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Algérie - Page 23

  • Cela s’est passé un 26 juillet 1959, mort du syndicaliste Aïssat Idir (Babzman)

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    Arrêté et torturé, il meurt le 26 juillet 1959. Aïssat Idir est le fondateur et le premier secrétaire général de l’UGTA.

     

     Aïssat Idir naît le 7 juin 1919 à Djamaâ Sahridj, village situé près de Tizi Ouzou, au sein d’une famille paysanne de condition modeste. Il fait ses études primaires dans son village et les poursuit à l’Ecole Normale de Bouzeréah. Puis il est affecté au lycée français de Tizi Ouzou où il demeure jusqu’à l’obtention du diplôme de premier cycle de l’enseignement secondaire. Mais la situation économique de ses parents ne lui permet d’aller plus loin. Forcé de quitter l’école, il rejoint son oncle paternel à Tunis, en 1935, pour suivre des études supérieures en économie, à l’Université de Tunis.

    En 1944, Aïssat Idir entre à l’usine d’aviation et est rapidement promu au grade de chef du service de contrôle administratif. L’administration de l’usine l’envoi ensuite au Maroc pour occuper les mêmes fonctions à l’aéroport de Casablanca.

    C’est dans ce milieu que son âme de syndicaliste apparaît, notamment en s’intéressant à la défense des intérêts des travailleurs algériens. Ses camarades l’élisent comme membre de la commission exécutive des travailleurs du secteur d’Etat, affiliée aux syndicats communistes français.

    Dans le cadre de son activité syndicale au sein de cette commission, il réalise que les syndicats français même communistes n’accordent pas le même intérêt aux problèmes du travailleur algérien qu’aux préoccupations des travailleurs européens.

    A son retour en Algérie, l’idée de fonder une organisation syndicale algérienne commence sérieusement à le préoccuper. Les idées d’Aïssat Idir suscitent des réserves de la part des syndicats français, lesquelles commencent à œuvrer pour l’écarter des postes de responsabilité.

    En 1951, la police française prend d’assaut l’usine où il travaille. Il est arrêté avec 10 autres travailleurs algériens. Ils ne seront libérés que dix jours plus tard.

    Par la suite, Aïssat Idir occupe un autre emploi à la caisse d’allocations familiales du secteur du Bâtiment et Travaux Publics et devient responsable du comité central des affaires syndicales relevant du Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques (MTLD) de 1949 à 1954.

    Son action pour développer le syndicalisme algérien lui vaut une deuxième arrestation.

    Les efforts d’Aïssat Idir ainsi que ses démarches sont d’une influence considérable sur la création en février 1956 de la première organisation syndicale algérienne : l’Union Générale des Travailleurs Algériens dont il est nommé secrétaire général.

    L’engouement pour le syndicat est immédiat. Dès le premier mois, plus de cent mille adhésions sont enregistrées. Le siège de la Centrale syndicale, installé à La Vigerie (actuellement El Madania), à Alger, commence à accueillir des délégations de syndicalistes venues protester auprès d’Aïssat Idir de leurs difficiles conditions de travail.

    Le secrétaire général, fraîchement élu, se consacre par ailleurs à la mise en place des structures de l’UGTA. Ensuite est créé le journal de l’organisation syndicale, L’Ouvrier algérien, qui permet de tenir les travailleurs informés sur les actions menées par la Centrale syndicale et de les mobiliser pour la lutte armée.

    Le 22 mai 1956, sur ordre de Robert Lacoste, ministre –délégué en Algérie, la police française arrête Aïssat Idir dans son bureau à la Centrale syndicale avec d’autres cadres et militants de l’UGTA. Il est incarcéré à Berrouaghia, puis déplacé dans d’autres prisons : Saint-Lo, Aflou, Bossuet et enfin, transféré à Alger pour être enfermer à la prison de Barberousse. Aïssat Idir subira d’atroces tortures ordonnées par le colonel Godart, qui dirigeait alors la DST (Défense et sécurité du territoire).

    Inculpé d’atteinte à la sécurité de l’Etat, il sera traduit avec vingt-deux autres syndicalistes devant la justice militaire à Alger. Innocenté, malgré l’acharnement de la justice, il est libéré mais pas pour longtemps. Le 13 février 1959, il sera encore arrêté par le colonel Godart et emprisonné. Il subit encore d’atroces tortures et l’administration pénitentiaire est contrainte de le transférer à l’hôpital militaire Maillot. Un avocat de la défense, qui a pu le visiter, a déclaré que ses jambes avaient été grièvement brûlées. Les autorités françaises, embarrassées, ont donné des versions contradictoires sur l’origine de ces brûlures.  Mais Aïssat Idir meurt le 26 juillet 1959.

    L’assassinat du secrétaire général de l’Union Générale des Travailleurs Algériens suscite une large vague d’indignation et de colère de par le monde. Des télégrammes de protestation et de réprobation sont adressés par l’Organisation Mondiale des syndicats libres, la Ligue Mondiale des syndicats, l’Union internationale des agriculteurs et des syndicalistes arabes, ainsi que des syndicats communistes français.

    Ces instances ne se contentent pas de protester mais exigent du gouvernement français de faire toute la lumière sur les circonstances obscures de son décès.

    la Confédération internationale des syndicalistes libres (CISL) qui a demandé l’ouverture d’une enquête sur la mort de Aïssat Idir déclare : «Dans toute l’histoire brutale de la répression du mouvement nationaliste algérien, aucun événement n’a pu contribuer à soulever l’indignation des hommes de bonne volonté et, en particulier, des travailleurs organisés ».

    Mais toutes les protestations et les demandes restent lettres mortes.

    Synthèse K.T. juil 27, 2014

    http://www.babzman.com/2014/4835/

  • Le pouvoir n’a fait que trouver un bouc émissaire (Algeria-Watch)

    Solidarité au Canada

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    Les détenus des événements de Ghardaïa seront présentés une deuxième fois ce dimanche devant le juge d’instruction. Ils sont accusés de «terrorisme», d’«atteinte à la sûreté de l’Etat» et d’«incitation au meurtre». Me Noureddine Ahmine livre les détails du dossier.

    Combien de personnes sont interpellées jusqu’à aujourd’hui et quelles sont leurs conditions en détention ?

    Je n’ai aucune connaissance s’il y a eu des interpellations du côté malékite, même si je ne suis pas d’accord avec cette terminologie. Je dirai même que nous pensons qu’il n’y en a eu aucune. Côté Mozabites, 25 personnes ont été interpellées et seules 21 sont détenues, car les autres, qui sont vieux ou mineurs, ont été relâchés. Six personnes demeurent en état de fuite.

    Mais il y a autre chose. Apparemment, les autorités font beaucoup plus de publicité concernant l’arrestation des Mozabites par rapport à l’arrestation des Malékites qui, si elle existe, elle s’est faite dans la discrétion la plus totale. La communauté mozabite est celle qui subit d’une manière ou d’une autre toute cette violence.

    C’est un aspect très important à relever. Il ne faut pas oublier que nous ne cessons de recevoir des vidéos dans lesquelles on voit clairement les éléments de la gendarmerie et de la police se mettre du côté des émeutiers de la partie malékite, et ce, depuis le début du conflit. Pour les conditions de leur détention, nous n’en savons rien, dans la mesure où nous n’avons pas encore eu de contact direct avec les détenus.

