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  • Alep : Au milieu des décombres et du sang, Assad et Poutine crient victoire (Révolution Permanente)

    Il s’agit sans doute de l’épilogue de la période ouverte avec les printemps arabes de 2011.

    Alors que la situation à Alep est plus que dramatique, le dictateur Assad crie victoire, épaulé par son allié russe, Vladimir Poutine. Une victoire annoncée de la réaction, qui ne devrait en aucun cas mettre fin à la barbarie qui règne actuellement en Syrie.

    Assad parle de "libération" d’Alep. Poutine appelle au cessez le feu dans tout le pays

    A Alep, les troupes loyalistes du gouvernement Assad ont repris la ville, en ruine après 6 ans de guerre. Dans une vidéo postée sur Facebook, le dictateur s’est félicité de la "libération" d’Alep, un succès qu’il n’aurait jamais obtenu sans ses alliés, en particulier la Russie. Vladimir Poutine n’est d’ailleurs pas en reste, appelant ouvertement à un cessez le feu immédiat sur l’ensemble du territoire Syrien. Le tandem Assad/Poutine, fer de lance de la réaction la plus barbare depuis l’ouverture du processus révolutionnaire en 2011, sort sans conteste vainqueur au milieu des décombres et des cadavres du peuple syrien : plus de 400 000 depuis le début du conflit pour ce qui reste sans doute la plus grande boucherie de ce début de XXI° siècle.

    Sans alternative progressiste et prise du pouvoir par les travailleurs, c’est bel et bien la barbarie qui l’emporte. Une barbarie encore loin d’être terminée, tant cette victoire objective d’Assad laisse le champ libre aux représailles, exécutions et épurations. Les ruines d’Alep offrent le visage saisissant des conséquences d’une solution "pro-impérialiste", d’une révolution déviée vers les intérêts de diverses puissances réactionnaires. Un scénario loin d’être isolé, quand on pense à la situation de Mossoul en Irak, au Yémen ou les phénomènes contre-révolutionnaires sanglants en Tunisie et en Egypte.

    Exiger l’ouverture des frontières et l’asile politique : Une revendication immédiate d’urgence pour le mouvement ouvrier international.

    La situation dramatique en Syrie ne laisse quasi plus de place pour un renversement populaire et révolutionnaire de la situation. L’explosion a bien eu lieu, mais le manque de perspectives et d’organisation révolutionnaire aura conduit au désastre actuel, sans alternative possible à court terme pour les masses insurgées.

    Un bilan terrible mais nécessaire dans le contexte mondial actuel, qui laisse présager une augmentation des conflits de classes sur fond de crise économique, sociale et politique. Pour l’heure, la situation d’urgence doit réveiller le meilleur de l’internationalisme ouvrier, avec des revendications fortes que seul un rapport de force conséquent permettra d’imposer.

    Celle de l’ouverture des frontières pour l’accueil de l’ensemble des réfugiés fuyant la barbarie impérialiste au moyen orient et l’obtention de l’asile politique pour toutes celles et ceux qui se sont soulevé(e)s contre le régime dictatorial d’Assad.

    Le tout couplé à un cessez le feu multilatéral entre les différentes force pro-bourgeoises et réactionnaires en action sur le territoire. Il s’agit, à l’heure actuelle, de la seule perspective un tant soit peu progressiste qui soit réalisable, pour éviter la poursuite des actes barbares qu’ouvre la victoire de Bachar Al Assad et de ses alliés.

    16 décembre Julian Vadis

    http://www.revolutionpermanente.fr

  • Paris Alep

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    Facebook

  • Philippe Poutou (NPA)

  • Brest Quimper. Solidaires des victimes d’Alep (Ouest France + Télégramme)

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    Brest:

    Plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées hier soir devant le monument aux morts de la place de la Liberté pour rendre hommage aux habitants d'Alep, victimes d'un siège sanglant de l'armée syrienne ces derniers jours. « Nous sommes la conscience en marche de l'humanité qui refuse la barbarie », ont déclaré les organisateurs regroupant différents collectifs et associations. Les participants ont conclu leur rassemblement en observant une minute de silence. 1

    Quimper:

    Solidaires envers les victimes de la guerre en Syrie, près de 200 personnes se sont rassemblées ce samedi matin 17 décembre, place Terre-au-Duc à Quimper (Finistère). L’appel était lancé par la section quimpéroise de la Ligue des Droits de l’Homme.

    "Des civils sont tués à l’arme blanche. Certains montent dans des cars, on ne les retrouve plus." Les informations reçues par la section quimpéroise de la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) en provenance de Syrie, via les réseaux sociaux notamment, sont "effrayantes", alerte son président, Dominique Brunel.

    http://www.ouest-france.fr/

    http://www.letelegramme.fr/

  • Insoumission (Anti-k)

    melechn

    Oui, Mélenchon a approuvé les bombardements russes sur la population civile d’Alep !

    La controverse sur la question syrienne prend une importance considérable dans les débats entre les organisations se réclamant du marxisme à la hauteur du drame épouvantable qui se joue à Alep et en Syrie.

    Dans une situation où les contradictions capitalistes conduisent à une crise paroxystique, sans qu’un front populaire des travailleurs gagne l’hégémonie dans la confrontation avec les forces du capital et de leurs alliés, il y a un risque d’une tendance à l’émiettement des oppositions, au repli sur soi sectaire, à l’opportunisme réformiste et électoraliste et surtout nous assistons à « une dérive des continents » vers la droite, une « tectonique des plaques » inquiétante voire effrayante symbolisé à nos yeux par le cas jlm2017 que nous combattons vigoureusement mais politiquement ici: http://www.anti-k.org/

    Mais derrière lui et son côté « tête de turc », que nous n’avons pas épargné, au delà de la polémique sur ses propos et son impensé, nous découvrons des « camarades » qui pour défendre leur chef à tout prix, révèlent des positions politiques odieuses sans prendre les circonlocutions pénibles de leur mentor.

