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Révolutions Arabes - Page 219

  • Algérie Setram: le mouvement de grève se radicalise (Afriques en lutte)

    Après une semaine de grève, c’est l’impasse entre la direction et le personnel de la Setram, dont les représentants refusent toute négociation avec le directeur actuel, tout en demandant son départ.

    Pour réaffirmer leur position, les grévistes, qui avaient tenté, sans succès, de tenir un sit-in à Alger, ont dressé, avant-hier, une tente devant l’entrée du poste de contrôle de la station centrale de Sidi Maârouf. « Cette décision a été prise en concertation avec notre syndicat, suite à notre déplacement sur Alger où nous avons été empêchés de tenir notre sit-in devant la direction mère », nous a affirmé un groupe de travailleurs rencontrés jeudi.

    Les grévistes nous ont même fait savoir qu’une marche sera organisée aujourd’hui à partir du poste de contrôle, en empruntant la ligne du tramway empêchant ainsi d’avancer les 4 rames affectées au service minimum. Interrogés sur la tournure radicale prise par le mouvement de protestation des travailleurs du tramway, ces derniers ont indiqué qu’ « actuellement plus de 200 agents son menacés de licenciement, alors qu’ils ont le droit de revendiquer un droit légitime.

    C’est la direction qui a failli à ses engagements et bafoué le code du travail ». Rappelons que le mouvement de grève des agents du tramway dure depuis une semaine au grand désarroi des usagers. Ces agents ont tenu, ainsi à marquer le coup pour demander l’application des dispositions relatives à l’octroi des indemnités des heures supplémentaires. Les protestataires se rassemblent depuis le début de la grève, devant l’entrée du poste de contrôle sis à Sidi Maârouf.

    De son côté, la direction de la Setram a indiqué dans un communiqué que « le tramway d’Oran, connaît, une perturbation du trafic suite à un arrêt de travail collectif illégal, observé, sans préavis, par une partie du personnel ».

    Source : Le Temps d’Algérie 12 mai 2015

    http://www.afriquesenlutte.org/afrique-du-nord/algerie/article/algerie-setram-le-mouvement-de

     

  • Appel à un autre Maroc (Contretemps)

    http://www.contretemps.eu/sites/default/files/images/Autre-Maroc-Appel.large.jpg

    Comprendre et agir : créer les conditions d’un nouveau mouvement social

    Membres de l’association Autre Maroc, "Mouvement de lutte pour la justice sociale", Montassir Sakhi et Hamza Esmili livrent dans ce texte, précédemment publié sur le site de leur association, une réflexion (auto)critique sur le Mouvement du 20 Février et ses suites.

    Quatre années se sont écoulées depuis le déclenchement du Mouvement du 20 Février.

    Quatre années ne suffisent pas pour dresser une analyse globale des évolutions sociales qui se sont cristallisées, en 2011, dans un soulèvement populaire inédit dans l’histoire du Maroc1.

    Quatre années, ce n’est rien dans la vie d’un peuple.

    Il ne s’agit pourtant pas de la seule année 2011, ou des seules quatre années qui se sont écoulées depuis. Car comment comprendre les conditions de production d’un tel soulèvement sans resituer le Mouvement du 20 Février dans les luttes qui, depuis l’indépendance, traversent à la fois la société marocaine et le pouvoir ?

    Ce texte constitue à la fois une autocritique, sans fard ni ambages, ainsi qu’un appel à de nouvelles luttes plus proches de la réalité sociale, conscientes des reconfigurations du pouvoir au Maroc actuel et agissant ainsi comme autant d’alternatives politiques au bénéfice des couches les plus démunies de notre société.

    Refusant de céder tant à la tentation glorificatrice qu’au défaitisme militant, ce texte s’insère dans la volonté de faire une évaluation rationnelle des avancées du Mouvement ainsi que de ses carences qui ont abouti à la démobilisation progressive, à l’aune notamment de l’inadéquation entre la réalité du pouvoir et la construction historique des discours des acteurs revendiquant le changement, ce que Norbert Elias appelle « l’habitus par effet de retardement »2.

    Nous chercherons ainsi à faire une analyse raisonnée des mouvements sociaux passés, de leurs constitutions au délitement de leurs mobilisations, pour aboutir à la discussion de la nouvelle réalité politique et sociale du pays, qui appelle, selon nous, à de nouvelles luttes.

    Nous procéderons en trois temps.

    Un premier axe d’analyse sera déployé autour de l’émergence de nouvelles formes du politique au sein du Mouvement du 20 Février, reprenant la dichotomie historique entre luttes redistributives et luttes de reconnaissance. Nous nous arrêterons également sur les raisons de l’échec de la tentative d’opérer une synthèse des revendications au sein du Mouvement et sa relation avec la décrue de la mobilisation.

    Le second moment de l’analyse se fera autour de l’évolution de la définition même du pouvoir au Maroc, dans un contexte global, ainsi que les reconfigurations du jeu politique qui l’ont accompagnée. Nous chercherons ainsi à montrer que l’absence de prise de conscience quant à cette problématique, au sein du Mouvement, a été la source d’un décalage croissant entre les revendications portées par ce dernier et la réalité sociale au Maroc.

    Enfin, cherchant à tirer les enseignements du passé et de l’expérience du Mouvement du 20 Février, nous tenterons de définir les orientations fondamentales d’une nouvelle lutte politique en faveur du changement social au Maroc.

    Le Mouvement du 20 Février, formes, reconnaissance et redistribution

    Formes du politique

    Forme d’action politique inédite dans le contexte marocain, le Mouvement du 20 Février a notamment suscité l’espoir — au moins aux premiers temps de la mobilisation — d’une possible inversion du rapport de forces politiques, dans le contexte global de Printemps arabe, d’Indignés de Madrid et d’Occupy Wall Street.

    Ainsi, bien qu’ancrés dans des réseaux de sociabilité historiquement constitués, les militants composant le Mouvement ont profité de la «  conjoncture fluide »3, que représentait le contexte historique global, pour bouleverser la perception de l’action politique au Maroc.

    En opérant ainsi un passage de la politique, conçue en tant que champ séparé de la réalité sociale — dont le Palais, partis et autres entrepreneurs politiques seraient les acteurs exclusifs — au politique, défini de manière extensive comme cadre d’action privilégié sur le quotidien des citoyens, le Mouvement du 20 Février a élargi le champ des possibles au Maroc. Se définissant comme un « mouvement social total », le Mouvement a visé à ses débuts à établir les bases d’un nouveau projet de société touchant tous les aspects de la vie des citoyens.

    La mobilisation a également proposé par la pratique une nouvelle définition de la démocratie. Face au modèle du régime démocratique représentatif, où le pouvoir est délégué à des « professionnels » censément porteurs des intérêts des citoyens, le Mouvement a opposé la méthode démocratique, c’est à dire la co-construction collective des orientations, revendications et pratiques de la mobilisation.

    Illustration de cette définition pratique de la démocratie, en opposition avec la revendication programmatique classique d’un régime de démocratie représentative, le Mouvement, bien que présent sur l’ensemble du territoire, n’a pas mis en place une organisation centrale qui détiendrait un monopole décisionnel. En réalité, la prise de décision a été fondée sur le modèle délibératif entre militants diversement politisés.

    Ainsi, le Mouvement a instauré une véritable pratique de la démocratie directe au sein des instances décisionnelles du Mouvement, transformées en véritables agoras militantes où le débat des idées avait lieu de manière spontanée et libre.

    Dès lors, les réactions des partis politiques institutionnels sont symptomatiques de l’établissement de ces définitions alternatives de la politique et de la démocratie. Dénoncé comme facteur d’ «instabilité », le Mouvement a immédiatement été perçu comme une menace par les organes exécutifs des partis institutionnels, tout bord idéologique confondu, alors même que des franges non négligeables de leurs militants rejoignaient la mobilisation.

    De fait, cette forme de démocratie directe promue par le Mouvement à ses débuts, ainsi que la volonté de se constituer en « mouvement social total », se sont elles-mêmes étiolées au fur et à mesure des récupérations dont faisait objet la mobilisation à partir du discours royal du 9 Mars. En définissant lui-même quelles revendications étaient légitimes, le Roi a prudemment reconstruit les limites du champ du possible politique au Maroc. En accordant au Mouvement la victoire de voir sa contestation reconnue comme bien-fondée, le discours royal a ainsi stoppé net la volonté de la mobilisation de se constituer en projet de société alternatif.

    Dès lors, affaibli dans son essence même, les « infiltrations » multiples du Mouvement — par les ONG, les élites politiques institutionnelles ainsi que les représentants d’intérêts privés plaidant pour plus d’ouverture au Marché — ont fini d’achever la temporalité politique exceptionnelle dont avait bénéficiée la mobilisation à ses débuts.

