Kobané, la ville kurde du nord de la Syrie, résiste depuis plus d’un mois à l’offensive sauvage du groupe réactionnaire de l’EI (État islamique).
D’une position défensive, les combattantEs des YPG (Unités de protection du peuple) et quelques bataillons de l’ASL (Armée syrienne libre) sont passés à l’offensive, chassant les troupes de l’EI de quelques quartiers de la ville tombés aux mains de ces derniers lors des combats de la semaine passée.
Les YPG, ainsi que l’administration américaine, ont annoncé le largage d’armes et munitions sur Kobané le lundi 20 octobre.
Ville symbole de la résistance
Kobané, une petite ville kurde sans réelle importance stratégique, devient un symbole de résistance face à la barbarie des troupes de l’EI. Mais elle est avant tout la première ville à ne pas céder à l’offensive et la terreur des djihadistes, et à être défendue par les masses.
La résistance de Kobané révèle les capacités des masses armées et organisées à défendre leur liberté et leur dignité. Elle remet à l’ordre du jour le programme de la révolution populaire originelle : contre le régime dictatorial et les forces réactionnaires de la contre-révolution.
La déclaration du commandement général des YPG de ce dimanche 19 octobre, vient confirmer ce tournant : « Kobané constitue un tournant historique, son issue va dessiner l’avenir de la Syrie et la lutte démocratique pour la liberté et la paix. […] Cette résistance des YPG et des bataillons de l’ASL est suffisante pour vaincre EI/Daesh […] et la construction d’une Syrie démocratique et libre était la base de nos accords avec l’ASL. Nous croyons que la victoire de la révolution est liée au développement de ces relations entre les factions et les forces vives dans la patrie ».
Le sort des peuples kurdes et syrien est lié
C’est la première reconnaissance par les YPG, de façon aussi claire, de la lutte commune avec les factions démocratiques de l’ASL, dont l’importance n’est pas négligeable dans la résistance populaire armée. En effet, l’expérience a aussi révélé que la libération du peuple kurde est intiment liée à celle du peuple syrien de la dictature, de la contre-révolution réactionnaire et de l’hégémonie impérialiste.
L’impérialisme étatsunien et ses alliés n’ont fourni aux factions démocratiques que peu d’armes, juste assez pour ne pas se faire complètement écraser par le régime... Toute leur demande d’armement anti-chars et anti-aérien sont quasiment restées lettre mortes. En revanche, ces mêmes pays souhaitent créer une nouvelle armée de 5 000 hommes réellement assujettie à leurs ordres, pour mieux négocier leur influence, quand viendra le temps d’une « transition négociée » avec le régime d’Assad.
Le processus révolutionnaire continue
Depuis plus de trois semaines, les regards sont tournés vers Kobané, mais le régime syrien poursuit encore plus sauvagement sa guerre contre la population et les combattants de l’ASL dans les zones révoltées. Ainsi, le siège total d’Alep est presque achevé. Assad a réalisé des avancées importantes dans la campagne de Damas (Al Ghouta) et bombarde de façon meurtrière le quartier d’Al Wa’ar à Homs depuis deux semaines, y compris avec des missiles sol-sol, cela dans le silence complet des médias...
Dans ces conditions terribles, les masses syriennes poursuivent la lutte pour leur émancipation. La manifestation de ce vendredi 17 octobre, en particulier à Alep, a arboré le slogan : « Notre révolution est une révolution populaire ». À la base, les coordinations révolutionnaires avancent dans leurs discussions autour d’un programme démocratique et non confessionnel, vers une unification et une centralisation de leurs activités dans toute la Syrie.
Une nouvelle recomposition des forces politiques et sociales est en cours dans le processus révolutionnaire. L’unité des luttes des forces démocratiques et progressistes est vitale pour la victoire de la révolution populaire.
Ghayath Naisse
Mercredi 22 Octobre 2014