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Révolutions Arabes - Page 217

  • Notes sur le livre d’Hèla Yousfi « L’UGTT une passion tunisienne » (Essf)

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    Cet ouvrage a été publié en mars 2015 en Tunisie, avec le sous-titre « Enquête sur les syndicalistes en révolution 2011-2014 ».

    Une des principales différences entre la Tunisie et les autres pays de la région arabe tient à l’existence de l’UGTT.

    Mieux connaître cette organisation est d’autant plus nécessaire que l’UGTT fait souvent l’objet de jugements et affirmations péremptoires. D’où le parti pris de l’auteure : « Pour sortir de l’incantation, il nous faut délaisser quelque peu le monde des spéculations et redescendre sur terre en choisissant à cet effet un objet d’observation : l’UGTT elle-même » (p 12).

    Pour tenter d’y parvenir Hèla Yousfi s’est appuyée non seulement sur des sources écrites, mais avant tout sur plusieurs dizaines de témoignages de militant-e-s. Ceux-ci sont en général membres de l’UGTT et appartiennent à différents secteurs et régions de cette organisation. Son livre permet une déconstruction des discours ne prenant en compte que certaines des multiples facettes de l’UGTT. Il débouche sur la vision d’une organisation multidimensionnelle, à la recherche permanente d’un équilibre instable entre ses aspects contradictoires.

    Chercher à rendre compte en quelques pages d’un ouvrage en comportant 250 pages, nécessite de faire des choix laissant nécessairement dans l’ombre certains aspects. A chacun-e de compléter en lisant directement l’ouvrage.


    La présentation qui en est faite ci-dessous est constituée de deux grandes parties que chacun-e pourra lire dans l’ordre qui le convient le mieux :

    * L’une est avant tout historique ;
    * L’autre cherche à présenter le caractère contradictoire de certaines des facettes de l’UGTT. Elle est surtout basée sur le début du livre et le dernier chapitre.

    A propos de l’histoire de l’UGTT

    L’UGTT avant l’Indépendance

    Depuis sa fondation en 1946, l’UGTT ne s’est pas contenté d’une seule fonction revendicative mais s’est toujours simultanément « nettement engagée dans l’action politique » pour l’Indépendance, où elle a joué un rôle de premier plan (p11).

    L’UGTT entre 1956 et 2011

    Pendant toute cette période ont existé au sein de l’UGTT :
    * d’une part « un courant de soumission au pouvoir pouvant aller jusqu’à la quasi-intégration dans l’appareil d’Etat »,
    * d’autre part « un courant de résistance au pouvoir » contrôlant certaines structures intermédiaires et « qui prend le dessus en temps de crise » (p 56).
    Cette dualité a rendu possible « aux différents mouvements sociaux, malgré la proximité que la bureaucratie syndicale a entretenu avec le parti unique, de régulièrement trouver un appui structurel et politique auprès de l’UGTT ».
    La permanence de cet équilibre instable explique en grande partie pourquoi les crises internes de l’UGTT n’ont pas débouché sur de réelles scissions.

    Du 17 décembre 2010 au 14 janvier 2011

    Ce chapitre est étayé par un grand nombre d’entretiens généralement réalisés en janvier et février 2011. Il ressort de ce ceux-ci les éléments suivants :
    * « le mouvement protestataire est à ses débuts complètement spontané et sans leadership » (p 62),
    * « l’UGTT a accueilli et protégé le mouvement » (pp 62-64),
    * les syndicalistes ont « encadré » le mouvement (pp 65-70).
    Le soulèvement du bassin minier en 2008 est vu comme une « répétition générale » de celui de 2010-2011 (pp 77-79).

    L’auteure se livre ensuite à une analyse fouillée des débats ayant traversé l’UGTT pendant cette période (pp 79-97). Si nombre de syndicalistes « se sont empressés de rejoindre le mouvement populaire, les bureaux régionaux et le Bureau exécutif ont adopté une attitude attentiste, voire hostile au soutien du soulèvement » en se démarquant clairement des slogans dénonçant le pouvoir. (p81)

    La « tendance radicale » de l’UGTT anticipe sur le fait que :
    * d’une part la « tendance réformiste » représentée par le Bureau exécutif « allait éviter la confrontation avec le pouvoir » et rechercher un compromis avec lui,
    * d’autre part que si il existe « la pression nécessaire » pour faire basculer les rapports de forces en faveur du peuple, « la centrale finira par se plier aux revendications populaires » (p90).
    Progressivement, une série de structures intermédiaires de l’UGTT s’émancipent de la direction centrale. Elles appellent notamment à la grève sans son accord préalable et sans respecter l’obligation légale d’un préavis de 10 jours (p86). Pour tenter de sauvegarder sa « capacité de dialogue avec le pouvoir », le Bureau exécutif n’a pas d’autre choix que de couvrir « toutes les décisions prises à une échelle locale et/ou régionale » (pp88-89).
    Après des dizaines d’années d’omnipotence de la direction centrale de l’UGTT, on assiste à la préfiguration de nouvelles relations entre celle-ci et les structures intermédiaires (p98).

    Du 14 janvier 2011 aux élections d’octobre 2011

    Le 17 janvier, la direction de l’UGTT désigne trois représentants au gouvernement. Celui-ci est présidé par l’ancien Premier ministre de Ben Ali (p 102), ce qui provoque la colère de la population et de la base de l’UGTT.
    Soucieuse de « préserver le consensus et de protéger l’unité de l’organisation » (p107), l’UGTT « fait volte-face » (p106) : elle fait démissionner ses trois ministres dès le lendemain, et soutient désormais les mobilisations (pp102, 106 et 108).
    Simultanément, l’UGTT joue un rôle clé dans la mise en place d’un « Conseil national de protection de la révolution (CNPR) » (pp102, 110-112). Le CNPR s’appuie sur des comités locaux dans tout le territoire tunisien dans lesquels certains militants voient le possible embryon d’un « parlement représentatif des forces révolutionnaires » (p116).
    Mais le CNPR ne se transforme pas en un pouvoir alternatif : contestant la légitimité démocratique du gouvernement, c’est néanmoins à ce dernier que le CNPR demande de lui reconnaître légalement un pouvoir décisionnel. Mais « le gouvernement s’oppose vivement à cette demande et ne veut concéder au CNPR qu’un rôle consultatif » (p111).

    Le 27 février, l’ancien Premier ministre de Ben Ali quitte enfin le pouvoir. Son remplaçant, Beji Caïd Essebsi, crée une « Haute instance » qui « a pour objectif de dépasser l’opposition entre le CNPR et le gouvernement » (p113) :
    * La Haute instance n’a qu’un pouvoir consultatif et propositionnel en matière de loi électorale et d’organisation des élections.
    * « Le gouvernement reste ainsi le seul pouvoir exécutif et décisionnel ».
    Aux côtés de l’UGTT, sont représentées dans la « Haute instance » les principales organisations politiques et associatives du pays (p103). Ne revendiquant pas le pouvoir pour elle-même, l’UGTT joue néanmoins « un rôle politique de premier plan » (p103) consistant à « construire des consensus entre les différentes forces politiques et sociales » (p 105).
    Dans les témoignages recueillis, le rôle de l’UGTT était auparavant souvent présenté comme celui d’un « pouvoir » ou d’un « contre-pouvoir » (p108). L’accent est désormais mis sur la notion « d’autonomie » ou de « distance égale de tous les partis politiques et surtout du pouvoir, (...) de force d’équilibre, de superviseur qui contrôle l’action du gouvernement » (pp 108-109).
    Pour certains militants, la perception de l’UGTT a évolué « d’un acteur clé de la révolution à celle d’un acteur central du maintien du régime politique et économique » (p116).

    Au final, la direction de l’UGTT a poursuivi simultanément ou successivement de multiples objectifs parfois contradictoires (pp118-119) :
    * assurer simultanément la démocratisation du pays et la continuité des institutions,
    * refuser un choc frontal avec le pouvoir en place dans le but de conserver son propre pouvoir de négociation avec celui-ci,
    * utiliser sa proximité avec les mouvements sociaux pour faire pression sur le gouvernement et les grands choix politiques,
    * ne pas jouer pour autant un rôle de parti politique mais favoriser la négociation et la construction de consensus entre les différentes forces politiques et sociales.

    Depuis son origine, le rôle syndical de l’UGTT a toujours été entremêlé avec son rôle politique (p141).
    Du temps de la dictature, l’UGTT était même « le seul espace où les opposants politiques pouvaient s’exprimer » (p142). C’est notamment pour cette raison que la plupart des militants estimaient que l’UGTT devait s’interdire « d’entrer dans la bataille politicienne, car il y a toutes les tendances politiques au sein de l’UGTT, et que cela pourrait être dangereux » (p143).
    La grande différence depuis 2011 est que désormais les partis politiques « n’ont en principe plus besoin de l’espace syndical pour exister » (p145).

    Les principaux enjeux du congrès national de décembre 2011

    L’héritage de la période passée comporte notamment :
    * la compromission du Bureau exécutif avec le régime de Ben Ali au sujet de laquelle le Secrétaire général sortant fera une autocritique lors du congrès (pp167-168),
    * la corruption et le clientélisme interne (pp153-155, 171-172),
    * une tradition de votes dans les congrès reposant non pas sur les programmes mais sur des alliances entre réseaux sectoriels ou régionaux et courants politiques (170-171).

    La volonté d’un grand nombre de militant-e-s de l’UGTT est de remettre en cause le caractère hiérarchisé et centralisé de la centrale syndicale, se traduisant par le pouvoir hégémonique du Secrétaire général et du Bureau exécutif. C’est notamment sur ce dernier que repose le droit de signer le préavis de 10 jours rendant légale une grève, ainsi que la nomination des permanents syndicaux (pp 151-152). Cette préoccupation prend appui sur « l’épisode révolutionnaire qui a poussé certaines Unions régionales et Fédérations à prendre leurs décisions de manière autonome sans attendre l’approbation du BE » (p155).

    En sens inverse, deux mois après la victoire électorale d’Ennahdha, « le contexte de crise politique et les différentes campagnes qui ont pris l’UGTT pour cible ont renforcé les réactions les plus défensives afin de préserver l’organisation au dépens des impératifs de restructuration interne et/ou les défis socio-économiques » (p184).

    A l’intersection de ces deux préoccupations, il avait été décidé dans la foulée dans la foulée du 14 janvier que le non-renouvellement du mandat des membres du BE qui s’étaient compromis avec le pouvoir de Ben Ali s’opèrerait en douceur. Il suffisait pour cela de ne pas remettre en cause les dispositions statutaires interdisant plus de deux mandats successifs au BE (article 10), contrairement à ce que cherchait à faire le BE sortant juste un an auparavant (pp 131-138, 155, 172-173, 179). (1)

    En final, un peu moins d’un an après le 14 janvier 2011, "deux préoccupations majeures animent la plupart des congressistes interviewés :

    * Quel rôle l’UGTT doit-elle jouer dans la transition politique et quelle place doit-elle occuper dans le nouveau champ politique et syndical post-électoral ?
    * Sera-t-elle capable de faire évoluer ses structures, ses formes historiques de lutte pour s’adapter aux nouvelles réalités économiques et soutenir la processus démocratique dans le pays ?"
    (p152).