    Reconnaissance et redistribution

    Une analyse historique des mouvements politiques — partisans ou associatifs — qui ont traversés la société marocaine depuis l’indépendance, fait apparaître une évolution majeure au cours des décennies post-1956 : le passage d’une conception redistributive de la lutte à une dimension de reconnaissance des droits.

    En effet, la première catégorie d’action politique, largement marquée par une approche marxiste des rapports de classe, est ainsi axée sur la question de la justice sociale et de l’égalité réelle entre les citoyens. À partir de l’indépendance, elle est notamment représentée par les grands mouvements d’opposition issus du Mouvement national. Ainsi, l’UNFP4, constituée d’une base sociale principalement formée de fonctionnaires, étudiants et autres professions libérales au capital culturel élevé, se donnait, dans une perspective léniniste5 du parti d’avant-garde,  le rôle de représenter les prolétaires, petits paysans et autres laissés pour compte des premiers développements du capitalisme marocain

    À l’inverse, à partir des années 1980, de nouveaux mouvements sociaux ont mis au centre du débat politique la reconnaissance d’identités culturelles et/ou linguistiques, l’égalité entre les sexes ainsi que le droit de conscience religieuse, souvent sans articulation avec la demande d’égalité sociale. Ce déplacement du débat, souvent effectué dans l’optique libérale de la primauté du droit sur la réalité pratique de son exercice, a été favorisé, à la fois par le contexte international de la chute du Bloc communiste — et donc de retrait de l’idéologie marxisante —, ainsi que par la forte répression opérée par le régime hassanien contre les militants de gauche au cours des années de plomb.


    Ce bref rappel historique effectué, quelle place au Mouvement du 20 Février dans cette dichotomie ?

    La constitution même du Mouvement du 20 Février, « mouvement de mouvements » par excellence, porte en elle cette opposition historiquement construite entre luttes de redistributions et luttes de reconnaissance.

    Ainsi, le Mouvement agrège ensemble les deux types de revendications. Le premier est celui des luttes matérialistes — obtention d’emplois dans le secteur public, amélioration des conditions de travail ou encore augmentation du salaire minimum légal et des revenus —, portées par les travailleurs syndicalistes6, les associations de diplômés-chômeurs et les collectifs citoyens7. Inversement,  des slogans culturalistes et/ou droitsdelhommistes sont notamment représentés par les associations demandant la constitutionnalisation de la langue amazighe, les membres des partis et associations politiques de l’opposition historique8 ainsi que les mouvements de lutte pour la reconnaissance des libertés individuelles9 de l’autre.

    Pourtant, les organisations ayant appelé à soutenir la dynamique protestataire ont mis de côté, au moins en partie, leurs différends idéologiques pour s’identifier à la seule charte du Mouvement du 20 Février. Cette dernière a été conçue par des militants représentant des tendances politiques diverses ainsi que des « militants indépendants » fin Janvier 2011. Ainsi, par crainte de divisions précoces, la charte revendicative incarne la volonté d’éviter toute teinte idéologique susceptible de diviser le Mouvement.

    Dès lors, citons entre autres principales revendications du mouvement : la dissolution du parlement, la promulgation d’une nouvelle constitution par une assemblée élue, l’instauration d’une monarchie parlementaire où les pouvoirs du roi seraient limités, la hausse des générale des salaires, la suspension de la privatisation de l’enseignement, la création d’un fond d’aide à la jeunesse ainsi que d’une allocation nationale aux chômeurs, la hausse et la généralisation des bourses estudiantines, l’indépendance de la justice, l’abrogation de la loi sur le terrorisme, la libération des prisonniers politiques, la reconnaissance de la langue amazighe comme une langue constitutionnelle, la nationalisation des grandes entreprises stratégiques, le respect des droits et libertés collectives, etc.

    Ainsi, fait édifiant, la charte fondant l’action du Mouvement du 20 Février reprend à la fois des revendications redistributives classiques et des exigences de reconnaissance de droits culturels et politiques10.

    Cette articulation n’a été permise que dans le cadre de la conjoncture fluide du moment historique, c’est à dire à une situation globale de brouillage des règles du jeu politique ainsi que des rapports de force objectifs, que représentait le contexte global de soulèvements populaires dans la région. Dès lors, c’est cette situation politique et historique particulière qui a permis la convergence de mouvements provenant d’horizons divers et n’ayant pas entrepris de processus de rapprochements idéologiques capables de déboucher sur un front pour un changement social et politique réel.

    Ainsi, le pouvoir politique, incarné par l’Etat et encouragé par les différentes élites économiques profitant du statu quo, a favorisé la négociation sectorielle pour empêcher tout rapprochement idéologique pouvant déboucher sur une représentation des catégories sociales populaires et constituer ainsi une véritable « classe sociale ».

    À titre illustratif, florilège des différents « cadeaux du pouvoir » :

    - Les centrales syndicales se sont retirées du Mouvement après la signature de l’accord tripartite — avec la Confédération générale des entrepreneurs marocains (CGEM) et le gouvernement —du 26 avril 2011 instituant une « augmentation urgente » des salaires nets des fonctionnaires.

    - Les courants dissidents du PJD — notamment le courant « Baraka » — ont quitté le Mouvement après la promesse de la tenue d’élections législatives transparentes.

    - Les diplômés chômeurs se sont retirés au moment de l’annonce d’un accord-cadre prévoyant leur intégration massive dans la fonction publique.

    - Les mouvements amazighs ont cessé de se mobiliser après l’annonce de la constitutionnalisation de la langue amazighe.

    Ces différents mouvements n’ont eu ni le temps ni l’espace pour renoncer aux intérêts corporatistes et construire une critique systémique des mécanismes de production de la domination englobante. Dès lors, l’absence d’autocritique capable de leur permettre de s’inscrire dans une action sociale plus large a condamné le Mouvement au délitement progressif.

    Nouveau pouvoir versus Nouvelle société civile

    Dans le contexte du Mouvement du 20 Février, la coexistence au sein d’un même mouvement de dynamiques aussi diverses est devenue impossible sitôt la « conjoncture fluide » moins marquée.

    Dès lors, le déclin des manifestations et des rassemblements citoyens qui, pendant plus de deux ans, avaient instauré une véritable situation de critique sociale s’insère dans le cadre d’un changement de temporalité politique rendant impossible la poursuite de l’action du Mouvement.

    Plutôt que d’être sous le choc de la démobilisation, il convient de comprendre la nature de la nouvelle temporalité politique, et partant de cela penser un recadrage des luttes sociales permettant la remise en cause des systèmes de domination fonctionnant aux échelles nationale, régionale et mondiale.

    Dans ce cadre, deux tendances nous semblent d’une importance capitale pour l’analyse et la critique politique de la « situation » marocaine.

    Reconfigurations du pouvoir

    Tout d’abord, il nous apparait que certains des acteurs engagés dans le Mouvement du 20 Février ont négligé les reconfigurations majeures du régime marocain, qui, d’un pouvoir répressif de violence systématique, s’est transformé en un dispositif où ce dernier est disséminé dans un ensemble hétéroclite d’acteurs de gouvernementalité.

    Cette évolution n’est pas spécifique au seul Maroc. Elle s’inscrit dans une tendance lourde et globale de redéfinition du rôle du politique et de l’Etat.  

    En effet, au cours des années 1980, l’émergence d’un Marché de plus en plus puissant, légitimé par les théories économiques néolibérales pseudo-scientifiques, s’est faite au détriment de l’Etat dans l’ensemble des pays dont le système économique s’est ouvert à la mondialisation telle que conçue dans les organisations internationales11.

    Dans ce cadre, au nom du dogme de l’ouverture à la concurrence pure et parfaite, de larges pans de l’action publique ont été démantelés au profit d’intérêts privés, socialement situés et matériellement accumulatifs. Ainsi, au Maroc, les secteurs de l’éduction publique, de la santé, de l’agriculture, et du logement social—parmi bien d’autres—, sont aujourd’hui de très profitables marchés pour l’élite économique du pays.

    Par ailleurs, fait emblématique de cette évolution, la Monarchie est aujourd’hui moins le  premier acteur institutionnel du pays que le premier opérateur du Marché. Ce constat, largement illustré par le prédatisme des entreprises royales, entérine ainsi l’aliénation du politique à l’économique.

    Dès lors, cette évolution est symptomatique d’une nouvelle définition, libérale, du politique. Ce dernier ne serait plus le moyen privilégié d’action sur la réalité sociale, mais un champ séparé qui ne concerne que ses professionnels et qui vise à la résolution de problèmes conjoncturels d’optimisation de l’accès au Marché.

