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  • EI, l’Etat létal (lcr.be)

     

     

    L’EI trouve son origine dans la formation d’un noyau irakien d’Al Qaïda suite à l’invasion américaine.

    Le calife Abu Bakr al Baghdadi, a rejoint ce dernier alors dirigé par le Jordanien al-Zarkaoui. En 2006, le conseil consultatif des moudjahidines en Irak proclame l’Etat Islamique en Irak. C’est en s’impliquant dans la révolution syrienne, combattant plus l’Armée Libre que le régime Assad, particulièrement à partir de 2013, que l’Etat Islamique en Irak et au Levant (EIIL) a pu se développer, s’entraînant et rivalisant avec Al Qaïda et sa franchise syrienne, le Front Al Nusra.

    Bien des régimes ont fermé à tour de rôle les yeux sur les activités de l’EI, mus par des considérations à court terme. Le pouvoir syrien a libéré à dessein au début de la révolution syrienne des jihadistes emprisonnés et s’est s’abstenu jusqu’à peu de combattre l’EI, y voyant conjoncturellement un allié contre révolutionnaire. L’EI a bénéficié des facilités octroyées par la Turquie dans le but d’affaiblir les forces kurdes. L’armée de l’EI a certes été financée par des donateurs privés de pays du Golfe peu regardants. Seigneur de guerre, il pourrait s’affranchir de sa tutelle internationale après avoir mis la main sur des puits de pétrole, des silos à grains en Syrie, des fonds bancaires irakiens, des antiquités de Syrie et d’Irak, des droits de passage à ses check points, les rançons et la vente de femmes. Il prélève par ailleurs des taxes sur le trafic du pétrole et de ses dérivés (notamment revendu au régime syrien) ou du tabac (Syrie). Il aurait récupéré l’ancienne structure fiscale irakienne et avait même prévu de nouveaux « impôts » visant les chrétiens… Quoi qu’il en advienne, l’EI s’est assuré dès le départ par ses revenus une certaine indépendance à l’égard des populations soumises.

    L’EI se présente aujourd’hui comme un Etat émergeant sur une économie de guerre, un Etat centralisé et rentier, cherchant le profit à court terme, ayant « nationalisé » le produit de ses rapines et procédant à une redistribution des richesses pour ne pas s’aliéner les populations pauvres des zones occupées qu’il n’a pas décidé d’éliminer : gratuité de l’électricité et baisse de 50% des loyers à Mossoul pour les démunis, distribution de vivres pendant le ramadan en Syrie. Il est aidé dans cette gestion par l’alliance tissée avec d’anciens cadres baathistes.

    L’EI serait en passe de contrôler une zone de la taille de la Belgique, riche en ressources et habitée par neuf millions de personnes environ. Ces zones sont plus une vaste toile d’araignée qu’un territoire homogène. Toutefois, il s’était assuré en août le contrôle total de villes : Mossul, Sinjar, Raqqa, Tikrit…Il ne s’aventure pas dans les zones qui ne lui sont pas acquises (chiites). Quant aux minorités qui le gênent, il les persécute (chrétiens) ou les extermine (yezidis, chiites turkomans, sunnites refusant de lui prêter allégeance, etc).

    Le petit nombre de militaires [1] au regard de la taille des territoires conquis le conduit à exécuter des hommes et à vendre des femmes plutôt que de juger et d’emprisonner, ou à provoquer leur exil. En effet, il ne dispose pas de toutes les infrastructures dans les zones nouvellement conquises.

    Une armée hiérarchisée qui repose sur des unités « tournantes » dont une minorité est composée d’étrangers inexpérimentés, autant de facteurs qui renforcent l’aspect hiérarchique et diminue le risque d’insoumission, sans parler des enfants soldats. Les femmes se voient dévoluer d’autres tâches comme le recrutement de femmes à marier aux chefs militaires, la fouille et le vol des captives avant leur vente, etc.

    Ensuite l’EI dispose aujourd’hui de matériel militaire pris à l’armée syrienne. Il a mis la main sur un quart du stock de l’armée irakienne (humvees, missiles et autres armement lourds) souvent de fabrication américaine et abandonné par la pléthorique armée irakienne à Mossoul, ce qui est en fait un Etat fort. En armes et en hommes, il serait supérieur aux forces de la région du Kurdistan.

    L’EI assure la subsistance ses combattants, des jeunes déclassés pour la majorité, soit des mercenaires venus du monde entier. La porosité de son recrutement laisse supposer une forte infiltration.

    L’Emirat devient Califat, une monarchie de droit divin. Le calife autoproclamé est un chef spirituel et temporel. Le discours se son porte parole, Abou Mohammad Al Adnani, a révélé son caractère ultra réactionnaire : « Musulmans, rejetez la démocratie, la laïcité, le nationalisme et autres déjections de l’Occident, revenez à votre religion ». Il a des ambitions mondiales et se nomme tout simplement Etat Islamique (EI), sommant tous les groupes jihadistes de lui faire allégeance.

    Les facteurs matériels n’expliquent pas à eux seuls les crimes de l’EI. S’ils n’ont pas encore généralisé les tribunaux, les prisons ou les cimetières et n’ont pas le « temps » de tuer les civils avant de les enterrer, ils ont en revanche le temps de violer les femmes, de décapiter les morts après les avoir tués par balles, d’exhiber les têtes, de mettre en scène des enfants dans ces scènes macabres, de les filmer et de les diffuser sur Internet. Cela répond autant sinon plus à une logique de terreur qu’à une logique purement économique, les effets de la première compensant les carences de la seconde.

    La charte régissant la vie à Mossoul est une série d’interdits et non un projet social. Leur non respect est passible d’« exécution, crucifixion, amputation des bras et des jambes ou d’exil ». Les banques rouvrent à Mossoul uniquement pour les particuliers ne faisant pas partie de l’ancien appareil d’Etat et n’étant membre d’aucune minorité.

    Lâché officiellement par les Etats du Golfe, l’EI est reconnu par Boko Haram. Il est un concurrent pour l’Emirat Islamique d’Afghanistan, celui du Caucase ou AQMI et AQPA. L’EI n’est implanté qu’en Irak et Syrie. Des manifestations de soutien ont eu lieu à plusieurs reprises en Jordanie ces trois derniers mois (Maan, Al Zarqa, Yajouz). Ses soutiens sunnites internes espérés font défection (les tribus des Chaïtat en Syrie, ou des tribus d’Al Anbar en Irak qui les combattent)

    D’essence bourgeoise et parasitaire, ultra réactionnaire dans son idéologie et contre révolutionnaire en pratique, l’EI est en dernière, mais aussi en première analyse « une bande d’hommes armés », soit la définition de l’Etat proposée par Lénine et Engels [2].

