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  • Sommet du Conseil de coopération du Golfe (Amnesty)

    King of Bahrain, Hamad bin Issa al-Khalifa, attends a Gulf Cooperation Council (GCC) summit on December 6, 2016, in the Bahraini capital Manama. British Prime Minister Theresa May was to join Gulf Arab leaders at the summit in Bahrain for talks on trade after Britain's exit from the European Union. (Stranger/AFP/Getty Images)

    Répression systématique de la liberté d’expression dans le Golfe

    Le bilan déplorable des droits humains dans les États du Golfe ne doit pas être balayé sous le tapis lorsque les États membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) se réuniront dans la capitale bahreïnite, Manama, les 6 et 7 décembre, à l’occasion de leur sommet annuel, a déclaré Amnesty International lundi 5 décembre 2016.

    Il est à noter que les droits humains seront absents de l’ordre du jour du sommet annuel, qui réunira les six États du CCG – Bahreïn, Koweït, Oman, Qatar, Arabie saoudite et Émirats arabes unis – pour débattre de la coopération en matière de commerce et de sécurité, sans évoquer la vague de répression qui balaie la région pour des motifs de sécurité.

    « Depuis quelques années, à travers les pays du Golfe, nous constatons que les militants des droits humains, les opposants politiques pacifiques et les détracteurs des autorités sont systématiquement pris pour cibles au nom de la sécurité. Des centaines d’entre eux sont harcelés, poursuivis illégalement, déchus de leur nationalité, détenus de manière arbitraire ou dans certains cas emprisonnés voire condamnés à mort à l’issue de procès iniques, dans le cadre d’une initiative concertée visant à les intimider et à les réduire au silence, a déclaré Randa Habib, directrice régionale du bureau d’Amnesty International pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient.

    « Le recours à ces méthodes pour piétiner les droits des citoyens dans les États du CCG doit prendre fin sans délai. »

    La Première ministre britannique Theresa May, qui doit assister au sommet du CCG, a une occasion unique d’évoquer les préoccupations relatives aux violations des droits humains relevant d’une pratique bien établie dans la région.

    « Depuis des années, les alliés occidentaux des États du CCG, dont les États-Unis et le Royaume-Uni, répugnent à parler franchement des violations endémiques des droits humains dans le Golfe. Ils tournent ainsi le dos aux innombrables victimes dans la région. Il est grand temps que les alliés du CCG cessent de faire passer le commerce et la coopération en matière de sécurité avant les droits humains et Theresa May doit saisir cette occasion d’aborder des problèmes clés en matière de droits », a déclaré Randa Habib.

    Dans les années qui ont suivi les soulèvements de 2011 dans le monde arabe, plusieurs pays du Golfe ont adopté des lois répressives relatives au terrorisme, à la cybercriminalité et aux rassemblements publics, en vue de restreindre la liberté d’expression et de sanctionner ceux qui critiquent les politiques gouvernementales, leurs dirigeants ou ceux d’autres États du CCG.

    Dans les pays du CCG, se dégage clairement une tendance qui consiste à s’appuyer sur des lois générales et vagues relatives à la sécurité afin de condamner des militants et détracteurs pacifiques à l’issue de procès d’une iniquité flagrante.  

    « Si les tensions sont vives dans la région depuis la montée du groupe armé se désignant sous le nom d’État islamique (EI) et le risque d’attentats meurtriers, ce n’est pas une excuse pour se déchaîner en écrasant toute forme de dissidence pacifique. Les gouvernements du CCG doivent cesser d’utiliser la sécurité comme un prétexte pour justifier la répression », a déclaré Randa Habib.

    Parmi ceux qui sont pris dans les filets de la répression figurent des défenseurs des droits humains, des leaders de l’opposition, des journalistes, des avocats et des universitaires.

    Citons entre autres en Arabie saoudite l’avocat et défenseur des droits humains Waleed Abu al Khair, dont le cas illustre parfaitement l’usage de la loi antiterroriste pour sanctionner ceux qui exercent leur droit à la liberté d’expression. Il purge actuellement une peine de 15 ans de prison après avoir été condamné à l’issue d’un procès inique aux termes de la loi antiterroriste de 2014, pour diverses infractions liées à son travail en faveur des droits fondamentaux et pour un acte qui ne devrait même pas être criminalisé. Il a défendu de nombreux militants pacifiques et a critiqué haut et fort le terrible bilan de l’Arabie saoudite en termes de droits humains.

    Le 1er décembre, le tribunal antiterroriste de Riyadh a alourdi à l’issue d’un procès iniqueen appel la peine prononcée à l’encontre d’Issa al Hamed, défenseur saoudien, de neuf à 11 années de prison.

    Cas emblématique aux Émirats arabes unis, l’avocat spécialiste des droits humains Mohammed al Roken purge une peine de 10 ans de prison. Il a été déclaré coupable d’infractions liées à la sécurité nationale à l’issue du procès collectif, et inéquitable, de 94 accusés.

    Dans la région, des citoyens se retrouvent à purger de lourdes peines de prison simplement pour avoir osé exprimer leurs opinions librement sur les réseaux sociaux. Le célèbre militant bahreïnite Nabeel Rajab compte parmi plusieurs militants dans les pays du CCG qui ont été poursuivis illégalement pour avoir posté des commentaires sur Twitter.

    Au Koweït, Abdallah Fairouz, militant des droits humains arrêté en novembre 2013, purge une peine de cinq ans et demi de prison pour des tweets dans lesquels il affirmait que nul ne devrait bénéficier d’une immunité de poursuites au seul motif qu’il réside dans un palais royal. Cet homme est un prisonnier d’opinion.

    S’exprimer librement pour critiquer les politiques mises en œuvre par le gouvernement et appeler à des réformes pacifiques a valu à Ali Salman, responsable de la principale formation d’opposition à Bahreïn, la Société islamique nationale Al Wefaq, une condamnation à neuf ans de prison. Ce fut une atteinte choquante à la liberté d’expression. En outre, ce parti a été fermé.

    À Bahreïn, aux Émirats arabes unis et au Koweït, depuis quelques années, des centaines de personnes sont illégalement déchues de leur nationalité, ce qui les rend souvent apatrides et les prive de droits majeurs. Fait inquiétant, cette méthode semble de plus en plus utilisée pour punir les dissidents.

    « Dans les États du CCG aujourd’hui, exercer vos droits fondamentaux ou exprimer librement vos opinions peut très facilement vous conduire derrière les barreaux. Ces États doivent cesser de considérer les militants indépendants et les détracteurs pacifiques comme des criminels. Au lieu d’enfermer ces citoyens pendant de longues périodes sous le faux prétexte de défendre la sécurité nationale, ils doivent accepter l’examen de leurs bilans en termes de droits humains », a déclaré Randa Habib.