    Nous ne transigerons pas face à ceux qui « relativise » pareille monstruosité à Alep, en tant qu’être humain sensible d’abord et parce qu’il s’agit d’une  néga- tion de nos traditions internationalistes qui se rangent toujours du côté des opprimés, anti-impérialistes et anti-guerre, qui va nous conduire à rompre avec eux, un nouveau désastre en vue ! 

    Lire aussi notre camarade Julien Salingue

    http://www.anti-k.org/

  • Nouveautés "Syrie" sur Europe Solidaire Sans frontières

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    • Syrie
      Alep, Syrie : Les massacres continuent avec la bénédiction du monde « libre » et grâce à son indifférence

      , par CONFAVREUX Joseph, KAWAKIBI Salam

      Salam Kawakibi est originaire d’Alep. Il est politiste, directeur adjoint du laboratoire d’idées Arab Reform Initiative. Il a récemment publié et préfacé chez Actes Sud le livre d’Abd al-Rahman Kawakibi, son grand-père, intitulé Du despotisme, un recueil de textes écrits au début du XXe siècle qui ont (...)

    • Syrie
      Alep : Dans les larmes et le sang – Syrie : le duo diplomatique russo-turc

      , par BARTHE Benjamin, Le Monde.fr

      Dans les larmes et le sang, l’adieu des insurgés à Alep
      L’évacuation des 50 000 habitants de la partie est de la ville a commencé jeudi 15 décembre, mais elle ne se déroule pas sans accroc.
      Leur photo passera peut-être à la postérité sous le titre des « amoureux d’Alep-Est ». Lui en jean et blouson, un (...)

    • Syrie
      Alep saigne. La Syrie saigne.

      , par ARABI Samir

      Déclaration lue « à titre personnel » par Samir Arabi, principal animateur de Toulouse Syrie Solidarité, lors du rassemblement du mercredi 14 décembre.
      Chers amis Bonsoir,
      J’exprime dans cette intervention mes opinions en tant que démocrate syrien indépendant. Elles n’engagent pas le Collectif (...)

       

    • Syria
      Turkey: women, girls, children victimised by the AKP authoritarian government

      , by TURAN Nurcan

      RESİSTANCE AGAINST AKP’S PATRIARCHAL ATTACK
      Like every authoritarian government AKP has a special interest in suppressing women and children that gives them the opportunity to naturalise and justify its despotic and patriarchal rule. They have attempted to take back many rights of women since (...)

    • Syria
      UK/Syria – Today’s emergency debate on Aleppo: What we haven’t done

      , by STROM Kellie

      Tobias Ellwood, UK Government Minister for Middle East, tweeted today to the Russian Ambassador: ‘Emergency Commons debate on Syria today. Please say what you are doing to help those trapped in Aleppo.’
      The Russian government, in partnership with the Assad regime, the Iranian regime, the (...)

    • Antiwar, International Solidarity
      Philippines/Syria: Stop the bombing of Aleppo, provide safe passage

      , by PLM

      The bombs are falling on Aleppo as we issue this statement and the people of Aleppo are sending their final messages and last minute appeals to avert what can only be described as genocide by a brutal regime against its own people.
      According to latest reports from humanitarian volunteers from (...)

    • On the Left
      We weep for Aleppo – “Aleppo burn, Yemen starve and Palestine cry out for justice”

      , by DOWLING Felicity, Left Unity

      Left Unity Principal Speaker Felicity Dowling writes:
      The abomination that is the destruction of Aleppo, of its people and of its buildings and services will be remembered for centuries to come, should humanity have the good fortune to last that long.
      War is part and parcel of capitalism, (...)

     

  • Aux ratiocineurs assado-poutiniens de France et d’ailleurs ( Philippe Marlière)

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    Une lecture ambivalente de la tragédie d’Alep a pris corps dans des cercles de la gauche « radicale ».
     
    Celle-ci efface des débats les combattants pour une Syrie libre et démocratique qui s’opposent à la fois à la dictature d’El-Assad et à Daech. Ce discours impérialiste français, qui s’oppose à l’impérialisme étatsunien, renie plus d’un siècle de traditions et de luttes internationalistes.

    Le niveau de tartufferie et de cynisme de carriéristes politiques et autres « intellos » de salon a atteint la côte d’alerte. Le seul acte de « bravoure » de ces acteurs consiste à prendre à rebrousse-poil les « médias-à-la-solde-des-États-Unis-qui-désinforment ». Ce discours révisionniste que l’on nous sert à grosses louches ces jours-ci sur les réseaux sociaux est un poison mortel à gauche.

    Il faut admirer la plasticité et l’adaptabilité idéologique d’une argumentation qui procède essentiellement par diversions (« Pourquoi ne parlez-vous pas des autres guerres ? »), par le biais de recensions comptables « objectives » (« cela fait six mois que l’on nous annonce la destruction du dernier hôpital à Alep-Est ») et d’affirmations aussi idiotes que scandaleuses, vite démenties quand les critiques enflent (« Poutine va régler le conflit en Syrie »).

    Cette péroraison insidieuse prend corps aussi bien dans le mainstream de la gauche dite « radicale » que dans les cercles conspirationnistes et, évidemment, dans la fachosphère.

    C’est un discours de sens commun qui alterne les propos sibyllins et équivoques, et des affirmations tapageuses. Quand des voix à gauche se rebellent, le ratiocineur assado-poutinien bat provisoirement en retraite, joue à la victime, à l’incompris : « on a déformé mes propos, c’est une conspiration des médias capitalistes, etc. ».  Cette rhétorique fonctionne en boucle, et malheureusement convainc des esprits bien disposés en général.

