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Révolutions Arabes - Page 302

  • Nouveautés sur "International Viewpoint"( 4è Internationale)

    • Eygpt

      Standing against the counterrevolution

      9 August, by Mahienour el-Massry

      On May 20, an Egyptian court sentenced Mahienour el-Massry, a member of the Revolutionary Socialists, to a two-year prison term for the "crime" of holding a protest without permission from authorities. Mika Minio spoke to Mahienour before she was jailed for an interview that was first published at Red Pepper.

       

      Israel

      “Israel prefers a dead soldier over a captured one”: From Protective Edge to Operation Hannibal

      10 August, by Eli Aminov

      In the Israeli government there are apparently secret admirers of Stalin, who during WWII treated every captured soldier as a traitor. For Israel, a dead soldier is preferable to a captured one. How Operation Protective Edge became Operation Hannibal.

    • Palestine solidarity

      What’s behind the rise of BDS?

      8 August, by Sherry Wolf

      In its nine-year existence, the boycott, divestment, and sanctions (BDS) movement has boldly redefined the battle for Palestine in the simple, straightforward terms of human rights. More than any other tactic of the Palestinian liberation movement, the BDS campaign has succeeded in creating a global outpouring of support for Palestinian rights and placed Israel’s violations of them under international scrutiny like never before.

     

  • Syrie Résolution du Comité international de la Quatrième Internationale

     

    Le soulèvement en Syrie contre la dictature d'Assad, qui a débuté en mars 2011, est un mouvement pour les droits démocratiques, sociaux et économiques semblable à ceux qui ont éclaté en Tunisie et en Égypte à la fin 2010 et début 2011. Il fait partie des « soulèvements arabes ».

    Le soulèvement en Syrie est un processus révolutionnaire pour le changement politique, pour la démocratie, la justice sociale et contre le communautarisme religieux. Cette révolution politique a sans aucun doute une base de masse, comme le démontre le fait que le régime Assad n'a pas pu vaincre l'opposition militairement ou politiquement, après presque trois ans. Certaines régions du pays sont libérées de la mainmise du régime.

    La répression qu'a exercée le régime contre cette révolte est terrifiante. Presque trois ans plus tard, il y a plus de 130.000 morts, 4,5 millions de déplacés internes et 3 millions de réfugiés à l'extérieur (pour un pays de 24 millions d'habitants).

    Le contexte social et économique ressemble à ceux de la région : après 40 ans de pouvoir des Assad, c'est le chômage, la pauvreté et la corruption de masse. De grandes nationalisations ont eu lieu dans les années 1960 mais, depuis les années 1990, la libéralisation économique et les privatisations dominent, ce qui a amené une inégalité de richesses dramatique et un grand appauvrissement de la population. Au moment du soulèvement, la croissance et le développement avaient stagné, l'inflation avait grimpé à plus de 100 % par an, et le taux de chômage était probablement de 30 %. La moitié des chômeurs sont des jeunes instruits et qualifiés de moins de 24 ans qui aspirent à un avenir meilleur.

    Le régime répressif en Syrie dure depuis 1970, quand Hafez al-Assad a pris le pouvoir avec un coup d'État. Malgré ses prétentions laïcistes, le régime syrien a adopté le favoritisme communautaire, fondé sur les réseaux familiaux, pour consolider son règne.

    Depuis les années 1970, il a encouragé l'islam conservateur afin de renforcer sa propre légitimité, y compris en faisant de grandes contributions financières aux écoles islamiques. En 1973, après les protestations de quelques personnalités religieuses sunnites, Hafez al-Assad a présenté un amendement à la nouvelle Constitution, qui déclarait que « la religion du président est l'islam ». Cet article a été maintenu dans la « nouvelle » Constitution adoptée par le régime actuel en mars 2012, en y ajoutant une nouvelle clause : « La jurisprudence islamique est source de toute législation ». Bachar al-Assad a maintenu cette orientation, menant une collaboration accrue avec des associations religieuses en même temps qu'il accélérait les politiques néo-libérales. Ces mesures ont été accompagnées par la censure, la promotion de la littérature religieuse et l'islamisation de l'enseignement supérieur.

    Le régime a exercé une forte pression sur la communauté alaouite, poussant beaucoup des jeunes les plus pauvres vers l'armée. Le régime a essayé d'éliminer les voix discordantes au sein de la communauté alaouite, et de la transformer en secte politique liée à son clan, mais il n'y est pas parvenu. Car globalement la communauté alaouite n'a bénéficié d'aucune politique économique spécifique la favorisant. La montagne alaouite est la deuxième région la plus pauvre après celle du nord-est majoritairement kurde. La région et la communauté alaouites ont souffert tout comme d'autres dans le pays de la libéralisation économique, de la fin des subventions et de l'inflation élevée.

    Le régime syrien utilise le communautarisme de façon consciente et délibérée, en particulier par la sélection de la garde prétorienne de l'appareil répressif autour d'Assad.

    L'occupation impérialiste de l'Irak ainsi que la rivalité entre l'Arabie saoudite et l'Iran ont également contribué au développement de l'intégrisme religieux dans la région, tout comme l'absence de soutien à la révolution en Syrie de la part d'un pan important du mouvement antiguerre à l'échelle internationale.

    Bien qu'il se qualifie lui-même de « socialiste », nationaliste et non-aligné, le régime Assad est un allié utile pour l'impérialisme. Il a maintenu une coexistence pacifique avec Israël, réprimé les Palestiniens (il est entré au Liban en 1976 pour participer à l'écrasement de l'OLP) ; en 1990, il a participé à la guerre du Golfe menée par les États-Unis contre Saddam Hussein, et a permis aux États-Unis d'utiliser ses prisons pour la torture dans le cadre de la guerre anti-terroriste.

    L'impérialisme est prêt à abandonner Assad devant le soulèvement, mais il cherche désespérément à maintenir l'infrastructure du régime et de l'État. Les États-Unis ont appris de la catastrophe en Irak où, malgré une victoire militaire, les États-Unis et le Royaume-Uni ont été incapables d'atteindre leurs objectifs politiques. Maintenant, l'impérialisme recherche une solution « yéménite », où la figure de proue du régime s'en va, mais le régime lui-même reste, ce qui signifie essayer de forcer l'opposition à accepter un partage des pouvoirs avec le parti Baas syrien. La pire crainte de l'impérialisme est la victoire de l'insurrection populaire contre Assad, ce qui donnerait un nouveau souffle aux soulèvements arabes qui ont marqué un temps d'arrêt en Égypte, en Tunisie et ailleurs. Cette peur se reflète dans la légitimation du régime Assad par l'accord négocié par la Russie pour retirer et détruire les armes chimiques tout en faisant semblant de ne pas voir les autres armes tout aussi destructrices – et en même temps cet accord a miné l'insurrection. Les pourparlers de paix constituent également une tentative de diviser l'opposition et de forcer un partage de pouvoirs entre le FSA/SNC et le régime syrien pour lutter contre le « terrorisme ».

    Avec l'Iran, la Russie est le soutien principal d'Assad, fournissant les armes nécessaires pour infliger une défaite à l'opposition. La seule base navale de la Russie en Méditerranée est en Syrie, et elle a besoin d'alliés dans la région en mesure de soutenir ses intérêts géostratégiques. Le peuple syrien doit avoir le droit de déterminer son avenir, libre de toute intervention étrangère, et pas seulement celle de l'impérialisme étatsunien et britannique mais aussi celle de l'impérialisme russe.

    La nature politique des forces qui s'opposent au régime est extrêmement diverse et contradictoire. Il y a un élément de gauche, progressiste et démocratique, petit mais significatif, organisé surtout par le biais des comités de coordination locaux, et qui connaît une croissance modeste.

    Les forces islamistes, soutenues par différentes forces externes (surtout le Qatar et le royaume saoudien) sont en guerre entre eux – militairement et politiquement. Un des développements les plus positifs de ces derniers mois a été la résistance d'une grande partie de la population à ces forces islamistes.

    Les femmes ont joué un rôle significatif dans le soulèvement, y compris sur la ligne de front, contre les forces intégristes qui cherchent à restreindre les droits des femmes encore plus.

    Par contre, les islamistes intégristes sont beaucoup plus forts maintenant qu'au début de la guerre. Ils ont reçu des fonds et ressources des États du Golfe, ce qui a accru leur avantage militaire, et ils peuvent ainsi attirer des volontaires.

    Malgré ses déclarations hypocrites en soutien à l'opposition, l'impérialisme étatsunien a empêché la fourniture au Conseil national syrien des armes nécessaires qu'il a réclamées pour se défendre contre l'armée d'Assad.

    Le conflit en Syrie pose un dilemme idéologique à l'impérialisme. La guerre contre le terrorisme est le ciment idéologique dont il se sert pour construire un soutien populaire à ses interventions en Irak et en Afghanistan, et imposer une démocratie avec approbation occidentale pour remplacer les tyrans locaux déloyaux. Ce dilemme renforce l'intention de l'impérialisme d'avoir une solution « yéménite » au conflit. Il ne veut donc pas que le conflit dépasse certaines limites. Une victoire de l'opposition, et la chute du régime Assad, serait un autre coup contre l'impérialisme et donnerait l'espoir à des millions de gens que le processus révolutionnaire des soulèvements arabes n'est pas achevé.

    Même s'il se prétend atterré par les crimes d'Assad, l'impérialisme agit pour décourager l'aide humanitaire et le soutien militaire au peuple syrien révolté.

    Le silence n'est pas possible face aux crimes du régime Assad, et nous ne pouvons pas être neutres dans ce conflit. Nous devons argumenter fermement contre ceux de la gauche qui ont adopté une attitude « campiste » à l'égard du régime Assad. Pour les marxistes révolutionnaires, le choix est clair : la solidarité avec le peuple syrien dans sa lutte pour la démocratie, la justice sociale et contre le communautarisme religieux, jusqu'à la chute d'Assad.