    Complément d’information

    Les violations des droits humains dans les États du CCG vont au-delà de la répression de la liberté d’expression et se traduisent par des arrestations arbitraires, des actes de torture et des mauvais traitements en détention, des procès iniques, l’insuffisance de protection des droits des travailleurs migrants et le recours à la peine de mort. Par ailleurs, la coalition militaire conduite par l’Arabie saoudite, qui englobe plusieurs pays du CCG, a lancé une série d’attaques illégales au Yémen, dont certaines pourraient constituer des crimes de guerre.

    https://www.amnesty.org/

  • Nouveautés sur Agence Médias Palestine

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    OFFRE SERVICE CIVIQUE – Agence Média Palestine L’Agence Média Palestine est une structure associative créee en 2011 au service du mouvement de solidarité avec la Palestine.

Dans le cadre d’un service civique volontaire, nous recherchons une personne de moins de 26 ans pour s’engager à nos cotés à partir du 15 décembre 2016, pendant une durée...
     
     
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  • Gaza : des familles en quête de justice (AFPS)

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    L’ACAT (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture), le CCFD-Terre Solidaire, l’Institut du Monde Arabe, le magazine en ligne Orient XXI, l’équipe du webdocumentaire « Obliterated Families »

    Vous convient lundi 12 décembre de 19h à 21h à la conférence « Gaza : des familles en quête de justice »

    En présence de :

    Anne Paq et Ala Qandil, co-auteures du webdocumentaire et respectivement photographe du collectif Activestills et reporter

    Hélène Legeay, responsable Maghreb et Moyen-Orient à l’ACAT

    Mahmoud Abu Rahma, responsable Relations internationales au Centre Al Mezan des droits humains à Gaza

    Ramsis al-Kilani, membre d’une famille de victimes

    Conférence animée par Sylvain Cypel, journaliste membre de la rédaction d’Orient XXI

    Le webdocumentaire « Obliterated Families », véritable plongée dans la réalité glaçante de Gaza au cours de l’été 2014, relate l’histoire de dix familles dont les vies ont été détruites par l’offensive israélienne de juillet 2014 (http://obliteratedfamilies.com/fr/). Il sera pour la première fois en France présenté lors d’une rencontre au grand public.

    Gaza, 17 juillet 2014. Au cours de l’offensive israélienne dite « Bordure protectrice » dans la bande de Gaza, un missile s’abat sur le toit de la maison de la famille Shuheibar, où cinq enfants nourrissent des pigeons. Il tue une petite fille de 8 ans, Afnan, et deux petits garçons de 9 et 10 ans, Wassim et Jihad. Il blesse également grièvement deux garçons de 15 et 9 ans, Udai et son cousin Bassil.

    Seront également évoqués durant cette conférence les bombardements israéliens sur la bande de Gaza en 2014, le combat pour la justice des familles de victimes, et le travail des ONG contre les violations du droit international.

    Le 29 juin 2016, la famille Shuheibar, présentée dans le webdocumentaire, a porté plainte en France pour complicité de crime de guerre et homicide involontaire contre l’entreprise française Exxelia Technologies [1].

    Selon l’ONU, l’opération dite « Bordure protectrice » a causé la mort de 1462 civils palestiniens, dont 551 enfants et 299 femmes.

    Inscrivez-vous à l’événement sur Facebook

    Rencontre Langue et mémoire
    Autour du webdocumentaire « Obliterated Families »
    Auditorium de l’Institut du Monde Arabe
    1, rue des Fossés-Saint-Bernard, 75005 Paris
    (Entrée libre dans la limite des places disponibles / Ouverture au public à 18h30)

    Evénement organisé en partenariat avec ActiveStills, Al Mezan Center for Human Rights, Solivr, Middle East Eye et The New Arab

    http://www.france-palestine.org/

  • Nouveautés sur Association France Palestine Solidarité

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  • Le crépuscule de Mahmoud Abbas (Regards)

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    Mahmoud Abbas a été reconduit mardi à la tête du Fatah.

    Cette réélection masque mal les tensions politiques autour du président de l’Autorité palestinienne. Chantre de la négociation avec Israël, âgé de 81 ans, il incarne la faillite du système engendré par le “processus de paix”.

    Le titre était pourtant intrigant : “Le plan secret des pays arabes pour évincer le dirigeant palestinien Mahmoud Abbas”. Mais cet article, publié fin mai sur le site Middle East Eye, n’a guère suscité de réactions au-delà des cercles s’intéressant encore à la question palestinienne. Le journaliste David Hearst y livre des informations sur la volonté des Émirats arabes unis, de l’Égypte et de la Jordanie d’anticiper une « ère post-Mahmoud Abbas » et de remplacer celui-ci, à terme, par Mohammed Dahlan, ancien responsable de la sécurité préventive à Gaza. Ce qui constituerait un changement générationnel radical : en 1961, année où Mohamed Dahlan venait au monde dans la bande de Gaza, Mahmoud Abbas (nom de lutte : Abou Mazen), alors au Qatar, rejoignait le Fatah créé en 1959 au Koweït voisin.

    Cet éventuel remplacement ne devrait cependant pas advenir tout de suite : mardi 29 novembre, en ouverture de son 7ème congrès qui se tient à Ramallah, en Cisjordanie, le Fatah a reconduit son vieux leader, pour un mandat de 5 ans. Au terme de cette échéance, il aura 86 ans.

    « Abbas est l’un des derniers du noyau historique », résume Julien Salingue, politologue, auteur de plusieurs ouvrages sur la Palestine [1]. Farouq Kaddoumi, « pas consensuel », est écarté. Abu Jihad, Abu Iyad et Yasser Arafat, les autres fondateurs historiques du Fatah, sont morts. Surtout, « il ne reste aucun ancien qui aurait, comme Mahmoud Abbas, accompagné d’aussi près la séquence Oslo », souligne le chercheur. De fait, sa réélection mardi apparaît surtout comme une dilatation artificielle du crépuscule politique d’Abou Mazen. Crépuscule qui est avant tout celui, interminable, du “processus de paix”, que la plupart des dirigeants internationaux, incapables de tracer de nouvelles perspectives, tentent de maintenir artificiellement en vie.

    Dans la “cuisine” d’Oslo

    Face à cette peur du vide, celui qui préside non seulement l’Autorité palestinienne (AP) depuis janvier 2005 mais aussi le Fatah et le comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), offre quelques gages de continuité. Et demeure un acteur régional d’importance qui, contrairement aux propos du premier ministre israélien qui l’accuse régulièrement de soutenir le “terrorisme”, est toujours resté fidèle à sa ligne politique adoptée il y a quarante ans : celle de la négociation avec l’occupant pour parvenir à une solution à deux États. Dans cette région sujette aux bouleversements, les chancelleries occidentales ne sont pas pressées de voir partir un dirigeant aussi constant. Interrogé, le Quai d’Orsay ne se mouille guère : « La France soutient les autorités palestiniennes légitimes, au sein desquelles toute évolution devra passer par le fonctionnement démocratique des institutions ».