    Un des enjeux politiques est le refus que l’UGTT soit « instrumentalisée » par les partis politiques. « Même si notre mission est autant politique que sociale, on doit rester à égale distance de tous les partis politiques » expliquent nombre de syndicalistes (pp159-162 et 169). Parmi les défis organisationnels à relever figurent l’implantation dans le secteur privé (p156), la participation des femmes dans les instances de décision (p157-158) et la faible syndicalisation des jeunes (p158).

    Les principales décisions du congrès de décembre 2011

    Le congrès a été polarisé par l’élection du Bureau exécutif (pp 175-178).
    La principale différence avec le passé a été que la volonté politique de maintenir l’unité de la centrale a été « omniprésente » dans la constitution des listes en compétition. Elle l’a emporté sur « les considérations régionalistes et clientélistes qui avaient souvent pris le pas sur les autres enjeux » dans les congrès précédents (p178).
    Aucun membre du nouveau BE ne représente un courant politique en tant que tel. (2)

    Dans la continuité avec le passé figurent :
    * le poids prépondérant du BE sortant sur le déroulement du congrès (p181),
    * l’élection de la liste reposant sur le consensus entre le plus grand nombre de régions, de secteurs et de sensibilités politiques,
    * la présence dans cette liste de trois des quatre membres du BE sortant ayant le droit de se représenter,
    * la consécration du « pouvoir des grands secteurs de la fonction publique au sein de l’UGTT, et notamment l’Enseignement et la Santé » (p179),
    * le fait qu’aucune femme n’ait élue élue au BE (pp157-158, 178, 180).


    L’UGTT face au pouvoir islamiste (2012-2013)

    Ennahdha, qui commence à diriger le gouvernement au moment même où se tient le congrès de l’UGTT, se lance dès la mi-février 2012 dans une attaque frontale contre la centrale syndicale. Cherchant à « coopter les différents réseaux de l’ancien régime au niveau de l’appareil étatique » (p216), Ennahdha se retrouve par ailleurs en concurrence directe sur ce terrain avec Nidaa Tounes que Beji Caïd Essebsi met en place au premier semestre 2012 dans le but de revenir au pouvoir lors des élections suivantes.
    Face à cette « bipolarisation de la vie politique et les polémiques visant l’UGTT, sa direction n’a pas voulu participer à la mise en place d’une alternative politique aux deux pôles dominants. En revanche, elle a lancé le 18 juin 2012 une ’’initiative politique’’ visant à recréer un consensus entre les forces politiques, le gouvernement et la société civile pour s’entendre sur les grandes questions suscitant des divergences » (p217).
    Le rôle de « médiateur politique » (p218) que cherche à jouer la direction de l’UGTT contribue à « reléguer la question sociale au second plan » (p204).

    Au deuxième semestre 2012, la tentative de l’UGTT de trouver une solution consensuelle échoue, et l’offensive des hommes de main islamistes continue de plus belle avec notamment :

    * l’attaque du siège national de l’UGTT le 4 décembre 2012 (p188),
    * l’assassinat d’un premier dirigeant du Front populaire le 6 février 2013, puis d’un second le 25 juillet qui plonge la Tunisie « dans une crise politique grave ouvrant la voie à une nouvelle période de contestation de la légitimité des institutions » (p219).

    Dans ce cadre, « l’UGTT multiplie les rencontres pour chercher une issue à la crise.

    Elle ne se présente plus exclusivement comme une plateforme de dialogue mais comme une force de proposition ». En compagnie de la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’Homme, l’Ordre national des avocats et le syndicat patronal (UTICA), l’UGTT lance le 25 octobre un cadre de dialogue national auquel participent 21 des partis représentés à l’Assemblée. Un consensus se dégage entre les participants au dialogue pour le remplacement du gouvernement en place par un gouvernement provisoire ne dépendant pas des différents partis. Chargé de gérer les affaires courantes, celui-ci doit avant tout faire voter par l’Assemblée la nouvelle Constitution, puis organiser des élections législatives et présidentielles (pp 220-231).


    * En acceptant de démissionner du gouvernement, Ennahdha a évité d’en être éjecté durablement comme en Egypte.
    * Nidaa Tounès de son côté estime avoir toutes les chances de parvenir au pouvoir après les élections prévues en 2014.
    * L’UGTT a « renforcé sa place d’acteur incontournable du champ politique tunisien » (p231).

    Mais « le fait que le dialogue national ait concentré le débat exclusivement sur les enjeux politiques » entraine un clivage « qui traverse toutes les structures de l’UGTT autour de la place à accorder aux questions sociales ». La distance se creuse d’après l’auteure entre :
    * « les partisans d’une action limitée, négociée à petits pas, faisant reculer progressivement le pouvoir politique sans pour autant le renverser »,
    * « ceux qui, parce que la crise économique s’approfondit, parce qu’ils ont confiance dans le mouvement social, parce qu’ils croient de moins en moins qu’on peut négocier avec le pouvoir en place, veulent une attitude plus ferme qui peut mener à des actes de rupture » (p232).

     Le caractère contradictoire de chacune des facettes de l’UGTT

    Pour des raisons qui sont explicitées dans en note (3), je me suis autorisé à ajouter entre parenthèses le terme « revendicatif » à celui de « syndical » dans deux des extraits présentés dans le sous-paragraphe qui suit.

    Rôle revendicatif et rôle politique

    « L’UGTT ne mobilise pas les syndicalistes seulement pour la défense de leurs intérêts professionnels. Elle a toujours été et continue à être le lieu d’une action politique beaucoup plus large qui vise à articuler revendications socio-économiques, et libertés politiques individuelles et collectives » (p 233).

    Cette double fonction remonte à l’époque coloniale où l’UGTT était « nettement engagée dans l’action politique » pour l’Indépendance (p11).
    Après celle-ci, l’UGTT a été de plus pendant plus d’un demi-siècle « le seul espace d’action collective organisée en Tunisie qui a réussi tant bien que mal à résister aux tentatives du régime autoritaire de réduire à néant toute résistance dans le pays ». (p 16)
    Pour ces raisons, « l’UGTT est à la fois, et de manière indissociable, un mouvement syndical (revendicatif) et une organisation qui prétend à une mission politique et nationale » (pp 233-234).
    « Par moments ce sont les considérations politiques nationales qui s’expriment, et à d’autres moments, c’est l’aspect syndical (revendicatif) qui est mis en avant » (p234).
    Pour une partie au moins de ses membres, l’UGTT doit jouer un rôle de « contre-pouvoir » (p16) mais « ne vise pas la prise de pouvoir » (p11).

    En final, l’UGTT se comporte « ni comme une force politique destinée à prendre le pouvoir, ni comme un syndicat révolutionnaire capable de remettre radicalement en cause les choix économiques et sociaux adoptés par les élites au pouvoir. L’ampleur de son action politique lui échappe parfois, mais elle a montré qu’elle n’est pas et ne veut pas devenir un parti politique » (p235).

    Entre résistance et soumission

    Il a toujours existé dans l’UGTT « un courant de soumission au pouvoir pouvant aller jusqu’à la quasi-intégration dans l’appareil d’Etat », mais simultanément on y a toujours trouvé « un courant de résistance au pouvoir qui prend le dessus en temps de crise ». (p15)
    Dans ce cadre, l’UGTT a été avant 2011 à la fois « un refuge pour les mouvements sociaux, un espace de résistance (...) contre l’hégémonie exercée par le parti unique » et « un lieu de négociation permanente de l’équilibre tant politique que social ». (p 16)

    Entre affrontement et volonté de négociation

    « Tantôt ce sont des réactions offensives qui s’expriment et qui vont jusqu’à l’affrontement et parfois c’est la logique de médiations et de négociation qui l’emporte » (p234).

    L’action de l’UGTT repose sur « sa capacité à construire des compromis entre les défenseurs d’une rupture radicale avec l’ancien régime et les partisans d’une orientation réformatrice » (p235).
    « L’UGTT, en arrachant quelques concessions de la classe dirigeante au profit du mouvement protestataire, évite le risque d’un affrontement directe entre les anciennes et les nouvelles forces politiques et neutralise, selon les plus critiques, le potentiel d’une rupture radicale avec le régime » (p235).
    L’UGTT revendique une identité de «  »force d’équilibre« entendue dans le sens d’une force à la fois de pression et de négociation » dont une des constantes est « le refus de l’affrontement direct avec le gouvernement » (p235).
    « Dès lors, il n’est pas étonnant de voir l’UGTT affirmer de plus en plus nettement que seules des solutions consensuelles entre les différentes forces politiques et sociales peuvent sortir le pays de la crise » (p235).
    « L’UGTT affirme sa défense des revendications sociales, mais sans jamais oublier de faire pression pour établir un calendrier électoral » (p234). « Sa proximité des mouvements sociaux lui donne les moyens d’exercer une pression sur les choix électoraux et les grandes décisions politique » (p235).

    « Dialogue national » et base sociale de l’UGTT

    Pendant le deuxième semestre 2013, l’UGTT a joué un rôle décisif dans la mise en place d’une structure de dialogue incluant notamment le syndicat patronal.
    « L’UGT, qui accepte de faire un un front uni avec le patronat pour pouvoir trouver un équilibre négocié avec les différentes forces politiques et sociales, prend le risque de voir sa capacité d’action sociale s’affaiblir. Pire encore, elle se montre disposée comme par le passé à accepter une nouvelle vague de libéralisation économique proposée par les bailleurs de fonds moyennant des augmentations salariales dérisoires pour ses membres » (p237).
    Pour l’auteure le risque existe pour l’UGTT de se couper de forces attendant « une attitude plus ferme de la part de l’UGTT ». Celles-ci estiment qu’avec l’approfondissement de la crise économique, il est « de moins en moins possible de négocier avec les élites économiques et politiques en place » et placent leur confiance dans les mouvements sociaux (p238).

    Entre mode pyramidal de décision et système de pressions sur la direction

    * Aux lendemains de l’Indépendance, un « rapport organique » existait entre l’Etat et l’UGTT : le Président Bourguiba pouvait changer les secrétaires généraux, « les appeler aux commandes et les renvoyer comme il le fait pour ses ministres » (p37). Ce type de fonctionnement a été calqué par la direction nationale de l’UGTT sur les structures intermédiaires. Il se traduit par l’hégémonie du Bureau exécutif et du secrétaire général sur l’ensemble de l’organisation (p152).

    * Tout un système de pression sur la direction s’est mis en place pour faire contrepoids à la concentration du pouvoir entre les mains de la direction centrale de l’UGTT.
    Il s’est notamment affirmé à partir de 2008 dans le cadre de la lutte bassin minier. Il a fini par imposer sa volonté dans les semaines qui ont précédé le 14 janvier.
    Dans le chapitre centré sur ces deux épisodes, le mot « pression » revient à très nombreuses reprises dans les entretiens réalisés.

