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  • Nouveautés sur AURDIP

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    • Initiative syndicale européenne pour la justice en Palestine
      | Eddie Whyte pour ECCP |Traduction SF pour l’AURDIP |Syndicats & BDS

      Plus de 100 délégués de syndicats représentant vingt et un syndicats et trois millions de membres de toute l’Europe se sont rassemblés en une première rencontre historique à Bruxelles pour dénoncer la complicité des gouvernements européens avec Israël et créer une plateforme transeuropéenne en solidarité (...)

    • Palestine : La fin des Bédouins ?
      | David Shulman pour le New York Review of Books |Traduction SF pour l’AURDIP |Tribunes

      Une façon de dire l’histoire du Moyen Orient dans son ensemble consiste à décrire la lutte endémique entre des nomades itinérants et des paysans fixés sur leur terre – une lutte déjà attestée dans des documents de l’ancienne Mésopotamie. Pendant des siècles, tous les régimes politiques de la région ont (...)

    • Une éducation étranglée : un rapport sur l’enseignement supérieur en Palestine et Israël
      | Mondoweiss |David Lloyd, Traduction JPP pour l’AURDIP |Rapports

      En janvier prochain, après plusieurs années de discussions et d’examens souvent animés, l’organe représentatif de l’Association des Langues vivantes (Modern Language Association - MLA), son assemblée des délégués, va examiner une résolution pour soutenir l’appel palestinien au boycott des institutions (...)

    • La conférence sur Israël, interdite au Royaume-Uni, se déplace en Irlande
      | Asa Winstanley pour The Electronic Intifada |Traduction JPP pour l’AURDIP |Actualités

      Une conférence académique sur Israël, interdite au Royaume-Uni deux années de suite, se porte dans un nouveau lieu en Irlande, ont annoncé cette semaine ses organisateurs.
      « Le droit international et l’État d’Israël : légitimité, responsabilité et exceptionnalisme » devait se tenir à l’université de (...)

    • Une déclaration novatrice de 200 juristes européens défend le droit de BDS au profit des droits palestiniens
      | BNC |Traduction Jean-Marie Flémal pour « Pour la Palestine » |Tribunes

      8 décembre 2016 – Pour inaugurer en ce 10 décembre, la Journée des droits de l’homme instaurée par l’ONU et qui, cette année, arborera le slogan « Défendez les droits de quelqu’un aujourd’hui », quelque 200 juristes et avocats de 15 États européens ont publié une déclaration qui défend les droits (...)

     

  • Nouveautés sur Association France Palestine Solidarité

    L'archéologie contre les palestiniens

  • Requiem pour la Syrie (Orient 21)

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    Mercredi 7 décembre, l’armée syrienne a pris le contrôle de toute la vieille ville d’Alep, au pied de sa célèbre citadelle dont les occupants ont résisté ou ont été vaincus à maintes reprises au cours des siècles passés.

    Cette chute marque un tournant dans la guerre en Syrie, car nul ne peut nier l’importante percée du régime. Il aura vu la défaite de ses adversaires qui ont tenu une partie de la capitale économique et deuxième ville du pays, coupée en deux depuis 2012. Si l’on ne sait pas ce qui se passera demain, on peut faire le triste constat d’une victoire de la realpolitik, une victoire des canons sur le droit humanitaire, et une défaite des diplomaties occidentales.

    Ce sera aussi une victoire de la Russie qui s’est imposée sans état d’âme comme une alliée sûre du régime syrien, un acteur primordial au Proche-Orient et en Méditerranée, tout en se jouant des puissances occidentales.

    C’est toute l’espérance d’un soulèvement pacifique contre une dictature, semblable à celui qui a secoué d’autres pays du monde arabe depuis l’hiver 2010 qui s’est brisée face à la brutalité inouïe du régime, aux ingérences multiples des puissances régionales, du Qatar à l’Iran en passant par l’Arabie saoudite, à l’inanité de « la communauté internationale ».

    Commencée le 15 novembre, l’offensive de Damas et de Moscou contre Alep aura duré moins d’un mois.

    Les incessants bombardements aériens menés pour l’essentiel par les Russes, et le déluge de feu de jour comme de nuit ont eu raison de la détermination des rebelles toutes tendances confondues, inférieurs en nombre et en équipements. Divisés et affaiblis, ils ont proposé le 7 décembre un cessez-le-feu immédiat de cinq jours à Alep et l’évacuation des civils, tout en refusant de remettre leurs armes — ce qui aurait signifié une capitulation. Le même jour, un appel à la trêve a été lancé par six capitales occidentales, dont Washington, Paris et Londres, devant la catastrophe humanitaire. Damas, comme on s’y attendait, a répondu par un non cinglant, tant que les mouvements qu’il a toujours dénoncés comme des « organisations terroristes » n’auraient pas évacué le secteur. L’annonce par la Russie le 8 décembre d’un cessez-le-feu unilatéral n’a été que de la poudre aux yeux.