    Au cœur des années 70, alors que l’OLP amorce son virage stratégique vers la solution de deux États, il est l’un des premiers à nouer des contacts avec la gauche israélienne. Mais l’époque des fedayins n’est pas encore totalement révolue et, dans un environnement où la lutte armée est magnifiée, Abou Mazen a déjà cette réputation d’homme de dialogue plus que de combat. « On disait d’Arafat qu’il savait à la fois manier le fusil et le rameau d’olivier et c’est à mon sens ce qui expliquait sa popularité ; Abbas, lui, se contente du rameau d’olivier... », relève Taoufiq Tahani, président de l’Association France Palestine solidarité (AFPS). « Le vieux problème de Mahmoud Abbas est celui de la légitimité, ajoute Nicolas Dot-Pouillard, chercheur à l’Institut français du Proche-Orient (IFPO), auteur de La mosaïque éclatée, ouvrage consacré à l’histoire récente du mouvement national palestinien, qui vient de paraître [2]. Bien que faisant partie des historiques du parti, il n’est pas une de ses figures combattantes comme Abu Jihad ou Abu Iyad, assassinés ; il a toujours été le bureaucrate. »

    En l’occurrence, ses qualités d’organisateur permettent au militant, né à Safed en 1935, exilé avec sa famille en Syrie en 1948, passé par le Caire et le Collège oriental de Moscou (où il a étudié l’histoire), d’intégrer le comité exécutif de l’OLP en 1981. Trois ans plus tard, il est chargé des relations extérieures de l’organisation. Mais c’est au début des années 90 qu’il acquiert une place réellement incontournable dans le dispositif de la centrale palestinienne. Au printemps 1993, alors que les négociations initiées à Madrid piétinent, les Israéliens cherchent à savoir qui est réellement en coulisse à Oslo, où se déroulent des discussions parallèles et secrètes. Ils parviennent à la conclusion qu’Abou Mazen est « le véritable maître d’œuvre de l’opération ». Son bureau est alors appelé “la cuisine” [3]. Il le quitte quelques mois plus tard pour aller parapher, aux côtés de Yasser Arafat, Ytzhak Rabin et Shimon Péres, la déclaration de principe sur la terrasse de la Maison blanche. Cette signature leur vaudra de partager un Nobel de la paix dont Abbas sera, dit-on, vexé d’avoir été privé. Mais à la suite de ces accords, il peut enfin retourner en Palestine. Ce qu’il fait en 1995. Devenu secrétaire général de l’OLP un an plus tard, il va y conforter au fil des ans sa position d’interlocuteur privilégié des Américains et des Israéliens.

    Un proviseur en costume sombre

    En septembre 2000, la deuxième Intifada éclate. Mahmoud Abbas condamne les attentats-suicides et, convaincu qu’elle mène à l’impasse, la militarisation du mouvement. Un positionnement qui sied aux américains et à l’UE : au printemps 2003, ils imposent à Arafat, assiégé à la Mouqata de Ramallah, d’en faire son premier ministre. Il le restera à peine quelques mois, démissionnant en septembre. Après la mort de Yasser Arafat à Paris, en novembre suivant, Mahmoud Abbas, soutenu par le Fatah, remporte les élections du 9 janvier 2015, recueillant plus de 62% des voix. Il assure qu’il « respectera l’héritage d’Arafat ». Mais au visage expressif du vieux chef militaire arborant toujours un keffieh sur la tête et, souvent, une arme à la ceinture, succède la figure austère de cet homme au sourire hésitant, vêtu d’un costard sombre et portant d’épaisses lunettes. Tout un symbole : « En 1994, l’ossature de l’Autorité palestinienne (AP) est constituée du noyau militant Fatah-OLP, souligne Julien Salingue. En 2005, quand Abbas prend le pouvoir, c’est déjà assez largement une bureaucratie non politique qui gère l’AP, avec des purs technocrates, comme l’ancien premier ministre Salam Fayyad. Et ce type de profil n’aide pas à prendre des décisions qui vont à l’encontre de la structure ! »

    Aujourd’hui, onze ans plus tard, la “structure”, sous perfusion permanente de l’aide internationale, est confrontée à un bilan objectivement désastreux pour le peuple palestinien : la fracture territoriale et politique Hamas-bande de Gaza / Fatah-Cisjordanie, survenue en 2007, n’est pas résorbée ; “l’intifada des couteaux”, menée sporadiquement depuis octobre 2015 par des jeunes agissant hors cadre collectif, témoigne d’un degré de désespérance politique inégalé ; et le nombre de colons en Cisjordanie est passé d’environ 250.000 fin 2004 à 513.000 en 2014 selon l’organisation B’Tselem.

    « Je considère que Mahmoud Abbas n’en fait pas assez et ne suis d’accord ni avec sa politique économique intérieure, ni avec son choix de la négociation à tout prix avec Israël », assène B. un Palestinien de Cisjordanie, responsable associatif. Depuis qu’un ami travaillant aux renseignements lui a conseillé de faire attention après qu’il a posté une caricature sur Facebook, il préfère garder l’anonymat. « Ici, il se dit qu’il aurait été un bon proviseur de lycée mais que, comme chef de l’Autorité, il est nul. La coordination sécuritaire avec les Israéliens [un volet d’Oslo que Mahmoud Abbas a toujours fermement défendu] est vue comme une génuflexion devant l’occupant. Et depuis 2007 et la séparation entre Gaza et la Cisjordanie, son image dans la société est celle d’un lâche. Il n’a jamais été dans la bande de Gaza alors que le territoire a subi de nombreuses offensives meurtrières. Beaucoup pensent que, même retenu par les Israéliens, Arafat aurait pris sa voiture pour se rendre sur place, ou qu’il aurait au moins essayé. » Pour lui, « Abbas n’est pas un homme courageux. Quant à la réconciliation Hamas-Fatah, c’est un véritable feuilleton égyptien, c’est du n’importe quoi ! Ils se retrouvent tous les ans à Doha, discutent, parviennent à un accord qui n’entre jamais en application... Or c’est quand même à lui, le président, d’impulser quelque chose de sérieux à ce niveau. » En juin dernier, l’énième “round de négociation” qui s’est tenu entre les deux partis, toujours à Doha, n’a rien donné.