    Maintenant, vu que l’affaire est en instruction, nous avons le droit de leur rendre visite en prison pour discuter avec eux sur les conditions de leur détention. Nous avons entendu dire qu’elles sont difficiles.

    Le parquet, par le biais du procureur de la République, a nié tout en affirmant le contraire. Nous prenons acte de ses déclarations jusqu’à preuve du contraire. J’ai été le 14 juillet à Ghardaïa pour me renseigner personnellement de leur situation. Des collègues rencontrés sur place m’ont affirmé que les parents étaient autorisés à voir leurs proches en prison.

    Sur quelle base ces activistes ont-ils été interpellés ?

    Sur la base du chef d’inculpation que nous connaissons aujourd’hui. Les accusations sont très lourdes et d’une extrême gravité. Kameleddine Fekhar et son groupe sont carrément accusés de terrorisme selon l’article 87 du code pénal, d’atteinte à la sûreté de l’Etat et d’incitation au meurtre.

    Nous nous sommes constitués en collectif qui commence à grandir, car d’autres collègues ont exprimé le désir de nous rejoindre. Cette affaire dépasse l’entendement. J’ai l’impression qu’on veut les présenter comme les maux de Ghardaïa pour cacher l’échec de l’Etat dans son traitement de cette affaire.

    L’Etat n’a jamais tenu ses promesses. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, alors chef de campagne du président-candidat durant la dernière élection présidentielle, avait promis aux habitants de Ghardaïa le retour de la sécurité, une fois que Bouteflika est réélu. Où sont ces promesses ? Nos responsables n’ont fait que trouver un bouc émissaire pour justifier leur impuissance.

    Vous n’avez pas peur d’être accusé aujourd’hui de parti pris dans cette affaire en ne défendant que les Mozabites ? Car le défenseur des droits de l’homme que vous êtes est aussi censé chercher à savoir s’il y a des détenus malékites ou non…

    Absolument. Personnellement, je ne suis pas contre. Mais jusqu’à présent et depuis les affrontements entre les deux communautés - à Berriane en 2008, à Guerrara ou à Ghardaïa, aucun Malékite n’a fait appel à nous pour le défendre. Sinon, nous l’aurions fait. Si nous défendons que les Mozabites aujourd’hui, c’est parce qu’ils sont les seuls à nous contacter. Je le précise pour que les choses soient bien claires.

    Selon vous, pourquoi ce deux poids, deux mesures que vous dénoncez ?

    L’objectif est clair. L’Etat veut faire croire aux Algériens qu’il a mis hors d’état de nuire le groupe qui serait, selon lui, derrière les événements de Ghardaïa. Il se trouve que ce groupe en question n’est composé que de Mozabites ! Ce sont des activistes.

    Que nous soyons d’accord ou non avec leurs idées, cela est une autre paire de manches. La question qui se pose actuellement est comment se comporter avec les citoyens algériens dans des situations pareilles. L’Etat doit être impartial, ce qui n’est pas le cas malheureusement.

    Qu’entendez-vous par l’échec de la politique de l’Etat ?

    Comment un Etat comme l’Algérie puisse être incapable d’assurer la sécurité de ses citoyens et de leurs biens. La sauvegarde des biens et des personnes relève de sa responsabilité, car il a tous les moyens aujourd’hui pour réussir cette mission.

    Donc, l’insécurité qui règne à Ghardaïa est aussi la résultante du laisser-aller de l’Etat qui n’assume toujours pas ses responsabilités.

    A croire qu’il ne veut pas régler ce problème d’une manière radicale. Nos responsables sont en train de le gérer.

    Déployer un dispositif sécuritaire à Ghardaïa ne réglera pas le problème. Les mesures prises par la justice ne doivent être que conservatoires en parallèle aux solutions objectives et adéquates, telles que l’ouverture d’enquêtes pour comprendre d’abord ce qui s’est passé. Ce sont des événements qui remontent à la fin 2013.

    Ce qui est anormal c’est de constater que les affrontements perdurent encore deux ans après. Ce n’est pas Fekhar qui est dernière le début des événements.

    Lui et son groupe ont peut-être quelque chose à se reprocher, mais ils ne sont pas responsables de ce massacre. J’ai lu dans El Watan, qu’un notable malékite de Ouargla, ayant réuni précédemment les deux communautés dans sa wilaya pour contribuer à ramener la paix à Berriane, avait proposé cette fois-ci une solution pour Guerrara, que le wali de Ghardaïa a refusée.

    C’est grave. Autre chose : la proposition faite par une délégation parlementaire du FFS avait connu la même réponse de la part de ce wali. C’est la raison pour laquelle je vous dis que les autorités ne veulent pas de solution mais ne font que gérer le problème.

    Comment qualifiez-vous l’affaire ?

    A travers ces poursuites, le pouvoir veut réaliser deux choses : la première est de dire à l’opinion publique que le problème est pris en charge après la détention de ces activistes.

    Deuxièmement, ce qui s’est passé à Guerrara est une occasion en or pour lui afin de régler les comptes à Kameleddine Fekhar et son groupe qui seront pour lui, très mal vu politiquement. Je pense que cet acte va dans le sens de la politique du pouvoir. Il veut créer un climat de peur pour masquer son échec. Il faut dire aussi qu’il est dans une impasse. Pour dépasser cette crise, il lui a fallu créer des diversions du genre.

    C’est aussi un message adressé au peuple afin de lui dire que vous demandez le changement alors que nous n’avons pas encore réglé le problème du terrorisme et des séparatistes. Enfin, ce ne sont que des lectures et des suppositions sur la base de ce que nous avons comme éléments d’analyse.

    Que risquent-ils ?

    Nous ne sommes qu’au début de l’affaire. Si vraiment, ils seront condamnés sur la base des chefs d’accusation soulevés, ils écoperont certainement de peines très lourdes. Nous ne sommes qu’au début de l’instruction et donc nous aurons assez de temps devant nous avant que le dossier ne soit remis à la chambre d’accusation pour parvenir au stade du jugement. Et pendant toute cette période là, nous aurons forcément notre mot à dire en tant qu’avocats.

    Noureddine Ahmine

    Né le 11 janvier 1952 à Issoumar, dans la commune de Guenzet, à Sétif, père de deux enfants, Noureddine Ahmine est avocat près la cour de Laghouat relevant du bâtonnat de Médéa. Il est connu pour être le défenseur de tous les opprimés, notamment au Sud algérien.

    Cet avocat sillonne tout le territoire algérien afin d’aider les gens sans défense. Membre fondateur de la LADDH en 1989, il est aussi membre fondateur et le président du Réseau des avocats pour la défense des droits de l’homme, créé en 2012. Noureddine Ahmine Membre du collectif des avocats pour la défense des Mozabites détenus à Ghardaïa

    Meziane Abane El Watan, 24 juillet 2015

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/pol/ghardaia/bouc_emissaire.htm

  • Cela s’est passé un 14 juillet 1953, une manifestation, des morts, un massacre! (Babzman)

    Cette date est très peu connue dans notre histoire, pourtant, elle eu aussi ses martyrs. Cet article qui relate les faits avec détails est un témoignage sur la manifestation du 14 juillet 1953 et un hommage à ses victimes.

    Le 14 juillet 1953, comme chaque année depuis 1936, le Parti communiste français (PCF), la Confédération générale du travail (CGT) et de nombreuses organisations progressistes organisent à Paris un défilé qui se veut une célébration des valeurs de la République. Cette tradition rappelle celle des manifestations du 1er Mai.