    En tant que marxistes révolutionnaires, nous soutenons :

    1. Assad dehors ! Solidarité avec le soulèvement, notamment avec l'ensemble des forces progressistes, laïques et démocratiques.

    2. Le droit du peuple syrien de lutter pour ses droits démocratiques et pour la justice sociale et économique. Solidarité avec les femmes syriennes qui se battent pour leurs droits.

    3. L'opposition à toute intervention militaire étrangère, que ce soit des pays impérialistes occidentaux, de la Russie, des puissances régionales ou du Hezbollah.

    4. Le droit du peuple syrien de déterminer l'avenir de son pays, libre de toute intervention étrangère.

    5. Le droit du peuple syrien de prendre les armes contre Assad, et de les obtenir là où il le veut.

    6. Pour les droits civiques, politiques et sociaux du peuple kurde.

    7. La nécessité d'un programme massif et immédiat d'aide humanitaire aux réfugiés.

    8. L'ouverture des frontières européennes pour héberger et assister les réfugiés, où qu'ils veuillent aller.

    9. La défense des droits démocratiques en Europe et l'opposition aux attaques contre les droits civiques au nom de la « guerre contre le terrorisme ». Aucune criminalisation de ceux qui luttent contre Assad.

    10. La condamnation de toute attaque aveugle contre la population civile et la poursuite judiciaire de tous ceux qui sont impliqués dans des crimes de guerre.

    Nous devons créer des campagnes de solidarité avec les opposants à Assad qui luttent pour la démocratie. La base de telles campagnes est une décision tactique selon les circonstances locales et les forces politiques présentes. Nous devrons agir pour qu'un mouvement large, incluant les syndicats, le mouvement pour la paix et les campagnes anti-guerre, vienne au secours du peuple syrien. ■

    * Cette résolution a été adoptée par le Comité international de la IVe Internationale le 25 février 2014 à la quasi-unanimité des présents (1 contre et 2 abstentions).

    Synthèse

    Lire aussi:

    https://www.opendemocracy.net/arab-awakening/joseph-daher/roots-and-grassroots-of-syrian-revolution-part-1-of-4

    https://dl.dropboxusercontent.com/u/66541942/inprecor/1626.html

  • Soutien au peuple palestinien (Cadtm)

     

    Le CADTM se joint aux protestations contre les crimes perpétrés par les dirigeants de l’État d’Israël contre le peuple palestinien.

    En novembre dernier, les Nations unies proclamaient 2014 « année de solidarité avec le peuple pales- tinien », une résolution que d’aucuns considéraient comme une réponse d’ampleur à l’encontre de la politique colonisatrice du gouvernement israélien.

    Ce 19 juin, en dépit de la forte opposition des pays arabes, Israël a été élu à la vice-présidence du Comité spécial de l’ONU chargé de la décolonisation (qui, entre autres, traite de questions relatives aux réfugiés palestiniens). En lieu et place de la solidarité et de la volonté de faire de la paix entre la Palestine et Israël une réalité, c’est un théâtre du cynisme et de l’obscène qui se joue au sein de l’ONU et dans les rangs de ses États membres, en premier lieu ceux de l’Union européenne qui ont soutenu cette candidature.

    Cette élection, au moment même où Israël intensifie son programme de colonisation et ses incursions dans les territoires palestiniens, rappelle que seule la mobilisation citoyenne, telle que le mouvement BDS (Boycott, désinvestissements et sanctions), est de nature à sanctionner la politique d’Israël et des États qui la soutiennent. En témoigne la décision récente de l’Église presbytérienne, une des plus importantes aux États-Unis (1,8 million de membres), de retirer ses investissements de Caterpillar, Hewlett-Packard et Motorola Solutions pour leurs activités dans les territoires palestiniens occupés.

    11 août par CADTM

    Lire aussi: Ci-dessous un dossier réalisé par le CADTM sur la politique intolérable de l’État israélien à l’égard du peuple palestinien ainsi que sur les complicités dont bénéficie cet État notamment de la part des autorités françaises, belges ainsi que d’une banque comme Dexia.

    *

    http://cadtm.org/Soutien-au-peuple-palestinien

  • Pour Israël, l’ennemi, c’est la négociation» (Le Courrier.ch)

    Pourquoi cette guerre à Gaza?

    Michel Warschawski: Il faut tout d’abord dire que Gaza est secondaire. Pourquoi la guerre, point. A mon avis: pour repousser le plus longtemps possible toute velléité internationale de tendre à l’ouverture de négociations. L’ennemi stratégique du gouvernement israélien, c’est la négociation. Ce gouvernement ne veut pas négocier. Certes, dans l’air du temps, il y a comme une volonté américaine et européenne de pousser Israël à négocier. Il leur faut donc faire contre-feu. Il était clair qu’en attaquant Gaza, les négociations seraient rendues impossibles. C’était l’objectif stratégique le plus important.

    Dans le même état d’esprit, la cible n’est pas le Hamas, c’est Mahmoud Abbas (président de l’Autorité palestinienne et leader du Fatah, ndlr). Mahmoud Abbas est celui que la communauté internationale présente comme prêt à discuter; celui dont tout le monde dit à Israël: «C’est avec lui que vous devez parler.» En attaquant Gaza, ce gouvernement met Mahmoud Abbas dans une situation impossible. Soit il se solidarise avec Gaza et donc avec le Hamas, renforçant le discours de Netanyahou qui diabolise le Hamas et sa propre personne. Soit il se désolidarise, et perd alors toute légitimité palestinienne. Pour Israël, cela semble donc être une situation «win-win». Sauf que cela ne se passe pas tout à fait comme cela. Car Mahmoud Abbas est poussé par les Américains à jouer le rôle d’intermédiaire. Le président de la Palestine se trouve ainsi à jouer le rôle des Nations unies alors que c’est son peuple qui est attaqué. Mahmoud Abbas reste au cœur de l’action diplomatique. Ils n’ont pas réussi à le neutraliser, mais sa position est fragile.

    Un sondage dit que 80% des Israéliens soutiennent l’intervention à Gaza. Quel regard portez-vous sur cette société, qui a glissé vers la droite et semble suivre aveuglément Netanyahou et Lieberman?

    Il n’y a pas l’ombre d’un doute, les hommes politiques et le gouvernement, ont clairement glissé à droite en Israël. Et pourtant, je pense que la société israélienne est divisée sur le fond en deux moitiés – une grande et une petite. Un peu moins de 50% soutiennent la politique de la droite et votent pour ces partis. L’autre moitié n’aime pas les colons, se moque du Grand Israël et aspire à une solution de compromis. Et puis, il y a quand même, au milieu, une petite frange qui s’abstient ou vote pour des partis du centre.

    La grande asymétrie entre ces deux pans de la société, c’est que la droite est au pouvoir. Elle agit, dans une urgence permanente, alors que les modérés, qui ne paient pas le prix de la colonisation, sont insouciants. La situation est calme, rien ne semble menacer Israël – jusqu’à cette dernière crise. La sécurité individuelle est garantie, les bombes n’explosent plus, Israël est une société performante, son économie tourne: pourquoi changer? Face à cela, la droite avance. Ce n’est pas l’absence d’une opposition potentielle, mais son anomie qui pose problème.

    A la manifestation de Tel Aviv du 2 août, la majorité des participants étaient des Tel-Aviviens typiques, totalement «désidéologisés», plongés dans la consommation. C’était, je dirai presque, les bobos de Tel Aviv. Ils se sont mobilisés pour Gaza. Oh, pour certains, ils avaient même une petite larme dans le cœur. Ils avaient vu des photos, même si ici, il faut les chercher. Mais pourquoi manifestaient-ils, alors qu’ils le font si rarement? Parce qu’ils ont surtout peur pour leur Israël, leur Tel Aviv détendu, non idéologique, plutôt à gauche qu’à droite, qui est sévèrement menacé.

    Ils voient désormais émerger un pays de tueurs où Netanyahou devient presque le centre! Avec comme détonateur, l’assassinat [du jeune Palestinien] Mohammad Abou Khdeir, brûlé vif par trois citoyens israéliens. Le gouvernement a eu beau dire que ce sont trois illuminés… Pas du tout. Ils sont dans la continuité d’une politique. Ce sont des gens qui viennent de bonnes familles de droite, de familles respectées.

    Ils sont l’expression d’une partie d’Israël qui s’intègre dans un discours raciste, vote des lois racistes. On n’aurait jamais imaginé cela il y a quinze ans. Certains se réveillent maintenant en se disant: «ce n’est pas notre Israël!»

    Quinze ans ce n’est pas un jour, mais c’est un rythme extrêmement rapide.

    Oui, c’est très rapide. Le tournant date de 2000. C’est la reconquête, la fin du mouvement de la paix. Ce sont les positions et les discours d’Ehud Barak qui détruisent la paix. Les gens n’y croient plus. Ainsi la moitié qui n’est pas de droite sort démobilisée, déboussolée de ces années, offrant un monopole idéologique à la droite.

    En 2013, le parti de Yaïr Lapid (Yesh Atid, fondé en 2012, dont le nom signifie «il y a un futur», ndlr) a reçu dix-neuf mandats, 10% des votes, alors qu’il est un peu comme Beppe Grillo en Italie, «ni de droite ni de gauche, ni pour ni contre, ni ni». Lapid a une belle gueule et prétend tout changer. Il était star de télé, n’a jamais pris position politiquement avant de se présenter aux élections et d’être plébiscité à Tel Aviv. Clairement, il a une idéologie de droite raciste, fortement positionnée contre les pauvres. Son programme? «Nous, à Tel Aviv, on ne veut pas payer pour les va-nu-pieds,»

    Mais ce qui est intéressant, c’est de voir la jeunesse, ceux qui ont 30 ans, fatiguée de la vieille politique, ne voter pour rien ou pour quelque chose qui ne veut rien dire, qui n’est engagé à rie, et qui donc demeure libre de faire ce qu’il veut. La manifestation de Tel Aviv était la prise de conscience de la classe moyenne que leur Israël est soumis au risque de disparaître. J’étais dans un des cafés branchés de la ville et leur discours était: «On va partir. Ce pays commence à sentir mauvais, on ne s’y reconnaît plus. Lieberman, Netanyahou, les colons, ce n’est pas nous.» Certes, ils ne partiront pas. Mais cela leur permet de ne pas assumer, de ne pas lutter. Ils sont résignés dans cette condition de refus, mais incapables à ce jour de proposer autre chose.

