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Tunisie - Page 12

  • L’intolérable attente des chômeurs en Tunisie (Orient 21)

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    Quand l’État abandonne ses « enfants »

    Un chômeur de 28 ans, Ridha Yahyaoui, s’est suicidé devant le bâtiment du gouvernorat de Kasserine le 16 janvier dernier. Depuis cet événement qui rappelle immanquablement l’immolation de Mohamed Bouazizi à Sidi Bouzid, prélude à la révolution de 2011, la contestation menée par des jeunes sans emploi est montée du sud jusqu’à la capitale. Ils attendent depuis deux mois des réponses du gouvernement à leurs revendications, mais celui-ci semble n’en avoir aucune et s’en tient à la rhétorique éculée de « l’atteinte à la sûreté de l’État ».

    «  Nous sommes le 9 avril 2016, il est une heure du matin, la pluie tombe, voici comment vivent ceux qui demandent du travail et de la dignité à Tunis  », commente Wajdi Khadhraoui tandis qu’il filme avec son téléphone portable les jeunes repliés sur les marches du ministère du travail. Comme chaque jour, il raconte à travers sa caméra les conditions de vie des participants du sit-in des chômeurs, contraints de dormir à même le sol en affrontant le froid, la pluie et les regards des passants. Leur quotidien : l’attente. L’attente allégée par des discussions nocturnes sans fin, de la dérision et des fous-rires, des poèmes, une vraie solidarité et beaucoup de cigarettes. Comme tous les jours depuis deux mois, Khadhraoui enverra sa vidéo sur les réseaux sociaux afin d’en informer Kasserine, la Tunisie et le monde, devant l’absence quasi totale de relais médiatique national de leur revendication sociale.

    Cette revendication pour le droit au travail est pourtant l’une des plus fortes jamais connues en Tunisie. Elle est née à Kasserine, dans le centre-ouest, le 16 janvier dernier à la suite du suicide d’un habitant. Ridha Yahyaoui, 28 ans, s’est jeté du haut d’un poteau électrique en apprenant que son nom avait été radié sans raison valable de la liste de recrutement de la fonction publique. Corruption, clientélisme : ces pratiques indignes d’un pays en transition démocratique blessent encore plus dans ces régions qui ont initié les premiers pas de la révolution et qui possèdent un fort sens de la justice. Après ce suicide protestataire, des affrontements avec les forces de l’ordre ont embrasé le pays, gouvernorat par gouvernorat1, avec le même effet boule de neige que l’hiver 2010 menant à la révolution le 14 janvier 2011. Depuis le 22 janvier dernier, une forte répression et l’instauration d’un couvre-feu sur tout le pays ont endigué les manifestations et contraint les contestataires à adopter de nouvelles formes de protestations.

    «  Le prix Nobel pour quoi faire  ?  »

    Nous sommes pourtant bien dans le pays qui a été célébré dans le monde entier lors de l’attribution du prix Nobel de la paix en octobre 2015. Il a été décerné à quatre organisations de la société civile pour leur rôle dans le «  dialogue national  », présenté comme une des clés centrales du modèle de réussite de la transition démocratique tunisienne. L’idée d’une success-story de la Tunisie se base sur la vision internationale d’une «  Révolution du jasmin  » et d’une mentalité du compromis2 qui caractériserait les échanges politiques dans le pays. Si les participants à l’actuel mouvement social préfèrent parler de «  révolution de la mort  » (thawra al mawt) ou «  révolution du sang  » (thawra addem), l’inclination au compromis porte en lui des effets pervers, comme celui de neutraliser tout jeu politique et de taire les sujets brûlants comme la justice transitionnelle ou la réforme législative. La logique du compromis dénature le champ politique naissant et, renforcé par la chasse au terrorisme, peut potentiellement laisser libre cours au retour de pratiques autoritaristes tout comme mettre en péril l’avenir démocratique du pays.

    Réclamer ses droits

    Pour les jeunes contestataires, la révolution a été confisquée et détournée de ses objectifs premiers — dont le principal était le droit au travail. Elle a été dérobée par l’élite des côtes enracinée au pouvoir depuis l’indépendance. Preuve en est, la rhétorique de l’ancien régime s’est remise en place insidieusement. Pour elle, réclamer ses droits est une attaque contre l’État, une attitude ennemie contre le bien général et l’intérêt du pays. L’«  atteinte à la sûreté de l’État  » était en effet invoquée sous les règnes de Habib Bourguiba et de Zine El-Abidine Ben Ali pour réprimer légalement tout mouvement d’opposition politique.