    Ce 14 juillet, le cortège défile de la place de la Bastille à la Nation. Rendez-vous est donné dès 14 heures aux militants afin de se constituer en cortèges dont l’ordre a été décidé au préalable. Comme chaque année depuis le début des années 1950 les messalistes, militants indépendantistes du mouvement pour les libertés démocratiques en Algérie (MTLD) dirigé par Messali Hadj, prennent part au défilé malgré leurs divergences – le PCF n’est, à l’époque, pas favorable à l’indépendance de l’Algérie. Ils sont encadrés par leur propre service d’ordre que l’on reconnaît à son brassard vert.

    Cette année le contexte est particulièrement tendu : les manifestations du 1er Mai ont été marquées par des violences policières ; celles de mai 1952 contre la venue en France du général américain Ridgway accusé d’utiliser des armes bactériologiques en Corée se sont soldées notamment par la mort de l’ouvrier communiste Hocine Bélaïd.

    À 15 heures, le cortège s’ébranle en direction de la place de la Nation avec à sa tête une banderole proclamant l’« Union pour la défense des libertés républicaines ». L’on entonne une première Marseillaise, l’on exige la libération des militants communistes emprisonnés. Quoi que la presse ne s’en fasse pas l’écho par la suite, l’on scande aussi du côté des messalistes des slogans favorables à une Algérie indépendante.

    Du côté de la rue Jacques-Cœur surgissent quelques parachutistes, de retour d’Indochine, qui provoquent et agressent les manifestants. Sporadiquement, ces « bérets rouges » qui le matin même défilaient sur les Champs-Élysées agressent les manifestants. Exfiltrés par les policiers, ils ne sont pas arrêtés.

    Vers 15 heures 30, une première averse estivale, violente et soudaine, sème un peu le trouble mais le cortège parvient tout de même aux alentours de 16 heures en bon ordre à la Nation où la manifestation doit se disloquer. Depuis la tribune où il prend place, le comité d’organisation salue les différents cortèges.

    Tandis qu’une seconde averse, encore plus drue, s’abat sur la place de la Nation, la journée vire au cauchemar. Après son passage devant la tribune officielle, le cortège des messalistes se presse en direction de l’avenue du Trône où un camion attend les militants pour recueillir les drapeaux algériens et les portraits de Messali Hadj qu’ils portaient fièrement durant le défilé. Des rues adjacentes, des policiers fondent sur eux. Ces derniers s’acharnent à piétiner les portraits du leader indépendantiste. Éclate alors une première bagarre sous la pluie torrentielle. Surprises par la réaction belliqueuse des messalistes qui refluent malgré tout vers la place, les forces de l’ordre suppléées de gardes mobiles retournent à la charge tandis que la tribune est évacuée.

    Soudain, sans sommation, des coups de feu claquent. « L’horloge monumentale, brisée à l’entrée du carrefour, est arrêtée à 17h20, heure où le premier coup de feu fut tiré », selon France Soir le 16 juillet. Dans la panique générale qui s’en suit, sous une pluie battante, les premiers blessés sont évacués vers les cafés où se réfugient aussi les manifestants effarés qui, comme les clients des cafés, se font frapper par la police. On appelle les ambulances pour transporter les blessés tandis que des médecins donnent les premiers soins. Avenue du Trône, un premier car de police est renversé et enflammé. Deux autres seront brûlés et une vingtaine endommagés. Bien que la traque des manifestants se poursuive jusque dans les cours d’immeubles et sur les quais du métro où les manifestants Algériens – ou qualifiés comme tel – cherchent refuge, un calme relatif revient à peine trente minutes après les premières échauffourées qui furent d’une violence inouïe.

    Sept manifestants sont tombés sous les balles de la police, six Algériens et un Français : Amar Tabjadi, 26 ans, décédé à l’hôpital Saint-Louis ; Abdallah Bacha, 25 ans, décédé à l’Hôtel-Dieu des suites d’une balle reçue dans la gorge ; Larbi Daoui, 27 ans, tué d’une balle dans le cœur ; Abdelkader Dranis, 31 ans, décédé à l’hôpital Saint-Louis ; Mohammed Isidore Illoul, 20 ans, décédé à l’hôpital Saint-Louis ; Medjen Tahar, blessé par deux balles, décédé à l’hôpital Tenon et enfin Maurice Lurot, 40 ans, mort à l’hôpital Saint-Louis d’une balle dans le cœur.

    D’après le bilan officiel de la Préfecture de police, une soixantaine de policiers furent blessés à divers degrés. Le journal Combat indique le chiffre de quatre-vingt policiers blessés ; du côté des manifestants, outre les sept morts, le même journal recense quarante-quatre blessés. Mais le décompte officiel de la Préfecture – quarante blessés par balles et sept morts – est certainement à réévaluer : de nombreux blessés, de peur d’être incarcérés, ne se rendent pas dans les hôpitaux et certains médecins ne les signalent pas.

    Dans les jours qui suivent, l’émotion est intense ; la presse s’indigne, comme par exemple l’Humanité, ou au contraire voue aux gémonies les Algériens agresseurs des forces de l’ordre : le Figaro du 15 juillet dénonce les communistes et les Algériens respectivement responsables et initiateurs des affrontements. Le PCF, tout en taisant les revendications indépendantistes des messalistes, invite à un meeting le 21 juillet au Cirque d’Hiver qui remporte un franc succès.

    Le même jour, les corps des victimes algériennes sont transportés à la mosquée de Paris pour une cérémonie religieuse tandis que rue Duhesme, au local de la section du PCF à laquelle appartenait Maurice Lurot, une chapelle ardente est dressée en hommage aux sept victimes de la répression policière. Le lendemain, leurs corps sont exposés à la Maison des Métallos avant l’enterrement de Maurice Lurot au cimetière du Père-Lachaise et le transfèrement des corps des Algériens vers l’Algérie.

     

    Mais les brimades ne sont pas encore terminées : les corps de Larbi Daoui et Mohammed Isidore Illoul ne peuvent être rapatriés en Algérie pour des raisons administratives. Ils seront enterrés dans le carré musulman du cimetière de Bobigny. Quant à Amar Tabjadi, si sa dépouille est bien parvenue en Algérie, l’Humanité du 26 juillet rapporte que son corps a été subtilisé à sa famille par des militaires français et enterré « à l’esbroufe ». Tahar Madjeb sera inhumé à Guergour, Abdallah Bacha à Bahalil et Abdelkader Dranis à Nedrouma.

    Malgré quelques commémorations, le massacre du 14 juillet 1953 sera vite occulté dans les années qui suivent par ceux d’octobre 1961 et de février 1962.

    Le 21 septembre 1995, le fils de Maurice Lurot écrivait dans le courrier des lecteurs de l’Humanité-Dimanche : « chaque année, alors que chacun danse, c’est les larmes aux yeux que je cherche un mot qui réchauffe dans l’HD [l’Humanité-Dimanche]. Chaque année, mon père est de nouveau assassiné par les camarades, par leur oubli ».

