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Gaza, France : les 18 et 22 octobre, pour le peuple palestinien, contre la criminalisation de la solidarité (Npa)
Malgré le cessez-le feu, la situation du peuple palestinien est loin d’être réglé : le blocus contre Gaza est toujours maintenu tout comme la colonisation en Cisjordanie. En France, le gouvernement maintient lui aussi le cap, ne surtout pas s’opposer à la politique de l’État d’Israël et criminaliser le mouvement de solidarité. Les raisons de se mobiliser ces prochains jours sont donc plus que jamais d’actualité.
L’offensive terrestre contre Gaza s’est arrêtée le 26 août dernier mais cela ne veut pas dire que le conflit soit terminé. Défaits politiquement, et n’ayant pu venir à bout de la résistance, l’armée et le gouvernement israéliens entendent faire payer leur échec à tout un peuple. Les négociations engagées à l’issue du cessez-le-feu sont dans l’impasse, et rien ne laisse présager une quelconque « ouverture » de la part du gouvernement d’extrême droite.
Avec ou sans opération militaire, Israël reste un État criminel. Qu’il y ait offensive militaire ou pas, Israël prive en permanence les habitantEs de Gaza et de Cisjordanie de leurs droits les plus élémentaires. Pour les uns, c’est un blocus complet de leur territoire, offensives militaires régulières, privation de certaines ressources, tandis que pour les autres, c’est une occupation grandissante, le contrôle des ressources en eau, la construction d’un mur d’apartheid et de colonisation et des arrestations arbitraires.
La fin du blocus contre les gazaouis, l’amélioration de la vie des Palestiniens et la reconnaissance de leurs droits ne sont pas à l’ordre du jour de l’État d’Israël qui continue sa politique coloniale et d’apartheid, avec l’aval des grandes puissances occidentales dont la France.
Relancer la mobilisation
La mobilisation pour le peuple palestinien doit donc reprendre des couleurs dans les semaines qui viennent. C’est dans cette perspective que plusieurs organisations et associations dont l’Association France Palestine solidarité (AFPS) ont repris l’idée de BDS Perpignan de remobiliser le mouvement de solidarité pour exiger la levée du blocus de Gaza, la mise en place d’un embargo sur les livraisons d’armes, la suspension de l’accord d’association avec Israël, et la reconnaissance de l’État palestinien.
Après des mobilisations en régions les 9-10-11 octobre, une nouvelle journée de mobilisation, « Convergence Palestine », a lieu ce samedi 18 octobre à Paris. De 14 heures à 18 heures, place de la République, aura lieu un grand rassemblement avec prises de parole, concert et animation. Cela doit être une réussite car, quelles que soient les nuances dans les revendications portées par les différentes composantes du soutien à la Palestine, cette échéance nous paraît importante.
La solidarité : un droit, pas un délit
Après avoir tenté de diaboliser cet été le mouvement de solidarité, le gouvernement a voulu le museler en interdisant certaines manifestations. Cela constitue une atteinte grave aux droits élémentaires et aux libertés fondamentales. Le gouvernement veut criminaliser la légitime expression d’une solidarité avec le sort du peuple palestinien, et ne recule devant rien pour stigmatiser et empêcher cette solidarité. Les militantEs de la campagne BDS sont régulièrement poursuivis, tout comme un certain nombre de militantEs ayant participé aux manifestations interdites, convoqués au tribunal le 29 octobre prochain, ainsi que notre camarade Alain Pojolat convoqué lui le mercredi 22 octobre pour avoir déclaré à la préfecture ces manifestations... interdites par la suite !
Face à cette tentative d’intimidation et de criminalisation du mouvement de solidarité, le site Mediapart a publié un appel de 200 personnalités [1] – syndicalistes, politiques, mouvement social, intellectuels et artistes – qui exigent l’arrêt des poursuites engagées contre ces militants et réaffirment que la solidarité est un droit, pas un délit ! Cet appel est devenu une pétition à faire signer largement [2].
À l’initiative de l’AFPS, du PG, de Solidaires, de l’UD CGT 75 et du NPA, un rassemblement unitaire pour dénoncer cette criminalisation a lieu à Paris devant le Palais de justice, le mercredi 22 octobre à partir de 8 h 30, au moment où Alain Pojolat est convoqué au tribunal. Soyons-y nombreux et nombreuses !
Le combat continue.
Sandra Demarcq 16 octobre 2014
Notes[1] Disponible sur ESSF (article 33266), Appel pour l’abandon des poursuites contre Alain Pojolat et les militants incriminés pour les manifestations de soutien à Gaza.
[2] http ://www.petitions24.net/solidari...
* Paru dans l’Notre presse : Hebdo L’Anticapitaliste - 260 (16/10/2014). http://www.npa2009.org/
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Après un mois de combats, les Kurdes résistent toujours à Kobané (Libération)
Les combattants kurdes, aidés par les frappes de la coalition, résistent toujours, un mois après le début de l’offensive du groupe Etat islamique sur la ville syrienne de Kobané, laissant entrevoir une guerre d’usure.
Le sort Kobané, troisième localité kurde de Syrie frontalière de la Turquie devenue dans le monde entier le symbole de la lutte contre l’EI, reste totalement incertain après 30 jours de combats acharnés.
Les jihadistes contrôlent toujours «au moins 50% de la ville» selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), «mais les Kurdes, avec leur résistance farouche et l’aide des frappes de la coalition, arrivent à freiner leur avancée et entraver leurs mouvements depuis 48 heures».
«Ils tentent d’entraîner l’EI dans une guerre d’usure en menant des attaques ou en tentant de les assiéger dans le QG qu’ils ont pris vendredi dernier», a ajouté le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane, précisant qu’une frappe américaine avait visé l’un des bâtiments et que les combats continuaient.