    Lors de la lutte du bassin minier, « les syndicalistes ont (...) fait pression sur les instances régionales de l’UGTT pour intervenir dans la libération des prisonniers ». « Nous avons fait pression sur le Bureau exécutif pour intervenir auprès du gouverneur » (p69). « Les syndicalistes de base ont imposé, grâce à leur pression, à certaines Unions régionales (...) ou à des secteurs (...) de soutenir le mouvement du bassin minier » (p77). A Redeyef, « il y a eu un changement grâce à la pression syndicale à l’intérieur des syndicats de base et aussi grâce à la pression qui vient de l’étranger, des délégations étrangères. Cette pression qui vient de l’intérieur et de l’extérieur a permis enfin de changer la position officielle de la direction syndicale... » (p78). Le secrétaire général Jrad « qui n’a pas l’habitude de céder a enfin cédé pour éviter l’implosion de l’UGTT (...) sous la pression intérieure » (p79).
    « Nous faisions des rassemblements devant l’UGTT pour faire pression, et le Bureau régional a négocié avec le gouverneur pour les prisonniers » (p82).


    Il en va de même après le 17 décembre 2010. Hélà Yousfi écrit à ce propos : « Cette pression engendre une crise au sein de l’organisation qui a pour résultat immédiat une rupture dans les circuits de décision formels classiques et une transgression de la hiérarchie syndicale », comme par exemple l’accord préalable du Bureau exécutif pour qu’une grève soit légale (p86).
    « Ce genre de décision n’aurait pas eu lieu » si préalablement « les structures de base et intermédiaires n’avaient pas fait pression » (p87) explique une militante.
    La direction de la centrale agit de façon comparable.. mais dans le sens inverse : elle « exerce une pression forte sur toutes les structures de manière à réduire leur souffle militant » (p87).
    « Cette dynamique de pression/négociation (...) a largement influencé aussi bien l’issue du mouvement de Redeyef en 2008 que celui de Sidi Bouzid ... » (p90).
    « Généralement quand la direction de la centrale voit que les différentes structures régionales et sectorielles adoptent (des) revendications, il y a une sorte de pression qui s’exerce sur le Bureau exécutif qui va finalement les adopter » (p94). « Sous la pression de ses structures, elle est obligée de suivre le mouvement » (p95).

    Entre clientélisme et résistance à la direction

    * Le clientélisme en vigueur au niveau de l’Etat avant 2011 avait trouvé son prolongement au sein de l’UGTT. « Le cadre syndical détaché auprès de la Centrale échappait aux contraintes du travail et accédait à un statut social qui lui procurait une certaine reconnaissance. Il devait alors agir en fonction de ce que le Bureau exécutif attendait de lui ». « Ce détachement pouvait être retiré au cours du mandat si le cadre décevait ou entrait en conflit avec la direction » (p153). Plusieurs témoignages figurant dans le livre donnent des exemples d’avantages matériels attribués aux permanents syndicaux (pp 153-155).

    * Au sein de l’UGTT, ont toujours existé des militant-e-s refusant de prêter allégeance à la direction. Cette situation s’est notamment exprimée par l’opposition à la suppression de l’article 10 des statuts interdisant plus de deux mandats successifs au Bureau exécutif.
    Cette volonté s’est accentuée lors du processus ayant précédé le 14 janvier 2011. « L’épisode révolutionnaire qui a poussé certaines Unions régionales et Fédérations à prendre leurs décisions de manière autonome sans attendre l’approbation du Bureau exécutif constitue un précédent intéressant qui préfigure de nouvelles relations entre les structures intermédiaires et et la direction central pouvant neutraliser la dérive hégémonique du Bureau exécutif » (p155).

    Entre attachement formel aux règles et arrangements de couloirs

    * « Tout est conçu au Congrès pour qu’aucun manquement à la procédure démocratique ne soit possible. Cette démocratie formelle et pointilleuse est la garantie d’une légitimité, rend incontestables les décisions prises par le Congrès et assure une marge de crédibilité au Bureau exécutif » (p173).

    * Mais simultanément « les votes ne sont pas orientés par les programmes proposés mais plutôt par les tractations politiques et les alliances » (pp 170-171). « Tous les moyens sont bons, de la cooptation des délégués moyennant des privilèges, à la manipulation des adhésions pour conquérir le pouvoir » (p171).

    Entre syndicalisation massive des femmes, et masculinité des structures

    « Si les femmes sont bien présentes à hauteur de 47 % dans les structures de base et dans les luttes syndicales, elles demeurent absentes des postes de direction syndicale. En effet, le fait de devenir membre du BE est verrouillé par des conditions de nombre de mandats antérieurs réalisés aux différents niveaux (local, régional, fédéral) de l’organisation. Une condition qui réduit le nombre de femmes éligibles et empêche leur arrivée au niveau de la direction centrale » (p157).
    Un débat est en cours qui pourrait déboucher sur un système de quotas au sein de l’UGTT, y compris au Bureau exécutif.

    Multiplicité des forces centrifuges et maintien d’un cadre collectif

    Une des explications proposée au fait que l’UGTT est parvenue à ne pas exploser en vol malgré les multiples contradictions qui la traverse est la volonté partagée de construire des consensus internes sur la base des rapports de forces existant à un moment donné :
    « L’UGTT, par sa composition et sa sociologie, a toujours été tributaire d’un équilibre souvent précaire entre des intérêts sectoriels, de considérations régionales et des enjeux politiques. De ce fait, ce n’est pas tant le clivage idéologique ou partisan qui oriente les décisions de la Centrale que sa capacité à construire des consensus entre des groupes aux intérêts divergents ». « C’est grâce à l’institutionnalisation du consensus comme mécanisme privilégié de régulation du conflit que l’UGTT a pu maintenir sa cohésion interne tout en conservant son pouvoir. Dès lors, les tergiversations et les tensions qui ont marqué la trajectoire de l’UGTT prennent tout leur sens » (p236).

    Notes :

    1. Note AB : Un responsable intermédiaire de l’UGTT me confie à l’époque « Le secrétaire général reste en place jusqu’au prochain congrès, mais nous l’avons mis sous camisole ».

    2. Note AB : Les membres du nouveau BE ont des affinités politiques diverses, actuelles ou passées, réelles ou supposées. Seule une minorité d’entre eux est actuellement membre d’un parti politique, mais aucun d’entre eux ne représente celui-ci en tant que tel.
    Jilani Hammami, dirigeant connu du PCOT n’ayant plus de responsabilités syndicales depuis des années, revendiquait une place dans le nouveau BE au nom de son parti (p176). Il a été écarté de la liste en situation de l’emporter. Hfaiedh Hfaiedh, pourtant tête de liste du même parti aux législatives deux mois plus tôt, a par contre été inclus sans aucun problème en tant que secrétaire général du syndicat de l’enseignement primaire.

    3. Note AB : Pour moi, le fait que l’UGTT ne se limite pas à la seule action revendicative ne constitue pas réellement une spécificité tunisienne. Nombreux sont les syndicalistes de part le monde qui considèrent qu’ils sont chargés d’une « double besogne » : la défense des intérêts immédiats des travailleurs ET « la transformation sociale ».
    Ce débat traverse périodiquement le syndicalisme depuis ses origines. Il se conjugue avec celui, tout aussi passionné, de savoir si cette deuxième dimension doit s’effectuer graduellement au sein du capitalisme, ou dans le cadre d’une rupture avec celui-ci.

  • Mobilisations téméraires des employées de maison au Liban (Orient 21)

    Face à l’exploitation et au mépris

    Elles sont des dizaines, voire des centaines de milliers à travailler au Liban comme domestiques. On peut les voir quelquefois accompagner des enfants à l’école, porter les courses de leurs employeurs. Soumises la plupart du temps à l’exploitation, en butte au mépris, elles ont commencé à s’organiser envers et contre tous, notamment contre le gouvernement qui refuse de reconnaître le syndicat qu’elles ont créé.

    Des femmes privées de protection sociale se réveillent dans nos maisons, sans qu’on sache comment elles vont. Silencieuses et travailleuses, à longueur de journée elles lavent, sèchent, repassent, cuisinent, pressent, cisèlent, hachent, épongent, gardent nos enfants et répondent «  ça va  » parce qu’elles n’ont pas d’autre réponse à donner, qu’on ignore tout de leur passé et de leur histoire, de leurs enfants qu’elles ont abandonnés au pays pour venir travailler au Liban. Elles sont un peu plus de deux cent mille, d’origine diverse : Philippines, Sri Lanka, Cameroun, Éthiopie, Népal…

    «  Si vous ouvrez tous ces étages maintenant  », nous dit Rose en indiquant un haut et large édifice, «  vous pouvez voir qu’il y a des filles dedans qui n’ont même pas le droit de se mettre devant les fenêtres et regarder ce qui se passe. C’est nous, qui pouvons être dehors, qui pouvons lutter pour elles. Sinon, qui va le faire  ? C’est pour cela que j’ai rejoint ce mouvement  ».

    Un syndicat pour les travailleuses domestiques

    Cette année, la célébration du 1er mai par les employées de maison au Liban a un goût particulier. Elle marque la formation — inédite dans le monde arabe — de leur syndicat le 25 janvier dernier, avec le soutien de l’Organisation internationale du travail (OIT), de la Confédération syndicale internationale (CSI) et de la Fédération nationale des syndicats, des ouvriers et des employés au Liban (Fenasol). Les employées de maison sont, pour la première fois dans l’histoire du pays, les porte-paroles de leurs propres revendications, que transmettaient jusqu’alors des ONG libanaises.

    Rose est la vice-secrétaire de ce tout jeune syndicat.

