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  • Syrie/Kurdistan: création en France d’un collectif de solidarité féministe avec Kobanê (Essf)

    LE COLLECTIF DE SOLIDARITÉ FÉMINISTE AVEC LES COMBATTANTES DE KOBANÊ

    Nous sommes un collectif de solidarité féministe avec Kobanê, récemment créé, pour organiser une mobilisation féministe en France, en soutien à Kobanê et pour visibiliser la dimension féministe du projet social à Rojava qui est aujourd’hui menacée.

    Nous vous convions à une conférence de presse pour annoncer le départ, le 6 novembre, d’une délégation féministe à la frontière entre la Turquie et la Syrie. Il s’agit d’apporter sur place son soutien aux groupes de femmes et aux actions qu’elles mènent dans les camps de réfugié-e-s et dans les institutions politiques locales. Et, au retour, la délégation féministe pour Kobanê rédigera un rapport sur la situation des femmes dans cette région.

    L’organisation politique de Rojava est un combat féministe :

    • présence des femmes à tous les échelons politiques et dans les unités multi-ethniques et multiconfessionnelles de défenses du peuple (YPG) comme combattantes

    • création de maison des femmes, d’assemblées populaires et d’académies pour les femmes

    • création des unités non-mixtes de défense des femmes (YPJ) pour s’organiser contre les violences masculines, et aujourd’hui pour défendre la population contre les attaques de Daesh.

    Les combattantes de Rojava sont engagées pour un projet social qui remet en cause le patriarcat et l’État-nation, qui défend l’auto-détermination des peuples et l’émancipation des femmes.

    Aujourd’hui, elles doivent se défendre contre :

    • les attaques de Daesh, dont la montée en puissance a été rendue possible par les politiques des États-Unis, de l’Europe, des Monarchies du Golfe et de la Turquie, qui ont contribué à les armer,
    • et contre les régimes répressifs de la Turquie et de la Syrie.

    Nous dénonçons :

    • le soutien du gouvernement Hollande au projet de la zone tampon défendue par la Turquie, qui est récusée par les combattant-e-s de Rojava comme une nouvelle tentative d’occupation

    • le refus de l’État français d’ouvrir les dossiers concernant l’assassinat de trois militantes Kurdes commis en plein Paris, en janvier 2013, au su et au vu des services de renseignements français

    Nous soutenons les combattant-e-s de Rojava :

    • dans leur refus d’une intervention des armées impérialistes par voies terrestre, qui, quels que soient leurs noms (« lutte contre la barbarie » ; « mission civilisatrice » ; « défense des femmes ») ne propagent que la guerre et la misère pour les peuples et les femmes, comme en Irak, en Afghanistan, en Palestine, en Centrafrique ...

    • dans leur demande de l’envoie d’armes sans condition

    CFSK 30 octobre 2014
     
  • Erdogan n’est pas bienvenu en France ! Appel à manifester (Essf)

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    Appel à manifester vendredi 31 octobre,14h,
    Paris, sortie Métro Invalides

    Non à l’ingérence turque dans la politique de la France à l’égard des Kurdes !

    Voilà plus d’un mois que les Kurdes et leurs amis manifestent partout en France et en Europe, en demandant des armes pour la résistance de Kobanê et une aide humanitaire pour les réfugiés contraints de fuir devant l’arrivée des barbares de Daesh. Au cours de toutes les manifestations, ils n’ont eu de cesse dénoncer le soutien apporté à cette organisation terroriste par les riches Etats pétroliers de la région ainsi que par la Turquie.

    Après avoir fermé les oreilles à ces demandes, François Hollande a finalement fait entendre que la France serait aux côtés des Kurdes en Syrie, comme elle l’avait été en Irak.

    Vendredi 31 octobre, le Président de la République turque, Recep Tayyip Erdogan rendra visite au Président français ainsi qu’au Ministre des affaires étrangères. L’objectif de cette visite est de faire pression sur la France afin de l’amener à infléchir sa récente position favorable aux Kurdes. La Turquie qui a pour ambition d’occuper la région du Kurdistan de Syrie et de mettre un terme au système démocratique d’autogestion mis en place dans cette région essaye par tous les moyens d’entraver la résistance de Kobanê contre Daesh et d’imposer son projet de zone tampon au nord de cette ville.

    Il est inadmissible que la France prête l’oreille à un Etat criminel qui soutient Daesh et qui a jusqu’à ces derniers jours empêché l’acheminement de l’aide humanitaire et militaire vers Kobanê dans le but d’étouffer la résistance.

    Il serait choquant que la France s’engage dans une coopération policière avec un pays dans lequel les réfugiés sont maltraités et les manifestations de solidarité avec Kobanê réprimées dans le sang. Rappelons qu’au cours des dernières semaines, au moins 30 manifestants kurdes ont été tués par les forces de l’ordre en Turquie.

    Nous protestons vivement contre la visite d’Erdogan et demandons à la France

    • de ne pas céder à la volonté turque de mettre en place une zone tampon

    • de fournir des armes aux résistants de Kobanê et une aide humanitaire urgente aux réfugiés

    • d’enterrer définitivement les accords des coopération liberticides signés avec la Turquie

    Conseil Démocratique Kurde de France (CDKF)
    16, rue d’Enghien - 75010 Paris
    Tel : 09.52.51.09.34

    30 octobre 2014
     
  • Nouveautés sur "Lutte Ouvrière"

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    Il y a 60 ans, 1er novembre 1954 : le début de la guerre d'Algérie

  • Tunisie : élections législatives et crise sociale (Lutte Ouvrière)



    Les résultats des élections législatives du 26 octobre en Tunisie semblent avoir réjoui, outre les deux partis qui arrivent en tête, Nidaa Tounes et Ennahda, quelques ministres des Affaires extérieures, en particulier Laurent Fabius.

    La population, elle, s'est nettement moins déplacée qu'au précédent scrutin du même type, en octobre 2011, destiné à élire l'Assemblée chargée de rédiger la nouvelle Constitution du pays.

    Dans ce pays de 11 millions d'habitants, 3,2 millions seulement d'entre eux sont allés voter sur 7 à 8 millions en âge de le faire, alors qu'en octobre 2011, 4,3 millions s'étaient déplacés. Pourtant, ils étaient 5,2 millions à avoir fait la démarche d'inscription sur les listes électorales, dès 2011 ou plus récemment.