    Le bilan pour Alep est particulièrement terrible sur le plan humain, sur fond de pénuries, de gens affamés, d’épreuves et d’un quotidien très dur, de morts de civils, d’hôpitaux, de centres médicaux et d’écoles détruits pendant quatre ans. Au moins 80 000 personnes ont fui l’est d’Alep depuis le début de l’offensive. On ignore le sort des hommes jeunes en fuite qui ont été contrôlés à des barrages de l’armée. Les organisations internationales humanitaires sont absentes. Depuis le début de l’offensive, plusieurs centaines de personnes ont été tuées à Alep-Est. La majorité d’entre eux sont des civils, dont beaucoup d’enfants, ainsi que de nombreux médecins et du personnel médical. Sans se lancer dans des comparaisons macabres, il faut rappeler aussi que la partie contrôlée par le régime n’a pas été épargnée par les tirs quotidiens des groupes rebelles, avec une centaine de tués.

    La triste ironie est qu’Alep, avec ses quelque trois millions d’habitants — et une forte activité commerciale et industrielle — a été la dernière grande ville syrienne à se joindre à la rébellion, un an après le début des premiers troubles au printemps 2011. Puis elle a été emportée dans la fièvre de la révolution qui avait commencé pacifiquement au sud de Damas, dans la ville de Deraa. Craignant pour sa survie, le régime a aussitôt dénoncé un complot venu de l’étranger, fomenté par les monarchies sunnites du Golfe et la Turquie, et a réprimé avec férocité. Ainsi, les revendications citoyennes qui ont fait descendre les Syriens dans la rue se sont transformées en révolte, puis en soulèvement, avant de finir dans un chaos où des groupes rebelles se disputent ou s’entretuent, des puissances régionales entretiennent le feu, et des populations sont prises au piège de la guerre.

    Dans ce contexte de guerre totale, le régime a été accusé de crime contre l’humanité, un « honneur » qu’il partage avec l’organisation de l’État islamique (OEI) dont il faut rappeler que les combattants avaient été chassés depuis longtemps d’Alep-Est par les rebelles, contrairement au Front Al-Nosra (qui a changé de nom pour devenir Fatah Al-Cham après avoir rompu ses liens avec Al-Qaida).

    Au plan politique, Damas n’a pas tardé à réagir à sa victoire à Alep.

    Bachar Al-Assad s’est ainsi empressé de déclarer qu’il s’agit là d’une « étape majeure vers la fin de la guerre », tout en ajoutant : « mais soyons réalistes, cela ne signifie pas la fin de la guerre ». La chute d’Alep « constituerait une immense défaite pour l’opposition syrienne — militaire et politique —, mais je ne pense pas que cela mettra fin à la guerre civile », a indiqué de son côté Robert Ford, le dernier ambassadeur des États-Unis à Damas, dans une déclaration à Syria Direct le 6 décembre. Et l’Occident a beau donner des leçons, il n’a fait que démontrer l’ampleur de son impuissance, de ses divisions et des limites de sa diplomatie, faute d’avoir compris que l’humanitaire ne peut se substituer au politique. Les gouvernements occidentaux ne peuvent s’exonérer de leur responsabilité dans ce conflit. Et en particulier la France, qui a longtemps refusé que l’Iran ait une place dans les négociations de paix.

    S’il est trop tôt pour savoir quelles conséquences aura la chute d’Alep sur l’avenir de la Syrie, le président syrien peut espérer s’être gagné un nouvel allié objectif avec l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis. Un homme qui voit dans Bachar Al-Assad ou dans le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi des partenaires dans la « guerre mondiale contre le terrorisme ».

    La rédaction
  • Ziad Majed, spécialiste du Moyen-Orient : « La révolution syrienne n’est pas terminée » (RTBF)

    La rébellion s'effondre à, Alep, l'armée de Bachar Al Assad avec l'afflux de l'aviation russe est en train de reconquérir la 2ème ville du pays. Les habitants d'Alep subissent des bombardements incessants, la situation est pour eux, très critique.

    La rébellion s’effondre à, Alep, l’armée de Bachar Al Assad avec l’afflux de l’aviation russe est en train de reconquérir la 2ème ville du pays.

    Les habitants d’Alep subissent des bombardements incessants, la situation est pour eux, très critique. Décryptage avec Ziad Majed, politologue, chercheur libanais et professeur d’études du Moyen-Orient à l’université américaine de Paris.

    Est-ce qu’on est en train d’assister à un tournant dans le conflit syrien ?

    « Oui, on peut parler d’un tournant effectivement parce que c’est la 2ème ville du pays, puisque l’aviation russe et puis les milices du Hezbollah libanais, les milices chiites irakiennes, les mercenaires Hazara afghans et les officiers iraniens dirigent cette offensive qui va permettre à Assad, même s’il a très peu de troupes, d’ailleurs, engagées dans ces combats-là, de montrer qu’il contrôle tous les espaces et les centres urbains du pays. Donc la stratégie russe et iranienne a finalement bien marché, Assad a été sauvé, il n’était pas loin de la déroute militaire totale en 2015, malgré tous les soutiens iranien, libanais, irakien, chiite et autres. L’aviation russe l’a sauvé, et maintenant il passe à l’offensive avec une passivité, avec… je ne veux pas dire une complicité, mais presque, au niveau international, puisque rien n’a été fait depuis cinq ans, et puis spécifiquement depuis un an, pour montrer une fermeté, un rejet de ce qui se passe et de cette stratégie russe, qui est non seulement un tournant au niveau militaire, mais au niveau humanitaire, je pense que c’est la plus grande crise et le plus grand scandale depuis de longues décennies, puisqu’on parle de 250 000 morts civils. Et on parle juste sous l’aviation russe de près de 4000 morts civils« .