    Ce poison mortel à gauche, cette (dé)raison soi-disant « anti-impérialiste » sert aujourd’hui de prêt-à-penser d’un combat qui renie plus d’un siècle de traditions et de luttes internationalistes.

    L’internationalisme de gauche est un humanisme intégral : il est bien entendu anti-belliciste, anti-impérialiste et se range aux côtés des opprimés, fussent-ils citoyen-nes cubain-nes ou vénézuélien-nes. Un régime de gauche qui ne respecte pas les droits élémentaires humains doit être considéré comme oppresseur même s’il est progressiste sur le plan socio-économique. Et tant pis s’il faut désespérer le Billancourt géopolitique. L’internationaliste de gauche ne choisit pas ses guerres : il les condamne toutes.

    Ces principes ad minima étant posés, il est simplement stupéfiant que certains à gauche continuent de renvoyer dos-à-dos toutes les parties au conflit et de distiller le doute sur les motivations des parties combattantes. Dire que le combat qui fait des morts civiles (« c’est bien regrettable, mais dans toute guerre il y a des morts civiles », ajoutent nos tartuffes) oppose El-Assad à Daech est une contre-vérité par omission : il se trouve aussi dans ce conflit des combattants pour une Syrie libre et démocratique qui s’opposent à la fois à la dictature sanglante d’El-Assad et à Daech. Ces forces sont les grands perdants de cette offensive. Elles sont, de manière inouïe, oblitérées de ce conflit. C’est une infamie, une faute politique inexcusable de la part de celles et ceux qui se réclament des valeurs et des idéaux de gauche.

    En ce jour, pendant que l’on continue d’arrêter et d’assassiner des civils à Alep – hommes, femmes et enfants – que des femmes engagées dans la résistance se suicident pour échapper aux viols des soldats, nos tartuffes font de vagues déclarations anti-guerre aussi hypocrites que lénifiantes, noient le poisson en digressant sur les conflits au Kosovo, au Yémen, etc.

    Le champ politique comprend ses admirateurs poutiniens – « l’homme fort du Kremlin » – mais il regroupe surtout l’inévitable nébuleuse gauche/droite néo-républicaine, mue par la nostalgie d’une France établie comme « puissance internationale ». L’ennemi numéro un, aussi bien de cette gauche républicano-gaulliste que de l’extrême droite, est « l’impérialisme yankee ».

    Le champ intellectuel compte ses Dr Pangloss, ceux qui concluent sentencieusement un papier sur la tragédie d’Alep en affirmant : « nous n’avons aucune leçon à donner à El-Assad et à Poutine ; Obama est le vrai responsable, ainsi que nos gouvernements, du fait de leur inaction et de leur manque de courage ». C’est une évidence que nos gouvernements occidentaux portent une très lourde responsabilité dans ces massacres : leur inaction et le manque d’initiatives concrètes sont hautement coupables. Mais une fois que l’on a dit cela, quid des massacres assado-poutinien ?

    À Alep, ce sont des hommes, des femmes et des enfants que l’on massacre devant nos yeux. Il faut se mobiliser pour les sauver et les protéger de toute urgence. Toute autre considération est sans intérêt en cette heure tragique.

    facebook

  • Notre position sur la Syrie (NPA 86) + Dossier

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    Le NPA de la Vienne participe à la mobilisation poitevine de solidarité avec Alep.

    Il s’agit pour nous, à une échelle de masse, de dénoncer des crimes contre l’Humanité, de demander, dans l’unité la plus large, l’arrêt des bombardements, et la mise en place de solutions humanitaires rapides. Les populations civiles, et les révolutionnaires syriens, en ont besoin.

    La mobilisation en France (du moins localement), pour la première fois depuis le début de la révolution, rassemble plusieurs organisations politiques de gauche, et de nombreux citoyens. Il faut le saluer, même si cela arrive très tard. Néanmoins, des désaccords de taille continuent d’exister entre certaines de nos organisations. Le NPA tient donc, ici, à donner son positionnement sur la politique à adopter.

    Révolution permanente !

    Depuis les premières heures de la révolution syrienne, dans l’effervescence des printemps arabes, le NPA est aux côtés du peuple syrien. Nous avons, en particulier, écrit des dizaines d’articles dans notre journal "L’Anticapitaliste". Ces articles sont disponibles en cliquant ici. Le NPA a de nombreux militants membres de la IVème Internationale (au même titre que Ensemble !). Nous avons donc des liens avec des groupes politiques syriens engagés dans la révolution. Ceux-ci ont été invités à plusieurs reprises dans certains de nos meetings.

    Ce premier paragraphe vise simplement à mettre en lumière la révolution syrienne. Non, la Syrie ne connait pas une guerre entre DAESH, Al Nostra et l’État Loyaliste de Assad. Cette version est le fruit de la propa- gande du régime de Bachar Al Assad, qui, en faisant entendre cette version, se place, aux côtés de la Russie et de l’Iran, en rempart contre le terrorisme.

    La révolution syrienne, et en particulier à Alep, n’est pas liée aux groupes terroristes islamistes, mais bien à un soulèvement populaire, pour en finir avec la dictature de Assad fils, pour répondre à des exigences démocratiques et sociales. Nier cette révolution, c’est déjà faire le jeu de Assad.

    C’est pourquoi nous ne défendons pas une politique de la paix entre les différentes parties.

    Nous soutenons, de toutes nos forces, la révolution. Nous disons, avec le peuple syrien, Bachar Dégage ! La paix en Syrie, dans l’immédiat, ne se fera pas avec des élections où Bachar pourrait être réélu. Le préalable à la paix, c’est le départ de Assad.