De telles affirmations sont toutefois impossibles à vérifier en l’absence d’observateurs indépendants et de journalistes à Kobané, et l’EI ne communique pas sur l’évolution de ses opérations.
Jeudi, les jihadistes ont notamment lancé une attaque aux environs du poste-frontière turc de Mursitpinar, espérant couper tout passage entre Kobané et la Turquie, a constaté un journaliste de l’AFP à la frontière.
Au total, 16 obus ont été tirés par les jihadistes dans la journée, selon l’OSDH.
Rencontre américano-kurde
En un mois, «la bataille de Kobané» a fait 662 morts, selon un décompte de l’OSDH n’incluant pas les victimes des frappes aériennes. L’EI a perdu 374 combattants, les Kurdes 268, tandis que vingt civils ont été tués.
Si l’on ignore combien d’habitants sont encore dans Kobané, plus de 300.000 personnes ont fui la région depuis le lancement le 16 septembre de l’offensive du groupe extrémiste sunnite EI, qui a proclamé un «califat» sur les vastes régions qu’il contrôle à cheval sur la Syrie et l’Irak.
L’instabilité de la situation a été soulignée par le Pentagone, dont le porte-parole a déclaré que «Kobané pourrait encore tomber».
Pour aider les Kurdes, Washington, à la tête d’une coalition en Syrie et en Irak, a effectué depuis fin septembre plus de 100 raids aériens sur des cibles autour de la ville.
En outre, le département d’Etat a indiqué jeudi que des responsables américains avaient rencontré des Kurdes du Parti de l’union démocratique (PYD), précisant que cette rencontre avait eu lieu «en dehors de la région» et que Washington n’en était «pas encore» au stade d’envisager d’armer et de former les milices kurdes.
Selon un responsable américain, cette entrevue se serait déroulée à Paris.
Par ailleurs, à l’est de Kobané, au moins 20 jihadistes de l’EI, en majorité des combattants étrangers, ont été tués dans une attaque des forces kurdes à 30 km à l’ouest de Ras al-Aïn, dans la province de Hassaka, selon l’OSDH.
«Les Kurdes ont ramené leurs corps et les ont exhibés en voiture dans les rues de Ras al-Aïn», ville contrôlée par les Kurdes à la frontière turque, selon l’ONG.
Pas de menace imminente contre Bagdad
En Irak voisin, les Etats-Unis, qui ont reconnu mercredi être inquiets de l’évolution de la situation, notamment dans la province majoritairement sunnite d’Al-Anbar (ouest), se sont montrés plus rassurants quant au sort de la capitale.
«Nous pensons à l’heure actuelle que Bagdad est à l’abri d’une menace imminente», a déclaré le porte-parole du ministère américain de la Défense, le contre-amiral John Kirby.
«Il n’y a pas de rassemblement massif des forces de l’EI à l’extérieur (de la capitale irakienne) prêtes à y entrer», a-t-il assuré.
Cependant, au moins 26 personnes sont mortes jeudi dans divers attentats dans et autour de Bagdad, dont plusieurs à la voiture piégée, selon des sources médicales et policières. L’un d’entre eux, contre un quartier chiite de Bagdad, a été revendiqué par l’EI.
Pour muscler son dispositif au sein de la coalition anti-jihadiste en Irak, Londres a décidé de redéployer des drones engagés jusque-là en Afghanistan.
Moscou a réaffirmé pour sa part son refus de participer à une «coalition formée sans l’aval du Conseil de sécurité» et souligné qu’aucun accord de partage de renseignements sur les jihadistes avec les Etats-Unis n’avait été conclu.
16 octobre 2014 à 09:58 (Mis à jour : 16 octobre 2014 à 22:01) -
Qui bénéficie des milliards promis pour la reconstruction de Gaza? (Agence Media Palestine)
Une conférence de donateurs qui s’est tenue au Caire dimanche dernier pour la recons- truction de Gaza dévastée par la guerre a affiché un engagement total de 5,4 milliards de dollars de la part de différents gouvernements occidentaux et arabes.
En réalité, Israël est le véritable bénéficiaire de cette aide monétaire. La communauté internationale, ainsi qu’elle se proclame, a une fois de plus payé la facture de la reconstruction de même qu’elle arme Israël et l’assure de l’impunité qui ne fait que récompenser son assaut sur Gaza et garantit essentiellement sa répétition.
« C’est la troisième fois en moins de six ans, qu’avec les habitants de Gaza, nous avons été contraints de faire face à un effort de reconstruction » a déclaré un John Kerry exaspéré à la conférence. C’est comme si, pour le secrétaire d’État américain, le bain de sang de cet été était tout sauf inévitable, vu tout l’armement prodigué à Israël ajouté à l’aide financière et à la couverture diplomatique déployées depuis les assauts d’envergure de novembre 2012 et de l’hiver 2008-2009.
Les participants à la conférence des donateurs ne font que l’effort minimum leur permettant de prétendre qu’ils donnent la priorité aux survivants de Gaza, alors que plus d’un sur mille des 1 800 000 Palestiniens de Gaza, dont la plupart sont réfugiés, a été tué.
L’Autorité palestinienne, basée dans la ville de Ramallah en Cisjordanie occupée, a déjà annoncé que la moitié des engagements financiers de la conférence de dimanche ne parviendra même pas à Gaza.
Les engagements pour Gaza détournés à RamallahAu contraire, ces fonds seront détournés vers le budget de l’Autorité palestinienne sur des postes non spécifiés. Bien que l’AP n’ait pas dit comment elle va utiliser les fonds levés à la conférence pour la reconstruction de Gaza qu’elle s’est réservés, « le secteur de la sécurité s’est développé plus vite que n’importe quel autre domaine de l’Autorité palestinienne », au cours de la dernière décennie, ainsi que l’ont noté Sabrien Amrov et Alaa Tartir dans un document de politique générale publié par le think tank palestinien Al-Shabaka.
