Au soir du 26 aout et des jours suivant après l’annonce de Mahmud Abbas, président de l’Autorité Palestinienne (AP), d’un accord de cessez-le-feu « permanent » entre Israel et les Palestiniens, les masses palestiniennes dans la bande de Gaza et en Cisjordanie sont sortis par milliers fêter la fin de l’attaque militaire et surtout le fait d’avoir résisté à cette dernière, à l’oppression coloniale et raciste de l’Etat d’Israël soutenue par les Etats-Unis et les puissances occidentales d’un côté et le silence complice des Etats Arabes de la région, particulièrement l’Egypte qui participe au blocus illégal avec Israel de la Bande d Gaza.
La terreur israélienne
L’Etat d’Israel n’a économisé aucun moyen pour tenter de réduire à néant la résistance et la population palestinienne de la bande de Gaza. Plus de 50 jours de bombardements israéliens ont en effet causé la mort de plus de 2 100 palestiniens, presque tous des civils, dont 500 enfants, et blessé 11000 autres. Les dégâts matériels causés par les bombardements israéliens sont énormes alors que près d’un demi-million de Gazaouis – le tiers de la population – ont été déplacés logeant dans des écoles, des hôpitaux et des centres des Nations Unies qui furent eux mêmes la cible d’attaques; près de 55 000 maisons ont été touchées par les raids israéliens, dont au moins 17 200 totalement ou quasi totalement détruites, selon l’Onu, et au moins 100 000 personnes ont besoin d’une solution de relogement.
L’opération « Bordure protectrice », nom donnée à l’offensive militaire israélienne, fut la plus longue et la plus sanglante des quatre offensives effectuées par Israël depuis son retrait de la bande de Gaza en 2005.
De son côté, Israël a perdu 65 soldats et 6 civils, dont un enfant. La mort des civils israéliens relève de la responsabilité directe de l’Etat d’Israel dans sa continuation de politique d’occupations, de colonisations et d’Apartheid. La résistance populaire palestinienne, sous toutes ses formes, militaires et/ou pacifiques, est un droit inaliénable accordé à tout peuple en lutte pour sa libération et son émancipation que ce soit contre une dictature autoritaire, une occupation et une intervention étrangère. En l’occurrence Israel accumule les formes d’oppressions contre la population palestinienne…
Un échec politique pour Netanyahou et Israel
Les objectifs politiques du gouvernement Netanyahu qui étaient de mettre à mal la réconciliation Hamas-Fatah en accusant faussement le Hamas d’être responsable du meurtre des jeunes colons début juin, et de l’affaiblir en second lieu sont un échec complet. Le Hamas, malgré la perte de trois important commandants de sa branche armée (Mohammad Barhoum, Mohammad Abou Chamala et Raëd al-Atar) et de plusieurs centaines de combattants, ressort renforcer politiquement à la suite de l’agression militaire israélienne.
Le cessez le feu signé, les dirigeants du Hamas ont en effet revendiqué la « victoire », assurant avoir défait « la légende de l’armée israélienne qui se dit invincible » et obtenu l’allègement du blocus terrestre et maritime, principale revendication des Palestiniens. De plus, la résistance palestinienne a infligé à l’armée israélienne ses plus lourdes pertes depuis 2006 avec 65 soldats tués. Le mouvement qui avait connu une baisse de sa popularité dans la bande de Gaza à cause de sa mauvaise gestion, ses pratiques autoritaire et l’accaparement de certains secteurs de l’économie d’un côté et était affaibli au niveau régional après le renversement des Frères Musulmans en juillet 2013 en Egypte, s’est redoré son blason au niveau populaire et peut peser davantage politiquement dans le gouvernement d’unité nationale palestinien avec Mahmoud Abbas.
En second lieu, l’échec de Netanyahou a profité à l’extrême droite israélienne.
L’accord de cessez-le-feu, qui a été approuvé par Netanyahu de manière unilatérale, a en effet provoqué une fracture politique dans le gouvernement. Trois de ses ministres, dont le ministre d’extrème-droite A. Lieberman, ont rejetté l’accord, de même qu’une partie du Likud, le parti du premier ministre. La popularité de Netanyahu, qui avait atteint des chiffres records de 80% lors de l’invasion terrestre de la Bande de Gaza, s’est effondré depuis l’accord, que seul 38% juge correct.
