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Algérie - Page 22

  • M. Harbi, un combattant de la démocratie et de l’autogestion (Tendance Claire)

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Mohammed Harbi   est  né en 1933 à El Harrouch (Skikda).

    Il s’engage dès l’âge de 15 ans dans le combat contre le colonalisme et pour l’indépendance de l’Algérie. D’abord au PPA-MTLD, il est un responsable de l’organisation des étudiants nord-africains en France, puis membre de la direction de la Fédération de France du FLN où il s’occupe de la presse et de l’information.  

    C’est en France qu’il a l’occasion de rencontrer des militants ouvriers et intellectuels comme Daniel Guérin (qui dans Ci-git le colonialisme confirme que Mohammed Harbi est le rédacteur du texte de la Fédération de France sur le FLN, « le PCF et la question algérienne » paru dans Quatrième internationale en 1958).

    Il participe aux premières négociations d’Evian et, après l’indépendance, conseiller de la présidence sous Ben Bella. Dans Une vie debout, il retrace cet itinéraire, jusqu’en 1962 pour le premier volume (le deuxième est en chantier). Après l’indépendance il s’affirme comme un des penseurs et praticiens de l’autogestion, qui se heurte à une bonne part de l’appareil politico-administratif et militaire.

    Il participe à la rédaction du programme de Tripoli, dirige le journal Révolution africaine, est conseiller auprès de la présidence sous Ben Bella, et plus particulièrement anime avec d’autres (dont Michel Pablo – Raptis)  le bureau national d’animation du secteur socialiste.

    Arrêté en 1965 au moment du coup d’Etat de Boumedienne, il est emprisonné, puis placé en résidence surveillée. Il s’évade en 1973 (Ben Bella restera en prison jusqu’en 1980). Avec Hocine Zaouane, libéré au même moment,  il portait le projet de constitution d’une gauche du FLN. Ils sont enfin libres de s’exprimer en public, et ils annoncent leur programme depuis Rome.

    C’est en exil en France que Mohammed Harbi reprend des études d’histoire et langues orientales et devient l’un des principaux historiens de l’Algérie contemporaine s’appuyant sur une approche sociologique des groupes sociaux et des classes, des pratiques qui lui permet de saisir les obstacles concrètement dressés face aux dynamiques autogestionnaires.

    Mais ses recherches ne l’ont pas retiré des combats pour la démocratie.  Pour reprendre l’expression de Paul Bouchet  sur  ce type d’acteurs de l’histoire, Mohammed Harbi n’est pas un « ancien combattant », c’est un vieux lutteur.

    Pour aller plus loin :

    Entretien avec Mohammed Harbi sur TV5 (29 décembre 2009) ;

    Colloque international sur Messali HadjTlemcen : 16 –18 septembre 2011. Partie 3, , intervention Mohammed Harbi. http://www.youtube.com/watch?v=2uZNtqGD5B8

    Université de tous les savoirs. Bilan d’une guerre d’indépendance, 14 mars 2012.http://www.canal-u.tv/video/universite_de_tous_les_savoirs/bilan_d_une_guerre_d_independance.1268

    Mohammed Harbi. Algérie: approches historiques du FLN. D’une génération à l’autre,controverse. IREMMO, Paris. ;

    Autour de Pierre Bourdieu et de la rencontre de l’Ethnologie et de la Sociologie, Bourdieu et l’Algérie des années 60 (2011) Institut du Monde Arabe,http://www.archivesaudiovisuelles.fr/FR/_video.asp?id=108&ress=579&video=5525&format=68

    articles de presse

    « L’histoire est instrumentalisée en Algérie » Jeune Afrique, 5 juillet 2012http://www.jeuneafrique.com/Articles/Dossier/JA2686p065-067.xml0/algerie-fln-guerre-d-algerie-interviewmohammed-harbi-l-histoire-est-instrumentalisee-en-algerie.html

    L’autogestion après l’indépendance: Mohamed Harbi écorne un grand «mythe algérien» El Kadi Ihsane Publié dans Maghreb Emergent le 20 – 05 – 2011http://www.djazairess.com/fr/maghrebemergent/3437

    Algérie : un texte de Mohammed Harbi pour le colloque d’El Watan à Alger, 30 juillet 2012.http://www.afriquesenlutte.org/afrique-du-nord/algerie/article/algerie-un-texte-de-mohammed-harbi

    « Mohamed Harbi et les « volte-face » de Ben Bella », par Mustapha Benfodil. jeudi, 26 mai 2011 http://www.tamurt.info/index.php?page=imprimir_articulo&id_article=1672

    portrait de Mohammed Harbi Une histoire algérienne paru dans CQFD n°82 (octobre 2010), par Anatole Istria ;

    Interview de l’historien Mohammed Harbi, Nouvel Observateur, 11 juillet 2010http://arezkimetref.blogs.nouvelobs.com/archive/2010/07/11/intrview-de-l-historien-mohammed-harbi.html

    Notes sur les écrits

    Après la réédition des Archives de la révolution algérienne. Le Matin/dz El Watan 3 janvier 2012. ;

    compte rendu de la première édition Berg Eugène. Mohammed Harbi (éd.). Les archives de la révolution algériennePolitique étrangère, 1981, vol. 46, n° 4, pp. 996-997.
    url : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342x_1981_num_46_4_3099_t1_0996_0000_3

    Une vie debout ; comptes-rendus dans Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée Ivan Jaffrin, 2005) http://remmm.revues.org/2774

    Valensi Lucette. Mohammed Harbi, Le F.L.N. Mirage et réalité. Des origines à la prise du pouvoir (1945-1962)Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, 1982, vol. 37, n° 4, pp. 843-844.
    url : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1982_num_37_4_282889_t1_0843_0000_009

    Une ouverture en Algérie ? Un colloque sur Mohammed Harbi à Oran. Par Benjamin Stora,Jeune Afrique, le 17 février 2008 ;

    Eléments de bibliographie

    •  Aux origines du FLN – La scission du PPA MTLD, , Bouchene, 2003

    • Préface du livre de Sylvain Pattieu, Les camarades, des frères trotskistes et libertaires dans la guerre d’Algérie, Syllepse, 2002

    • Une vie debout – T1 Mémoires 1945-1962, La découverte, 2001

    • 1954 la guerre commence en Algérie, Complexe , 1998

    • L’Algérie et son destin – croyants ou citoyens, Arcanteres, 1992

    • L’Islamisme dans tous ses états, Arcanteres, 1991

    • Le FLN, Mirage et réalité, Jeune Afrique, 1980 et 1984

    • Archives de la révolution algérienne, Jeune Afrique, 1981.

    • avec Benjamin Stora La guerre d’Algérie – 1954-2004 La fin de l’amnésie, Robert Laffont, 2004 etLa guerre d’Algérie, Fayard 2010.