    Maxime Courban Archiviste en charge des fonds photographiques du journal l’Humanité. Article publié en Juillet 2013 sous le titre :

    « Un massacre oublié. Retour sur la manifestation du 14 juillet 1953. »

    http://www.babzman.com/2014/cela-sest-passe-un-14-juillet-1953-une-manifestation-des-morts-un-massacre/

    Lire aussi:

    http://www.npa2009.org/idees/entretien-avec-daniel-kupferstein-realisateur-du-documentaire-les-balles-du-14-juillet-1953

    http://bondyblog.liberation.fr/201407140001/14-juillet-1953-noublions-pas/#.Vadb_rXNRq0

  • Cela s’est passé un 13 juillet 1927, naissance de Didouche Mourad (Babzman)

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    Un grand boulevard de la capitale porte son nom, ainsi que El Mouradia, baptisé après l’indépendance. Didouche Mourad fait partie de ceux qui ont déclenché le 1er novembre 1954.

    Didouche Mourad est né le 13 juillet 1927 à la rue des Mimosas, au quartier de la Redoute (actuellement El Mouradia), à Alger. Sa famille, modeste, est originaire d’Ibskriène, un village de la commune des Aghribs en Kabylie. Son père tient une boulangerie dans le quartier.

    Il fait ses études primaires ainsi que le cycle moyen à l’école d’El Mouradia, puis rejoint le lycée technique du Ruisseau.

    Surnommé « Si Abdelkader », Didouche Mourad tient parfois la boulangerie de son père. Généreux, il en profite pour donner du pain gracieusement aux nécessiteux. L’historien français, Ives Courrière, le surnomme le « Saint-juste de la révolution » dans « Les fils de la Toussaint » (Paris, Fayard, 1968).

    Nourrit très tôt à la mamelle du nationalisme, il n’a pas encore 16 ans lorsqu’il adhère au Parti du peuple algérien (PPA). Il participe ainsi à l’organisation des manifestations du 8 mai 1945, qui vont entraîner la répression sauvage des forces coloniales et ancrer l’idée chez le jeune Didouche que l’indépendance ne peut s’obtenir que par la lutte armée.

    Deux ans plus tard, il travaille comme cheminot à la gare centrale d’Alger et milite à la CGT ; il est nommé responsable des quartiers de la Redoute (El Mouradia), du Clos Salembier (El Madania), et de Bir Mourad Raïs.

    Très tôt membre du mouvement des Scouts Musulmans Algériens (S.M.A.), véritable école du nationalisme ; il est l’un des fondateurs du RAMA, club omnisports de la Redoute ; il crée aussi en 1946 la troupe de scouts « Al-Amal » ainsi que l’équipe sportive « al-Sarie Al-Riadhi » d’Alger.

    En 1947, il organise les élections municipales dans sa zone et se rend également en Oranie afin d’organiser la campagne électorale de son Parti PPA-MTLD, pour l’assemblée algérienne. Arrêté dans une rafle, il réussit à s’enfuir du tribunal.

    La même année, il participe à la création de l’Organisation spéciale (OS), branche clandestine du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD) ; il est un de ses militants les plus actifs.

    Lors de la découverte de ses responsabilités au sein de l’organisation en mars 1950, et après l’échec de l’administration française à le capturer, un jugement par contumace est prononcé contre lui, le condamnant à 10 ans de prison. Il constitue en 1952, avec Ben Boulaïd, un noyau clandestin dans Alger dont la mission est la fabrication de bombes en prévision du déclenchement de la Révolution.

    Lors de la crise de 1953-1954 au sein du MTLD, opposant le Comité Central du parti à Messali El Hadj, il se rend en France, où il devient l’adjoint de Mohamed Boudiaf de la Fédération de France du MTLD.

    Au début de 1954, avec Ahmed Mahsas, ils élaborent un projet de parti véritablement révolutionnaire ; en mars 1954, Mohamed Boudiaf et Mourad Didouche rentrent en Algérie et prennent contact avec quelques anciens membres de l’OS.

    Il participe avec huit de ses compagnons à la création du Comité révolutionnaire pour l’unité et l’action (CRUA). Il participe également à la réunion des « 22 », tenue en juin 1954, au cours de laquelle est décidé le déclenchement de la Révolution. De cette réunion, émerge le premier « Conseil de la Révolution », composé de 5 membres dont Didouche Mourad, qui est nommé responsable de la zone II (Wilaya II).

    Il est l’un des rédacteurs de la Déclaration du 1er novembre 1954 et réussit avec l’aide de son adjoint Zighout Youcef, à jeter les bases d’une organisation politico-militaire.

    Le 18 janvier 1955, alors qu’il n’a pas encore bouclé sa vingt-huitième année, Didouche Mourad meurt à la bataille du douar Souadek, à Condé-Smendou, près de Constantine. Il est ainsi le premier chef de zone à tomber au champ d’honneur.

    Synthèse K.T.

    Sources :

    « Des mimosas pour Didouche Mourad », par Zouhir Mebarki, publié dans L’Expression le 20 – 01 – 2011

    http://www.la-kabylie.com

    http://www.algerieconfluences.com

    http://www.babzman.com/2015/cela-sest-passe-un-13-juillet-1927-naissance-de-didouche-mourad/

  • Maurice Laban, ce héros algérien ! (Le Matin.dz)

    Maurice Laban  Maurice Laban

     

    Dans le vaste Panthéon où repose l'innombrable cohorte des martyrs glorieux ou inconnus qui ont arraché l'Indépendance de l'Algérie, il en est un dont le nom se confond avec l'héroïque et rude combat pour la Liberté.

    La fraternité

    Maurice Laban, l'enfant de Biskra, porte la mémoire des luttes menées depuis la nuit des temps afin que le triptyque sur lequel repose la devise de la République ne soit pas seulement une abstraction. C'est ce qu'il devait apprendre aux jeunes enfants de son école indigène dont il était l'instituteur. Dans la devise républicaine, il a incarné plus particulièrement le concept de Fraternité, par ses différents engagements au long de sa vie. Pour lui, la vertu concrète du principe de fraternité était par dessus tout la clé d'une Liberté non égoïste et d'une Egalité altruiste, toujours l'une et l'autre soucieuse d'autrui, pour lui, de ses frères Algériens, comme il aimait se reconnaître comme l'un d'entre eux. Il avait le front assez haut, les épaules assez larges pour rassembler tous les efforts déployés par quelques-uns pour réduire les fractures sociales criantes générées par le colonialisme.

    Il était persuadé que faute de ce progrès éthique, faute de ce sens de la dignité de l'autre et de notre partage de la même condition humaine, comment pouvons-nous espérer que la revendication de Liberté et de d'Egalité ne soit pas réduite, le plus souvent à la défense de ses propres intérêts. Tous ces combats menés durant sa trop courte vie, il les a engagés dans l'espoir que reculent durablement les indifférences, les haines, les rejets de l'autre et les ignorances. Par dessus tout, il considérait tout être humain comme son frère.

    L'exemplarité

    Il était né en 1914 à Biskra où durant sa vie, Maurice Laban n'a jamais cessé d'apporter de l'aide à ses frères algériens dans le dénuement de cette ville du sud algérien jusqu'à cette date fatidique du 6 juin 1956 où il tombe au champ d'honneur aux côtés de son camarade Henri Maillot qui avait rejoint la lutte des maquisards algériens avec une cargaison d'armes et d'autres martyrs tels que Belkacem Hannoun, Djilali Moussaoui et Abdelkader Zelmatt.

