagnation et du désarroi. Il essaie de capter les inventions populaires inédites pour penser le processus révolutionnaire du XXIe siècle.

    • Mohamed Amami, Tunisie, la révolution face à la mondialisation des fondamentalismes contemporains, Éditions franco-berbères, 2015, 160 pages, 12 euros.
     

    Le 18 septembre à Marseille

    19 heures à Mille Bâbords

    61 rue Consolat, 13001 Marseille

    Alternative Libertaire Marseille

    http://alternativelibertaire.org/?La-Tunisie-revolutionnaire-le-18

  • Nouveautés "Syrie" "Irak" et "Tunisie" sur ESSF

    Syria DAHER Joseph - 9 September 2015
     
    Syrie DAHER Joseph - 9 septembre 2015
     
    Syria DAHER Joseph - 7 September 2015
     
    Syrie DAHER Joseph - 6 septembre 2015
     

    Moyen-Orient, Méditerranée BARTHE Benjamin, RIOLS Yves-Michel 8 septembre 
     
    Moyen-Orient, Méditerranée Collectif Avec la Révolution Syrienne - 11 septembre
     
    Migrants, réfugiés, racisme KELLNER Manuel - 11 septembre
     

    Turquie NPA - 9 septembre 2015

    Turquie : Erdogan poursuit son génocide politique contre les Kurdes ! Hollande complice !

    Irak KARIM Saïd - 10 septembre 2015

    Irak : « Ni chiite ni sunnite… ils sont tous voleurs ! » – « Au nom de la religion, ils nous ont dépouillés »

    Turkey HDP (Turkey) - 10 September 2015
     
    Migrants, réfugiés, racisme BRUN François - 10 septembre 2015
     
     
    Tunisie Divers media - 8 septembre 2015

    Mouvement ouvrier RTCI (Tunisie) - 8 septembre 2015

    Tunisie : mobilisation des enseignant-e-s du premier degré


  • Tunisie : Poursuite des mobilisations contre le blanchiment des corrompus de l’ère Ben Ali (Essf)

    tunisie-corruption-sfax.jpg

    Les opposants au gouvernement Nidaa Tounes - Ennahdha maintiennent la manifestation prévue samedi 12 septembre à Tunis, malgré son interdiction dans le cadre de la proclamation de « l’état d’urgence ».

    Manifestations en Tunisie contre un projet de loi de « Réconciliation économique »

    http://www.maghrebemergent.com/actualite/maghrebine/51030-manifestations-en-tunisie-contre-un-projet-de-loi-de-reconciliation-economique.html

    Le projet de loi portant réconciliation économique en Tunisie, notamment pour les grosses fortunes amassées durant le régime Benali, ne semble pas passer devant l’opinion publique. Plusieurs manifestations de protestation contre ce projet de loi, déposé au parlement fin juillet, ont été organisées lundi à travers plusieurs villes du pays.

    Lundi 7 septembre à Sidi Bouzid, d’où est parti l’étincelle de la Révolution de Jasmin qui a fait ‘’dégager’’ Benali et son régime corrompu, la police a empêché une manifestation de dénonciation de ce projet de loi, voté en conseil des ministres en juillet dernier. Selon l’agence ‘’TAP’’, ‘’les forces de sécurité ont interdit lundi l’organisation d’une manifestation contre la loi de réconciliation économique à l’avenue principale de la ville de Sidi Bouzid’’. ‘’Des composantes de la société civile et des représentants des organisations régionales se sont réunis devant le siège de l’Union régionale du travail (URT), répondant à l’appel de l’Union régionale des diplômés sans emploi, pour exprimer leur refus de la loi de réconciliation économique’’, ajoute TAP. Les manifestants ont notamment dénoncé ce projet de loi présenté par la présidence tunisienne, et appelé à plus de ‘’justice sociale’’, comme ils ont revendiqué ‘’le droit au travail’’. Appelant ‘’à la chute du gouvernement’’, les manifestants ont par ailleurs estimé que ‘’l’état d’urgence (imposé depuis la recrudescence des actes terroristes en Tunisie, NDLR), sert de prétexte pour la répression des mouvements de protestation’’.
    A Sfax, les forces de sécurité ‘’ont fait usage d’une violence disproportionnée les manifestants qui observaient un sit-in’’ de protestation contre ce projet de loi, ont dénoncé les partis Al Massar et l’Union Populaire Républicaine (UPR).
    Même mobilisation à Tozeur (sud) de partis et de la société civile, qui ont organisé lundi un sit-in contre ce projet de loi.

    Tous contre l’amnistie des grosses fortunes
    Au sein de la société civile tunisienne, le projet fait débat, et est rejeté en bloc car étant incompatible avec la nouvelle Constitution du pays. Le constitutionaliste Jawhar Ben Mbarek, qui estime que ‘’c’est une sorte d’amnistie spéciale pour certaines personnes’’, n’es pas loin de s’interroger sur l’efficacité de cette loi qui, selon lui, ne sera d’aucun apport financier dans la mesure où la majorité des biens appartenant aux personnes accusés de corruption sont confisqués. ‘’ Il s’agit juste d’une amnistie au profit d’un groupe de corrompus qui fera perdre à l’Etat l’occasion de les poursuivre fiscalement’’, a-t-il ajouté.
    Dans une contribution au site ‘’Contrepoints.org’’, Amir Mastari relève de son côté que ‘’ les auteurs de ce projet de loi (pour la réconciliation économique) semblent négliger le fait que l’on est dans un contexte post-révolution’’, relevant que ‘’c’est peut être politiquement correct, pour le parti de Nida Tounes, de tenter de préserver les intérêts des plus riches pour que ceux-ci servent le parti au moment des élections’’.