L’année dernière, 26% du budget de l’AP ont été consacrés à la sécurité (en comparaison des 16% pour l’éducation, 9% pour la santé et un minuscule 1% pour l’agriculture qui est historiquement la colonne vertébrale de l’économie palestinienne). 44% des fonctionnaires de l’AP sont employés dans le secteur de la sécurité – plus que dans tout autre, ont souligné Amrov et Tartir.
L’Autorité palestinienne – qui a déjà bloqué les efforts pour porter les crimes de guerre de Gaza cet été devant la Cour pénale internationale – est dirigée par Mahmoud Abbas, qui a récemment décrit la collaboration avec les forces d’occupation israéliennes en Cisjordanie comme « sacrée ».
L’AP se saisit de l’opportunité
Plus de quarante Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes en Cisjordanie occupée depuis le début de l’année ; quatorze ont été tués pendant la même période en 2013. « La coordination de la sécurité » est de toute évidence concernée par la préservation des vies palestiniennes.
Ainsi que l’ont souligné Amrov et Tartir, « la résistance armée naguère considérée comme inséparable de la lutte palestinienne pour l’auto-détermination, est traitée par l’AP comme une forme dissidente qui relève non simplement du contrôle mais de l’éradication et de la criminalisation.
Le paradigme actuel de la coordination de la sécurité, disent Amrov et Tartir, « est de criminaliser la résistance contre l’occupation et de laisser Israël – et ses laquais – être seuls détenteurs de l’usage des armes contre une population sans défense.
Étant donné que l’Autorité palestinienne qui fonctionne comme la branche policière de l’occupation israélienne, se positionne elle-même comme l’opérateur de la reconstruction de Gaza, cette position sera certainement utilisée comme une opportunité par ceux qui veulent démanteler la résistance armée (qui a défendu Gaza et a fait preuve d’une plus grande discipline et d’une meilleure capacité tactique que dans toutes les confrontations antérieures avec Israël).
Bien que l’AP ait joué des coudes pour mettre le leadership du Hamas sur la touche à Gaza, toute tentative de reconstruction est soumise au final au pouvoir d’Israël.
(il vaut la peine de noter que l’Organisation de Libération de la Palestine a déclaré à l’Agence de presse Ma’an News dimanche qu’aucune date n’a encore été fixée pour démarre des projets de reconstruction à Gaza).
Rappelant aux observateurs qui est effectivement en position de responsabilité, des ministres de l’AP basés en Cisjordanie, dont le Premier ministre Rami Hamdallah se sont vu refuser par Israël des permis d’aller à Gaza où Israël impose une fermeture et un blocus économique, renforcés par la conférence des donateurs tenue en Égypte.
« Plus de 50 ans pour reconstruire »
l’Agence d’aide internationale Oxfam a mis en garde la semaine dernière sur le fait que l’argent promis à la conférence mondiale des donateurs « va croupir sur des comptes bancaires pendant des décennies avant qu’il n’atteigne les gens, sauf à ce que les restrictions sur les importations imposées depuis longtemps par Israël ne soient levées ».
L’importation de matériaux de base pour la construction à Gaza ayant été interdite à quelques exceptions près depuis 2007 et les tunnels d’approvisionnement sous la frontière avec l’Égypte massivement détruits, les Palestiniens sont dans l’incapacité de reconstruire.
Oxfam a précisé que « dans le cadre des restrictions et du rythme des importations actuels, il pourrait falloir plus de 50 ans pour construire 89 000 nouvelles maisons, 226 nouvelles écoles, de même que des équipements de santé, des usines, de l’assainissement dont les habitants de Gaza ont besoin.
Quel que soit le montant levé auprès des donateurs internationaux pour la reconstruction, Israël détermine ce qui entre à Gaza et ce qui en sort.
L’Agence des Nations Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires note dans un récent rapport de suivi que des cargaisons de matériaux de construction apportés à Gaza le mois dernier étaient « destinées à des projets pré-approuvés par les autorités israéliennes et dont la mise en œuvre était confiée à des organisations internationales à Gaza ».
La main mise d’Israël sur l’économie de Gaza s’applique aussi aux exportations – les premiers camions transportant des biens à l’exportation depuis juin sont les deux seuls qui ont été autorisés le mois dernier à traverser la zone de contrôle commercial exercé par Israël.
Responsabilité ou complicité
Le BNC, le Comité Palestinien pour le Boycott, le Désinvestissement et les Sanctions, condamne le manque de pression significative sur Israël pour l’arrêt du blocus qui a mis à genoux l’économie de Gaza avant même les destructions perpétrées à Gaza cet été – au cours desquelles 419 locaux professionnels et magasins ont été endommagés et 128 complètement détruits.
Le BNC a déclaré dimanche que « les promesses des donateurs financiers n’exonèrent pas Israël de sa responsabilité dans les graves violations du droit international dont il s’est rendu coupable, dont des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, pas plus qu’elles ne rendent justice aux victimes palestiniennes.
La déclaration ajoute que « le blocus israélien et les assauts militaires répétés contre la bande de Gaza occupée font partie des efforts systématiques d’Israël pour séparer de façon permanente la petite bande de Gaza de la Cisjordanie et pour « se débarrasser » de sa population palestinienne nombreuse, composée principalement de réfugiés de la Nakba de 1948, dont les droits et les revendications sont restés sans réponse en Israël.
Le BNC critique les agences internationales y compris celles des Nations Unies et le Comité International de la Croix Rouge pour avoir agi dans le cadre de la politique israélienne de séparation et de punition collective.