    Brève publiée le 4 octobre 2015

    Les brèves publiées dans cette rubrique « Informations et analyses » le sont à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    http://www.autogestion.asso.fr/?p=2353

    http://tendanceclaire.npa.free.fr/breve.php?id=15007

  • Le rassemblement des familles de disparus réprimé à Alger (Algeria Watch)

     

    La police a empêché violemment une tentative de rassemblement des familles, ce matin 29 septembre, à la place Maurice Audin, à Alger.

    Les services de sécurité sont intervenus vers 10 h 30 pour disperser violemment ce rassemblement organisé par le Comité national des familles de disparus CNFD, a-t-on constaté sur place.

    Des arrestations ont été opérées, dont des vieilles dames et des vieux qui ont été violemment malmenés par les agents des services de l’ordre. L’intervention musclée de la police a commencé quand les protestataires, munis des portraits de leurs proches disparus, ont commencé à scander des slogans qualifiant le gouvernement de « terroriste » et le nouveau patron du DRS, le général-major Athmane Tartag dit Bachir, de « criminel ». Par Yahia Maouchi, TSA, 29 septembre 2015

    http://www.algeria-watch.org/fr/mrv/mrvdisp/rassemblement_alger_reprime.htm

    SOS Disparus : «Les disparitions ont été perpétrées par des agents de l’Etat»

    El Watan, 29 septembre 2015

    Au moment où le président de la République appelle les Algériens à préserver la réconciliation nationale de toute exploitation politicienne, l’association Sos Disparus monte au créneau et répond au premier magistrat du pays en l’accusant d’avoir arnaqué et leurré tout un peuple.

    Pour Sos Disparus, la réconciliation nationale a été imposée au peuple algérien et de ce fait elle n’existe pas, à ses yeux : c’est un leurre. «Pour qu’il y ait une réconciliation, il faut une réunion et une concertation avec toutes les parties concernées, or en ce qui nous concerne, nous n’avons pas été associés à ce projet et personne ne nous a demandé notre avis alors que nous sommes les premiers concernés», a répliqué Nacera Dutour présidente de Sos Disparus lors d’une conférence de presse animée hier à Alger. Les familles des disparus exigent la vérité sur le sort des disparus durant la décennie noire.

    Elles veulent savoir qui, comment et pourquoi leurs fils, leurs pères ou leurs frères ont été enlevés. Où sont-ils ? Les tombes sous X qui se trouvent dans les cimetières El Alia, de Boufarik ou de Constantine renferment-elles les corps des disparus ? Ce sont autant de réponses à ces interrogations que cherchent les familles des disparus. «On se bat pendant des années pour connaître la vérité et les autorités ont répondu par des textes d’impunité.

    On pense qu’il y a encore des vivants parmi nos enfants disparus et d’autres qui sont morts sous la torture. Il faut que la vérité éclate», clame la présidente de Sos Disparus. «Si les personnes disparues sont mortes que l’on nous montre leurs tombes pour que l’on puisse faire notre deuil. Si elles sont vivantes que l’on nous indique le lieu de leur détention», témoigne la mère d’un disparu depuis 1994. Mme Dutour ne tergiverse pas lorsqu’elle accuse le pouvoir d’être derrière ces disparitions.

    Dans un rapport rendu public à la veille de la célébration du 10e anniversaire de l’adoption de la charte pour la paix et la réconciliatio-n nationale, l’association revient dans le détail sur certaines disparitions forcées et se dit convaincue que ces dernières entrent dans le cadre d’une politique menée par les chefs de l’armée et du DRS en parallèle à la lutte antiterroriste. «Le pouvoir est impliqué dans ces disparitions. L’Etat cultive l’amalgame !

    L’analyse des informations laisse apparaître une flagrante similitude dans les circonstances des disparitions d’un bout à l’autre de l’Algérie. Il est dès lors difficile de croire que des disparitions aussi nombreuses aient été perpétrées du fait isolé de ces agents, de manière non organisée et coordonnée. C’est une politique réfléchie et voulue», dénonce la présidente de l’association, qui dit lutter contre l’impunité et pour l’établissement de la vérité sur le sort des disparus du fait des agents de l’Etat dans les années 1990.

    Dans cette lutte «antisubversive», Mme Dutour pense que des «techniques de guerre illégales et secrètes telles que la torture, les exécutions extrajudiciaires ou les disparitions forcées» ont été utilisées. A ce jour, SOS Disparus a constitué 5000 dossiers individuels de disparus sur la base des déclarations des familles et des témoins. De leur côté les autorités ont reconnu officiellement, selon Mme Dutour, l’existence de 7200 cas de disparitions forcées (chiffre de la Gendarmerie nationale) et ont annoncé, cette année, la mise au placard du dossier des disparus. Une décision qui a irrité l’association.

    «Comment peut-on mettre un dossier aux oubliettes alors qu’aucune liste officielle des disparus n’a été publiée et aucune enquête n’a été menée sur leur sort ?» s’est interrogé Mme Dutour qui souligne que «les autorités algériennes ont toujours cultivé l’amalgame entre disparus et terroristes membres des groupes armés islamistes, SOS Disparus démontre que les 5000 dossiers qu’elle a constitués concernent des civils non armés». Plusieurs membres des familles de disparus sont intervenus lors de cette conférence pour dire que l’Etat est coupable : «Avec la réconciliation, le pouvoir aspire à ce que l’on tourne la page. Nous ne sommes pas prêts à pardonner tant que nous ne savons pas où sont nos enfants.» 

    Nabila Amir

    http://www.algeria-watch.org/fr/mrv/mrvdisp/agents_etat.htm

  • Le gouvernement étrangle le portefeuille des Algériens (Anti-k)

     

    L’avant-projet de la Loi de Finances 2016, adopté mercredi 9 septembre par le Conseil du gouvernement, contient une nouvelle série de mesures destinées à augmenter les recettes de l’État, durement touchées par la baisse significative des cours du pétrole.

    Parmi les mesures, le gouvernement prévoit le relèvement du taux de la TVA pour le gasoil, la 3G et la consommation d’électricité dépassant un certain seuil. L’avant-projet de loi prévoit aussi l’instauration d’un droit de douane à 30 % sur les importations d’ordinateurs, et de 5 % pour les composants informatiques (carte-mère, etc.). La Taxe sur les produits pétroliers (TPP) et la Taxe intérieure de consommation (TIC) subiront elles aussi une augmentation, tout comme les vignettes automobiles.

    Pour la première fois depuis de nombreuses années, le gouvernement introduit massivement des taxes qui impacteront directement le quotidien des Algériens. Mais si ces mesures de prime abord semblent nécessaires pour faire face à la crise, on se rend compte rapidement que celles-ci risquent d’étrangler encore plus le pouvoir d’achat des Algériens, déjà mis à mal par la dévaluation du dinar décidée par la Banque d’Algérie.