    Dans cette optique, les revendications portant sur la reconnaissance des droits et libertés, l’exigence d’une démocratie représentative et la séparation du capital et du politique, notamment portées par certains acteurs du Mouvement du 20 Février, ne sont plus productrices de critique sociale radicale. En évacuant les questions de la marginalité et de la pauvreté disqualifiante du débat politique, ce type de luttes profite largement au système libéral installé et ne peut donc prétendre apporter une alternative pour les groupes démunis  tant matériellement, que culturellement et socialement.

    Ainsi, cédant à une véritable ruse de l’Histoire, ces nouveaux mouvements sociaux ont abandonné l’égalité de fait en revendiquant l’égalité devant la loi. Il faut toutefois souligner ici l’héritage des années de plomb, qui fonctionne comme un habitus collectif : face à la répression systématique institutionnalisée du régime Hassan II, les mouvements des décennies précédentes ont centré la revendication sur la démocratie représentative, la transparence des élections, la lutte pour le droit à l’expression libre et contre la détention secrète et pour les droits des prisonniers politiques.

    Or, à l’inverse, la répression d’Etat est loin d’être systématique dans le Maroc actuel.

    Ainsi, bien qu’il soit évident que la presse continue à ne pas être libre, qu’il demeure des emprisonnements et des violences arbitraires, ainsi que des procès totalement injustes, ces « atteintes aux droits de l’Homme » sont localisées, très loin de la violence de masse du règne hassanien et des années de plomb.

    Dans la perspective foucaldienne de l’idéologie néolibérale, le dispositif du pouvoir en place ne fait plus de la violence physique son principal moyen de domination, mais tend, au contraire, à vider le politique de son sens en en faisant un objet séparé de la réalité sociale.

    Nouvelle société civile

    Corollaire de cette nouvelle définition du politique, le virage culturaliste majeur opéré par les organisations politiques et associatives marocaines dès la fin des années 1980. Non spécifique à notre seul pays, cette évolution est liée à la montée en puissance de la notion de société civile. Instituée comme un canal privilégié de l’action politique, elle est censée combiner d’un côté une efficacité managériale par la définition d’objectifs de performance précis, et de l’autre, une éthique non entachée par les « vicissitudes » de la politique partisane.

    Les associations, regroupant un ensemble hétérogène d’acteurs allant des jeunes de quartier aux fondations-mastodontes dirigées par des personnalités issus du monde des affaires, sont ainsi subventionnées par les institutions internationales, qui y voient un relais puissant des discours hégémoniques et globalisants. Leur action est également favorisée par l’Etat en cours de désengagement, qui leur délègue une partie de ses attributions. Dès lors, la société civile agit comme un levier de transformation de la réalité en dehors de toute régulation ou débat public.

    Valorisant en apparence « l’action et l’action seule », séparée du diagnostic situationnel et de la critique fondamentale, ces nouveaux acteurs de la vie publique sont en réalité socialement et historiquement situés. En effet, malgré un discours se revendiquant apolitique, la construction des problèmes à traiter, la production de solutions, en apparence allant de soi (taken for granted) et les moyens mis en œuvre, sont tous issus d’arbitrages idéologiques définis par des positions sociales et des évolutions historiques situées. Ainsi, bien souvent, les acteurs de la société civile sont porteurs d’un paradigme idéologique néolibéral fort, jouant ainsi le rôle, à l’échelle locale marocaine, de hérauts du Consensus de Washington, qui consiste notamment en l’ouverture au marché et à la concurrence privée au détriment de l’action publique redistributive.

    Evacuant ainsi totalement la question de la justice sociale, de nouvelles revendications ont ainsi émergé, portées par des associations et des partis représentant les intérêts des nouveaux groupes bénéficiaires de cette transformation et les intérêts de leurs propres adhérents/acteurs12.

    Dans ce cadre d’analyse, l'expérience du Mouvement du 20 Février est symptomatique du rôle tenu par ces nouvelles ONG. Mouvement de revendications politiques et politisées par excellence, les dizaines de milliers d'ONG13, ayant envahi la sphère publique lors des dernières décennies, n’ont joué aucun rôle dans la mise en place du processus protestataire ni dans sa consolidation.

    Toutefois, certaines de ces ONG, notamment celles qui œuvrent pour « la bonne gouvernance », « les droits humains », et/ou « les libertés individuelles», ont joué un rôle de récupération et de pacification du mouvement protestataire en banalisant les revendications populaires et sociales, dès la deuxième grande manifestation nationale du mouvement (Manifestation du 20 Mars 2011). En effet, à la suite du discours royal du 9 Mars, considérant les revendications démocratiques des protestataires comme légitimes14, des centaines d'associations rejoignent le Mouvement du 20 Février dans sa marche du 20 mars 2011.

    Cette dynamique associative n’est pas anodine. Dans une conception gramscienne, la nouvelle société civile agit ici comme un moyen de diffusion de l’hégémonie culturelle des élites en places, au premier chef desquelles le Palais. Ainsi, à partir de cette date, au sein même du Mouvement, une inflexion relative aux slogans politiques est réalisée.

    Nous avons ainsi assisté à la montée en puissance de revendications centrées sur les mots d'ordre offerts par le pouvoir reconfiguré, c’est à dire le Roi, dans son discours du 9 Mars. La question de la réforme constitutionnelle a, dès lors, pris le dessus sur les questions sociales. Le Mouvement s’est alors mis à porter des demandes n’intéressant pas les populations défavorisées économiquement, marginalisées socialement et privées d’accès à l’école et à la santé.

    En effet, les besoins de ces populations condamnées au déclassement et à la reproduction dans un système inégalitaire entraient en décalage complet avec les slogans portant sur la liberté d’opinion et de la presse, la monarchie parlementaire, les droits culturels, ce qui a indubitablement été un facteur d’étiolement de la mobilisation au cours des mois suivant le discours royal.

    Quelle nouvelle lutte sociale ?

    S’il est juste que la mobilisation a décru au fil des années jusqu’à quasi-extinction, les questions qu’avaient remises au centre du débat le Mouvement demeurent tout aussi prégnantes dans la réalité sociale des marocains.

    En 2015, au Maroc, l’extrême pauvreté perdure, avec plus de 25% de la population qui vit au niveau ou en dessous du seuil de pauvreté (1$ par jour). Parmi les populations vivant au dessus du seuil de pauvreté, 50% sont économiquement vulnérable aux aléas de la vie (maladie, intempéries ou perte d’emploi)15.

    Malgré un taux de croissance annuel moyen de 4,5% depuis 2002, le taux d’analphabétisme stagne à plus de 43% de la population16. Si la scolarisation a considérablement augmenté, le taux de déperdition annuelle des élèves fait que seule 13% d’une cohorte arrive au baccalauréat. Régulièrement pointé du doigt par les organisations internationales17, le système scolaire est globalement en ruine, provoquant une véritable rupture entre les familles aisés pouvant placer leurs enfants dans les écoles privées du pays (et parmi elle le saint graal des écoles françaises, représentant 0,02% des étudiants du pays mais véritable temples de la reproduction des élites) et ceux devant se contenter de l’école publique.

    La problématique des logements sociaux où s'entassent des centaines de milliers de marocains dans des immenses cités dortoirs, la privatisation de la santé qui fait écho à celle de l'éducation, le manque d'infrastructures de base... l’ensemble de ces dossiers brûlants font du Maroc une véritable poudrière humaine.

    Considérant l’héritage du Mouvement, et cherchant à évaluer le passé pour construire l’avenir des mouvements sociaux, il nous apparaît que certains questionnements doivent préluder à toute action politique réellement contestatrice et porteuse de changement global.

    Articulation des luttes dans un mouvement social total

    La séparation artificielle érigée entre luttes pour la démocratie, pour la justice sociale ou la reconnaissance des différences, contraste avec l’objectif fondamental de tout changement social et politique : l’édification d’une société plus juste. La lutte, telle que nous la concevons, doit avoir comme leitmotiv absolu, non seulement l’égalité des individus devant la loi, mais fondamentalement l’égalisation des capitaux économiques, sociaux et culturels. Ce n’est qu’à travers cette dernière que les idéaux de démocratie, de droit à la différence ou de liberté deviennent accessibles.

    Nous appelons, ainsi, à reconstruire des mouvements sociaux non-sectoriels articulant toutes les luttes de la redistribution et de la reconnaissance des droits, en opposition au néolibéralisme.

    Vaincre les dominations transfigurées par les recompositions du pouvoir politique et l’émergence de l’économie capitaliste au Maroc nécessite une lutte touchant la totalité de la réalité sociale, en opposition aux mouvements pensés en dehors des rapports de dominations qui s’y déroulent. Dès lors, la combinaison des échelles de la critique nécessite de sortir du glissement culturaliste insistant sur la simple dimension du droit et pour intégrer la question sociale.