S’ils n’adoptent pas un embargo militaire global et contraignant sur Israël, les États donateurs, les agences internationales et les organisations non gouvernementales se rendent complices d’une politique injuste et illégale de punition collective ; c’est ce que le BNC exprime clairement. Et il n’y a pas de mécanisme de redevabilité envers le public palestinien.
Abandonner Gaza
Face à cette réalité, il est tragique mais non surprenant que de jeunes Palestiniens de Gaza, confrontés à un taux de chômage de 60%, aient perdu espoir et mettent leur vie entre les mains de passeurs dans une tentative pour se rendre en Europe et avoir un avenir.
« Cela ne s’est jamais encore produit… même aux pires moments, les gens n’ont jamais considéré la possibilité d’abandonner la bande de Gaza », a dit Sarah Roy, qui a étudié l’économie de Gaza pendant trente ans, lors d’un interview fait par Bettina Marx pour Deutsche Welle.
« La classe moyenne a été réduite à néant » a dit Roy.
Même le naufrage intentionnel d’un bateau transportant environ 500 passagers dont beaucoup de Palestiniens de Gaza qui sont donnés pour noyés pour la plupart, au large des côtes de Malte le mois dernier, n’a pas endigué la migration de masse de la bande de Gaza via les tunnels clandestins.
En août 2012 les Nations Unies ont publié un rapport sur la question de savoir si Gaza serait un lieu vivable en 2020. Mais dès aujourd’hui, Gaza est invivable.
15 October 2014 Par Maureen Clare Murphy, mardi 14/10/2014
Traduction SF pour l’Agence Media Palestine
Source: Electronic Intifada
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Solidarité avec les femmes kurdes en lutte! (Morlaix Anticapitaliste)
Déclaration de la Marche Mondiale des Femmes d’Europe
10-11-12 octobre à San Sébastian - Pays Basque
Solidarité avec les femmes kurdes en lutte !
Nous, 60 femmes de 18 pays d’Europe réunies à Donastia au Pays Basque à l’occasion de la Coordination européenne de la Marche Mondiale des Femmes, nous saluons la résistance des femmes kurdes de Kobane (Rojava), à la frontière de la Turquie et de la Syrie, où se développent entre Kurdes, Syriens, Arméniens, Yesidis, Arabes et Chechens des alternatives concrètes au système capitaliste, colonial et patriarcal dans une coexistence pacifique entre plusieurs religions et dans le respect d’un partage démocratique du leadership à tous les niveaux. Ce modèle alternatif est défendu par la résistance courageuse du YPG (Unités de Protection du Peuple) et YPJ (composé par les femmes).
Nous condamnons la violation des droits des femmes et des droits humains fondamentaux, ainsi que toutes les formes de fondamentalisme - religieux, ethniques ou politiques. Nous dénonçons l’augmentation des alliances avec les secteurs ultraconservateurs, y compris le fondamentalisme religieux, qui présentent le renforcement du modèle capitaliste et patriarcal comme une ’’solution à la crise’’.
Nous continuons notre lutte dans les régions en conflit pour en finir avec la violence et l’esclavage des femmes, utilisés comme instruments de guerre. Nous construisons un autre monde d’où sont éliminées toutes les formes de domination, d’exploitation et d’exclusion d’une personne par une autre, d’un groupe par un autre, d’une minorité par la majorité, d’une nation par une autre.
Face aux récentes attaques contre les alternatives et contre les droits des femmes, nous avons décidé de lancer la 4e action internationale de la Marche Mondiale des Femmes le 8 mars 2015 au Kurdistan avec l’objectif de soutenir les femmes kurdes dans leur lutte pour l’autonomie et l’auto-détermination de leurs corps et territoires.
Nous lançons un appel à toutes les femmes du monde pour participer à la Caravane féministe européenne, afin de renforcer et rendre visible la résistance et les alternatives portées par les femmes.
Tant que toutes les femmes ne seront pas libres, nous serons en marche !
Lien avec EESF : http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article33260
http://morlaixanticapitaliste.over-blog.com/2014/10/solidarite-avec-les-femmes-kurdes-en-lutte.html
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Irak. Des éléments attestent que des crimes de guerre ont été commis par des milices soutenues par le gouvernement (Amnesty)
Nouri al-Maliki
Des milices chiites, soutenues et armées par le gouvernement irakien, ont enlevé et tué des dizaines de civils sunnites ces derniers mois et bénéficient d’une impunité totale pour ces crimes de guerre, écrit Amnesty International dans une nouvelle synthèse rendue publique mardi 14 octobre.
Ce document, intitulé Absolute Impunity: Militia Rule in Iraq, fournit des détails choquants sur des attaques motivées par l’intolérance religieuse imputées à des milices chiites de plus en plus puissantes, à Bagdad, Samarra et Kirkouk, en représailles semble-t-il aux assauts menés par le groupe armé se désignant sous le nom d’État islamique (EI). Des dizaines de corps non identifiés, menottés et présentant des blessures par balles à la tête, ont été découverts à travers le pays, ce qui donne à penser que ces homicides, perpétrés dans des conditions évoquant des exécutions, relèvent d’une pratique bien établie.
« En donnant sa bénédiction à des milices commettant régulièrement des violations aussi odieuses, le gouvernement irakien cautionne des crimes de guerre et alimente les dangereuses violences motivées par l’intolérance religieuse qui ravagent le pays. Le gouvernement irakien doit immédiatement cesser d’apporter son soutien au système des milices », a déclaré Donatella Rovera, principale conseillère d’Amnesty International pour les situations de crise.
On continue à ignorer quel sort a été réservé à beaucoup des personnes enlevées par des miliciens chiites au cours des derniers mois et semaines. Certains captifs ont été tués après même que leur famille a versé une rançon d’un montant de 80 000 dollars (environ 63 000 euros), voire plus, afin d’obtenir leur libération.