    Malgré le retour de l’appréhension des luttes sociales en tant que dissidence et atteinte à l’intérêt du pays, dès janvier dernier, des sit-in permanents sont mis en place dans plusieurs gouvernorats, principalement Kasserine, Gafsa et Sidi Bouzid. Mobilisés contre la pauvreté, la marginalité, la répression et pour le droit au travail, entre cent et deux cents jeunes chômeurs organisent un sit-in, par exemple au siège de la wilaya de Kasserine. Treize d’entre eux suivront également pendant plusieurs semaines une grève de la faim ponctuée de tentatives de suicide régulières.

    Face à l’absence totale de prise en considération de l’État, des groupes de plusieurs gouvernorats (Kasserine, Gafsa, Kairouan, Jendouba, etc.) ont décidé, début février 2016, de venir directement faire valoir leur droit au travail devant les institutions étatiques à Tunis. Des groupes ont rejoint symboliquement la capitale à pied. D’autres ont été stoppés aux portes de la ville et contraints de s’installer dans un jardin public (El Mourouj). Le groupe d’une trentaine de protestataires venus de Kasserine, après un rendez-vous raté avec le ministre du travail, s’assied devant son ministère. Leurs revendications sont essentiellement l’obtention immédiate d’un emploi pour au moins un membre de chaque famille, la discrimination positive pour les régions et les villes marginalisées, la mise en place des projets de développement promis par l’État, la construction des infrastructures routières afin d’atteindre les régions, la lutte contre la corruption de l’administration et la transparence des procédures de recrutement dans les services publics.

    «  Un citoyen qui cherche sa citoyenneté  »

    Ces citoyens luttent contre la relégation régionale, Kasserine faisant l’effet d’être située dans une autre Tunisie. Infrastructures routières et publiques à leur strict minimum comme ces «  maisons de la culture sans culture  », pauvreté et pollution3 criantes participent de la relégation ancestrale de ce gouvernorat. Victimes d’un régionalisme atavique qui privilégie les régions côtières soutenues par un racisme de classes, les citoyens dénoncent le mépris de l’État et des habitants du nord qui perçoivent cette partie du pays comme rebelle, sauvage et dissidente. Pour Abdellah M., un des protestataires, les régions du nord, dont la capitale, perçoivent les gens du centre et du sud comme des sous-développés (raja’i). Ils méprisent et occultent tout symbole de la révolution, de Mohamed Bouazizi aux martyrs.

    Depuis deux ans, le stigmate du terrorisme vient accentuer cette considération négative. Kasserine se situe au pied du mont Chaambi, nouvellement médiatisé pour les assassinats liés à des actes terroristes. Dans cette région hors-sol, l’État est considéré comme voleur des richesses locales, et ce depuis l’indépendance. Ce qui amène certains habitants à déclarer vouloir renier leur citoyenneté réduite, selon eux, à de simples papiers d’identité : «  je suis un citoyen qui cherche sa citoyenneté  », déplore Khadhraoui. Certains partiront à pied aux frontières algérienne ou libyenne afin de demander symboliquement le statut de réfugié politique. Les protestataires du sit-in du ministère font les frais de cette extranéité depuis leur poste de Tunis. Des passants leur jettent des «  Laissez-nous notre Tunisie  » (sayibouna tounisna) ou encore «  Retournez dans votre pays  » (bara arj’ou bledkoum).

    «  Notre point de vue doit être pris au sérieux. L’État doit être plus responsable. Pendant les élections, l’emploi était brandi comme un slogan politique puis évoquer ce sujet est apparu comme un crime  », affirme Abdellah M.. Au chômage depuis la fin de ses études de mathématiques il y a huit ans, il «  se débrouille  » en vendant des fruits et des légumes afin de subvenir aux besoins de sa famille. Dans la région de Kasserine, beaucoup de jeunes sont contraints d’arrêter leurs études dans ces conditions. C’est aussi un sacrifice que font ceux qui siègent sur le trottoir du ministère du travail à Tunis depuis deux mois : ils disent lutter pour la nouvelle génération et plus pour eux.

    Un mouvement social hétéroclite

    Ce mouvement social défie toute catégorie en vigueur. Abdellah M. se veut également indépendant de l’Union des diplômés chômeurs (UDC) fondée en 2008. Il refuse aussi toute récupération politique, jusqu’à décliner l’offre d’une tente qui arborait un sigle de parti. Toute hiérarchie interne au mouvement est aussi évincée : pas de porte-parole ou de leader, et pas de distinction entre les chômeurs diplômés et ceux qui ne le sont pas. «  On est un seul homme et c’est pour cela qu’on va gagner  », assure Wajdi Khadhraoui.