    Tout ça pour rien. Est-ce que vous nous dites ce matin que la révolution syrienne est terminée ?

    « Non, je ne pense pas qu’elle est terminée. Je pense qu’on va passer à une 2ème ou une 3ème phase dans ce conflit où, au niveau de ce soulèvement qui a commencé en 2011 en étant pacifique, qui s’est transformé en conflit armé et qui devient une guerre totale depuis quelques temps, la grande question va être maintenant: puisqu’Assad est en train de gagner militairement, vu tout cet appui des Russes et des Iraniens, pour beaucoup de Syriens, ce qui se passe en Syrie maintenant devient plutôt une occupation étrangère. Assad est là grâce aux Iraniens, aux chiites libanais, irakiens et afghans et à l’aviation russe, de même qu’aux officiers russes. C’est donc une occupation étrangère qui maintient un dictateur local, ce qui va mener à une autre configuration, à une résistance contre un occupant. Et le conflit va se prolonger, la catastrophe humanitaire va donc également se prolonger, ce qui fait que plus le pourrissement de la situation va mener à une radicalisation, plus il y aura des problèmes qui ne vont pas rester au niveau de la frontière syrienne, qui va déborder. Donc tant qu’Assad est au pouvoir, tant qu’il y a une occupation étrangère du pays, tant qu’il y a Daesh, les choses vont se poursuivre et ça va être de pire en pire« .

    20 000 personnes ont fui Alep Est depuis 3 jours, quel est le sort qui leur est réservé par les autorités syriennes ?

    « La grande majorité de ces 20 000 personnes ont été du côté des quartiers Kurdes, certains du parti du régime ont dit que les hommes ont été arrêtés, mais il n’y a pas encore de confirmation. Beaucoup n’ont pas souhaité fuir pour ne pas devenir déplacés et réfugiés encore une fois, ils l’ont déjà été à plusieurs reprises. Ils ont toujours peur des arrestations du régime, au niveau des hommes, ils n’ont pas seulement peur d’être torturés ou d’être arrêtés, emprisonnés, mais même d’être envoyés au service militaire obligatoire du régime qui manque de ressources humaines. Donc ça va être de toute façon une tragédie pour eux« .

    La rébellion s’effondre à, Alep, l’armée de Bachar Al Assad avec l’afflux de l’aviation russe est en train de reconquérir la 2ème ville du pays. Les habitants d’Alep subissent des bombardements incessants, la situation est pour eux, très critique. – © GEORGE OURFALIAN – AFP

     
    Souria Houria le 10 décembre 2016
     
     
  • Les leçons du martyre d’Alep (Le Monde)

    Daech, pourtant absent de la bataille d’Alep, en apparaît comme le principal vainqueur et reprend l’offensive à Palmyre.

    Il y aura un avant et un après Alep, en Syrie et au-delà. Mais les forces qui tireront le plus grand profit de cette tragédie ne sont pas forcément en première ligne d’une telle bataille. N’oubliez pas que, au moment où vous lisez ces lignes, les résistants d’Alep, civils ou militaires, sont partout pourchassés et traqués, afin d’être liquidés. Littéralement : liquidés.

    1. Daech est le grand vainqueur, bien plus qu’Assad

    C’est l’organisation d’Abou Bakr al-Baghdadi qui apparaît comme le principal vainqueur de la bataille d’Alep. On ne rappellera jamais assez que Daech avait été expulsé de la deuxième ville de Syrie, en janvier 2014, par ces mêmes forces révolutionnaires contre lesquelles la dictature syrienne s’est acharnée. Je le répète au risque de lasser : c’est contre une cité libérée de Daech depuis près de trois ans que le régime Assad, la Russie et l’Iran ont mené la campagne la plus meurtrière du conflit syrien.

    Pendant que Poutine et ses protégés pilonnaient Alep sans merci, c’est un drone occidental qui a pu éliminer à Rakka le plus haut gradé francophone de Daech, Boubaker al-Hakim (je l’annonçais sur ce blog, longtemps avant la confirmation de cette disparition). Daech a donc été débarrassé par Assad de la menace révolutionnaire à Alep et a été épargné par les frappes russes, ce qui lui permet déjà de reprendre l’initiative à Palmyre. Quant à la propagande jihadiste, comme lors des bombardements chimiques de Damas en août 2013, elle peut dénoncer un « complot » international contre les Musulmans de Syrie et intensifier ainsi son recrutement dans le monde entier.

    2. L’Iran prend pied dans le nord de la Syrie

    Il faut remonter quatorze siècles dans l’Histoire, soit bien avant l’Islam, pour trouver un précédent d’intervention perse à Alep : l’empire sassanide, en guerre contre les Byzantins, avait alors ravagé la ville. C’est dire que l’irruption actuelle des Gardiens de la Révolution d’Iran représente un basculement majeur, d’autant qu’elle s’accompagne de la participation massive de milices pro-iraniennes, libanaises, irakiennes et même afghanes. Le sanctuaire alépin où une pierre est révérée pour avoir recueilli une goutte de sang de Hussein (martyr emblématique du chiisme en 680) pourrait servir d’ancrage à une implantation durable. Ce processus s’est déjà déroulé non loin de Damas, autour du mausolée de Zeinab, sœur de Hussein, avec expulsion progressive des populations locales.