     

    «L’Europe fait payer aux Palestiniens sa culpabilité à l’égard des juifs»

    Que répondez-vous à ceux qui disent: «Pourquoi manifester autant sur ce conflit? On ne vous entend pas autant sur la Syrie ou au sujet de Boko Haram?»

    Michel Warschawski: D’abord, c’est une remarque fallacieuse. Car ce sont les mêmes qui se mobilisent pour la Syrie, l’Afrique, toujours les mêmes. Qu’ils arrêtent donc de nous reprocher d’être uniquement engagés sur la Palestine et Israël, car c’est faux. Cela dit, il y a évidemment une intensité particulière de l’engagement concernant ce conflit, pour des raisons historiques que j’expliquerai plus loin.

    Le pouvoir français, et les éditorialistes qui couvrent ce conflit, disent vouloir éviter son «importation». C’est un mot que je ne comprends pas. Lorsqu’il y eut un immense mouvement de solidarité avec le Viêt-Nam, importait-on ce conflit? Non. On identifiait une grande injustice et un grand combat! Et tout le monde ou presque était vietnamien. Il en est de même aujourd’hui avec le conflit israélo-palestinien, tout aussi emblématique. Il se trouve sur la ligne de front du soi-disant choc des civilisations.

    Si l’on veut vraiment parler du risque d’importation du conflit, il faudrait alors désigner les institutions juives, soi-disant représentatives des juifs de France, de Suisse, d’Allemagne, qui deviennent de fait des ambassades d’Israël, ses bureaux de propagande.

    Eux, oui, «importent» le conflit en affirmant, pour résumer, que les juifs de France, c’est Tsahal (surnom de l’armée israélienne, ndlr). Beaucoup d’autres Français, et en particulier d’origine musulmane répondent que si les juifs de France c’est Tsahal, les musulmans de France c’est le Hamas. A ce moment-là, on fait d’un conflit politique étranger, une lutte de communautés en France. Mais à mon avis, 100% de cette responsabilité retombe en France sur le CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) ou, ailleurs, sur des organisations équivalentes.

    En quoi ce combat est-il emblématique? En quoi finalement, cela concerne-t-il l’Europe?

    C’est l’Europe, puis la communauté internationale, qui ont créé ce conflit. Les Européens ont décidé de résoudre le problème des rescapés de la Seconde Guerre mondiale et du génocide des juifs d’Europe en disant: «On vous donne un Etat, prenez les clés, vingt francs, vous aurez un soutien politique, militaire, etc.», décidant ainsi de faire payer les Arabes de Palestine pour un crime qui leur était étranger. Pour l’Europe, cela a été une façon abjecte de se dédouaner, sur le dos des autres, de sa responsabilité dans le génocide.

    Propos recueillis par STZ

    «Le Hamas est un mouvement de résistance»

    Que pensez-vous du discours dépeignant le Hamas en un mouvement terroriste?

    Michel Warschawski: Le Hamas est à mes yeux avant tout un mouvement de résistance. Sa charte ne m’a jamais dérangé, parce que celle de l’OLP (Organisation de libération de la Palestine, qui négocia la mise sur pied de l’Autorité palestinienne avec Israël au début des années 1990, ndlr) était exactement pareille avant que l’OLP n’en change. Une charte, c’est un bout de papier. La charte du Likoud, c’est le Grand Israël jusqu’en Syrie. Or, plus personne n’en parle aujourd’hui. C’est vieux, et on ne se débarrasse du vieux qu’en échange d’autre chose. Arafat a rendu la charte de l’OLP «caduque» en affirmant: «D’accord pour supprimer cette charte, mais que donnez-vous en échange?»

    Il est de notoriété publique – le Hamas l’a dit et répété – que si Israël se retire des territoires occupés, sur les frontières de 1967, il est prêt à une houdna (trêve) de durée illimitée. C’est exactement ce glissement de la posture du «on va tout détruire», à «on peut parler et négocier» qu’avait opéré l’OLP. «Ne nous demandez pas la reconnaissance, c’est hors de question, mais on peut accepter l’existence de fait»: le Hamas a dit qu’il ne saboterait pas les discussions avec Israël, ne s’opposerait pas aux tentatives du président Mahmoud Abbas, mais a prédit leur échec. Le Hamas est une organisation assez fruste, enracinée dans la paysannerie (en Cisjordanie surtout), mais avec une capacité de résistance incroyable.

    Cette capacité de résistance du Hamas justement, vous-a-t-elle surprise?

    Il n’y a pas une seule guerre de laquelle Israël ne sorte avec la gueule de bois, frappé de stupeur par la force de la réaction. Surprise! Comme si on ne savait pas. Au Liban on ne savait pas, à la guerre du Kippour non plus. La première Intifada: surprise, la deuxième: surprise encore. J’ai écrit récemment un texte où je réclamais le remboursement de mes impôts payés indument pour des services de renseignements à la noix, considérés pourtant comme les meilleurs du monde mais toujours surpris.

    Ils ne savaient pas que le Hamas disposait de roquettes d’une aussi longue portée, et pourtant, rien d’étonnant. Quand on enferme quelqu’un, que fait-il? Il essaie de sortir, par en haut, par en bas. En haut, c’est les missiles, en bas, les tunnels. Je l’ai appris, moi, dans le ghetto de Varsovie. On a des exemples historiques de comment réagissent des peuples en état de siège. Il y a ce besoin de sortir coûte que coûte. Tu creuses, tu creuses, tu envoies ce que tu peux de l’autre côté. Cela, pour un peuple assiégé, c’est déjà en soi une victoire. Israël se fait toujours surprendre par l’état de préparation de l’ennemi. Personne n’aurait pu croire qu’Israël n’arriverait pas à «nettoyer» Gaza. Pourtant, c’est un match nul. Et un match nul entre l’équipe d’Algérie et celle de l’Allemagne, c’est comme une victoire pour l’équipe d’Algérie.

    Ce qui aurait permis au Hamas de ramasser la mise, c’est si l’Egypte était restée neutre. Or, le Hamas doit se battre à la fois contre Israël et contre l’Egypte. Personne n’aurait imaginé que la junte militaire égyptienne irait aussi loin dans sa collaboration avec Israël pour casser la résistance du Hamas. Je pense que sans l’Egypte collaborationniste, le Hamas aurait pu gagner. Or, là, Israël va pouvoir se retirer unilatéralement, sans allègement du siège. Il y aura un retrait, mais un maintien du blocus sur un champ de ruines.

    Pourquoi le Hezbollah ne bouge-t-il pas, pourquoi le Cisjordanie ne se soulève-t-elle pas? Comment cela se fait-il qu’il n’y ait pas de deuxième, de troisième front?

    Il se peut que cela arrive. Jérusalem, par exemple, vit des micro-soulèvements et des accrochages tous les jours. Mais il manque une direction politique, quelqu’un qui dise: «On y va.» Une instance qui coordonne, donne le rythme, et pas uniquement une bande de jeunes, liés au Fatah ou à autre chose, qui vont à la confrontation, se font frapper et tuer d’une manière désordonnée.

    Là encore, Mahmoud Abbas a une très grande responsabilité. Là encore, il ne joue pas son rôle de représentant des Palestiniens, mais plutôt celui de l’ONU. Il est l’ONU. Mais ce n’est pas juste, il est élu pour être le président des Palestiniens en lutte et pour mener cette lutte à terme.

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    Propos recueillis par STZ 1. Anthropologue et travailleur social, Sylvain Thévoz est conseiller municipal socialiste en Ville de Genève. Il se trouve en Israël et Palestine à titre personnel pour rencontrer des membres de la société civile et des acteurs sociaux locaux. L’entretien que nous publions a été réalisé quelques jours avant le cessez-le-feu en vigueur depuis mardi.

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    Note:

    L’offensive sur Gaza a rendu évidente l’hégémonie de la droite raciste et militariste en Israël. Au point de faire peur à de nombreux citoyens qui ne reconnaissent plus leur pays et craignent de le voir disparaître, témoigne Michel Warschawski. Que dit l’offensive militaire contre la bande de Gaza de la société israélienne? Quelles conséquences aura-t-elle sur l’avenir du Proche Orient? Basé à Jérusalem, le journaliste franco-israélien Michel Warschawski, ardent opposant à la colonisation, est aussi un fin analyste du conflit. Bien connu des lecteurs du Courrier, dans lequel il tient une chronique mensuelle, ce fils de rabbin, né à Strasbourg en 1949, est aujourd’hui le principal animateur de l’Alternative information center (AIC), un centre d’information alternative. Le conseiller municipal genevois Sylvain Thévoz l'a rencontré à Jérusalem, alors que les bombes pleuvaient encore sur l’enclave palestinienne de Gaza1.

    http://www.lecourrier.ch/122913/pour_israel_l_ennemi_c_est_la_negociation

  • Les fausses grilles d’analyse du conflit libyen (Orient 21)

    Islamistes contre libéraux ?

    Moins de trois ans après les discours de victoire du président Nicolas Sarkozy et du Premier ministre britannique David Cameron lors de leur visite triomphale en Libye à l’été 2011 — qui n’étaient pas sans rappeler celui de Georges W. Bush sur le porte-avions USS Abraham Lincoln le 1er mai 2003 annonçant le succès de l’opération de « libération de l’Irak » — la France et le Royaume-Uni viennent d’évacuer leurs diplomates et ressortissants de la capitale libyenne. Depuis le 13 juillet, celle-ci est en effet le théâtre d’affrontements majeurs entre milices rivales qui marquent une nouvelle étape dans la spirale de violences qui touche le pays.