    Luiza Toscane

    [1]50 000 selon l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme à la mi août 2014.

    [2] Formule utilisée par Engels dans l’Anti-Dühring, avant d’être reprise par Lénine dans L’État et la révolution

    http://www.lcr-lagauche.org/ei-letat-letal/

  • Plus de 21% des femmes atteintes de cancer (El Watan)

    Séminaire sur la tragédie nucléaire de la France dans le Hoggar

    Treize tirs nucléaires furent effectués, dont 12 ont échoué, parmi lesquels l’essai baptisé du nom de Béryl, le 1er mai 1962.

    Les explosions nucléaires, la catastrophe de Béryl et le droit international humanitaire» est l’intitulé du séminaire organisé, avant-hier, par l’association Taourirt des victimes de la tragédie nucléaire de la France, dans l’Ahaggar. Organisée avec le concours du centre universitaire et la direction des œuvres universitaires de la wilaya, la rencontre, à laquelle ont pris part des chercheurs, des experts en nucléaire, des juristes et des représentants de l’Association des victimes de Reggane (Adrar), était une occasion pour sonner, pour la énième fois, le tocsin face au désastre survenu sur les monts de Tan Affla et Tan Ataram dans la région d’In Ekker, à 180 km au nord de Tamanrasset, où furent effectués 13 tirs nucléaires, dont 12 ont échoué, parmi lesquels l’essai baptisé du nom de Béryl, le 1er mai 1962. Mais aussi pour accabler la France pour avoir utilisé des Algériens comme cobayes pour mener à terme ses expériences en les faisant passer pour des mannequins.

    150 Algériens utilisés comme cobayes

    «Pas moins de 150 prisonniers algériens, conduits de l’établissement pénitentiaire de Sidi Bel Abbès à In Ekker par un militaire allemand qui travaillait pour la France en qualité de chauffeur», dénonce maître Benbraham Fatma-Zohra, avocate à la cour d’Alger. Et de poursuivre : «Le dossier est entre les mains de personnes honnêtes qui ne se laisseront jamais duper par la France. Mieux, le dossier mis sur la table du Parlement français en janvier dernier est à jour. Il est temps de passer à la vitesse supérieure et de montrer au monde entier que le service rendu à la France a été récompensé par la mort et le génocide.

    L’Etat algérien doit s’immiscer pour mieux avancer dans cette affaire.» Et d’insister sur la levée du sceau du secret-défense sur toutes les archives se rapportant aux explosions et expérimentations nucléaires françaises dans le Sahara algérien, afin qu’«elles servent de documents de référence aux chercheurs et experts en la matière, et surtout pour connaître le nombre exact d’Algériens impliqués dans le programme nucléaire de la France ainsi que la population sédentaire et nomade concernée par les conséquences sanitaires des explosions».

    Ces archives permettront également de localiser les lieux des essais, le matériel contaminé et les endroits d’entreposage des déchets radioactifs enfouis ou laissés sur place après le départ de la France, en 1967, conformément aux Accords d’Evian. Me Benbraham a appelé l’assistance, composée essentiellement d’historiens et d’étudiants, à s’organiser et à se mettre à la recherche des précieux documents et témoignages des victimes encore en vie, en plus de toute attestation servant de pièce à conviction afin d’étoffer le dossier. Benseddik Boudjemaâ, que la France exploitait pour une minable rémunération dans la construction des galeries d’explosion, était dans la salle. Il a fourni une pièce précieuse à maître Benbraham et lui a promis d’en envoyer d’autres qu’il a toujours en sa possession.

    L’association Taourirt, 52 ans après cette tragédie que la France ne veut toujours pas réparer, dresse un réquisitoire contre un crime inouï dans l’histoire de l’humanité et en appelle à l’ONU pour rétablir les victimes dans leur droit à l’indemnisation morale et matérielle. La loi promulguée en janvier 2010, dite Morin, où il est clairement fait abstraction de victimes algériennes et des dégâts importants occasionnés à l’environnement, ne répond aucunement aux aspirations des concernés, puisqu’«elle occulte un principe aussi fondamental que la présomption d’origine et limite le seuil d’exposition et le nombre de pathologies radio-induites.

    Cette loi scélérate instaure faussement la caution de la science pour masquer son objectif portant limitation des indemnisations pour des raisons purement budgétaires. Il faut retenir que les explosions nucléaires sur une population pacifique demeurent un parfait crime contre l’humanité et restera de ce fait imprescriptible donc voué à contraindre leurs auteurs à reconnaître d’abord puis à réparer les dommages constatés, car l’histoire rattrape toujours les hommes et les Etat malgré leur négationnisme», ajoute encore Mme Benbraham.

    Pour sa part, Bendaoud Abdelkader, professeur de droit à l’université d’Oran a, tout en regrettant l’absence des autorités locales à cette rencontre, plaidé pour la mise en place d’un plan d’urgence impliquant les ministères de la Justice et des Affaires religieuses et des Wakfs afin de subventionner les associations et organisations activant dans ce cadre. Comme il a préconisé d’en appeler au Comité international de la Croix-Rouge, «plus efficace» que l’ONU, avec pour but d’accélérer les procédures liées à ce dossier. La plaidoirie de M. Bendaoud portait aussi sur la nécessité «de mettre en place une bonne assise juridique dotée d’une base de données dans le cadre de la commission internationale humanitaire. Toutefois, la mise en place d’une stratégie territoriale visant à rentabiliser les méthodes de supervision est plus qu’impérative pour la sauvegarde de la mémoire et une indemnisation durable. Il est donc utile de prévoir des rencontres et coopérations de recherche sur, entre autres thématiques, Béryl, les dommages et les solutions».

    Dans son intervention, Mansouri Amar, docteur en physique à l’université d’Alger, a fait voyager l’assistance dans l’histoire du nucléaire de par le monde avant de terminer par des prises de vue aussi percutantes que choquantes, réalisées dans des sites impropres à toute forme de vie à cause de la menace radioactive, à l’exemple de Hammoudia (40 km de Reggane) polluée pour 244 000 ans, soit 10 fois la période du plutonium utilisé lors des essais d’In Ekker. Abdul Kadhum Al Aboudi, expert en nucléaire, a, quant à lui, évoqué les dernières révélations des médias français pour évaluer les risques radioactifs auxquels est exposé le Sahara algérien.