    Arrivée du Cameroun il y a une quinzaine d’années, âgée de 45 ans, elle a eu la chance de tomber sur une «  dame très correcte  » qui lui a accordé beaucoup de liberté. «  Je suis privilégiée par rapport aux autres, et cette liberté me permet d’être à l’écoute de mes camarades. De les recevoir chez moi. Ainsi suis-je devenue le leader de ma communauté. Avant la création de ce syndicat, je ne savais pas à qui ni où transmettre les multiples plaintes que je recueillais. C’est bien d’assurer un espace d’écoute, ça aide les employées à évacuer leurs souffrances, mais la loi est plus que nécessaire. C’est le seul garant de nos droits. Si la loi existe, je ne suis pas sûre que les gens se permettront de se comporter comme ils le font. La plupart des femmes arrivent au Liban sans savoir vraiment ce qui les attend. On nous promet du travail au Liban et on découvre les conditions ici. On tombe dans le bain. Tout ce qui nous souhaitons dans la création de ce syndicat c’est de nous rendre visible, de montrer que nous existons. Le Liban doit ratifier la convention de L’OIT1  !  »

    Cependant, en l’absence de reconnaissance institutionnelle, la souffrance que crée la servitude reste une plaie ouverte. Le ministère du travail refuse de légaliser le syndicat, ignorant la demande envoyée en janvier. Farah Salka, la coordinatrice générale de l’Anti-racism Movement (ARM) condamne le mépris du ministre actuel, Sejaan Azzi qui, dit-elle «   nous reçoit avec des insultes et des agressions verbales alors qu’il est censé, en tant que ministre, défendre les droits des employées… Il les terrorise  ! Je ne comprends pas sa réticence. C’est dans son intérêt de répondre à leurs réclamations parce que le syndicat existe, qu’il le veuille ou non.  »

    Lutter contre l’isolement du plus grand nombre

    Mais cette minorité de travailleuses domestiques cache difficilement la majorité silencieuse qui souffre d’un isolement parfois poussé à l’extrême, qui ruine leur santé mentale. Les suicides se multiplient. Les ambassades des pays fournisseurs de main d’œuvre ne soutiennent pas leurs ressortissantes. Certaines femmes sont privées de nourriture, battues, agressées sexuellement pendant des mois par leur patron2. Une jeune femme sauvée par l’association Kafa a ainsi été exploitée sexuellement par sa patronne qui l’a vendue à plusieurs hommes. Certaines se font traiter injustement de voleuses pour éviter à la fin du contrat de payer à l’employée le billet d’avion de son retour. Et quand elles souffrent de problèmes de santé graves, elles ne peuvent bénéficier d’aucun soin.

    De toutes les histoires recensées et subies, c’est la xénophobie qui fait le plus souffrir. Certaines femmes subissent des humiliations totalement gratuites, une surcharge de travail parfois inutile et épuisante. Privées d’intimité, il arrive qu’elles n’aient pas de chambre à elles  ; elles couchent alors dans la cuisine, le séjour, sur des lits pliants ou dans des balcons minuscules transformés en «  chambres de bonne  ». Les toilettes sont le seul lieu où il existe une porte qu’elles peuvent fermer. Rose a d’ailleurs refusé mon invitation à aller prendre un café sur la terrasse en face. Nous sommes restées debout sur le trottoir. «  Vous savez pourquoi j’évite d’aller dans des cafés  ?  », me dit-elle à la fin de l’entretien. «  Quand j’entends “hiye chou badda”, c’est-à-dire “qu’est-ce qu’elle veut commander  ?”, ça m’énerve  ! Le reste je m’en fous, on peut me cracher dessus dans la rue. Je lave à l’eau et ça part. Mais quand on parle de moi à la troisième personne, ça m’énerve  ! Je ne peux plus entendre ce mot de “hiye”.

    Dépersonnalisées et chosifiées, elles sont interdites de vie privée. L’argument qui revient souvent quand on interroge les familles qui défendent à leur employée de sortir seule est la peur «  qu’elle se lie à des hommes et qu’elle ramène des maladies  ». Le mépris social se superpose au mépris raciste. En marge des clichés les plus éculés (la laideur et la saleté), on interdit à l’employée toute sexualité afin d’éviter un contact avec une classe sociale inférieure et par conséquent jugée malsaine et porteuse de maladies.

    Autre interdit raciste et paradoxal : l’accès aux piscines et aux plages privées, de peur qu’elles ne «  salissent l’eau  » alors que par ailleurs ce sont elles qui cuisinent et qui donnent à manger aux enfants.

    La kafala infantilisante et esclavagiste

    La kafala3 légalise ce système esclavagiste qui déshumanise les employées. «  Il ne peut plus être maintenu, réplique Farah Salka. Ce “garant”, s’il devient l’agresseur, l’agressée ne peut pas porter plainte contre lui. Il faut trouver un autre moyen  ! La législation du travail au Liban — qui n’a pas bougé depuis l’indépendance en 1943 et qui nécessite des soins intensifs en grande urgence — ne prend pas en compte ces deux cent mille travailleuses immigrées. Le modèle libanais datant du mandat n’est pas le meilleur droit du travail au monde, mais au moins il comporte quelques bases essentielles, parmi lesquelles la limitation des heures de travail, les congés annuels, le congé de maternité, la possibilité de démissionner.  »

    Plus on s’éloigne de Beyrouth, plus ces personnes sont isolées, voire séquestrées. Les réseaux sociaux ont beaucoup contribué à sociabiliser les plus isolées et les plus vulnérables quand elles bénéficient du «  luxe  » d’y accéder. C’est ainsi que Tabel, atteinte de tuberculose, enfermée dans le local à poubelle de l’agence de recrutement alors qu’elle crachait du sang a pu alerter une amie grâce à des textos envoyés via un téléphone portable. C’est pour répondre à cet isolement que le Migrant Community Center (MCC) prépare l’ouverture d’une antenne à Jounieh et une autre à Saida.

    Face au désintérêt total et à l’abandon par les ambassades de leur ressortissants, le MCC, créé il y a trois ans en collaboration avec ARM assure un espace de formation, des cours de langues, des ateliers de toutes sortes (musique, yoga, couture), organise des rencontres, des réunions, des fêtes d’anniversaire, de mariage... Le centre met sur pied également des excursions, et certaines émigrées vivant au Liban depuis dix à vingt ans découvrent pour la première fois de leur vie d’autres villes que la capitale où elles résident.

    Reproduction des inégalités de genre

    Je demande à Rose de me parler de ses projets d’avenir. Elle respire profondément et me répond sans hésiter : «  rentrer chez moi et voir grandir mes petits-enfants.  ». Au sacrifice de leur propre vie de famille qu’elles ont quittée en abandonnant leurs enfants pour partir élever ceux des autres, ces travailleuses assurent d’une certaine façon un équilibre au sein des couples libanais. Le poids des traditions est en effet lourd pour une génération «  mondialisée  » et voyageuse et les repères difficiles à trouver.

    Les Libanaises refusent à présent de reproduire le schéma maternel et d’assurer les tâches domestiques, mais les hommes se croient «  dévirilisés  » quand ils sont sollicités. L’employée de maison est le remède contre les tensions que peuvent générer dans un couple les tâches ménagères. Dans la mesure où c’est un domaine classiquement réservé aux femmes et confondu avec le travail gratuit que nécessite l’épuisant et contraignant entretien des maisons, les choses se gèrent entre femmes. La violence que les femmes employeuses font subir à leurs employées égale en puissance celles qu’exercent les hommes sur leurs femmes au Liban.

    La reproduction des inégalités de genre est de ce fait déléguée aux femmes dans le secret des foyers, au sein de ce «  triplet  » partageant le même toit (les travailleurs immigrés de sexe masculin, pour leur part, ne sont jamais séquestrés à l’intérieur des maisons malgré des conditions de vie précaires). Les femmes libanaises n’ont en général pas accès à la politique  ; ou alors il s’agit de remplaçantes d’hommes absents, d’épouses, de filles ou de sœurs de personnalités politiques assassinées. Elles ne peuvent pas transmettre leur nationalité à leurs époux et à leurs enfants, elles ne peuvent pas léguer leurs biens en héritage. Quand elles sont victimes de viols ou de violences conjugales, elles ne sont pas protégées par la loi. Que dire dès lors du sort réservé à des étrangères n’appartenant à aucune des communautés composant le pays, coupées de leur famille, abandonnées par leurs ambassades et non reconnues par l’État du pays qu’elle habite  ?

    Rita Bassil 13 mai 2015
     
     
    Voir aussi:
     
  • MOTION DE SOUTIEN AU MOUVEMENT CITOYEN D’AIN SALAH (Algéria Watch)

     

    FORUM MÉDITERRANÉEN CONTRE LE FRACKING ET LE GAZ DE SCHISTE

    Le premier Forum méditerranéen sur le gaz de schiste tenu à Bizerte (Tunisie) du 7 au 9 mai 2015 a réuni des scientifiques et des représentants du monde associatif pour débattre des questions relatives à l’exploitation du gaz de schiste, des pratiques des industries pétro-gazières, de la gestion de l’eau et des problèmes environnementaux.

    Le Forum a pris acte du fait que le mouvement citoyen d’In Salah (Algérie) n’a cessé d’attirer l’attention des autorités et de l’opinion publique depuis le début de l’année sur les conséquences néfastes du gaz de schiste sur la santé publique et l’environnement.

    A l’issue de leurs travaux, les participants ont tenu à exprimer leur solidarité avec les populations d’In Salah dans leur mobilisation pacifique mais sans relâche en vue de faire échec à la décision du gouvernement d’autoriser l’exploitation des hydrocarbures non conventionnels en Algérie et notamment dans cette région.

    Le Forum a tenu à saluer le civisme et le niveau de conscience dont les populations ont fait preuve depuis plus de quatre mois de contestation pacifique en dépit de la répression policière et des tentatives de manipulation du mouvement.

    Le Forum soutient la revendication du mouvement citoyen d’In Salah de cesser toute activité d’exploitation du gaz de schiste, et appuie la mise en place d’un moratoire, tel que présenté par le collectif anti gaz de schiste, et adressé au président de la République.

    Le Forum considère qu’il est indispensable que les autorités algériennes donnent suite aux revendications légitimes du mouvement citoyen, telles qu’exprimées dans ledit moratoire.

    Liste des associations et organisations signataires :

    ALTERCARTO
    FORSEM
    FTCR
    FTDES
    OTE
    Collectifs Rhônalpins STOP GAZ DE SCHISTE
    Conseil régional Rhône Alpes
    Fédération nationale de l’électricité et du gaz de Tunisie
    UGTT
    Observatoire Tunisien de l’Economie
    Association Khadra de défense des ressources naturelles en Tunisie
    Association El Ghorba
    Association Ecoconscience

    1er FORUM MEDITERRANNEEN SUR LE GAZ DE SCHISTE TUNIS / BIZERTE

    7-8-9 mai 2015

    Organisé par ALTERCARTO – FTCR – FORSEM –FTDES
    Soutenu par : OTE - Conseil régional Rhône Alpes – Collectifs Rhônalpins STOP GAZ DE SCHISTE
     
    Ce forum rassemblera des citoyens des militants associatifs, politiques, et des scientifiques et à pour but de vulgariser les pratiques de industries pétro-gazières et de la gestion de l'eau afin d'apporter une information alternative sourcée et vérifiable contre la propagande des lobbies et mobiliser ainsi les populations méditerranéennes contre cet extractivisme dangereux et économiquement non viable.
     