    Arrivé en tête, le parti Nidaa Tounes (« l'Appel de la Tunisie ») tire apparemment profit de son absence dans la « troïka » qui a gouverné le pays depuis trois ans. Son leader, Caïd Essebsi, n'a pourtant rien d'une figure nouvelle : à 88 ans, il a été ministre de Bourguiba, puis président de la Chambre des députés sous Ben Ali, avant d'être Premier ministre d'un gouvernement de transition, après la chute de ce dernier en 2011. Son parti est un regroupement hétéroclite de notables, allant d'anciens responsables du RCD de Ben Ali à des politiciens transfuges du parti social-démocrate Ettakatol.

    Ayant décroché environ 80 sièges sur les 217 à pourvoir, Nidaa Tounes devra, pour obtenir une majorité, faire alliance soit avec le parti islamiste Ennahda, qui n'en a obtenu que 70 environ, avec deux fois moins de voix qu'en octobre 2011, soit avec le regroupement de gauche du Front populaire, qui aura beaucoup moins de députés (il obtiendrait entre 5,5 et 7 % des voix).

    Nidaa Tounes a fait campagne sur le slogan du « vote utile » contre Ennahda et a, sur cette base, bénéficié du ralliement de plusieurs autres partis. Les candidats des deux anciens partis qui avaient partagé le gouvernement avec Ennahda, le CPR de Monzef Marzouki et Ettakatol ont été largement rejetés. Cependant, même si la majorité des électeurs a sans doute voulu marquer une défiance à l'égard du parti islamiste, celui-ci garde une large assise électorale.

    On ne sait encore quelle alliance se formera pour gouverner. Nidaa Tounes et Essebsi disent pour l'instant n'en exclure aucune. Quoi qu'il en soit, les aspirations de la population pauvre ne seront pas davantage prises en compte qu'auparavant. Le chômage, la misère, l'absence d'espoir qui avaient provoqué les révoltes populaires de l'hiver 2010-2011 et avaient conduit au départ du dictateur Ben Ali sont toujours d'actualité. Les centaines de milliers de sans-emploi, les « diplômés chômeurs », les bas salaires, la corruption, les hausses des prix, la hausse des carburants, du café... continuent d'alimenter la colère. C'est le cas en particulier dans les régions « oubliées » du centre ouest, où d'ailleurs le Front populaire fait ses meilleurs scores.

    À ces problèmes, la campagne pour l'élection présidentielle qui va suivre ces élections législatives n'apportera sans doute guère plus de réponses.

    Viviane Lafont

    http://www.lutte-ouvriere-journal.org/?act=artl&num=2413&id=44

  • Meeting libertaire

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  • Immigration, école et rapports de domination (A l'Encontre)

    Abdelmalek-Sayad-290x300

    Un ouvrage posthume d’Abdelmalek Sayad [1], réalisé à partir de ses archives personnelles, rassemble un ensemble de textes inédits consacrés aux relations entre l’école et les enfants de l’immigration. Il y livre sa vision de l’école et des rapports de domination à l’égard de ce public scolaire.

    Abdelmalek Sayad, né en Algérie en 1933 et mort en France en 1998, est un sociologue spécialiste des questions d’immigration. Avant d’exercer le métier de sociologue, il était instituteur en Algérie. À son arrivée en France il fut l’un des collaborateurs de Pierre Bourdieu. Il a été directeur de recherche au CNRS ainsi qu’à l’école des Hautes Études en Sciences Sociales.

    Abdelmalek Sayad est considéré comme l’un des spécialistes les plus reconnus des questions d’immigration et de l’altérité. Ses travaux de recherche portent principalement sur la problématique de l’émigration, de l’immigration algérienne notamment dans le contexte post-colonial. Ses principaux ouvrages sont, avec Pierre Bourdieu, Le déracinement. La crise de l’agriculture traditionnelle en Algérie, Paris, Les Éditions de Minuit, 1964 ; L’immigration, ou les paradoxes de l’altérité, De Boeck, 1992 ; La double absence. Des illusions de l’émigré aux souffrances de l’immigré, Paris, Seuil, « Liber », 1999.

    C’est un travail considérable qu’ont réalisé Benoit Falaize et Smaïn Laacher de sélection et de mise en forme de cet ensemble de textes inédits d’Abdelmalek Sayad concernant l’école et les enfants de l’immigration.

    Si l’on pouvait déjà percevoir des éléments de la pensée de Sayad sur l’éducation, dans des textes comme Les enfants illégitimes (Actes de la recherche en sciences sociales n° 25, 1979), la question scolaire est ici au centre du propos. À l’heure où les thématiques des ségrégations et des discriminations scolaires sont particulièrement vives, cette contribution est sans nul doute très importante. L’ouvrage est composé de dix textes rédigés entre 1977 et 1997. Dans la préface Benoit Falaize et Smaïn Laacher rappellent leur contexte de production, depuis le moment où l’école française était tenue d’accueillir de nouveaux élèves issus du regroupement familial au début des années 1970 jusqu’à la construction progressive du problème de « l’échec scolaire » durant les décennies suivantes. Les textes d’Abdelmalek Sayad retracent la façon dont l’école a « accueilli » ces élèves de façon très problématique entre vision culturaliste, de retour au pays, et de relégation dans des dispositifs spécifiques (CLIN, Classe d’initiation pour élèves non-francophones, CLAD ; Classe d’adaptation, ELCO, Enseignements langues et cultures d’origine).

    « Cultures d’origine » et mauvaise conscience coloniale et postcoloniale

    C’est la logique de cette « politique éducative » qui est discutée par Sayad à l’occasion de ses différentes interventions auprès de professionnels ou dans le champ politique. Le centre de sa critique concerne le maintien de dispositifs visant la valorisation des « cultures d’origine », notamment les ELCO (Enseignements langues et cultures d’origine). Les ELCO consistent à proposer aux enfants de travailleurs migrants des enseignements visant à conforter la langue (supposée) maternelle, celle du pays d’origine, dans la perspective de maintien d’un lien symbolique avec la « culture d’origine » et d’anticipation d’éventuels retours au pays. Les ELCO sont dispensés par des intervenants ressortissants des pays étrangers dans le cadre d’accords diplomatiques [2]. Réalisés durant le temps de classe, ils consistent à en extraire les enfants concernés pour les diriger vers ces dispositifs. Pour Sayad, cette politique différentialiste n’est que la face immergée d’un rapport d’altérité qui traverse l’école tout entière comme en témoigne le vocabulaire officiel : « enfants étrangers » : « enfants de migrants », « pédagogie interculturelle », « respect des différences », etc. Autant de témoignages de cet « engouement culturaliste » qui a envahi l’école et dont on comprend les risques de dérives essentialisantes et folklorisantes.