    Refus de tous les impérialismes, de tous les obscurantismes

    Combattre Assad, c’est notamment combattre l’intervention russe en Syrie. Poutine intervient en Syrie aujourd’hui car il a besoin du soutien de Assad afin de garder un partenaire politique ayant une ouverture sur la Méditerranée. Comme en Tchétchénie, Poutine, sous prétexte de lutte contre l’islamisme, détruit toutes les résistances démocratiques ou indépendantistes.

    De l’autre côté, les USA, appuyés notamment par la France, et en relation avec les monarchies du Golfe, ont plus ou moins soutenus les groupes "rebelles" les plus réactionnaires, au moins pour les USA. L’objectif était de contrer la Russie et l’Iran. Toutefois, depuis les attentats, la solution Assad est apparue comme alléchante. Ils ont alors organisé, eux aussi, des bombardements sur la Syrie, tuant, là encore, des centaines de civiles. Et la victoire de Trump pourrait profiter à Assad, comme celle de Fillon, s’il gagnait la présidentielle. Bref, nous avons là affaire à des manœuvres entre impérialismes, qui se soucient de leurs intérêts géopolitiques au détriment d’un peuple qui lutte et qui souffre.

    Nous rappelons pour notre part notre opposition aux interventions militaires impérialistes.

    Nous sommes opposés aux bombardements. Nous avions en revanche relayé l’appel des révolutionnaires syriens, de l’Armée Syrienne Libre, à recevoir des armes pour lutter plus efficacement contre Assad. Mais la France n’a pas répondu positivement, laissant les révolutionnaires sans équipements de qualité, face à un régime soutenu, lui, par la Russie, et face à Daesh, soutenu par les monarchies du Golfe.

    La situation aujourd’hui est pire qu’en 2011.

    La révolution est affaiblie, mais elle est toujours debout. Il ne faut pas céder. Notre rôle est d’organiser la solidarité la plus large, pour sortir du marasme les populations écrasées par le régime et les impérialismes. Mais il faut aussi continuer à soutenir la révolution, ne surtout pas ignorer les révolutionnaires, demander l’arrêt des bombardements, crier avec les syriens Bachar dégage !

    Même en Syrie, ils n’empêcheront pas le printemps d’arriver, et avec lui l’éclosion de mille Communes.

    mercredi 14 décembre 2016

    http://www.npa86.org/

     

    Lire aussi:

    Syrie : Avec la complicité des grandes puissances, Alep agonise (NPA)

    «Burning country»: les syriens dans la guerre et la révolution…(Anti-k)

    Alep, victime de tous ses bourreaux La Syrie nous le rappelle tragiquement : plus que jamais, socialisme ou barbarie ! (Révolution Permanente)

    Avec la conquête surprise de Palmyre, l'EI sort renforcé (L'Express)

    Le régime syrien combat-il vraiment l’État islamique? (Slate)

  • Comment une vidéo conspirationniste sur la Syrie est devenue la deuxième la plus vue sur YouTube (Les Inrocks)

    La propagande russo-syrienne à propos de la bataille d’Alep bat son plein.

    Sur YouTube, la seconde vidéo la plus vue en ce moment émane ainsi de Russia Today France, preuve de sa puissance sur internet.

    Le titre de cette vidéo est un programme en soi : “ONU : une journaliste démonte en deux minutes la rhétorique des médias traditionnels sur la Syrie”. Tous les critères pour lui assurer un buzz sur internet sont remplis : la figure tutélaire de l’ONU (argument d’autorité), le verbe “démonter” qui promet une vérité révélée, la brièveté (“deux minutes”) et la cible, assez classique (les “médias traditionnels”).

    De fait, sur YouTube, elle a cartonné. Postée le 13 décembre en pleine bataille d’Alep, elle a atteint aujourd’hui 419 000 vues, et apparaît dans les “tendances” YouTube en deuxième position, entre une vidéo humoristique et un top 10 insolite. Pourtant, il s’agit d’un exemple typique de propagande russe sur le conflit en Syrie, et donc de désinformation.

    Comment une vidéo conspi est devenue mainstream

    Pour résumer son contenu : la “journaliste indépendante” Eva Bartlett (qui travaille en fait régulièrement pour Russia Today depuis 2013) est interrogée par un journaliste norvégien sur ce qui l’autorise à dire que les informations des grands médias occidentaux sur la Syrie sont mensongères. Elle lui répond, sur un fond bleu floqué du logo de l’ONU, sans jamais être interrompue, que :

    1 / Il n’y a pas d’organisations internationales sur le terrain à Alep ;

    2 / Les sources des journalistes occidentaux (L’observatoire syrien pour les droits de l’homme et les Casques blancs) sont corrompues ;

    3 / Les entreprises médiatiques occidentales militent pour un changement de régime en Syrie ;

    4 / Enfin, elle soutient que l’armée syrienne n’attaque pas les civils.

    Toutes ces affirmations sont pour le moins contestables, comme l’ont montré les “Décodeurs” du Monde. Des récits de personnes ayant fui Alep étayent les exactions de l’armée contre des civils, les journalistes qui couvrent le conflit n’ont pas seulement recours à des sources institutionnelles, et des ONG comme Médecins du Monde et l’UOSSM sont présentes en Syrie.

     

    La vidéo, hébergée par le site dépendant du Kremlin Russia Today France (RTF), s’arrête là. Elle a été reprise par plusieurs sites extrémistes et conspirationnistes français, comme BreizhInfo, Le Salon Beige, Les Moutons Enragés ou encore Sputnik news (agence russe pro-Kremlin). Des versions en allemand et espagnol sont aussi diffusées par les chaînes locales de RT. Comment cette propagande russo-syrienne est-elle devenue mainstream sur internet ?