    Nida Tounes mal barré
    Mais, cela renvoie également un signal fort du désintérêt du parti du Président aux ‘’revendications (des Tunisiens) quant à la lutte contre l’impunité, la rente et le clientélisme’’. Et puis, ‘’cela risque de remettre en cause la transition démocratique dans le pays et exacerber les tensions radicales dans la société tunisienne’’, affirme t-il encore. Pour de nombreux activistes tunisiens, la proposition du parti Nida Tounes de BCE est anticonstitutionnelle. L’article 148 de la Constitution stipule en fait que ‘’l’État s’engage à mettre en application le système de la justice transitionnelle dans tous ses domaines et dans les délais prescrits par la législation qui s’y rapporte. Dans ce contexte, l’évocation de la non-rétroactivité des lois, de l’existence d’une amnistie ou d’une grâce antérieure, de l’autorité de la chose jugée ou de la prescription du délit ou de la peine, n’est pas recevable’’.

    Algérie, Maroc, même combat
    La proposition des dirigeants Tunisiens de réconciliation économique, une sorte d’amnistie, pour les grosses fortunes amassées du temps de Benali, a été déjà appliquée en Algérie et au Maroc pour légaliser les fonds non déclarés et bancarisés. La LFC2015 a introduit en Algérie la possibilité pour les détenteurs de fonds non déclarés de les bancariser complètement en payant une taxe forfaitaire de 7%. L’opération est en cours, aucun bilan n’a été donné pour le moment.
    Par contre, au Maroc, l’opération ‘’Contribution libératoire’’, semble connaître quelques ‘’couacs’’, les déclarants n’ayant pas, selon l’Office des changes, tout déclaré de leur patrimoine à l’étranger. L’opération clôturée le 31 janvier dernier, avait été marquée par la déclaration de 8,41 milliards de dirhams, et rapporté 315 millions de dirhams pour le Fonds de Cohésion Sociale.

    6 septembre

    Sfax : altercation entre forces de sécurité et manifestants opposés à la loi sur la « réconciliation économique »

    http://www.lapresse.tn/article/sfax-altercation-entre-forces-de-securite-et-manifestants-opposes-a-la-loi-sur-la-reconciliation-economique/94/5125

    Une altercation a eu lieu, dimanche à Sfax, entre forces de l’ordre et des manifestants opposés à la loi sur la réconciliation économique, a-t-on appris de sources concordantes. Sous le slogan « Manech Msamheen » (pas de pardon), la manifestation était organisée par des jeunes sfaxiens et nombre de composantes de la société civile devant le siège de la banque centrale à Sfax pour protester contre la loi sur la réconciliation économique.
    « Les forces de l’ordre ont fait usage d’une violence disproportionnée pour disperser les manifestants qui participaient pacifiquement au sit-in », a déclaré Chafik Ayadi, représentant du Front Populaire à l’Assemblée des représentants du Peuple (ARP). « Près de 16 blessés ont été transférés à l’hôpital pour y recevoir des soins », a encore précisé M. Ayadi qui était présent sur les lieux. L’usage de violences disproportionnées a été démenti de sources sécuritaires dans la région. « Seule une grenade lacrymogène a été utilisée pour disperser la manifestation », a confirmé un responsable sécuritaire qui précise que la manifestation n’avait pas d’autorisation des autorités locales.

    8 septembre

    Des associations dénoncent l’interdiction des manifestations sous couvert de l’état d’urgence

    http://www.maghrebemergent.com/actualite/breves/fil-maghreb/51027-tunisie-des-associations-denoncent-l-interdiction-des-manifestations-sous-couvert-de-l-etat-d-urgence.html

    Des associations de défense des droits de l’Homme ont dénoncé, lundi, la décision du ministère de l’Intérieur d’interdire les manifestations, appelant à respecter le droit de manifester garanti par la Constitution.
    Ils ont, également, appelé à interdire l’usage de la force et de la violence et à poursuivre les auteurs de ces actes.
    La liberté de pensée, d’expression, de manifestation et de réunion sont des droits garantis par la Constitution sans lesquelles l’exercice de la citoyenneté et la réalisation de la transition démocratique ne peuvent pas être concrétisés, a déclaré, lundi à l’agence TAP, Abdelbasset Ben Hassen, président de l’Institut arabe des droits de l’Homme (IADH).
    S’agissant de l’état d’urgence, Ben Hassen a rappelé que les principes mentionnés dans la Constitution ainsi que dans la loi internationale des droits de l’Homme, particulièrement l’article 4 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, ne sont pas en contradiction avec l’état d’urgence. La loi stipule que la déclaration de l’état d’urgence « ne doit pas servir de prétexte pour violer ces droits », a-t-il ajouté.
    De son côté, la Ligue tunisienne de défense des droits de l’Homme (LTDH) a dénoncé, dans un communiqué, « les abus à répétition commis contre des manifestants sous couvert de l’état d’urgence », estimant que ces pratiques constituent une violation manifeste des droits mentionnés dans la Constitution et des Pactes ratifiés par l’Etat tunisien.
    La Ligue a, par ailleurs, exigé l’ouverture d’une enquête « sérieuse et indépendante » sur ces agressions « complètement inadmissibles » dans une société démocratique.
    L’Organisation tunisienne de lutte contre la torture a, pour sa part, appelé, dans un communiqué, les autorités au respect du droit de manifester et à mettre un terme à l’état d’urgence.
    L’Organisation a noté la recrudescence de la répression contre les rassemblements et les manifestations pendant l’état d’urgence, relevant plusieurs abus, notamment l’usage de la violence, le 1er septembre courant Place Mohamed Ali et à l’Avenue Habib Bourguiba, lors d’un rassemblement de jeunes dénonçant le projet de loi relatif à la réconciliation économique.