    La double dynamique en marche au Maroc, avec d’un côté l’émergence d’un capitalisme prédateur et de l’autre, le retrait de l’Etat des services publics, s’accompagne de la hiérarchisation toujours plus marquée entre les différents groupes sociaux.

    Partant de ce constat, éviter le spectre de la ruse de l’histoire qui guette le mouvement social marocain actuel appelle une prise de conscience nécessaire : la réalisation des demandes libérales, historiquement issues des années de plomb, de séparation des pouvoirs, de reconnaissance des droits civiques et politiques, et de neutralité de l’Etat quant au déroulement des élections, la réforme du code pénal, la liberté d’opinion et de la presse, etc. ne signifie en rien la résolution de la question sociale.

    Plus que jamais, la critique émanant des organisations représentant les nouveaux dominé(e)s, est appelée à dénoncer les politiques qui condamnent les populations à l’indigence, à la marginalisation et à la disqualification sociale.

    Mouvements sociaux et représentation

    Comme évoqué plus haut, le Mouvement, en tant que « mouvement de mouvement », a agi en catalyseur d’intérêts sociaux variés — et parfois contradictoires — qu’un moment politique spécifique a permis de faire coexister dans une même structure. Résultant d’une temporalité politique propre, cette coexistence de catégories sociales diverses, portant des revendications particulières, n’a pas pour autant signifié l’unification des luttes.

    En dehors du moment historique du Printemps arabe, la transformation du profil sociologique des militants, au sein même des partis historiques de la gauche marocaine, a accentué le glissement de sens idéologique opéré au cours des dernières décennies.

    Ainsi, l’USFP, originellement constituée de petits fonctionnaires et de professions intellectuelles et libérales, a vu ses structures décisionnelles et exécutives trustées par de grands propriétaires terriens, des chefs d’entreprises agroalimentaires majeures ou des entrepreneurs politiques salariés au fur et à mesure des congrès et de la gouvernementalisation du parti. Cette évolution, tout sauf anodine, a ainsi contribué à l’impossibilité pour le parti de renouveler la critique des structures de la société marocaine, dont l’USFP était pourtant la principale productrice au cours des premières décennies postindépendances.

    Dès lors, une première exigence en lien avec la construction d’un mouvement social critique est une définition préalable de la représentativité de ce dernier, c’est à dire l’identification des catégories sociales en vertu desquelles la dynamique protestataire obtient sa légitimité et dont elle porte les intérêts.

    Partant de ce postulat, la lutte revendiquant une société plus juste ne peut se faire qu’en défense de ceux qui sont actuellement marginalisés dans l’espace social marocain. Cette marginalisation, multiforme, portant à la fois sur l’économique, le social et le politique, tout en étant légitimée par la domination culturelle, touchant l’immense majorité des marocains, appelle dès lors une dynamique globale capable de formuler une critique systémique.

    Victimes de domination(s) historique(s), du démantèlement de l’Etat, de l’hégémonie du Marché et de la montée en puissance des intérêts socialement situés, les dépossédés des capitaux scolaires et matériels, les victimes des politiques de privatisation massive, les chômeurs, les nouveaux travailleurs précaires, les petits agriculteurs, les parias récemment projetés dans la (bidon)ville, les minorités culturelles, en un mot les dominés, voici ceux pour qui la changement est nécessaire et mérite la lutte.

    Dans ce cadre, cette dernière doit redéfinir l’objet politique en tant que facteur de transformation de la société. Ne s’arrêtant pas au changement des institutions étatiques et la production juridique, la lutte politique doit viser à un changement de la société par la société pour la société. 

    Dépasser le clivage entre islamistes et gauchistes

    À la suite du Mouvement du 20 Février, nous appelons à la refonte du paysage politique marocain sur d’autres bases que la simple opposition entre pseudo-conservateurs islamistes et pseudo-modernistes de gauche.

    Perçu comme une dichotomie fondamentale de l’espace politique marocain, le clivage entre islamistes et gauchistes s’est largement imposé aux acteurs sociaux au cours des décennies postindépendances.

    Pourtant, en fondant leurs oppositions sur la base de différences d’éthique et de valeurs, les deux dynamiques négligent les possibles convergences de leurs bases sociales.

    Ainsi, une partie de la gauche marocaine s’est radicalisée en rejetant tout héritage culturel issu de l’Islam, amalgamé au despotisme, au « sous-développement » et à l’opposition à la Modernité. Inversement, une partie des mouvements islamistes s’est attachée à construire un référentiel unique de valeurs dans le but d’uniformiser l’espace social.

    Largement exacerbée par le régime d’Hassan II, cette différenciation a également été amplifiée par un contexte international marqué par la théorie du choc des civilisations. Cette dernière agit soit de manière directe en construisant un « nous » contre un « eux », soit de manière plus insidieuse à travers les valeurs normatives de l’universalité et de la modernité face auxquelles tout modèle alternatif est voué à la stigmatisation.

    Pourtant, l’opposition entre islamistes et gauchiste n’est ni un fait allant naturellement de soi, ni une norme historiquement ancrée dans la nature de l’opposition au Maroc.

    Ainsi, les exemples ne manquent pas pour démontrer la non-évidence de cette dichotomie. Citons dans ce cadre, la coexistence, au sein du Mouvement national, des différentes tendances, allant du salafisme de Allal El Fassi au modernisme de Hassan El Ouazzani, l’existence au sein même de l’UNFP d’une large tendance islamiste18, ou encore le militantisme passé de certains leaders islamistes actuels au sein des organisations d’extrême-gauche des années 197019.

    Dès lors, le recadrage de notre lutte nécessite de sortir de cette conception.

    Cela requiert bien entendu le respect de conditions nécessaires pour réussir le dialogue entre les mouvements sociaux clivés sur cette base.

    Il faut cependant signaler que les mouvements islamistes, à l’instar des organisations se réclamant de la gauche, ne sont pas représentatifs des mêmes intérêts et des mêmes projets sociétaux. Ainsi, le PJD, à la tête du gouvernement depuis 2012, est un chantre de la libéralisation à tout-va de l’économie alors même que les partis Al Badil Al Hadari et Al Oumma intègrent la dimension des classes sociales dans leurs programmes politiques. D’autres, comme le mouvement Adl Wa Al Ihssan, n’ont pas encore défini leurs positions quant à la question sociale et économique.

    Partant de ce constant, il est nécessaire de construire un socle commun entre gauchistes et islamistes permettant ainsi la défense des mêmes intérêts sociaux au sein de la lutte politique. 

    Féminisme et mouvements sociaux

    Une lutte visant à combattre la domination des uns sur les autres ne peut faire l’impasse sur la question féminine. Pan essentiel de toute action contestatrice globale, la remise en cause de la domination masculine, et du patriarcat qui en découle, doit être conçu au cœur d’un mouvement social cherchant à édifier un projet de société alternatif.

    Dans un mouvement double, le féminisme doit être constitutif de la lutte sociale, autant que la lutte sociale doit être constitutive du combat pour l’égalité des sexes.

    En replaçant la lutte sociale au centre du féminisme, il s’agit de rompre avec les mouvements politiques privilégiant le droit à la pratique. Considérant le profond ancrage des structures de la domination masculine dans l’habitus collectif, il serait dès lors illusoire d’espérer l’égalité de fait d’une simple modification de textes légaux, ou encore d’imaginer que ces derniers impulsent le changement des structures incorporées de la domination masculine.

    Ce type de revendications féministes, fondées sur une approche culturaliste, ont ainsi largement été reprises dans « le nouvel esprit du capitalisme »20 et contribuent ainsi à la légitimation du néolibéralisme. Ce dernier, créant pourtant de nouvelles inégalités de fait —notamment en régénérant une division sexuée de la vie sociale —, a ainsi fondé une partie de son discours sur la reprise des grandes critiques soulevées par les mouvements féministes de la seconde vague, notamment à l’endroit du capitalisme d’Etat, identifié à raison, comme modèle essentiellement patriarcal21.

    De la même manière, en concevant la question féminine au cœur de la lutte sociale, nous refusons de la considérer comme une simple revendication touchant une catégorie spécifique, aussi large soit elle. Bien au contraire, nous considérons que, tant les femmes que les hommes, à des échelles évidemment extrêmement différentes, sont sujets de la domination masculine et du modèle sociétal patriarcal.

    Dès lors, à la suite de Pierre Bourdieu, nous considérons que « seule une action politique prenant en compte réellement tous les effets de domination qui s’exercent à travers la complicité objective entre les structures incorporées (tant chez les femmes que chez les hommes) et les structures des grandes institutions où s’accomplit et se reproduit non seulement l’ordre masculin, mais aussi tout l’ordre social, […], pourra contribuer au dépérissement progressif de la domination masculine. »22

    Articuler les dimensions locale, nationale et transnationale

    La survenue en 2011 de soulèvements populaires autour du globe, n’est pas le fruit du hasard.