    Le conférencier – originaire d’Irak mais épris du Sahara algérien où il a réalisé plusieurs œuvres scientifiques au point d’émettre le désir d’y être inhumé – a invité les associations de victimes à se constituer en collectif national afin de parvenir à tracer une feuille de route permettant de dépoussiérer ce dossier et d’exhumer nos martyrs du cimetière de l’oubli. En conclusion, les participants ont recommandé de nettoyer et de réhabiliter les sites des essais. Ils ont mis l’accent sur le suivi médical des victimes des rayonnements ionisants via la construction par la France de structures sanitaires spécialisées à même de prendre en charge les pathologies radio-induites chez les personnes impliquées directement et leur descendance, et ce, depuis le stade de diagnostic.

    Selon une étude réalisée récemment par des experts, 21,28% des femmes de cette région sont atteintes de cancer du sein et 10,13% de cancer de la thyroïde. Pour cette raison, ils ont insisté pour la mise en place d’un système de surveillance des sites, à l’instar de ce qui s’est fait en Polynésie française, et exigé de la France la formation de spécialistes algériens en décontamination et l’indemnisation des victimes suivant «le principe du parallélisme des formes». L’introduction de cette calamité dans le programme de l’éducation nationale a été soulignée par le président de l’Association des victimes de Reggane, El Hamel Omar, qui a félicité son homologue de Taourirt pour cette première initiative et le défi relevé contre la France, le déni de l’histoire et… les autorités locales.
    Ravah Ighil El Watan, 4 mai 2014

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/pol/france/essais_nucleaires_hoggar.htm

  • Essais nucléaires français dans le Sud algérien (El Watan)

    L’AVEN s’alarme des décès causés par le cancer à Tamanrasset

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    Le bilan des décès causés par les maladies radio-induites ne cesse de s’alourdir à Tamanrasset.  Au  total 20 cancéreux, entre femmes, hommes et enfants, sont morts en juillet dernier, s’alarme Ibba Boubakeur, secrétaire général de l’Association des victimes des essais nucléaires à In Eker (Aven), Taourirt.

    «Nous avons assisté à l’enterrement d’enfants amputés de leurs membres inférieurs et de  femmes à la fleur de l’âge. Le pire, c’est qu’aucune de ces victimes ne possède un dossier médical, hormis les quelques certificats délivrés par les médecins exerçant dans la région», se plaint-il. 52 ans après cette tragédie que la France ne veut toujours pas réparer, l’Association de Taourirt dresse un réquisitoire contre un crime inouï dans l’histoire de l’humanité et en appelle à toutes les institutions et organisations internationales pour rétablir les victimes dans leur droit à l’indemnisation morale et matérielle.

    «La géopolitique de l’époque obligeait nos dirigeants négociateurs à fléchir et faire des concessions en autorisant la réalisation de ce que la France appelait  ‘‘les expériences scientifiques propres’’. Malheureusement, après toutes ces années, nous continuons à vivre les conséquences affreuses d’une tragédie commise par un pays qui prône pourtant le respect de la justice et des droits universels», souligne Touhami Abdelkrim, vice-président de l’association.

    Et de poursuivre : «L’association continuera ses démarches, même voir le diable s’il le faut pour montrer ce qui s’était réellement passé et dévoiler au monde entier l’atrocité et la monstruosité du colon français qui voulait coûte que coûte faire aboutir sa stratégie nucléaire et développer une arme de dissuasion aux dépens des milliers de vies d’innocents algériens.»  L’association  qui a dernièrement saisi tous les départements ministériels concernés, entre autres les ministères de l’Intérieur et des Collectivités locales,  de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et celui des Moudjahidine, compte prendre attache avec les AVEN d’outre-mer  afin de réunir toutes les données liées à ce lourd dossier, notamment en Polynésie et à Tchernobyl également secoués par plusieurs déflagrations nucléaires.

    «Nous allons  associer notre douleur à la leur pour réclamer ce que de droit. Une prise de conscience collective et des recommandations ont été déjà faites en collaboration avec des spécialistes très au fait du dossier.  Certes, on nous a utilisés comme des cobayes, et on ne veut aucunement être des oubliés de l’histoire. L’Etat algérien doit nous accompagner dans cette démarche, si on veut sauver des milliers de personnes de la mort.  Une solidarité entre l’Etat et l’association nous encouragera infailliblement et nous aidera à prendre en charge les victimes», ajoute notre vis-à-vis.  L’association n’a pas les moyens mais croit dur comme fer en sa cause.

    Recours au Tribunal Européen des droits de l’homme

    Dotée d’une volonté inébranlable,  elle a réussi à approcher certains professeurs et chercheurs en la matière afin d’éclairer la population de l’Ahaggar sur les dangers et les répercussions des explosions nucléaires réalisées dans la région. C’était lors d’un séminaire tenu en mai dernier à Tamanrasset, qu’une plate- forme de revendications, soumise à toutes les autorités compétentes, a été ainsi élaborée. Les principaux points recommandés axent essentiellement sur l’indemnisation des victimes, l’amendement des lois en trompe-l’œil y afférentes et la décontamination des sites des essais.

    Car la loi promulguée en janvier 2010, dite de Morin, où il est clairement fait abstraction de victimes algériennes et des dégâts importants occasionnés à l’environnement, ne répond aucunement aux aspirations des concernés, puisqu’elle occulte un principe aussi fondamental que la présomption d’origine et limite le seuil d’exposition et le nombre de pathologies radio-induites. Selon M. Abdelkrim, «cette loi scélérate instaure faussement la caution de la science pour masquer son objectif portant limitation des indemnisations pour des raisons purement budgétaires.

    Nous allons déposer une plainte contre la France auprès du Tribunal européen des droits de l’homme pour réclamer non seulement la modification de la loi Morin, mais aussi le droit de revendiquer des dédommagements pour tous les habitants du Sahara algérien». Il faut retenir que les explosions nucléaires sur une population pacifique demeurent un parfait crime contre l’humanité et restera de ce fait imprescriptible donc voué à contraindre leurs auteurs à reconnaître d’abord puis à réparer les dommages constatés, car l’histoire rattrape toujours les hommes et les Etats malgré leur négationnisme.