    “La presse de ‘réinformation’ est pratiquement majoritaire sur internet”

    Pour l’historienne Marie Peltier, auteure de L’Ere du complotisme (éd. Les Petits matins), l’audience de cette vidéo tient beaucoup à la place hégémonique acquise par RT sur le web :

    “La presse dite ‘alternative’, ou de ‘réinformation’, pourfendeuse des médias occidentaux, est pratiquement majoritaire sur internet. RT a pris une place structurante dans cette nébuleuse : il suffit qu’elle balance un élément de narration pour qu’il soit repris en cascade par une chaîne de sites conspirationnistes.”

    Lancée en 2005 pour doter le Kremlin d’un instrument de soft power, la chaîne d’information en continue anglophone Russia Today, entretient en effet depuis sa naissance un “tropisme conspirationniste”, selon Rudy Reichstadt, rédacteur en chef de Conspiracy Watch : “En 2005, RT était sponsor de la conférence Axis for Peace, à l’initiative de Thierry Meyssan, qui avait invité à Bruxelles des conspirationnistes comme Dieudonné ou encore Jacques Cheminade”.

    La particularité de cette chaîne tient au fait qu’elle considère tous les dires de la presse occidentale comme de la propagande en soi. Elle se targue donc de faire œuvre d’information, en diffusant une vision du monde opposée. “RT est dans une logique d’inversion des réalités : elle se met dans une posture de dénonciation de la propagande du camp d’en face”, explique Marie Peltier.

    “L’audience de cette vidéo trahit la défiance à l’égard des médias classiques”

    La vidéo en question en est le parangon. Dans un contexte prétendument neutre, elle fait intervenir une journaliste qui l’est supposée tout autant. Or il n’en est rien, puisqu’elle s’exprime dans le cadre d’une conférence de presse organisée par la Mission permanente de la République syrienne auprès de l’ONU : c’est donc une initiative du gouvernement de Bachar el-Assad. L'”indépendance” et la neutralité d’Eva Bartlett, journaliste travaillant dans des médias russophiles et invitée dans une conférence organisée par le pouvoir syrien sont donc très contestables :

    “Tous les experts occidentaux convoqués par RT sont considérés ici comme des grandes signatures du conspirationnisme. Mais ils sont nimbés d’une aura d’expertise sur cette chaîne”, constate Rudy Reichstadt.

    Cette vidéo illustre donc le confusionnisme qui peut parfois régner sur une question aussi saturée d’idéologie que la guerre en Syrie. A un moment charnière comme celui de la chute d’Alep, et alors que la demande d’information à ce sujet est en constante augmentation, l’internaute a vite fait de tomber dans le piège. “L’audience de cette vidéo trahit la défiance à l’égard des médias classiques”, analyse Rudy Reichstadt. Et ce ne sont pas les discours pro-russes de François Fillon, Marine Le Pen ou encore Jean-Luc Mélenchon qui vont permettre d’élucider la situation en Syrie.

  • Massacres à Alep : lettre à un « camarade » qui s’obstine à justifier l’injustifiable ( Julien Salingue)

    « Camarade »,

    Cela fait plusieurs semaines que je me dis que je vais t’écrire, et ce sont les événements tragiques d’Alep et ta réaction à ces événements, ou parfois ta non-réaction, qui ont fini par me persuader que l’heure était venue de m’adresser à toi. Pas nécessairement dans le but de te convaincre, car je crois que malheureusement il est déjà trop tard. Mais au moins, comme ça, les choses seront dites et tu ne pourras pas dire que tu ne savais pas.

    Au nom de l’anti-impérialisme ?

    La ville d’Alep est victime d’un massacre, d’une véritable boucherie qui fait immanquablement penser à d’autres villes martyrs comme Srebrenica, Grozny, Fallouja, mais aussi Varsovie et Guernica, ou encore aux camps palestiniens de Sabra et Chatila. Les témoignages directs qui affluent de la ville, venus de Syriens « ordinaires », et non des seuls membres d’un quelconque groupe armé, sont éloquents, a fortiori lorsqu’ils sont accompagnés de photos ou de vidéos. Des mots et des images qui disent la détresse, qui disent l’impuissance, qui disent l’horreur.

    Mais toi, « camarade », tu t’es évertué ces derniers jours – si l’on peut considérer que cet exercice peut avoir de près ou de loin un quelconque rapport avec une vertu – à expliquer qu’il ne fallait pas s’engager aux côtés des habitants d’Alep et qu’il ne fallait pas dénoncer les bombardements dont ils étaient victimes, pas plus qu’il ne fallait dénoncer les exactions commises par les troupes au sol lors de la « libération » de la ville. En d’autres termes, tu es venu nous expliquer qu’il ne fallait pas prendre de position claire et déterminée contre un massacre planifié et perpétré par le régime dictatorial de Bachar al-Assad et par ses alliés, au premier rang desquels la Russie et l’Iran.

    Si je m’adresse à toi, « camarade », c’est parce que nous avons par le passé partagé nombre de combats, notamment – mais pas seulement – le combat pour les droits du peuple palestinien. Parce que je pensais que, malgré nos divergences, nous avions des principes communs. Je n’ai en effet rien à dire à la droite et à l’extrême-droite pro-Poutine et/ou pro-Assad, qui assument clairement leur soutien à des régimes autoritaires au nom de « valeurs » communes, et qui n’ont jamais fait semblant de vouloir construire une réelle solidarité avec les peuples opprimés.

    Mais toi, « camarade », tu te pares de vertus « progressistes », « anti-impérialistes », voire « socialistes », « communistes » ou même « révolutionnaires ». Et c’est au nom de ces vertus que tu tentes de nous convaincre aujourd’hui qu’il ne faut pas se tenir résolument aux côtés de la population d’Alep assiégée et massacrée, et qu’il ne faudra pas se tenir demain aux côtés des populations des autres villes syriennes déjà assiégées et bientôt massacrées.