    L’homme d’un système désavoué

    S’il regrette lui aussi l’absence de « gestes forts » du président de l’AP au moment des offensives israéliennes dans la bande de Gaza (en 2008-09, 2012 et 2014), Taoufiq Tahani tempère cette sentence : « Au plan politique, il n’y a pas eu de grande différence avec Arafat. Simplement, quand Yasser Arafat laissait les groupes armés agir lorsque cela l’arrangeait, Mahmoud Abbas, lui y a toujours été opposé et l’a fait savoir. Il reste d’ailleurs un homme de parole : quand il dit quelque chose, il le pense. Et dans les faits, il n’a renoncé ni au droit au retour, ni à l’État palestinien dans les frontières de 1967. N’oublions pas qu’en 2005, lorsqu’il parvient au pouvoir, il n’y a aucune offre internationale sur la table. Et qu’en 2006, lorsque le Hamas gagne les élections législatives, il joue pleinement le jeu de la démocratie en nommant un premier ministre du Hamas. C’est ensuite la communauté internationale qui l’a contraint à revenir là-dessus ».

    De fait, nul ne pourra reprocher à Abbas d’avoir triché avec les exigences des “parrains” internationaux. Au contraire. « Il a toujours misé sur les Américains en pensant que s’il arrivait à poser les bases d’un État, ils l’aideraient », note Taoufiq Tahani, qui regrette son incapacité à se démarquer du champ institutionnel : « Il s’est beaucoup adressé à la communauté internationale officielle, mais pas assez à l’opinion publique internationale, me semble-t-il. Comme s’il n’avait pas mesuré l’importance de la solidarité populaire, oubliant l’exemple, entre autres, de l’Afrique du Sud ».

    Ce pari obstiné sur le processus d’Oslo – en dépit de son torpillage constant par les gouvernements israéliens successifs – et sa volonté de ne jamais fâcher Washington ont souvent conduit le président palestinien à prendre des positions très peu goûtées par l’opinion. En 2009, cédant aux pressions américaines, il accepte de suspendre la procédure d’examen du rapport Goldstone sur la guerre menée par Israël à Gaza en décembre 2008-janvier 2009. En novembre 2012, il dit avoir le droit de voir Safed (sa ville natale, dont tous les habitants ont été expulsés en 1948 et qui est désormais sur le territoire israélien), mais plus celui d’y vivre ; en décembre 2013, il affirme, lors d’une conférence de presse en Afrique du Sud, qu’il ne « soutient pas le boycott d’Israël », marquant ainsi sa distance avec la campagne BDS [4].

    Des positions répétées et signifiantes mais qui, selon Julien Salingue, posent moins de question sur l’homme lui-même que sur le système qu’il a choisi de servir : « Ce n’est pas une question de personne, mais d’orientation politique. Il s’est juste coulé dans le moule d’Oslo et de l’Autorité palestinienne. Ce que l’on a pu observer au cours de la décennie passée s’inscrit dans le prolongement ce qui se passait avant : le clientélisme, les réseaux financiers parallèles, ce n’est pas Abbas qui les a mis en place. Simplement, là aussi, il a accompagné le processus général de dépolitisation. Il est responsable de s’en être accommodé. » Et d’avoir laissé s’amalgamer au fil des ans un “appareil proto-étatique”, l’AP, et une formation politique, le Fatah.

    Le libéral et le diplomate

    Si au cours des dernières années, la question de la dissolution de l’AP a régulièrement été évoquée comme une réponse politique possible au blocage de toute avancée par les Israéliens, cette éventualité pose d’autres questions internes, passées plus inaperçues : « La distinction entre le Fatah comme mouvement politique et l’Autorité palestinienne comme structure administrative n’a pas été réglée, regrette Julien Salingue. Et des orientations fondamentales n’ont pas été prises : comment faire en sorte que l’AP ne se substitue pas au mouvement de libération ? Comment refondre une OLP élargie, incluant le Hamas et l’ensemble des composantes du mouvement national de libération ? Le problème est que le débat sur l’AP est complètement biaisé par le fait qu’elle est le principal pourvoyeur d’emplois en Palestine... » L’Autorité palestinienne et les gouvernorats locaux employaient, mi 2012, en Palestine, 192.000 personnes, soit une hausse de 5% par an depuis la création de l’AP [5].

    À la tête de cet appareil donnant le pouvoir de la distribution des salaires, Mahmoud Abbas a mené une politique intérieure plutôt libérale. « C’est vrai qu’il n’a aucune, ou une très faible, marge de manœuvre pour lutter contre l’occupation israélienne, reconnaît B. Mais la situation intérieure s’est elle aussi détériorée. Aujourd’hui, les services publics sont en très mauvais état. Ceux qui le peuvent vont dans les hôpitaux privés pour se soigner. Les universités sont payantes ; on a vu cinq ministres assister à l’inauguration d’un établissement scolaire privé dont l’un d’eux est actionnaire. Et les secteurs qui pourraient rapporter un peu d’argent à l’État, comme par exemple la téléphonie mobile, ont été cédés à des grandes familles de Cisjordanie... Il faut être honnête, Abbas n’est pas à l’origine de cette dérive, Arafat avait déjà commencé. Mais cela s’est poursuivi et il est clair que lorsque tout est privatisé, cela profite généralement aux proches du pouvoir. » Récemment, le nom de Tareq Abbas, le second des trois fils du président (en plus de Mazen, mort en 2002, et de Yasser) est apparu dans l’affaire des Panama Papers. Membre du conseil d’administration d’un gros distributeur de produits de consommation, il avait aussi été nommé, au début des années 2000, vice-président d’un fonds d’investissement de la diaspora.

    Restent les batailles menées à l’ONU : l’entrée de la Palestine à l’Unesco comme membre officiel (octobre 2011), le rehaussement de son statut au stade d’État observateur non-membre (novembre 2012), son adhésion à la Cour pénale internationale (avril 2015). Des victoires symboliques mais importantes, acquises en dépit des menaces et manœuvres de Washington et Tel Aviv. « Cela a contribué à acter une légitimité à l’échelle internationale de la revendication d’un État palestinien et montré qu’Israël est isolé dans les institutions étatiques, estime Julien Salingue. Mais cela a aussi contribué à entretenir l’illusion qu’il existe quelque chose s’apparentant à un État palestinien, alors qu’aujourd’hui sur le terrain, il n’y a absolument rien qui ressemble à un début d’État... » Une réserve à laquelle abonde B. : « Des fêtes solennelles ont été organisées à Ramallah. Mais ici, ces évolutions n’ont aucun effet. Il fallait mener ces batailles, mais cela ne méritait pas autant de battage. La mise en valeur surjouée de ces événements est une sorte de mensonge à haute voix : on va se montrer à New York, on dresse le drapeau sur l’esplanade de l’Unesco, mais ici, en Palestine, rien ne bouge, la situation d’occupation ne change pas. »