La trêve : pas la fin des problèmes pour la bande de Gaza
L’accord de cessez-le-feu a permis la fin des bombardements israéliens et début de l’acheminement de l’aide humanitaire et des produits de consommation dans la bande de Gaza, mais pas de matériel de reconstruction encore. L’accord conclu sous l’égide du régime égyptien prévoit qu’Israel dessere son étau sur la bande de Gaza. La zone de pêche a été ramenée à six milles nautiques, contre 3, et devrait atteindre 12 milles à terme. En outre, Israël a indiqué qu’il allégerait les restrictions sur l’entrée des biens à Gaza en autorisant aux deux points de passage, Erez et Kerem Shalom, l’aide humanitaire et certains matériaux de construction. Pour la première fois depuis 2007, un convoi d’aide humanitaire du Pam (Programme alimentaire mondial) a pu traverser le passage de Kerem Shalom pour apporter à Gaza suffisamment de nourriture pour 150 000 personnes pendant cinq jours
La trêve a néanmoins reporté à des pourparlers prévus au Caire sous un mois les discussions sur les questions les plus sensibles, comme la libération de prisonniers palestiniens, la réouverture de l’aéroport à Gaza ou la démilitarisation de l’enclave Gaza. Sur cette dernière demande, le Hamas et les autres groupes palestiniens ont refusé toute concession à ce niveau, rejetant toute tentative qui viserait à désarmer Gaza, la principale exigence d’Israël en vue d’un accord à long terme. Moussa Abou Marzouq, numéro deux du Hamas en exil, mais qui s’est rendu dans la bande de Gaza à la suite de l’accord, à déclarer qu’il faut « lancer au plus vite la reconstruction », tout en prévenant que les combattants devaient “retourner à l’entraînement” pour préparer l’avenir. Plusieurs organisations de résistances palestiniennes ont déclaré que « Les armes de la résistance étaient sacrées ».
Continuer la mobilisation contre l’Etat d’Israel
La défaite politique de l’Etat d’Israel est clair, comme on le voir dans des sondages publiées à la suite du cessez le feu par le quotidien Maariv qui donnent 61% des personnes interrogées estiment que leur pays n’a pas gagné la guerre si l’objectif était d’instaurer un calme durable, tandis que 58% des sondés (des juifs israéliens) considèrent que l’acceptation d’un cessez-le-feu illimité comme une erreur.
Cette défaite politique ne doit malgré tout pas nous faire oublier que l’Etat d’Israel va continuer sa politique d’occupation, de colonisation et d’Apartheid contre les palestiniens, notamment en maintenant en tout cas pour l’instant la bande de Gaza en une prison à ciel ouvert, soumis au blocus économique et à la menace de l’intervention militaire israélienne, tandis que l’expansion des colonies en Cisjordanie va également se poursuivre, sans oublier la politique raciste contre les palestiniens citoyens d’Israel.
Quelques exemples sont déjà à mentionner.
Moins d’une semaine après la signature du cessez-le-feu à Gaza, Israël a annoncé le 31 aout sa décision de s’approprier 400 hectares de terres en Cisjordanie. En effet, Israël a décidé de déclarer propriété de l’État israélien ces 400 hectares proches de la colonie de Gva’ot, dans les environs de Bethléem, en réaction au meurtre de trois jeunes Israéliens en juin dans le secteur, a indiqué l’armée dans un communiqué. Les parties concernées ont 45 jours pour faire appel, a-t-elle précisé. Il s’agit d’une décision qui revient à une confiscation « sans précédent » par son ampleur depuis les années 1980, C’est sans oublier que le 20 aout les forces d’occupation israéliennes ont envahi à El Bireh – Ramallah le domicile de Khalida Jarrar, dirigeante du Front Populaire de libération de la Palestine (FPLP) lui intimant l’ordre de s’exiler dans la ville de Jericho avec interdiction d’en sortir. Cette pratique d’expulsion de dirigeants à l’intérieur de la Cisjordanie n’avait plus court depuis 1980.
C’est pourquoi il faut continuer la lutte pour la libération des palestiniens, et notamment pour la levée complète du blocus et participer aux initiatives de solidarité avec les Palestiniens. La pression sur l’Etat d’Israël doit s’accentuer pour transformer cette défaite politique et militaire en victoire pour les Palestiniens, notamment par le développement de la campagne Boycott Désinvestissement Sanctions (BDS), seule à même de faire payer le prix de sa politique criminelle à Israël. Selon certaines sources, Israel aurait déjà subi des pertes de l’ordre de huit milliards de dollars en raison de la campagne de boycott contre les colonies illégales, ce qui équivaut à 20 pour cent de leur PIB.
Nous devons également faire pression et dénoncer la collaboration politique, militaire et économique de nos gouvernements avec l’Etat d’Israel.
De même nous répétons que la seule solution véritable pour arriver à une solution à la question palestinienne et juive est le démantèlement de l’Etat d’Israel et l’établissement d’un Etat démocratique, sociale et laïque dans la Palestine historique de 1948 pour tous (Israéliens et Palestiniens) sans aucune forme de discrimination et qui accorde le droit au retour aux réfugiés palestiniens dans leur ensemble.
Vive la Résistance du Peuple Palestinien
Joseph Daher Posted on September 1, 2014
Voir articles précédents en lien avec cet article :
-Solidarité avec la Palestine et les révolutions populaires arabes http://syriafreedomforever.wordpress.com/2014/08/29/solidarite-avec-la-palestine-et-les-revolutions-populaires-arabes/
La question de la libération de la Palestine
http://syriafreedomforever.wordpress.com/2014/07/21/la-question-de-la-liberation-de-la-palestine/
Palestine, ou la résistance continue
http://syriafreedomforever.wordpress.com/2014/07/08/palestine-ou-la-resistance-continue/