    Cet « engouement culturaliste », qui trouve sa source dans une vision pseudo-généreuse du respect de la « diversité culturelle », est empreint de rapports post-coloniaux et contribue à la reproduction des rapports de domination en maintenant l’élève immigré dans une situation d’infériorité sociale. Le point d’orgue de cette ethnicisation de la question scolaire est la publication en 1985 du rapport de Jacques Berque, L’immigration à l’école de la République, à la demande du Ministre de l’Éducation nationale d’alors, Jean-Pierre Chevènement. Sayad, membre de la commission Berque, en a finalement démissionné en raison de fortes divergences, le rapport Berque symbolisant selon lui la pensée dominante sur l’école et l’immigration, qui considère les enfants de l’immigration dans un statut d’infériorité et d’altérité.

    L’obsession des catégorisations scolaires

    Pour Sayad, la contradiction originelle de l’école française est son obsession des catégorisations qui nient toute complexité. Si les enfants de l’immigration sont renvoyés à une altérité mythifiée, c’est en rapport aux élèves français, dont la définition est tout aussi floue : « un Français moyen, c’est-à-dire abstrait ». Non seulement l’école est incapable de penser en dehors du schème de l’intégration, mais s’obstine à interpréter l’échec scolaire en fonction de catégories naturalisantes en dehors de toute considération sociologique : capitaux économiques, conditions d’habitat, précarité, rapport des familles à la culture scolaire légitime, etc. La question de fond soulevée par Sayad concerne la reconnaissance de la légitimité de présence [3] des enfants de l’immigration dans l’école française. Les enfants d’immigrés payent le prix fort d’une école et d’une société française qui considèrent que le « surgissement » des enfants d’immigrés dans l’espace national constitue « un accident », une « aberration sociologique ».

    L’école française est ainsi prise en défaut « d’impréparation » à l’accueil de ces nouveaux élèves et d’incompréhension de la situation vécue par leurs parents. Si les difficultés au sein de la famille sont réelles, ce n’est pas en raison de la prégnance de modèles culturels du pays d’origine, mais précisément parce que ceux-ci sont profondément déstabilisés par la situation d’immigration. Que fait l’école par exemple de la « supériorité linguistique » des enfants par rapport à leurs parents ? De fait les enfants de l’immigration, de surcroît ceux nés en France, sont plongés dans un bain linguistique francophone et dans des styles de vie qui les éloignent de leur « culture d’origine ». Pourquoi l’école feint-elle de nier cette évidence en les renvoyant systématiquement à « leurs » origines ? Pourquoi l’État français et l’école ne se soucient-ils pas de considérations autres que culturalistes ? Sayad évoque notamment l’insécurité économique, la « dépendance totale », le sentiment de honte, et la peur qui constituent la condition d’immigré et qui pèsent sur la scolarité des enfants.

    La relégation dans des classes « infamantes »

    Ce sentiment d’infériorité et d’illégitimité est renforcé par la relégation des enfants dans des classes « infamantes ». Quant aux enseignements de « langues et cultures d’origine », ils symbolisent la hiérarchie des langues dans l’école française. L’enseignement de certaines langues à l’école ne renvoie en effet à aucune présence de ressortissants des pays concernés : anglais, allemand, russe, chinois, etc. D’autres au contraire sont liés à la présence d’immigrés et à leur intention exclusive. Le principe même de considérer ces langues comme des « langues d’immigrés » témoigne de leur statut de langues dominées. La participation d’Abdelmalek Sayad à la commission Berque est peu connue, cette expérience s’est pourtant avérée importante. Du point de vue privilégié qui fut le sien au sein de la commission, Sayad n’a pas hésité à prendre des contre-pieds. Il constate en effet que la commission considère l’immigration comme une extériorité. Le vocabulaire de la commission consacre les oppositions entre le « eux » (les immigrés) et le « nous » (la Nation). Sayad s’inquiète des propos de façade qui proposent la suppression des enseignements spécialisés pour les élèves issus de l’immigration. Il craint que cette proposition « généreuse » ne dissimule la possibilité de reconstitution d’autres formes d’« enseignement-ghetto ». Il s’inquiète notamment de l’existence de ségrégations spatiales particulièrement préoccupantes : « cités pour immigrés », « écoles pour immigrés ». Pour Sayad, « La hiérarchie des espaces commande la hiérarchie des écoles, la hiérarchie des personnels et la hiérarchie des enseignements ».

    Quelle école construire ?

    Sayad ne se limite pas à une analyse critique des contradictions de la politique scolaire à l’endroit des enfants de l’immigration, il formule un ensemble de propositions résumées par la formule suivante : « Plutôt que de confirmer les contradictions propres à la condition d’immigré, plutôt que de les redoubler ou de les renforcer en leur apportant la consécration culturelle qui est en son pouvoir, l’école se doit de dissiper pour elle-même et pour ses élèves l’illusion ou les illusions qui habitent l’immigration ». Pour Sayad l’école doit dépasser plusieurs contradictions lourdes à commencer par le rapport au temps. L’action scolaire de fait s’inscrit dans le temps long. Or les ELCO, avec leurs impensés de retour au pays, entretiennent les élèves dans une situation provisoire et précaire. L’école doit admettre et reconnaître que le retour au pays est une chimère, qu’il ne sera plus pour la grande majorité des élèves. L’école doit donc les traiter comme les autres dans un souci d’égalité. L’école doit également lutter contre le sentiment de méfiance et de défiance qu’elle suscite auprès des parents en leur accordant le temps nécessaire au dialogue.