Salem, 40 ans, un homme d’affaires et père de neuf enfants qui vivait à Bagdad, a été enlevé en juillet. Deux semaines après que sa famille eut versé 60 000 dollars (environ 47 000 euros) à ses kidnappeurs, son corps a été retrouvé à la morgue de Bagdad ; sa tête avait été écrasée et il avait encore des menottes aux poignets.
Le pouvoir grandissant des milices chiites a contribué à une détérioration globale de la sécurité et à une atmosphère anarchique. Un parent d’une des victimes originaires de Kirkouk a déclaré à Amnesty International : « J’ai perdu un fils et je ne veux pas en perdre un autre. Rien ne pourra le ramener et je ne peux pas mettre mes autres enfants en danger. Qui sait qui sera le prochain ? Il n’y a pas d’état de droit, pas de protection. »
Asaib Ahl al Haq, les brigades Badr, l’armée du Mehdi et Kataib Hezbollah font partie des milices chiites soupçonnées d’avoir commis cette série d’enlèvements et d’homicides.
Ces milices sont devenues plus puissantes et présentes depuis juin, à la suite du retrait de l’armée irakienne, qui a cédé près d’un tiers du pays aux combattants de l’EI. Les miliciens, qui se comptent en dizaines de milliers, portent des uniformes mais opèrent hors de tout cadre juridique et sans aucune supervision de la part des autorités.
« En s’abstenant d’obliger les milices à rendre des comptes pour leurs crimes de guerre et d’autres graves violations des droits humains, les autorités irakiennes leur ont dans les faits donné carte blanche pour se déchaîner contre les Sunnites. Le nouveau gouvernement irakien du Premier ministre Haider al Abadi doit désormais agir pour maîtriser les milices et établir l’état de droit », a déclaré Donatella Rovera.
« Sous couvert de lutte contre le terrorisme, les milices chiites s’en prennent de manière impitoyable aux civils sunnites pour des motifs confessionnels, dans le but semble-t-il de les punir pour l’émergence de l’EI et les crimes abjects qu’il commet. »
À hauteur d’un poste de contrôle au nord de Bagdad, par exemple, Amnesty International a entendu un membre de la milice Asaib Ahl al Haq déclarer : « Si on attrape "ces chiens" [de Sunnites] en train de descendre du secteur de Tikrit, on les exécutera [...] Ils viennent à Bagdad pour commettre des crimes terroristes, alors nous devons les en empêcher. »
Parallèlement, les forces gouvernementales irakiennes continuent elles aussi à perpétrer de graves violations des droits humains. Amnesty International a mis au jour des éléments de preuve attestant que des détenus ont été soumis à la torture et à d’autres formes de mauvais traitements, et que des Sunnites incarcérés en vertu de la loi de 2005 relative à la lutte contre le terrorisme sont morts derrière les barreaux.
Le corps d’un avocat et père de deux jeunes enfants, âgé de 33 ans et mort en détention, présentait des hématomes, des plaies ouvertes et des brûlures correspondant à l’administration de décharges électriques. Un autre homme incarcéré pendant cinq mois a été torturé à l’électricité et menacé de viol avec un bâton avant d’être libéré sans inculpation.
« Les gouvernements irakiens successifs ont fait preuve d’un mépris glaçant pour les principes fondamentaux des droits humains. Le nouveau gouvernement doit désormais changer de cap, et mettre en place des mécanismes efficaces permettant d’enquêter sur les violations commises par les milices chiites et les forces irakiennes et d’amener les responsables présumés à rendre des comptes », a déclaré Donatella Rovera. -
«Le terrorisme de Daech tout le monde en parle, le terrorisme d’Assad plus personne n’en parle» (A l'Encontre)
Actuellement et depuis la formation de la coalition internationale, les médias nationaux et inter-nationaux parlent beaucoup de l’Etat islamique (Daech selon l’acronyme arabe), de sa terreur et des frappes de la «coalition internationale». On a l’impression qu’il ne se passe plus rien, ailleurs, en Syrie.
Résumé de la situation en Syrie d’Assad actuellement
Le régime-clan de Bachar al-Assad continue de bombarder les différentes régions de Syrie (gouvernorats d’Alep, Idleb, Hama, Homs, Damas-Campagne et Damas, Daraa…) en utilisant toutes sortes d’armes:
- Barils explosifs (TNT avec fragments de métaux) qui causent beaucoup de destruction, font de nombreux blessé·e·s graves et multiplient les morts parmi les civils (partout Alep, Hama, Idleb, Homs, Damas-campagne, Daraa, etc.). Ces engins de mort sont moins chers et de fabrication locale!
- Missiles sol-sol. Ces missiles ont été utilisés depuis 2012 pour cibler Alep (au nord) depuis Damas (au sud). Actuellement ils sont toujours utilisés. Citons deux cas récents:
1° Le 8 octobre 2014, sur Al-Waer (quartier de Homs toujours assiégé), deux missiles sol-sol ont été lancés, l’un d’eux a touché un bâtiment d’habitation et a tué une dizaine de civils dont des enfants et plus de 40 personnes ont été blessées;
2° Le 10 octobre 2014, al-Harra, à Daraa, a été ciblé par un missile sol-sol qui a tué une dizaine de personnes parmi les civils, dont des enfants.
- Bombes à fragmentation. Ce genre de bombes cause beaucoup de dégâts et de victimes sans compter les dangers à plus long terme, car dispersés sur le sol les micro-explosifs blessent ou tuent des enfants qui les touchent ou des personnes qui marchent dessus. Le 10 octobre 2014 une bombe à fragmentation a été lancée dans la région d’Idleb.