    Luttes de succession

    Tout laisse aujourd’hui à penser que, en cohérence avec son parcours, ces faits d’armes livrés dans l’arène diplomatique seront les plus saillants, positivement, de Mahmoud Abbas en tant que président de l’AP. Mais après ? Le scrutin municipal qui était initialement prévu le 8 octobre a été reporté à une date encore inconnue. Pour d’éventuelles consultations présidentielles et / ou législatives, rien n’est encore fixé. « Il a fait le ménage autour de lui, écarté des gens qui lui étaient proches tels que Salam Fayad ou Ahmed Qoreï, explique Nicolas Dot Pouillard. Il est aujourd’hui assez isolé. On a affaire à une présidence problématique ». Majid Faraj, le responsable des services secrets, serait le candidat du sortant. Mais sa jubilation assumée après l’arrestation d’activistes armés lui a valu une condamnation de quasiment toutes les factions palestiniennes. Si il en avait la possibilité, B. voterait, lui, pour Marwan Barghouti – « sa situation de prisonnier est le reflet exact de celle du peuple palestinien, nous sommes enfermés, détenus ». Mais le “Mandela palestinien” est emprisonné depuis 2002 en Israël et, s’il bénéficie d’un grand crédit au sein du mouvement de solidarité international, c’est moins le cas dans les territoires et parmi les plus jeunes Palestiniens.

    Reste donc l’hypothèse Dahlan, bien au chaud dans le Golfe, apprécié par Le Caire et Tel Aviv mais détesté par la gauche palestinienne et une très grande partie de la population. « Les informations circulant sur Dahlan sont globalement fondées, estime Nicolas Dot-Pouillard. Il est en quelque sorte le commis voyageur des Émirats arabes unis et utilise cette position pour tenter de se placer en candidat incontournable pour la présidence palestinienne. Il dispose d’argent, c’est évident, et a des soutiens dans certains camps de réfugiés. Le scénario de son parachutage n’est donc pas exclu, même si cela s’apparenterait clairement à un coup d’État télécommandé de l’extérieur... Au delà, mon analyse est qu’il n’y a pas vraiment de désaccord stratégique entre tous ces hommes. Mais des divergences de personnes et des luttes pour la prise de l’appareil de l’Autorité nationale. La réalité du Fatah, aujourd’hui, est qu’il fonctionne comme un ensemble de féodalités locales lié à des financements de divers personnages. Au Liban, on le voit très bien dans les camps de réfugiés : Il y a les pro-Abbas, les pro-Fayyad, les pro-Dahlan. »

    Un délitement politique auquel Abou Mazen, dupé plus ou moins consentant d’Oslo, n’est pas totalement étranger. En le reconduisant à sa tête, le Fatah semble avoir écarté l’hypothèse Mohamed Dahlan. Mais, vu l’âge d’Abbas, ce n’est que temporaire. Les incertitudes sur "l’après", accrues par l’élection de Donald Trump à la Maison Blanche, demeurent nombreuses. Une seule chose est sûre : si c’est bien Dahlan - figure archétypale, au début des années 2000, de la dérive autoritaire de l’AP et de sa soumission aux exigences de Tel Aviv - qui finit par s’imposer, cela apporterait une terrible réponse aux questions que se posait le négociateur Abbas le 12 septembre 1993 dans l’avion qui le menait de Tunis à Washington [6] : « (…) ce que nous apprêtions à faire allait-il nous ouvrir les portes de l’avenir ou les refermer ? Avions nous trahi ou préservé les droits de notre peuple ? »

    Notes

    [1Notamment La Palestine d’Oslo, L’harmattan / bibliothèque de l’iReMMO, 2014 ; et La Palestine des ONG. Entre résistance et collaboration, La Fabrique, 2015.

    [2La mosaïque éclatée. Une histoire du mouvement national palestinien (1993 -2016). Sindbad Actes Sud/Institut des études Palestiniennes, 2016.

    [3Lire Les sept vies de Yasser Arafat, de Christophe Boltanski et Jihan El-Tahri, Grasset, 1997.

    [4Campagne citoyenne internationale Boycott désinvestissement sanction.

    [5“Labour market and employment policies in Palestine”, document de European Training Foundation (2014).

    [6Lire Through Secrets channels. The road to Oslo, (Le chemin d’Oslo) de Mahmoud Abbas, Garnet publishing, 1995.

    http://www.regards.fr

  • Solidarité avec la lutte du peuple syrien (NPA)

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    • Joseph Daher

    «Pour la démocratie, la justice sociale et l’égalité, contre toutes les formes de confessionnalisme et de racisme»

    L’étau ne cesse de se refermer sur les derniers quartiers libérés d’Alep, avec les offensives continues des forces pro-régime d’Assad et de ses alliés. La chute d’Alep Est marquerait un tournant dramatique pour le soulèvement populaire syrien, au niveau militaire comme politique.

    Lancée le 15 novembre à coups de raids aériens, de barils d’explosifs et de tirs d’artillerie quasi-incessants, l’offensive des forces pro-régime, composée de centaines de soldats d’élite de la Garde républicaine et de la 4e division syrienne, mais surtout de milliers de combattants étrangers encadrée par l’Iran et le Hezbollah, a permis de reconquérir aux dernières nouvelles plus de 60 % de la partie orientale d’Alep.

    Assiégée, Alep résiste

    Entre 30 000 et 50 000 civils ont fui depuis le 26 novembre les quartiers assiégés depuis plus de quatre mois, où les réserves de denrées alimentaires et de carburant sont épuisées, tandis que tous les hôpitaux ont été détruits à la suite de bombardements de l’aviation d’Assad et de Poutine. Depuis le 15 novembre, au moins 310 civils, dont 42 enfants, ont péri dans l’Est d’Alep, tandis que dans les parties occidentales de la ville, 69 civils, dont 28 enfants, ont été tués par des tirs des groupes de l’opposition armée.

    Les forces armées d’Alep Est, qui ont uni leurs forces au sein d’un commandement unifié d’opposition appelé « armée d’Alep », ont déclaré leur refus de quitter leur enclave assiégée, et signalé qu’elles continueront à se battre, malgré « l’invitation » de Moscou et les pourparlers avec Washington pour le retrait de tous les combattants des forces armées d’opposition à Alep Est. En face, l’armée du régime a indiqué qu’elle veut reprendre le contrôle complet d’Alep dans les prochaines semaines.

