À bas la guerre et vive le droit des peuples à l’auto-détermination !
Selon les dernières estimations, près de 90 % d'Alep Est est passé sous domination des forces pro-Assad, grâce au soutien militaire des Russes et des forces confessionnelles chiites iraniennes et du Hezbollah libanais. Après 130 jours de bombardements et de combats au sol, la ville n'est plus qu'un amas de ruines destiné a figurer l'intransigeance du régime autoritaire tenu d'une main de fer par Assad et ses alliés.
Alep, foyer du processus révolutionnaire syrien entamé en mars 2011 et malheureusement très vite refermé, est aujourd’hui une ville martyre. La catastrophe humanitaire est le résultat de 5 années d’interventionnisme des puissances étrangères, qui ont abreuvé en armes et soutenu militairement le régime d’Assad et les différentes factions islamistes.
A l'heure où la ville va tomber entre les mains vengeresses de Bachar Al Assad et où Donald Trump, ainsi que François Fillon en France, se rapprochent de Poutine, la responsabilité des organisations communistes internationalistes est de soutenir sans failles le peuple syrien victime de s'être élevé contre un régime dictatorial.
D'une contestation pacifique à une guerre totale, bref retour sur 5 années de conflit
En mars 2011, dans le sillon des processus révolutionnaires qui ont émergé dans les pays du Maghreb, la population syrienne se dresse contre Assad dans un élan démocratique large. Si dès le début du mouvement les Syrien.ne.s scandaient des slogans politiques d'unité, Assad a à l'inverse dénoncé une prétendue sédition confessionnelle, dépolitisant de fait l'élan contestataire.
Dès lors, la répression de la part du régime fut sanglante : près de 2 600 victimes furent à déplorer1, entraînant de fait la militarisation d'une mobilisation avant tout pacifique.
Fin 2011-début 2012, l'Armée Syrienne Libre entame un conflit ouvert contre le tyran Bachard Al Assad. L’ASL est d’emblée dominée par des « laïques » pro-occidentaux et différentes factions islamistes. De là commence à se jouer le jeu des puissances régionales et internationales : ne pouvant intervenir directement en Syrie, les occidentaux, États-Unis en tête, financent et soutiennent les insurgé.e.s. Rapidement pourtant, et face à la main de fer d’Assad sur le pouvoir, l'ASL est en proie à de nombreux conflits internes dus notamment à la multitude de composantes politiques et confessionnelles dont elle émane. De fait, l’hétérogénéité de l'ASL fut source de grandes divisions au sein de l’opposition à Bachar.
Progressivement, celui-ci a libéré les prisonniers djihadistes. La guerre civile syrienne fut donc un terreau fertile où ceux-ci purent s'implanter, dans un territoire en proie à l'instabilité chronique. C'est dans ces conditions que l'Organisation Etat Islamique se développa, sponsorisée par des puissances étrangères régionales.
Cette islamisation du conflit fut le prétexte de son internationalisation : en 2014, une coalition regroupant plus de 40 pays frappa la Syrie où l'Organisation Etat Islamique était implantée2.
Dès 2015 et principalement depuis 2016, les alliés du régime de Assad, a savoir les Russes, les Iraniens et le Hezbollah libanais ont profité de ce prétexte pour intensifier les frappes contre les régions contrôlées par les rebelles syriens, au motif que ceux-ci étaient principalement des islamistes membres ou pro Daesh (ce qui était vrai).
Alep, foyer de la révolution et de la résistance syrienne est aujourd’hui en passe d'être totalement reprise par les forces pro-Assad. Cela au prix de milliers de morts, hommes, femmes et enfants et de centaines de milliers de déplacé.e.s. Il est aujourd'hui certain que Bachar a utilisé des armes chimiques contre son peuple3. De même, il est certain que les hôpitaux ont été délibérément bombardés4 La ville, comptant autrefois près d'un million et demi d'habitant.e.s, en abrite aujourd’hui entre cent et cent cinquante mille. Si de prétendus « couloir humanitaires » ont été mis en place par la Russie ou le régime, les habitant.e.s refusent de les emprunter : ce sont en réalité des filets où les hommes sont soit suspectés d'être des rebelles et donc séquestrés soit enrôlés de force dans l'armée du dictateur Bachar. Les femmes et les enfants subissent le sort des victimes des guerres, que nous préférons ne pas détailler ici par décence.