    PROGRAMME

    Sous la direction scientifique du professeur Mohamed LARBI BOUGUERRA
     
    JEUDI 7 MAI 2015
    MAISON DE LA CULTURE IBN KHALDOUN
     
    14 heures conférence de presse
    15 heures projection du film Holy Field Holy War en présence du réalisateur Lech KOWALSKI et Odile ALLARD productrice/distributeur du film
     
    16 heures 45 discussion avec le public
    18 heures fin

    Vendredi 8 mai 2015-04-29
    HOTEL JALTA
    Séance du matin
    9H Allocution de bienvenue FTCR
    Allocution du CR Rhône Alpes
    9H30 Introduction générale par Larbi Bouguerra l'extraction des gaz de schistes et ses rapports avec le réchauffement climatique, les énergies fossiles, l'eau, la santé et risques sanitaires, l’accaparement des sols et les couts économiques
    Discussion
    10h30 Sabria BARKA universitaire spécialisée en écotoxicologie et présidente de l'association écoconscience): ce que tout le monde devrait savoir sur le gaz de schiste.
     
    Séance de l’après midi
    Les témoignages des luttes contre l'extraction des gaz de schistes
    - En Algérie
    Tahar KHALFOUNE
    Hocine MALTI .
    - Dans la région Rhône Alpes
    - En Tunisie
    Radwene FATNASSI FTDES, Mansour Cherni coordonnateur national de la Fédération nationale de l’électricité et du gaz de Tunisie
    Discussion

    Samedi 9 mai 2015
    Séance du matin
    Débat introduit par Layla RIAHI, de l’Observation Tunisien de l’Economie, sur la création d’un réseau méditerranéen de veille, d’alerte et de mobilisation sur l’exploitation du gaz de schiste en méditerranée (REMEVAMEGS).


    Points proposés
    ·         charte du REMEVAMEGS
    ·         Objectifs du REMEVAMEGS
    ·         Plan d’action du REMEVAMEGS
    Discussion
    Conclusion du Forum
    Séance de l’après midi
    Adoption en plénières des instruments du REMEVAMEGS

    9 mai 2015

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/eco/gaz_schiste/motion_soutien.htm

    Voir aussi:

    http://cemagas.org/

     

     

  • Egypte. Ce que la persistance des grèves en Égypte nous dit de la révolution (A l'Encore)

    Tora Cement workers on strike last December. Photo by Amr Abdallah.

    Les informations qui nous parviennent d’Égypte au travers des grands médias se résument à la montée du terrorisme islamiste, à la forte répression du régime à l’encontre des Frères Musulmans et à la crise du tourisme. Si l’on cherche l’information du côté des forces révolutionnaires démocratiques, l’accent sera mis sur l’incroyable violence répressive du régime militaire de Sissi, non seulement contre des Frères Musulmans mais aussi – avec l’aide d’une partie de l’opposition laïque, démocrate, nassérienne et de gauche qui a soutenu ou soutient encore Sissi – contre la liberté d’expression, des journalistes, des artistes, des intellectuels, des athées, des homosexuels et de tous ceux qui les défendent. L’arbitraire et la férocité répressive de Sissi ont en effet largement dépassé ceux de tous ses prédécesseurs, Moubarak compris.

    Une répression terrible et ses conséquences

    Aujourd’hui, le régime condamne à mort des centaines de Frères Musulmans y compris Morsi, emprisonne nombre de figures de la révolution de 2011 et des milliers et des milliers de militants révolutionnaires ou simplement laïcs, athées, démocrates ou syndicalistes, censure la presse, interdit les manifestations et étrangle le droit de grève, dissous les clubs de supporters de foot «Ultra» en décrétant que ce sont des organisations terroristes, menace de classer le «Mouvement du 6 avril» parmi les groupes terroristes, accuse les «Socialistes Révolutionnaires» de conspirer avec des forces étrangères pour semer le chaos dans les rues égyptiennes, discute d’interdire les syndicats indépendants et interdit la grève aux employés de l’État…

    La répression est telle qu’il semble ne plus que lui rester à dissoudre le peuple ou à l’interdire… En même temps, il libère, amnistie et réintroduit dans le système ceux que la révolution avait renversé, à commencer par Moubarak, sa famille et les membres de son parti, le PND (Parti national démocratique), policiers et militaires violents, hommes d’affaires corrompus, qui envahissent à nouveau les coulisses du pouvoir.

    Ainsi, bien des militants démocrates révolutionnaires réprimés, persécutés, emprisonnés, parfois tués sont le plus souvent découragés. Le paysage politique pour eux s’en trouve fortement déprimé, borné à la bipolarité des deux impasses que sont l’État militaire et les Frères Musulmans. Bref, pour eux la révolution a échoué, n’étant plus qu’un lointain souvenir.

    Et ici, comme un lointain écho, certains se demandent si la révolution a été bien utile et même parfois s’il y a eu une vraie révolution, retrouvant alors parfois le même fond plus ou moins conscient de préjugés paternalistes qui leur avait fait regarder les soulèvements des peuples arabes avec beaucoup de distance et peu d’espoir en leur avenir.

    Des luttes sociales nombreuses malgré les obstacles

    Pourtant, ce qui est frappant aujourd’hui,c’est que les luttes sociales continuent et ne fléchissent pas. Soulignons-le: malgré la censure qui frappe les organes de presse, malgré le peu d’intérêt que la majeure partie d’entre eux porte aux luttes sociales, les luttes ouvrières sont visibles et continuent malgré la répression quotidienne où tout individu qui s’oppose au régime est classé islamiste, c’est-à-dire pour le régime, terroriste, et donc peut-être licencié, arrêté, emprisonné, torturé voire tué dans l’arbitraire le plus total.

    Tout récemment, la Haute Cour Administrative a ainsi décidé que la grève d’un fonctionnaire devenait un crime, exposant chaque employé de l’État qui a fait grève ces dernières années à des poursuites. Elles peuvent aller de la simple absence de promotion au licenciement mais aussi à la prison. Par exemple, un militant vient d’être condamné à 6 mois de prison ferme pour n’être que simple porteur d’un tract relatant la grève de salariés réclamant leur salaire; ou encore quatre militants ouvriers de l’aciérie d’Helwan – actuellement en grève la faim – car ils sont «déplacés» sur un autre site au motif qu’ils ont animé une grève en 2011 ; cela à l’instar de comme beaucoup d’autres ouvriers ou militants dans ce cas. On parle parfois de 15’000 travailleurs «démissionnés» depuis 2011 pour fait de grève ou de résistance au patron.

    Il faut encore souligner que les luttes continuent bien que les organisations de gauche et nassériennes aient fait appel à Sissi contre la seconde révolution de juin 2013, aient soutenu le régime de longs mois ou le soutiennent encore pour certaines d’entre elles.

    Et puis, elles continuent aussi malgré le fait que la principale confédération syndicale du pays (ETUF) est plus une organisation policière au service du régime qu’un véritable syndicat. Ainsi, pour le premier mai 2015, l’ETUF a appelé à «finir les grèves et augmenter la production et le travail». Enfin, ces grèves continuent bien que les deux principales confédérations syndicales indépendantes nées de la révolution de 2011 (aujourd’hui il y en a 6), EFITU et EDLC, soutiennent le pouvoir, aient fait la campagne électorale de Sissi, aient donné à son gouvernement son premier ministre du travail et aient renouvelé en 2013 comme en 2014, les appels à cesser les grèves et à produire avant tout.

    Des grèves économiques dans tous les secteurs, mais aussi souvent politiques

    La Tunisie post-révolutionnaire connaît chaque année un nombre croissant de grèves. Ce n’est pas le cas en Égypte. Mais cela parce que l’année 2013, lorsque Morsi était au pouvoir, a connu à l’échelle de l’histoire et du monde des chiffres jamais atteints. A côté, la révolution russe paraît un long fleuve tranquille. Ce qui fait que les comparaisons doivent être faites à cette mesure.

    Au premier trimestre 2015, étaient recensées 393 grèves ou manifestations ouvrières contre 1420 durant la même période en 2014. Mais la comparaison souffre du fait que le premier trimestre 2014 a été lui aussi exceptionnel de ce point de vue, faisant même chuter le gouvernement de Sissi de l’époque. En fait le nombre de grèves des autres trimestres de 2014 a été du même niveau que celui de ce début d’année 2015, un niveau élevé, tout spécialement dans une dictature qui interdit les grèves.

    Pour ne parler que des dernières grèves parmi les plus importantes, il y a eu en mars des grèves des 600 salariés de la Compagnie des ciments de Suez et de quatre autres usines du groupe (filiale d’ItalCiment), des ouvriers des aciéries de Suez, de ceux l’aciérie d’Helwan près du Caire, des 1000 ouvriers d’un des principaux ports, Ain Sokhna, d’une partie des boulangers d’Alexandrie, des instituteurs…  En avril, des 3000 ouvriers des Ciments de Tourah (qui durera un mois et demi), des Huiles et Savon de Suez, de la distribution des journaux, de la distribution chez Metro Market, des 3000 salariés de la Compagnie du gaz (trois semaines), des 1700 salariés de la Société Égyptienne Immobilière (au moins une semaine), des 1700 salariés de la Compagnie de construction et des 4000 salariés de la compagnie Beheira à Giza, des ouvriers et employés de l’université américaine du Caire, (soutenus par les étudiants), des étudiants de l’Institut de technologie d’Ismaïlia… Il y a aura aussi la démission collective de 224 pilotes d’Air Égypte début mai, l’annonce d’une grève des journalistes en juin…

    Les revendications de ces grèves sont multiples, mais tournent le plus souvent pour ce qui est des revendications économiques autour des conditions de travail, des salaires et de la participation aux bénéfices.

    Ce qui est marquant, c’est que le gouvernement a beau intensifier la répression et multiplier les lois répressives, «personne ne respecte la loi» comme le faisait remarquer un gréviste. Depuis mars 2011, chaque gouvernement a ainsi limité ou interdit grèves et manifestations, multipliant les lois dans ce sens et pourtant les grèves et manifestations ont continué, même dans les prisons, avec les grèves de la faim.

    Le «Mouvement du 6 avril est dissous», mais il tient des conférences de presse publique ; les «Ultras» sont décrétées terroristes, mais la blogosphère des supporters défie au quotidien les autorités, affirmant haut et fort que le mouvement «Ultra» est un mouvement d’idées et qu’il n’a pas besoin de gilet pare-balles; les grèves sont quasi interdites, mais il y en a 5 importantes par jour.

    Un des exemples les plus visibles de cet état de fait a été, fin janvier 2015, ce qu’on a appelé «La république de Matariya». Pendant plusieurs jours, les habitants de ce quartier très populaire du Caire se sont insurgés, chassant les policiers du quartier, brûlant leurs véhicules, réussissant à établir, malgré une violence inouïe de la répression, une zone où la police ne faisait plus la loi. Et tout cela n’a rien à voir avec les Frères Musulmans, même si la presse aux ordres dénonce chaque protestation, de quelque nature qu’elle soit, comme le fait des islamistes.

    Cette situation fait que les revendications économiques sont toujours très proches des exigences politiques qui portent, elles, bien sûr, sur la dénonciation de la répression, mais aussi sur la corruption des dirigeants, l’exigence de leur limogeage et la renationalisation des entreprises récemment privatisées comme tout récemment encore à Tanta Lin, aux ciments de Tourah ou dans l’usine textile géante de Mahalla El Koubra.