    3. La reconquête de champs de ruines dépeuplés

    Le régime Assad s’avère incapable de reconquérir des territoires qui ne soient pas des champs de ruines, vidés de leur population. Ce fut le cas à Homs, dont le centre urbain, occupé en mai 2014, demeure deux ans plus tard à l’état de ville-fantôme. Même chose pour les différentes banlieues de Damas qui ont cédé à un siège implacable, avec des dizaines de morts de faim, telle Daraya en août 2016. A chaque fois, la population accompagne le départ des combattants insurgés, y compris dans des conditions extrêmes. Le despote ne peut se targuer d’aucun ralliement significatif, au mieux il engrange des redditions, imposées dans le sang et le feu.

    4. Poutine n’a aucune confiance en Trump

    Le président russe mène en Syrie ce que j’ai pu appeler « une guerre froide à sens unique », tant Barack Obama lui a laissé le champ libre. Poutine a vite compris que les pourparlers avec Washington ne déboucheraient jamais, mais qu’ils permettaient de couvrir avantageusement son escalade militaire sur le terrain. L’élection de Donald Trump lui ouvrait la possibilité d’une convergence au plus haut niveau au nom d’une lutte supposée partagée contre le « terrorisme ». Mais le maître du Kremlin préfère imposer de nouveaux rapports de forces plutôt que d’en négocier les termes avec son futur homologue américain. Obama s’est désengagé de Syrie, Trump risque fort d’en être expulsé, et ce à peine prises ses fonctions.

    5. L’ONU n’assure même plus le minimum humanitaire

    Des tragédies antérieures avaient vu l’ONU tenter de compenser par une suractivité humanitaire son impuissance à peser diplomatiquement et militairement. Un tel alibi n’est même plus de mise en Syrie : le bombardement d’un convoi de l’ONU à destination d’Alep, le 19 septembre 2016, est resté sans réponse, malgré la réunion du Conseil de sécurité, au niveau des ministres des Affaires étrangères, qui l’a suivi de peu ; l’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie ne s’est jamais aventuré à Alep, se contentant des antichambres plus confortables de Damas ; les bombardiers russes et syriens ont continué de cibler systématiquement écoles et hôpitaux à Alep-Est, malgré les condamnations jamais suivies d’effet de l’ONU. Alep est pour certains déjà devenu « le tombeau de l’ONU ».

    6. La Chine, et non seule la Russie, au Conseil de sécurité

    On avait pu croire que la Chine, après quatre vetos à l’unisson de la Russie, était en passe d’amender son soutien au régime Assad au Conseil de sécurité de l’ONU. Pékin s’était en effet abstenu, le 8 octobre 2016, sur une résolution appelant à l’arrêt des bombardements aériens sur Alep, résolution bloquée par le veto russe. Mais, le 5 décembre, la Chine a opposé son veto, tout comme la Russie, à une résolution sur une trêve de sept jours à Alep, texte proposé par l’Espagne, l’Egypte et la Nouvelle-Zélande. Pékin est légitimement préoccupé par la présence en Syrie des combattants ouigours du Parti islamique du Turkestan. Mais c’est le discours « souverainiste » de Poutine, avec son soutien inconditionnel aux régimes contre les peuples, qui séduit à l’évidence la Chine. Une fois encore, la Syrie révèle une vision du monde tout autant qu’une politique.

    7. Et après : Rakka ou Idlib ?

    Le régime Assad, la Russie et l’Iran tablent à l’évidence sur des opérations de « ratissage » relativement rapides à Alep-Est. La question se pose ensuite de la poursuite de l’offensive, soit vers l’Est et le dernier bastion des insurgés dans la province d’Idlib, soit vers l’Ouest et Rakka, le berceau et la « capitale » de Daech en Syrie. Tout conduirait Poutine et ses protégés à se tourner vers Idlib, afin d’assurer la jonction entre Alep et leur base de Lattaquié. L’inconnue repose sur l’accord tacite ou explicite qui existerait à ce stade entre Moscou et Ankara. La Turquie est en effet demeurée ostensiblement passive lors de la phase finale de la bataille d’Alep et elle a déjà profité d’un blanc-seing russe pour mobiliser ses alliés syriens contre Daech. Elle pourrait, à la faveur d’un assaut des pro-Assad contre Idlib, pousser son avantage vers le Sud et Rakka.

    8. Déjà du temps du mandat français

    La chute d’Alep-Est en 2016 peut être analysée en miroir de la « pacification » de Damas et de sa banlieue en 1926. La France exerçait alors sur la Syrie un « mandat » de la Société des Nations et elle faisait face depuis un an à un soulèvement nationaliste, qualifié en arabe de révolution (thawra). Elle avait joué Alep la soumise contre Damas la rebelle, tout comme la Russie et Assad jouent aujourd’hui Damas la soumise contre Alep l’insurgée. Des bombardements aveugles avaient frappé la capitale, malgré, déjà, les condamnations internationales, qui n’avaient pas empêché non plus le « ratissage » sanglant des banlieues de Damas. On peut noter que les frappes françaises étaient bien moins destructrices en 1925-26 que les bombardements russes de 2015-16. Paris avait restauré par la force brutale son autorité sur la Syrie, mais n’avait plus jamais retrouvé de base populaire à l’exercice de son mandat. L’aventure coloniale de la Russie en Syrie ne fait peut-être que commencer.

    http://filiu.blog.lemonde.fr/

  • Mohammed Harbi sur l’expérience autogestionnaire algérienne 1962-1965 (Anti-K)

    (Photo : Explication des décrets de mars, meeting de l’Amicale des algériens en France. (Au milieu, Mohammed Harbi); Coll. privée.