    En effet, le déploiement global du néolibéralisme est un fait et appelle donc la combinaison de plusieurs échelles de luttes.

    Au Maroc, le capitalisme transnational trouve dans l’Etat un allié naturel favorable aux politiques de privatisation, aux coupes budgétaires et aux exigences des instances internationales et des Etats dominants à l’échelle globale.

    Dans ce cadre, la diffusion hégémonique de l’idéologie du Marché par les centres de décision majeurs — grands Etats, instances internationales, grandes multinationales... — recourt à toutes les armes possibles en vue d’obtenir « l’ouverture » des sociétés au modèle économique dominant se présentant comme « l’unique voie » possible. Le monde arabe est ainsi un exemple type de l’activation de la guerre destructrice et du spectre de l’identitarisme pour tuer dans l’oeuf toute résistance contre les gouvernements autoritaires et contre la pénétration du néolibéralisme sauvage.

    Par ailleurs, l’interdépendance des Etats, les flux migratoires, la gestion de la question climatique, qui elle ne connaît pas de frontières, exigent l’inscription de nos mouvements sociaux dans un cadre de lutte globale post-national.  

    Pourtant, partout dans le monde, des populations se mobilisent contre l’homogénéisation des économies appuyée sur des bureaucraties néolibérales.

    Contre la marchandisation de tous les secteurs de la vie qui menace l’humain, contre la montée de l’individualisme et la rupture du lien social, contre l’amalgame entre salariat et subsistance, contre l’ostracisation des individus condamnés à la pauvreté et au chômage etc. il ne peut y avoir qu’une solidarité internationale des luttes, seule à même de contrer les forces hégémoniques en œuvre sur l’ensemble de la planète.

    Remettre au centre du débat la question de la justice sociale, de la domination des uns sur les autres, de la marginalisation de la majorité des marocains au nom des intérêts de quelques uns, voici l’essentiel du combat aujourd’hui.

    Construire une critique radicale tout en étant de son temps politique, tel est le défi de ceux qui souhaitent penser le changement au Maroc.

    Ne pas tomber dans le piège de la séparation entre un champ politique vidé de son sens et une société civile fonctionnant par projets, voilà la condition sine qua none d’une alternative de société.

    Eviter les fausses oppositions, ne pas s’engager dans les combats vides de sens, ne pas céder à la ruse de l’histoire, et construire ainsi un Autre Maroc

    Ce texte a précédemment été publié sur le site de l'association Autre Maroc.

    Nos contenus sont placés sous la licence Creative Commons (CC BY-NC-ND 3.0 FR). Toute parution peut être librement reprise et partagée à des fins non commerciales, à la condition de ne pas la modifier et de mentionner auteur·e(s) et URL d'origine activée.

    Image en bandeau via AutreMaroc.org.

  • Rennes: Soirée projection documentaire (Afps)

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    Suivie d’une conférence

    Nous sommes heureux de vous informer de la projection d’un film documentaire suivi d’une conférence/débat sur le thème de LA SITUATION DES PRISONNIERS POLITIQUE PALESTINIENS, qui aura lieu jeudi 28 mai à 20h à la Maison des Associations
    (Cours des alliés - Rennes)

    Cette soirée est co-organisée par le Comité Rennais AFPS, Amnesty International, la Ligue des Droits de l’homme (LDH) et l’Union Juive Française pour la Paix (UJFP), avec le soutien de l’Association des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture (ACAT) et de la CIMADE.

    La conférence/débat sera précédée de la projection du documentaire ‘PALESTINE, LA CASE PRISON’, réalisé par la Plateforme des ONG pour la Palestine.

    Pour nous aider à décrypter les questions que cette situation soulève face au Droit International et face au Droit Humanitaire, nous pourrons compter sur la présence de trois invités :

    Hafed BURNAT, avocat palestinien, ancien prisonnier et membre du comité de résistance de Bil’in,
    Martine BRIZEMUR, Coordonnatrice Israël, Territoires occupés, Autorité Palestinienne - Amnesty International France,
    Mireille FANON - MENDÈS FRANCE, membre de l’UJFP, Experte au Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU et présidente de la Fondation Frantz Fanon

    http://www.rennespalestine.fr/?+SOIREE-projection-documentaire+

  • Nouveautés sur Agence Médias Palestine

     
    Témoignage: Passage éclair en Palestine occupée, par Meïssa et Tofayl

    Témoignage: Passage éclair en Palestine occupée, par Meïssa et Tofayl

    Lundi 27 avril, 14h30. Notre avion atterrit à l’aéroport de Ben Gourion, Tel Aviv, Israël. C’est le début de notre voyage tant attendu en Palestine. Voyage qui durera 24h, durant lesquelles nous ne verrons même pas la lumière du jour. Suite à six mois de préparation, de nombreuses réunions, des rencontres prometteuses, de beaux projets...
     
     
     
    Portrait: Amina Abu El Hayja, 100 ans a manifesté pour le droit au retour en Palestine occupée

    Portrait: Amina Abu El Hayja, 100 ans a manifesté pour le droit au retour en Palestine occupée

    Amina Abu El Hayja, 100 ans, a manifesté en Palestine occupée pour la marche du retour le 23 avril dernier. La Marche du retour, qui coïncide avec le jour israélien de l’indépendance, appelle au droit au retour des Palestiniens qui ont été expulsés ou qui ont du fuir la Palestine en 1948. Amina Abu El...
     
     
     
     
    La société civile palestinienne presse Federica Mogherini, responsable de la diplomatie de l’UE, d’exclure les entreprises militaires israéliennes des programmes de recherche européens

    La société civile palestinienne presse Federica Mogherini, responsable de la diplomatie de l’UE, d’exclure les entreprises militaires israéliennes des programmes de recherche européens

    Dans une lettre à Federica Mogherini, la cheffe de la politique étrangère de l’UE, 30 coalitions palestiniennes, syndicats et organisations de la société civile ont appelé l’UE à exclure les sociétés militaires israéliennes d’Horizon 2020 – un nouveau programme de recherche et d’innovation européen. Palestine occupée, 7 mai 2015 A : Federica Mogherini, Représentante de...
     
     
     
    La mainmise d'Israël sur le tourisme palestinien

    La mainmise d’Israël sur le tourisme palestinien

    Le 6 mai 2015 (mis à jour le 7 mai) Par Amjad Alqasis L’occupation et la colonisation de la Palestine par Israël ne se limitent pas qu’à leurs aspects militaires, mais elles se manifestent aussi dans l’utilisation du tourisme en tant qu’outil politique. Israël utilise cet outil pour renforcer sa position en tant que puissance occupante...
     
     
     
    Le ministre israélien de la Défense promet de tuer plus de civils et menace d'utiliser l'arme nucléaire sur l'Iran

    Le ministre israélien de la Défense promet de tuer plus de civils et menace d’utiliser l’arme nucléaire sur l’Iran

    Asa Winstanley – mercredi 6 mai 2015 Moshe Yaalon en train de parler à la conférence de Shurat HaDin en 2015 Le ministre israélien de la Défense Moshe Yaalon a dit mardi qu’Israël attaquerait tous les quartiers civils dans n’importe quelle future agression sur Gaza ou sur le Liban. Prenant la parole dans une
    conférence...
     
     
     
    « Sept Palestiniens tués en avril, 375 kidnappés » (centre Arhar)

    « Sept Palestiniens tués en avril, 375 kidnappés » (centre Arhar)

    Vendredi 1er mai 2015 par IMEMC News Le Centre Ahrar pour l’étude des détenus et des droits de l’Homme a publié son rapport mensuel sur les violations israéliennes contre les Palestiniens durant le mois d’avril 2015 et a révélé que sept Palestiniens avaient été tués et 375 avaient été blessés. Le rapport documente les violations...
     

    Israël refuse de délivrer des visas d’entrée au Ministre de l’éducation d’Afrique du sud, dirigeant de gauche, et ses officiels

    Vendredi 24 avril 2015 – IMEMC News Le parti communiste d’Afrique du sud (South African Communist Party – SACP) a publié un communiqué condamnant fermement la décision israélienne de refuser un visa d’entrée au Ministre de l’enseignement supérieur et de la formation d’Afrique du Sud, Secrétaire général du parti communiste Sud-africain, le camarade Blade Nzambe...

  • Meurtre du militant anticolonialiste Henri Curiel à Paris en 1978 (El Watan)

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    L’assassinat politique revendiqué 37 ans après

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    Le mystère est enfin levé sur la mort d’Henri Curiel. L’assassinat du militant anticolonialiste et défenseur de l’indépendance de l’Algérie vient d’être revendiqué, 37 ans après.