    L’offensive réactionnaire du régime et des fondamentalistes

    Les offensives des forces pro-­régime ne se limitent pas à Alep. Plusieurs localités ont aussi été reprises autour de la capitale Damas, après des accords ponctuels passés avec des groupes de l’opposition armée. Quelque 2 000 personnes, dont des combattants de l’opposition et leurs familles, ont quitté vendredi la ville d’Al-Tal, au nord de Damas, pour la province d’Idlib, contrôlée par l’alliance Jaysh al-Fatah, une coalition armée dominée par les djihadistes de Jabhat al-Nusra et les salafistes d’Ahrar Sham. C’est la sixième ville ainsi évacuée en trois mois. Ces évacuations ont été dénoncées par des ONG et l’ONU comme une stratégie d’évacuation forcée. Dans la province d’Idlib, 73 civils sont morts dans des bombardements de l’aviation russe et du régime Assad.

    Des manifestations dans diverses villes libérées (province de Damas, Saqba, et dans la province d’Idlib) ont eu lieu en soutien aux habitantEs d’Alep Est et pour l’unification des groupes armées de l’opposition sous un seul commandement. Dans la ville d’Idlib, la manifestation en soutien à Alep a été attaquée par un militant djihadiste qui a déchiré le drapeau de la révolution syrienne. Les forces fondamentalistes islamiques continuent en effet à employer des mesures réactionnaires et autoritaires contre les populations civiles et activistes dans les territoires libérés.

    Stopper la guerre, soutenir la lutte du peuple syrien

    Il existe une tendance générale, au niveau mondial, qui veut « liquider » la révolution syrienne et ses aspirations démocratiques au nom de la « guerre contre le terrorisme ». La victoire de Donald Trump aux États-Unis renforce cette tendance, lui qui a en effet déclaré à plusieurs reprises qu’il souhaite conclure des accords avec Poutine sur la Syrie. En octobre 2015, il avait loué l’intervention directe de l’aviation russe en appui au régime de Damas. Même s’iI est vrai qu’en raison des déclarations variées et contradictoires de Trump sur la politique étrangère, il est difficile de savoir ce qu’il fera réellement, la Russie et les États-Unis seront probablement plus enclins à collaborer dans la prétendue « guerre contre le terrorisme », renforçant et légitimant encore davantage le régime Assad ainsi que d’autres pouvoirs autoritaires. Le régime de Damas et ses alliés russe et iranien accélèrent donc leurs offensives en Syrie pour réaliser un fait accompli lors de l’entrée en fonction du nouveau président à Washington le 20 janvier 2017.

    Face à la guerre sans fin du régime Assad et de ses alliés contre le peuple syrien, face à la volonté croissante des puissants de liquider les aspirations démocratiques de la révolution syrienne, il faut réaffirmer notre soutien à la lutte du peuple syrien pour la démocratie, la justice sociale et l’égalité, contre toutes les formes de confessionnalisme et de racisme. Pour cela, il faut en premier lieu arrêter la guerre, qui ne cesse de créer des souffrances terribles, empêche le retour des réfugiéEs et déplacéEs internes, et ne profite qu’aux forces contre-­révolutionnaires issues des deux bords.

    Joseph Daher

    Hebdo L’Anticapitaliste - 362 (08/12/2016)
    https://npa2009.org/

    http://www.europe-solidaire.org/

  • PST (Algérie)

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    PST حــــــزب العمـــــــال الاشـــــــــتراكي

    Dans le cadre de son programme d’activités,
    Le Parti Socialiste des Travailleurs
    vous invite à une conférence-débat :


    « Quelle résistance à la politique antisociale du gouvernement »

    Samedi 10 Decembre 2016, à 13h30,
    au siège national du PST, animée par
    M. Idir Achour, Secrétaire général du Conseil des lycées d'Algérie (CLA)
    Adresse : 27, boulevard Zighoud-Youcef, Alger-Centre

    Facebook

  • Israël-Palestine : « Les colons ont détruit un équilibre environnemental fragile » (Politis)

    Air pollution becomes Israel-Palestinian wedge issue

    Palestinian laborer Sami Abu Baker, 35

    L'universitaire Mazin Qumsiyet et la journaliste Kifah Abdul Halim alertent sur la catastrophe humanitaire et environnementale qui se profile si une solution n'est pas rapidement trouvé pour résoudre le conflit israélo-palestinien.

    De passage à Paris, Mazin Qumsiyeh, professeur à l’université de Bethléem et directeur du Musée palestinien d’histoire naturelle et de l’Institut palestinien de la biodiversité, et Kifah Abdul Halim, journaliste, traductrice et éditrice du site d'information en ligne « Al Lassaa », « La Piqûre » en français, reviennent sur les impacts de la colonisation israélienne sur les sociétés palestinienne et israélienne. Afin d’accélérer la mise en place d'une solution durable pour mettre fin à la politique expansionniste d'Israël, tous deux appellent au renforcement de la campagne Boycott désinvestissement et sanctions (BDS), ainsi qu'à la suspension des accords européens avec le gouvernement israélien.

    Si les conséquences de la colonisation israélienne sur les Palestiniens sont régulièrement abordées dans les médias, pouvez-vous nous expliquer en quoi il est important de comprendre l’impact de cette politique sur la société israélienne ?

    Kifah Abdul Halim : Israël se présente comme la seule démocratie au Moyen-Orient. Mais depuis 2009, et l'élection de Benjamin Netanyahu, l'espace démocratique s'est terriblement restreint. Des lois racistes et discriminatoires à l'égard des citoyens arabes d'Israël ont récemment été votées. L'agenda politique de la droite touche tous ceux qui ne sont pas d'accord, notamment les citoyens israéliens opposés à la politique colonisatrice du gouvernement. Cela était évidemment prévisible : un État ne peut pas se revendiquer démocratique et juif, en excluant d'emblée une partie de sa population. Au mieux, cette société serait démocratique pour les juifs d’Israël.

    Mais ce qui se passe aujourd'hui est encore pire. L'oppression est en train de ronger la société israélienne de l'intérieur. Le monde doit comprendre que beaucoup d'Israéliens sont désespérés par cette situation, eux qui croyaient en un avenir pacifié et en l'élaboration d'une véritable société démocratique. Le sentiment d'être gouverné par des colons est aujourd'hui partagé par de nombreux Israéliens. L'idéologie prônée par les colons tend cependant à s'immiscer dans les esprits et continue de s'imposer dangereusement dans toute la société.

    En quoi la colonisation des territoires palestiniens a-t-elle des conséquences sur l’environnement ?

    Mazin Qumsiyeh : La cause palestinienne est avant tout une histoire de colonisation, celle d'un peuple dépossédé de ses terres. Après avoir envahi la Palestine, les Israéliens sont entrés en Cisjordanie, créant de nouvelles colonies sur une terre qui devait faire partie du futur État palestinien. Aujourd'hui, 7 des 12 millions de Palestiniens sont considérés comme des personnes déplacées après avoir été expulsées de leurs villages. À l'inverse, il y a 220 colonies qui abritent 750 000 colons israéliens. En matière de densité, il y a plus d'Israéliens en Cisjordanie qu'en Israël. Dans le département de Bethléem, seul 13 % du territoire est habité par des Palestiniens alors que le reste appartient aux colons qui y ont construit 23 colonies.