- Gaz, donc une arme chimique, continue à être utilisé à petite échelle, entre autres de la chlorine qui, formellement n’est pas incluse dans les «armes chimiques». Tout indique qu’il reste des armes chimiques. Le 24 septembre, le lendemain des frappes de la «coalition internationale» (de fait, les Etats-Unis) en Syrie, Aadra (aux environs de Damas) a été touchée par du gaz mortel. Le 10 octobre, Handarate, quartier d’Alep, a été touché par du gaz mortel.
- Mortiers et roquettes sont toujours utilisés… «sans modération».
Autres armes utilisées
- Les snipers sont toujours en fonction et ce sont des tueurs professionnels.
- Les Milices sectaires d’Assad et autres groupes étrangers sectaires sèment la terreur, comme le groupe libanais du Hezbollah, le groupe irakien d’Abou Fadl al-Abbas et les combattants des Gardiens de la révolution envoyés par le pouvoir iranien.
- Les enlèvements restent d’actualité.
- Le siège des villes et des quartiers, la famine et les coupures d’eau. Nous citons ici particulièrement le camp al-Yarmouk, dans Damas, qui est privé d’eau depuis un certain temps. Ce quartier de Damas est initialement un camp de réfugié·e·s palestiniens qui s’est transformé, au cours des ans, en un quartier «urbain».
- Les arrestations sont plus fréquentes que jamais. Le régime vise les activistes, leurs familles, les humanitaires, les journalistes. Il n’est pas rare de trouver des familles entières dans les centres de détention d’Assad. Prenons, ici, le cas de Racha: Racha, la trentaine, voulait fuir la Syrie pour mettre ses enfants à l’abri. Le 22 mai 2014, elle s’est rendue au bureau des passeports à Damas avec ses trois enfants pour obtenir les documents adéquats. L’aîné de ses enfants est né en 2010 et elle était enceinte de 7 mois. Elle a été arrêtée avec ses trois enfants ce jour-là; et elle a donné naissance à des jumeaux en détention !
- Le viol… est une arme de dégradation et d’humiliation terrible et est utilisée contre les femmes ainsi que contre des hommes…
- La torture qui peut aller jusqu’à la mort. Citons ici le cas de Abdel Rahman FATWA, 26 ans, vétérinaire, de Homs, mort sous la torture le 9 octobre après 3 mois de détention à Tartous. Avant lui, son frère Jamal, pharmacien, a subi le même sort en 2011.
Nous voudrions préciser que depuis la prétendue «réélection» de Bachar Assad (début juin, avec 88,7% des suffrages!) et le décret présidentiel d’amnistie générale qui s’en est suivi, 679 détenus ont trouvé la mort sous la torture… Donc, une «moyenne» de 5 par jour.
Il faut souligner un constat depuis le début de la formation de la «coalition», la violence du régime de Bachar al-Assad s’est beaucoup intensifiée.
Que pensent les Syriens de la situation actuelle?
Un journaliste a demandé quelle était la position des Syriens (vivant en Suisse) par rapport à ces frappes, mais aussi par rapport à Daech et ses exactions. La position des Syriens de Suisse n’est pas différente de celle des Syriens de l’intérieur ou d’ailleurs dans le monde. En une formule: «nous partageons la même amertume».
Bien que nous soyons absolument contre Daech et ses exactions, que nous dénoncions avec force, d’ailleurs nous n’avons pas arrêté d’organiser des mobilisations contre Daech et contre Assad depuis l’été 2013, nous ressentons aujourd’hui beaucoup d’amertume par rapport à l’intervention de la coalition emmenée par les Etats-Unis. Les raisons de notre amertume sont les suivantes, parce que la terreur d’Assad dépasse largement celle de Daech et malgré cela «on le laisse tranquille».
1° Nous constatons que tous les crimes contre l’Humanité, perpétrés largement et systématiquement par le régime syrien contre «sa» population, ne comptent absolument pas dans cette décision de frapper la Syrie. Même pas les 1500 morts par les armes chimiques à al-Ghouta!
2° D’ailleurs, Assad a assassiné plusieurs étrangers en Syrie sans aucune réaction de la part de la «communauté internationale». Nous citons en particulier le cas du médecin anglais Dr. Abbas KHAN, chirurgien qui aidait à soigner les blessés à Alep, qui a été arrêté en novembre 2012 et exécuté par le régime en décembre 2013 dans un centre de détention à Damas. Avant lui l’assassinat des journalistes à Homs, le Français Gilles Jaquier en janvier 2012, l’Américaine Marie Colvin et le Français Rémi Ochlik en février 2012, n’a entraîné aucune réaction de ladite communauté internationale non plus. Douze journalistes étrangers ont trouvé la mort par les soins du régime Assad.
3° Il a suffi par contre que deux Américains, James Foley et Steven Sotloff, soient tués (de manière certes des plus inacceptable) par Daech pour motiver cette intervention, mais contre Daech seulement!
4° Personne n’a bougé pour protéger les civils en Syrie pendant plus de trois ans de répression sanglante avec aujourd’hui plus de 200’000 morts! Nous avons l’impression que la communauté internationale ne «protège» que les individus de certaines nationalités (occidentales surtout) et reste impassible face aux massacres que subit tout un peuple. Mais aussi, il faudrait que le ou les criminels visés soient les bons… or on ne s’attaque qu’à Daech, mais pas au dictateur-assassin Bachar al-Assad et à son clan rapproché!
Quelques données chiffrées pour mesurer la gravité de la terreur d’Assad
1° Au cours du seul mois de septembre 2014, il y a eu 2375 morts en Syrie dont 1707 civils tués à cause suite à la répression du régime Assad, dont 294 enfants. Alors que Daech a tué 350 personnes en Syrie en septembre, dont 120 civils.
Cela pour dire que le nombre de victimes du terrorisme d’Etat, toléré par la communauté internationale, reste bien plus grand que celui de Daech.