    Evoquant le nombre de victimes, le président de Taourirt, Alouaar Mahmoud, fait savoir que le chiffre obtenu se limite au nombre de personnes recensées par l’écrivain public de la région qui fut sollicité par les anciens travailleurs du Centre d’expérimentations militaires des oasis (CEMO) pour saisir le service français en charge de l’opération d’indemnisation des victimes de la radioactivité. «On ne peut pas avoir le nombre exact de victimes. En 2010, un recensement partiel faisant état d’un peu plus de 500 victimes a été réalisé dans les localités relevant uniquement de la commune de Tamanrasset, à savoir Inzaouen, Ifak, Toufdet, Tahifet, Indalak, Izarnen, Outoul  et Tit. Nous y avons constaté beaucoup de maladies, des avortements, des malformations et toutes les formes de cancer».

    Plus de 21% des femmes atteintes du cancer du sein

    «C’est un crime contre l’humanité», s’indigne M. Elouaar. Ce dernier a mis l’accent sur le suivi médical des victimes des rayonnements ionisants via la construction par la France de structures sanitaires spécialisées à même de prendre en charge les pathologies radio-induites chez les personnes impliquées directement et leur descendance, et ce, depuis le stade de diagnostic. Selon une étude réalisée par des experts, 21,28% des femmes de cette région sont atteintes de cancer du sein et 10,13% du cancer de la thyroïde.

    Pour cette raison, on a insisté sur la mise en place d’un système de surveillance des sites, à l’instar de ce qui s’est fait en Polynésie française, et exigé de la France la formation de spécialistes algériens en décontamination et l’indemnisation des victimes suivant «le principe du parallélisme des formes». L’introduction de cette calamité dans le programme de l’éducation nationale a été soulignée par l’association qui invite aussi les universités, particulièrement le centre universitaire de Tamanrasset et l’université africaine d’Adrar, à prendre en charge ce dossier sur le plan scientifique afin de déterminer l’impact et les conséquences de la tragédie nucléaire française au Sahara algérien.

    Taourirt en appelle également à l’ONU et invite ses membres à visiter les sites des explosions avec à la clé dresser un rapport patent sur la violation des droits de l’homme, à l’exemple de ce qui s’était passé aux îles Marshall en 2012 (site des essais nucléaires réalisés par les Etats-Unis dans les années 1950 et 1960). Tout en rejetant l’alibi des essais nucléaires scientifiques français propres, l’AVEN exige l’intervention immédiate des autorités algériennes afin d’éloigner les habitants, les autochtones ou les nomades, des sites irradiés.

    La France, quant à elle, est appelée à assainir les lieux pollués, délimiter les zones à risque, déterminer les centres d’enfouissement des déchets nucléaires et évaluer les niveaux de radiations dans les régions contaminées, Reggane, et In Eker en particulier. La réalisation des stèles à la mémoire des victimes oubliées au niveau de ces régions a été aussi recommandée par l’association qui a pris l’initiative d’inviter toutes les associations concernées pour se constituer en coordination nationale à l’effet de coopérer et de réunir la force nécessaire pour combattre le déni de l’histoire et pour que la vérité et la justice soient rendues à toutes les victimes de la catastrophe nucléaire française.

    Ravah Ighil le 30.08.14 | 10h00

    http://www.elwatan.com/actualite/l-aven-s-alarme-des-deces-causes-par-le-cancer-a-tamanrasset-30-08-2014-269632_109.php

  • Face à « la complicité passive de la France », des ONG veulent l’arrestation en France du prince de Bahreïn, soupçonné de tortures (Essf)

    http://revolutionsarabes.hautetfort.com/media/02/01/3359143553.jpeg

    Le Cheickh Nasser Ben Hamad Al-Khalifa est un bon cavalier, qui participe à ce titre aux Jeux équestres mondiaux se tenant actuellement en Normandie.

    Mais l’homme, fils du roi de Bahreïn, est aussi accusé par plusieurs organisations non gouvernemen- tales (ONG) de torture d’opposants. Le prince est soupçonné d’avoir ordonné, voire d’avoir pratiqué lui-même, des actes de torture sur des dissidents politiques lors de la révolte qui a secoué son pays en 2011, dans le sillage du printemps arabe.

    Selon Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT), la présence du fils du roi sur le territoire français est « un véritable pied de nez fait aux victimes, avec la complicité passive de la France ». « En faisant participer le prince Nasser aux Jeux équestres mondiaux, les autorités bahreïnies montrent qu’elles considèrent comme acquise l’impunité des tortionnaires, notamment au plus haut niveau du royaume », poursuit l’association dans un communiqué.

    « LA JUSTICE FRANÇAISE EST PARFAITEMENT COMPÉTENTE »

    Plusieurs ONG, dont la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), demandent l’arrestation du prince sur le sol français. « En France, il ne peut bénéficier d’aucune immunité », a expliqué jeudi 28 août sur France Info Patrick Baudouin, le président d’honneur de la FIDH.

    « Il est ici pour un séjour privé en tant que participant aux épreuves des Jeux équestres mondiaux (...). La justice française est parfaitement compétente pour le poursuivre puisqu’elle a ratifié une convention contre la torture, qui fait obligation aux autorités de poursuivre, arrêter et juger si nécessaire toute personne se trouvant sur son territoire et soupçonnée d’avoir accompli des actes de torture, quel que soit le pays où ces actes ont été accomplis, quelle que soit la nationalité de l’auteur et de la victime. »
    « Nous avons attiré l’attention des autorités politiques et judiciaires françaises pour leur demander de remplir leurs obligations et au minimum d’interpeller et d’interroger le prince sur les actes qui lui sont reprochés »
    , a poursuivi M. Baudouin.

    Jeudi après-midi, le père du prince, le roi Hamad Ben Issa Al-Khalifa, a été reçu à l’Elysée par François Hollande pour un entretien qui ne figurait pas à l’agenda officiel du chef de l’Etat. La présidence n’a pas précisé quel était l’objet de cette visite. 29 août 2014 Le Monde.fr

     

    * « Des ONG veulent l’arrestation en France du prince de Bahreïn, soupçonné de tortures ». Le Monde.fr | 29.08.2014 à 15h02 • Mis à jour le 29.08.2014 à 17h08

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article32874

  • Trêve à Gaza : une défaite politique et militaire pour l'Etat d'Israël (Npa)

    Au terme de plus de 7 semaines d'une meurtrière et destructrice campagne de bombardements et d'opérations terrestres contre la bande de Gaza, l'Etat d'Israël a été contraint d'accepter un accord de cessez le feu agrémenté de diverses mesures destinées à alléger le blocus meurtrier et illégal qui touche la petite bande côtière depuis plus de 7 ans.