    On retrouve là ce qui a fait le fond des revendications ouvrières pendant les révolutions de janvier 2011 et juin 2013 ou encore lorsque le gouvernement Beblawi a été renversé en février 2014, à savoir que la révolution ne voulait pas tant la chute de Moubarak que la chute de tous les petits Moubarak à tous les échelons de l’économie et de l’appareil d’État pour une mise des ressources économiques sous le contrôle du peuple. Bref, le programme embryonnaire d’une révolution sociale.

    Or ce courant qui a joué un rôle majeur dans la révolution n’a jamais eu d’expression politique sauf en mars-avril 2014 lorsque la grève des médecins pour une santé pour tous a cherché à s’associer aux ouvriers en lutte contre les privatisations en réalisant tout à la fois pour la première fois dans l’histoire de la révolution égyptienne, des coordinations interprofessionnelles sous contrôle des grévistes eux-mêmes et, en même temps, un programme populaire et révolutionnaire regroupant les principales revendications du peuple égyptien.

    C’est cette émergence si dangereuse pour les notables qui a décidé Sissi à se présenter aux présidentielles pour couper cours à cette évolution avec d’abord une posture démagogique nassérienne pour ensuite déclencher une répression féroce à la hauteur de la peur des possédants, les deux durant toujours. On le voit aux hésitations permanentes du pouvoir entre le talon de fer de la répression la plus féroce et les déclarations les plus rassurantes stigmatisant ses propres ministres pour calmer la montée des colères alors qu’il est clair aux yeux de tous qu’il est incapable de régler les problèmes économiques du pays.

    Les grèves n’ont jamais cessé depuis 2006

    Par facilité de pensée, on admet trop souvent que la révolution a donné naissance au mouvement des grèves.

    Or si c’est en partie vrai – on l’a vu avec l’explosion des syndicats indépendants après janvier 2011, on a vu aussi que ces nouvelles confédérations indépendantes se sont rapidement opposées aux grèves – c’est globalement faux. Il y a eu seulement une accélération d’un processus commencé avant, et qui continue aujourd’hui à ce niveau porté plus haut.

    Il vaudrait donc mieux dire que les révolutions de 2011 comme de 2013 n’ont pas déclenché ce processus, mais l’ont révélé, en ont démontré la force alors que ce mouvement existait bien avant; en fait depuis 2006.

    Sous Moubarak, en 2006-2007, malgré sa dictature, on comptait en effet déjà une grève par jour. Ce qui était exceptionnel et n’était pas arrivé depuis…1951. Et aujourd’hui, en ce début 2015, nous en sommes à 4 ou 5 grèves importantes par jour.

    En raisonnant ainsi, on voit que la chute de Moubarak devient un épisode d’une phase plus longue et non pas son principe explicatif. Cette chute a en effet été trop souvent perçue, quoi qu’on en ait dit, comme un «début», un point de départ et en même temps, un aboutissement. Comme si le renversement de Moubarak devenait le point d’orgue de la révolution et résumait, concentrait, expliquait mais aussi clôturait toute «la» révolution.

    Bien sûr, des observateurs ont signalé, avec le rôle important des luttes ouvrières dans le renversement de Moubarak, que cette période de luttes s’était ouverte bien avant, à partir de 2004-2005, avec une montée significative de 2006 à 2009. D’autres, ou les mêmes, ont indiqué que la révolution devait se penser sur une durée longue car le régime actuel ne pourrait pas satisfaire aux problèmes économiques et sociaux à l’origine de la poussée révolutionnaire et qu’il y serait à nouveau confronté un jour ou l’autre. Enfin, certains voyaient bien que la chute de Moubarak, lâché par l’armée, n’était qu’un moyen de faire semblant de satisfaire aux exigences révolutionnaires prolétariennes tout en sauvant l’essentiel. Enfin, lié à cela, quelques-uns notifiaient que le renversement de Moubarak n’était pas l’objectif de cette révolution pour le «pain,la justice sociale et la liberté» mais cherchait dans cet objectif le renversement de tous les petits Moubarak à tous les niveaux de l’économie, de la propriété ou de l’État.

    Le problème est qu’aucune organisation politique, aucun courant intellectuel ne s’est réellement fait l’expression de cette révolution sociale qui se cherchait sous la révolution démocratique.

    Et même parmi ceux qui avaient remarqué le phénomène, aucun ne s’est avéré capable de définir ou même de chercher une politique ouvrière et socialiste indépendante – à part dans le très court espace de mars et avril 2014 – qui aurait permis l’expression des aspirations de cette révolution ouvrière.

    Des luttes ouvrières qu’il faut penser à l’échelle mondiale

    Si l’on prend au sérieux les grèves actuelles, qu’on les voit comme la continuité de celles de 2006, ça signifie que les luttes ouvrières actuelles ne sont pas le résidu, la fin ou la queue d’une comète révolutionnaire en train de s’éteindre, mais l’expression profonde de cette révolution qui continue à se chercher sans toujours pour le moment trouver d’expression politique.

    Et si on raisonne ainsi, c’est-à-dire qu’on lie la révolution sociale invisible en cours et en recherche d’elle-même, il faut la relier aux questions économiques qu’a rendues très visibles le «gouvernement des millionnaires» de 2004-2005 par son énorme vague de privatisation et de libéralisation. Bref, cela veut dire qu’on lie cette révolution sociale non pas simplement à un phénomène égyptien, voire arabe, ou lié au chômage, ou à tel ou tel ou tel autre problème social local, mais à la vague de libéralisme intervenue depuis les années 1990 dans la sphère économique mondiale sous l’impulsion de la crise économique planétaire et au signal du gouvernement Reagan en 1985.

    Cela signifie qu’on n’a pas affaire en Égypte à un mouvement de lutte contre un régime dépassé, archaïque, isolé, mais à un mouvement de luttes qui cherche à mettre un cran d’arrêt à la vague mondiale de libéralisme devant laquelle les travailleurs égyptiens – et bien d’autres – ont d’abord baissé la tête durant les années 1990 et au début des années 2000.

    Soyons clairs, ces luttes en Égypte ne gagnent pas tout le temps, loin de là. Mais elles gagnent suffisamment – il y a eu par exemple un quasi-doublement du Smic pour les fonctionnaires d’État, ou les salariés des ciments de Tourah en ce mois de mai ont obtenu presque tout ce qu’ils demandaient – mais, surtout, elles ne cessent pas. Ce qui fait que sans empêcher la vague libérale de continuer, ces grèves y mettent un sérieux frein et posent un problème aux capitalistes: les ouvriers ont cessé de subir et d’accepter.

    Il faut donc lier ce qui se passe en Égypte à ce qui se passe dans de nombreux pays émergents, de la Tunisie, ou dans le monde arabe bien sûr, mais aussi aux luttes du Bangladesh en passant par celles de Turquie, du Brésil ou de toute l’Afrique de l’Ouest aujourd’hui, mais surtout de la Chine, et constater qu’on a là le même mouvement.

    En Chine, en 2010, une vague de grèves a mis un point d’arrêt au libéralisme effréné, au recul sans fin, ouvrant à une période de hausse des salaires qui ne peut qu’avoir des conséquences mondiales. Aucun prolétariat, exploitable corps et âme, ne peut remplacer le prolétariat chinois étant donné l’ampleur numérique de ce dernier. La Chine de 2010 a ainsi mis un coup d’arrêt à la vague libérale initiée dans les années 1990.

    Or, c’est dans ce contexte que s’est faite la chute de Moubarak et à partir de là qu’il faut penser les événements du Burundi ou du reste de l’Afrique; c’est pour ça que le mouvement en Égypte continuera comme ailleurs et que sa solution se trouvera à l’échelle mondiale, au Moyen Orient, en Afrique, en Chine… ou ici, et que nous y sommes tous donc totalement impliqués.

    L’orientation qui en découle

    Plus que jamais nous devons raisonner à cette échelle et en internationalistes.

    Mais posons la question: qui aujourd’hui, ne pense pas la révolution en Égypte isolée, tout juste liée à la tunisienne et encore, et de là qu’elle est finie, que la contre-révolution a gagné, ou, en tout cas, qu’elle est sur une voie tellement déclinante qu’elle est moribonde?

    Et qui, dans ceux qui pensent quand même qu’on a affaire à un phénomène long et le liant au contexte international, ne se demandent cependant pas si cette analyse n’appartient pas seulement à l’éternel «optimisme révolutionnaire» de principe, à une espèce de décor théorique artificiel plaqué sur une réalité déprimante?

    Qui se dit, en poussant l’idée jusqu’au bout, que le plus probable pour comprendre ce qui se passe et définir une orientation, est qu’un nouveau cycle de luttes ouvrières a commencé dans l’ensemble des pays émergents, dont l’Égypte et le monde arabe ne sont qu’une des expressions, avec toutes les variations possible suivant la situation des pays et son entrée dans la vague libérale mondiale?

    L’épisode de la chute de Moubarak au mitan de ce cycle de luttes ouvrières n’est pas directement lié à lui, mais s’est produit lorsque la révolution sociale a croisé la révolution démocratique, réactivée brutalement elle-même par la chute de Ben Ali en Tunisie, alors qu’elle était moribonde à ce moment en Égypte. C’est l’impulsion tunisienne qui a réveillé le mouvement démocratique, mais c’est la révolution ouvrière en puissance qui a donné sa force et son énergie à ce courant démocratique, qui l’a poussé jusqu’à des positions révolutionnaires au-delà de ses habitudes et de ses dirigeants habituels, poussant la jeunesse devant, occupant les places , se faisant entendre à l’échelle internationale et lui a permis d’aller jusqu’au renversement de Moubarak et de Morsi. C’est cette révolution sociale qui a fait que l’armée a choisi de lâcher – momentanément – Moubarak, sacrifiant l’ombre pour la proie.

    Mais cette attitude de l’armée, s’appuyant sur la révolution démocratique pour maîtriser la révolution sociale, permettait à cette première de se mettre à la tête de la révolution social, rendant ainsi la seconde invisible à ses propres acteurs, en même temps que les secteurs les plus timorés de la Démocratie n’avaient cesse, eux, depuis 2011 de combattre la révolution sociale en cherchant en permanence l’alliance avec les forces réactionnaires, religieuses ou militaires et saper par là même les bases de la révolution démocratique.

    Toute l’histoire de ces quatre dernières années a été l’histoire des coups de boutoir pour pousser la révolution plus loin, des combats où la classe ouvrière a entraîné la jeunesse démocratique et en même temps l’histoire de leur trahison systématique par les secteurs dirigeants de la Démocratie et de la gauche politique et syndicale nassérienne et réformiste, s’alignant finalement soit derrière les militaires, soit derrière les Frères Musulmans.

    Les courants les plus avancés et courageux de cette révolution démocratique sont aujourd’hui au plus bas, ses militants emprisonnés, découragés Ses représentants les plus pusillanimes se sont eux alignés derrière Sissi en renonçant à tout ce quoi ils croyaient.