    Toute son existence témoigne de ce pourquoi tant de femmes et d'hommes ont donné leur vie pour que leurs frères puissent vivre dignes et libres. C'est à Paris, en 1934, qu'il adhéra au Parti communiste où il fut secrétaire de la fédération parisienne des étudiants communistes.

    Durant la guerre d'Espagne, il se porta volontaire dans les Brigades internationales.

    Dans la rage des combats contre la dictature franquiste, à Teruel, il fut blessé à la jambe. A Madrid, il fut atteint à la face. On crut que sa blessure était mortelle à tel point qu'un officier espagol républicain voulut l'achever, pour abréger ses souffrances. Georges Raffini, un communiste d'Algérie était là et l'en empêcha. Il emporta son camarade de combat sur ses épaules et lui sauva ainsi la vie. La bouche cousue, la tête entourée de bandages, Maurice Laban fut rapatrié en France.

    En 1940, de retour en Algérie où il s'était marié avec Odette, durant la Seconde guerre mondiale, le gouvernement de Vichy, après l'avoir torturé, l'emprisonna à la prison Barberousse d'où il s'évada. Repris, Maurice fut condamné à la prison à perpétuité. On le transféra à la prison de Lambéze. Odette et Maurice furent libérés en 1943, après le débarquement des alliés. Quand il sortit de prison, son père, qui avait été, lui aussi emprisonné, mourut.

    Les difficultés de Maurice Laban avec le Parti communiste commencèrent en 1944.

    A cette époque, les députés français, toujours présents à Alger, et le PCA demandaient aux Algériens de participer à l'effort de guerre de la France. Pendant ce temps, les Algériens souffraient de la famine et du typhus. La section communiste de Biskra, dont Maurice était le secrétaire, adressa un rapport au Comité central pour exprimer son désaccord sur le fait que défendre exclusivement des mots d'ordre nationaux français était une erreur. On accusa alors Maurice de nationalisme. Son exclusion du Parti fut même envisagée. A partir de ce jour, les Laban devinrent des suspects devant qui on détournait la tête.

    En 1952, Maurice apprit qu'à Djemmorah, un village des Aurès, l'école était fermée depuis quatorze ans, faute d'instituteur. Il demanda le poste et y fut nommé en novembre. En mars 1953, on le révoqua. Ce travail lui facilitait trop les contacts avec le paysans de la région.

    Depuis l'enfance, il était lié d'amitié avec Mostépha Ben Boulaïd, l'un des animateurs de l'OS, l'Organisation spéciale, l'organisation para-militaire fondée par les nationalistes algériens. Sa plantation de palmiers lui permettait d'acheter des engrais avec lesquels il fabriquait de la poudre. Dès la fin des années quarante, à l'insu du PCA, il en fournit pour les maquisards des Aurès.

    Le 1er novembre 1954, Maurice Laban était à Biskra. Il fit tout de suite savoir au Comité central qu'il voulait participer à ce qu'il considérait être une guerre de libération. Il fut indigné par les prises de position du PCA à cette époque. Une délégation fut envoyée auprès du Comité central pour faire part de la volonté de ces hommes de s'engager dans la lutte armée. Il s'agissait ni plus ni moins d'une critique de la théorie de Maurice Thorez sur "l'Algérie, nation en formation" qui continuait à régner sur la politique algérienne du PCF et à influencer le parti algérien.

    Quelque temps après, les Laban et leur fils furent expulsés de Biskra par la police. L'arrêté d'expulsion était signé par François Mitterrand. Maurice s'attendait à être arrêté. Il passa dans la clandestinité à Alger. Odette et son fils partirent en France. Après des discussions serrées, la direction du PCA, finit par rallier la lutte armée menée par le FLN pour l'Indépendance.

    Beni Boudouane

    Le mardi 22 mai 1956, son camarade, Henri Maillot fut condamné à mort par contumace par le tribunal des forces armées d'Alger. Début juin, les maquisards de son groupe passent à l'action. Ils abattent quatre collaborateurs des autorités françaises puis mettent le feu au bureau du caïd du douar Beni Rached. Ils s'enfuient sur la rive droite du Cheliff. Alors que leur présence est signalée dans cette région où le bachaga Boualem a mis sur pied d'importantes milices de harkis, l'un d'eux va chercher du ravitaillement dans le village de Lamartine. L'importante quantité de vivres commandée attire l'attention. L'homme est arrêté, torturé. Sous la douleur, il dit où se trouvent ses camarades. Ses tortionnaires l'achèvent, en violation complète avec les accords de Genève sur les prisonniers.

    Une opération est lancée contre les maquisards. Le mardi 6 juin 1956 à l'aube, les maquisards sont encerclés. Hamid Gherab vit Maurice Laban mourir en combattant, après avoir échangé des coups de feu avec les militaires. Trois autres maquisards furent tués ce jour-là. Ils s'appelaient Belkacem et Djilali ainsi qu'Henri Maillot.

    A dix-neuf heures, le 6 juin, la police vint prévenir la mère d'Henri Maillot que son fils était mort avec ses camarades. On les enterrait à Lamartine, devenu El Karimia, hors du cimetière qui leur fut interdit. C'est le fils de Maurice qui entendit la nouvelle à la radio avant d'aller à l'école. Il prévint sa mère en lui téléphonant. Pendant très longtemps, Odette Laban refusa de croire à la réalité de la mort de son mari. Lui qui avait échappé à la mort en Espagne, qui s'était échappé de Barberousse, qu'on avait déjà proclamé mort une fois... Non, ce n'était pas possible.

    Hamid Gherab, le témoin, réussit à échapper à l'encerclement et à s'enfuir durant la nuit. C'est lui qui écrivit à Odette, des années après, en 1970 : "La mort de Laban a été celle d'un homme qui vivait son idéal, qui ne trichait ni avec lui-même ni avec les autres, qui a fait très simplement le sacrifice de sa vie parce qu'il pensait qu'il ne pouvait en être autrement. De l'Espagne au Beni-Boudouane, ça a été toujours le même homme qui n'a pas dévié d'un pouce, qui aimait les hommes droits et méprisait les fausses hiérarchies. Il est mort en plein combat en tirant jusqu'à son dernier souffle sur des soldats pleins de haine et de peur."

    Le courage et le sacrifice

    Ce qui est frappant dans le récit de cette trajectoire de Maurice Laban, rectiligne et tendue comme la corde d'un arc, c'est la dimension tout à fait exceptionnelle d'un courage et d'un esprit de sacrifice à nul autre pareil. Tout cela fait de lui un Héros à la figure christique, par la volonté qu'il a su déployer tout au long de sa vie pour faire descendre du haut des temples, où elle est gravée, la devise de la République "Liberté, Egalité, Fraternité" et la mettre en pratique dans le difficile combat pour la libération et l'émancipation des Hommes. L'exemplarité qu'il a su déployer au long de sa vie brève est un constant rappel face aux privilèges exorbitants des oligarchies et des potentats qui s'arrogent le droit de diriger les peuples du monde.

    Depuis le mois d'avril 2002, une rue à Biskra, près de la gare, porte le nom de Maurice Laban, l'un de ses fils, parmi les meilleurs.

    Que sont devenus ces femmes et ces hommes qui sacrifièrent tout à leur idéal ?

    Qu'au moins leur Histoire soit écrite et transmise. Si nous ne savons pas le faire, qui donc le dira ?