Néanmoins, il est certain qu’il n’y a pas de bon ou de mauvais terrorisme. Cette comparaison a pour seul objectif d’attirer l’attention sur le fait que le régime Assad est tout autant terroriste, et depuis fort longtemps, que Daech.
2° Dans cette situation, on a l’impression que la stratégie de la coalition est d’affaiblir Daech et de maintenir la «crise» en Syrie avec une sorte d’alternative institutionnelle au sommet. Y a-t-il un projet visant à affaiblir l’Armée Syrienne Libre (ASL) ou à la mettre dans une situation encore plus difficile tout en la «contrôlant» (avec deux bases dites d’entraînement au Qatar et en Arabie saoudite… avec des délais mal définis; et sous quelles conditions?
3° L’intervention en Syrie a été présentée comme des frappes accompagnées d’aide aux combattants modérés sur le terrain. A Kobané (à la frontière avec la Turquie) les civils meurent aujourd’hui et les combattants kurdes manquent de balles! Personne ne bouge pour leur venir en aide! Les USA viennent de refuser d’appliquer une zone tampon sécurisée… Alors qu’il aurait fallu appliquer une zone d’exclusion aérienne sur la Syrie tout entière pour stopper la mort par les bombardements aériens!
4° «On» s’attaque à Daech et «on» laisse les autres groupes terroristes tranquilles… Combattre Daech seule et laisser tranquille tous les autres groupes terroristes chiites (Hezbollah, milices irakiennes et iraniennes) nous paraît très douteux! Si ce n’est parce que des relations avec le pouvoir iranien sont en marche du côté des Etats-Unis et de certains de leurs alliés.
En effet, l’effet de la présence de ces groupes chiites est de transformer la lutte des Syriens insurgés contre la dictature en une lutte sectaire, confessionnelle! Cela risquerait fort de pousser certains Syriens et autres secteurs de la région à se tourner vers l’extrémisme confessionnel… Cela va certainement augmenter le déchirement au sein de la société syrienne et va aussi contribuer à ancrer l’extrémisme et à augmenter des actes de terrorisme, partout dans le monde, peut-être.
Le combat contre Daech augmente la souffrance de la population syrienne en premier lieu
Jusqu’à récemment, les civils syriens étaient les victimes du régime Assad et de ses alliés, mais aussi les victimes de Daech. Aujourd’hui, ils meurent aussi sous les missiles américains et leurs conséquences collatérales! Le premier jour des frappes, plusieurs cas de morts et de blessés ont été recensés parmi les civils (y compris des enfants), en Syrie.
Le 29 septembre 2014, la «coalition occidentale et arabe» a frappé une usine de gaz et un stock de céréales à Deir Ezzor laissant les civils sans pain et sans combustible pour cuisiner! Nous n’avons pas entendu dire que des avions américains auraient parachuté de la nourriture pour les civils là-bas en Syrie comme ce fut le cas en Irak le 7 août 2014 – dans le Kurdistan, au nord de l’Irak.
Sans oublier le fait que faire quasi-silence aux plans médiatique et politique sur le terrorisme du régime Assad encourage Assad et ses nervis à intensifier la violence et la répression contre la population, ce qui est le cas aujourd’hui!
Bilan
Plus de morts, plus de blessés et plus de famine… sans espoir de voir enfin quelqu’un s’occuper de protéger les civils en Syrie contre un régime qui n’a jamais arrêté la terreur contre la population depuis plus de trois ans.
Cela ne peut qu’augmenter le ressentiment des Syriens contre les pouvoirs en place aux Etats-Unis et en Europe occidentale.
Craintes des Syriens
Nous ne savons pas ce qui se passe en coulisses. Après l’annonce par la coalition qu’elle ne collaborerait pas avec Assad, ce dernier a annoncé qu’il considérait ces frappes comme une agression.
Ensuite, Assad a tout soudainement déclaré qu’il soutenait les frappes occidentales. La «coalition» va-t-elle vraiment aider l’ASL («modérée») et les combattants kurdes syriens sur le terrain? On peut douter de cela quand on voit la politique du gouvernement de Turquie, plus soucieux de «contrôler les Kurdes» et de les frapper que de les aider (ne serait-ce qu’en laissant aller des forces kurdes aller se battre à Kobané). Obama a annoncé récemment que cette aide prendrait du temps (6 à 9 mois) dit-il, pour préparer l’ASL… Alors que l’ASL se bat sur deux fronts – contre Assad et contre Daech – depuis plus d’un an. Soit bien avant les frappes de la «coalition».
Que veulent les Syriens insurgés?
Ce que nous souhaitons aujourd’hui c’est que la «communauté internationale» prenne enfin des mesures sérieuses pour mettre fin à toutes les formes de terrorisme en Syrie: celui du régime Assad, de Daech, du Hezbollah, des milices iraniennes et irakiennes. Cela pour protéger les civils et mettre fin à ce bain de sang. Et ça commence par clouer l’aviation syrienne au sol et fournir un armement contre les avions, hélicoptère et les chars…
Terrorisme d’Assad et terrorisme de Daech, analogies et différences
1° Daech et le régime Assad règnent par la terreur et la barbarie médiatisées. Tout le monde a vu ou entendu parler des vidéos de décapitation des journalistes occidentaux. Avant eux Daech a crucifié et décapité publiquement des Syriens qui s’opposaient à lui. Des vidéos ont circulé sur les réseaux sociaux dont le but était de terroriser la population.
Avant Daech, Assad a organisé des massacres collectifs à l’arme blanche dans plusieurs localités en Syrie. Nous rappelons ici le premier massacre collectif en mai 2012 à al-Houla à Homs où des familles entières ont trouvé la mort. Le but est également de terroriser la population.