    Mais la révolution ouvrière, elle, continue, mais malheureusement toujours sans conscience politique visible non plus. C’est là où les révolutionnaires internationalistes d’Occident, dans une situation moins difficile, sans être en situation de vouloir ou pouvoir de loin une politique pour les classes populaires d’Égypte, pourraient tout au moins s’attacher à démêler les intérêts fondamentaux de la classe ouvrière de ceux des autres classes sociales dans ce pays et la région. Et, de la sorte, porter la réflexion et l’analyse à l’échelle des enjeux mondiaux en cours afin de ne pas abandonner cette révolution ouvrière et ses 27 millions de travailleurs et ouvrir de réelles perspectives y compris ici. (17 mai 2015)

    Publié par Alencontre1 le 17 - mai - 2015

    Par Jacques Chastaing

    http://alencontre.org/moyenorient/egypte/egypte-ce-que-la-persistance-des-greves-en-egypte-nous-dit-de-la-revolution.html

  • Le Maroc autorisera l'avortement (Le vif.be)

    "Dans certains cas de force majeure" comme le viol

    Le Maroc va autoriser l'avortement dans de nouveaux cas, notamment de viol ou de graves malformations et maladies foetales, a annoncé vendredi le Palais royal, au terme d'un vif débat sur le fléau des avortements clandestins dans le royaume.

    L'avortement dans "quelques cas de force majeure" sera autorisé, notamment lors de "grossesses (qui) résultent d'un viol ou de l'inceste", ou encore de "graves malformations et maladies incurables que le foetus pourrait contracter", affirme le communiqué publié au terme d'une audience royale lors de laquelle les ministres de la Justice et des Affaires islamiques ainsi que le président du Conseil national des droits de l'Homme (CNDH) ont remis leurs avis.

    Cette légalisation restera limitée à ces seuls cas dans la mesure où des consultations ont montré que "l'écrasante majorité penche pour la criminalisation de l'avortement illégal", est-il écrit.

    Selon la même source, le roi Mohammed VI a donné ses instructions pour "traduire les conclusions de ces consultations en un projet de dispositions juridiques, dans le but de les inclure dans le code pénal". Une refonte du code pénal du Maroc est actuellement l'objet de débats.

    Dans un pays de 34 millions d'habitants où modernité et conservatisme religieux se côtoient et où les relations hors mariage restent interdites, la loi autorisait jusque-là l'avortement dans les seuls cas où la santé de la femme était en danger.

    Pour le reste, elle punit les interruptions volontaires de grossesse (IVG) de peines allant de un à cinq ans de prison ferme.

    Le fléau que constituent les centaines d'avortements clandestins pratiqués chaque jour au Maroc a ressurgi dans l'actualité en début d'année, entraînant un profond débat dans l'opinion. Le roi s'était saisi du dossier, réclamant des "consultations élargies".

    Bien qu'aucun chiffre officiel n'existe, des associations estiment qu'entre 600 et 800 avortements clandestins sont pratiqués chaque jour dans le royaume, dans des conditions sanitaires parfois désastreuses.

    Dans le même temps, les grossesses non désirées renforcent le phénomène des "mères célibataires" et l'abandon d'enfants, jusqu'à 150 par jour affirment des ONG.

    16/05/15 à 11:09 - Mise à jour à 18:34

    http://www.levif.bel

    Source : Belga

  • Libye, les violations des droits humains systématiques (amnesty)

    Poussent les migrants à risquer leur vie en traversant la Méditerranée

    À travers la Libye, les réfugiés et les migrants sont victimes de viols, de torture et d’enlèvements aux mains des trafiquants d’êtres humains et des passeurs, d’exploitation systématique de la part de leurs employeurs, de persécutions religieuses et d’autres violations des droits humains imputables aux groupes armés et aux bandes criminelles, écrit Amnesty International dans son nouveau rapport publié lundi 11 mai 2015. Ce document, intitulé ‘Libya is full of cruelty’: Stories of abduction, sexual violence and abuse from migrants and refugees, dénonce la détresse et le calvaire des réfugiés et des migrants en Libye, qui incitent beaucoup d’entre eux à risquer leur vie dans des traversées périlleuses, tentatives désespérées de se mettre en sécurité en Europe.

    « Les conditions épouvantables infligées aux migrants, alliées à l’anarchie croissante et aux conflits armés qui déchirent le pays, montrent à quel point il est dangereux de vivre en Libye aujourd’hui. Sans aucun recours juridique pour partir en quête de sécurité, ils sont contraints de remettre leurs vies entre les mains de passeurs ou de trafiquants qui leur extorquent de l’argent, les agressent et leur infligent des violences, a déclaré Philip Luther, directeur du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International.

    « La communauté internationale a regardé la Libye s’enfoncer dans le chaos depuis la fin de l’intervention militaire menée par l’OTAN en 2011, ce qui a permis aux milices et aux groupes armés d’échapper à tout contrôle. Les dirigeants du monde doivent assumer leurs responsabilités et les conséquences, notamment le flux de réfugiés et de migrants fuyant le conflit et les atteintes aux droits humains endémiques en Libye. Les demandeurs d’asile et les migrants comptent parmi les personnes les plus vulnérables et le monde ne saurait fermer les yeux sur leurs souffrances. »

    Les conditions épouvantables infligées aux migrants, alliées à l’anarchie croissante et aux conflits armés qui déchirent le pays, montrent à quel point il est dangereux de vivre en Libye aujourd’hui. Sans aucun recours juridique pour partir en quête de sécurité, ils sont contraints de remettre leurs vies entre les mains de passeurs ou de trafiquants qui leur extorquent de l’argent, les agressent et leur infligent des violences. Philip Luther, directeur du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International.

    Depuis des années, la Libye est un pays de transit et de destination pour les réfugiés et les migrants fuyant la pauvreté, les conflits et les persécutions en Afrique subsaharienne et au Moyen-Orient. Beaucoup viennent en Libye dans l’espoir d’atteindre l’Europe. Mais l’anarchie grandissante et la menace que représentent les groupes armés ont fait exploser les risques, poussant même des communautés de migrants installés et travaillant en Libye depuis des années à fuir vers l’Europe par voie de mer. Les atteintes aux droits humains commises dans les centres de détention pour migrants, où des milliers de migrants et de réfugiés, dont des enfants, sont détenus pour une durée indéterminée dans des conditions déplorables, expliquent aussi pourquoi ils sont si nombreux à tenter de partir.

    Les itinéraires viables par voie de terre à destination de l’Europe se font rares, et les réfugiés syriens passent eux aussi par la Libye pour tenter la dangereuse traversée vers les côtes européennes. Lors d’un sommet extraordinaire organisé à Bruxelles au mois d’avril, le Conseil européen a annoncé qu’il allait augmenter les ressources allouées aux opérations de recherche et de secours en mer Méditerranée. « Nous saluons l’engagement souscrit par les dirigeants de l’Union européenne (UE) de dédier des ressources supplémentaires aux opérations de recherche et de sauvetage. Toutefois, des migrants continueront de se noyer en Méditerranée si les navires de sauvetage ne sont pas mis à disposition rapidement et déployés là où le besoin est le plus criant – dans les zones d’où sont lancés le plus grand nombre de SOS – et  ce tant qu’un grand nombre de réfugiés et de migrants partiront de Libye », a déclaré Philip Luther.

    Le Conseil européen a également annoncé son intention d’intensifier son programme visant à  identifier, capturer et détruire les bateaux avant que les passeurs ne s’en servent. Ces mesures seront sans doute débattues lors de la rencontre, lundi 11 mai, entre la ministre des Affaires étrangères de l’UE Federica Mogherini et le Conseil de sécurité de l’ONU. Si elles sont mises en œuvre, elles pourraient en fait prendre au piège des milliers de migrants et de réfugiés dans une zone de conflit. Mener des actions contre les passeurs, sans offrir d’itinéraire sûr de remplacement aux migrants et réfugiés qui veulent désespérément fuir le conflit en Libye ne résoudra pas le problème. Philip Luther

    « Mener des actions contre les passeurs, sans offrir d’itinéraire sûr de remplacement aux migrants et réfugiés  qui veulent désespérément fuir le conflit en Libye ne résoudra pas le problème », a déclaré Philip Luther.

    Par ailleurs, l’Égypte et la Tunisie ont durci les contrôles aux frontières, craignant un débordement du conflit libyen. Les migrants et les réfugiés, dont les passeports sont souvent volés ou confisqués par les passeurs, les bandes criminelles ou leurs employeurs libyens, n’ont d’autre possibilité pour sortir du pays que d’embarquer pour une traversée périlleuse vers l’Europe. « Le monde doit assumer l’obligation qui lui incombe d’accorder refuge à toute personne  fuyant de telles atteintes aux droits humains. Les pays voisins, notamment la Tunisie et l’Égypte, doivent maintenir leurs frontières ouvertes, afin que les personnes fuyant les violences et les persécutions en Libye puissent y trouver refuge », a déclaré Philip Luther.

    Amnesty International demande aux pays riches d’augmenter le nombre de places d’accueil pour les réfugiés vulnérables et à la communauté internationale de prendre des mesures efficaces afin de mettre un terme aux graves violations du droit international humanitaire et relatif aux droits humains commises par tous les belligérants en Libye.

    Les persécutions religieuses

    En Libye, les migrants et les réfugiés chrétiens sont particulièrement exposés aux violences des groupes armés qui cherchent à imposer leur propre interprétation de la loi islamique. Venus du Nigeria, d’Érythrée, d’Éthiopie ou d’Égypte, ils sont enlevés, torturés, tués illégalement et harcelés en raison de leur religion. Récemment, au moins 49 chrétiens, Égyptiens et Éthiopiens pour la plupart, ont été décapités et abattus lors de trois massacres revendiqués par le groupe qui se fait appeler État islamique (EI).

    Par ailleurs, des bandes criminelles et des trafiquants d’êtres humains enlèvent, torturent, dépouillent et agressent les migrants et les réfugiés aux frontières sud de la Libye et le long des itinéraires de passage vers les côtes libyennes. Charles, un Nigérian de 30 ans, a raconté à Amnesty International qu’il avait décidé de tenter la traversée vers l’Europe le mois dernier, après avoir été enlevé et agressé plusieurs fois par des membres d’une bande criminelle, dans la ville côtière de Zuwara. Il s’y était rendu pour échapper aux bombardements aveugles et aux combats à Tripoli.

    « Ils venaient nous voler notre argent, et nous fouettaient. Je ne peux pas porter plainte auprès de la police en expliquant que je suis chrétien, parce qu’ils ne nous aiment pas… En octobre 2014, quatre hommes m’ont kidnappé, parce qu’ils ont vu que je portais une Bible », a-t-il expliqué. Ils ont pris son argent, son téléphone, et l’ont retenu pendant deux jours ; ils l’ont torturé et battu jusqu’à ce qu’il parvienne finalement à s’échapper, une nuit, par la fenêtre.