    La zone de pêche est en partie étendue, les divers matériaux nécessaires à la reconstruction devraient être acheminés dans l'enclave, la question du port de l'aéroport de Gaza devrait être mise sur la table d'ici un mois, etc.

    Même si ces mesures sont loin d'être suffisantes pour permettre à la population gazaouie de mener une vie digne, et même si l'Etat d'Israël est coutumier du non respect de ses engagements et des accords signés, le NPA se félicite de cette défaite politique et militaire d'Israël, qui n'est pas parvenu à ses fins à Gaza, se heurtant à la résistance de la population et des organisations gazaouies, qui ont refusé de capituler malgré l'insupportable violence de l'agression militaire.

    La lutte pour la levée complète du blocus se poursuit, et le NPA continuera de participer aux initiatives de solidarité avec les Palestiniens et leur combat pour l'obtention de leurs droits nationaux légitimes.

    La pression sur l'Etat d'Israël doit s'accentuer pour transformer cette défaite politique et militaire en victoire pour les Palestiniens, notamment par le développement de la campagne Boycott Désinvestissement Sanctions, seule à même de faire payer le prix de sa politique criminelle à Israël.

    Montreuil, le 29 août 2014

    http://npa2009.org/communique/treve-gaza-une-defaite-politique-et-militaire-pour-letat-disrael

  • Disparitions forcées en Syrie: les fantômes de la guerre (Amnesty)

    Le militant pacifique Mohamed Bachir Arab a disparu depuis le 2 novembre 2011.

    Le militant pacifique Mohamed Bachir Arab a disparu depuis le 2 novembre 2011.© DR.

    "La stratégie des autorités syriennes concernant la dissidence est implacable : exprimez une fois votre opposition et elles vous arrêtent. Recommencez et elles vous font purement et simplement disparaître.

    Philip Luther, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International
     
    Je n’ai eu aucune véritable nouvelle de Mohamed depuis huit mois, mais je vais continuer à le chercher. C’est quelqu’un de vraiment pacifique alors je ne comprends pas pourquoi il est en prison. Il faut que les choses changent en Syrie.” Rania, une amie de Mohamed.
     

    La dernière fois que Rania (son prénom a été modifié) a parlé avec son ami Mohamed Bachir Arab, c’était le 1er novembre 2011. Médecin travaillant dur et militant politique engagé, Mohamed Bachir Arab vivait caché depuis six mois pour essayer d’échapper aux tentacules omniprésents des services de renseignement syriens, qui arrêtent régulièrement des militants pacifiques comme lui.

    Le lendemain, les pires craintes de Rania étaient devenues réalité. Les informations du soir annonçaient que son ami avait été arrêté. Aucun de ses proches ne savait où il avait été emmené.

    Mohamed Bachir Arab était une cible désignée. Il avait été chef de file des étudiants à l’université d’Alep, dans le nord-ouest de la Syrie. Au fil des ans, il avait organisé de nombreuses manifestations contre les politiques du gouvernement, ce qui lui avait valu des ennuis avec les autorités. En 2004-2005, il avait été maintenu plusieurs mois en détention avant d’être libéré.

    Mais cette fois, ses proches et ses collègues craignaient que ce soit différent. Depuis que la crise a éclaté en Syrie en mars 2011, le nombre de personnes détenues secrètement par l’État (ou victimes de disparition forcée) a atteint des proportions démesurées.

    « La stratégie des autorités syriennes concernant la dissidence est implacable : exprimez une fois votre opposition et elles vous arrêtent. Recommencez et elles vous font purement et simplement disparaître », a expliqué Philip Luther, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord au sein d’Amnesty International.

    Beaucoup des personnes assez chanceuses pour être libérées après des mois, parfois même des années, de détention portent les marques du traitement cruel auquel elles ont été soumises.

    La plupart racontent être passées par certains des centres de détention qui forment le sombre labyrinthe de mauvais traitements contrôlé par les forces de sécurité et les agences de renseignement syriennes.

    « Quand quelqu’un est secrètement arrêté et détenu, il est probable que cette personne va être torturée dans le but de lui soutirer des informations ou en guise de punition. Vu le passif révoltant de la Syrie, il existe un grand risque pour qu’un tel traitement affecte gravement la santé de la personne disparue, voire entraîne sa mort », a déclaré Philip Luther.

    Et pour leurs proches, la douleur de ne pas savoir est intolérable.

    Dès que la famille de Mohamed Bachir Arab a su qu’il avait été arrêté, elle a commencé à essayer de découvrir des indices sur l’endroit où il était détenu.

    Au départ, elle n'a rien trouvé. Mais après quelque temps, des renseignements ont commencé à filtrer. Plusieurs hommes libérés de l’un des centres de détention les plus tristement célèbres du pays l’ont avertie qu’ils l’avaient vu à divers endroits.

    Peu après son arrestation, Mohamed Bachir Arab a été aperçu dans les locaux des services de renseignement de l’armée de l’air à Alep, puis dans un hôpital de la ville. L’homme qui a fourni ces informations a indiqué que Mohamed Bachir Arab souffrait de blessures à la tête qui auraient été dues à des actes de torture ou d’autres mauvais traitements.

    Amnesty International s’est entretenue avec plusieurs personnes qui ont été maintenues dans ce centre de détention. Un homme, qui vit désormais hors de Syrie et a demandé à ce que son nom ne soit pas révélé, a confié que la vie dans le centre était si dure qu’il aurait souvent préféré être mort.

    Il a expliqué que les détenus étaient souvent roués de coups, maintenus dans des cellules surpeuplées et que le manque d’eau potable les obligeait à boire l’eau des toilettes. L’absence d’hygiène était à l’origine d’épidémies de diarrhées et d’autres maladies infectieuses, ce qui a contribué à la mort de plusieurs détenus.

    D’après d’autres détenus libérés, Mohamed Bachir Arab a été vu dans d’autres centres de détention, notamment à la branche d’al Ameerya des services de renseignement de l’armée de l’air, à Damas, et dans les locaux des renseignements des armées à Qaboun.

    Mais les informations concernant le lieu où il pourrait se trouver sont insuffisantes. En début d’année, un autre homme a indiqué avoir vu Mohamed Bachir Arab à la prison militaire de Saydnaya, où il pourrait avoir été traduit devant un tribunal militaire, mais on ignore toujours ce qu’il est advenu de lui.