    L’homme a été tué le 4 mai 1978 par des membres d’une organisation d’extrême droite proche des «Services» français. C’est ce que révèle un membre de l’organisation Action française, en l’occurrence René Resciniti de Says, dans un livre posthume intitulé Le Roman vrai d’un fasciste français.

    Décédé en 2012, René Resciniti de Says avoue avoir pris part aux assassinats du militant d’extrême gauche Pierre Goldman, et d’Henri Curiel, alors que du côté officiel français, le dossier est officiellement classé. Henri Curiel avait été abattu par deux inconnus, de plusieurs balles à bout portant, dans l’ascenseur de l’immeuble où il habitait, à Paris. Né le 13 septembre 1914 au Caire (Egypte) dans une famille aisée, originaire d’Italie, dont le père était banquier.

    Henri Curiel, un fervent anticolonialiste, a passé sa vie à militer en faveur des mouvements de libération nationale, notamment en Afrique. Dès 1956, il s’est consacré à l’indépendance de l’Algérie en créant le Mouvement anticolonialiste français, mais surtout en développant l’action clandestine au sein du Réseau Jeanson des «porteurs de valises» pour un soutien logistique aux militants de la cause nationale. Il s’était investi à fond dans son action et avait mis à la disposition des moudjahidine du Front de libération nationale (FLN) en France toute l’étendue de son savoir-faire en matière de militantisme.

    Et quand le Réseau Jeanson avait été ébranlé par plusieurs arrestations, en 1960, Henri Curiel avait pris la relève des réseaux de «porteurs de valises» et a mis en place un réseau similaire qui portait son nom. Dans Le Roman vrai d’un fasciste français, Resciniti de Says a confié à un journaliste, Christian Rol, à qui il avait raconté pourquoi et comment il a assassiné Curiel, que le feu vert pour le meurtre lui aurait été donné par Pierre Debizet, le patron du Service d’action civique (SAC), la milice du parti gaulliste.

    R. N le 10.05.15 | 10h00

    Commentaire: Wabnitz Oscar   le 10.05.15 | 20h36

    il manque une info !

    Henri Curiel est un fils de banquier et issu d'une famille juive francophone de nationalité italienne établie en Égypte. Il fait ses études dans des établissements français du Caire, comme de « nombreux jeunes gens d'Europe, il lit André Malraux, Paul Nizan, le Gide des allers-retours, et rôde autour du marxisme2. » Il fait en général un voyage tous les ans en France, mais c'est son frère Raoul qui est désigné pour aller y faire des études supérieures. Son père le retient pour travailler avec lui à la banque et ainsi lui succéder un jour. Cela n'est pas du tout à son goût, mais comment se révolter contre un père totalement aveugle depuis de nombreuses années2 ? Il prit la nationalité égyptienne lors de l'abolition des capitulations (en), malgré le fait qu'il ne parlait pas la langue arabe, et qu'il ne l'a d'ailleurs jamais parlée couramment.
    Il faut dire la vérité, ce qui permettra aux incultes de ce pays d'éviter les amalgames et être justes quand aux hommes et femmes qui ont aidé ce pays pour la recherche de son indépendance!
    Y-A_t'il une rue, une place, une école; un coin qui porte le nom de ce monsieur porteur des valises du FLN avant 1962 ?

    http://www.elwatan.com/actualite/l-assassinat-politique-revendique-37-ans-apres-10-05-2015-294386_109.php

    Lire aussi le Quotidien d'oran:

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/pol/france/assassinat_curiel_revendique.htm

  • Yarmouk : ce que les médias ne vous disent pas ! (Info-Palestine)

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    La couverture de la crise dans le camp de Yarmouk en Syrie ignore le contexte historique plus large des réfugiés palestiniens, explique Tom Charles.

    Ban Ki-Moon a récemment décrit les conditions de vie à l’intérieur du camp de Yarmouk en Syrie comme étant celles « du cercle le plus profond de l’enfer ».

    Les commentaires du secrétaire général des Nations Unies ont été illustrées par une masse de rapports, publiés sur al-Araby Al-Jadeed, des horreurs subies par les habitants palestiniens du camp.

    Leur souffrance a commencé en 2012 avec le siège des forces de Bachar al-Assad, et le mois dernier le camp a été envahi par le groupe de l’État islamique (EI).

    Les scènes à l’intérieur du camp ont été choquantes.

    Toutefois, cela ne devrait pas être une surprise étant donné l’histoire des réfugiés palestiniens. Leur sort a été dangereusement absent des pourparlers de paix au Moyen-Orient, des médias occidentaux et du débat politique occidental.

    Les réfugiés palestiniens ne sont pas représentés par un organisme politique ayant un poids quelconque. En conséquence, ils restent des victimes et les gouvernements occidentaux subissent peu de pression pour régler leurs problèmes. Les gouvernements successifs du Royaume-Uni - lequel a une dette historique envers les réfugiés palestiniens - ont tous failli.

    Avant cette dernière tragédie, peu de gens au Royaume-Uni avaient entendu parler de Yarmouk, ou de la situation à laquelle ses habitants sont confrontés.

    Peut-être que certains pourraient avoir pensé : « Pourquoi ces gens ne rentrent-ils pas en Palestine ? »

    La vérité est la suivante : les gens de Yarmouk ont ​​été expulsés par Israël, qui a depuis nié leur droit au retour dans leur foyer ancestral.

    Les nouvelles des médias au Royaume-Uni ont omis de donner à Yarmouk tout contexte historique.

    Il y avait peu de mentions de la Résolution 194 des Nations Unies, qui garantit le droit au retour en Israël/Palestine à tous les Palestiniens réfugiés, et pas seulement à ceux de Yarmouk.

    J’ai trouvé un appel important pour qu’Israël intervienne : dans un article de Oudeh Besharat, dans Haaretz, le journal israélien, Besharat déplorait le fait qu ’« aucune question morale ne soit soulevée concernant le rôle d’Israël dans la création des camps de la mort ».

    Il a raison ; au Royaume-Uni, la condamnation des crimes commis contre les réfugiés palestiniens est une chose, fournir aux gens une idée de la solution en est un autre.

    Deux choses sont évidentes mais rarement exposées dans les médias traditionnels : une solution juste et légale au Moyen-Orient est uniquement possible via une solution à la crise des réfugiés palestiniens, qui ne peut intervenir que par la mise en œuvre du droit au retour. Et plus tardera sa mise en œuvre, plus s’approfondira la tragédie pour les Palestiniens.

    La politique consistant à faire la charité aux Palestiniens est, au mieux, un pansement sur une plaie béante, tout en maintenant la position des Palestiniens comme victimes. Mais c’est cela la politique du Royaume-Uni : la destruction de la vie palestinienne est traitée par les agences de réfugiés sous-financées et les dons de bienfaisance. Depuis Yarmouk occupée par l’EI, et dans toute la région, la situation des Palestiniens reste atrocement précaire.

    Dans toutes les situations dans tous les pays du Moyen-Orient, il est impossible de montrer un seul endroit où les réfugiés palestiniens apparaissent comme les gagnants. En Irak, en Égypte, en Libye, au Koweït, en Jordanie, au Liban, en Syrie, en Israël, à Gaza et en Cisjordanie, il existe largement et suffisamment d’exemples historiques montrant qu’ils seront à nouveau les victimes de tout bouleversement, conflit ou changement de régime.

    Le Royaume-Uni et la politique occidentale continuent de soutenir le refus israélien du droit de retour. Des rapports sérieux et contextualisés des événements par nos médias sont une condition préalable pour que le public soit informé sur ce qui se passe dans cette région. Et une fois suffisamment informé, il devrait être en mesure d’exiger de son gouvernement qu’il agisse.

    dimanche 10 mai 2015 - 18h:24 Tom Charles

    http://www.info-palestine.net/spip.php?article15361

  • Mauritanie: la préoccupante situation de l'accaparement des terres (Afriques en lutte)

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    Dans un pays où la souveraineté, voire la sécurité alimentaire, reste encore une chimère, on peut parler d’un gâchis par rapport à la situation des terres agricoles.

    Sur un potentiel estimé à 450 000 hectares, près de 200 000 hectare ne sont pas mises en valeur. En dépit de la règlementation des attributions foncières que gère l’Etat, elles ne font l’objet, en général, que de spéculations.

    Dans les faits, le foncier, en Mauritanie, demeure au centre d’enjeux multiples depuis les années 1980. « Y convergent tous les impératifs nationaux de respect et de consécration des droits humains, de consolidation de l’unité nationale, de renforcement de la cohésion sociale, de promotion de la femme, de gouvernance et de libération des énergies, dans un secteur agricole qui fait vivre plus des deux tiers de la population », constate Sarr Mamadou Moctar, secrétaire exécutif du Forum des Organisations des droits humains (Fonadh), principal initiateur des concertations entre le monde rural et les autorités.