    8 septembre

    L’opposition décidée à manifester malgré l’interdiction

    http://directinfo.webmanagercenter.com/2015/09/08/tunisie-des-partis-politiques-attaches-a-la-marche-contre-le-projet-de-loi-sur-la-reconciliation/

    Les partis et associations ayant pris part à la rencontre nationale politique et civile, tenue les 7 et 8 septembre 2015, réaffirment leur attachement à l’organisation d’une marche populaire pacifique, le 12 septembre prochain, pour revendiquer le retrait du projet de loi sur la réconciliation économique, a déclaré Hamma Hammami, porte-parole du Front populaire.
    Les forces politiques et civiles participant à cette réunion ont qualifié ledit projet de loi de « soulèvement contre la constitution, d’atteinte flagrante à ses dispositions et de main-mise sur le processus de justice transitionnelle », a-t-il dit, dans une déclaration à la presse mardi.
    Hammami a expliqué que la marche prévue vise à défendre les droits et libertés, dont le droit de manifester.
    Il a lancé un appel à participation à l’adresse de l’ensemble des forces politiques, sociales et civiles opposés au projet de loi sur la réconciliation économique et financière. 8 septembre

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article35827

  • Nouveautés "Tunisie" sur ESSF

    4.09   Tunisie  2 septembre 2015
     
    4.09  Collectif - 3 septembre 2015
     
    4.09  Collectif - 26 août 2015
     
    3.09   Collectif - 1er septembre 2015
     
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    4.09   Gauche radicale NPA - 30 août 2015
     
  • Tunisie: Répression de la manifestation «anti-réconciliation» du 2 septembre (Essf)


    Le président du l’UGET donne sa version de la dispersion par la police de la manifestation anti-loi de réconciliation

    Le président de l’Union générale des étudiants tunisiens, Ghassen Bouazzi, a affirmé dans une déclaration à Tunisie numerique que les forces de sécurité ont dispersé sans ménagements une manifestation à laquelle ont appelé mardi 1er septembre 2015, les organisations de la société civile et les forces démocratiques pour contrer la loi de réconciliation économique que l’on œuvre à faire adopter.
    Il a affirmé que la manifestation organisée sous le thème « je ne pardonne pas » visait à faire exprimer le rejet de cette loi de réconciliation économique que « la coalition de la droite au pouvoir » veut faire adopter.

    Agression physique

    Le président du syndicat estudiantin, a affirmé que la police a réprimé la manifestation agressant matériellement et moralement les participants à cette manifestation. Il a affirmé qu’il a été arrêté rue de Paris d’une manière qui rassemble à un « enlèvement » pour être conduit avec d’autres militants de l’UGET au commissariat de police de la Médina connu sous l’appellation de « CTM » où ils ont retrouvé le secrétaire général du syndicat de l’Enseignement secondaire, Lassaad Yaacoubi.

    Retour de l’oppression

    Là, ils ont été également agressés verbalement et physiquement , ajoutant que le secrétaire général de l’UGET Wael Nouar, a été touché dans des endroits sensibles ce qui a nécessité son transfert vers l’hôpital Charles Nicoles où il se trouve dans un état « grave ». Il a appelé toutes les forces vives à contrer ce retour de l’oppression et de la tyrannie ainsi qu’à empêcher l’adoption de cette loi de réconciliation.
    Le président de l’UGET a annoncé qu’une seconde manifestation sera organisée demain jeudi à 16 heures , Place Mohamed Ali pour exprimer l’opposition à la loi de réconciliation.

    Tunisie numérique
    2 septembre 2015


    Le Front populaire appelle les forces démocratiques à faire barrage au retour de la dictature

    Le Front populaire a notamment appelé à défendre les acquis de liberté qu’il juge insidieusement menacés par la coalition de droite au pouvoir et à faire barrage au retour de la dictature.
    Le Front populaire a condamné, mercredi, les violences infligées aux manifestants anti-réconciliation. Dans un communiqué diffusé ce 02 septembre, le FP a fait porter l’entière responsabilité de ces agressions au ministère de l’Intérieur et au gouvernement soulignant qu’elles s’inscrivent dans un dangereux processus de retour en arrière vers de nouvelles formes de répression et de restriction des libertés, chèrement acquises lors de la révolution.


    Le Front populaire a, par ailleurs, réitéré son refus au projet-loi de réconciliation économique et financière « qu’on veut imposer de force sous couvert de l’état d’urgence ».
    Le FP a affirmé son attachement au droit à la manifestation au rassemblement pacifique et a exhorté toutes les forces démocratiques à se dresser contre le retour de la dictature. 2 septembre

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article35780

  • Tunisie : Mettre fin aux abus sécuritaires (Essf)

     

    Après la diffusion de la vidéo « Tfarjou Fina TORTURE * » produite par l’association Forza Tounes qui donne la parole à des jeunes racontant par le menu les provocations, la torture, les arrestations arbitraire, le chantage… qu’ils ont subis.