    Un seuil de consommation d’électricité trop bas

    Dans le cas de l’électricité par exemple, la nuance est subtile mais bien présente. Le gouvernement prévoit en effet de garder un taux de TVA réduit de 7 % pour la consommation allant de zéro à 125 kilowatt heure (kwh), et de relever la TVA au taux normal (17 %) au-delà de ce seuil. Si la mesure laisse penser que le gouvernement s’attaque à la surconsommation d’électricité, on se rend vite compte que le seuil qui a été établi ratisse trop large.

    En effet 125 kwh ne suffisent à priori même pas à couvrir la consommation de quelqu’un vivant seul et frugalement, encore moins d’un foyer de plusieurs membres avec un usage modéré d’électricité. Il y a en conséquent, de très fortes chances que l’augmentation du taux de la TVA sur la consommation électrique concerne tous les foyers algériens, et non seulement les gourmands en électricité adeptes de climatiseurs et de chauffages électriques.

    La 3G par nécessité et non par choix

    L’avant-projet de loi de finances vise aussi le pouvoir d’achat du citoyen lambda en augmentant le taux de TVA sur l’accès à internet par téléphonie mobile, c’est-à-dire la 3G. L’idée derrière la décision du gouvernement est d’encourager l’internet par téléphonie fixe (ADSL), dont Algérie Télécom détient le monopole. Cette mesure, cependant, s’affranchit de la réalité des choses. À part une minorité qui utilise la 3G comme gadget, la majorité des utilisateurs des clés 3G le font par obligation. Car en l’état, la 3G coûte cher pour un volume de données limité, contrairement à l’ADSL dont le volume de données est illimité en Algérie.

    Mais face à l’ogre administratif et aux délais gargantuesques que représente l’installation d’une ligne de téléphone fixe chez soi, l’utilisateur lambda se voit souvent contraint par la force des choses à utiliser la 3G pour accéder à internet. Rarement un choix volontaire, le citoyen utilisera aussi souvent la 3G comme alternative à sa connexion internet ADSL lorsque cette dernière est de très mauvaise qualité.

    Hausse du carburant, la fausse bonne idée ?

    L’avant-projet de loi de Finances pour 2016 prévoit en outre une série de mesures visant les automobilistes. Ainsi, les vignettes automobiles vont augmenter, variant de 500 à 18 000 dinars selon le type et l’âge du véhicule. De plus, les véhicules de tourisme diesel seront soumis à une nouvelle taxe d’assurance à 1000 ou 2000 dinars en fonction de la puissance du véhicule.

    Surtout, les prix des carburants vont grimper. L’essence (normal, super et sans plomb) va augmenter 2.91 dinars par litre suite à l’augmentation de la Taxe sur les produits pétroliers (TPP). Le gasoil subira quant à lui une double augmentation. Le relèvement de son taux de TVA de 7 à 17 %, ajouté à l’augmentation de 2,66 dinars par litre dictée par la TPP, pourrait faire grimper le litre du gasoil à 17.75 dinars.

    La réduction de la subvention de carburants était une mesure nécessaire, mais elle ne tient compte, une fois encore, d’aucune notion d’équité sociale. Par conséquent, le prix des carburants va augmenter pour tous les automobilistes, que ce soit le jeune fils de riche qui erre sur les routes d’Algérie car il n’a rien de mieux à faire, ou le père de famille de classe moyenne obligé de prendre sa voiture pour traverser les 40 kilomètres séparant son lieu de travail de son domicile dans un pays où les transports en commun sont de piètre qualité. La réduction des subventions de carburants n’est pas assez importante pour décourager le jeune automobiliste de rouler sans objectif, mais la hausse des prix sera inévitablement par les citoyens qui comptent leurs sous.

    La réalité économique est implacable et impitoyable pour l’Algérien lambda. Entre les mesures prises par le gouvernement dans l’avant-projet de loi de finances 2016 et la politique de dévaluation du dinar orchestrée par la Banque d’Algérie (le dinar a perdu plus de 30 % de sa valeur), le pouvoir d’achat des foyers algériens, notamment les plus fragilisés, est prise en sandwich et en ressort étranglé. Pire, dans l’état actuel des choses, il ne semble pas y avoir de lumière au bout du tunnel sur le court terme.

    11 septembre 2015 par Gaston Lefranc

    Source: http://www.tsa-algerie.com/20150910/le-gouvernement-etrangle-le-portefeuille-des-algeriens/

    http://www.anti-k.org/2015/09/11/le-gouvernement-etrangle-le-portefeuille-des-algeriens/

  • Une rentrée universitaire difficile (Algeria Watch)

    ETUDIANTSREVOLTE

    Le CNES menace de paralyser les campus

    L a prochaine rentrée universitaire sera des plus dures. Les responsables du secteur doivent agir dès maintenant pour faire face aux multiples problèmes qui risquent de l’entraver.

    La première est sans doute le manque de places pédagogiques. En plus de la surcharge, les 380 000 nouveaux bacheliers n’ont pas seulement besoin de places pédagogiques, mais aussi d’encadrement. Dans ce sens, le Conseil national des enseignants du supérieur (CNES) déplore justement un grand manque d’enseignants. D’après Abdelmalek Rahmani, coordinateur du CNES, cette rentrée sera l’une des plus difficiles qu’a connues l’université algérienne.

    En plus des distorsions rapportées par les étudiants quant au système LMD, sa non-conformité avec les besoins du marché du travail ainsi que l’abstention de plusieurs employeurs de le reconnaître en tant que véritable diplôme, les enseignant du CNES comptent entamer un mouvement de protestation dès la rentrée.

    D’après M. Rahmani, la décision de la grève a été prise lors du conseil national de juin dernier. «Lors de notre rencontre, nous avions débattu plusieurs points, dont entre autres le recul clair et net de la tutelle de toute initiative de partenariat. Du temps de l’ancien ministre, nous avions signé un traité dans ce sens après plusieurs mois de négociations. L’actuel ministre semble ne pas lui donné de l’importance et ferme toutes les portes du partenariat», explique-t-il.

    Selon notre interlocuteur, ce blocage sans raison ne fait que décourager les enseignants qui espéraient débattre de leurs problèmes après la signature de ce traité. Il cite, à titre d’exemple, les équivalents de doctorat, la progression dans la carrière et le logement. «Même l’université d’été, que nous avions prévue pour débattre justement tous ces problèmes, n’a pas été tenue pour des causes liées aux moyens et aux moult pressions menées sur les différents membres du conseil», ajoute-t-il, avant d’annoncer que le bureau national se réunira le 23 du mois en cours et sera succédé par le conseil national dans lequel seront définies les dates de ce mouvement de grève.

    Asma Bersali El Watan, 20 août 2015

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/pol/syndicat/cnes_menace_paralysie.htm

    Voir aussi sur LMD:

    http://www.huffpostmaghreb.com/2014/11/19/etudiants-algeriens-conte_n_6185794.html

  • Les jeunes Algériens de plus en plus dépolitisés (Algeria Watch)

    Intérêt pour les affaires publiques et les questions politiques :

    Les jeunes Algériens sont de moins en moins intéressés par les affaires publiques et la politique.