    Il n’aura fallu que deux mois pour que l’opération «  dignité  » lancée le 26 mai 2014 par le général Khalifa Haftar pour «  éradiquer les terroristes islamistes  » ne précipite le pays dans un conflit inextri- cable entre deux camps qui ont chacun juré d’éliminer leur ennemi. À Benghazi, malgré le soutien aérien d’hélicoptères et d’aéronefs de combat de l’armée de l’air libyenne et du bataillon de forces spéciales — constitué majoritairement d’anciens militaires ralliés à l’insurrection de 2011—, ce sont les puissantes milices «  révolutionnaires de la première heure  » d’obédience islamistes1 alliées à celles d’Ansar al-charia qui ont remporté la partie avec la prise de la caserne du bataillon de forces spéciales le 30 juillet et celle du gouvernorat de la sécurité de Benghazi deux jours plus tard. Les forces d’Haftar ont dû se replier dans leur fief tribal d’Al-Marj dans le djebel Akhdar qu’elles contrôlent partiellement jusqu’à Tobrouk, à l’exception de la région côtière de Derna.

    À Tripoli, les combattants des brigades «  Zintan  »2 (en référence à la ville dont elles sont issues) qui contrôlaient la zone de l’aéroport international et plusieurs autres sites du sud de la capitale avaient rallié l’opération «  dignité  ». Elles sont encerclées depuis le 13 juillet par une coalition de milices de Misrata et de Tripoli et de ses environs qui a lancé son opération baptisée "Fajr libya" - aube de Libye (surnommée également Qouswara - lion)3. Si l’issue des combats est encore incertaine, le rapport de forces leur est néanmoins nettement défavorable et les Zintan pourraient dans les prochains jours subir le même sort que leurs alliés de Cyrénaïque.

    S’ils perdent le contrôle de leurs points d’appui dans la capitale et donc leur capacité à peser au plan national (comme ils l’ont fait à plusieurs reprises tenter d’influencer les décisions du Conseil national général - CNG, le parlement, au même titre d’ailleurs que leurs adversaires) ils n’en disposent pas moins d’une «  profondeur stratégique  » puisqu’ils contrôlent une partie des montagnes de l’ouest, des frontières avec l’Algérie et la Tunisie et la Hamada Al-Hamra, vaste étendue désertique qui s’étend jusqu’au grand Sud. Les réseaux d’alliances qu’ils ont développés avec certaines tribus toubous, touaregs et arabes du Sud constituent en outre un atout important sur lequel ils ne manqueront pas de s’appuyer pour poursuivre le combat. Enfin, ils disposent toujours de Seif Al-Islam Kadhafi qui pourrait également se révéler un atout pour négocier des alliances de circonstance avec les régions de Bani Walid, Tarhouna et Warshafana4 qui ont majoritairement soutenu Mouammar Kadhafi et se sont gardées jusqu’à présent de prendre position dans le conflit en cours.

    Un conflit Nord-Sud

    Alors qu’il est peu probable que les Zintan s’avouent vaincus, ce conflit revêtirait alors toutes les apparences d’un conflit «  Nord-Sud  » avec d’un côté des populations majoritairement d’origine côtière et citadine, de l’autre des populations davantage tournées vers la tradition bédouine.

    L’Agence France Presse (AFP), reprise par la quasi-totalité des médias français, a quant à elle opté pour l’interprétation selon laquelle les combats actuels entre milices découlerait de ce qu’elle qualifie de «  divisions entre islamistes et nationalistes  ». Cette explication selon laquelle la coalition Haftar a déclenché les hostilités parce que le camp «  islamiste  » aurait perdu sa majorité dans le nouveau parlement apparaît néanmoins discutable dans la mesure où la radicalisation et la militarisation du différend entre le clan islamiste et le clan «  libéral  » ont été précipitées par l’initiative du général. La tournure «  islamistes contre nationalistes  » apparaît quant à elle basée sur le seul fait que les adversaires des islamistes qui se qualifient eux-mêmes de «  libéraux  » appartiennent majoritairement à «  l’alliance des forces nationales  », coalition regroupant plusieurs partis libéraux créée en 2012 par Mahmoud Jibril.

    Cette formulation «  islamistes contre nationalistes  » est donc tendancieuse dans la mesure où elle donne à penser que les libéraux ont le monopole du nationalisme et que les islamistes ne sont pas nationalistes, ce qui est loin d’être le cas. Que des hommes comme Mahmoud Jibril — chef du cou- rant libéral qui a été jusqu’en 2011 le principal collaborateur de Seif Al-Islam Kadhafi après avoir fait sa fortune au Qatar — réside aujourd’hui aux Émirats arabe unis et utilise les médias émiratis et saoudiens pour diffuser ses messages de soutien au coup de force pro-Haftar puisse être présenté comme plus nationaliste que les membres de la mouvance islamiste de Benghazi qui se sont soulevés dès le départ contre Kadhafi en 2011 et n’ont pas quitté le pays depuis est pour le moins paradoxal.

    Et voilà donc les mêmes médias qui en 2011 opposaient les «  révolutionnaires  » (combat- tant forcément pour la démocratie) aux kadhafistes (combattant pour la dictature) qui nous proposent une nouvelle grille de lecture où une partie des révolutionnaires d’hier sont devenus d’inquiétants «  islamistes  » opposés à des libéraux «  nationalistes  » qui auraient de facto le monopole de la démocratie.

    Une autre grille de lecture pourrait pourtant expliquer l’empressement du camp pro-Haftar à mettre un terme au précédent CNG par le fait que la totalité des responsables de cette mouvance est touchée par la loi d’exclusion politique qui interdit à des hommes ayant occupé des postes à respon- sabilités sous l’ancien régime de jouer un rôle dans la vie politique libyenne. Il en est ainsi bien évi- demment de Jibril et de Heftar mais également du colonel Moukhtar Fernana, chef de la police militaire qui a annoncé fin mai la cessation des activités du CNG, d’Outhman Mliqta, commandant de la brigade Qa’qa’ alliée aux Zintan, pour n’en citer que quelques uns. Même si cette grille d’analyse n’est pas parfaite puisque certains islamistes comme Ali Sallabi avaient également collaboré avec le clan Kadhafi, elle semble néanmoins plus apte à expliquer la radicalisation actuelle entre garants de la «  pureté révolutionnaire  » et «  révolutionnaires d’opportunité  ».

    Une intervention militaire égyptienne et algérienne  ?

    Quant à l’alliance de circonstance entre la ville de Misrata — qui comprend certes des islamistes mais dont le noyau dur est constitué de notables et de commerçants — et les brigades islamistes de Tripoli, il est fort probable qu’elle volera en éclat sitôt disparue la perspective d’un ennemi commun à affronter.

    Dans ce contexte d’affrontements, la question de la prise de fonction le 4 août du nouveau parlement délocalisé à Tobrouk en raison des combats apparaît donc comme un épiphénomène auquel nul ne croit sérieusement en Libye. Sa faible légitimité5 et l’annonce de son boycott par les islamistes qui dénoncent sa mise en place dans une zone qu’ils considèrent comme favorable au général Haftar augurent mal de son poids réel sur le cours des évènements dans un pays où la loi des armes est toujours prédominante.

    La question d’une intervention militaire égyptienne ou algérienne qui revient de façon récurrente ces dernières semaines dans les médias de ces deux pays apparaît quant à elle totalement découplée des réalités libyennes. Une opération qui viserait à autre chose qu’à l’évacuation de ressortissants serait en effet catastrophique tant pour le pays qui s’y risquerait que pour la Libye pour laquelle toute ingérence étrangère ne fera que prolonger la tragédie actuelle.

    1On notera les principales pour mémoire : la katiba des martyrs du 17 février, la katiba Rafallah al Sahati, l’unité bouclier de Libye n°1, la brigade d’infanterie 319, la brigade des martyrs de la Libye libre, la katiba Fakhri al Sallabi et la katiba des martyrs de Zintan. Nombre de leurs chefs, souvent assez jeunes et auréolés de prestige pour leur rôle durant la guerre de 2011, sont respectés au niveau local pour leur intégrité et entretiennent des relations suivies avec les conseils d’anciens des tribus de la région.

    2Par milices zintan, on entend la brigade al Qa’qa’ et les katiba al Sawa’iq et al Madani ainsi que les unités relevant du conseil militaire de la ville zintan. La brigade al-Qa’qa’, créée pendant la guerre de 2011, regroupe des combattants autres que zintan originaires du djébel Nefoussa et de certains quartiers deTripoli.

    3Cette coalition a mis du temps à se mettre en place. Le conseil civil de cette ville étant plutôt réticent à s’engager et le conseil militaire favorable à l’intervention. Nombre de responsables de milices de Tripoli ne souhaitaient pas non plus le retour des milices de Misrata dans la capitale qu’elles avaient quittée après leur répression sanglante d’une manifestation demandant leur départ en novembre 2013.

    4Ces régions regroupent les plus importantes confédérations tribales de Libye et leur population totale dépasse largement les 2 millions, à comparer aux quelque 300 000 habitants de Misrata et aux 30 000 de Zintan.

    5Le parlement actuel a été élu avec une participation de 10 %, à comparer avec le taux de participation du scrutin de juillet 2012 qui était de près de 50 %.

    http://orientxxi.info/magazine/les-fausses-grilles-d-analyse-du,0652

  • Soutenons les Palestiniens, dégageons les antisémites !

    Antisémitisme: ce sont les chrétiens qui ont commencé!
     
    Toutes et tous les anticolonialistes sincères soutiennent le peuple palestinien, malgré les interdictions gouvernementales, malgré les parasites antisémites qui essaient de polluer nos rassemblements.
     