    En lieu et place d’un enseignement de « langues et cultures d’origine » Sayad proposait un enseignement prenant en charge l’histoire de la composition historique de la population française par l’apport des différentes migrations et adressé à tous les élèves. À ce titre, Abdelmalek Sayad considérait que les enseignants devraient bénéficier non seulement d’une formation scolaire et pédagogique mais également politique. Par le biais de programmes scolaires universels adressés à tous les élèves sans aucune distinction, l’école devrait contribuer à enraciner les élèves, à leur donner une légitimité. La proposition centrale de Sayad consistait à abolir la confusion scandaleuse entre enseignement pour enfants d’immigrés et enseignement spécial, par crainte que les classes spéciales constituent le refuge de toutes les déficiences et de toutes les inadaptations scolaires (ce qui est aujourd’hui partiellement le cas).

    École et situation postcoloniale : une perspective à poursuivre

    Nous manquons aujourd’hui singulièrement d’ouvrages et de recherches concernant les relations entre l’école et la situation postcoloniale en France [4]. L’ouvrage posthume d’Abdelmalek Sayad couvre partiellement ce manque. Certes la problématique des enfants étrangers, immigrés, n’est pas totalement absente des travaux de recherche. Peu en revanche, comme ceux de Sayad, se sont à ce point attachés à analyser les catégories de pensée, à déconstruire les fausses évidences et à lutter contre certains points de vue réducteurs et stigmatisants. Sa perspective qui pourrait troubler plus d’un politique ne s’oriente pas vers la reconnaissance d’un quelconque particularisme culturel mais prioritairement vers la lutte contre toute forme d’enfermement et d’assignation identitaire.

    Certes les analyses de Sayad soulèvent des questions.

    Comment ne pas voir que son propos se situe sur une ligne de crête entre «l’indifférence aux différences», dénoncée par Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron, et la prise en compte différentialiste d’une «culture d’origine» ? En réfutant toute forme d’essentialisation Sayad ne prône pas pour autant une approche totalement indifférenciée et assimilationniste de l’ordre scolaire. Ce qu’il appelle de ses vœux c’est une reconnaissance de la légitimité des enfants de l’immigration et l’obligation de leur octroyer le droit à disposer eux-mêmes de leur avenir dans une visée émancipatrice, grâce aux outils fournis par l’école. Si l’école ne doit pas être indifférente aux différences, c’est bien à propos des conditions de vie objectives, des désavantages économiques sociaux et spatiaux qui pèsent sur leur rapport à l’école.

    Pour le reste l’école doit admettre que les enfants dont elle a la charge, sont devenus « illégitimes » aux yeux de leurs parents, en raison de leur acculturation, parce qu’ils sont « les enfants de la France », comme le soulignait déjà Sayad dans Les enfants illégitimes. Ce constat, d’autant plus juste aujourd’hui avec de nouvelles générations « d’enfants de l’immigration » nés en France, ne devrait-il pas convaincre les institutions à renoncer définitivement au vocable récurrent et pesant de la « diversité » : « politique de diversité », « candidats de la diversité », « chartes de la diversité » ?

    Article publié dans La Vie des idées, 27 octobre 2014. ISSN : 2105-3030.

    Publié par Alencontre le 28 - octobre - 2014
    Par Choukri Ben Ayed

    [1] Abdelmalek Sayad, L’école et les enfants de l’immigration. Essais critiques, Le Seuil, 2014 (textes rassemblés par Benoît Falaize et Smaïn Laacher). 249 p.

    [2] Ces enseignements perdurent encore aujourd’hui.

    [3] Cette expression est issue des travaux d’Abdeljalil Akkari, Akkari A., (2001), « Les jeunes d’origine maghrébine en France. Les limites de l’intégration par l’école », Esprit critique, vol. 03/8.

    [4] On se référera notamment à la note de synthèse de Jean Paul Payet et Agnès van Zanten publiée dans le n°117 de la Revue française de pédagogie de 1996 : L’école, les enfants de l’immigration et des minorités ethniques. Dans cette note les deux auteurs constatent la quasi-inexistence de travaux consacrés aux relations entre école et minorités ethniques.

    http://alencontre.org/europe/france/immigration-ecole-et-rapports-de-domination.html

  • Le parquet fait appel après la relaxe d’Alain Pojolat (Essf)

    FRANCE-LEBANON-PRISON-DEMO

    Non à la criminalisation de la solidarité avec la Palestine !

    Malgré un dossier vide, inconsistant, qui a conduit les juges de la 24e chambre correctionnelle de Paris à relaxer Alain Pojolat, le parquet émanation, du pouvoir politique, du ministère de la justice de Madame Taubira a décidé de faire appel.

    Rappelons les faits : Alain Pojolat est accusé d’avoir apposé sa signature pour les demandes d’autorisation en préfecture de deux manifestations finalement interdites. Il est seul mis en cause pour des décisions prises par plusieurs organisations qui ont maintenu leur appel à manifester.

    Les organisations signataires, condamnent cet acharnement judiciaire, qui au-delà d’Alain Pojolat et d’autres militants ou simples manifestants qui comparaissent des jours-ci, veut criminaliser le mouvement de solidarité avec le peuple palestinien. En refusant d’annuler la circulaire Alliot Marie, en trainant les militantes et militants devant les tribunaux, cela traduit sa volonté de vouloir faire taire toutes celles et tous ceux qui s’opposent et désavouent sa politique de complicité de fait avec le gouvernement israélien.

    Les organisations signataires apportent leur soutien à Alain Pojolat et ne renonceront pas à exprimer leur solidarité avec la lutte du peuple palestinien.

    Elles appellent à exprimer leur solidarité à Pauline, Sarah et Yoan qui comparaîtront le 29 octobre à 13h30 à Paris pour distribution de tracts d’appel à la manifestation finalement interdite le 26 juillet à Paris et Fatma, qui passera en procès le 29 après midi aussi, arrêtée lors d’un contrôle dans le métro ce même jour.