    Relevée déjà par certains sondages réalisés par des organismes algériens, cette tendance est confirmée par l’Afrobaromètre dans son dernier rapport sur «Les jeunes et les processus politiques». Sous le titre «La journée internationale des jeunes : malgré l’intérêt, les jeunes ne suivent pas les processus politiques», ce rapport, publié hier sur le site de l’Afrobaromètre (http://www.afrobarometer.org/), précise que seulement 50% des jeunes Algériens de 18-29 ans s’intéressent aux affaires publiques. Ils arrivent ainsi loin derrière leurs pairs du Maroc (55%), de Tunisie (67%) et d’Egypte (78%).

    «56% des jeunes Africains» affirment qu’ils sont «plutôt intéressés» ou «très intéressés» par les affaires publiques. Ce sont les jeunes Egyptiens qui sont le plus intéressés (78%),suivis des Tanzaniens (77%). Le plus faible taux est enregistré en Côte d’Ivoire (29%) et à Madagascar (35%), lit-on dans ce document. Outre l’intérêt pour la gestion des affaires publiques, les jeunes Algériens ne sont pas captés par les sujets politiques. Seulement 5%, précise le rapport, ont affirmé qu’ils participent à des débats politiques.

    En revanche 70% des jeunes avouent qu’ils abordent ce genre de thème occasionnellement, alors que 26% affirment qu’ils ne parlent jamais de politique. En Afrique du Nord, les jeunes Algériens sont les plus «dépolitisés», puisqu’au Maroc, en Tunisie et en Egypte, les jeunes sont intéressés par les questions politiques à, respectivement, 14%, 21% et 28%. Selon la même source, plus de la moitié des jeunes Tunisiens (51%) et Egyptiens (56%) affirment aussi qu’ils parlent des sujets politiques occasionnellement.

    90% contre la force en politique

    S’agissant de la participation aux scrutins et campagnes électorales, l’Afrobaromètre fait ressortir que les jeunes des pays d’Afrique du Nord ne sont pas les meilleurs en la matière. Le rapport ne donne pas de statistiques par pays, mais par régions : «Moins de la moitié des jeunes Nord-Africains affirment avoir voté lors de la dernière élection organisée dans leurs pays respectifs. Ils arrivent loin derrière l’Afrique du Sud (50%), l’Afrique de l’Ouest (57%) et l’Afrique de l’Est (65%).» Ce document souligne que seuls 12% des jeunes Nord-Africains participent à des campagnes électorales.

    Les jeunes Algériens, ajoute la même source, n’ont pas fait campagne pour un candidat ou des candidats engagés dans la course électorale : «11% uniquement affirment l’avoir déjà fait.» Le point positif relevé par cette enquête est le rejet de l’utilisation de la force en politique. Selon l’étude, 90% des jeunes Algériens se disent contre l’utilisation de la force en politique.

    L’Afrobaromètre est un projet d’enquête et de recherche, non partisan, dirigé en Afrique.

    Il mesure les attitudes des citoyens sur la démocratie et la gouvernance, l’économie, la société civile et autres sujets. Il est également le leader mondial dans les projets de recherche sur les questions qui affectent les hommes et les femmes ordinaires d’Afrique. «Nous recueillons et publions des données statistiques fiables et de haute qualité sur l’Afrique, qui sont gratuitement disponibles au public», explique l’organisme sur son site internet.  Madjid Makedhi El Watan, 13 août 2015

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/eco/soc/depolitisation.htm

  • Algérie Annaba : Le complexe métallurgique ArcelorMittal paralysé (Afriques en lutte)

    Les travailleurs se disent déterminés à sacrifier aussi leur salaire de février pour sauver la cokerie (photo DR)

    Le complexe métallurgique ArcelorMittal d’Annaba se retrouve encore une fois paralysé.

    Des employés d’une de ses unités, en l’occurrence ArcelorMittal Pipes and Tubes (AMPTA), anciennement appelée unité de Tuberie sans soudure (TSS), en grève depuis le mois d’avril dernier, ont fermé, hier, l’accès principal au complexe. Ce qui a provoqué la mise à l’arrêt de toutes les unités du complexe.

    C’est la seconde fois que cela se produit en l’espace de deux semaines. Le 21 juillet dernier, ces mêmes employés, une soixantaine à peu près, avaient procédé de la même manière. Mais leur action, à savoir la fermeture de l’accès, n’avait duré qu’une demi journée. Cette fois-ci, ArcelorMittal est intégralement à l’arrêt depuis deux jours déjà. L’AMPTA est en difficulté financière vu que son plan de charge n’est pas assez étoffé.

    Les employés grévistes réclament une augmentation de salaire en plus d’autres revendications comme l’annulation de la décision de licenciement prise à l’encontre du SG du syndicat. Un conflit qui n’a trouvé, jusque-là, aucune solution.

    En bloquant l’accès au complexe, le mettant complètement à l’arrêt, les protestataires espèrent que cela fera finalement réagir les pouvoirs publics. L’AMPTA, qui emploie 350 travailleurs, est détenu à 70% par ArcelorMittal et 30% par l’entreprise nationale Sider.

    Elyas Nour
    Elyas Nour
    Elyas Nour

    Source : Algérie Focus 6 août 2015

    http://www.afriquesenlutte.org/afrique-du-nord/algerie/article/algerie-annaba-le-complexe

    Voir aussi:

    http://www.huffpostmaghreb.com/2015/07/04/arcelo-mittal_n_7726378.html

  • Ils étaient 222 décapités par la guillotine (Babsman)

    Dans leur opération de répression de la lutte pour l’indépendance, les autorités coloniales usèrent d’une arme sauvage : la guillotine.

    Une machine de guerre infernale. De 1956 à 1958, il y a eu 16 exécutions doubles, 15 multiples, 8 quadruples, une quintuple. Pour la seule année 1957, 82 condamnés à mort ont été exécutés : 41 à Alger, 7 à Oran et 34 à Constantine.

    Premier à monter sur l’échafaud : Ahmed Zabana

    Ahmed Zabana a été décapité par la guillotine le 19 juin 1956, à 4 heures du matin, dans la cour de la prison de Serkadji. Le Conseil supérieur français de la magistrature avait scellé son sort lors de sa réunion du 5 juin 1956. 

    Il avait suivi la directive du chef du gouvernement, Guy Mollet – « la sanction doit immédiatement suivre l’arrêt » –  donnée en Conseil des ministres quatre mois auparavant, le 15 février. De son côté, le Secrétaire d’Etat à la guerre, Max Lejeune, socialiste de la SFIO, partisan convaincu de l’Algérie française, appuyait l’appel des Français d’Algérie : « Les sentences doivent être exécutées ». A la date du 15 février 1956, 253 condamnations à mort avaient été prononcées dont 163 par contumace.  90 détenus se trouvaient donc dans les couloirs de la mort des prisons

    La condamnation à mort le 30 mai 1956 d’Ahmed Zabana figurait parmi les 55 sentences confirmées par la Cour de Cassation.