    En ce qui concerne le militantisme ou les sensibilités politiques, le groupe est hétéroclite : un premier engagement pour certains, de longs parcours militants pour d’autres. Islamistes, syndicalistes, gauchistes… se fondent dans une lutte commune : celle de l’emploi et du développement social et économique des régions défavorisées. Abdellah M. se définit comme un militant des causes sociales et politiques, toutes appartenances politiques confondues. Arrêté en mai 2010, c’est un ancien militant à l’UDC, et auparavant à l’Union générale des étudiants tunisiens (UGET), durant ses études. Il a participé aux sit-in de la casbah dans les jours suivant la révolution, il a assisté aux funérailles de Chokri Belaïd et de Mohamed Brahmi, assassinés pour leur engagement politique, et il rejoint chaque année Tunis le 14 janvier pour la célébration de la révolution. Sa seule appartenance revendiquée : celle au club de football le Club africain, l’«  équipe du peuple  » selon lui, contrairement à la deuxième grande équipe nationale L’Espérance tenue par des hommes d’affaires et de pouvoir issus des régions développées. Au-delà de toute affiliation politique, seuls des mots d’ordre fédèrent le mouvement social : le travail, la dignité et la citoyenneté (shoughl, hourriya, karama watanya).

    De leur côté, les ONG de la «  société civile  » tant vantées par les observateurs internationaux sont peu loquaces, si ce n’est l’appel du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FSDES) et ses communiqués de presse réguliers. Les médias, eux, sont peu intéressés ou lassés4. Face à cette absence criante, ce sont les partcipants qui organisent la logistique au quotidien et communiquent sur leur cause, avec des photos, des vidéos et des communiqués publiés chaque jour sur les réseaux sociaux.

    Le silence de l’État

    Mais le principal absent reste l’État. Jusque-là, il n’a donné aucune réponse concrète — si ce n’est des promesses — des propositions reçues comme insultantes comme celle du recrutement de jeunes des régions défavorisées dans l’armée ou la mise en place d’un «  dialogue national pour l’emploi  » en mars dernier, auquel répondra ironiquement Wajdi Khadhraoui : «  comment un gouvernement qui a raté le dialogue au niveau régional pourrait-il réussir un dialogue national pour l’emploi  ?  » Le gouvernement joue sur le sentiment d’usure de ces jeunes qui résistent aux conditions climatiques, à l’épuisement et à l’indifférence de l’État. Comment un État démocratique peut-il abandonner ainsi ses citoyens, ses «  enfants  », comme aime à répéter le président  ? Qu’attend-il de dizaines de jeunes livrés à eux-mêmes depuis deux mois, à qui il n’a pas daigné adresser la parole, eux qui ne demandent que le dialogue et la considération et qui, en réclamant leurs droits, clament fondamentalement leur citoyenneté  ?

    1Henda Chennaoui, «  Cartographie de la contestation : le mouvement social continue  », nawaat.org, 25 janvier 2016.

    2Nadia Marzouki, «  Tunisia’s Rotten Compromise  », Middle East Research and Information Project (Merip), 10 juillet 2015.

    3Eros Sana, «  La Tunisie est confrontée à la pollution et au manque d’eau  », Reporterre (reporterre.org), 22 mars 2016.

  • Tunisie : Mauvais traitements généralisés en vertu de la loi contre la drogue (Afriques en lutte)

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    Un nouveau projet de loi sur les stupéfiants réduirait les peines pour usage de drogues sans toutefois répondre à toutes les préoccupations en matière de droits humains suscitées par la loi actuelle, a déclaré Human Rights Watch dans un rapport publié aujourd’hui. Les autorités tunisiennes devraient réviser la loi afin d’éliminer toutes les peines de prison pour usage ou possession de drogues dans un but récréatif.

    Le rapport de 33 pages, intitulé : « ‘All This for a Joint’ : Tunisia’s Repressive Drug Law and a Roadmap for Its Reform » (« "Tout ça pour un joint” : La loi répressive sur la drogue en Tunisie et comment la réformer »), documente les violations des droits humains ainsi que les lourdes conséquences sur le plan social résultant de l’actuelle loi draconienne sur les stupéfiants, en vertu de laquelle des milliers de Tunisiens sont condamnés chaque année à des peines de prison simplement pour consommation ou possession de petites quantités de cannabis pour usage personnel. Le 30 décembre 2015, le gouvernement a approuvé et transmis au Parlement un projet de révision de la loi sur les stupéfiants. Le Parlement n’a pas encore fixé de date pour le débat et le vote relatifs à ce projet de loi.

    La Tunisie dispose d’une législation sur les drogues qui est extrêmement sévère.

    Human Rights Watch a mené des entretiens avec 47 personnes qui ont purgé des peines de prison en vertu de la loi sur les stupéfiants, y compris de jeunes habitants de quartiers défavorisés de diverses villes, des étudiants, des artistes et des blogueurs. L’organisation a également interviewé des responsables de l’État et des avocats qui ont défendu des personnes poursuivies en vertu de la loi sur les stupéfiants, et examiné 20 dossiers d’affaires de drogues, y compris des rapports de police et des décisions judiciaires.