    Partout en France, des manifestations ont eu lieu ces deux dernières semaines pour soutenir le peuple palestinien bombardé à Gaza par l’État d’Israël. A Paris, des milliers de personnes se sont rassemblées malgré les interdictions du gouvernement et une dure répression policière et judiciaire, qui a par exemple ciblé Alain Pojolat, militant du NPA mis en examen pour avoir organisé la manif parisienne du 19 juillet, interdite par la préfecture.

    Cette mobilisation n’est rien d’autre que l’expression de la solidarité avec un peuple en lutte contre un État colonisateur, raciste et belliqueux.

    Néanmoins, on a pu observer dans les rassemblements parisiens la présence, très minoritaire mais visible, d’individus explicitement antisémites, des soralo-dieudonnistes effectuant quenelles ou authentiques saluts nazis, quand ils ne menacent et agressent pas les militants et militantes identifié-e-s comme d’extrême gauche ou antifascistes.

    Ces néonazis déguisés n’ont pas leur place dans des rassemblements de solidarité avec la Palestine, qu’ils ne font qu’utiliser pour déverser leur haine raciste des juifs.

    Ils sont les alliés objectifs du gouvernement et des sionistes, trop contents de pouvoir monter en épingle ces actions pour accuser l’ensemble des manifestants, et plus largement tout mouvement de solidarité avec la Palestine, d’antisémitisme.

    Les militantes et militants propalestiniens sincères doivent prendre conscience du danger que font peser les antisémites sur notre mouvement de solidarité et refuser leur présence dans les manifestations.

    Alternative libertaire, le 30 juillet 201430 juillet 2014 par Secrétariat aux relations extérieures

    http://alternativelibertaire.org/?Soutenons-les-Palestiniens

     

  • Entretien de Marc Perelman avec notre regretté camarade Daniel Bensaïd en 2004

    http://images.telerama.fr/medias/2010/01/media_51510/le-philiosophe-daniel-bensaid-est-mort,M32142.jpg

     

    Les trotskistes (Trotski, la IVe Internationale, les sections nationales…) ont été hostiles à la création de l’État d’Israël en terre de Palestine. Trotski : « La tentative de résoudre la question juive grâce à l’émigration des juifs en Palestine révèle à présent sa vraie nature : c’est une tragique mystification pour les juifs. […] Les développements futurs de la guerre pourraient bien transformer la Palestine en un piège meurtrier pour des centaines de milliers de juifs. Jamais aussi clairement qu’aujourd’hui le salut des juifs n’est apparu si indissociablement lié au renversement du capitalisme » (juillet 1940).

    « Israël dans Israël » 

    Quelques années auparavant (1937), Trotski allait jusqu’à imaginer l’assimilation et donc la disparition des juifs et de leur culture (dont leur langue traditionnelle, le yiddish) au sein de leurs pays respectifs. La question d’un espace de regroupement sur le territoire même de l’URSS fut évoquée : le malheu- reux exemple du Birobidjan, mais cela ne semblait pas recevoir l’assentiment de Trotski qui parlait de « farce bureaucratique »… Plus généralement, le socialisme à venir semblait pouvoir résoudre la ques- tion juive (culture, langue…) par l’assimilation générale. Trotski reconnaissait cependant l’existence d’une nation juive capable de se maintenir par l’adaptation à la modernité.

    Outre-Terre : Quelle est ta position (et plus largement celle de la IVe Internationale) quant à l’existence de l’État d’Israël ?

    Daniel Bensaïd : La position de Trotski sur la « mystification » ou le « piège meurtrier » que consti- tuerait un État juif n’est pas une position de principe abstraite, mais un exemple de lucidité réaliste sur la possibilité que l’histoire, comme le disait Marx, avance par son mauvais côté. Je comprends bien sûr, ce qui a donné à ce mythe de l’État-refuge une force qu’il n’avait pas avant le génocide, y compris dans les communautés d’Europe centrale. J’ai d’ailleurs, comme beaucoup d’ados de mon âge, vibré à l’épopée de l’Exodus.

    Mais l’hypothèse du « piège » (la menace d’un nouveau Massada) se confirme hélas sous nos yeux : il n’est pas de lieu au monde où les Juifs soient moins en sécurité qu’en Israël. Quelqu’un comme Moshe Lewin, qui émigra lui-même en Israël à la fin des années 1940, en vient aujourd’hui à se demander s’il n’aurait pas mieux valu « ne pas… » (ne pas créer un État qui portait en germe de nouvelles catastrophes). Il a bien sûr sa petite idée sur la réponse…

    Cela dit, on n’efface pas l’histoire. Le siècle a eu lieu. Il existe un État israélien et un fait national juif au Moyen-Orient. Personne de sensé ne peut imaginer faire tourner à l’envers la roue de l’histoire et rejeter ces juifs à la mer. Le premier à avoir attiré mon attention sur la « réversibilité » historique de l’oppression nationale dans la région (le fait que les juifs pouvaient s’y retrouver un jour dans une situation de minorité nationale opprimée) fut un trotskiste arabe palestinien : Jabrah Nicolas, authentique internationaliste.

    Mais l’État d’Israël, dans sa structure actuelle, est un État ethno-confessionnel fondé (par le biais notamment de la loi du retour) sur le droit du sang (que l’Allemagne vient d’abandonner). Il dispose d’une des plus puissantes armées de la région, et probablement d’armes de destruction massive (chimiques et nucléaires) – en tout cas bien plus probablement que l’Irak après 1991 ! Il occupe militairement des territoires conquis par la force, au mépris des résolutions de l’ONU qui condamnent cette occupation de manière répétée depuis 1967.

    La perspective d’une coexistence entre deux États souverains (israélien et palestinien) comme un progrès ou un pas pour sortir de l’impasse mortifère actuelle ? Encore faudrait-il, pour qu’un tel projet entre dans les faits, reconnaître l’asymétrie de fait entre un État souverain puissamment armé et un État virtuel, sous tutelle, entouré d’une nouvelle muraille, dont le territoire est lacéré de routes de contournement, sans façade maritime propre, sans souveraineté, bref un « territoire occupé ».

    Quant à la solution dite de l’État binational, si elle paraît irréaliste dans l’état actuel des rapports de forces, elle me paraît toujours la plus souhaitable historiquement. Ce fut la position initiale de plusieurs courants de gauche (dans la communauté juive notamment) opposés à la partition de 1947. Il s’agissait de reconnaître des droits linguistiques, culturels, scolaires, collectifs aux deux communautés dans le cadre d’une structure étatique commune (en s’inspirant des thèses d’Otto Bauer sur l’autonomie culturelle).

    À l’échelle de l’histoire, ce n’est pas plus utopique que l’idée d’une coexistence durable entre un État juif soutenu à bout de bras par les États-Unis et un État palestinien croupion et subalterne. Devant l’enterrement des accords d’Oslo, des voix minoritaires ont commencé à s’élever de nouveau en faveur d’une telle solution, du côté juif comme du côté palestinien (dont celle d’Edward Saïd). On peut se reporter sur ce point au livre (entre autres) de Michel Warschawsky, Israël-Palestine, le défi binational (Textuel, 1999), ainsi qu’aux documents qu’il a réunis avec Michèle Sibony dans À contre-chœur : les voix dissidentes en Israël, (Textuel, 2001). On y trouvera notamment un intéressant post-scriptum d’Elias Sanbar redoutant que la notion d’État binational ne serve de prétexte à une nouvelle partition territoriale, au lieu de fonder une citoyenneté commune sur une rigoureuse égalité des droits.

    Outre-Terre : Les marxistes (le courant léniniste-trotskiste) en appellent de façon très générale à la destruction des États afin de libérer les peuples soumis. Qu’est-ce que cela signifie concrètement ?

    D.B. : Les termes de la question sont confus. Destruction des États ? Les marxistes (encore faudrait-il spécifier lesquels) étaient pour la destruction des structures de classe de l’État bourgeois. Ils n’étaient pas – et c’était un point de litige majeur avec les libertaires – pour décréter l’abolition de l’État, mais pour réunir les conditions de son « dépérissement » ou de son extinction en tant que corps séparé. Un siècle d’histoire est passé par là, et ce débat serait à reprendre sur la base d’une expérience bien plus riche, pour éviter notamment de confondre dépérissement de l’État et dépérissement de la politique au profit de l’utopie saint-simonienne de la simple « administration des choses ». Mais c’est une autre histoire.

    Concrètement, je ne crois pas que les tâches politiques de militants internationalistes, en Israël comme en Palestine, soient directement déductibles de caractérisations abstraites de l’État. La politique est affaire de rapports de forces, de situations, de conjonctures propices. Le fil conducteur, pour les uns et pour les autres, devrait partir de la reconnaissance historique d’une spoliation (aujourd’hui largement établie par les « nouveaux historiens » israéliens) et des droits niés des Palestiniens. Ensuite, il s’agit de poser le conflit dans des termes historiques et politiques, et non pas religieux ou raciaux : c’est l’enjeu d’un combat de plus en plus difficile.

    Enfin, et c’est la conséquence logique du point précédent, il s’agit de reconnaître, de part et d’autre, que rien ne peut être résolu par l’écrasement militaire de l’un ou l’autre des protagonistes. L’éclosion des contradictions, au sein de la société israélienne et au sein de la société palestinienne, est une des conditions fondamentales de toute solution humaine possible.

    Dans cette perspective, les mouvements d’objecteursdans l’armée israélienne (à commencer par le refus de servir au Liban en 1982 ou dans les territoires occupés récemment) sont plus importants pratiquement qu’une position de boycott de principe isolée.