    Le 19 juin 1956, le bourreau en titre s’appelait André Berger, « Monsieur Alger » ; Maurice Meissonnier, aidé de son fils Fernand, était son adjoint.

    Témoin de la scène, Maître Mahfoud Zertal rapporte : « J’ai pu constater le courage, la fermeté, l’abnégation du condamné qui a demandé à aller vers le supplice libre de ses mouvements, refusant menottes et cagoule. Son ultime demande fut celle de faire sa prière. Elle lui fut refusée.

    Mes collègues et moi avions protesté énergiquement, arguant du fait que c’était la dernière volonté du condamné. Les bourreaux avaient alors justifié leur refus par le fait, ont-ils dit, que dans pareilles circonstances l’accélération des faits étaient de rigueur. A la suite de notre protestation, la demande du condamné fut acceptée ; le directeur de la prison vint vers moi pour me dire que la prière avait pris beaucoup de temps, mais Zabana termina sa prière sans aucune contrainte.

    Il a ensuite écrit une lettre à sa mère puis a demandé à aller seul vers l’échafaud.

    Et le miracle eut lieu ! Nous ne pouvons appeler autrement que miracle ce qui est arrivé les instants suivants ; en effet, le couteau d’acier qui pèse un quintal été stoppé net, et à deux reprises, au niveau du coup du condamné !

    J’ai immédiatement évoqué le principe de pitié pour le condamné face à de tels évènements. Rien n’y fit. On me répondit qu’il fallait achever et renouveler l’opération jusqu’à ce que mort s’en suive.

    On actionna à nouveau le couperet qui fonctionna à la troisième tentative. Le cou du supplicié fut tranché, mais la tête ne roula pas dans le panier placé à cet effet et fut projeté à plus de vingt mètres.

    La lettre-testament du chahid fut remise par mes soins à sa mère ». (1)

    « Dieu m’a choisi parmi ses fidèles qui doivent être sacrifiés. Je ne meurs pas en vain. Le peuple algérien sera victorieux et l’Algérie indépendante.

    Je demande à Dieu de me recevoir en martyr et de m’admettre en son paradis », avait-il écrit au pied de l’échafaud.

    Ahmed Zabana, ouvrier soudeur, ancien de l’Organisation Spéciale (OS) bras armé du PPA-MTLD,  moudjahid du 1er novembre 1954, avait 30 ans.

    Il fut enterré au cimetière d’El Alia, au carré 16. Les fossoyeurs étaient des détenus de droit commun en fin de peine. Le 18 juin 1975, ses cendres furent transférées au cimetière de son village natal – Saint Lucien, aujourd’hui Zabana.

    Le 19 juin 1956, date de son exécution, fut une date cruciale, selon l’historien français, Pierre Vidal-Naquet. En effet, la riposte du FLN ne s’était pas fait attendre.

    Mohamed Rebah                                                                                                      

    NOTES:

    1. 1 – Source : Magazine Mémoria du 26 juillet 2014
    2. *Le chiffre de 222 est donné par le magazine français Le Point. Selon l’historienne française, Sylvie Thénault, auteure de Une drôle de justice, le nombre d’exécutés s’élèvent à 198.
    3. *Les chiffres ont été repris de l’ouvrage François Mitterrand et la guerre d’Algérie par François Malye et Benjamin Stora.

     http://www.babzman.com/2015/ils-etaient-deux-cent-vingt-deux-decapites-par-la-guillotine/

  • Il faut mettre un terme à la répression (Algeria Watch)

    Contre les manifestants anti-chômage et anti-gaz de schiste

    Durant le premier semestre de cette année, les autorités algériennes ont accru la répression à l'égard des personnes mobilisées contre le chômage et contre l'exploration du gaz de schiste par fracturation hydraulique, a déclaré Amnesty International le 27 juillet 2015.

    Ces six derniers mois, 17 personnes, notamment des membres du Comité national pour la défense des droits des chômeurs (CNDDC, une organisation qui proteste depuis de nombreuses années contre la pénurie d'emplois dont souffrent les habitants du centre et du sud de l'Algérie, des régions riches en ressources gazières et pétrolières), ont été poursuivies en justice pour avoir participé à des manifestations. Seize ont été condamnées à des peines allant de quatre mois à deux ans d'emprisonnement. Trois hommes, deux membres du CNDDC et un caricaturiste, ont en outre été traduits en justice après avoir publié en ligne des commentaires sur des manifestations contre l'exploration par fracturation et sur d'autres questions, et dénoncé l'arrestation de militants. L'un d'eux a été condamné à quatre mois d'emprisonnement. Amnesty International craint que ces poursuites n'aient été déclenchées pour des raisons politiques, pour punir les intéressés de s'être mobilisés et d'avoir critiqué les autorités.

    Bafouant leurs obligations internationales en matière de droits humains, les autorités algériennes ont recours à une série de lois répressives utilisées de manière plus générale pour étouffer les voix dissidentes et la contestation pacifique.

    Derrière les barreaux pour avoir manifesté pacifiquement

    Le 30 décembre 2014, des habitants de la ville d'In Salah, près du bassin de l'Ahnet, à 1 200 kilomètres environ au sud d'Alger, ont manifesté pour dénoncer l'absence de consultation concernant un projet d'exploitation du gaz de schiste par fracturation hydraulique, et le manque d'information sur les risques environnementaux en découlant. En janvier, les manifestations anti-gaz de schiste se sont étendues à d'autres villes algériennes, notamment Ouargla, Laghouat et El Oued.

    En janvier 2015, la police a arrêté neuf militants du CNDDC. Ces habitants de Laghouat, une ville située à 400 kilomètres au sud d'Alger, sont connus localement pour leur implication dans les manifestations contre le chômage et les difficultés économiques. Ils avaient pris part le 17 janvier à un rassemblement organisé à Laghouat en solidarité avec les manifestants anti-gaz de schiste de la ville d'In Salah.

    Cinq jours plus tard, des policiers ont arrêté à Laghouat Mohamed Rag, 31 ans, et son voisin. Les deux hommes ont déclaré ultérieurement au tribunal qu'ils avaient trouvé des policiers devant chez eux, qui les avaient emmenés au poste pour les interroger à propos d'un suspect recherché pour un vol de voiture. Les policiers ont affirmé par la suite que Mohamed Rag et son voisin bloquaient la route et leur avaient jeté des pierres, faisant obstacle à leur opération de recherche et d'arrestation du voleur présumé.