    Ce qui n’est pas, tu l’avoueras, le moindre des paradoxes.

    « Les plus méchants ne sont pas nécessairement ceux que l’on croit. »

    J’avais en effet cru comprendre que ce qui constituait le patrimoine génétique commun de la gauche anti-impérialiste, c’était d’être aux côtés des peuples écrasés par les États impérialistes et leurs alliés. J’avais cru comprendre que dans ce patrimoine génétique que nous semblions partager, on ne transigeait pas avec la solidarité internationale. Et j’avais espéré que malgré tes positions parfois plus qu’ambigües quant à la tragédie syrienne, le martyr d’Alep te ramènerait à la raison, et à la maison.

    Mais non. Tu t’obstines. Tu t’obstines à tenter d’expliquer que l’on ne peut pas prendre partie pour la population massacrée à Alep. Tu t’obstines à tenter d’expliquer que « les choses ne sont pas si simples ». Tu t’obstines à tenter d’expliquer que dans cette « guerre », il n’y a pas « des gentils d’un côté et des méchants de l’autre », et qu’il faut ainsi savoir raison garder et ne pas céder à la facilité.

    Car toi, bien évidemment, « camarade », tu ne cèdes pas à la facilité. Jamais. Tu nous proposes d’ailleurs ton analyse complexe, pleine de hauteur et de nuance, qui ressemble à peu près à ceci : « Non, Assad n’est pas un démocrate, et les pays qui le soutiennent ne sont pas franchement des modèles non plus. Mais attention : la soi-disant rébellion syrienne est en réalité majoritairement composée de forces issues de l’islam intégriste, voire jihadiste, téléguidées et armées par des régimes réactionnaires comme l’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie, voire par les parrains occidentaux de ces derniers, notamment les États-Unis et la France. »

    Conclusion : « Prudence, les plus méchants ne sont pas nécessairement ceux que l’on croit. »

    La population syrienne, tu connais ?

    Le premier problème avec ton analyse, « camarade », est qu’elle « oublie » un acteur essentiel : la population syrienne. Tu sembles en effet « oublier » que le point de départ des « événements » en Syrie n’est pas une intervention saoudienne, états-unienne, qatarie ou turque. Ni même russe. Le point de départ de tout cela, c’est qu’en mars 2011 des centaines de milliers de Syriens se sont soulevés contre un régime dictatorial et prédateur, comme en Tunisie, comme en Égypte, comme en Libye. Et que si Assad et ses sbires n’avaient pas fait le choix de réprimer ce soulèvement dans le sang, avec plus de 5000 morts et des dizaines de milliers d’arrestations durant l’année 2011, ils seraient eux aussi tombés sous la pression populaire.

    Et nous parlons bien de l’année 2011, cette année où, souviens-toi, « camarade », tu t’enthousiasmais pour les autres soulèvements dans la région. « Le peuple veut la chute du régime », tu te rappelles ? Tu l’as peut-être même chanté dans les rues d’une ville française, toi qui es si épris de liberté, de justice sociale et de démocratie. En Syrie aussi, on le chantait, avec les mêmes revendications économiques, sociales et politiques que dans les autres pays de la région touchés par le soulèvement, et Ryad, Doha, Paris ou Washington n’avaient rien à voir avec ça. Si tu t’intéresses de si près à la chose syrienne, tu dois d’ailleurs savoir qu’à chaque fois qu’il y a eu une trêve au cours des dernières années, les manifestations ont recommencé. Que sans l’intervention de l’Iran, puis de la Russie, le régime serait tombé, sous la pression des Syriens, pas de quelques milliers de « combattants étrangers » – qui sont arrivés, soit dit en passant, bien après que le régime eut tué des milliers de Syriens désarmés, et fait sortir de prison des dizaines, voire des centaines, de « jihadistes », t’es-tu déja demandé pourquoi ? Et que oui, les racines de la « crise » syrienne sont bel et bien la contestation populaire d’un clan et la réponse de ce dernier : tout détruire plutôt que de perdre son pouvoir et ses prébendes.

    À moins que tu ne veuilles signifier que depuis le début les Syriens sont « manipulés » par les pays occidentaux, que tout ça n’est, au fond, qu’une histoire d’hydrocarbures, et que le soulèvement syrien était téléguidé depuis l’extérieur par des puissances qui n’ont qu’à appuyer sur un bouton pour que des populations se soulèvent. Mais je n’ose même pas le penser : tu n’es pas de ceux qui estiment que les Arabes sont tellement benêts qu’ils ne sont pas capables de penser par eux-mêmes et que quand ils se mettent à se mobiliser et à revendiquer en pensant « justice sociale », quitte à risquer de perdre leur vie, c’est forcément parce qu’ils sont manipulés par des Occidentaux qui pensent « hydrocarbures ».

    Pas vrai, « camarade » ?

    Lance-roquettes contre aviation

    Le deuxième problème avec ton analyse, « camarade », est que tu mets sur le même plan, d’une part, le « soutien » apporté par la Russie et l’Iran à Assad et, d’autre part, le « soutien » apporté par les États-Unis, la France, la Turquie et les monarchies du Golfe aux forces d’opposition syriennes. Tu essaies de faire croire qu’il n’y aurait pas une supériorité militaire écrasante du régime Assad et de ses alliés et qu’après tout, pour reprendre, en la modifiant à peine, une formule en vogue dans un pays frontalier de la Syrie, « Assad a le droit de se défendre ».