    Cette situation se traduit par un désarroi pour « des centaines de milliers d’hommes, de femmes et de jeunes, issus de groupes agro-pastoraux, (qui) voient leur subsistance de plus en plus menacée », se désole M. Sarr, selon qui « la gouvernance foncière n’est pas plus soucieuse de sécuriser les terres indispensables aux petits cultivateurs que les espaces pastoraux pour leurs homologues pastoraux ». Secrétaire général de l’Ong Kawtaal n’gam Yellitaaré, en pointe dans le combat contre la spoliation des terres, Ba Amadou Alpha, y voit même une flagrante injustice sociale qui risque de mener à une situation explosive. Pour lui, la gestion foncière actuelle « ne respecte ni les lois existantes ni l’intérêt national, encore moins l’expérience des tenures traditionnelles, voire surtout, les intérêts des paysans, principaux acteurs économiques en ce domaine. Notre potentiel agricole ne profite qu’à l’agro-business étranger, via de faux acteurs économiques qui ne travaillent pas la terre, juste objet de spéculations financières pour eux. La facilitation récente de la régularisation des titres fonciers n’est qu’un leurre. Elle ne vise qu’à accentuer la légitimation des propriétés usurpées aux profits de délinquants en col blanc », déplore M. Ba.

    La problématique de l’accaparement n’est pas uniquement économique. Elle est sociétale. Les expropriations foncières ne visent que les terres contrôlées, depuis des siècles voire des millénaires, par les Noirs du pays, négro-africains et haratines, toujours au profit de la couche arabe beydane (maures blancs) du pays. « Une question fondamentale qui risque devenir le principal motif de remise en cause de la construction, toujours en difficulté de gestation, d’un Etat unitaire », prévient M. Ba.

    EXTENSION DU MONOPOLE

    Les terres constituent donc un enjeu majeur. Sarr Mamadou ne pense pas qu’à court terme cette situation de monopole puisse connaître une rupture. Selon lui, elle devrait, au contraire, s’amplifier, compte tenu du contexte actuel. « Depuis 2010, l’attribution des terres agricoles (terres de cultures sous pluie et de décrue) s’est accélérée. Cette année-là, le gouvernement mauritanien avait envisagé d’attribuer 50 500 hectares à une société saoudienne, Tabouk Eziraiya Errajihii, couvrant diverses parties des communes de Boghé, Dar el Avia, Ould Birome et Dar el Barka. Cette décision fut suspendue, grâce à la mobilisation des populations des communes concernées, soutenues par des organisations de la société civile mauritanienne. Mais, en 2013, 50 000 hectares, au Trarza, et 31 000, au Brakna, dans les communes de Dar el Avia, Ould Birome et Dar el Barka, furent alloués au profit d’une autre société saoudienne, Al-Rajihi, sous forme de bail emphytéotique. Des études topographiques réalisées par les autorités laissent entrevoir de possibles attributions de terres dans d’autres départements ».

    M. Ba juge que « la logique domaniale actuelle et le monopole étatique sont le fait exclusivement d’un pouvoir despotique. Il faut que les Mauritaniens, dans toute leur diversité ethnique et sociale, comprennent que seule la lutte en commun contre les discriminations, pour la transparence, la justice et la démocratie peuvent sauver ce pays du chaos vers lequel il se dirige inéluctablement, si rien de contraire ne s’y oppose ». Il pense que les mentalités évoluent, lentement mais sûrement, vers la nécessité du renversement de l’ordre établi.

    Il reste à évaluer les conséquences désastreuses de l’accaparement des terres.

    Tant sur les relations entre l’Etat et les populations rurales que sur l’environnement. En Mauritanie, signale Ba, « les terres cultivables ne couvrent pas 0,5% du territoire ». L’essentiel des activités agricoles se situe dans la Vallée du fleuve Sénégal où sont concentrées les populations noires. Des communautés villageoises étouffent dans leur espace, au point de ne plus trouver où enterrer leurs morts. D’autres sont privées, par des exploitations de type latifundiaire, des couloirs de transhumance et des pâturages sur les terres qu’elles réservaient à cette fin, selon une répartition experte et fonctionnelle des zones rurales.

    D’après Ba, l’Etat n’a même pas la bonne âme de respecter un espace vital, si petit soit-il. Dans plusieurs localités, il exproprie jusqu’aux pâturages des animaux, au mépris du droit le plus élémentaire. C’est par exemple le cas dans les environs de Dar El Barka où le bétail, privé de pâture, pénètrera, forcément, dans les zones protégées. Encore faudrait-il que ces dernières existent encore. Tout comme les cimetières, elles sont le plus souvent également attribuées aux spéculateurs. Une mise sous coupe réglée qui empêche tout développement de l’agriculture et l’élevage vivriers, sources exclusives de revenus dans ces zones.

    A Diatar, les populations ne disposent plus, autour de leur village, que d’une bande de quarante mètres d’espace vital.

    A Donnaye, on part enterrer les morts au Sénégal. Dans la plaine de Boghé, on a bloqué, à dessein, l’irrigation naturelle des terres cultivables qu’on a vendu à des Marocains. En réalité, on se moque de la nature et même de la nature humaine. « C’est une politique, non seulement, de spoliation inacceptable, mais aussi sauvage de gestion insensée de l’espace qui ne tient aucun compte des besoins élémentaires de la nature et de l’homme », fulmine encore M. Ba.

    Pour avoir dénoncé cette situation, en novembre 2014, lors d’une caravane menée dans le sud mauritanien, destinée à sensibiliser les populations sur les questions foncières et la législation rurale en rapport avec l’esclavage, Biram Dah Abeïd, président d’Ira-Mauritanie, son vice-président Brahim Bilal Ramdhane et Djiby Sow, président de Kawtal N’gam Yellitaaré, ont été condamnés, le 15 janvier, à deux ans de prison ferme, au seul motif de « désobéissance à l’autorité ». Celle-ci ne pouvait pas mieux avouer son implication dans l’exploitation éhontée du terroir et des populations en Mauritanie...

    Thiam Mamadou 10 mai 2015

    Source : http://flammedafrique.org

    http://www.afriquesenlutte.org/afrique-du-nord/mauritanie-55/article/mauritanie-la-preoccupante

  • Israël : après le succès électoral de la « Liste [arabe] commune » (Essf)

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    La mobilisation des Palestiniens d’Israël se poursuit

    Plusieurs milliers de citoyens palestiniens d’Israël, auxquels s’étaient joints quelques centaines de juifs solidaires, manifestaient ce 28 avril sur la place Rabin à Tel Aviv.

    Ce qu’en ont retenu les médias, c’était le nombre important de « drapeaux de l’OLP », en fait le drapeau palestinien, ce qui est une constante dans les rassemblements de la minorité palestinienne d’Israël.

    Cette manifestation faisait suite à la mobilisation électorale sans précédent derrière la « Liste [arabe] commune » qui a eu 13 élus lors des dernières élections législatives.

    Le fait que les quatre partis arabes aient dû s’unir pour maintenir une représentation parlementaire de la minorité palestinienne a non seulement permis d’augmenter le nombre de leurs élus, mais surtout a créé une dynamique de mobilisation au sein d’une population qui semblait s’être repliée sur elle-même au cours des quinze dernières années.

    Car il est important de le rappeler : il y a 15 ans, en octobre 2000, Ehud Barak réprimait dans le sang les manifestations de solidarité avec les Palestiniens de Cisjordanie que les provocations de Barak-Sharon avaient poussés à bout.

    Un combat commun pour l’égalité et la démocratie

    La campagne électorale de la Liste commune a montré que cette sombre période est bien derrière nous. Elle a également mis en scène une nouvelle génération de cadres politiques dans tous les partis composant cette liste, des cadres revendicatifs, éloquents et à l’écoute de leur public.

    La campagne s’est déroulée dans une ambiance très combative, ceci face à une droite qui n’a pas caché ses plans concernant la minorité arabe : poursuivre l’offensive législative contre et rajouter encore de nouvelles lois à l’arsenal des lois discriminatoires votées au cours de la législature précédente. « Attention, les Arabes se mobilisent en masse pour aller voter », avait déclaré Benyamin Netanyahou le jour des élections, ne cachant pas que pour lui, il s’agissait bien de l’ennemi de l’intérieur, une véritable cinquième colonne...

    Il semble que ni l’atmosphère raciste ambiante, ni le discours de haine des dirigeants politiques, ni la nouvelle législation ouvertement discriminatoire, n’arrivent aujourd’hui à stopper la volonté de faire front. Et c’est ce que l’on a clairement ressenti ce 28 avril à Tel Aviv. Et si cette manifestation est peut-être une hirondelle qui annonce un petit printemps arabe en Israël, cela peut aussi être une bonne nouvelle pour le mouvement pacifiste israélien, qui lui aussi a cessé d’exister depuis 15 ans, l’un expliquant l’autre : le massacre d’octobre 2000 avait été rendu possible par l’auto-liquidation du mouvement progressiste israélien de masse, deux mois auparavant.