Honte à la prétendue « communauté internationale » et à ses dirigeants qui ont montré leur vrai visage : celui d'ordures ne défendant que leur propres intérêts.
Ha ! illes étaient joli.e.s les Duflot, Mariton et Mennucci annonçant fièrement leur départ pour Alep dimanche soir, dans le but de « lancer le message d'arrêter les massacres », de faire « un geste de solidarité »5. Illes ont été refoulé.e.s a la frontière turque ce lundi prouvant s'il le fallait encore l’incapacité complète des gouvernements à faire autre chose que la guerre pour préserver leur intérêts.
Washington, de son côté a lancé des piques, faisant semblant de s'émouvoir de la situation, accusant le régime syrien de « crimes contre l'humanité ».
Enfin, pour terminer cette liste de la honte, notons la résolution de l'assemblée générale de l'ONU qui a voté une trêve immédiate en Syrie mais qui est consciente de son inutilité6 : la trêve ne pourra pas être appliquée suite au sixième veto russe.
Les médias occidentaux nous font pleurer sur Alep (où la situation est effectivement dramatique et révoltante) pour mieux se taire sur les méfaits de notre impérialisme. Ils instrumentalisent le drame horrible d’Alep pour pousser à une escalade militaire. Mais notre impérialisme ou celui des USA ne vaut guère mieux que le soutien de Poutine à Assad. Notre impérialisme a couvert le soutien turc à Daesh, il bombarde aussi en Syrie et en Irak. Mossoul est aujourd’hui sous les bombes occidentales, qui ne valent guère mieux que les bombes de Poutine. La Syrie crève des ingérences étrangères depuis 5 ans.
Malgré cette situation dramatique, nous ne pouvons pour autant en appeler à la « communauté internationale » pour « sauver » le peuple syrien. A l'inverse, l'interventionnisme constant des impérialistes occidentaux dans la région n'a fait qu'accentuer les conflits sous couvert de protection de la démocratie, masquant en réalité la préservation des influences et des hégémonies.
Aujourd'hui, aucune aide humanitaire ne peut être apportée en Syrie sans y joindre son lot de militaires, de bombes et de morts. De fait, si l'une des causes principales de cette guerre est son internationalisation, c'est à dire l'entrée en guerre directement ou indirectement de puissances impérialistes, nous devons en prendre acte et le dénoncer avec fermeté.
Une des conditions pour une paix juste au Proche-Orient, même si cela semble aujourd’hui une perspective lointaine, n'est pas le renforcement de la présence de troupes occidentales mais au contraire au départ de celles-ci, quelles qu'elles soient.
Aujourd'hui, l'urgence est de soutenir les forces progressistes de la région. Dans ce sens, nous devons soutenir la révolution kurde du Rojava qui combat tant Daesh en Syrie que les ambitions personnelles des dictateurs turcs et syrien.
Nous devons de plus intervenir ici, en France, auprès des réfugié.e.s qui fuient des conflits dont illes sont les premières victimes.
Nous devons plus que jamais construire un réel réseau de solidarité internationaliste pour faire face aux attaques que les peuples du monde entier subiront.
Arrêt immédiat des bombardements russes sur Alep !
Arrêt de toutes les interventions occidentales en Syrie et en Irak (Mossoul) !
Solidarité avec le Rojava libéré du régime d’Assad et des forces islamistes !
P.S : pour une information très complète sur la Syrie, nous recommandons grandement la lecture du blog de notre camarade Joseph Daher
https://syriafreedomforever.wordpress.com/
Gaston Lefranc, Nastrit Daul (15 décembre 2016)
Notes:
1 http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2011/09/15/syrie-six-mois-de-revolte-et-de-repression_1572834_3218.html
2 http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2014/09/15/etat-des-lieux-des-participants-a-la-coalition-contre-l-etat-islamique_4487310_3218.html
3 http://www.rfi.fr/moyen-orient/20130604-syrie-gaz-sarin-fabius-damas-assad-etats-unis
4 http://www.lefigaro.fr/international/2016/09/28/01003-20160928ARTFIG00189-syrie-les-deux-plus-grands-hopitaux-d-alep-bombardes.php
5 http://www.lexpress.fr/actualite/politique/trois-deputes-francais-a-alep-pour-affirmer-un-soutien-a-la-population_1859138.html
6 http://www.europe1.fr/international/lassemblee-generale-de-lonu-vote-une-resolution-pour-une-treve-immediate-en-syrie-2923346