    « Le fait que, près de trois ans après qu’il a été placé en détention, personne ne sache où se trouve Mohamed Bachir Arab dresse un portrait scandaleux du fonctionnement du réseau opaque de centres de détention contrôlé par les autorités syriennes. Les implacables forces de sécurité maintiennent secrètement des personnes en détention et les déplacent dans tout le pays sans même penser à l’immense angoisse dans laquelle elles plongent les familles des détenus », a déclaré Philip Luther.

    Mohamed Bachir Arab n’est que l’un des noms qui figurent sur une longue liste de militants pacifiques, d’avocats, de journalistes et de travailleurs humanitaires perçus comme opposés aux politiques des autorités syriennes et détenus secrètement par les forces de sécurité. On est toujours sans nouvelle de beaucoup d’entre eux.

    Sur cette liste figurent Ali Mahmoud Othman, journaliste citoyen arrêté à Homs en mars 2012, Juwan Abd Rahman Khaled, militant kurde arrêté à Damas en septembre 2012, Khalil Matouq, avocat spécialiste des droits humains vu pour la dernière fois à un poste de contrôle près de Damas en octobre 2012, ou encore Nasser Saber Bondek, poète et militant humanitaire emmené de son domicile de Damas en février 2014.

    Et la liste est loin d’être complète. Ce sont les fantômes de la guerre de Syrie.

    Rania, qui vit désormais hors de Syrie, compte continuer à chercher Mohamed Bachir Arab : « Je n’ai eu aucune véritable nouvelle de Mohamed depuis huit mois, mais je vais continuer à le chercher. C’est quelqu’un de vraiment pacifique alors je ne comprends pas pourquoi il est en prison. Il faut que les choses changent en Syrie. »

    http://www.amnesty.org/fr/news/disappearances-syria-ghosts-war-2014-08-29

  • En route pour l’exploitation du gaz de schiste (El Watan)

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	Manifestation à Alger du 7 juin dernier devant la Grande-Poste

    Cet automne, les autorités donneront les résultats de l’appel d’offres pour l’exploitation de 31 zones géographiques, dont une partie dans le sud-ouest du pays. Après avoir été reportée par deux fois, la date à laquelle les sociétés doivent remettre leurs propositions est désormais fixée au 30 septembre.

     

    Les premiers contrats seront signés un mois plus tard. Sur ces 31 périmètres, une quinzaine pourrait concerner les gaz de schiste. «Après la signature des contrats, l’Algérie s’engagera irréversiblement dans l’exploitation de ces gaz», explique un expert. Dans la région d’Adrar, les opposants à l’exploi- tation du gaz de schiste ont prévu de poursuivre leurs actions de sensibilisation dans les zones éloi- gnées, comme Reggane. «Nous envisageons une réunion publique à Adrar en septembre mais pas à l’extérieur, dans une salle.

    Certains citoyens nous reprochent de manifester, alors nous voulons leur montrer que notre objectif est juste de discuter de l’impact de l’exploitation de ces gaz sur notre quotidien», explique Mohad Gacemi, militant, qui aimerait parvenir à réunir les militants du Sud avec ceux du Nord dans un grand sit-in à Alger. Des experts, comme l’ancien haut-responsable de Sonatrach, Hocine Malti, dénoncent les risques écologiques et économiques de l’exploitation de ce gaz non conventionnel.

    Si plusieurs pays dans le monde ont interdit cette exploitation du fait des risques environnementaux, l’Algérie manque surtout de compétences dans l’extraction de ce gaz. Malgré les recommandations de prudence, le président Abdelaziz Bouteflika avait officiellement autorisé l’exploitation du gaz de schiste lors du Conseil des ministres du 21 mai. Selon le Département de l’Energie américain, il y aurait dans le sous-sol algérien près de 20 000 milliards de m3 de gaz, principalement dans les régions de Mouydir, Ahnet, Berkine-Ghadames, Timimoun, Reggane et Tindouf.

    Leïla Beratto le 29.08.14 | 10h00

    http://www.elwatan.com/economie/en-route-pour-l-exploitation-du-gaz-de-schiste-29-08-2014-269506_111.php

    Commentaire: Apparemment l'Algérie ne manque pas d'eau! Il en faut des quantités pour cette extraction, qui une fois polluée ira... polluer le reste!

  • « Le cessez-le-feu à Gaza est un succès considérable pour le Hamas » (Essf)

    Après cinquante jours de guerre entre le Hamas et l’armée israélienne qui auront laissé la bande de Gaza exsangue, les deux camps se sont accordés, mardi 26 août, sur un nouveau cessez-le-feu qui sera, cette fois, « illimité ». Spécialiste du Proche-Orient au Conseil européen des affaires étrangères, un centre de recherche basé à Londres, Daniel Lévy analyse les termes de cet accord.

    Camille Bordenet : L’accord de cessez-le-feu est-il plus ambitieux que ce qui avait été négocié jusqu’à présent ?

    Daniel Lévy : Cet accord ressemble plus ou moins à ceux conclus en novembre 2012 et janvier 2009, et qui n’avaient pas vraiment été respectés par la suite. Pour l’heure, nous ignorons si nous pouvons attendre plus de celui-ci. De nombreux points de dissensions entre les deux camps devront encore être abordés dans un mois dans le cadre de nouvelles négociations pour parvenir à un accord de cessez-le-feu permanent.

    L’issue de ces longs pourparlers aura donc débouché sur un accord politique, puisque rien ne pouvait être conclu sur le plan militaire. Mais aujourd’hui, plus que lors des précédents accords, les objectifs sont plus ambitieux : le Hamas exige la construction d’un port et d’un aéroport, ainsi que la levée totale du siège imposé à la bande de Gaza depuis 2006. Pour autant, je ne suis pas sûr que les résultats, eux, seront très différents.

    Pourquoi Benyamin Nétanyahou et le Hamas ont-ils accepté de signer un accord maintenant ?

    Je pense que les deux camps étaient tout simplement à bout et n’avaient plus rien à gagner à continuer. Et, de ce point de vue-là, je ne pense pas que l’on puisse attribuer cet accord à la médiation égyp- tienne. L’Egypte était plus préoccupée par ses propres objectifs, vis-à-vis du Hamas notamment, que par la mise en place d’un cessez-le-feu.

    Cet accord a pu être conclu car les deux camps avaient autant à perdre s’ils continuaient et autant à gagner s’ils arrêtaient. Bien sûr que, s’il l’avait souhaité, Nétanyahou aurait pu venir à bout militaire- ment du Hamas et anéantir totalement la bande de Gaza, mais à quel prix ? Contrairement à certains de ses ministres, il ne le souhaitait pas.