    Communiqué du collectif national pour une paix juste et durable entre palestinien et israélien. 28 octobre 2014

    Signataires :

    Agir Contre le Colonialisme Aujourd’hui (ACCA) – AFD International - Alternative Libertaire (AL) - Américains contre la guerre (AAW) - Association des Travailleurs Maghrébins de France (ATMF) - Association des Tunisiens en France (ATF) - Association France Palestine Solidarité (AFPS) - Association Nationale des Elus Communistes et Républicains (ANECR) - Association pour la Taxation des Transactions financières et pour l’Action Citoyenne (ATTAC) - Association pour les Jumelages entre les camps de réfugiés Palestiniens et les villes Françaises (AJPF) - Association Républicaine des Anciens Combattants (ARAC) - Association Universitaire pour le Respect du Droit International en Palestine (AURDIP) - Campagne Civile Internationale pour la Protection du Peuple Palestinien (CCIPPP) - Cedetim / IPAM - Collectif des Musulmans de France (CMF) - Collectif Faty Koumba - Collectif interuniversitaire pour la coopération avec les Universités Palestiniennes (CICUP) - Collectif Judéo-Arabe et Citoyen pour la Palestine (CJACP) - Collectif Paix Palestine Israël (CPPI Saint-Denis) - Comité de Vigilance pour une Paix Réelle au Proche-Orient (CVPR PO) - Comité Justice et Paix en Palestine et au Proche-Orient du 5e arrt (CJPP5) - Droit-Solidarité - Ensemble - Europe Ecologie les Verts (EELV) – Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (FTCR) - Fédération Syndicale Unitaire (FSU) – Forum Palestine Citoyenneté - Gauche Unitaire (GU) - Génération Palestine - La Courneuve-Palestine - les Femmes en noir - Ligue des Droits de l’Homme (LDH) - Ligue Internationale des Femmes pour la Paix et la Liberté, section française de la Women’s International League for Peace and Freedom (WILPF) (LIFPL) - Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples (MRAP) - Mouvement Jeunes Communistes de France (MJCF) - Mouvement Politique d’Emancipation populaire (M’PEP) - Organisation de Femmes Egalité – Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) - Parti Communiste des Ouvriers de France (PCOF) - Parti Communiste Français (PCF) - Parti de Gauche (PG) - Participation et Spiritualité Musulmanes (PSM) - Union des Travailleurs Immigrés Tunisiens (UTIT) - Union Générale des Etudiants de Palestine (GUPS-France) - Union Juive Française pour la Paix (UJFP) - Union Nationale des Etudiants de France (UNEF) - Union syndicale Solidaires.

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article33364

     

  • Après Gaza. Le Tribunal Russell sur la Palestine : un avertisseur d’incendie (Essf)

    gaza

    L’offensive israélienne contre la population civile de Gaza a incité les responsables du Tribunal Russell pour la Palestine à se réunir en session exceptionnelle les 24 et 25 septembre derniers à Bruxelles.

    Plusieurs centaines de personnes ont assisté aux 16 témoignages qui s’y sont succédés et à la conférence de presse du jury qui a présenté ses conclusions. L’exercice était éprouvant.

    Ce que nous avons pu voir et entendre dépasse de loin en horreur la représentation que les médias ont pu nous donner du massacre de cet été. Il est remarquable par exemple que Paul Mason, journaliste de la télévision britannique Channel Four venu apporter son témoignage de premier plan sur le ciblage intentionnel des écoles de Gaza a dû le faire précéder d’un avertissement : il témoignait en son nom propre, sa rédaction ne pouvant cautionner ses propos, pourtant essentiellement factuels.

    Rappelons pour commencer une donnée déjà connue et incontournable : comme le faisait déjà remarquer l’historien israélien Shlomo Sand pendant l’offensive, « le Hamas a tiré indistinctement sur des civils et n’a tué quasiment que des militaires, alors qu’Israël, qui disait vouloir frapper des combattants, a tué massivement des civils ».

    En effet, en 50 jours, l’armée israélienne a tué 2.188 Palestiniens de Gaza dont au moins 1.658 civils tandis que les groupes armés palestiniens ont de leur côté tué 66 soldats et 7 civils israéliens. Cette disproportion flagrante est en soi, pour le Tribunal Russell, constitutive de crime de guerre. Dans ses conclusions, il  écrit en effet que « les forces israéliennes ont violé deux principes cardinaux du droit international humanitaire – la nécessité d’établir une distinction claire entre les cibles civiles et militaires et la nécessité d’adapter de façon proportionnée le recours à la violence militaire par rapport aux objectifs de l’opération ».

    Pour rester dans les questions de proportion, il est indispensable de prendre conscience de l’escalade inouïe à laquelle se livre actuellement Israël. La précédente offensive contre Gaza (« Plomb durci ») avait déjà suscité une vague d’indignation de par le monde. Elle était pourtant 14 fois moins intense que celle de l’été dernier si on prend en compte le nombre de munitions lâchées sur les Gazaouis. En 2008-2009, 50 tonnes de bombes sont tombées sur ce petit territoire, tandis qu’en 2014 il s’est agi de 700 tonnes ! Cela donne à réfléchir : où s’arrêtera cette politique de destruction si Israël reste impuni ? L’offensive de cet été est en effet la plus violente depuis l’occupation de Gaza en 1967 et rien n’indique que ce soit la dernière, notamment au vu de la quasi unanimité avec laquelle l’opinion israélienne l’a approuvée.

    Directives explicites

    Certains aspects de l’offensive sont clairement constitutifs de crimes contre l’humanité. En effet l’opération « Bordure Protectrice » était essentiellement dirigée contre la population civile et ce de façon généralisée et systématique. Le Tribunal Russell a pu pointer, grâce notamment au témoignage d’Eran Efrati (ancien militaire israélien et membre de « Breaking the Silence ») trois directives internes de l’armée israélienne dont la révélation permet de mieux appréhender le caractère intentionnel de la tuerie de masse.

    1° La « doctrine Dahiya » implique l’utilisation d’une force disproportionnée visant à punir collectivement la population civile pour des actes de groupes de résistance ou de leaders politiques.

    2° La « directive Hannibal » autorise la destruction de zones entières afin d’empêcher la capture de soldats israéliens.

    3° La « politique de la ligne rouge » consiste en la création d’une « zone de mort » au-delà des limites d’une « ligne rouge » arbitraire et invisible autour de bâtiments occupés par les forces israéliennes. Très concrètement, cela signifie que tout Palestinien, quel que soit son âge et sans être nécessairement soupçonné d’appartenir à un groupe armé, qui franchit à son insu la « ligne rouge » est assassiné. Nous sommes ici très loin d’une opération « défensive » comme se plaît à le prétendre le gouvernement israélien…

    Crimes contre l’humanité

    Les crimes contre l’humanité mis en exergue par le Tribunal Russell sont au nombre de trois : le meurtre, l’extermination et la persécution.