    Quant à la perspective d’un « parti binational » judéo-arabe, c’est déjà le cas de plusieurs mouvements minoritaires dans la gauche israélienne, réunissant Juifs et Arabes israéliens citoyens (au moins sur le papier) d’un même État. En revanche, si l’idée d’un parti commun israélo/palestinien est généreuse et symboliquement séduisante, il ne s’agit pas d’une réponse immédiate. Le cas solitaire d’un Ilan Halévy est respectable et admirable à certains égards. Mais s’il ne s’agit pas d’une évolution historique et de différenciations significatives dans les sociétés respectives, les positions individuelles auront peu d’effet sur la société israélienne et apparaîtront comme des témoignages héroïques de Juifs « amis des Palestiniens », mais étrangers à leur propre réalité nationale.

    Réciproquement, il est de plus en plus difficile pour de jeunes Arabes israéliens de militer dans des organisations à majorité juive sans passer pour des collabos.

    Outre-Terre : Israël – que nombre de pays limitrophes ne désignent que sous l’appellation d’« entité sioniste » – a-t-il le droit à des frontières qui ne soient pas des limites plus ou moins élastiques, molles, poreuses, voire fantasmatiques Le mur ceinturant en partie le pays est-il une réponse adéquate ?

    D.B. : Il faudrait un certain culot pour préconiser de « bonnes frontières » légitimes ! Je persiste à penser que la partition fut un désastre pour les juifs, et pas seulement pour les Palestiniens ! Mais il faut bien partir de l’état réel des choses. Il n’existe pas de critères permettant de tracer des frontières équitables. Il n’y a pas de frontières naturelles qui tiennent. Lorsque les négociateurs de Camp David ont voulu découper la ville de Jérusalem, ils sont allés jusqu’au ridicule d’envisager un découpage vertical, « archéologique », attribuant telle couche à l’État juif, telle autre à un hypothétique État palestinien, en fonction de la superposition des temples. Le tracé des frontières fluctue historiquement en fonction des guerres et des rapports de forces.

    Si l’une des fonctions du droit, si critiquable soit-il, est de mettre un peu d’objectivité dans un différend, on peut au moins partir dans un premier temps des résolutions de l’ONU sur le démantèlement des colonies, le retrait des territoires occupés et les frontières de 1967. L’autorité palestinienne ne réclame d’ailleurs pas davantage dans l’immédiat (la question du retour étant une autre question que celle des frontières).

    Or, chaque nouvelle négociation (y compris la fameuse initiative de Genève) exige des Palestiniens de nouveaux gages et de nouvelles concessions au-delà des « frontières » reconnues en principe par « la communauté internationale »  !

    Quant à l’idée de frontières « sûres », elle prête (sinistrement) à sourire. C’est une nouvelle expression très anachronique (à l’époque de la guerre de Bush, « illimitée dans le temps et dans l’espace », où les deux océans ne sont même plus une frontière sûre pour les États-Unis) du fétichisme de la frontière et du territoire. Il n’y aura pas de frontière sûre tant que ne seront pas réglées les causes du conflit et réparés les torts faits aux Palestiniens. On en arrive au contraire à la traduction bétonnée du mythe sécuritaire : le Mur ! Ce mur, qui partout ailleurs susciterait un scandale international ! Une nouvelle muraille vers l’extérieur qui est aussi pour l’État d’Israël le mur d’un nouveau ghetto volontaire. Triste ironie de l’histoire ! Le démantèlement inconditionnel de ce Mur de l’apartheid (et non la simple correction de son tracé) est un préalable non négociable à toute discussion sur d’hypothétiques frontières.

    Outre-Terre : Israël est un État religieux au sens où sa constitution met en avant le judaïsme. Mais il est dans cette région du monde selon les critères actuels le seul État démocratique, ou démocratique-bourgeois au sens marxiste : parlement, liberté des partis politiques, presse libre…

    D.B. : Cet argument est totalement fallacieux. Les puissances coloniales ont presque toujours été « démocratiques » (à commencer par l’Angleterre victorienne ou la France impériale) par rapport aux pays occupés ou conquis. Elles en ont toujours tiré argument pour justifier leur « mission civilisatrice ». Comme nous ne sommes pas « campistes », rien ne nous empêche de soutenir les droits des Palestiniens et de combattre en même temps les régimes despotiques en Syrie, Égypte, Jordanie, etc. Nos camarades l’ont souvent payé cher (d’années d’emprisonnement, voire d’assassinats…). Bien sûr, il y a des droits démocratiques précieux en Israël (inégaux cependant entre les Juifs et les Arabes). Il faut les défendre s’ils sont remis en cause par des mesures de type Patriot Act et exiger l’égalité des droits. Mais ils ne peuvent justifier la négation des droits nationaux et démocratiques du peuple palestinien.

    D’ailleurs, il faut souligner le paradoxe : plusieurs ministres du gouvernement Sharon ont publiquement déclaré qu’ils préféraient un affrontement clair (religieux) avec le Hamas au conflit « hypocrite » avec l’Autorité palestinienne. Pourtant, quelles que soient les arrière-pensées des uns et des autres, avoir comme interlocuteur un mouvement national palestinien pluraliste (même corrompu et bureaucratique), partisan d’une « Palestine laïque et démocratique », et non d’une « Palestine islamique », était une chance à saisir. Les dirigeants israéliens font tout leur possible pour l’enterrer.

    Dans ses structures constitutives (voir le livre classique de Nathan Weinstock, Le Sionisme contre Israël), « l’État Juif » (la presse française ne s’étonne même plus de la formule qui qualifie un État par une religion ou par une ethnie !) est bel et bien un État confessionnel et non pas un État laïque fondé sur une application rigoureuse du droit du sol. C’est pourquoi Weinstock revendiquait naguère comme but transitoire la « désionisation de l’État d’Israël ». Il n’est pas étonnant qu’un tel État cherche de plus en plus à fonder sa légitimité sur une origine et sur le mythe des origines. Dans ce mouvement régressif, qui remonte de l’universalisme des Lumières au mythe de l’élection originelle (taillé en pièce pourtant par Spinoza), on voit des intellectuels juifs comme Benny Lévy ou Jean-Claude Milner, déçus par l’histoire et par la politique, chercher à en sortir pour rejoindre l’éternité atemporelle du texte et pour fonder une ontologie a-historique de « l’être juif ». Si ce peuple en diaspora s’est perpétué contre toute probabilité, c’est pourtant, comme le prévoyait Marx, par l’histoire et non malgré l’histoire.

    Outre-Terre : La IVe Internationale n’a jamais dissimulé son soutien aux mouvements palestiniens et, à une certaine époque, dans les années soixante-dix, au FDPLP (Front démocratique pour la libération de la Palestine). Quelles sont les organisations que vous soutenez aujourd’hui ?

    D.B. : Ce n’est pas une question de sympathie et de confiance. Il existe en Israël comme dans les mouvements palestiniens des noyaux militants internationalistes, mais trop faibles et trop instables dans la tourmente actuelle pour prétendre distribuer des attestations de bonne conduite. Si l’on s’en tient aux critères politiques, on préférera discuter avec des mouvements laïques palestiniens qu’avec des mouvements fondamentalistes, sans exclure pour autant de possibles différenciations dans les mouvements religieux qui expriment une exaspération sociale et une impasse politique. Ce n’est pas une question de goût et d’affinité. Les mouvements islamistes en question dissoudraient volontiers la revendication nationale du peuple palestinien (si difficilement et fragilement reconnue depuis Oslo) dans une nébuleuse de l’Islam et conforteraient les dirigeants extrémistes israéliens dans l’idée que le conflit est de nature avant tout religieuse. Avoir comme interlocuteurs représentatifs du mouvement palestinien en France des gens comme Leïla Shahid ou Elias Sanbar, qui ne font aucune concession à la démagogie raciste et antisémite, est une chance pour montrer qu’il ne s’agit pas d’une opposition entre deux communautés homogènes et closes, mais d’enjeux politiques : il y a plus en commun entre des militants qui partagent les mêmes objectifs de part et d’autre de la frontière qu’entre un Sharon et un Warschawsky.

    Outre-Terre : La montée en puissance du fondamentalisme islamiste pourrait devenir dans les années à venir un danger pour les Palestiniens eux-mêmes et pour les Israéliens. En définitive : Israël ne constitue-t-il pas, paradoxalement, un rempart démocratique face à la montée de l’islamisme radical ? Pour ceux qui connaissent plutôt bien les débats au sein du courant trotskiste, il est étonnant que, d’une façon générale, peu de critiques aient été émises sur les pays arabes limitrophes antidémocratiques : pas d’élections, pas de partis, presse muselée, antisémitisme d’État (Égypte…), misère permanente des populations, esclavagisme (Arabie Saoudite), statut d’infériorité des femmes, etc.

    D.B. : Il faudrait discuter concrètement et rafraîchir les mémoires. Nous avons toujours soutenu que la lutte du peuple palestinien pour ses droits démocratiques, passerait non seulement par la lutte contre la politique coloniale d’Israël, mais aussi par ses liens avec la révolution arabe contre les régimes despotiques et corrompus de la région. Les massacres de Septembre noir en 1970 dans les camps de réfugiés palestiniens en Jordanie, ou le sort des Palestiniens du Liban ont amplement confirmé cette position, de même que la complicité de l’Arabie saoudite ou de l’Égypte avec les États-Unis. Par ailleurs, la liste serait interminable des soutiens à des prisonniers politiques arabes ou à des victimes de la répression (à commencer par nos propres camarades) en Égypte, au Maroc, en Syrie, en Tunisie, en Iran, ou en Irak à l’époque où Saddam était présenté comme un allié laïque de l’Occident. Nos camarades femmes dans ces pays ont contribué de leur mieux à l’émergence d’un mouvement femme, souvent à leurs risques et périls, en Algérie notamment dans le cadre des mobilisations sur le code de la famille. Si nous avons dénoncé systématiquement les ravages des politiques coloniales et impérialistes dans la région, on aurait du mal à trouver dans notre mouvement trace de collusion ou de complaisance envers les dictatures populistes baassistes ou envers les monarchies pétrolières.