     

    Nous publions ci-dessous la contribution de Mohammed Harbi, dans Autogestion, hier, aujourd’hui, demain, (Syllepse, 2010), accompagné des annexes qui suivaient dans le livre (article de Raptis, décrets de 1963, circulaires, articles, documents visés par le texte de M. Harbi), ainsi que des extraits de l’entretien accordé auxTemps Modernes en juillet 1982 « l’expérience de 1962 à 1965, sa portée, ses limites ».

    LA DEMOCRATIE AUTOGESTIONNAIRE ALGERIENNE A L’EPREUVE

    Lorsqu’à l’automne 1963, le président Ahmed Ben Bella décide l’organisation d’un congrès des travailleurs du secteur agricole autogéré, baptisé à tort congrès des fellahs, la première question posée est de savoir qui devait l’organiser. Le Front de libération nationale (FLN), dont l’appareil est encore en gestation après son implosion au cours de l’été 1962, le Bureau national d’animation du secteur socialiste (BNASS), maître -d’œuvre des décrets de mars 1963, l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) ou le ministère de l’agriculture et de la réforme agraire, bras exécutif de la politique agricole.

    Dans une interview à Révolution africaine (juillet 1963), Ahmed Ben Bella estime qu’il revient au syndicat de prendre le secteur socialiste en main. Tournant le dos à cet engagement, il confie la préparation du congrès au FLN. Ce revirement s’explique par le discrédit de la direction de l’UGTA. Parvenue au sommet de l’organisation à l’issue d’un véritable coup de force appuyé par Ahmed Ben Bella, Mohamed Khider et Bachir Boumaza, la direction centrale n’a pas réussi à toucher le cœur des travailleurs. Sa légitimité n’est pas reconnue. Dans le même temps, les partisans de l’autonomie à l’égard du FLN, sûrs de l’appui des syndicats urbains, tentent de l’extérieur de s’implanter dans le secteur agricole, de combattre toute déviation étatique de l’autogestion et d’unifier sous leur égide la classe ouvrière.

    La conquête de l’UGTA est un enjeu d’importance pour toutes les factions du FLN, à droite[1] comme à gauche. Dans le monde du travail, les ouvriers du secteur agricole forment la majorité de la classe travailleuse.

    La première initiative en vue d’organiser un congrès des travailleurs de la terre a pour origine la commission organique du FLN sous l’impulsion d’Omar Benmahjoub, membre du bureau politique.

    Au départ, il y a un noyau central confié à Belhamissi, un des secrétaires de l’UGTA « illégitime » qui a l’appui du secrétariat du FLN et de ses compères de la direction de l’UGTA pour organiser les réunions à l’échelle nationale et préparer le programme du congrès. Ni le bureau politique ni le comité central n’en sont avisés. L’affaire s’ébruite quand le ministre de l’agriculture, Ahmed Mahsas, informé par ses collaborateurs des réunions organisées dans les domaines reprend le projet à son compte. Il semble à un moment que Benmahjoub et Mahsas agissent de concert. Benmahjoub cherche à investir comme candidat Belhamissi au secrétariat général de l’UGTA et ne tarit pas d’éloges à son égard. Il répète sans cesse : « Ce Belhamissi est une révélation sur le plan syndical », mais omet de signaler que celui-ci, instituteur de son état, n’a même pas été élu par la Fédération des travailleurs de l’éducation et de la culture. Quant à Mahsas, son but est clair. Il s’en est ouvert en toute franchise après le congrès à un membre du bureau politique, Aït El Hocine, ancien responsable de l’Amicale des Algériens en France : « Oui, vous avez tous des bases dans les fédérations, moi aussi je veux m’en créer une[2]. »

    Que faire pour éviter l’embrigadement des ouvriers agricoles et aider les partisans de l’autogestion en lutte contre les bureaucrates qui veulent faire main basse sur l’UGTA ?

    Avant même que Zahouane, le responsable de la commission d’orientation, ne soit alerté des réunions informelles se tiennent entre des éléments du BNASS (Lotfallah Souleiman, Mohammed Harbi), de l’UGTA (Mourad Benattig, Rebah Slimane) et un député (Abdelaziz Zerdani). En sort un texte diffusé par la section de l’UGTA d’Alger-Centre ( Document n° 1). Aussitôt après, Abdelaziz Zerdani soulève la question lors d’une réunion de la commission d’orientation. La décision est prise de faire barrage aux manœuvres qui visent à réviser les décrets de mars sur l’autogestion et à consolider l’étatisation du mouvement ouvrier. Les défenseurs de -l’autogestion au comité central se réunissent à la préfecture d’Alger sous la présidence de Hocine Zahouane, réunion au cours de laquelle sont prises les mesures suivantes : déclencher une campagne d’information à tous les niveaux pour dénoncer les intrigues des bureaucrates du FLN qui substituent à un fonctionnement normal des institutions les jeux de l’ombre ; s’appuyer à cet effet sur les textes de la charte d’Alger et le discours d’Ahmed Ben Bella au congrès du FLN (avril 1964) ; désigner Mohand Saïd, animateur de la commission des organisations de masse, pour suivre les travaux du congrès ; charger Mohammed Harbi de rédiger une note d’orientation à la presse, à la radio et à la télévision pour éclairer l’opinion sur les tentatives de révision des décrets de mars (Document n° 2).