    « Ces récits glaçants sur les périls qui poussent les migrants et les réfugiés à fuir la Libye mettent en lumière la nécessité incontournable de sauver des vies en Méditerranée. Les dirigeants européens doivent garantir que ceux qui fuient ces violences ne seront jamais renvoyés en Libye », a déclaré Philip Luther. Ces récits glaçants sur les périls qui poussent les migrants et les réfugiés à fuir la Libye mettent en lumière la nécessité incontournable de sauver des vies en Méditerranée. Les dirigeants européens doivent garantir que ceux qui fuient ces violences ne seront jamais renvoyés en Libye. Philip Luther

    Les violations des droits humains le long des itinéraires des passeurs : enlèvements, vols et violences sexuelles

    Les réfugiés et les migrants subissent des violations des droits humains à toutes les étapes des itinéraires sur lesquels les conduisent les passeurs, menant d’Afrique de l’Ouest et de l’Est jusqu’aux côtes libyennes. Ceux qui sont originaires d’Afrique subsaharienne, notamment les mineurs non accompagnés, sont enlevés contre rançon le long des itinéraires à destination des côtes libyennes. Au cours de leur captivité, ils sont torturés et subissent des mauvais traitements pour les obliger, eux et leurs familles, à payer la rançon. Ceux qui ne peuvent pas payer sont exploités et bien souvent détenus comme esclaves – ils travaillent sans être payés, sont agressés physiquement et dépouillés.

    Parfois, les passeurs remettent les migrants et réfugiés à des groupes criminels lorsqu’ils franchissent la frontière, dans les zones désertiques ou dans les grandes villes de transit le long des itinéraires de migration, comme Sabha, dans le sud-ouest de la Libye, ou la ville côtière d’Ajdabiya, dans l’est. Des migrants et réfugiés interrogés par Amnesty International ont déclaré que les passeurs les considéraient « comme des esclaves » et les traitaient « comme des animaux ». L’un d’entre eux a raconté qu’ils étaient gardés dans une pièce surpeuplée et sale, sans toilette, sans couvertures ni matelas, et nourris uniquement de morceaux de pain sec.

    « En fait, ils gèrent un business. Ils vous retiennent, pour que vous leur versiez de l’argent… Si vous ne répondez pas à leurs questions, ils vous frappent à coups de tuyaux en plastique », a raconté un homme. Les femmes, particulièrement si elles font le voyage seules ou sans hommes, sont exposées au risque de subir des viols et des violences sexuelles, aux mains des passeurs et des bandes criminelles. Les femmes kidnappées, si elles ne peuvent pas payer la rançon, sont parfois contraintes d’avoir des rapports sexuels en échange de leur libération ou de la possibilité de poursuivre leur périple.

    « Je sais que [le passeur] s’est servi de trois femmes érythréennes. Il les a violées et elles pleuraient. C’est arrivé au moins deux fois », a raconté un témoin à Amnesty International. Une autre femme originaire du Nigeria a raconté qu’elle avait été violée par 11 hommes, membres d’une bande armée, dès son arrivée à Sabha.

    « Ils nous ont emmenés quelque part en dehors de la ville, dans le désert, ils ont attaché les mains et les pieds de mon époux à un poteau, et m’ont tous violée sous ses yeux. Ils étaient 11 hommes au total », a-t-elle raconté. Ils nous ont emmenés quelque part en dehors de la ville, dans le désert, ils ont attaché les mains et les pieds de mon époux à un poteau, et m’ont tous violée sous ses yeux. Ils étaient 11 hommes au total.

    Les violations des droits humains commises par les passeurs avant le départ des bateaux

    Certains migrants et réfugiés ont raconté avoir subi des mauvais traitements aux mains des passeurs durant la période, pouvant aller jusqu’à trois mois, pendant laquelle ils étaient retenus dans des maisons en cours de construction, en attendant qu’un nombre suffisant de passagers soit réuni. Les passeurs gardaient la nourriture et l’eau, les frappaient à coups de bâtons ou leur volaient leurs biens. D’autres réfugiées syriennes ont raconté qu’elles avaient été transportées dans des camions réfrigérés très mal aérés. « Deux enfants ont commencé à étouffer et ont cessé de respirer. Leurs parents leur ont donné des gifles sur le visage, pour les réveiller. Nous donnions des coups sur les parois pour avertir le chauffeur, mais il ne s’est pas arrêté », ont-ils raconté. Les enfants ont ensuite été réanimés.

    Les violations des droits humains commises dans les centres de détention pour migrants en Libye

    Les migrants et les réfugiés en Libye sont détenus pour une durée indéterminée dans les centres de détention pour migrants, dans des conditions épouvantables, où ils sont régulièrement victimes de torture et de mauvais traitements. La plupart sont détenus pour entrée illégale sur le territoire et autres infractions similaires. Ceux qui sont capturés sur des bateaux interceptés par les garde-côtes libyens alors qu’ils tentent la traversée vers l’Europe sont également placés dans ces centres.

    Les femmes qui y sont détenues ont dénoncé des actes de harcèlement sexuel et des violences sexuelles. L’une d’entre elles a raconté à Amnesty International que des employés de l’un de ces centres d’immigration avaient battu à mort une femme enceinte. « Ils nous frappaient à l’aide de tuyaux derrière les cuisses. Ils frappaient même les femmes enceintes. La nuit, ils venaient dans nos chambres et essayaient de coucher avec nous. Certaines femmes ont été violées. L’une d’elles est tombée enceinte… C’est pour ces raisons que j’ai décidé de partir en Europe. J’ai trop souffert en prison », a déclaré l’une de ces femmes.

    « Les autorités libyennes doivent immédiatement mettre un terme à leur politique de détention systématique des réfugiés et des migrants en raison de leur statut migratoire, et faire en sorte de les placer en détention uniquement en cas d’absolue nécessité, pendant la période la plus courte possible », a déclaré Philip Luther. 11 mai 2015, 00:01

    https://www.amnesty.org/fr/articles/news/2015/05/libya-horrific-abuse-driving-migrants-to-risk-lives-in-mediterranean-crossings/

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  • Les 67 ans de la Nakba (UJFP)

    C’est ici notre Palestine !

    15 mai 1948 - 15 mai 2015, soixante-sept ans déjà, soixante-sept ans depuis le début du drame des Palestiniens, soixante-sept ans de souffrance, de malheurs et de massacres pour un peuple digne, soixante-sept ans depuis le début de cette injustice imposée à un peuple sur sa terre, soixante-sept ans de déportation d’un peuple pour le remplacer par un autre peuple.
    Mais, soixante-sept ans de résistance, de patience, de détermination, de courage, et de persévérance pour un peuple toujours debout, un peuple toujours attaché à sa terre et à sa Palestine en dépit de toutes les mesures de cette occupation illégale, une occupation qui dure, qui dure !

     

    Les Palestiniens commémorent les soixante-sept ans de la catastrophe dans un contexte particulier marqué notamment par la poursuite de l’occupation et de la colonisation, l’échec du processus de paix, la domination de l’extrême droite dans la société israélienne, la division interne et l’absence de perspectives pour l’avenir.


    Soixante-sept ans, et les forces de l’occupation violent les droits les plus fondamentaux d’un peuple, soixante-sept ans de politique d’apartheid, de discrimination, et du terrorisme d’Etat d’Israël.
    En 67 ans, Israël a appliqué toutes les mesures inhumaines illégales à l’encontre des Palestiniens, il en a emprisonné plus d’un million, il en a massacré et assassiné des milliers, il a occupé tous leurs territoires.


    L’Etat d’Israël a créé le problème des réfugiés palestiniens qui vivent dans des conditions humanitaires épouvantables dans les pays voisins, et qui souffrent en permanence.
    L’Etat d’Israël est le seul Etat qui, encouragé par les grandes puissances internationales, n’a jamais appliqué aucune résolution des Nations-Unies, pas plus que les accords de paix signés.
    En 67 ans, Israël a toujours été un état illégal, un état hors la loi, un état d’apartheid, un état colonial, un état qui considère les citoyens arabes des territoires de 1948 comme des citoyens de seconde zone, un état qui a construit le mur de la honte en Cisjordanie, un état qui impose un blocus inhumain à la population civile de Gaza, un état qui érige tous les jours de nouvelles colonies dans les Territoires, un état qui vole tous les jours les ressources naturelles appartenant aux Palestiniens.
    Un état qui n’a toujours pas de frontières, un état qui refuse toutes les initiatives de paix régionales et internationales.


    On peut citer maints exemples de l’histoire noire de cette occupation contre les Palestiniens : agressions quotidiennes, massacres, déportations, crimes contre l’humanité, crimes de guerre, la liste est longue, très longue, trop longue.


    Le dernier crime israélien massif contre les Palestiniens, est la dernière offensive militaire contre la population civile de la bande de Gaza en été 2014.
    67 ans de résistance remarquable de toute une population qui poursuit son combat pour retrouver la liberté et vivre digne sur sa terre.

     

    Soixante-sept ans après, les Palestiniens s’interrogent : 67 ans de violation de nos droits ne suffisent-ils pas ? Le temps n’est-il pas venu de réagir et d’imposer à Israël l’application du droit international ? Le temps n’est-il pas venu d’instaurer la justice en Palestine ? Les Palestiniens n’ont-ils pas le droit de vivre, après tant d’années de souffrance, dans un état libre et indépendant ?
    67 ans après cette catastrophe, nous, Palestiniens, et quelles que soient les mesures d’apartheid et de terrorisme d’état pratiquées, poursuivons le combat et les sacrifices pour notre liberté. Nous sommes plus que jamais déterminés et avons un message à délivrer au monde entier, un message clair et précis. Nous sommes toujours attachés aux principes suivants :

     

    - Non, nous n’oublierons jamais l’histoire noire de cette occupation illégale et ses différents crimes contre notre population civile.
    - Non, nous ne partirons pas d’ici, nous resterons attachés à notre terre. Nous ne partirons pas. Ici, notre terre, ici notre vie, et ici, notre Palestine !
    - Oui, le droit au retour est sacré, et tous les réfugiés palestiniens doivent pouvoir retrouver leurs villes et leurs villages d’origine.
    - Oui, nous poursuivrons notre résistance sous toutes ses formes afin de vivre en liberté sur notre terre, cette terre appelée Palestine, et qui s’appellera toujours Palestine.
    - Oui, nous avons le droit de créer notre Etat libre et indépendant, avec Jérusalem comme capitale.
    - Oui, nous sommes prêts à vivre en paix, une paix durable, mais une paix qui passera avant tout par la justice, par l’application du droit international, par la fin de l’occupation illégale, et par la réalisation de toutes les revendications légitimes du peuple palestinien.

     

    La lutte continue ! Et le combat se poursuit ! Pour une Palestine libre et pour une Palestine indépendante ! Nous sommes tous convaincus que notre liberté s’approche, s’approche, s’approche…

    vendredi 15 mai 2015 par Ziad Medoukh