    Mais oses-tu réellement comparer, d’une part, les milliers de « conseillers militaires » et l’armement iraniens, les milliers de combattants du Hezbollah et, surtout, l’aviation russe (ainsi que les véhicules et l’armement lourd fournis par la Russie, 2ème puissance militaire mondiale) qui viennent en appui à un État et une armée régulière et, d’autre part, les armes légères, les lance-roquettes et lance-missiles vétustes fournis ou financés par les monarchies du Golfe ou la Turquie et les armes légères, les lance-roquettes, les quelques armes anti-char et les systèmes de communication et dispositifs de vision nocturne fournis, au compte-goutte, par les États-Unis et la France ?

    Sais-tu que ce que demandent les forces d’opposition syriennes depuis le début ce sont des missiles anti-aériens, pour pouvoir se défendre contre les avions de la mort de Poutine et d’Assad, et que ce sont les États-Unis qui ont systématiquement mis leur veto à la livraison de telles armes ? Sais-tu qu’au début de l’année 2014, après l’échec de la conférence de « Genève 2 », les Saoudiens ont pour la première fois suggéré de livrer des lance-missiles aux forces d’opposition syriennes, que les États-Unis s’y sont opposés, et qu’ils n’ont pas changé de position depuis ? Les États-Unis qui ne voulaient pas, qui ne veulent pas, que ces armes tombent « entre de mauvaises mains », et qui ne veulent surtout pas que l’appareil d’État syrien soit détruit car ils ont tiré, contrairement à d’autres, les bilans de leur brillante intervention en Iraq.

    Pose-toi la question : elles sont où, les terribles armes des forces d’opposition ? Penses-tu sérieusement qu’Assad aurait pu bombarder des quartiers entiers depuis des hélicoptères volant à basse altitude si les opposants syriens disposaient d’un réel armement ?

    Et te souviens-tu qu’en mai dernier l’ambassade de Russie en Grande-Bretagne, qui doit pourtant être bien renseignée et qui, si elle avait des preuves du surarmement des opposants à Assad, les exhiberait, en était réduite à tweeter des images extraites d’un jeu vidéo (!) pour « démontrer » que les forces d’opposition syriennes recevaient des armes chimiques ?

    Alors soyons sérieux, tu veux bien ?

    Qui détruit la Syrie ?

    Le troisième problème avec ton analyse, « camarade », est que tu oublies tout simplement une donnée fondamentale : les faits. Car tu pourras toujours me dire que ce que je viens d’écrire est impossible à prouver, même si ce sont les acteurs principaux de ce « non-soutien » et les « non-soutenus » qui en ont témoigné, et qui continuent de le faire, car peut-être, après tout, sont-ils de fieffés menteurs.

    Mais si tu veux absolument des preuves, contente-toi d’ouvrir les yeux et pose-toi cette question simple : comment la Syrie a-t-elle pu être détruite ? Quand tu commentes les images des villes rasées en disant qu’il y a « de la violence des deux côtés », tu occultes un détail : qui possède les armes nécessaires pour des destructions d’une telle ampleur ? Pour le dire autrement : qui peut mener des bombardements ? Où sont les avions des forces d’opposition syriennes ? Où sont les hélicoptères des forces d’opposition syriennes ? Où sont leurs tanks ? Cachés sous terre, comme la surpuissante armée de Saddam Hussein qui menaçait le monde entier ? Combien les forces d’opposition syriennes ont-elles détruit d’avions ? Sais-tu qu’en 2013, lorsqu’elles ont abattu deux hélicoptères, il s’agissait d’un événement tellement rare qu’elles l’ont célébré en grande pompe et qu’elles ont diffusé partout des images de leur « exploit » ? Deux hélicoptères ! À l’époque, je n’ai pas pu m’empêcher de penser aux Gazaouis célébrant la chute accidentelle d’un drone israélien…

    La « coalition » menée par les États-Unis intervient militairement, objectes-tu. Mais peux-tu me faire la liste des bombardements menés par cette « coalition » contre les forces armées du régime d’Assad ou contre les forces armées qui le soutiennent ? Non, ne perds pas ton temps à chercher, car je me renseigne moi-même quotidiennement auprès de sources sûres : d’après le régime de Damas et les médias qui relaient sa communication, sources que l’on ne peut guère soupçonner de vouloir dissimuler ce type de bombardements, la chose est arrivée… deux fois. La première fois, c’était en décembre 2015 (4 morts), dans la région de Deir ez-Zor, la « coalition » démentant avoir visé l’armée syrienne et affirmant qu’elle avait bombardé Daech. La deuxième fois, c’était en septembre 2016 (entre 50 et 80 morts selon les sources), près de l’aéroport de Deir ez-Zor, la « coalition » reconnaissant cette fois-ci avoir bombardé les positions du régime et présentant des excuses officielles à Bachar al-Assad et à Vladimir Poutine.

    En résumé, et sauf erreur de ma part (nul n’est infaillible), la « coalition », qui revendique environ 5000 « frappes » sur la Syrie, a ciblé deux fois, depuis le début de sa campagne de bombardements en 2014, le régime Assad, dont une fois où elle s’est « excusée ». À noter, donc, dans ton calepin : « les véritables opérations militaires menées par la « coalition » ont visé Daech et d’autres groupes « jihadistes », et non Assad et ses alliés ».

    Pour finir, quelques remarques « préventives »

    Il y a bien d’autres problèmes avec ton analyse, « camarade », mais je ne veux pas abuser de ton temps. D’ailleurs, pour avoir eu souvent l’occasion de discuter de vive voix avec toi de ces « problèmes d’analyse » en confrontant, à ta « géopolitique » et à ton « anti-impérialisme », les faits et la chronologie réelle des événements, je sais que tu n’aimes pas trop ça, les faits. Ils sont vraiment trop têtus.