    Les directives de la commission d’orientation sont suivies à la lettre par tous les organes de presse et plus particulièrement par les hebdomadaires El Moudjahid de langue arabe et Chabab (jeunesse) sous l’autorité de Zemnouar Merrouche et de Haïdar Hassani. DansRévolution africaine, Amar Ouzegane se tient sur une prudente réserve.

    Notre but n’est pas de nous substituer aux représentants des ouvriers agricoles, mais de neutraliser l’action de leurs ennemis. Dès l’ouverture du congrès, le président Ben Bella sa caution à Mahsas : « Je vous présente Mahsas qui a fait de la prison avec moi. Il n’a de leçon à recevoir de personne. » L’attaque déguisée vise Mazouzi, Rebah, Slimane et Mourad Benattig et conforte ses amis. Choqué, Mazouzi quitte le congrès. Les fonctionnaires du ministère de l’agriculture n’ont pas les mains libres pour autant. Les délégués des ouvriers agricoles ne se laissent pas faire. Les récalcitrants sont séquestrés à Rocher-Noir avant l’ouverture du congrès. Malmenés par Mokhtar Bouchafa[3] qui les menace en exhibant ostensiblement son revolver, ils réagissent au congrès et présentent leurs doléances sans faux-fuyants. De leurs interventions il ressort que les assises de la FNTT tournaient, comme le premier congrès de l’UGTA, à l’opération policière (Document n° 3).

    À gauche, Hocine Zahouane décide de réagir le samedi. Resté en contact avec les cadres de la commission d’orientation (le capitaine Mostafa Khalfallah, Ali Merrouche), de la commission économique (Hamadache) et de l’UGTA (Rabah et Benattig), il se rend au congrès où il trouve une atmosphère -irrespirable. Pressenti comme futur secrétaire général de la FNTT, Bouchafa oriente les travaux du congrès et en expulse Belhamissi en recourant à la violence. Zahouane téléphone à Ben Bella, l’entretient de l’atmosphère qui règne au congrès et de la volonté des fonctionnaires du ministère de l’agriculture de prendre par la menace et l’intimidation le contrôle de la commission exécutive de la FNTT. S’ensuit un échange sur la notion de producteur. Ils ne parviennent pas à s’entendre au téléphone, Zahouane se rend alors à la villa Joly et lui fait un compte-rendu du déroulement du « congrès ». Gêné, Ben Bella promet finalement après une discussion serrée que sur les quarante-deux membres de la commission exécutive, il n’y aurait que deux fonctionnaires. Il se rend à Ben Akroun pour sermonner Bouchafa et ses collègues. Il est 16 heures. Tout le monde croit à un revirement de Ben Bella. Les partisans de Benmahjoub Nekkache et Boudissa se rendent à la villa Joly et le firent changer d’avis. Vers 18 heures, Zahouane fait un saut au congrès. Les jeux étaient presque faits. Certains délégués pleuraient de rage. Zahouane reprit le chemin de la villa Joly pour demander des explications à Ben Bella. Celui-ci ne savait que répondre et finit par lui dire : « Les autres frères de la commission organique s’en occupent. Je te demande de ne pas ajouter à la tension et ne plus intervenir. » L’échange est tendu : « Je ne cautionnerai pas une telle politique et tu dois t’attendre à ma démission. » Ben Bella l’accompagna jusqu’à l’ascenseur : « Non, ce n’est pas comme çà qu’il faut me dire. » À 21 heures, Zahouane fait à nouveau un saut au congrès. Les imposteurs jubilaient aux côtés de Boudissa, mais Ben Bella sanctionna Bouchafa auquel échappe le secrétariat général au profit de Ramdane Bouchebouba, ancien contrôleur général de l’organisation du MTLD, arrêté en France au cours de la guerre comme chef de wilaya.

    Le soir même de la clôture d’un congrès scandaleux, Zahouane adresse un article au Peuple d’Alger, à Républicain et à Alger Le Soir et les conjurés se retrouvent en accusés devant l’opinion publique ( Document n° 4).

    Ce n’est que le 29 décembre que Zahouane revoit Ben Bella en présence de Ben Alla. Ben Bella lève les bras au ciel et dit : « Comment tu nous fais un coup comme ça, Hocine. » « Je t’avais averti, répond Zahouane et de toute façon ce congrès est un scandale et il reste contesté. » « Oui, tu vois, c’est que je ne voulais pas laisser le congrès entre les mains des communistes », répond Ben Bella. Les communistes, c’était pour Ben Bella les nationalistes de gauche, c’est-à-dire tous ceux qui s’étaient opposés à lui sur la question de l’autonomie des syndicats et qui, sur le terrain étaient les adversaires des syndicalistes du PCA.