    Meurtre. Le meurtre a été défini en droit international notamment par le Tribunal Pénal International pour l’ex-Yougoslavie comme étant « le fait de causer, de manière illicite et intentionnelle, la mort d’un être humain ». Le Tribunal Russell pour la Palestine estime qu’une « proportion significative des victimes civiles palestiniennes au cours de l’opération Bordure Protectrice est le résultat d’actes délibérés, illicites et intentionnels ».

     

    1. Extermination. Se fondant sur le Statut de la Cour Pénale Internationale, le Tribunal Russell pour la Palestine reprend à son compte la définition du crime d’extermination comme incluant « à la fois les meurtres de masse et le fait d’imposer intentionnellement des conditions de vie (telles que la privation d’accès à la nourriture, à l’eau et aux soins de santé) calculées pour entraîner la destruction d’une partie de la population ». Il note que ce crime diffère de celui de génocide notamment en ce qu’il n’implique pas nécessairement « que l’auteur ait eu l’intention de mener à terme la destruction du groupe dans son ensemble ou en partie » (c’est moi qui souligne).

    Entrent dans ce cadre les attaques ciblées contre les bâtiments et le personnel médicaux. Nous avons pu entendre le témoignage accablant du Docteur Mads Gilbert, médecin norvégien travaillant à Gaza. Hôpitaux, ambulances et personnel médical ont été sciemment visés de façon à empêcher les victimes d’accéder à des soins.

    L’affirmation officielle du gouvernement israélien selon laquelle les infrastructures hospitalières auraient abrité des terroristes n’a jamais été prouvée. Selon les témoins, la seule fois où Israël a visé des infrastructures publiques hébergeant effectivement des lanceurs de missiles était le cas de deux écoles de l’ONU… désaffectées. Les autres écoles visées par des bombardement ou des tirs abritaient exclusivement des enfants et/ou des réfugiés.

    Les destructions d’infrastructures civiles (notamment la centrale électrique de Gaza) y compris celles de l’ONU s’ajoutent à d’autres mesures comme le refus de créer un couloir humanitaire, la fermeture des passages d’Erez et de Rafah (avec la complicité du régime égyptien), tout cela a selon le Tribunal Russell pour la Palestine « contribué à l’imposition de conditions de vie calculées pour entraîner la destruction d’une partie de la population de Gaza ».

    1. Persécution. Selon le Tribunal Russell pour la Palestine, « le crime contre l’humanité de persécution implique le déni intentionnel et grave de droits fondamentaux des membres d’un groupe ou d’une collectivité. Le groupe doit être ciblé à des fins discriminatoires pour des motifs politiques, raciaux, nationaux ethniques, culturels, de genre ou religieux ». Ayant déjà étudié lors de précédentes sessions la politique générale d’Israël vis-à-vis des Palestiniens, le TRP conclut qu’elle « revêt un caractère intrinsèquement discriminatoire » que l’offensive contre Gaza n’a fait qu’intensifier. Il cite, parmi les violations de droits fondamentaux commises cet été à Gaza : le meurtre, la torture, la violence sexuelle, la violence physique non considérée comme torture, le traitement cruel et inhumain ou la soumission à des conditions inhumaines, l’humiliation et la dégradation constantes, le régime de terreur imposé à la population civile, l’arrestation et la détention illicites, l’emprisonnement ou le confinement, les restrictions à la liberté de mouvement et la confiscation ou la destruction de logements privés, de commerces, d’édifices religieux, de bâtiments culturels ou symboliques ou encore de moyens de subsistance. Chacun de ces crimes contre l’humanité a été illustré de témoignages précis.

    Vers un génocide ?

    Contrairement à ce que prétendent ses détracteurs, le Tribunal Russell n’a pas affirmé qu’un génocide a été commis à Gaza. Plus sérieusement, il veut alerter l’opinion publique sur deux processus en cours qui, s’ils se poursuivent du fait de l’impunité, pourraient conduire l’Etat d’Israël à commettre effectivement un génocide.

    Le premier de ces processus découle de tout ce qui précède en termes de crimes contre l’humanité. L’opération Bordure Protectrice qui vient s’ajouter à « l’effet cumulé du régime prolongé de peine collective à Gaza semble[nt] imposer des conditions de vie calculées pour entraîner la destruction progressive des Palestiniens en tant que groupe à Gaza ». Et le Tribunal Russell pour la Palestine de mettre « en exergue la transformation potentielle d’un régime de persécution, comme démontré (…) ci-dessus, en un régime génocidaire dans les faits ».

    Cette crainte se fonde sur l’observation d’un autre processus, idéologique celui-ci : la libération d’une parole génocidaire de la part de faiseurs d’opinions, de responsables politiques et religieux israéliens. Le journaliste israélo-canadien David Sheen a compilé pour le TRP un florilège de ces déclarations. Par exemple la députée Ayalet Shaked « qui définit ‘l’intégralité du peuple palestinien [comme] l’ennemi’, plaide pour la destruction de ‘ses personnes âgées, ses femmes, ses villes et villages, ses biens et ses infrastructures’ et déclare que les ‘mères de terroristes’ devraient être détruites ‘comme devraient l’être les maisons dans lesquelles elles ont élevé les serpents’ ». Ou encore le Rabbin Shmuel Eliahu affirmant avant Bordure Protectrice que « s’ils n’arrêtent pas après 1.000, nous devrons en tuer 10.000. S’ils n’arrêtent pas encore nous devons en tuer 100.000, 1.000.000 même ». Le Rabbin d’Hébron, Dov Lior, donne une justification « religieuse » à un possible génocide : « Dans une guerre, ceux qui sont attaqués (selon le récit israélien, ce sont les Palestiniens qui ont déclenché la guerre, DL) ont le droit de prendre des mesures pour exterminer leur ennemi ».