    Nétanyahou a senti qu’il était de plus en plus affaibli – en témoigne sa chute de popularité dans les récents sondages – et que le temps des compromis était venu. Venir à bout de la bande de Gaza aurait coûté beaucoup de temps et de vies et lui aurait été fatal politiquement, tant sur le plan interne qu’international. Et avec en plus la rentrée scolaire la semaine prochaine, il ne pouvait pas se le permettre.

    Le Hamas revendique la « victoire », en est-ce réellement une pour lui ?

    Je pense que quand vous perdez plus de deux mille vies humaines, c’est difficile de parler de victoire. Mais d’un point de vue stratégique, c’est vrai qu’Israël ne peut pas s’arroger la victoire. Donc oui, c’est un succès considérable pour le Hamas : qu’il ait tenu cinquante jours durant, qu’il ait réussi à démon- trer qu’Israël pouvait être vulnérable, qu’il ait mis en place une certaine forme de dissuasion malgré le déséquilibre des forces en sa défaveur...

    Habituellement, la réalité de l’asymétrie du conflit israélo-palestinien veut que les Palestiniens paient un très lourd tribut, tandis que, du côté de l’Etat hébreu, on fait en sorte que les Israéliens ne se rendent même pas compte de la situation et continuent à vivre normalement. Or cette fois, le Hamas changé la donne : pendant cinquante jours, les israéliens n’ont pas eu de répit.

    Bien sûr, le prix à payer aura été lourd sur tous les plans, mais politiquement et symboliquement, le Hamas en ressort plus fort et Nétanyahou, plus faible.

    Pensez-vous que les exigences du Hamas ont des chances d’être suivies ?

    Cela dépend des points de l’accord : je ne pense pas que la construction d’un port et d’un aéroport puisse aboutir. Par contre, ouvrir un peu plus la bande de Gaza avec la levée partielle du blocus de l’enclave en vigueur depuis 2006 me semble possible, surtout pour faire rentrer de l’aide humanitaire, des biens et des moyens de reconstruction.

    Propos recueillis par Camille Bordenet
    Journaliste au Monde

    LEVY Daniel, BORDENET Camille

     

    * Le Monde.fr | 27.08.2014 à 16h53 • Mis à jour le 27.08.2014 à 20h42.

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article32870

     

  • Retraite des Chibanis: une loi toujours pas appliquée (LO)

    En janvier 2014, relancée par des associations, Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales, a fait voter une loi permettant aux travailleurs retraités étrangers de plus de 65 ans de percevoir dans leur pays d'origine leurs prestations sociales, complétant leurs maigres retraites, sous la forme d'une allocation de réinsertion équivalant aux allocations qu'ils touchent en France :

    allocation de solidarité pour les personnes âgées, aide au logement et maintien de l'assurance-maladie. Cela concerne particulièrement les travailleurs retraités maghrébins, les Chibanis (ce qui signifie « anciens » en arabe), recrutés il y a quarante ans par le patronat pour venir travailler dans le bâtiment ou l'industrie automobile.

     

    Jusqu'à maintenant, ils sont obligés d'avoir un logement avec leur adresse principale en France (souvent la chambre de 8 mètres carrés du foyer qui les a logés à leur arrivée) et d'y résider au moins six mois par an pour bénéficier de leurs droits sociaux, acquis après des dizaines d'années de travail en France.

     

    Après l'adoption de cette loi, Marisol Touraine s'est félicitée : « Il s'agit d'une avancée essentielle pour les immigrés âgés de plus de 65 ans, dont plus de 35 000 vivent actuellement dans des foyers, certains y étant contraints en raison de portabilité des droits sociaux, et malgré des conditions de résidence souvent inadaptées aux personnes vieillissantes. »

    Et, dans ce communiqué, elle rappelait que « ce dispositif avait été adopté à l'unanimité par le Parlement en 2007, mais les décrets d'application n'ont jamais été pris ».

    C'est vrai : depuis sept ans, cette loi Borloo adoptée sous Sarkozy n'a jamais été appliquée. Mais la nouvelle loi Touraine, votée depuis huit mois, n'a toujours pas, elle non plus, ses décrets d'application publiés. Donc la loi n'est toujours pas appliquée. Et les Chibanis qui le souhaitent ne peuvent toujours pas retourner vivre leur retraite dans leur pays. Car s'ils s'absentent trop de France, ils peuvent voir leurs prestations sociales suspendues ou supprimées. Louis BASTILLE

    http://www.lutte-ouvriere-journal.org/?act=artl&num=2404&id=13

  • Israël et territoires occupés, vers la fin de l’impunité des entreprises? (AMP)

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    Les bulldozers D9 produits par Caterpillar pèsent 64 tonnes et mesurent plus de quatre mètres de haut et huit de long. A leur arrivée, Israel Military Industries Ltd, une entreprise d’Etat, leur ajoute un blindage. | © CreativeCommons / Matt Knight

    L’ONG genevoise TRIAL a soutenu une plainte pénale de Palestinien·ne·s contre la filiale suisse de Caterpillar.

    L’armée israélienne a utilisé des bulldozers du fabricant de machines de chantier pour détruire leurs habitations en 2007. La plainte ne donnera pas lieu à un procès, mais la procureure a qualifié ces destructions de crimes de guerre.

    Les entreprises devront-elles bientôt rendre des comptes lorsqu’elles exportent du matériel vers des Etats qui violent les droits humains ou commettent des crimes de guerre?

    En mars 2011, six familles palestiniennes ont déposé une plainte pénale contre la filiale suisse du fabricant de machines de chantier Caterpillar. Motif: complicité de crimes de guerre. Deux ONG, l’organisation TRIAL (Track Impunity Always – poursuivre l’impunité sans relâche), basée à Genève, et son homologue palestinien, Al-Haq (la vérité), ont soutenu la plainte contre Caterpillar Sàrl, dont le siège est à Genève. L’ONG genevoise a rédigé les plaintes et fourni un avocat.

    Lors d’un raid dans un quartier de la ville de Qalqilya en Cisjordanie en août 2007, les maisons des plaignant·e·s avaient été détruites par les Forces de défense israéliennes (IDF) au moyen de bulldozers de type D9, vendus par le biais de Caterpillar Sàrl. Le Ministère public de la Confédération (MPC) a récemment classé la plainte, au motif que les bulldozers en question ne sont pas des armes et que l’entreprise Caterpillar ne peut être tenue responsable pour l’utilisation que font les IDF de son matériel.