    Face à la persistance des abus et des séances de tortures dans les lieux de détention en l’absence de sanctions effectives de la part de l’autorité de tutelle…
    Les associations et organisations de défense des droits de l’Homme signataires de ce communiqué exigent :

    · L’ouverture immédiate d’une enquête sérieuse tenant compte des témoignages recueillis dans la vidéo, des plaintes contre des pratiques de torture et des mauvais traitements et violations des droits de l’Homme.
    · Des sanctions contre tous ceux qui se sont adonnés à ces pratiques humiliantes et le dédommagement des victimes pour en finir avec le fait accompli de l’impunité.

    Les associations et organisations signataires :


    · Considèrent que la persistance de ces pratiques traduit le manque de sérieux dans la lutte contre ce lourd héritage d’ancien régime et l’absence d’une vision globale pour l’éradication de cette « culture » qui institutionnalise la torture, l’extorsion des aveux par la force et la violation de la loi par les représentants de la loi.
    · Elles rappellent au gouvernement que l’État tunisien est tenu, de par ses engagements nationaux et internationaux, de combattre la pratique de la torture et toutes les formes d’humiliation et d’en punir les auteurs.
    Les associations et organisations signataires tiennent à affirmer avec force que le tout répressif en lieu et place d’une stratégie de dialogue et d’un projet national d’intégration de la jeunesse marginalisée, c’est la porte ouverte à toutes les aventures : l’extrémisme, la violence et les barques de la mort, comme en témoigne la vidéo.

    Signataires :
    Syndicat Nationale des Journalistes Tunisiens - SNJT
    Réseau Euro-Med des Droits de l’Homme – REMDH 
    Association Tunisienne des Femmes Démocrates – ATFD 
    Association Vigilance pour la Démocratie et l’Etat Civil – Yaquadha 
    Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie – CRLDHT 
    Forum Tunisien des Droits Economiques et Sociaux – FTDES 
    Fédération des Tunisiens Citoyens des deux Rives – FTCR 
    Organisation 10-23 de Soutien au Processus de la Transition Démocratique 

    Tunis, le 1er septembre 2015 Collectif

    Note :
    https://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&v=WR09AYVgixY

    Contact : Messaoud Romdhani – 00 216 97 322 921 – mah.talbi@gmail.com

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article35770

     

  • Tunisie : Retrait du projet de loi dit : « de Réconciliation Nationale » (Afriques en lutte)

    Rassemblement devant l’Ambassade de Tunisie à Paris

    Pour le retrait du projet de loi dit : « de Réconciliation Nationale »

    Jeudi 3 Septembre 2015 – 18h30

    Place André Tardieu – 75007 Paris

    Métro : St François Xavier – Ligne 13

     

    https://www.facebook.com/events/302...

    A propos du projet de loi sur la Réconciliation nationale

    Déclaration des associations de Tunisiens à l’Etranger

    Réconciliation nationale ! L’expression résonne comme un mot d’ordre en ces temps de mobilisation contre le terrorisme. Par ailleurs, ne s’agit-il pas du volet final du triptyque vérité – justice - réconciliation de la Justice transitionnelle que nous appelons tous de nos vœux…

    Nous somme tous demandeurs de réconciliation nationale. Mais de quelle réconciliation il s’agit ?

    En ces temps de turbulences, le sens des mots semble aussi troublé.

    Il s’agit de « tourner la page », nous dit le président de la République. Soit, mais quelle page ?

    S’il s’agit d’absoudre des mafieux, on ne voit pas en quoi cela va contribuer à renforcer l’économie du pays. Si les « hommes d’affaires », qui ont fait fortune grâce à la corruption, sont des acteurs du développement, cela se saurait !

    Si l’on entend attirer les spéculateurs en tous genres, ils ne sont pas concernés par la levée en masse que l’on veut provoquer, ils ont toujours préféré vampiriser les richesses produites par le labeur des plus pauvres.

    S’il s’agit de passer l’éponge sur les forfaits des « commis » de l’État qui ont piqué dans la caisse, un État ne se renforce pas en s’attirant les faveurs des responsables du laxisme, des larcins ou des compromissions les plus graves au cœur de l’État…

    On voudrait rabaisser encore l’État et son autorité que l’on ne s’y prendrait pas autrement.

    Ce projet de loi, concocté par la présidence de la République sera dommageable pour l’État, pour la justice transitionnelle, pour le développement et pour la transition démocratique -déjà compromise et mal engagée-.

    Alors que le dossier des assassinats politiques s’enlise, alors que des petites lois scélérates comme celle sur la consommation de cannabis continuent à ruiner l’avenir de dizaines de milliers de jeunes, alors qu’aucun dispositif sérieux ne protège du racisme et de toutes les formes de haines et de fanatisme larvées… alors que les inégalités se creusent… la loi préparée par les conseillers du président à Carthage serait une caution inutile aux corrompus et aux corrupteurs. Sans compter sa dimension symbolique catastrophique à l’heure où on demande des sacrifices aux plus démunis.