    L’accumulation de ces déclarations qui émanent, non plus de quelques extrémistes marginaux, mais de dignitaires influents qui enfreignent le droit international mais non le droit israélien (en Israël l’antisémitisme est interdit mais il n’existe aucune loi pour prohiber les autres formes de racisme) ont mené le Tribunal Russell sur la Palestine à conclure que « dans une situation où certains crimes contre l’humanité sont commis en toute impunité et où l’incitation directe et publique à commettre le génocide est manifeste dans la société, il est très concevable que des individus ou l’Etat puissent choisir d’exploiter ces conditions en vue de commettre le crime de génocide ».

    Cette mise en garde forte fait songer à celle, tristement prophétique, émise notamment par la Fédération Internationale des Droits de l’Homme enquêtant sur le Rwanda dans les mois et années qui ont précédé le génocide de 1994.

    Les amis de la Palestine doivent en prendre toute la mesure, avec les nuances qu’y apporte le Tribunal Russell pour la Palestine : Israël POURRAIT commettre un génocide. La LCR entend  contribuer à faire entendre cette vérité – dans le but qu’elle ne se réalise pas. En ce sens le Tribunal Russell sur la Palestine aura accompli la mission que Walter Benjamin assignait dans les années 1930 à l’historien matérialiste : être un avertisseur d’incendie.

    Ce texte est une version légèrement remaniée d’un texte à paraître dans le prochain numéro de la revue de l’UPJB, Points Critiques.

    24 octobre 2014 par Daniel Liebmann

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article33371

     

  • Syrie, contre l'Etat islamique, des combattantes kurdes kalachnikov en main (Courrier International)

    Femmes kurdes. Libération. 
    Femmes kurdes. Libération.  Dessin de Mauro Biani paru dans Il Manifesto, Rome.

     

    Bien entraînées, elles se battent avec un moral d’acier contre l’Etat islamique.

    Alors que je m’apprête à pénétrer dans le camp d’entraînement kurde réservé aux unités spéciales de femmes combattantes dans la région de Rojava (province d’Al-Djezireh [nord-est de la Syrie]), une jeune femme m’arrête à l’entrée. Elle est vêtue d’un uniforme militaire et sa tête est ceinte d’un bandeau vert à la kurde, soigneusement brodé de roses et de petites fleurs. Je me présente, puis lui demande si ce bandeau fait partie d’un uniforme militaire ou est un symbole quelconque.

    Elle sourit timidement et me répond : “Non, je le trouve simplement joli. Nos grands-mères en portaient pour compléter le costume traditionnel kurde.” Après avoir été autorisée à entrer dans la cour du bâtiment, appelé “académie”, je découvre un lieu propre comme un sou neuf. Alors que ce genre d’endroits plutôt masculin est généralement plein de restes de repas, de toutes sortes d’affaires qui traînent et du vacarme des soldats, rien n’indique ici qu’il s’agit d’un centre d’entraînement militaire. “C’est notre maison. Nous y mangeons et nous nous y entraînons, nous y étudions et nous y dormons. Pourquoi ne le garderions-nous pas soigné comme si c’était notre propre demeure ?” me demande l’une des combattantes en voyant mon étonnement.

    Leurs journées commencent par un passage en revue et des exercices sportifs, suivis par la pause du petit déjeuner. Ensuite, les femmes se divisent en petits groupes. Les unes s’entraînent au tir, d’autres vont assister à des cours de réflexion politique. J’assiste à l’un de ces cours. L’enseignante parle de l’histoire des Sumériens [peuple de la Mésopotamie du IIIe millénaire avant J.-C.], de la place que la femme occupait dans la société sumérienne et du rôle du clergé dans sa marginalisation ultérieure.

    Nous étions des déesses

    De temps à autre, elle demande si quelqu’un a un commentaire à faire ou une question à poser. Beaucoup participent au débat sur la situation de la femme contemporaine en comparaison avec celle de cette époque-là. Pendant la pause, je m’approche de l’une d’elles et lui demande son nom. Elle m’indique son surnom, Jihan Ghameshlou. Je lui demande ce qu’elle pense du cours auquel nous venons d’assister.

    Elle répond : “Vous vous demandez probablement pourquoi revenir à ce lointain passé. Nous avons appris qu’à cette époque-là la femme était tout en haut de l’échelle sociale. Nous étions des déesses.” Avant que Jihan ne s’épanche davantage, je lui demande : “Mais ta tâche consiste à protéger ton pays et à libérer ta patrie. Quel rapport [entre les Sumériens] et ce que tu auras à faire au front ?”

    Sa réponse fuse comme si elle s’attendait à cette question : “Avant de pouvoir penser à libérer quoi que ce soit, il faut que je libère mon cerveau de l’état dans lequel il est englué du fait de nos traditions et de l’enseignement [que nous avons reçu à l’école de l’ancien régime] baasiste. Il faut que je comprenne les mécanismes de l’Histoire et la situation de la femme pour savoir ce que je fais ici. Notre guerre se situe avant toute chose sur le terrain des idées. Nous combattons les idées obscurantistes et rétrogrades des membres de Daech [l’Etat islamique] avec leur barbe épaisse et leur étrange faciès, qui coupent des têtes et qui veulent nous ramener à ce que nous avons connu de pire en termes de répression et de domination sexiste, idéologique et humaine.” Je lui demande son âge. Elle répond qu’elle a entre 20 et 30 ans, sans vouloir en dire plus, et qu’elle a été étudiante jusqu’à la troisième année à la faculté de lettres d’Alep avant de se tourner vers les armes. Kalachnikov à la main, les combattantes se rendent à l’exercice de tir. Les rafales sont entrecoupées de rires, mais les femmes n’en sont pas moins disciplinées. 

    "J’ai eu des camarades qui sont mortes en martyres"

    Elles ne s’appellent pas par leur nom, mais par le mot hafal, qui signifie “camarade” en kurde. Je m’approche de l’une d’entre elles. Au début, elle se montre timide et me dit que je devrais plutôt parler à une autre, mais j’insiste. Finalement, elle accepte. “Je m’appelle Botan Berkhodan. J’ai 24 ans. J’ai participé à des combats. J’ai eu des camarades qui sont mortes en martyres. J’ai juré que je les vengerais. Nous n’aimons pas la vengeance mais, quand je me rappelle leurs yeux, je sens une lourde responsabilité sur mes épaules.”