    Car c’est beaucoup plus simple de venir provoquer ou semer le trouble via des posts/commentaires Facebook ou dans des forums de discussion que de prendre le temps d’avoir un échange un peu précis et argumenté.

    Alors au cas où tu serais quand même tenté de céder à la facilité et de vouloir jouer à ce petit jeu, je te soumets quelques remarques « préventives » :

    • Avant de me dire que je défends les mêmes positions que les États-Unis, la France, l’Arabie saoudite, le Qatar, BHL ou quelques autres « compagnons encombrants », souviens-toi que, si on raisonne de la sorte, tu défends de ton côté les mêmes positions que la Russie, l’Iran, le maréchal Sissi, François Fillon ou Marine Le Pen, et demande-toi si c’est un argument.
    • Avant de me dire qu’Israël a bombardé, depuis 2011, à une quinzaine de reprises, des positions du régime Assad, et que ceux qui sont contre Assad sont donc avec Israël, souviens-toi qu’en juin dernier Poutine déclarait, au terme d’une rencontre avec Netanyahu avec lequel il venait de signer plusieurs accords commerciaux, ce qui suit : « Nous avons évoqué la nécessité d’efforts conjoints dans la lutte contre le terrorisme international. Sur ce plan, nous sommes des alliés. Nos deux pays ont une expérience importante en matière de lutte contre l’extrémisme. Nous allons donc renforcer nos contacts avec nos partenaires israéliens dans ce domaine ». Et demande-toi si c’est un argument.

    • Avant de me dire que la rébellion syrienne en a appelé aux pays occidentaux pour recevoir des armes et bénéficier d’un appui militaire conséquent, notamment aérien, et que ça cache forcément quelque chose, souviens-toi que les forces kurdes que tu admires tant – à juste titre – depuis qu’elles ont repoussé Daech à Kobané ont fait exactement la même chose, et qu’elles ont, elles, obtenu cet appui, au point qu’elles ont remercié publiquement les États-Unis de leur soutien, et demande-toi si c’est un argument.

    • Avant de me dire que la rébellion syrienne, quand bien même on aurait pu avoir au départ de la sympathie pour elle, est aujourd’hui confisquée par des forces réactionnaires issues de l’islam politique, et que certaines de ces forces n’hésitent pas à s’en prendre violemment à des civils ou, variation sur le même thème, que c’est vraiment tragique de bombarder des civils mais que c’est parce que les terroristes se cachent parmi eux, quand ils ne les utilisent pas comme boucliers humains, souviens-toi que c’est le discours de ceux qui veulent justifier les campagnes de bombardements meurtriers sur Gaza, et demande-toi si c’est un argument.

    • Avant de me dire que les insurgés syriens sont des « alliés objectifs » de Daech, souviens-toi que Daech a été chassé d’Alep au début de l’année 2014 par ceux qui sont en train de se faire aujourd’hui massacrer par Assad, réfléchis ensuite au concept d’« allié objectif », et demande-toi si c’est un argument. Tu peux aussi repenser, si tu n’es pas convaincu, à ce qui a été rappelé plus haut à propos des véritables cibles des bombardements de la coalition, et te demander une deuxième fois si le coup de l’« allié objectif » est un argument.

    • Avant de me dire, enfin, que ceux qui dénoncent Assad et Poutine « oublient » de dénoncer les massacres commis par les grandes puissances occidentales et par leurs alliés, sache que parmi ceux qui se mobilisent pour Alep, nous sommes nombreux à nous être mobilisés pour Gaza, contre les interventions militaires en Afghanistan, en Iraq, en Libye ou ailleurs, et que nous ne renonçons pas, contrairement à toi qui as choisi de ne pas être dans la rue hier soir pour dénoncer la boucherie en cours, à notre cohérence politique, à nos idéaux et à l’anti-impérialisme. Et demande-toi si c’est un argument.

    ***

    Voilà donc, « camarade », ce que je voulais te dire. Le ton n’est pas très agréable, j’en conviens, mais ce n’est pas grand chose à côté de l’indifférence, parfois même du mépris que tu affiches vis-à-vis du martyr d’Alep.

    Tu feras ce que tu veux de cette lettre, et tu as bien évidemment le droit de continuer à te gargariser de ta vision « géopolitique » à courte vue et de ton « anti-impéralisme » pavlovien pendant que les Syriens crèvent sous les bombes de Poutine et d’Assad, et sous tes yeux.

    On ne parle pas ici d’un exercice de rhétorique sur Facebook par commentaires interposés, mais de milliers, de dizaines de milliers de vies. On ne parle pas d’une divergence entre nous sur l’appréciation de tel ou tel événement, mais de ton silence complice ou de tes misérables contorsions face à l’une des plus grandes tragédies de notre temps. On ne parle pas d’un simple désaccord politique, mais d’une véritable rupture.

    Je ne sais pas quand nous nous parlerons la prochaine fois, « camarade ». Mais ce que je sais, c’est que si tu persistes, et malheureusement je crois que c’est ce que tu vas faire, il n’y aura même plus de guillemets, car il n’y aura plus de camarade.

    Je te laisse avec le Che, qui a quelque chose à te dire :

    « Surtout, soyez toujours capables de ressentir au plus profond de votre cœur n’importe quelle injustice commise contre n’importe qui, où que ce soit dans le monde. C’est la plus belle qualité d’un révolutionnaire. »

    Julien Salingue, le 15 décembre 2016

    PS : Non, je n’ai pas mis de notes. Ce n’est pas dans mes habitudes de ne pas indiquer de références, mais tu auras probablement compris que c’est volontaire. Car comme tu es très doué pour faire des recherches sur internet (et ailleurs ?), on sait très bien toi et moi que tu pourras retrouver l’ensemble des sources utilisées ici.

    http://www.anti-k.org/