    Caterpillar fabrique et exporte des machines engagées sur des champs de bataille.

    Fait marquant, la procureure en charge du dossier a cependant qualifié les événements survenus en 2007 à Qalqilya de «démolitions punitives», reprenant les termes du Rapporteur spécial des Nations unies. Autrement dit des crimes de guerre. Selon elle, la destruction de ces six bâtiments n’était pas «rendue absolument nécessaire par les opérations militaires» et contrevenait donc à la quatrième Convention de Genève, qui protège les personnes civiles en temps de guerre. Une reconnaissance qui réjouit le directeur de TRIAL, Philip Grant. «Nous sommes satisfaits par ce que nous considérons comme une décision historique retenant l’existence de crimes de guerre commis par l’armée israélienne. Nous regrettons par contre l’approche ‘couteau de cuisine’ qui empêche de retenir la responsabilité de l’entreprise.»

    L’ordonnance de non-entrée en matière du MPC souligne que le Caterpillar D9 n’est pas sur la liste des biens à «double usage», c’est-à-dire à usage civil et militaire.

    Tout comme un couteau de cuisine utilisé pour un meurtre ou comme le Pilatus PC-9, cet avion «civil» qui a bombardé des rebelles tchadiens au Darfour, le bulldozer américain demeure légalement une machine de construction à usage strictement civil. Le fabricant ne peut par conséquent pas être poursuivi pour l’usage qui est fait de son produit, tant qu’il est aussi utilisé de façon légale – ce qui est le cas des Caterpillar D9.
    Jeu de dupes

    Les entreprises qui fabriquent et exportent des machines engagées sur des champs de bataille se retranchent régulièrement derrière leur ignorance de la situation dans les pays en conflit, fait remarquer Philip Grant.

    La décision du MPC, mentionnant explicitement l’implication des bulldozers D9 dans la destruction injustifiée des maisons à Qalqilya, a été transmise à Caterpillar. Pour le directeur de TRIAL, c’est un signal fort adressé à toutes les entreprises dont l’activité viole des droits humains et une grande nouveauté qui devrait les faire réfléchir: «Et si la prochaine plainte était contre nous?»

    Suffisant pour geler les exportations? Du côté du constructeur américain, la communication est verrouillée. Pas de réponse à Genève, il faut passer par un porte-parole en Belgique. «Nous produisons des machines qui servent à construire des routes et des bâtiments, déclare Erik De Leye, représentant médias pour l’Europe et le Moyen-Orient chez Caterpillar. Nous les vendons partout dans le monde, sauf où c’est expressément interdit. Nous n’exportons par exemple pas vers l’Iran ou la Corée du Nord.» La compagnie se tient donc aux embargos décidés par les Etats, mais «refuse de discriminer les clients en contrôlant comment sont utilisées les pièces d’équipement», précise Erik De Leye. Selon lui, l’écrasante majorité des engins de la marque en opération dans le monde – près de trois millions – est destinée exclusivement à un usage civil.

    La présence des bulldozers de la marque dans les médias associée aux destructions d’habitations ne pose-t-elle pas un problème d’image? «Caterpillar a du respect et de la compassion pour toutes les personnes affectées par les conflits au Proche-Orient. Nous sommes en faveur d’une solution pacifique au conflit israélo-palestinien. Nous pensons que cette solution doit être le résultat d’un processus politique et diplomatique.»
    Un pas dans le bon sens ?

    TRIAL et Al-Haq, en accord avec les victimes dont les maisons ont été détruites, ont renoncé à faire appel. «Nous espérons cependant avoir ouvert la voie. D’autres ONG devraient songer plus souvent à avoir recours au droit. Une procédure pénale ouverte, et a fortiori un procès, peuvent exercer un effet déterminant sur tout un secteur économique», indique Philip Grant. En ce qui concerne Caterpillar, la reconnaissance par un organe officiel du pouvoir judiciaire suisse de l’implication de ses bulldozers dans des crimes de guerre devrait avoir plus de poids que des rapports d’ONG, souligne le directeur de TRIAL. Selon lui, cette décision est un avertissement qui permet au moins de couper l’herbe sous le pied du «on ne savait pas».

    Précédents juridiques

    En 2010, une plainte déposée par Al-Haq contre l’entreprise Riwal aux Pays-Bas avait conduit à la perquisition des résidences de dirigeants de la firme. Selon l’accusation, l’entreprise néerlandaise participait à des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité en mettant à disposition des grues pour la construction du mur de séparation en Cisjordanie. Le procureur avait alors classé l’affaire, tout en rappelant le devoir des ressortissant·e·s et entreprises néerlandais·e·s de ne pas se mettre en infraction avec le droit international humanitaire. Riwal a dès lors dénoncé son contrat avec Israël. Dans la foulée, une autre entreprise active dans le traitement des eaux dans les Territoires occupés avait fait de même.

    Démolitions «légales»

    A l’aube du 29 août 2007, les Forces de défense israéliennes (IDF) investissent le quartier Al Naqar, dans la ville cisjordanienne de Qalqilya. Les soldats sont à la recherche de trois individus soupçonnés d’avoir participé à des actions terroristes. Dans leur fuite, ils seraient brièvement passés par la propriété d’une femme du quartier. Selon les témoignages de personnes sur place, les IDF ont fait sortir les habitant·e·s de six maisons pour les interroger, tandis que les bulldozers détruisaient les maisons et tout leur contenu. Les autorités de la ville ont estimé le montant de la destruction totale de six maisons et des dommages causés à neuf autres habitations à 260 000 dollars. Les familles qui vivaient dans ces maisons ont perdu leur toit et la plupart de leurs biens. Beaucoup d’entre elles n’ont pas les moyens de reconstruire et vivent toujours chez des proches. Les autorités israéliennes leur refusent toute forme de compensation. Selon celles-ci, les démolitions étaient légales puisque les IDF étaient à la recherche d’activistes du Hamas qui venaient d’attaquer des soldats. Par Jean-Marie Banderet

    Article paru dans le magazine AMNESTY, n°78, publié par la Section suisse d’Amnesty International, août 2014.

    Source: Amnesty International Suisse

    http://www.agencemediapalestine.fr/blog/2014/08/26/amnesty-international-suisse-israel-et-territoires-occupes-vers-la-fin-de-limpunite-des-entreprises/