    Outre-Terre : La renaissance d’un certain antisémitisme en France apparaît quotidien- nement (attaques de synagogues, insultes et violences antisémites…). Cela doit-il mener les Juifs à s’unir de façon plus ferme par le truchement, par exemple, de groupes d’auto- défense ? Si la montée de l’islamisme dit radical venait à modifier les rapports de force dans le monde, et donc au Moyen-Orient, cela modifierait-il substantiellement les positions de ton organisation ?

    D.B. : La renaissance d’un certain antisémitisme en France (aux sources multiples) est un fait attesté par la multiplication des actes recensés, même s’il faut rester sur ses gardes devant l’effet boule de neige des rumeurs médiatiques : certains actes spectaculaires ont beau être démentis (voir la récente affaire de la ligne D du RER), il en reste quelque chose. Il y a cependant assez de faits, indiscutables, de chiffres pour s’inquiéter d’une détérioration effective de la situation, et pour en appeler à un surcroît de vigilance. Des groupes d’autodéfense juifs ? On ne peut exclure totalement l’hypothèse, mais ce serait le signe d’une épouvantable régression historique où chacun s’organise en milices commu- nautaires pour défendre les siens. À ces groupes viendraient se juxtaposer des groupes d’autodéfense arabes, ou musulmans, ou autres ! Nous n’en sommes (heureusement) pas là. Pourquoi pas des groupes d’autodéfense antiracistes tout court, si nécessaire, où se retrouveraient des antiracistes d’origine juive, arabe, arménienne, ou autres ? Il serait consternant de confirmer la logique communautaire qui a prévalu de la part de SOS et de l’UEJF, lors des manifestations du 5 mai, refusant d’élargir leur appel contre l’antisémitisme (comme le demandaient la LDH, le Mrap, la LCR) à toutes les formes de racisme. Comment ce refus a-t-il pu être interprété, dans les banlieues et ailleurs, au moment où les chars israéliens écrasaient Rafah ? Chaque communauté défend égoïstement les siens, deux poids deux mesures, le malheur des uns aveugle à celui des autres !

    Outre-Terre : Un ami de Freud, Rudolf Bienenfeld, soutenait en 1937 que « chez les Juifs sans religion certains traits fondamentaux de la religion juive continuent d’agir à leur insu, qui déterminent le sens de leur vie et leur spiritualité malgré leur mépris endémique pour les traditions juives. Les Juifs sans religion forment un groupe très particulier justement à cause de ce maintien spirituel, en eux et dans leur entourage, de leur religion ancestrale, mais cela inconsciemment » [1]. Cela peut-il concerner les Juifs appartenant à des organisations communistes ? Cela te concerne-t-il ?

    D.B. : Il y a, derrière cette question, un problème non (ou mal) résolu : celui du rôle du judaïsme (comme idéologie ou idéologie religieuse spécifique, fondée sur le mythe de l’élection) dans la pérennité du peuple juif en diaspora. Les thèses d’Abraham Léon sur le peuple-classe, quel que soit leur mérite, éclairent au mieux une séquence relativement récente (quelques siècles) et limitée de l’histoire par une interprétation sociologique : le peuple se survivant par l’exercice d’une fonction sociale « interstitielle », liée au commerce et à la circulation monétaire. Ce déterminisme sociologique peu convaincant fait peu de cas du facteur idéologique (en ce cas d’origine religieuse) d’un peuple se définissant non par un territoire ou par un État, mais de façon « déterritorialisée », par le Livre et par la Loi. Le judaïsme ainsi conçu culturellement (même chez des laïques) joue sans doute le rôle de médiation entre la société dispersée, la mémoire d’un État disparu et le projet de sa restauration.

    Cela dit, ce rôle du judaïsme n’aurait pas suffi à endiguer les logiques de l’assimilation. Le génocide nazi et la farce tragique du Birobidjan ont relancé les dés et la diaspora s’est redéfinie en fonction de la création de l’État d’Israël. C’est une des ironies de l’histoire, soulignée lucidement par Isaac Deutscher. Je ne vois pas pourquoi des Juifs communistes qui ont subi les grandes épreuves du XXe siècle auraient été épargnés par ce remue-ménage. Mon cas personnel est de peu d’intérêt (je m’en suis expliqué dans mon dernier livre, Une lente impatience). On peut seulement dire qu’on n’échappe pas totalement à sa biographie, surtout lorsque nous sommes des rejetons de rescapés ou de survivants du génocide. J’ai donc été élevé, hors de toute religion, comme un Juif non juif, fidèle à la tragédie à laquelle ma famille a payé aussi son tribut.

    C’est cette fidélité qui me fait m’insurger, lorsque des porte-parole communautaires à la représentativité douteuse prétendent parler au nom des miens et annexer la mémoire de toutes les victimes juives pour légitimer la politique de Sharon contre les droits des Palestiniens. La mémoire d’un grand malheur n’autorise pas un crédit illimité sur l’avenir, ni la cécité devant la souffrance infligée à d’autres. Elle devrait au contraire rendre d’autant plus sensible à d’autres tragédies, au lieu de nourrir une bonne conscience autiste. Entretien de Mark Perelman avec Daniel Bensaïd
    Septembre 2004

     

    Outre-Terre n° 9, 1er septembre 2004

     

    Voir en ligne : Le site de Daniel Bensaïd

     

    Notes

    [1Rudolf Bienenfeld, la Religion des juifs sans religion, traduit de l’allemand par Ingrid Klauda, Paris, Association pour la réédition des œuvres psychanalytiques du docteur René Laforgue, 1996. Discours prononcé à Vienne le 10 novembre 1937 devant la Société de sociologie et d’anthropologie juive.

    http://www.npa32.fr/spip/spip.php?article875

  • Agenda AFPS

  • Gaza, "le pire conflit que j'ai vu" (JDD)

    Depuis Gaza, Owen Breuil, coordinateur général pour la Palestine de Médecins du Monde, décrit le chaos alors que les combats ont repris. Arrivé il y a une semaine, juste avant la trêve de 72 heures entre Israël et le Hamas, il livre aussi ses impressions sur la reconstruction de la région et la façon dont les bénévoles gèrent les difficultés psychologiques du terrain.

    Où en est-on après la reprise des hostilités vendredi?


    À Gaza City, où je me trouve actuellement bloqué, nous n'avons pas été directement touchés par la reprise des hostilités. En revanche, des avions et des drones nous survolent en permanence et des bruits d'explosion nous parviennent au loin. C'est très dur psychologiquement car tout le monde a l'impression que des frappes peuvent éclater à tout moment. Ici les gens sont réellement traumatisés et ont une peur bleue de la nuit car c'est là que les tirs sont les plus violents. Tout le monde est à bout et le retour, même moins fort, des tirs, est atroce pour les nerfs. Les gens craignent pour leur vie, leur famille, leurs enfants… 

    Quelle est l'étendue des dégâts?


    Les destructions sont énormes et témoignent d'une violence extraordinaire. Toutes les infrastructures publiques ont été détruites. Mais ce qui surprend le plus, ce sont les habitations, les villas, les tours et de très grands bâtiments qui ont été totalement rasés. Nous avons également visité des centres hospitaliers clairement ciblés par des tirs, parfois très précisément, dans la chambre d'un petit gamin par exemple. Quand on entre on voit des petites chaussures, des petits vêtements, le lit défoncé…

    «En Afghanistan, c'était aussi la guerre, mais quelques règles étaient respectées.»

    C’est quelque chose qui doit marquer…


    J'ai été en Afghanistan. C'était aussi la guerre, mais quelques règles étaient respectées. Là, c'est vraiment terrible. C'est de loin le pire que j'ai vu. Mais ce qui est vraiment choquant c’est l’ampleur de la destruction. Lors des attaques précédentes les Israéliens ont utilisé des bombes au phosphore qui brûlaient tout mais les murs restaient debout. Les gens pouvaient retourner chez eux, réhabiliter leurs habitations. Aujourd’hui il y a des tours entières de huit étages qui sont à terre.

    Est-ce la preuve d’attaques ciblées contre les populations selon vous?


    Quand on fait une guerre "normale" on essaie d’éliminer les forces armées adverses. Les dommages collatéraux civils par rapport aux nombres de combattants sont en général de 30%. Là c’est 70-80%. Il y avait en plus des bombardements constants, des avions, des hélicoptères, des drones qui volaient très bas même quand c’était calme, pour maintenir la terreur. Toucher les civils était donc clairement volontaire. Tous les palestiniens que j’ai vu sont psychologiquement très atteints. Les Israéliens ont été beaucoup plus loin cette fois. Ils ont voulu casser le moral des gens. 

    Comment la population s'organise-t-elle pour survivre?


    C'est difficile à dire. Il y a de gros manques d'eau. L'ONU s'organise pour ravitailler les populations mais la tâche est compliquée car il faut fournir tout le monde en eau. Il est plus facile de se procurer de la nourriture mais les gens n'ont pas d'argent. Il n'y a plus d'énergie et donc plus d'électricité. Certains hôpitaux, mais aussi des centres de santé plus rudimentaires que nous avons pu visiter, sont également complètement détruits alors que ce sont normalement des lieux sanctuarisés par les lois internationales.

    «Une sorte d’union sacrée derrière un ennemi qui bombarde tout le monde.»

    Certaines ONG ont rapporté que la situation était "très périlleuse" pour le personnel humanitaire…


    C’est sûr. Nous avons voulu tenir et rester mais nous n’avons pas pu. Seuls ceux qui travaillaient dans les hôpitaux sont restés, mais ils étaient en danger permanent. Parfois des bombes s’écrasaient à vingt mètres de l’endroit où des médecins se trouvaient, alors même qu’ils opéraient et étaient en contact direct avec les Israéliens pour leur communiquer leur position et leurs coordonnées afin de ne pas être pris pour cible. Les Israéliens ont tout fait pour que l’on ne puisse pas rentrer et travailler sur place.