    Contribution de René Fagnoni à l’APS

    Auteur de "Chronique des Aurès".

    http://www.lematindz.net/news/18003-maurice-laban-ce-heros-algerien.html

  • Algérie : «Les affrontements de Ghardaïa sont liés à des intérêts pétroliers et gaziers» (Algeria Watch)

    Pour Fatma Oussedik, anthropologue, les affrontements entre communauté mozabite (berbères) et châamba (arabes) qui ont fait plus de 25 morts ces quatre derniers jours sont aussi liés à l'arrivée de nouvelles populations.

    Fatma Oussedik est anthropologue et professeur de sociologie à l'Université d' Alger II. La chercheuse revient sur les affrontements entre communauté mozabite (berbères) et châamba (arabes) qui ont fait plus de 25 morts ces quatre derniers jours dans la région de Ghardaïa.

    Les affrontements sont-ils liés à un conflit communautaire comme on le lit depuis quatre jours ?

    En manipulant les arguments communautaires entre Ibadites (berbères) et les chaâmba (arabes), on produit de fait du communautarisme. Ou alors du repli communautaire. Cependant, je ne crois pas à cette lecture avancée, qui me semble incomplète, car d’autres arguments et intérêts sont à l’œuvre dans la région. Pour bien saisir ce qui se passe, il faut avoir à l’esprit que, depuis la fin des années 1950, période qui correspond aux découvertes pétrolières, la population a été considérablement modifiée dans la région et Ghardaïa devenue le chef-lieu de la wilaya (préfecture).

    Comme qualifieriez-vous la région de Ghardaïa ?

    La région connaît des soubresauts liés aux énormes intérêts qui agitent la zone. Intérêts miniers, gaziers, pétroliers et nouveaux intérêts liés aux projets d’extraction du gaz de schiste. Cette région est déstabilisée par des intervenants extérieurs liés à ces mêmes intérêts économiques. A cela s’ajoute l’élément «route saharienne» car Gardhaïa a toujours été un centre important au nœud de ces routes. Et qui dit routes dit trafics intenses de drogues, de marchandises de contrebande, de migrants. Ce sont les anciennes routes de l’esclavage. De sorte qu’il y a aujourd’hui une insécurité produite par ces trafiquants.

    Quelles sont ces populations ?

    Elles sont venues, et viennent, de l’ensemble de l’Algérie. Ces populations arrivent dans un endroit où vivent depuis des siècles des communautés berbères établies avec du foncier, leurs cimetières, leur habitat et leurs organisations locales. Il y a donc des rivalités sociales et économiques entre ces gens venus de partout et ces populations établies et fortes de ce lieu d’origine et d’appartenance. Vous êtes une population berbère et vous parlez le berbère. Vous vivez ici depuis des siècles. Vous avez le sentiment qu’on vous conteste cette terre, y compris le fait d’y être établi. Ainsi s’opposeraient des autochtones et les autres populations qui se sont succédé depuis les années 50 en passant par les années 90, et ce notamment pour fuir les régions de forte insécurité [lors des années noires, ndlr]. Ces populations sont arrivées sans aucun moyen, sans aucune inscription dans aucun groupe local et presque désinstitutionnalisées.

    Et l’argument religieux ?

    Evidemment, il est présent et se surajoute. Ne pas oublier que Mokhtar Belmokhtar est né à Ghardaïa. Avant d’être un chef jihadiste, il a commencé sa «carrière» comme trafiquant. Belmoktar est le représentant d’une ces articulations multiples sur la région. Il faut savoir que les ibadites (berbères) appartiennent à une école doctrinale de l’islam. Mais en face, il y a un wahhabisme récemment installé dans la région. Pour finir le panorama, vous y rajoutez des forces centrifuges qui tentent d’attirer l’armée nationale dans une intervention extérieure vers le nord Mali ou la Libye.

    Comment expliquez-vous la passivité des forces de l’ordre dans la wilaya de Ghardaia ?

    Je dirais à qui profite le crime ? Le pacte national, c’est : l’Etat protège les biens et les personnes des interventions extérieures.
    Et que fait l’Etat algérien ? Rien.
    Cette passivité doit être interrogée quand, sur internet, des vidéos postées montrent les forces de l’ordre tirer sur les Ibadites…

    Jean-Louis Le Touzet, Libération du 10 juillet 2015

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/pol/ghardaia/interets_petroliers.htm

  • Blocage de la loi sur les violences faites aux femmes (Algeria Watch)

    Des associations montent au créneau

    Le projet de loi sur les violences faites aux femmes a fait sortir de sa léthargie le mouvement associatif féminin. Plusieurs associations, à leur tête le réseau Wassila, ont décidé d’unir leurs forces pour faire pression sur le pouvoir afin qu’il assume ses engagements.

    La loi contre les violences faites aux femmes, adoptée en mars dernier par l’Assemblée populaire nationale (ANP), n’est toujours pas programmée au Conseil de la nation. Pourtant, le projet a été transmis aux membres de la Chambre haute du Parlement pour débat et approbation. D’aucuns s’interrogent sur sa non-programmation au Sénat alors que la commission des affaires juridiques l’a examinée en présence des experts ?

    Douze associations, militant pour l’émancipation de la femme, la défense et l’égalité de ses droits, sa protection, l’aide aux femmes et enfants victimes de violences…, s’inquiètent de ce retard et du silence de cette institution et ont envisagé d’agir en interpellant toutes les instances concernées par le phénomène de la violence qui prend de l’ampleur dans notre société. A cet effet, une lettre argumentée et signée par toutes les associations féminines sera adressée aux différentes institutions.

    Dans cette missive, il sera d’abord demandé au Conseil de la nation de programmer et de voter le plus rapidement cette loi. Il est également détaillé et argumenté les raisons d’une telle urgence. Les signataires expliquent que cette loi a été proposée après les nombreuses demandes des associations pour lutter contre ces violences qui détruisent les femmes et les familles. «Aujourd’hui, notre inquiétude est grande en constatant qu’aucune date n’a été fixée pour son étude, alors que nombre de lois votées par l’APN bien après ont déjà été adoptées par le Conseil de la nation», déplorent ces associations.

    La violence à l’égard des femmes provoque chaque année des décès, des milliers de blessées, sans compter les traumatisées à vie. «Les femmes attendent cette loi qui les encouragera à se protéger, sinon on est en situation de non-assistance à personne en danger. Des femmes osent maintenant déclarer cette violence, ne pas les prendre en charge, c’est les laisser offertes à l’arbitraire et aux représailles des agresseurs», affirment Mme Djerbal, membre du réseau Wassila.

    De son avis, et c’est ce qui est mentionné dans la lettre, la banalisation et la grande tolérance de la société face à cette violence ont fait qu’elle est devenue le modèle d’impunité pour toutes les autres formes de violence. Que ce soit dans la famille, à l’école, dans la rue, au travail, la violence contre les femmes provoque des traumatismes profonds, qui compromettent le bon fonctionnement de la famille et de la société. Cette loi, rappelle Mme Djerbal, a pour but de sanctionner les agresseurs, de dissuader les hommes violents, car si cette violence n’est pas prévenue, encadrée par un texte de loi et des mesures concrètes pour l’appliquer, on perpétue et aggrave le désordre social.