    Si vous fumez un joint en Tunisie, vous risquez d’être arrêté, battu par la police, contraint à faire un test d’urine et finalement condamné à un an de prison dans une prison surpeuplée avec des criminels endurcis comme compagnons de cellule. Si la Tunisie réussit sa réforme de la loi sur les stupéfiants, ce pays pourrait devenir un modèle pour la région. Amna Guellali, directrice du bureau de Tunis

    La loi n° 92-52 relative aux stupéfiants (« Loi 52 »), adoptée en 1992, impose une peine minimale obligatoire d’un an de prison pour toute personne reconnue coupable d’utilisation ou de possession d’une drogue illicite, y compris le cannabis. Les récidivistes risquent une peine minimale de cinq ans de prison. Même dans les cas impliquant la possession d’un seul joint, les juges n’ont pas le pouvoir d’appliquer des peines alternatives à l’incarcération telle que des travaux d’intérêt général ou d’autres peines administratives.

    En décembre 2015, 7 451 personnes ayant fait l’objet de poursuites pour des infractions liées à la drogue se trouvaient dans les prisons de Tunisie, dont 7 306 hommes et 145 femmes, selon l’Administration générale des prisons et de la réhabilitation du ministère de la Justice. Environ 70% de ces personnes – soit environ 5 200 personnes – ont été reconnues coupables d’utilisation ou de possession de cannabis, connu en Tunisie sous le nom de « zatla ». Les infractions relatives aux drogues représentaient 28 % de la population carcérale totale de l’État.

    S.T., 28 ans, a déclaré qu’il s’était senti « brisé » après avoir passé cinq mois en prison en 2014 pour usage de cannabis avant d’être gracié. Il ajoute : « Quand j’en suis sorti, les gens me regardaient comme si j’étais un criminel. Quelqu’un qui a purgé une peine de prison est toujours considéré comme un criminel. »

    Human Rights Watch a documenté la façon dont l’application de la loi sur les stupéfiants a entraîné de graves violations des droits humains. Les personnes interviewées ont mentionné des passages à tabac et un comportement insultant des policiers pendant l’arrestation et l’interrogatoire, des mauvais traitements durant les tests d’urine et des perquisitions de domiciles en l’absence de mandat judiciaire. Le faible critère de suspicion requis conformément à la loi avant que la police ne place une personne en état d’arrestation accorde à la police un pouvoir discrétionnaire de détenir les gens en garde à vue sans preuves suffisantes et puis de de les contraindre souvent dans la pratique à prendre des tests d’urine afin de voir ce que les tests vont révéler.

    Une fois déclarée coupable, une personne dont le seul « crime » est d’avoir fumé un joint se trouvera enfermée dans de très mauvaises conditions, avec des criminels endurcis dans une cellule tellement bondée que les prisonniers doivent se relayer pour dormir, ou bien sur le sol, ou bien à deux sur un matelas. Après leur remise en liberté, ils doivent subir le fardeau de leur casier judiciaire tout en affrontant un marché de travail déjà assez dur.

    Le projet de loi abolit les peines de prison pour les personnes arrêtées une première et deuxième fois dans toutes les affaires de possession de drogues pour usage personnel ainsi que les condamnations obligatoires pour les récidivistes. Il accorde également aux juges le pouvoir discrétionnaire d’imposer des peines alternatives et met davantage l’accent sur les services de traitement.

    Mais le projet de loi contient des dispositions susceptibles de violer le droit à la liberté d’expression et à la vie privée. Il ajoute une nouvelle infraction de « incitation à commettre des infractions liées à la drogue. » Cette disposition, telle qu’elle est rédigée, pourrait être utilisée pour poursuivre les membres de groupes qui militent pour la dépénalisation des drogues, ainsi que les rappeurs et chanteurs dont les chansons parlent de drogues, les organisations fournissant des services visant à réduire les dommages liés à la drogue et autres personnes s’exprimant pacifiquement sur les drogues.

    En outre, en maintenant l’option des peines de prison pouvant aller jusqu’à un an pour l’usage et la possession répétés de drogues illicites, le projet de loi ne tient pas compte des appels des experts internationaux en matière de droits humains et de santé qui exhortent les États à éliminer les peines privatives de liberté pour usage ou possession de drogues. Les gouvernements ont un intérêt légitime à la prévention des dommages sociétaux causés par les drogues. Cependant, criminaliser l’usage récréatif des drogues interfère avec le droit des personnes à la vie privée.