    Le CRLDHT, la FTCR, les personnalités et les organisations signataires se rallient à la Coalition de la société civile contre le projet dit de réconciliation nationale et se déclarent solidaires avec les initiatives de cette Coalition.

    Elles demandent aux députés de l’Assemblée du Peuple de rejeter le projet et de veiller au respect de l’Etat de droit et de la Constitution.

    Pour une unité nationale contre le terrorisme

    Pour la réalisation d’une vraie justice transitionnelle, contre la corruption, la répression et la régression vers les pratiques d’ancien régime

    Pour le respect des mots d’ordre de la révolution : Dignité, Liberté et Justice Sociale.

    Paris le 26 Août 2015

    http://www.afriquesenlutte.org/tunisie-retrait-du-projet-de-loi
  • La démographie comme facteur révolutionnaire en Afrique du Nord (Orient 21)

    Tunisie, Égypte, Maroc

    Il existe de nombreuses causes aux révolutions. Mais le facteur démographique a souvent été négligé et l’arrivée à l’âge adulte de générations plus nombreuses, souvent mieux formées et sans perspective aucune explique les mobilisations auxquelles on a assisté dans le monde arabe.

    Le début de l’année 2011 a été le théâtre de deux révolutions dans le monde arabe, en Tunisie puis en Égypte que personne n’avait prévues, surprenant la plupart des spécialistes reconnus de ces pays. En quelques semaines, deux dictateurs installés de longue date ont été évincés du pouvoir. Existe-t-il un facteur caché qui pourrait expliquer ces événements  ?

    Oui, la démographie est ce facteur caché  ; plus précisément, l’existence d’un pic de naissances 25 ans auparavant. En effet, le lien entre volume de naissances et évènements géopolitiques n’a pas été effectué jusqu’ici. Pourtant, un nombre plus élevé de naissances dans un pays pauvre peut avoir plusieurs conséquences négatives lorsque les générations nombreuses arrivent à l’âge adulte, si le gouvernement gère mal l’économie et se caractérise par un autoritarisme certain. C’est un terrain qui peut être favorable aux contestations quel que soit leur type (démocratique, conservateur ou socialiste) et conduire ainsi à une révolution, à une émigration massive vers les pays plus riches et, par l’appauvrissement de la population, un plus grand nombre de personnes devant se partager le même gâteau global, être un élément favorable à une révolution.

    Même s’il n’existe pas de déterminisme absolu, et si de nombreuses autres causes expliquent les soulèvements, l’évolution des naissances constitue un facteur important et largement sous-estimé de l’Histoire, conduisant potentiellement à des changements géopolitiques majeurs. Or, en analysant deux pays du monde arabe qui ont récemment connu une révolution, la Tunisie et l’Égypte, il est possible de démontrer que la révolution peut s’expliquer dans chaque pays par la combinaison d’un régime autoritaire, d’une économie peu performante, et, last but not least, d’un pic de naissances 25 ans plus tôt.

    Régime autoritaire et économie pauvre

    Pour la Tunisie, nous disposons de données complètes concernant les statistiques des naissances depuis 1970, ce qui nous permet de déterminer les années où elles ont été les plus nombreuses. En 1970, la Tunisie comptabilisait 186 000 naissances, un nombre qui a augmenté lentement dans les années 1970 et le début des années 1980 pour atteindre un pic entre 1984 et 1987, soit environ 230 000 naissances. Le taux de fécondité a baissé lentement durant cette période, de sorte que le volume des naissances a continué de progresser. L’année record fut 1986 avec 234 736 naissances. Puis, une forte baisse est constatée jusqu’en 1999 avec 160 000 naissances, en raison d’une diminution très rapide de la fécondité.

    Selon notre hypothèse, la fenêtre démographique la plus favorable pour la révolution se situait consécutivement 25 années après le pic du milieu des années 1980, soit entre 2009 et 2012. La «  révolution de jasmin  » de décembre 2010 à janvier 011 s’est donc déroulée en plein milieu de cette fourchette. En effet, la Tunisie combinait parallèlement un régime autoritaire et une économie pauvre.

    En ce qui concerne le régime politique, selon «  l’indice de démocratie  » de The Economist, qui mesure le niveau de liberté de l’ensemble des États de la planète, la Tunisie, bien que désignée officiellement comme une République, se classait seulement au 144e rang dans le monde, soit au même niveau que le Zimbabwe de Mugabe, un modèle de dictature implacable  ! Après l’acquisition de son indépendance de la France en 1957, le nouveau régime tunisien était une «  République  » dirigée par Habib Bourguiba, déclaré président à vie en 1975. Puis, un gouvernement militaire, présidé par Zine El-Abidine Ben Ali, arrivé au pouvoir en 1987 après un coup d’État, a mis fin au règne de Bourguiba, déclaré inapte à gouverner par les médecins. Ben Ali a institué un état policier, avec des services secrets puissants et une corruption massive. L’opposition était interdite, les islamistes étaient systématiquement emprisonnés, la critique non tolérée et Internet censuré. En outre, le président était réélu avec des scores staliniens, récoltant par exemple 89,62 % des voix en 2009.