    Les deux hommes ont été placés en détention et inculpés de « violences envers un agent de la force publique dans l'exercice de ses fonctions », sur la base de l'article 148 du Code pénal. Tous deux ont rejeté cette accusation, également contredite par deux témoins cités par la défense, qui ont déclaré s'être trouvés avec Mohamed Rag et son voisin au moment des faits qui leur étaient reprochés. Malgré cela, le tribunal de Laghouat a retenu la version de la police concernant l'arrestation et condamné les deux hommes, le 11 février 2015, à 18 mois d'emprisonnement et une amende de 20 000 dinars algériens (175 euros environ). Ces sanctions ont été confirmées en appel. Des dommages et intérêts et des frais de justice leur ont en outre été imputés.

    Des amis et soutiens de Mohamed Rag qui étaient venus l'appuyer lors de son procès le 28 janvier 2015 ont eux aussi été arrêtés et emprisonnés. Ce jour-là, la police a interpellé devant le palais de justice huit membres du CNDDC : Belkacem Khencha, 42 ans, Belelmi Brahimi, 41 ans, Benallal Mazouzi, 38 ans, Boubakeur Azzouzi, 34 ans, Belkacem Korini, 32 ans, Faouzi Benkouider, 35 ans, Tahar Bensarkha, 33 ans, et Abdelkader Djaballah, 26 ans. Ces militants ont été placés en détention et inculpés d'avoir participé à un « attroupement non armé » et de ne pas avoir obtempéré aux ordres de dispersion (articles 97 et 98 du Code pénal). Des poursuites ont également été engagées pour outrage à magistrat et « pression sur les décisions des magistrats » (articles 144 et 147 du Code pénal) – en référence à des pancartes réclamant la libération de Mohamed Rag et la fin de l'humiliation (hogra), et à des slogans similaires qu'ils auraient entonnés.

    Certains prévenus ont déclaré au tribunal que leur objectif était de manifester pacifiquement devant le palais de justice, mais que la police les avait arrêtés avant même qu'ils aient pu le faire. Certains ont indiqué qu'ils étaient venus assister au procès, mais qu'on ne les avait pas laissés entrer. D'autres ont déclaré qu'ils s'étaient rendus au tribunal pour des raisons n'ayant pas lien avec le procès de Mohamed Rag. Des sources locales ont également indiqué à Amnesty International que les hommes avaient été interpellés avant le début prévu de la manifestation pacifique.

    Le 11 février 2015, le tribunal de Laghouat a déclaré les huit militants coupables de tous les chefs et les a condamnés à 12 mois d'emprisonnement, dont six avec sursis. Ils se sont vus en outre imputer les frais de justice et des dommages et intérêts. Toutes les condamnations ont été confirmées en appel.

    Une nouvelle fois, les amis et soutiens venus sur place n'ont pas été autorisés à assister à l'audience ni à exprimer pacifiquement leur solidarité. Selon les informations recueillies, des policiers ont été déployés le 11 mars, date prévue pour les procès en appel de Mohamed Rag, de son voisin et des huit militants, et ont interdit l'accès de la salle d'audience au public, en violation du droit à un procès public. La police a par ailleurs interpellé une cinquantaine de personnes rassemblées pour exprimer leur solidarité avec les prévenus. Elles ont été remises en liberté un peu plus tard.

    Plusieurs des militants du CNDDC poursuivis ces derniers mois avaient déjà été arrêtés dans le passé et traduits en justice pour participation à des manifestations. En 2013, après une manifestation pour le droit au travail tenue à Laghouat, Mohamed Rag avait été jugé pour participation à un attroupement illégal, provocation à un attroupement non armé et destruction de biens publics. Il avait été acquitté. Il avait également été poursuivi – et acquitté – dans le cadre d'une autre affaire liée à sa participation à une manifestation en juin 2014. Mohamed Rag, Belkacem Khencha, Belelmi Brahimi et Boubakeur Azzouzi ont en outre été jugés pour leur participation à une autre manifestation organisée à Laghouat, et acquittés en novembre 2014.

    Amnesty International a recueilli le témoignage de Mouhad Gasmi, membre éminent du CNDDC à Adrar (ville du sud du pays proche d’In Salah) et militant de la lutte anti-gaz de schiste. Il nous a relaté les faits suivants. Le 12 mai 2015, une trentaine de militants, dont Mouhad Gasmi, ont été convoqués pour interrogatoire le lendemain par la police d'Adrar. On reprochait à Mouhad Gasmi d'avoir incité des jeunes à participer à un rassemblement non armé plusieurs mois auparavant. Il a expliqué à Amnesty International qu'il avait participé à une manifestation pacifique organisée pour réclamer une augmentation des moyens alloués à l'hôpital de la ville, où un jeune homme avait trouvé la mort faute de médicaments, mais qu'il pensait que ses camarades et lui étaient pris pour cible pour des raisons plus larges tenant à leur engagement citoyen pacifique depuis 2011.

    Emprisonné pour un post sur Facebook

    Le 1er mars 2015, le militant anticorruption Rachid Aouine, lui aussi membre du CNDDC, a accompagné un autre militant, Ferhat Missa, qui se rendait au poste de police d'El Oued (ville située à 620 kilomètres au sud-est d'Alger) pour y déposer une plainte. Mais Rachid Aouine a été arrêté pour un commentaire publié sur Facebook concernant une annonce des autorités algériennes selon laquelle les policiers qui manifestaient feraient l'objet de sanctions disciplinaires. Son commentaire était le suivant : « Policiers, pourquoi ne pas sortir manifester aujourd'hui contre les décisions arbitraires visant vos collègues en dépit de la promesse du ministre de l'Intérieur de ne pas poursuivre les manifestants en justice ? Vous ne faites que surveiller les militants libres et les manifestants anti-gaz de schiste. » Rachid Aouine a déclaré à Amnesty International que les policiers, après l'avoir interrogé, avaient perquisitionné à son domicile et saisi son ordinateur et des unités de mémoire.

    Le 9 mars, il a été condamné par le tribunal de première instance d'El Oued à six mois d'emprisonnement et une amende de 20 000 dinars algériens (environ 175 euros) pour provocation à un attroupement non armé, sur la base de l'article 100 du Code pénal algérien. Le 15 avril, sa peine a été réduite en appel à quatre mois d'emprisonnement et une amende de 200 dinars algériens (175 euros environ). Il a purgé la totalité de sa peine et a été remis en liberté. Il a expliqué à Amnesty International que le ministère public avait uniquement invoqué le commentaire publié sur Facebook, qu'il jugeait ironique, et n'avait présenté aucun élément probant montrant que Rachid Aouine avait pris des initiatives concrètes pour inciter les policiers à manifester.

    Lui aussi arrêté et interrogé par la police, Fehrat Missa a été inculpé de provocation à un attroupement non armé, semble-t-il uniquement en raison de sa participation à une manifestation de protestation contre l'inaction des autorités locales lors d'une inondation dans la région en janvier 2015. Il a été remis en liberté sous caution dans l'attente de son procès, qui s'est soldé par son acquittement le 16 mars. La décision a été confirmée en appel.