    « Le nouveau projet de loi reconnaît tacitement les lourdes conséquences sur le plan social que la loi actuelle fait subir aux Tunisiens », a conclu Amna Guellali. « Le Parlement devrait aller au bout de la logique en éliminant toutes les peines de prison pour usage personnel de drogue ou possession de drogues pour usage personnel. » 3 avril 2016 Human Rights Watch

    http://www.afriquesenlutte.org/tunisie/article/tunisie-mauvais-traitements

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  • Tunisie : quand l’environnementalisme de mode domine et réduit les débats (Essf)

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    Entre environnementalisme de mode postrévolutionnaire et urgences environnementales et sociales

    Depuis plusieurs mois le problème des poubelles qui s’accumulent un peu partout dans le pays s’est imposé parmi les premières « urgences » politiques. Il occupe ainsi une place de choix aussi bien dans les espaces publiques que dans les médias et les réseaux sociaux. Même au sein des gouvernements, la question est récurrente à tel point que l’ex-secrétaire d’État en charge de l’environnement n’a pas hésité à se mettre en scène, pelle à la main, en présence des journalistes et face aux caméras, pour en souligner l’urgence.

    Pourtant, d’autres problèmes environnementaux plus graves mais moins visibles, comme les pollutions industrielles et agricoles, etc., n’ont malheureusement pas bénéficié de tels traitements. Ceci est loin d’être un simple hasard. On est en réalité face à une manipulation médiatique coordonnée pour détourner l’attention des citoyens des vrais problèmes environnementaux : la poubelle est ainsi devenu l’arbre qui cache la forêt.

    Ainsi, la sur-médiatisation de ce problème ponctuel lié aux luttes sociales des employés municipaux en charge du ramassage des ordures (les éboueurs) a conforté l’idée, évidemment fausse, que les questions environnementales et écologiques se limitent à l’immédiatement « visible » dans l’environnement quotidien.

    S’il est parfaitement normal et légitime que chaque personne soit d’abord sensible à ce qui la touche directement dans sa vie quotidienne (la saleté de l’espace publique, la pollution urbaine, le bruit,...), il ne faut ni oublier ni minoriser les nuisances invisibles et dont les conséquences à moyens et à longs termes, parfois catastrophiques, ne se révèlent généralement qu’à l’occasion d’une catastrophe. Tout le monde se rappelle, sans doute, l’explosion de l’usine de pesticides de Bhopal en Inde (survenue dans la nuit du 2 au 3 Décembre 1984) qui a couté la vie à plusieurs milliers de personnes en l’espace de quelques heures (3.500 immédiatement et au total 25.000 au total).

    Où en sommes nous du nécessaire débat sur les questions environnementales et écologiques ?

    Depuis la chute du régime de Ben Ali qui empêchait tout débat sur les questions fondamentales, on assiste à une explosion de la parole et nous ne pouvons que nous en réjouir. Toutefois, si certains sujets importants comme les libertés individuelles, l’identité « nationale » (collective), le statut de la femme, les libertés politiques..., ont été abordés avec toutes leurs dimensions essentielles, il n’en a pas été de même pour d’autres sujets, dont l’environnement, la justice sociale et les modèles de développement.

    Ainsi, l’emballement des médias et des réseaux sociaux à propos des ordures et des déchets urbains n’est qu’un exemple de ces débats tronqués. Il relève en réalité du développement d’une forme d’environnementalisme urbain produit et développé par les classes moyennes et supérieures qui se sentent quotidiennement agressées par les nuisances immédiates et visibles.

    « Ca sent mauvais », « ça fait trop de bruit », « c’est sale », « c’est un risque pour la santé », « ce n’est pas beau » et « ça nuit à l’image de ’notre belle Tunisie’ » : Ce ne sont là que certaines des formules clés des discours de ce que j’appelle un environnementalisme de mode postrévolutionnaire. Un environnementalisme qui rassure ces animateurs et leur donne une bonne conscience, mais qui participe très fortement à la marginalisation des véritables questions et enjeux environnementaux et des populations exposées aux risques invisibles.

    Peut être faudrait-il donner ici quelques exemples qui sont trop peu ou pas du tout évoqués dans les débats actuels sur l’environnement :

    Le premier exemple est celui des quartiers populaires périphériques, comme celui de Saida Mannoubia, celui de Mellassine et celui de Sidi Hassine, qui sont à moins d’une heure de marche de l’avenue Bourguiba à Tunis. Dans ces quartiers, les habitants sont depuis des années quotidiennement exposés à de multiples problèmes environnementaux : habitats mal adaptés, un réseau d’assainissement insuffisant et délabré, accumulation des poubelles, bruits et pollutions urbaines..., L’état extrêmement pollué du lac Sijoumi, qui borde ces quartiers par l’ouest et en reçoit la quasi-totalité des eaux usées, est un véritable foyer de risques sanitaires divers. Qui s’en émeut réellement ? Qui en parle ? [1]