    Sur le plan économique, la situation semblait meilleure, mais, dans les faits, le produit intérieur brut (PIB) par habitant restait faible par rapport aux pays développés. Selon le Fonds monétaire international (FMI), la Tunisie se situait seulement au 97e rang dans le monde, avec environ 4 160 $ par habitant en 2010, au même niveau que l’Équateur ou le Belize. En comparaison, dans l’ancienne puissance coloniale, la France, le PIB par habitant était de 40 591 $. Le niveau de vie de la Tunisie apparaissait largement sous la moyenne mondiale de 8 985 $ par personne. Le chômage des jeunes était très élevé. La principale industrie, le textile, dépendait de bas salaires pour les travailleurs, la Tunisie n’ayant jamais réussi à diversifier son économie vers des activités à plus forte valeur ajoutée, comme les «  tigres  » d’Asie orientale.

    La combinaison d’une fenêtre démographique favorable, d’un régime autoritaire et d’une économie peu performante pouvait favoriser la révolution de la jeunesse et elle l’a fait. Tout a commencé avec l’immolation à Sidi Bouzid le 17 décembre 2010 de Mohamed Bouazizi, jeune vendeur de rue né en 1984, une des années où le niveau des naissances était à son maximum. Le 3 janvier 2011, des manifestations ont éclaté à Thala, principalement menées par les jeunes, dont certains étudiants. Après plusieurs semaines de protestations massives, le 14 janvier 2011, Ben Ali a dû quitter le pouvoir. Les jeunes, et pas seulement les étudiants, ont donc été à l’origine de la révolution, en particulier les hommes sans emploi nés au moment du pic des naissances du milieu des années 1980.

    La moitié des naissances aux États-Unis

    Comme pour la Tunisie, nous disposons pour Égypte depuis 1970 de données complètes concernant le volume de naissances. En 1970, on dénombrait 1 161 000 naissances, puis ces dernières ont augmenté régulièrement dans les années 1970 et la première moitié des années 1980 pour culminer à 1,9 million pendant quatre ans entre 1985 et 1988, du fait d’un taux de fécondité qui demeurait élevé. À titre de comparaison, ce chiffre correspondait environ à la moitié du nombre des naissances des États-Unis pendant la même période, alors que la population égyptienne ne représentait qu’un quart de la population américaine  ! Ensuite, on a pu constater une réduction des naissances à 1,5 million en 1992 en raison de l’accélération de la baisse du taux de fécondité dans les années 1990.

    Si nous appliquons notre théorie à l’Égypte, la révolution pouvait donc se produire environ 25 ans après 1985-1988, ce qui signifie entre 2010 et 2013. Comme en Tunisie, la révolution de janvier-février 2011 s’est donc déroulée exactement pendant la fenêtre démographique qui lui était favorable. Les conditions qui ont provoqué la révolution en Tunisie ont eu les mêmes effets en Égypte.

    Sur le plan politique, l’Égypte a acquis son indépendance du Royaume-Uni en 1922. Elle n’était pas une démocratie, mais un royaume, jusqu’à la révolution de 1952. L’année suivante, la République a été déclarée et Gamal Abdel Nasser est arrivé au pouvoir en 1956, mais il a adopté une politique pro-soviétique. Quand il est mort, il a été remplacé par Anouar El-Sadate, qui s’est tourné vers les États-Unis, avant d’être assassiné en 1981 par un extrémiste islamiste. Il a été remplacé le 14 octobre 1981 par l’armée dirigée par Hosni Moubarak. Ce dernier a été réélu cinq fois et a gouverné le pays pendant près de trente ans jusqu’au début de 2011. Il exerçait un régime très autoritaire reposant sur une junte militaire. L’état d’urgence était permanent depuis 1957 et la corruption massive. Par conséquent, l’Égypte était classée 138e pays dans le monde selon l’indice de démocratie de The Economist.

    Parallèlement, l’économie n’était guère performante. L’Égypte occupait la 116e place parmi les États de la planète pour le PIB par habitant en 2010, à 2 771 $ par habitant, soit environ le même que le Guatemala ou le Paraguay, deux pays parmi les moins avancés du continent américain. L’Égypte souffrait de plus de sa forte densité parce que la population était concentrée dans les espaces non désertiques de la vallée et du delta du Nil, conduisant à des difficultés pour nourrir la population. L’économie reposait sur quatre ressources principales : le pétrole, le commerce le long du canal de Suez, les devises des émigrés du Golfe et le tourisme. L’industrie était très limitée et peu diversifiée pour un pays aussi peuplé.

    Comme pour la Tunisie, la combinaison d’une fenêtre démographique favorable, d’un régime autoritaire et d’une économie peu performante a favorisé la révolution de la jeunesse en 18 jours. Cette dernière a commencé le 25 janvier 2011 avec une manifestation au Caire contre le régime et Hosni Moubarak a été évincé le 11 février 2011.

    Une autre révolution entre 2017 et 2020  ?

    Comme les deux révolutions étudiées concernent deux pays arabes du nord du continent africain, est-ce qu’une autre révolution est possible bientôt dans le reste de la région  ? En effet, selon la théorie des dominos, la révolution pourrait se poursuivre dans d’autres pays, ce qui a déjà été le cas en Libye, mais dans le contexte particulier d’une intervention militaire étrangère à l’origine de son succès. Si elle est peu probable en Algérie du fait de la mémoire récente de la guerre civile des années 1990 qui limite les velléités conflictuelles de la population, qu’en est-il concernant l’autre grand pays du Maghreb, le Maroc  ?