    Des méthodes similaires à celles utilisées contre les manifestants du CNDDC à Laghouat ont été mises en œuvre pour punir les personnes qui protestaient contre les poursuites entamées contre Rachid Aouine à El Oued. Lors d'une audience le 3 mars, des proches et des amis de Rachid Aouine rassemblés devant le tribunal pour protester pacifiquement contre son arrestation ont été interpellés par la police. L'un d'eux a expliqué à Amnesty International que le rassemblement n'avait pas commencé depuis plus de quelques minutes lorsque la police est intervenue pour disperser les manifestants, distribuant coups et injures. Quelque 24 personnes ont été arrêtées. Les policiers, a précisé ce témoin, ont continué à injurier et frapper certains militants au moment de l'arrestation et lors du transfert au poste de police.

    Si de nombreuses personnes interpellées, parmi lesquelles la mère et l'épouse de Rachid Aouine, ont été remises en liberté sans inculpation au bout de quelques heures, 12 ont été retenues pour interrogatoire, selon les informations disponibles. Six, dont Youssef Soltane, un membre du CNDDC, ont été inculpées de chefs divers, dont la provocation à un attroupement non armé et l'outrage à un corps constitué. Le 30 avril, les six personnes ont été déclarées coupables. Youssef Soltane et un autre prévenu ont été condamnés à une peine de quatre mois d'emprisonnement et une amende de 50 000 dinars algériens (environ 435 euros), les quatre autres à une peine de quatre mois d'emprisonnement avec sursis. Toutes ont été laissées en liberté dans l'attente du jugement en appel.

    D'autres personnes ont été arrêtées après avoir publié sur Facebook des commentaires concernant les manifestations et la répression dont font l'objet les manifestants, mais n'ont pas été emprisonnées. Abdelhamid Brahimi, un autre membre du CNDDC habitant à El Oued, a été interpellé le 3 mars 2015 à la suite de commentaires sur Facebook dans lesquels il dénonçait l'arrestation des proches et des sympathisants de Rachid Aouine. Inculpé de provocation à un attroupement non armé, il a été jugé et acquitté le 9 mars. La décision a été confirmée en appel.

    Un caricaturiste poursuivi pour « offense au président de la République »

    Le 20 avril, le caricaturiste Tahar Djehiche, qui vit à El Meghaïer, dans la wilaya (préfecture) d'El Oued, a été convoqué au poste de police. Son avocat a déclaré à Amnesty International qu'il avait été interrogé à propos d'un dessin mis en ligne sur son compte Facebook. Il représentait un sablier à l'intérieur duquel le président Abdelaziz Bouteflika était peu à peu enseveli sous le sable s'écoulant – une référence aux manifestations anti-gaz de schiste tenues dans la région d'In Salah depuis décembre 2014. Il a également été interrogé, a précisé son avocat, sur un commentaire posté sur Facebook juste avant une manifestation anti-gaz de schiste organisée à In Salah le 24 février 2015, lequel disait : « Ne laissez pas tomber In Salah le 24 février ».

    Le caricaturiste a été remis en liberté et convoqué devant le procureur de la République du tribunal d'El Meghaïer cinq jours plus tard. Le procureur l'a interrogé sur le dessin et le commentaire, l'a inculpé d'« offense au président de la République » (article 144 bis du Code pénal) et de provocation à un attroupement non armé, et l'a remis en liberté dans l'attente du procès. Le 26 mai, le tribunal l'a acquitté de tous les chefs. Le ministère public a fait appel. La date de l'audience n'a pas encore été fixée.

    Un arsenal de lois répressives

    Les autorités algériennes utilisent un éventail de lois répressives pour étouffer l'opposition. Bien que le droit de réunion pacifique soit garanti dans la Constitution algérienne et les traités internationaux ratifiés par l'Algérie, le Code pénal contient plusieurs dispositions permettant de sanctionner pénalement les rassemblements pacifiques dans certaines circonstances. L'article 97 du Code pénal interdit les rassemblements non armés dans les lieux publics lorsque l'on estime qu'ils sont de nature à troubler l'ordre public. L'article 98 prévoit des peines allant jusqu'à trois ans d'emprisonnement lorsque les participants n'obéissent pas à un ordre de dispersion. Aux termes de l'article 100, la provocation à un attroupement non armé par des discours, des écrits ou des imprimés publics est passible d'un an d'emprisonnement. Ces dispositions ont été utilisées pour traduire en justice des membres du CNDDC de Laghouat et El Oued qui ne faisaient qu'exercer leur droit légitime à la liberté d'expression et de réunion pacifique.

    En outre, la loi 91-19 relative aux réunions et manifestations publiques interdit les réunions sur la voie publique. Celles-ci sont autorisées lorsqu'elles se tiennent hors de la voie publique et si l'on estime qu'elles ne constituent pas une menace de trouble à l'ordre public ou aux « bonnes mœurs ». Il faut toutefois effectuer une déclaration préalable auprès des autorités, qui doivent délivrer immédiatement un récépissé. Dans la pratique, le ministère de l'Intérieur s'abstient souvent de fournir ce récépissé lorsque le rassemblement prévu est susceptible d'être hostile aux autorités.

    De ce fait, l'obligation de déclaration équivaut dans la pratique à une obligation d'obtenir une autorisation préalable pour toute réunion de ce type. Le rapporteur spécial des Nations unies sur le droit de réunion pacifique et d’association a souligné que l’exercice du droit à la liberté de réunion pacifique ne devait être soumis à aucune autorisation préalable des autorités, mais, tout au plus, à une procédure de notification préalable qui ne doit pas être lourde. Lorsque des restrictions sont imposées, les autorités doivent fournir par écrit une explication détaillée en temps voulu, qui doit pouvoir faire l'objet d'un recours devant un tribunal impartial et indépendant.

    La législation algérienne contient des dispositions, essentiellement dans le Code pénal, per-mettant de punir l'exercice légitime du droit à la liberté d'expression. Ainsi l'article 144 bis punit-il l'offense au président de la République par voie d'écrit, de dessin ou de déclaration d'une amende pouvant s'élever à 500 000 dinars algériens (plus de 4 300 euros), une somme exorbitante en Algérie. Les autorités algériennes ont fait un petit pas dans la bonne direction avec l'adoption de la loi 11-14 du 2 août 2011, qui a modifié les articles 144 bis et 146 du Code pénal – les peines d'emprisonnement pour outrage, injure ou diffamation envers le président de la République ou d'autres corps ou responsables publics ont été supprimées. Parallèlement, le montant des peines d'amende prévues a été augmenté et peut désormais atteindre 500 000 dinars algériens (plus de 4 300 euros), une somme doublée en cas de récidive.

    L'année suivante, le législateur a adopté un nouveau Code de l'information, qui a supprimé les peines d'emprisonnement pour les infractions en matière de diffamation mais a instauré des amendes plus élevées que celles prévues dans la précédente version de la loi. Par exemple l'article 123 du nouveau Code de l'information dispose que l'outrage envers les diplomates et les chefs d'État étrangers est puni d'une amende pouvant aller jusqu'à 100 000 dinars algériens (environ 870 euros), contre 30 000 dinars algériens et une peine d'emprisonnement d'un ans auparavant (article 98 du précédent Code de l'information).