    Deuxième exemple : Djerba qui a déjà souffert du sur-pompage de ses nappes et de la destruction de son agriculture de type oasien, qui avait résisté jusqu’au milieu des années 1970, et qui est désormais alimentée en eau potable par des sondages profonds situés à plusieurs dizaines de kilomètres dans la Djeffara voisine, connaît un nouveau problème environnemental qui la défigure et la détruit à une vitesse effrayante. En effet, depuis plusieurs années des centaines de quads la sillonnent dans tous les sens pour promener des touristes en mal de « paysages » exotiques mais toujours pressés et inconscients des nuisances et des dégâts que ce véritable phénomène provoque sur ces paysages, sur les chemins de sable empruntés et évidemment sur la population locale exposée à la fois aux bruits incessants de ces puissants engins et à la pollution engendrée. Les centaines de kilomètres de chemins de sable, qui étaient autrefois des chemins agricoles, ne sont plus qu’un réseau de diffusion de la pollution. Qui en parle ? Qui s’en émeut ?

    Le troisième exemple est bien sûr celui du complexe chimique de Gabes qui est entrain de tuer la seule oasis littorale du monde et un véritable patrimoine environnemental exceptionnel en la privant de la plus grande partie de ses eaux, qui servaient à l’irrigation et en en polluant l’air, l’eau, les sols et la mer. Les populations locales y sont exposées aux pires conséquences sur leur santé (nombreuses maladies dangereuses) et sur leurs sources de vie (Voir mon film documentaire « Gabes Labels » [2]). Qui en parle ? Qui s’en émeut ?

    Ces trois exemples rapidement exposés, ne sont malheureusement pas des exceptions et encore moins accidentels. Des milliers d’autres exemples pourraient être donnés. Ils montrent les vrais problèmes environnementaux et écologiques de la Tunisie d’aujourd’hui. Ils sont d’autant plus sérieux et inquiétants qu’ils sont devenus structurels et permanents et non pas ponctuels et conjoncturels comme le récent problème des ordures et poubelles de toutes sortes.

    Mais ces problèmes environnementaux structurels ne semblent pas provoquer les environnementalistes de mode (petit bourgeois). Certains arrivent même à les justifier, voire les encourager par cette formule magique mais profondément anti-écologique : « C’est le prix à payer du développement », disent plusieurs parmi ceux et celles-là mêmes qui animent le « mouvement » anti-poubelles. Mais le vrai prix certains le payent déjà par les maladies auxquelles ils sont exposés et l’appauvrissement et nous le payerons tous/toutes immanquablement tôt ou tard.

    Il n’en reste pas moins vrai que les questions écologiques sont bien trop complexes et multiples pour les réduire à un tas d’ordures, aussi nuisible soit-il.

    Plus de cinquante ans de politiques anti-environnementales

    Les nombreux problèmes environnementaux que la Tunisie connaît, comme la majorité des pays du Sud et au-delà, ne datent pas d’hier et ne relèvent pas de l’incident et encore moins de la situation politique actuelle du pays. Elaborées autour des deux dogmes de la croissance économique et de l’exportation, les politiques de développement en Tunisie n’ont jamais intégré les conditions et les conséquences environnementales et sociologiques. Elles sont la cause des problèmes écologiques que nous connaissons aujourd’hui et qui ne cessent de s’aggraver.

    Depuis l’indépendance, le développement agricole a été orienté vers l’intensification excessive de l’agriculture grâce à la mécanisation, souvent inadaptée aux conditions géographiques et sociales locales, à l’usage dramatique des pesticides, insecticides et engrais chimiques divers et à l’exploitation minière des ressources hydrauliques relativement limitées.

    En conséquences, nous avons une détérioration des qualités des sols, une pollution chimique de l’eau et de la terre, un épuisement vertigineux des ressources, doublé par la salinisation des nappes (Djerba, Cap Bon, les Oasis...), une multiplication des maladies provoquées par la pollution chimique et une dépossession progressive des petits paysans de leurs moyens de production, de leurs sources de revenues et de leur sécurité alimentaire familiale.

    Le cas du développement agricole techniquement spectaculaire de Sidi Bouzid est probablement l’un des meilleurs exemples de ces choix et de leurs conséquences. En moins de trente années, cette région aride est devenue la principale région de production agricole du pays, grâce à l’exploitation massive des ressources hydrauliques souterraines et à la dépossession des paysans locaux au profit de grands investisseurs venus des villes côtières. Mais ce développement n’a pas empêché Sidi Bouzid d’être la première région en termes de taux de pauvreté. La mort de Mohamed Bouazizi est la conséquence directe de cette mauvaise politique agricole [3].