2° Dans les deux systèmes, un seul maître existe et est «adoré» (ou soumis à une adoration contrainte) comme s’il était un Dieu (Bachar pour le régime syrien et Baghdadi pour Daech). La population ne compte pas dans ces systèmes sauf peut-être pour y être soumise.
3° Ciblage des activistes, journalistes, médecins, humanitaires… pour empêcher toute forme d’activités constructives de la société civile.
4° Se dessine un objectif analogue: étouffer une révolution et détenir un pouvoir absolu!
Une grosse différence cependant entre ces deux formes de terrorisme
1° Assad terrorise principalement sa propre population. Si nécessaire, il n’hésite pas à tuer ceux qui, parmi les Occidentaux, aident la population syrienne… Cette forme de terrorisme est de moindre importance pour la «communauté internationale», ça se passe ailleurs, à la limite tout le monde s’en fiche. Tant qu’il ne s’agit pas «des nôtres»… Même si la durée de cette terreur dépasse les trois ans et demi… et la précédait sous d’autres formes moins visibles et moins amples.
2° Daech terrorise des populations sous son emprise (villes occupées, population qui ne se soumet pas à ses ordres), mais il suscite une crainte dans les pays occidentaux, et cela d’une façon très médiatisée.
Cette forme de terrorisme est beaucoup plus grave pour la «communauté internationale», car ça touche aussi, potentiellement, l’Occident!
C’est dans cette différence qu’Assad a trouvé dès le début les moyens de manipuler les opinions.
Stratégie et propagande d’Assad
Etant conscient de cette différence importante, Assad a orienté sa machine de propagande dès le début des manifestations pacifiques pour s’acheminer vers la situation dans laquelle on se trouve aujourd’hui!
1° Il a accusé les manifestants d’être des salafistes (courant fondamentaliste, renvoyant au terme arabe salaf; «ancêtre», «prédécesseur») dès la première manifestation en mars 2011. Afin de défigurer la révolution et de lui donner une couleur d’islamisme extrémiste. Cette propagande a été maintenue sans faille tout au long, même si elle n’avait aucune base sur le terrain au moins jusqu’à fin 2012.
2° Il a opté pour une répression violente, pas seulement contre les activistes, mais aussi contre leurs familles pour les pousser à prendre les armes, sachant que la résistance armée peut être plus facilement manipulée…
Malgré la violence, les manifestations sont restées pacifiques pendant six mois. Ensuite, les armes ont été utilisées d’abord pour protéger les manifestations et les lieux de protestation. Ensuite et suite à l’échec de la mission spéciale de l’ONU, conduite par l’ex-secrétaire général, Kofi Annan, en été 2012, l’offensive du régime a beaucoup augmenté. Il n’ y avait plus aucun choix possible de résistance pacifique.
3° Assad a annoncé à plusieurs reprises une amnistie générale… cela depuis 2011. A chaque fois, il a libéré surtout des détenus islamistes fondamentalistes…
4° Il a ciblé particulièrement les journalistes, les activistes laïques, les Syriens et Syriennes, éduqués, cultivés et patriotiques qui pouvaient aider à rassembler la population (ils ont disparu, ont été tués, détenus, ou été poussés à fuir…).
5° Mais également la violence et les massacres collectifs ont été orientés afin d’attiser le sectarisme. Ces tueries ont ciblé particulièrement les sunnites, le plus probablement pour stimuler des réactions des islamistes.
Quelques points d’interrogation à propos des rapports entre Assad et Daech
1° Ceux et celles qui connaissaient le rôle joué par Assad dans la manipulation d’al-Qaïda en Irak suite à la guerre américaine de 2003, peuvent cogiter sur son possible rôle dans le lancement de Daech en Syrie au printemps 2013.
2° Nous rappelons, ici, le cas de James Folley, le premier journaliste décapité par Daech, ce qui a motivé (du point de vue de déclarations publiques) les frappes de la coalition.
James Foley a été détenu par le régime Assad dès novembre 2012, bien avant la naissance même de Daech (au printemps 2013). En mai 2013 encore, l’AFP a publié qu’il avait été enlevé par des milices pro-régimes et qu’il était entre les mains du service de renseignement à Damas. Et soudainement il se trouve entre les mains de Daech qui le décapite au moment même où Assad se propose comme partenaire pour la lutte contre le terrorisme. Une coïncidence. Ce dossier est bien évidemment connu des services d’intelligence des Etats-Unis.
3° Daech décapite d’une façon très médiatisée des journalistes et des humanitaires qui ne pouvaient pas rester immobiles et silencieux face à la catastrophe qui se passe en Syrie. Daech n’a jamais décapité un individu pro-régime d’Assad, jusqu’à tout récemment.
4° Ce qui est certain est que le régime ne s’en est jamais pris à Daech, et Daech ne s’en est jamais pris aux forces du régime, ceci jusqu’à la formation de la «coalition internationale». Tous deux s’attaquent, par contre, aux activistes et à l’ASL.
5° Aujourd’hui il est évident que les décapitations des journalistes ont soudé le monde entier dans une guerre antiterroriste. Ainsi Assad et ses exactions ont été complètement oubliés. Et pire encore, peut-être même que la coalition cherchera-t-elle à l’avenir à collaborer avec lui dans le rôle du pompier pyromane, comme garant contre le terrorisme.
En conclusion, on ne peut pas s’attaquer aux symptômes du terrorisme seuls… j’entends par-là Daech, et mettre entre parenthèses, ignorer l’origine même du terrorisme dans la région – et particulièrement dans sa base syrienne, j’entends ici le régime mafieux et criminel d’Assad. (11 octobre 2014, Zurich, notes d’un exposé fait lors d’un séminaire)
le 15 - octobre - 2014 Par les FemmeS pour la démocratie (FSD)