    «Malgré la clause du pardon qui risque d’être obtenu par des pressions sur une victime fragilisée psychologiquement et matériellement par la peur de se retrouver à la rue, nous avons estimé que cette loi est un premier pas pour les victimes, en attendant les mesures concrètes de leur prise en charge», affirment les militantes des droits des femmes. Celles-ci interpellent l’Etat et lui rappellent que la réduction et l’éradication de la violence contre les femmes est de sa responsabilité, avec d’abord une sanction juridique claire, une loi et des mesures d’accompagnement institutionnelles connues et efficaces, effectivement appliquées.

    Nabila Amir El Watan, 7 juillet 2015

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/femmes/associations_creneau.htm

  • Algérie : rencontre sur la Loi sur les violences faites aux femmes (Essf)

    La loi sur les violences faites aux femmes, adoptée en mars dernier par l’Assemblée populaire nationale, et transmise, depuis, au Conseil de la nation pour débat et adoption, a été le thème d’une rencontre du mouvement associatif, hier, à la maison de la Presse Tahar Djaout d’Alger.

    La loi sur les violences faites aux femmes, adoptée en mars dernier par l’Assemblée populaire nationale, et transmise, depuis, au Conseil de la nation pour débat et adoption, a été le thème d’une rencontre du mouvement associatif, hier, à la maison de la Presse Tahar Djaout d’Alger, où pas moins de 12 associations nationales de protection des droits de la femme se sont regroupées.

    Intervenant à cette occasion, Mme Nafissa Lahrèche, présidente de l’Association femmes en communication, a indiqué qu’aucune date n’a été fixée par le Conseil de la nation pour l’examen et l’adoption de loi contre les violences faites aux femmes. Et d’ajouter que « cette loi a été proposée suite aux nombreuses demandes d’associations de femmes pour lutter contre ce phénomène qui ne cesse de prendre des dimensions inquiétantes dans notre société ». Prenant la parole, Mme Soumia Salhi, de l’Association pour l’émancipation des femmes, a mis l’accent sur l’importance de mise en application de cette loi qui a pour but de prévenir toutes les formes de violence à l’égard des femmes, en sanctionnant les agresseurs, précisant que tout les jours, plusieurs femmes victimes de violence souffrent en silence. « Selon une étude réalisée en 2006 par le ministère de la Solidarité nationale, une femme sur 10 révèle avoir été violentée durant sa vie », a précisé Mme Salhi, ajoutant que « les violences engendrent, chaque année, des décès et des milliers de blessées, sans compter les traumatisées à vie ».

    Pour elle, les statistiques des différents corps de la sécurité démontrent la triste réalité. « 6.984 cas de violence faite aux femmes ont été enregistrés par les services de la DGSN, durant les neuf premiers mois de l’année 2014, dont 27 décès », a-t-elle indiqué. Mme Salhi a fait savoir que d’après le bilan des services de la Sûreté nationale, les problèmes familiaux viennent en tête de liste des actes de violence contre les femmes, avec 4.113 cas pour les six premiers mois de l’année, soit 58% des cas. Soulignant le rôle des médias pour faire face à toute forme de violences à l’encontre des femmes, la présidente de l’Association femmes en communication a estimé, elle, que cette loi qui constitue une réelle protection contre ce fléau qui représente une cause principale de dislocation de la cellule familiale. En effet, le projet de loi complétant le code pénal introduit les notions de « harcèlement dans les lieux publics », et de « harcèlement moral conjugal », prévoyant de lourdes sanctions pour réprimer les abus. Des sanctions allant jusqu’à 20 ans pour les coups et blessures volontaires portés par le conjoint sur son épouse.

    D’autres sanctions ont été également prévues contre les contraintes exercées sur les femmes par les maris afin de disposer de leurs ressources financières, oscillant entre six mois et un an de prison.

    Les sanctions contre les époux coupables de violence contre leurs conjoint « ayant entraîné une incapacité temporaire, un handicap permanent ou une amputation » ont été durcies. Des sanctions sont également prévues contre l’abandon de l’épouse « enceinte ou non » et contre les pressions ou intimidations visant à priver l’épouse de ses biens. Le projet de loi énonce par ailleurs des « sanctions » à l’encontre de l’auteur d’agression « sexuelle » contre la femme. Les sanctions sont « aggravées si le prévenu est un parent de la victime ou si celle-ci est mineur, handicapée ou enceinte ».

    Kamélia Hadjib

    * « Loi sur les violences faites aux femmes : Un phénomène qui interpelle la société ». El Moudjahid, PUBLIE LE : 08-07-2015 | 0:00 :
    http://www.elmoudjahid.com/fr/actualites/80360

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article35382

  • Le drapeau algérien (Babzman)

    drapeau

     

    Le 16 Mai 1926 naissance de l’Etoile Nord Africaine au sis 49, rue de Bretagne  Paris.

    L’ENA est une association fondée en France par un noyau de travailleurs émigrés majoritairement issus d’Algérie, devenue par la suite un parti politique. Voici quelques éléments d’informations au sujet de l’ENA, qui fut à l’initiative de la nomination d’un groupe de travail, ayant pour mission la réalisation du drapeau algérien.

    Les principaux membres de l’ENA :

    Messali Hadj (qui intègre le corps en 1927) ,  Abdelkader Hadj-Ali, Si Djillali Mohamed Said, Djillali Chabila, Akli Bennoune, Mohamed Marouf, Kaddour Far, Sadoun, Abdelkader Sebti, Ait-Outouder, Mohamed Ifour, Salah Ghandi, Rezki, Boutouil.

    Le 28 Mai 1933, s’est tenue l’Assemblée Générale de l’Etoile Nord Africaine au cours de laquelle ont été prises les mesures visant à l’adoption de :  

     

     1.  l’indépendance totale de l’Algérie

     

    2.  retrait total des troupes coloniales

     

    3.  constitution d’une armée nationale.

     Composition du Gouvernement National Provisoire :

     1.  assemblée constituante élue au suffrage universel

     

    2.  suffrage universel, à tous les degrés, et de toute assemblée locale

     

    3.  langue officielle : l’arabe

     

    4.  remise en toute propriété à l’Etat Algérien des mines, du chemin de fer, les ports et les services publics accaparés par les conquérants.

    Vert, blanc, rouge!

     C’est en vertu de ce programme politique que la direction de l’Etoile Nord Africaine avait confié la tâche à un groupe de travail, la mission de réfléchir et de choisir en conséquences, le symbole du pays.

    La réunion de travail s’est tenue en 1934 chez un militant du nom de BENACHNOU Hocine, et habitant le 20ème arrondissement;  pour choisir un symbole devant concrétiser l’aspiration de l’indépendance. A cet effet,  l’Etoile Nord Africaine se devait d’adopter un emblème et non pas un drapeau du parti; le symbole qui devait représenter l’Algérie indépendante.

    La même année, a vu la conception d’un emblème national de l’Etat confédéral de l’Afrique du Nord, à même de resserrer les liens entre les trois peuples.

     Au terme des travaux, le groupe de travail, a arrêté trois couleurs : vert, blanc et rouge, symbolisant le Maghreb :

     -      Vert     :       Tunis El-Khadraâ

     

    -      Blanc  :       El-Djazaïr El-Beïda

     

    -      Rouge :       Marrakech El-Hamra

    En leur beau milieu, un croissant et une étoile pouvant rappeler un fond religieux (l’Islam) dans sa tolérance la plus complète, le vert symbolisant la jeunesse et la vigueur le blanc, la liberté, la paix et la pureté et le rouge le prix à payer, en don de sang, si nécessité oblige.