    Quand un pays à ressources hydrauliques limitées produit des fruits, des légumes et des fleurs hors saison (des primeurs) destinés à l’export, il ne fait en réalité qu’exporter des volumes considérables de son eau. Ainsi la Tunisie est devenue l’un des premiers pays qui présentent ce paradoxe d’être à la fois un grand exportateur de produits agricoles et importateur de produits alimentaires. Toutes les devises du monde ne remplaceraient pas les eaux exportées et ne pourraient même pas garantir une sécurité alimentaire durable.

    Non seulement personne ou presque ne semble se soucier de ce problème, mais un triste consensus semble se dégager sur la « nécessite » de continuer cette politique d’intensification à outrance, en attirant dans le secteur agricole davantage d’investissements et d’investisseurs tunisiens et étrangers. Quand une même personne mène, à juste titre, campagne à la fois contre l’envahissement de nos rues par des tas d’ordures et pour la poursuite des politiques agricoles intensives et fortement destructrices de nos ressources naturelles et marginalisantes de centaines de milliers de familles paysannes, cela relève à la fois de la défense de ses petits intérêts personnels (réduire les nuisances immédiates) et de l’absence de toute conscience écologique réelle. C’est de l’environnementalisme de mode postrévolutionnaire.

    On peut aussi parler des politiques industrielles suivies et de leurs conséquences catastrophiques sur la population, l’environnement et les ressources naturelles. De Gafsa à Bizerte, en passant par Gabes, Sfax, Ben Arous, le Kef..., les exemples ne manquent guère.

    Si on devait se limiter à un seul, je rappellerai celui du complexe chimique de Gabes que j’ai évoqué plus haut. L’une de ses plus spectaculaires conséquences dramatiques restera, sans aucun doute, la mort progressive du Golfe de Gabes, dans lequel le complexe chimique a déversé pendant plus de 40 années des centaines de milliers de tonnes de phosphogypses et d’autres déchets acides. Fortement polluée et appauvrie, la mer jadis très poissonneuse, est totalement désertée par la faune et la flore marines. Contrairement à celles qui s’entassent dans les rues, cette poubelle là n’est pas directement visible. En dehors de la population de Gabes et surtout de certains de ces habitants actifs et activistes, personne ne semble s’alarmer, outre mesure, par l’ampleur de la catastrophe. Pire, experts et décideurs au pouvoir depuis le 14 janvier ne cessent d’essayer de nous convaincre qu’il faut accepter ce prix du développement. Circulez il n’y rien à voir.

    Il y aurait autant à dire sur l’industrie touristique du pays qui consomme, à elle seule, des volumes considérables d’eau. Le fait que l’un des ministres les plus actifs du gouvernement actuel soit la ministre du tourisme, qui n’hésite pas de payer de sa personne pour attirer davantage de touristes, souligne combien les décideurs actuels s’acharnent à reproduire les mêmes choix économiques des périodes précédentes sans même en avoir fait le bilan économique mais aussi social et écologique.

    Les quads de Djerba, auxquels je faisais allusion ci-dessus, ne sont que l’expression audible et visible du sacrifice de l’environnement et des ressources naturelles au service de la croissance économique qui ne profite qu’à la minorité des « possédants ». Je reconnais qu’un quad, même bruyant, reste moins désagréable à voir qu’un tas d’immondices. Mais les conséquences du premier sont autrement plus graves que celles du second.

    En guise de conclusion : Pour une réelle écologie sociale

    Il n’est pas inutile de relancer le débat sur les questions écologiques de fond, loin de l’environnementalisme de mode qui porte en lui même les germes de son échec. Bien sûr, il n’existe pas de solutions miracles immédiates pour corriger, à court terme, les conséquences dramatiques de six décennies de mauvais développement (sans parler de la période coloniale).

    Evidemment quelques initiatives peuvent être entreprises ici ou là en fonction des moyens, des contraintes et des urgences, mais ce qu’il faut c’est changer progressivement de modèles de développement.

    En effet, il me semble de plus en plus urgent d’adopter de nouvelles politiques de développement visant la croissance sociale plutôt que la croissance économique. Mais la croissance sociale ne peut être atteinte qu’à travers une politique basée sur certains engagements précis, relevant de l’écologie sociale. J’en donne les dix suivants, à titre d’exemples de ce qu’il conviendrait de faire :

    • La valorisation des ressources naturelles (l’eau, la terre, la biodiversité locale, les variétés locales...) ;

    • La valorisation du travail des petits paysans qui devraient bénéficier d’un soutien sécurisé de la part de l’État ;

    • La sécurisation de l’accès des paysans et des paysannes (les femmes paysannes sont les plus exposées aux processus de dépossession et d’appauvrissement) aux différentes ressources agricoles, dont l’eau et la terre ;