    Est-ce qu’après de tels événements les gens à Gaza sont en colère contre le Hamas?


    Non au contraire. De nombreux habitants sont plutôt derrière le Hamas car ce sont les seuls qui ont résisté pour les protéger. Il y a une sorte d’union sacrée derrière un ennemi qui bombarde tout le monde. Même les gens qui ne soutenaient pas trop le Hamas se retrouvent à être plutôt pour eux. C’est une affaire de dignité, même si le Hamas n’a fait qu’une action symbolique car leurs roquettes n’étaient pas très efficaces. Ici on les appelle les résistants, pas les terroristes.

    «À Gaza, pour l'instant, il n'y a que des ONG.»

    Par rapport à la situation à Gaza, comment voyez-vous le futur?


    Le futur est globalement très incertain. Même si nos mouvements sont limités suite à la reprise partielle des combats, nous allons mettre en place des cliniques mobiles et temporaires et collaborer entre ONG pour remplacer les hôpitaux détruits. Il faut opérer rapidement tous ceux qui en ont besoin et qui, sinon, vont se retrouver déformés à vie ou mourront d'infections. Côté infrastructures et reconstructions, nous nous demandons vraiment qui va payer. Certaines estimations évaluent les dépenses à venir autour de 5 milliards. La situation ressemble un peu à ce que nous avons connu en Europe à la fin de la Seconde Guerre mondiale, mais il y a eu le plan Marshall. À Gaza, pour l'instant, il n'y a que des ONG.

    En tant qu'humanitaire, comment gérez-vous le fait d'assister à des scènes aussi violentes, traumatisantes peut-être?


    Nous travaillons avec des psychologues spécialisés dans les traumatismes liés au retour de guerre, avec qui il est possible d'échanger par Skype ou par téléphone. Mais nous essayons surtout de nous concentrer sur notre travail, comment répondre à tous les besoins, comment espérer que le futur sera meilleur… C'est la seule chose que nous puissions faire. Nous faisons face à des personnes qui connaissent toutes au moins un proche victime des bombardements. Il faut écouter, comprendre, tout en essayant d'aller de l'avant. Mais surtout nous nous appelons plusieurs fois par heure pour nous supporter mutuellement, pour parler d’autre chose, de façon à se focaliser sur quelque chose, pour créer une autre dynamique et ne pas attendre passivement sous les bombes.

    Martin Bernard - Le Journal du Dimanche dimanche 10 août 2014

    http://www.lejdd.fr/International/Proche-Orient/Gaza-le-pire-conflit-que-j-ai-vu-679558

  • Démystifier la propagande officielle et para-officielle, en Israël (A l'Encontre)

    Quinze des vingt-quatre personnes tuées, suite à l'attaque  sur Bani Suhaila (quartier de Khan Younis - Gaza) sont  des enfants (21 juillet 2014)

    Quinze des vingt-quatre personnes tuées, suite à l’attaque
    sur Bani Suhaila (quartier de Khan Younis – Gaza) sont
    des enfants (21 juillet 2014)

    Ce texte de John Brown, écrit en hébreu, a été traduit en anglais par Sol Salbe. La traduction en français a été assurée par la rédaction de A l’Encontre. Les mensonges à propos de la guerre contre les Palestiniens, entre autres à Gaza, produits par des porte-parole de l’armée israélienne et les médias israéliens – en partie répercutés par des médias internationaux – continuent à être cités sans relâche à des fins de propagande. Dans le contexte de la «guerre», il est courant que les rumeurs et les mensonges non seulement soient nombreux mais impactent la société. La stratégie du «bourrage de crâne» a été expérimentée, à grande échelle, en Europe entre 1914 et 1918. (Rédaction A l’Encontre)

    *****

    1. «Le Hamas oblige les résidents à se tenir sur les toits des maisons, ce qui conduit à leur mort.»

    A l’origine de cette affirmation il y a la tuerie de six membres de la famille Kware’a et de deux autres personnes le 8 juillet à 14h30. D’après l’enquête [de Haaretz, quotidien israélien], les membres de la famille ont évacué la maison après avoir reçu un appel téléphonique de l’armée, mais y sont retournés en croyant à tort que le missile «knock on the roof» [missile d'avertissement] était celui qui devait démolir leur maison.

    Les représentants des forces aériennes israéliennes affirment qu’ils savaient que la famille avait commencé à rentrer chez elle mais qu’ils ne pouvaient pas dérouter le missile de sa trajectoire. Cet argument ne tient pas, dans ce cas, puisque l’armée a attaqué d’autres familles de manière similaire sans aucun avertissement. Les exemples sont abondants: par exemple la tuerie de 26 membres de la famille de Abou Jame et de 18 membres de la famille Al Batsch, sans compter les bombardements généralisés de la population civile à Rafah.

    2. Le porte-parole de l’armée israélienne s’est dépêché d’annoncer qu’il y avait eu une tentative d’infiltration par un tunnel vers le Kibboutz Nahal Oz le 21 juillet 2014. Il a également affirmé que des combattants du Hamas se dirigeaient vers la garderie d’enfants locale.

    Dans les deux cas, ces affirmations sont fondées sur un mensonge; toutes les incursions avaient visé des soldats et les sorties des tunnels et les endroits où ont eu lieu les incursions étaient très éloignés des sites mentionnés dans les communiqués de l’armée. Un porte-parole du conseil d’Eshkol [conseil régional au nord-ouest du Negev] a demandé que l’on corrige ces communiqués, mais cela n’a jamais été fait. Des communiqués continuent d’ailleurs à faire allusion à des attaques terroristes qui auraient été déjouées. On peut raisonnablement penser que c’est pour tenter de couvrir des échecs opérationnels tels qu’une préparation imparfaite depuis l’emplacement de tir protégé ou une entrée non opérationnelle dans un véhicule non blindé dans une zone dangereuse à Ein Hashlosha.

    3. Suiteà unrécit abusif publié dans le quotdien Ma’ariv et sur Facebook dans le blog absurde d’Avri Gilad [animateur de TV et radio fort connu], Zombies, le bruit s’est répandu concernant un projet d’utiliser simultanément de nombreux tunnels lors de Rosh Hashana (Nouvel an juif) dans le but de conquérir le monde. Les renseignements militaires israéliens ne savent rien d’un tel projet et l’information a été démentie par les officiels des renseignements. Même le président des Affaires extérieures et du Comité de défense de la Knesset l’ont démentie.

    4. «L’ONU exige qu’Israël partage le système du Dôme de fer avec les Palestiniens.»

    A l’origine de ce mensonge, il y a un titre trompeur sur les sites d’information Ynet et Arutz Sheva. En fait le Commissaire pour les droits humains s’est plaint de ce que, alors même que se déroulaient les combats, les Etats-Unis fournissaient des armes ainsi qu’un financement supplémentaire destiné au budget militaire israélien, dont une subvention urgente pour le système Dôme de fer, alors que personne n’accordait aux Palestiniens une protection contre les bombardements. Il est intéressant de noter que la version anglaise de Ynet n’a pas répété cette nouvelle erronée.

    5. «Le Hamas a exécuté 20 personnes qui manifestaient contre lui à Shejaiya-» C’est ce qu’a affirmé le reporter Alon Ben-David au cours d’une émission d’information. Cette affirmation a été reprise des douzaines de fois le jour même, et continue d’être répétée.

    Or, ce récit ne correspond pas à la réalité. Cinq ressortissants de Beit Hanoun ont été tués au cours d’un incident, après qu »un résident local a tiré sur un volontaire de UNWRA (agence de l’ONU), l’atteignant dans la jambe, ce qui a déclenché une confrontation locale. La police du Hamas les a dispersés en tirant à balles réelles, et a ainsi tué cinq personnes. Alon Ben-David lui-même a rectifié son histoire, ce qui n’a pas empêché que le rapport erroné ne soit ensuite repris sur Channel 1. Dans le même temps, les forces israéliennes ont tué au moins 13 manifestants en Cisjordanie, dont au moins 10 ne représentaient aucune menace directe pour les soldats israéliens. Cette nouvelle a été vérifiée, mais elle a à peine été mentionnée dans les médias.

    6. Contrairement à ce qui a été rapporté, le lieutenant Hadar Goldin n’a pas été capturé suite à un attentat- suicide à proximité de l’unité de Goldin. En réalité, il a été capturé lorsque lui et d’autres soldats de son unité sont tombés dans une embuscade près de l’entrée d’un tunnel et ont été tués au cours d’une fusillade. Malgré l’attention qu’ont portée les médias à cet incident, la réaction immédiate de l’armée a été de blanchir l’incident en utilisant le terme «Directive Hannibal» et d’organiser un assaut massif et sans discrimination contre la population civile qui a entraîné la mort de 130 personnes. Cela a été à peine été mentionné dans la presse israélienne.

    7. «Le Hamas investit 40% de son budget dans les tunnels.» En fait, d’après des fuites provenant de sources israéliennes de qualité, le Hamas dépense moins de 14% de son budget dans la défense. C’est moins que le taux d’investissement israélien dans son développement militaire.

    8. «Des organisations des droits humains ont obligé Israël à fournir du ciment à Gaza, ciment qui a servi à construire les tunnels.» Entre 2007 et septembre 2013, Israël n’a permis l’entrée de ciment à Gaza que pour l’usage des organisations internationales. Au cours du mois de septembre 2013, Israël a permis que du ciment puisse entrer pour les secteurs privés. Mais le gouvernement a banni l’entrée de ciment, dès octobre 2013, après qu’un tunnel a été découvert. Toutes ces restrictions n’ont pas affecté le Hamas qui a continué à faire entrer du ciment en contrebande depuis Rafah (côté égyptien). Par conséquent, les restrictions n’ont affecté que le secteur privé. (Article publié sur +972, le 8 août 2014, traduction de A l’Encontre) Par John Brown

    Publié par Alencontre le 10 - août - 2014