    Ce qu'il faut comprendre, c'est que là où il y a colonisation, il y a des conséquences irrémédiables sur la société et l'environnement. En venant, les Israéliens ont détruit un équilibre fragile, et tout ce qui avait été établi par les locaux. Ils ont d'abord pris les maisons et les terres, puis ils ont installé des usines et ont développé leur technologie. Sur place, les colons usent de produits chimiques à proximité des champs fertiles et des fermes palestiniennes, impactant évidemment la santé des habitants et des animaux... Des études sur la biodiversité dans la région de Bethléem ont d'ailleurs démontré que de nombreuses espèces ont disparu : reptiles, insectes, mollusques ou mammifères...

    Quelles sont les conséquences de la colonisation sur la production et la consommation d'eau dans les territoires palestiniens ?

    Mazin Qumsiyeh : En prenant l'eau du fleuve voisin, le Jourdain, Israël a asséché les régions voisines pour pouvoir approvisionner le pays. D'où la désertification de ces régions et la baisse du niveau de la mer Morte. Désormais, les colons souhaitent construire un canal entre la mer Rouge et la mer Morte. Il s'agit d'un projet très critiqué tant les conséquences environnementales pourraient être terribles. Mais encore une fois, ce sont les futurs territoires palestiniens qui en pâtissent. Et si les Israéliens ont une consommation d'eau au-dessus de la moyenne, s'octroyant 91 % de la production, les Palestiniens, eux, n'en n'ont pas assez alors que ces ressources sont sur leur territoire.

    La création d'un État palestinien est-elle encore une solution envisageable selon vous ?



    Kifah Abdul Halim : Cela devient difficile. D'autant que la société israélienne, comme le gouvernement, ne cesse de se radicaliser. Comment croire en la création d'un État palestinien alors que le territoire qui lui est réservé, la Cisjordanie, ne cesse de se transformer ? Il ne fait aucun doute que ces nouvelles colonies visent à judaïser les territoires palestiniens... Si le gouvernement précédent prétendait être favorable à l'établissement d'un nouvel État, ce n'est plus le cas aujourd'hui.

    Mazin Qumsiyeh : Cette solution est une illusion, un mythe. Le premier à avoir évoqué la création d'un État palestinien, c'est Ben Gourion, en 1920. Mais il s'agissait d'une stratégie. Les dirigeants israéliens continuent de faire croire au reste du monde qu'ils veulent la paix, mais actuellement, ce conflit ne peut pas se résoudre. En partie parce que les colons, soutenus par le gouvernement, ont toujours affirmé qu'ils étaient opposés à la création d'un tel État. L’histoire montre d'ailleurs que cette solution est rarement envisagée par les colonisateurs. Soit les colons partent, comme en Algérie, soit les locaux sont réprimés, voire éradiqués. Soit une cohabitation entre les colonisés et les colonisateurs est instaurée. Mais cette dernière solution implique la reconnaissance du droit des « colonisés ». Ce qui n'est pas le cas en Israël. Lorsque les Palestiniens ont souhaité faire valoir leur « droit » à l'eau, le gouvernement israélien a immédiatement rectifié, préférant évoquer leur « besoin » en eau. S'ils devaient reconnaître le droit des Palestiniens à disposer de cette ressource, alors le gouvernement ne pourrait plus continuer à en disposer librement.

     Chloé Dubois 5 décembre 2016

    http://www.politis.fr/

  • La Tunisie est-elle devenue un enfer pour la jeunesse ? (Nawaat)

    Une jeunesse déterminée devient vite déterminante, et c’est ce que les politique et les journalistes de l’ancien monde semblent vouloir empêcher à tout prix .Vincent Cespedes, philosophe, essayiste

    A Gafsa, l’arrestation d’une bande de jeunes gens convertis au Christianisme a suscité un tollé général et a soulevé de grandes interrogations dans une partie de l’opinion publique, et pour cause : dans un pays qui se targue d’être la première démocratie arabe et dont la constitution garantie la liberté de conscience, comment se fait-il qu’on arrive à écrouer des jeunes gens pour avoir changé de religion ? Pourquoi s’attaque-t-on de plus en plus à la jeunesse ? Et y a-t-il de quoi s’inquiéter ?

    Il va sans dire que cet incident n’est pas un cas isolé.

    Dans une Tunisie élevée au rang de paradigme démocratique, la police assène les amis d’une jeune lycéenne suicidée de questions d’ordre religieux. Leur « délit » ?  Ecouter du Hard Rock ! Ce lynchage est également soutenu par certains médias qui, par ignorance ou opportunisme, s’enfoncent dans une sorte de transe verbale où s’entremêlent le faux et le vrai et où des pseudo-spécialistes, dépourvus de tout raisonnement scientifique, viennent s’attaquer à ces jeunes « égarés » qui ont délaissé la voie de Dieu en choisissant celle de Satan. L’amalgame est ainsi fait : le  Hardouss,comme on aime l’appeler ici, est directement assimilé au « sataniste » et l’on voit des inconnus qui, poussés par la fièvre des rumeurs et du mythe des adorateurs de Satan, sortent menacer ces jeunes « impies » devant l’étrange silence de la police.

    En Tunisie, « fierté » du monde démocratique, on ramasse les jeunes amoureux et les fumeurs de joints à la pelle et on les jette dans les maisons d’arrêt, les condamnant à errer dans les couloirs sombres d’une prison surpeuplée et à subir l’expérience traumatisante de vivre dans une cellule insalubre et humide : du pain béni pour les pervers multirécidivistes, les criminels notoires et les terroristes. En effet, après des mois ou des années dans ce milieu propice à toutes les tentations et à tous les dérapages, ces jeunes condamnés seront, à leur sortie de cellule, candidats au djihad ou bien candidats aux crimes majeurs et à la délinquance attitrée. Du coup, dans la « Tunisie des droits de l’Homme », un baiser volé sous un arbre ou bien le simple geste de fumer un joint fait entrer le jeune adolescent dans un engrenage infernal dont il ne sortira que détruit, cassé et aigri.

    Dans une Tunisie nobélisée, on incarcère les jeunes femmes qui boivent de l’alcool car leur crime est double : celui de boire un breuvage de facto interdit par la religion, mais surtout celui d’être femme.

    Ainsi, dans un pays doté d’une constitution moderniste et qui se perçoit comme un modèle féministe incomparable dans le monde arabe, les jeunes femmes sont doublement sanctionnées : alors que le fait de consommer de l’alcool est toléré quand il s’agit d’un jeune homme, il devient passible d’humiliation et de sanction quand il s’agit d’une jeune femme. C’est là tout le paradoxe de la société tunisienne.