    Lors de la réunion du comité central qui suivit le congrès de la FNTT, Saadouni propose de dénoncer le congrès de la FNTT. Ben Bella élude la question et ne l’inscrit pas à l’ordre du jour. Ce fut, après l’épreuve du congrès un moment révélateur des ambiguïtés du président Ben Bella sur la question de l’autogestion et des illusions que nourrissent à son égard les concepteurs des décrets de mars. En vérité, l’année 1964 est caractérisée par une offensive tous azimuts des tenants du conservatisme social et des étatistes qui avancent masqués derrière le bouclier de la religion. La gauche, qui inclue en son sein le parti de la sécularisation, s’est vue accusée d’anti-arabisme, d’anti-islamisme et d’athéisme (Document n° 5). Et, comme Ben Bella considère l’islam comme le ciment normatif de la société, il s’est montré plus sensible aux pressions de ses amis étatistes qu’aux intérêts fondamentaux du monde ouvrier.

    Mohammed Harbi 10 décembre 2016-

    Notes:

    [1]. S’y retrouvent des partisans de la propriété privée et des étatistes liés à Ben Bella, ainsi que d’anciens apparatchiks du PPA-MTLD.

    [2]. Propos rapportés à Hocine Zahouane par Aït El Hocine

    [3]. Chef du commando du FLN à Alger avant Yacef Saadi.

    http://www.autogestion.asso.fr/

    http://www.anti-k.org/

  • Rafles d’Africains en Algérie : l’irrésistible attraction de l’abject (Afriques en Lutte)

     

    Beaucoup a été dit et écrit sur un régime illégal qui conduit, entre prédation et in-compétence, l’Algérie vers une zone de turbulences que l’on pressent extrêmes.

    Mais, le sujet semble inépuisable car en matière de régression politique et morale, ceux qui maintiennent le pays dans une désastreuse impasse se révèlent en effet particulièrement féconds.

    Au fil de son délitement, ce système semble avoir fait le serment d’extirper – ou au moins de porter systématiquement atteinte à – tout ce qu’il y a de plus élevé et de plus digne de respect dans le capital politique du peuple algérien. Ceux qui le dirigent et en tirent bénéfice semblent avoir fait le serment de ne laisser qu’un champ de ruines en héritage aux générations qui viennent. Cette dictature amnésique, dont la brutalité n’a d’égale qu’une illégitimité intrinsèque, a habitué les populations aux agissements les plus répréhensibles, aux scandales et aux discours plus démagogiques les uns que les autres.

    Régression et machisme

    La camarilla au pouvoir, qu’elle apparaisse sous les feux de la rampe du gouvernement des apparences ou tapie dans l’ombre, situation qu’elle affectionne car elle se sait imprésentable, parvient à chaque détour de l’actualité à étonner par sa capacité à descendre toujours plus bas les échelles de l’indignité. Hocine Aït-Ahmed avait observé avec sa finesse légendaire que « ce régime ne se reproduit que par amputations successives ». Les événements ne cessent de donner sens à l’oxymore du leader disparu. À corruption égale et continue, ceux qui se succèdent pour incarner le système semblent décidément à chaque fois plus ineptes.

    Désemparés par la contraction durable des revenus pétroliers depuis la chute des prix du baril, les porte-voix du régime rentier exposent leur incompétence au grand jour. Ainsi, les déclarations d’une « ministre de la Solidarité, de la Famille et de la Condition féminine » ( !) qui propose le 30 novembre que les femmes cadres reversent leur salaire au Trésor public, car « nos maris s’occupent de nous », n’ont pas fini de choquer une opinion qui pensait pourtant avoir tout entendu. Même si bien peu de monde garde quelque illusion sur une bureaucratie dont la vaine parole est le fidèle écho du vide qui la constitue. Et l’on voit bien que face à une crise dont elle appréhende l’ampleur, cette bureaucratie panique et ne trouve de ressources que dans sa culture d’expédients et de bricolages, dénuée de la moindre vision et de toute morale.

    Cette autorité, benoitement inculte, relaie une vision du monde approximative construite sur les représentations machistes à rebours du siècle. Pour scabreuses qu’elles soient, ces déclarations d’une ministre illustrent bien la vulgarité commune d’un personnel de troisième zone formé au cœur du système. Il est vain d’espérer de ces milieux la moindre renouvellement sociopolitique ; on peut constater en toute objectivité qu’ils sont, bien au contraire, les fourriers de l’obscurantisme. Tout aussi gravement, cette sortie augure des difficultés que devra affronter le pays, une fois les réserves de change épuisées.

    Rafle raciste

    Mais ces sottises ministérielles ne sont que vétilles à côté de la rafle de quelque 1 400 sans-papiers africains dans la nuit du 1er au 2 décembre dernier. La descente de police et de gendarmerie qui a commencé jeudi soir s’est poursuivie vendredi matin. Des éléments de ces services de « sécurité » ont fait irruption dans des locaux occupés par des migrants subsahariens en les sommant de monter dans des bus.

    Selon la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme, les personnes ra-flées, dont des femmes et des enfants, ont été d’abord regroupées dans un camp insalubre dans la périphérie de la capitale. À l’issue de ce voyage au bout de la nuit, ces malheureux devaient être transférés manu militari à Tamanrasset avant leur expulsion du pays.