    Le drapeau a fait sa première apparition, agencé de la manière suivante :

    une bande horizontale de couleur verte, au dessus une autre bande horizontale de couleur blanche avec au milieu un croissant et une étoile de couleur rouge, orienté vers le haut. Il s’en est suivi d’autres formes, et une floraison de modèles.

    En tout état de cause, ce drapeau a fait son apparition publique lors de la manifestation le 16 Avril 1934 à Alger et particulièrement à la haute Casbah. Suite à cette manifestation, un bouclage hermétique de la Médina suivis d’une répression féroce en découla pour rechercher ce drapeau.

    Par la suite, on verra ce drapeau au camp de la forêt de Lala Seti à Tlemcen qui s’est tenu du 22 au 26 Juillet 1944, et ou fût entonné pour la première fois par les cadres scouts (450), le chant patriotique  " Min Djibalina " (du haut de nos montagnes),  écrit par le morchid du groupe SMA d’El-Eulma en l’occurrence Abdelhafid Belkired.

    Au mois d’Avril 1945, le PPA (Parti Populaire Algérien, créé par Messali El Hadj, suite à la dissolution de l’ENA en 1937) décide de mettre un terme à cette anarchie de formes de drapeau.  Pour ce faire, La tâche  fut confiée à un nouveau groupe de travail, composé  de :    Chawki Mostefaï,  Hocine Asselah et Chadli El-Mekki

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    Ces derniers optèrent définitivement pour le drapeau actuel, lequel a fait sa première apparition  "officielle "  le 8 Mai 1945 à Sétif.  Le scout Saal Bouzid en fut le porte drapeau et le premier martyr de cet étendard.

    Le drapeau fera son apparition en plusieurs autres occasions :

    -      Au Janboree de moisson en France le mois d’Août 1947

     

    -      Congrès de la FMJD à Prague en Juillet 1947

     

    -      A servi en public de couverture du cercueil de Hocine Asselah en Janvier 1948

     

    -      Jamboree mondial en 1952 au Canada

     

    -      Jamboree Syrie 1er jeux arabe etc… et enfin dans toues les batailles de la révolution 54-62.

    Le drapeau fut chanté et glorifié même au sacrifice suprême, et pour illustré le sacre de ce drapeau, un chant parmi d’autre à citer :

     

    على قدم حيوا العالم رمز البلاد، رمز البلاد ربي حميه في سلمه و في الجهاد و في الجهاد

     

    Ceci est une version de l’histoire, documentée et appuyée par des recherches, mais ne peut en aucun cas s’avérer exhaustive.. Le débat reste ouvert!

    B. Babaci

    écrivain chercheur en histoire

    http://www.babzman.com/2014/le-drapeau-algerien/

    Commentaire: Pour les liens avec le PC (SFIC) avant qu'il ne devienne PC"F"

    https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89toile_nord-africaine

     

  • Béjaïa : la société civile se mobilise pour faire face aux « salafistes » (El Watan.dz)

    http://lh3.googleusercontent.com/-5XILQpfkF2w/VZJzaEGG_5I/AAAAAAAH_5c/X7wHo4lSt84/s160-c/d-peril-salafiste-la-societe-civile-simplique-f00b7.jpg

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    Le comité de vigilance et de sauvegarde des libertés (CVSL) est né. C’est au cours d’une rencontre organisée, dimanche soir au siège de la CDDH de Béjaïa, qui a regroupé des militants des droits de l’Homme, associations, artistes, auteurs, journalistes, citoyens de la wilaya de Béjaïa, que ce comité est créé pour faire face à la montée intégriste.

    Des salafistes qui se fondent dans la société mais qui ne se dérangent plus pour s’approprier les missions «des gardiens de la révolution islamique iranienne» au point d’interpeller des femmes dans la rue pour les sommer de se voiler, témoignages à l’appui. Profitant de la démobilisation générale, de la déliquescence de l’Etat, ces islamistes, qui s’affichent rarement, manipulent les associations religieuses, les comités des quartiers et même des voyous pour arriver à leur fin : s’accaparer les espaces publics et imposer leur loi.

    C’est le cas à Béjaïa où des islamistes qui fréquentent la mosquée jouxtant la maison de la culture Taos Amrouche tentent d’interdire les activités culturelles sur l’esplanade de cette institution, sous le faux prétexte que cela dérange les fidèles dans leur prière de taraouih, puisque les festivités commencent à 22h30 et parfois même à 23h, soit à la fin de la prière.

    Lors de cette rencontre, survenue suite à cet évènement, les participants ont opté à l’unanimité pour l’interpellation des autorités locales et centrales concernées, à savoir celles du secteur de la culture, des affaires religieuses et le wali avant de proposer l’option d’exiger de la direction de la culture de reprendre ces activités en plein air.

    Pour Saïd Salhi, vice-président de la ligue des droits de l’homme algérienne (LDDH) : «L’enjeu est l’occupation et l’hégémonie sur les espaces publics. Les citoyens n’ont pas à aller affronter d’autres citoyens, ou s’adresser à l’imam ou à l’association religieuse, il y a des lois. L’Etat doit assumer ces responsabilités pleinement. Donc, à mon avis, il faut d’abord interpeller les institutions de l’Etat pour qu’elles fassent respecter les lois et protéger les lieux publics de toute récupération ; l’Etat doit sévir».

    Complicité du pouvoir 

    Le militant a proposé également d’aller vers un travail pédagogique, car, dit-il, «la question que nous débattons aujourd’hui est tellement sensible que ça engage également la société civile. Pour éviter les dérapages et les amalgames. Car malheureusement, les freins sont aussi dans la société. La société civile n’a pas à traiter avec les riverains et un comité religieux et ignorer la responsabilité de l’Etat, c’est dangereux».

    Les militants associatifs, de leur côté, en appellent aux partis politiques pour prendre une position. Les participants de différentes sensibilités (religieuse, idéologique et politique), des femmes et des hommes ont qualifié la situation de grave et qu’elle s’enlise davantage. «Que l’administration fasse son travail !», s’accordent-ils à dire. Ils ont rappelé que «la question est plus profonde que de la cantonner dans une histoire de galas sur cet espace, il s’agit de la mouvance salafiste rampante dangereusement».

    M. Djenadi, journaliste et animateur de télévision, a souligné «la complicité du pouvoir avec les islamistes dans le but de mettre à genoux l’un des derniers bastions de la résistance et remparts contre l’obscurantisme, qui est la Kabylie. Nous devons dénoncer le silence du pouvoir et le pousser à protéger les droits de chacun, ceux de tous les citoyens. Nous avons besoin de plus d’espace pour la culture pour faire rayonner nos traditions».

    Ce qui se passe est le redéploiement de l’islamisme politique, selon Nacer, militant des droits humains. «Avec son mutisme, le pouvoir vient de leur ouvrir une brèche qu’ils exploitent pour revenir au-devant de la scène et mettre la main sur les espaces publics. Il y a des institutions démissionnaires et nous assistons même à l’islamisation de l’Etat qui se manifeste à travers ces descentes policières dans des cafés pour déloger des non-jeûneurs», conclut-il.

    Nordine Douici le 30.06.15 | 16h47

    http://www.elwatan.com/actualite/bejaia-la-societe-civile-se-mobilise-pour-faire-face-aux-salafistes-30-06-2015-298599_109.php