    Ce dernier est classé à une peu glorieuse 116e place dans le monde selon l’indice de démocratie de The Economist. C’est une monarchie constitutionnelle, mais très différente de celles de certains pays européens. Le pays est gouverné par un roi, qui est également le chef religieux depuis l’indépendance, ce qui lui assure une double légitimité. Pendant le règne d’Hassan II, le régime était très autoritaire et tristement célèbre pour ses terribles prisons, comme celle de Tazmamart. Des opposants comme Medhi Ben Barka ont «  disparu  ». Avec Mohammed VI, qui a succédé à son père en 1999, le régime est devenu un peu plus souple, mais demeure une dictature. La bureaucratie est inefficace, la corruption est partout, et son économie est la moins performante du Maghreb.

    Le Maroc est aussi le 113e pays du monde en termes de PIB par habitant, avec 2 868 $ par habitant en 2010. Il se classe au niveau du Guyana ou du Guatemala. La misère est largement présente, avec de vastes bidonvilles autour des grandes villes, en particulier dans l’agglomération la plus peuplée, Casablanca. Le pays vit essentiellement du tourisme, activité insuffisante pour fournir des emplois à l’ensemble de la population, les autres ressources telles que les phosphates, le textile et l’industrie alimentaire (légumes d’exportation) ne permettant pas de résorber le chômage massif des jeunes. Le Maroc ne profite pas de sa proximité de l’Europe, qui entraîne une forte émigration. Cette situation pourrait conduire à une révolution, d’autant que sa démographie se présente comme une bombe à retardement.

    Si les données portant sur les naissances au Maroc sont incomplètes, elles nous permettent cependant de pouvoir déterminer l’existence d’un pic de naissances. La transition démographique commençant plus tard qu’en Tunisie et le taux de fécondité étant demeuré à un niveau élevé pendant longtemps, les naissances ont atteint un sommet entre 1992 et 1995, ce qui signifie qu’une révolution pourrait se produire entre 2017 et 2020. Sauf si l’émigration massive des jeunes du pays est un exutoire suffisamment important pour les potentiels opposants.

    Laurent Chalard  5 août 2015


    Docteur en géographie (Paris IV Sorbonne), ses travaux portent sur la géographie urbaine, la géographie de la population et la géographie politique. Membre du European Centre for International Affairs (ECIA).
     
     

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  • Tunisie. Serrage de vis et peine de mort (CCR)

    Beji Caïd Essebsi fait voter une nouvelle loi antiterroriste

    Quelques semaines après avoir annoncé l’instauration de l’état d’urgence à la suite des attentats de Sousse, en mai, et contre le musée du Bardo, en mars, le président Beji Caïd Essebsi vient de faire adopter par une écrasante majorité de députés une nouvelle loi antiterroriste.

    L’enfant chéri de la presse occidentale, symbole d’une « transition réussie » après le renversement de Zine El Abdidine, ne se contente pas simplement de rétablir la peine de mort, après un moratoire de vingt-cinq ans. Il aggrave la loi antiterroriste voulue par l’ancien dictateur, en 2003, abrogée depuis, et qui avait servi, à l’époque, pour museler toute contestation.

    A la veille de la Fête de la République, le gouvernement a fait ratifier une loi antiterroriste censée « rassurer les citoyens », selon le porte-parole du Parlement Mohamed Ennaceur. Pour la gauche tunisienne et les organisations de défense des Droits de l’Homme, qui appellent à la mobilisation, le caractère extrêmement flou du texte « pourrait ouvrir la voie à de graves violations des droits ».

    Le nouveau texte de loi remplace l’ancienne loi benaliste de 2003 en l’aggravant.

    Il rétablit la peine de mort, absente du texte précédent, pour des crimes de « terrorisme », catégorie fourre-tout englobant également les personnes qui auraient pu se rendre coupables de « dégradations de biens publics dans le cadre de manifestations ». Par ailleurs, les services de sécurité se verront dans la possibilité de multiplier les écoutes, mais également de détenir, sans assistance d’un avocat, tout suspect de terrorisme pendant un délai de quinze jours.

    Ennahda, le parti islamo-conservateur qui a perdu les dernières élections, a fait savoir par la voix de Sahbi Atig craindre pour « les droits de la religion, la liberté d’expression et les conquêtes de la révolution ». Mais si le gouvernement tunisien doit faire face à une intensification des attaques djihadistes, avec encore un attentat à Sousse contre les forces de sécurité, le 25 juillet, ou encore la rafle visant seize membres présumés de cellules islamistes à Sfax, Kasserine et Sousse, la loi est avant tout un instrument de contrôle préventif contre tour retour de flamme réellement révolutionnaire. Le pays continue à vivre au rythme des grèves et des mouvements sociaux, et c’est bien contre le mouvement ouvrier et de la jeunesse que la loi est tournée.

    D’un simple point de vue de son efficacité politique, l’International Crisis Group a publié un rapport, quelques heures seulement avant l’adoption du texte, faisant état d’un manque d’entraînement des forces de sécurité contre les groupes armés, à l’origine, selon l’ICG, de leur prolifération. Les causes profondes sont, bien entendu, plus complexes, mais c‘est la conclusion de l’ICG qui est intéressante : dans le cadre d’une « aggravation du climat régional », avec une Libye voisine qui s’enfonce dans la guerre civile, le think-tank indique que le texte pourrait accélérer le passage de la Tunisie « d’une crise à une autre (…), avec le risque de plonger à son tour dans le chaos, ouvrant la voie à un retour de la dictature ».