    Il s’agit là d’une forfaiture renouvelée digne d’un régime fasciste. Par ces pratiques criminelles réitérées, l’Algérie de la Révolution africaine, l’Algérie solidaire de tous les peuples en lutte, l’Algérie de Fanon est ainsi ramenée au rang honteux des pays racistes. Sans fard ni vergogne, des Algériens occupant des fonctions d’autorité ont ordonné la déportation brutale et inhumaine de frères et de sœurs de notre commun continent broyé par les guerres et la misère.

    La servilité du régime

    Comment une telle atrocité a-t-elle pu se reproduire ? Les précédentes expulsions auraient dû servir de leçons. Au regard des valeurs de ce peuple, une telle atrocité est totalement injustifiable et rigoureusement inacceptable. Qui a pris sur lui de cracher à nouveau sur l’Histoire ? Au nom de quel racisme « d’État », au nom de quelle xénophobie officielle expulse-t-on des femmes, des enfants et des hommes réfugiés sur le sol national ? Aucune « raison » ne saurait être opposée à la tradition nationale d’accueil et de solidarité forgée au cours des âges et souvent lors des plus sombres périodes.

    Aucune logique de pseudo-maintien de l’ordre n’excuse l’action policière où certains ont cru voir une manière de flatter les bas instincts d’une catégorie de la population. Bien peu sont dupes cependant. Qui n’a pas compris qu’il s’agit avant tout d’envoyer un signal aux protecteurs européens de la dictature ? Cette punition collective est d’abord destinée à montrer aux Occidentaux que le régime d’Alger est plus que disposé à servir de supplétif docile aux politiques de « containment » des migrations africaines.

    Cet acte cruel et inhumain est un odieux désordre.

    Il est le fait d’un régime mercenaire sans assise populaire et sans repères historiques qui s’empresse de complaire à ses maîtres. Le peuple algérien bâillonné est la première victime de la brutalité d’une tyrannie servile, sans éthique et sans mémoire. Il n’est en rien complice des crimes de la dictature qui l’opprime avec férocité. Les nombreuses expressions concrètes de solidarité de citoyens anonymes en sont la preuve. Ce n’est point en son nom que ce régime commet ces exactions à l’endroit de personnes vulnérables.

    La déliquescence de l’État

    Ce que révèlent essentiellement les pratiques d’expulsion éminemment condam-nables de la dictature et les propos choquants d’une ministre, c’est avant tout l’inquiétante carence de l’État. Incapable de formuler des stratégies d’adaptation à la crise des recettes pétrolières et incapable de concevoir des politiques d’accueil des migrants, le régime n’a plus d’autres recours que d’ineptes balbutiements et la brutalité policière.

    La confusion et le désordre qui caractérisent l’action publique sont flagrants. De fait, cette rafle intervient le jour même de l’ouverture du Forum économique africain, « accueillant » - dans une exhibition honteuse d’impréparation et de désorganisation - les partenaires africains dont le régime expulse les ressortissants.

    De fait, le recul de l’État peut être observé à tous les niveaux d’autorité. De l’administration locale complétement défaillante jusqu’aux centres de décision les plus élevés, entre absence et incompétence avérée. Les annonces qui se succèdent ne sont suivies d’aucun effet, sinon de scandale, conférant à l’action officielle un caractère de pure gesticulation. S’agissant des populations de migrants condamnées à la précarité et aux violences, l’inexistence d’une politique publique claire et cohérente fondée sur les principes fondateurs de l’État algérien est la démonstration claire et nette de l’irresponsabilité du pouvoir face à la situation de quelque 100 000 migrants subsahariens qui vivent dans des condition déplorables en Algérie, comme l’a dénoncé Amnesty International.

    L’informel, dont sont directement victimes ces populations sans droit ni titre de séjour, ronge la société toute entière et contrecarre à la racine les évolutions rendues urgentes par l’imminence des ruptures sociopolitiques. Il est donc vital pour tous ceux qui aspirent à une transition la moins coûteuse possible d’envisager les formes de mobilisations pacifiques qui doivent pallier le déficit d’État et les manipulations politiciennes visant à stimuler les fausses contradictions pour opposer migrants et citoyens. Une démarche elle aussi importée d’Europe ou elle connaît un tragique succès.

    Dans ce contexte de dégradation des conditions générales, pour dérisoires qu’elles soient, les considérations de la ministre ne sont donc pas seulement anecdotiques. Elles disent l’impuissance et le désarroi du système sans autre base sociale que ses clientèles. Privé de moyens financiers opulents hier encore assurés par la rente, le seul levier du régime est la répression.

    L’interdiction des manifestations, les arrestations et condamnations de syndicalistes forment le quotidien d’un régime complétement dévoyé. Dans ces conditions, l’appui de l’Occident est d’autant plus crucial pour la dictature. La déportation massive de migrants est la démonstration implacable qu’un nouveau palier supplémentaire dans une honteuse collaboration a été franchi. Les rafles des Africains sont une autre souillure indélébile que devra assumer ce régime.

    Installé dans une surenchère démagogique et brutale, les « décideurs » sont ainsi aspirés dans une spirale d’indignité qui les entraîne à chaque fois plus bas dans l’infamie.

    Omar Benderra 7 décembre 2016

    http://www.afriquesenlutte.org/

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