    • La sur-taxation de tout usage des ressources hydrauliques pour des activités et des productions spéculatives ;

    • L’application systématique et à toutes les échelles du principe « pollueur, payeur » ;

    • L’imposition d’une taxe environnementale dans le secteur touristique ;

    • La fourniture de l’eau potable gratuitement à tous/toutes à hauteur des besoins réels (environ 50 litres par personne et par jour, à discuter et décider) et l’application d’un tarif prohibitif pour toute consommation dépassant ces besoins réels ;

    • Le développement des énergies renouvelables ;

    • Le développement des infrastructures de transports publiques respectueuses de l’environnement ;

    • La constitutionnalisation des ressources naturelles comme « biens communs » non privatisables...

    Toutefois, de tels choix politiques qui changeraient radicalement les politiques de développement, supposent l’existence d’un véritable courant porteur d’un projet d’écologie sociale volontariste, ambitieux, visible et audible.

    Les partis écologistes existants sont malheureusement peu audibles, malgré les grands efforts de nombre de leurs militants, et l’environnementalisme petit-bourgeois n’est qu’une tendance néo-libérale qui n’envisage aucune politique économique en dehors des dogmes du libéralisme dominant.

    Soyons réellement écologistes, exigeons l’impossible.

    Habib Ayeb ,
    Géographe, enseignant-chercheur à Paris 8, réalisateur

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article37320

  • Algérie-Maroc-Tunisie, la braise sous la cendre, le 7 mars à Paris (Alternative Libertaire)

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    Retour politique 5 ans après sur ce que d’aucun qualifiaient de « printemps arabes », les leçons tirées, sur les luttes et les attentes populaires actuelles, et les perspectives qui se dessinent.

    Il y a 5 ans le peuple tunisien secouait le joug de la dictature, renversait le tyran se trouvant à sa tête et faisait souffler un vent de liberté parcourant toute la région jusqu’aux pays du Golfe. 5 ans après les dictatures marocaine et algérienne, qui ont senti le vent du boulet passer, sont toujours en place et la classe politique tunisienne mêlant partisans de Ben Ali recyclés, islamo-conservateurs, et libéraux est présentée par la presse internationale comme celle qui a su domestiquer ce que d’aucun-e-s qualifiaient il y a encore peu de « révolution arabe ».

    Pourquoi ces pouvoirs arrivent-ils à se maintenir alors qu’ils refusent de réduire les inégalités et que le niveau de chômage des jeunes compte parmi les plus élevés de la planète ?

    Quelles sont les attentes de la société et l’ampleur du mécontentement dans ces trois pays ? Quels sont les principaux secteurs de la contestation actuellement ? Quelles leçons ont été tirées des échecs des printemps des peuples d’Afrique du Nord, du Moyen Orient et du Golfe ? Quelle menace représentent les mouvements djihadistes ?

    Nous vous proposons d’en parler avec Sofya Lahrach, militante de l’AMDH (Association Marocaines des Droits Humains) qui évoquera les luttes des femmes au Maroc - Mohamed Jaite, militant de Voie démocratique qui traitera du contexte social et politique au Maroc, Elie Octave, militant libertaire qui interviendra sur la situation en Tunisie et François Gèze (ancien responsable des Éditions La Découverte, membre de l’ONG Algeria-Watch) qui s’exprimera sur l’Algérie, ainsi que les militantes et militants d’Alternative libertaire.

    PARIS lundi 7 mars, 19 heures

    Algérie-Maroc-Tunisie, la braise sous la cendre

    Entrée libre Table de presse - Buffet

    Espace Louise Michel

    42ter, rue des Cascades, 75020 Paris, métro Jourdain

  • Tunisie : les ouvrières vont diriger une usine abandonnée par son propriétaire (Réalités.tn)

    TUNISIE USINE

    Après avoir déclaré faillite, le propriétaire de l’entreprise de confection « Mamotex », a donné son accord au syndicat des travailleurs de Mahdia pour se retirer de la société et laisser les ouvrières de l’usine se charger de la production et de l’administration de l’entreprise.

    Le Secrétaire Général de l’Union Régionale du Travail de Chebba et Melloulech, Bahri Hedili, a affirmé à Radio Kalima, que cet accord « audacieux » est une première en Tunisie. Les 70 ouvrières ré-ouvriront les portes de l’usine à partir de mars 2016.
    Le syndicat se chargera, pour sa part, de trouver de nouveaux partenaires.

    http://www.realites.com.tn/2016/02/tunisie-les-ouvrieres-vont-diriger-une-usine-abandonnee-par-son-proprietaire/

  • Nouveautés sur Europe Solidaire Sans frontières

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