    Pointer du doigt les institutions et la législation serait vain car le mal réside, tout d’abord, en nous. Dans la plupart des Etats, les lois ne sont que le prolongement de la société et force est de constater que des institutions au comportement moyenâgeux ne peuvent être que le reflet d’une société à la mentalité moyenâgeuse, toutes catégories sociales confondues. L’acharnement de l’Etat contre la jeunesse est symptomatique d’une société castratrice qui, après la chute du paternalisme politique, refuse de voir ses enfants s’émanciper, ne faisant que creuser encore plus la fracture générationnelle. Persécuter la jeunesse sous couvert religieux témoigne, de surcroît, d’une certaine mainmise idéologique qui tend à étouffer tout souffle progressiste et à formater les jeunes générations à un hypothétique retour en arrière. Lentement, mais sûrement, la Tunisie tend à devenir un enfer pour les jeunes qui n’ont que le choix de fuir : dans une embarcation de fortune vers l’Italie, à travers un réseau de recrutement djihadiste ou bien en partant étudier à l’étranger, tous les moyens sont bons pour quitter un pays désormais perçu comme un tombeau à ciel ouvert.

    5 décembre 2016

    Hajer Zarrouk est enseignante universitaire. Elle est spécialiste en médias et communication.
     
  • Assassinat de Chokri Belaid : 14 ans de prison pour les manifestants à Kélibia (Nawaat)

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    Le tribunal de première instance de Nabeul a condamné par contumace 11 jeunes de Kélibia à 14 ans et un mois de prison ferme le 12 octobre 2016. Le tribunal avait retenu sept chefs d’accusation parmi lesquels la « provocation d’incendie dans des locaux non habités », suite à l’assassinat de Chokri Belaid le 6 février 2013. Une affaire qui ressemble à une dizaine d’autres dans différentes régions où des manifestations ont eu lieu contre le parti islamiste Nahdha à la tête du pouvoir à cette époque.

    Du 6 au 8 février 2013, les manifestations à Tunis et dans les régions étaient marquées par de violents dérapages. Des locaux de Nahdha ont été brûlés et saccagés. Le Front Populaire mais aussi Nidaa Tounes avaient ouvertement imputé la responsabilité politique de l’assassinat de Belaid au parti islamiste. Béji Caid Essebsi avait accusé Ali Larayedh, ministre de l’Intérieur de laxisme car il était au courant des menaces de mort contre Belaid.

    Le jugement rendu contre les jeunes de Kélibia n’est pas isolé.

    À Nassrallah ( gouvernorat de Kairouan ) deux jeunes, accusés d’avoir brûlé le local de Nahdha ont fini par être acquittés le 19 juin 2014 après 14 mois d’arrestation. À Gafsa, Douz, Redayef, Mednine et Kef, les procès liés à cette vague de protestation sont en cours. Le 5 février 2016, la Cour d’appel de Monastir condamne trois jeunes de Ksibet El Mediouni à deux ans de prison ferme. Les 21 autres accusés ont été acquittés. Les trois condamnés sont accusés de vol de matériels d’un poste de police. Le 11 octobre 2016, le bureau de Nahdha à Ben Guerdane signe un accord de réconciliation avec les jeunes accusés d’avoir brûlé son bureau mettant fin aux poursuites judiciaires.

    Seif Eddine Dallegi, ouvrier de 25 ans est l’un des 11 condamnés de Kélibia. Le 7 février, il était parmi les manifestants qui se sont rassemblés au centre ville, avant de se diriger vers le local du parti Nahdha. « Nous étions quelques dizaines de personnes. Au bout de quelques minutes du rassemblement, des confrontations ont eu lieu avec la police qui voulait disperser la foule. Les manifestants se sont divisés entre ceux qui sont restés devant le local de Nahdha et d’autres qui sont partis au poste de police. Entre temps, on nous a informé du vol de la fourrière municipale et d’un hôtel. Deux jours après, la police m’a convoqué … » se rappelle Seif Eddine.

    L’avocat de la défense, Anis Ezzine affirme que les onze condamnés n’ont rien à avoir avec les dérapages qui ont eu lieu. « Nous cranions une instrumentalisation politique de l’affaire surtout que les jugements sont sévères et ne prennent pas en compte le contexte politique des événements » s’inquiète-t-il. En effet, les accusés devaient répondre de sept chefs d’accusation : participation à une entente en vue de préparer et de commettre une agression contre les biens et les personnes, participation à une rébellion provoquée par plus de dix personnes durant laquelle il y a eu agression d’un fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions, entrave à la circulation dans les voies publiques, dégradation, sciemment de bien d’autrui, provocation d’incendie dans des locaux non habités, jets de corps solides contre les biens d’autrui ; provocation de bruit et de tapages dans un lieu public.

    Âgés de 18 et 25 ans, les onze condamnés sont juridiquement en état de fuite. ( Aymen Garouch, Ahmed Ben Massoud, Marouan Mrabet, Wissem Abdelwahed, Makrem Charfi, Meriem Jerbi, Hamida Hazem, Seif Eddine Dallegi, Rabii Abdeljaouad et Houcine Hassana ).

    Dans un communiqué publié, le 1er décembre 2016, la section Kélibia – Korba de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme estime que la condamnation de 14 ans de prison est « sévère » vu les circonstances particulières des événements, l’âge des accusés, majoritairement étudiants ou élèves sans antécédents criminels. La LTDH avait déjà souligné, le 31 mai 2013, que les manifestants pacifistes ont été infiltrés par des malfaiteurs qui ont profité de la colère populaire pour voler et saccager un hôtel et une fourrière de motos. Outre les avocats qu’elle a nommé pour défendre les 11 jeunes condamnés, la Ligue a constitué un comité de soutien réunissant des militants indépendants et des partis politiques pour réclamer « un procès équitable ». Les avocats de la défense affirment qu’ils déposeront un recours en cassation dans les prochains jours.

    Le 2 juin 2014, l’Assemblée nationale constituante a voté une loi d’amnistie pour toutes les personnes qui ont participé aux événements de la révolution du 17 décembre 2010 au 28 février 2011. Cette loi a été votée sous la pression de la société civile qui a lancé la campagne Moi aussi j’ai brûlé un poste de police revendiquant la légitimité circonstancielle de l’acte révolutionnaire après avoir recensé près de 130 procès contre des jeunes qui ont participé aux manifestations contre la dictature.

    Henda Chennaoui

    Journaliste indépendante, spécialiste en mouvements sociaux et nouvelles formes de résistance civile. Je m'intéresse à l'observation et l'explication de l'actualité sociale et économique qui passe inaperçue.