    Selon elle, ses amies rêvaient “avant toute chose de la liberté de la femme, pas seulement de la femme kurde, mais des femmes de partout”. Et elle me raconte un des affrontements avec Daech : “Nous étions en train de nous approcher d’eux à quelques mètres. Nous entendions leur voix. Ils étaient très en colère quand ils ont compris qu’ils se trouvaient face à des femmes. Ils disaient à leurs camarades, par talkie-walkie : ‘Venez, il y a des garces !’ Pour eux, nous sommes des garces. Mais on leur a appris de quel bois on se chauffe. Parfois ils nous fuient, effrayés, sans s’occuper des morts et en abandonnant leurs blessés. — C’est vrai qu’il y aurait une fatwa disant que celui qui se fait tuer par une femme n’entre pas au paradis ? — De toute façon, ils n’iront pas au paradis. C’est ailleurs que nous les expédions. Mais c’est vrai que cette fatwa existe. D’après ce que disent nos prisonniers, ils pensent vraiment que celui qui se fait tuer par une femme n’aura droit ni au paradis ni aux houris.”

    Chasseresse

    Je laisse Berkhodan pour trouver Sama. Elle est mince, élancée, brune, et ses traits pourraient donner à penser qu’elle est arabe et non kurde. En souriant, elle me confirme qu’elle est effectivement arabe. Elle a néanmoins rejoint cette unité militaire qui “ne se préoccupe pas de l’appartenance ethnique ou confessionnelle, mais de l’être humain”. Ses parents s’y sont opposés dans un premier temps, mais elle leur a expliqué qu’“une fille ne vaut pas moins qu’un garçon”. Et, depuis son engagement, elle pense avoir contribué à “changer le regard dépréciatif que la société, surtout la société arabe, porte sur les femmes”. Ensuite, on me présente une jeune femme de 26 ans, surnommée “la chasseresse de Daech”.

    Elle m’explique la raison de ce surnom : “J’ai capturé plusieurs fois des guerriers de Daech. La dernière fois, quand j’ai amené le prisonnier à notre camp, il m’a demandé un verre d’eau. Je le lui ai donné et j’ai vu qu’il le posait devant lui pour ensuite y plonger une clé qu’il portait à une chaîne autour du cou. C’était une grosse clé comme on en a dans les maisons à la campagne. Il l’a plongée trois fois dans l’eau avant de boire. Il pensait qu’en agissant de la sorte il devenait invisible. C’est tragique de se battre contre des assaillants aussi idiots.”

    Et elle ajoute : “Lorsque j’en faisais mes prisonniers, tout le long du trajet vers notre camp ces djihadistes regardaient par terre. Je ne sais pas si c’est parce qu’ils se sentaient humiliés du fait d’être les prisonniers d’une femme ou si c’est par pudeur religieuse. Dans les deux cas, c’est ridicule. Qu’est-ce qu’ils sont ridicules, ces hommes !”

    Taha Khalil

    Publié le 12 octobre 2014 dans Al-Mustaqbal (extraits) Beyrouth

    Al-Mustaqbal Taha Khalil 28 octobre 2014

    http://www.courrierinternational.com/article/2014/10/28/contre-l-etat-islamique-des-combattantes-kurdes-kalachnikov-en-main?page=all

     

  • Urgence Palestine: Sauvez l’école de Samra!

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    Ce 21 octobre 2014 à 9 h, des jeeps militaires ont attaqué le village de Samra et donné un ordre de démolition contre l’école de ce village.

    Cette école a été construite par les volontaires de l’association Jordan Valley Solidarity pour soutenir le droit à l’éducation des enfants du village de Samra et de quatre autres villages de la région ( Mak’hol, Al hadiyah, Homsa, Eain al Helwi).

    Samra est situé au nord de la Vallée du Jourdain, entouré par quatre colonies (Roa’, Bakq’ot, Maskyoot, Hamadat) et trois bases militaires. Situé en zone C, le village a été détruit à plusieurs reprises par l’armée israélienne.
    Le village n’a ni électricité ni conduit d’eau et la population est obligée d’acheter l’eau à un prix très élevé.

    Jusqu’à aujourd’hui, nous n’avons eu aucun soutien de l’autorité palestinienne pour engager du personnel enseignant. Nous avons alors décidé d’en faire une école populaire afin d’encourager les talents de nos étudiants et leur enseigner le théâtre.

    Nous avons besoin de vous pour soutenir les villageois de Samra et ceux des quatre autres villages qui profiteront de cette école.

    L’association Jordan Valley Solidarity projette de présenter ce cas en justice et d’utiliser l’ensemble des moyens légaux pour sauver cette école. Israël bafoue le droit international et ignore le droit à l’éducation des palestiniens.

    S’il vous plaît, écrivez aux ambassadeurs israéliens de vos pays pour exiger l’annulation de l’ordre de démolition et apporter votre soutien aux populations de la vallée du Jourdain.
    Ecrivez à vos représentants politiques pour les informer de la situation de cette région.

    Message rédigé par des membres de Jordan Valley Solidarity et traduit par des volontaires

    Voir l’article sur http://nonviolence.fr/spip.php?article912

    En complément d’information : cette école a été construite avec l’aide de l’AFPS d’Alberville.

    Le MAN est en partenariat avec JVS en particulier sur Fasayel et sur Al Jiflit où nous avons rencontré les municipalités lors de notre mission avec des élus de Rhône-Alpes la semaine du 13 au 19 octobre.
    Nous avons eu l’occasion de voir les maisons déjà démolies à Fasayel.

    Serge PERRIN
    MAN Lyon

    Pour écrire :

    Ambassade d’Israël en France
    3 rue Rabelais
    75008 PARIS
    Tél: +33 1 40.76.55.00
    Email : consul-sec@paris.mfa.gov.il

    Ministre des Affaires Étrangères
    37 quai d’Orsay
    75351 PARIS
    Tél. (33) (0)1 43 17 53 53

    Signez la pétition en ligne

    http://www.change.org/p/bejamin-netanyahu-stop-the-demolition-of-samra-school

    Message de soutien à Jordan Valley

    http://jordanvalleysolidarity.org/index.php/fr/nous-contacter

    http://www.agencemediapalestine.fr/blog/2014/10/28/urgence-palestine-sauvez-lecole-de-samra/