    C’est, dans un sens, ce qui est advenu en Egypte, depuis juillet 2013. Le Maréchal al Sissi est incapable de faire cesser les attaques djihadistes, qui se multiplient, mais a rétabli un régime qui n’a rien à envier à celui de Moubarak, pourchassant de façon impitoyable l’opposition ainsi que la gauche. Sans un retour puissant sur le devant de la scène du mouvement ouvrier et de la jeunesse du Tunisie, Essebsi pourrait, en effet, suivre le chemin frayé par al Sissi pour faire tomber un froid sibérien sur ce qu’il subsistait encore des « printemps arabes ».

    Publié le 29 juillet 2015 Ciro Tappeste

    http://www.revolutionpermanente.fr/Tunisie-Serrage-de-vis-et-peine-de-mort

    Commentaire: CCR est un courant du NPA

  • Tunisie: Vers une législation liberticide et répressive (Cetri)

     Au nom de la « guerre » contre le terrorisme

    Le projet de loi antiterroriste en cours d’examen à l’Assemblée des représentants du peuple pourrait ouvrir la voie à de nombreux abus, ont mis en garde neuf ONG internationales, dont Human Rights Watch et Amnesty International, mardi dans une lettre ouverte adressée aux députés.

    Une définition trop large des actes de terrorisme, de l’incitation ou de l’apologie du terrorisme permettant les abus, peu de garanties pour un procès équitable, un recours fréquent à la peine de mort, une violation du secret professionnel et une limitation du droit d’informer... Certaines dispositions liberticides inscrites dans le projet de loi représentent un danger et ne sont pas conformes aux standards internationaux, selon ces organisations.

    Manifester, un acte de terrorisme ?

    Le projet de loi définit notamment comme des infractions terroristes le fait de « porter préjudice aux biens privés et publics, aux ressources vitales, aux infrastructures, aux moyens de transport et de communication, aux systèmes informatiques ou aux services publics ».

    « De simples manifestations pacifistes accompagnées de certains troubles pourraient être qualifiées d’actes de terrorisme », préviennent les ONG.

    Après l’attaque sanglante du 26 juin et dans son discours annonçant l’état d"urgence, une semaine plus tard, le Président Béji Caïd Essebsi avait déjà mis en garde contre la multiplication des grèves et des mouvements de protestation qui participeraient, selon lui, à une situation d’instabilité favorable aux terroristes.

    En ce sens, le décret daté de 1978 et réglementant l’état d’urgence permet aux autorités d’interdire toute grève ou rassemblement, et donne des pouvoirs élargis au ministère de l’Intérieur. Ce décret est jugé contraire à la Constitution tunisienne, par ses détracteurs.

    Liberté d’expression en danger

    Par des formulations « vagues » et « imprécises », certaines dispositions du projet de loi sont préoccupantes « en matière de liberté d’expression et (ouvrent) la voie à de possibles dérives arbitraires », mettent en garde les neuf ONG, évoquant la notion « d’apologie du terrorisme ».

    « Tout individu, par de simples déclarations touchant de près ou de loin au sujet du terrorisme, pourrait se voir accuser d’une telle infraction », déplorent-elles.

    Ministres et président de la République ont tenté de rassurer, répétant aux médias qu’il n’était pas question de porter atteinte aux droits et libertés acquis depuis la révolution et inscrits dans la Constitution.

    Pour autant, le gouvernement a élaboré et transmis à l’Assemblée le très controversé projet de loi portant sur la répression des agressions contre les forces de l’ordre, qui avait été largement critiqué pour ces dispositions liberticides, y compris dans les rangs de la majorité.

    Opacité

    Dans le projet de loi antiterroriste, le gouvernement a prévu de prolonger la durée de garde à vue des prévenus suspectés d’infractions en lien avec le terrorisme, sans droit à un avocat, « ce qui risque d’accroître les violations des droits humains » et est contraire à la Constitution, s’inquiètent les organisations dans la lettre ouverte aux députés.

    De plus, le projet prévoit également la tenue d’audiences à huis clos, sans justification claire, et permet la violation du secret professionnel.

    D’un autre côté, le gouvernement a décidé de retirer le projet de loi relatif au droit d’accès à l’information, après que la commission de l’Assemblée en charge de son examen y a apporté de nombreuses modifications visant à consolider ce droit.

    « Le retrait du projet de loi après son examen par la commission est à considérer comme du gaspillage de l’effort et du temps qui lui ont été alloués », a déploré l’organisation Al Bawsala dans un communiqué publié lundi.

    Malgré les messages rassurants, ces décisions et propositions gouvernementales feraient ainsi douter des bonnes intentions annoncées par les autorités tunisiennes.

    La Tunisie a été frappée par deux attentats sanglants en mars et juin 2015 et fait face à une montée des violences liées à la mouvance jihadiste depuis la révolution.

    Une semaine après l’attaque contre un hôtel le 26 juin dernier, le Président de la République a décrété l’état d’urgence. Une partie de l’opinion publique et de la société civile s’inquiète des menaces sur les droits et libertés qu’une « guerre » contre le terrorisme pourrait engendrer, en l’absence d’un cadre juridique clair et garant des libertés individuelles.

    • Monia Ben Hamadi 13 juillet 2015

    http://www.cetri.be/Tunisie-Vers-une-legislation