    Un réveil palestinien pourrait donc servir de locomotive à un réveil du mouvement israélien contre l’occupation. C’est en tout cas ce à quoi s’attellent les nouveaux dirigeants de la minorité nationale arabe, qui ont lancé un appel clair et sans ambiguïté aux progressistes israéliens pour les rejoindre dans le combat pour l’égalité et la démocratie.

    De Jérusalem, Michel Warschawski

    * « Israël : après le succès électoral, la mobilisation des Palestiniens d’Israël se poursuit ». Paru dans Hebdo L’Anticapitaliste - 288 (07/05/2015). http://www.npa2009.org/

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article34910

  • Rennes, le 8 mai, c’est aussi… (fr3)

     8 mai

    ...la commémoration du massacre de Sétif!

    Une répression sanglante a suivi des manifestations nationalistes en Algérie, le jour de la signature de l’Armistice, le 8 mai 45. A Rennes, ville jumelée à Sétif, cette commémoration prend une importance particulière.

    Après les manifestations liées aux commémorations de la capitulation Allemande, la ville de rennes n’oublie jamais celle du massacre de Sétif, qui a eu lieu le même jour. Après la signature, une manifestation autorisée a réunit 10 000 personnes. Mais après qu’un jeune ait été abattu par la police pour avoir brandi un drapeau algérien, cette manifestation nationaliste dégénère.
    Le mouvement s’est étendu ensuite à Guelma et Kherrata, ainsi que dans la petite Kabylie, et la répression qui s’ensuit fait entre 5000 et 10 000 victimes entre le 8 et le 22 mai.Selon l’historien Charles-Robert Ageron, cet événement « a servi de référence et de répétition générale à l’insurrection victorieuse de 1954″. La France a tardi- vement reconnu sa responsabilité « officielle ». C’était en 2005 lors d’un discours de l’ambassadeur, qui a qualifié la répression de l’époque de « tragédie inexcusable ».

    Par Stéphane Grammont Publié le 08/05/16:38, mis à jour le 08/05/ 16:48

    http://france3-regions.francetvinfo.fr/bretagne/2015/05/08/le-8-mai-c-est-aussi-la-commemoration-du-massacre-de-setif-721021.html

    Lire aussi:

    http://rebellyon.info/?8-Mai-1945-Massacre-de-Setif

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/hist/8mai45/mettre_fin_deni.htm

  • 70 ans de déni (El Watan)

     

    Le monde célèbre ce 8 mai le 70e anniversaire de la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Une date symbole de la victoire sur le fascisme.

    Un symbole qui, pourtant, prend une autre signification de ce côté-ci de la Méditerranée, théâtre d’une barbarie sans égale commise par un colonialisme abject contre des populations civiles désarmées.

    Le même 8 mai 1945, alors que les populations d’Europe manifestaient et défilaient dans les rues, respirant l’air de la liberté dans la liesse et la joie, les Algériens ont eu droit à l’expression la plus brutale de la répression coloniale. Ils sont sortis par milliers, par millions, dans les rues eux aussi armés de drapeaux et de slogans pour réclamer une liberté légitime et méritée.

    Le colonialisme français leur a répondu par les balles, les bombes et la matraque.

    Le général Raymond Duval orchestra un massacre à grande échelle. Trois grandes villes furent particulièrement marquées par la sauvage répression : Sétif, Guelma et Kherrata. Les corps de milliers de victimes algériennes gisaient dans un fleuve de sang. Les colons se joignent à la barbarie policière et militaire et font de l’Algérien une cible à abattre. Les corps de milliers de victimes sont soit brûlés ou enterrés dans des charniers et fosses communes. Les estimations du nombre de victimes ne sont pas précises tant la répression s’abattait sur tous les Algériens.

    On parle de milliers de morts.

    Du côté algérien, le nombre de morts est estimé à 45 000, le colonisateur parle de centaines. Les historiens placent le nombre entre 10 000 et 40 000 victimes. Une sauvagerie semblable à la barbarie nazie est appliquée sur les Algériens un jour de victoire sur les nazis. Un crime contre l’humanité est exécuté avec sang-froid et à huis clos, loin des festivités européennes.

    Le général Duval, qui a pris plaisir à supplicier des Algériens pendant des semaines, se réjouissait d’annoncer au gouvernement français de l’époque lui avoir «assuré la paix pour dix ans». Dans un rapport transmis au gouvernement britannique par son Consul Général à Alger, John Eric Maclean Carvel, est décrite l’ampleur de la force utilisée par l’armée française : «Les autorités françaises ont pris de fortes contre-mesures. Un bataillon sénégalais et des blindées ont été acheminés à partir d’Alger, de Sidi Bel Abbès, Biskra, Bougie et Constantine.

    Un détachement de 75 hommes de la légion étrangère fut transporté par avion vers Constantine.

    Des navires de guerre furent envoyés à Bougie pour y débarquer des soldats à Souk El Tnine. 1200 hommes du 13e régiment d’infanterie entièrement composé d’anciens membres de la ‘‘Force Française de l’Intérieur’’ arrivent par les airs en provenance de la Dordogne et de la Creuse. Pas moins de 300 sorties d’avions ont été recensées entre le 8 et le 14 mai, ce qui dénote de la dense activité militaire aérienne.

    On pense que l’action s’est déclinée la plupart du temps par des mitraillages et les bombardements. Les rapports des observateurs aériens indiquent que des villages entiers ont été détruits…». Un déploiement de guerre contre des populations civiles désarmées. L’image est effroyable, et même 70 ans après l’émoi est intact. Le colonialisme est une négation de la dignité humaine et un crime contre l’humanité tout comme le nazisme et doit être dénoncé en tant que tel.

    Aujourd’hui, et même si du temps s’est écoulé, et pour que toutes les blessures se referment, il est important de dire ce qui fut et de reconnaître le caractère fasciste et inhumain de la colonisation. Depuis 1830 jusqu’à 1962 en passant par mai 1945, le colonialisme a tout fait pour nier l’humanité et la dignité des Algériens. 70 ans après les faits horribles de mai 1945, la France n’ose pas faire le pas de la reconnaissance, ni des excuses. De petits pas sont entrepris depuis 2005 par des représentants de l’Etat français, mais des pas qui peinent à toucher de ce côté-ci de la Méditerranée.

    L’ambassadeur Hubert Colin de Verdière avait, en 2005 qualifié à Sétif les massacres de «tragédie inexcusable», son successeur, Bernard Bajolet, en 2008 à Guelma, a parlé pour sa part de «déchaînement meurtrier qui a fait des milliers de victimes». Sept ans plus tard, le Secrétaire d’Etat français aux anciens combattants, Jean Marc Todeschini, reprend les mêmes gestes des ambassadeurs en se rendant à Sétif pour déposer une gerbe de fleurs devant la stèle de la première victime algérienne, Saal Bouzid, et qualifie aussi les massacres de 1945 de «déchaînement meurtrier».

    Est-il donc si difficile de parler de «crime d’Etat» et de «massacres» qu’il est du devoir d’un Etat de reconnaître et de dénoncer ?

    Au lieu d’évoquer «des aspects positifs de la colonisation», la France est en devoir de regarder le vrai visage de ce que fut son empire colonial, et en balayant toute démagogie agir, tout comme l’a fait l’Allemagne en s’excusant de ses actes. Ces actes n’ont pas été que le fait d’individus, mais une politique d’Etat qu’il faut officiellement dénoncer. Comment la France peut-elle jouir totalement de ce jour de victoire sur le nazisme si elle réfute son propre passé de colonisateur ayant commis des crimes contre l’humanité ?

    Il est de bon ton de dénoncer le génocide arménien au nom des valeurs universelles de respect des droits humains, il serait aussi de bon ton d’en finir avec les petits gestes symboliques et dénoncer avec fermeté les massacres de mai 1945 qui s’apparentent aussi à un véritable génocide puisqu’il y a eu des exécutions systématiques et par milliers d’Algériens. La reconnaissance sera plus bénéfique aux Français qu’aux algériens qui ont eu la grande satisfaction d’arracher leur indépendance. Il reste toutefois à gratifier les milliers de victimes du 8 mai 1945 du statut mérité de martyrs.


    Nadjia Bouaricha El Watan, 7 mai 2015

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/hist/8mai45/70_ans_deni.htm

    Lire aussi:

    http://rebellyon.info/?8-Mai-1945-Massacre-de-Setif

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/hist/8mai45/mettre_fin_deni.htm