    Aux termes de l'article 144 du Code pénal, quiconque considéré comme ayant commis un outrage à un agent de la force publique dans l'exercice de ses fonctions, dans l'intention de porter atteinte au respect dû à son autorité, risque deux ans d'emprisonnement et une amende pouvant s'élever à 500 000 dinars algériens (plus de 4 300 euros). Quant à l'article 147, il prévoit que les actes, paroles ou écrits critiquant des affaires n'ayant pas encore été jugées ou pouvant porter atteinte à l'autorité de la justice ou à son indépendance constituent également des infractions telles que définies à l'article 144.

    Le montant très élevé des amendes prévues dans la législation en vigueur, et les dispositions prévoyant des peines d'emprisonnement, même si elles ne sont pas appliquées dans la pratique, ont un effet dissuasif sur ceux qui veulent exercer leur droit à la liberté d'expression en Algérie. À la suite de sa visite en Algérie en avril 2011, le rapporteur spécial des Nations unies sur la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et d'expression, Frank La Rue, a exprimé en 2012 ses préoccupations concernant le montant excessif des amendes imposées pour les infractions en matière de diffamation, relevant que ce montant avait un effet dissuasif sur l'exercice du droit à la liberté d'expression en général parce qu'il générait une tendance à l'autocensure. Il a préconisé que la diffamation relève de l'action civile et non pénale, et que le montant des amendes soit considérablement réduit pour ne pas avoir un effet dissuasif sur la liberté d'expression. Il a recommandé également que les actions en diffamation ne soient jamais utilisées pour étouffer les critiques envers les institutions ou les politiques de l'État.

    Sur un plan général, le Comité des droits de l'homme des Nations unies a exprimé l'importance de l'expression sans entraves dans le cadre du débat public concernant des personnalités publiques du domaine politique et des institutions publiques. Il a souligné que le simple fait que des formes d’expression soient considérées comme insultantes pour une personnalité publique n’est pas suffisant pour justifier une condamnation pénale. Il s'est spécifiquement dit inquiet des lois qui régissent des questions telles que l'outrage à une personne investie de l'autorité, la diffamation du chef de l'État et la protection de l’honneur des fonctionnaires et personnalités publiques. Il a souligné que les États ne doivent pas interdire la critique à l’égard d’institutions telles que l’armée ou l’administration, et que la loi ne doit pas prévoir des peines plus sévères uniquement en raison de l’identité de la personne qui peut avoir été visée.

    Écrit par Amnesty international Algerie, 30 juillet 2015

    http://www.algeria-watch.org/fr/mrv/mrvrepr/ai_mettre_terme_repression.htm

  • Foncier agricole : L’UNPA appelle à l’arrêt des agressions sur les terres (Algeria Watch)

     

    Le secrétaire général de l’Union nationale des paysans algériens (UNPA), Mohamed Alioui, a appelé, hier, à mettre fin aux différentes formes d’«agression» que subissent les terres agricoles, commises sous le prétexte de l’«utilité publique».

    Saisissant l’occasion d’une rencontre de concertation avec le nouveau ministre de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Sid Ahmed Ferroukhi, le représentant des fellahs a demandé que la notion d’«utilité publique» soit perçue comme étant, prioritairement, celle devant renvoyer à la nécessité de garantir la sécurité alimentaire du pays.

    Selon lui, beaucoup de terres à vocation agricole sont aujourd’hui menacées, notamment le long de la bande littorale, où il a fallu, dans plusieurs cas, l’intervention des plus hautes autorités du pays pour arrêter des massacres qui allaient être commis au nom de l’utilité publique.

    Et de rappeler à ce propos que le programme d’extension des terres agricoles devant aboutir à la création d’un million d’hectares supplémentaires, en irrigué, doit nécessairement aller au bénéfice de la culture des pâturages et aliments de bétail pour renforcer la filière lait et ainsi diminuer la facture d’importation des produits laitiers.

    L’UNPA n’a pas manqué, non plus, d’attirer l’attention du premier responsable en charge du secteur sur d’autres problèmes auxquels le monde agricole fait face, notamment ceux liés à la couverture sociale des agriculteurs, à la délivrance des actes de concession, au manque de main-d’œuvre, ou encore à la représentation des fellahs dans les instances agricoles élues. L’Union a appelé aussi à accélérer la mise en place du conseil supérieur de l’agriculture qui tarde à voir le jour, depuis sa création officielle en 2010, en l’absence de textes d’application.

    Pour sa part, Sid Ahmed Ferroukhi a indiqué que la nouvelle feuille de route tracée pour le secteur s’appuie essentiellement sur «la mobilisation de toutes les forces», y compris celle représentée par l’UNPA, longtemps marginalisée en raison des conflits qui l’opposaient souvent aux différents ministres qui se sont succédé dans le secteur.

    Aujourd’hui, le nouveau ministre, étant un ancien cadre du ministère de l’Agriculture et un fin connaisseur du secteur, semble avoir gagné la confiance de l’ensemble des intervenants dans le monde agricole, y compris celle de l’UNPA dont le secrétaire général s’est dit, hier, entièrement engagé à soutenir son travail, sans que cela puisse paraître comme une complaisance envers un commis de l’Etat : «Nous n’avons jamais manié ‘‘la brosse’’ pour quelqu’un, mais les compétences de l’actuel ministre parlent d’elles-mêmes», a affirmé Mohamed Alioui.
    Il reste, tout de même, que beaucoup de tâches fastidieuses attendent, en perspective, le nouveau ministre de l’Agriculture.

    L’héritier de l’ex-ministre Rachid Benaïssa, puisque c’est sous la responsabilité de ce dernier qu’il s’est forgé la réputation de «connaisseur des dossiers agricoles», est appelé aujourd’hui à dynamiser un secteur qui a, certes, connu des avancées considérables, sans pour autant atteindre des objectifs facilement réalisables, comme la substitution des importations par l’amélioration des rendements et le développement local de plusieurs cultures.

    En s’installant dans ses nouvelles fonctions, la semaine écoulée, Sid Ahmed Ferroukhi s’est dit, en tout cas, conscient des défis qui l’attendent. Pour lui, l’une des priorités de son secteur est désormais «l’investissement privé, qui constitue la locomotive du développement pour la concrétisation des objectifs tracés». 

    Lyes Malki El Watan, 3 août 2015

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/eco/terres/appel_unpa.htm

    Un autre éclairage:

    http://www.algeriepatriotique.com/article/corruption-les-enquetes-touchent-l-unpa

    et aussi:

    http://www.leconews.com/fr/actualites/nationale/agriculture/le-ton-se-durcit-entre-les-agriculteurs-et-l-administration-11-04-2015-173920_291.php

  • Algérie: Mahmoud Rechidi, leader du PST (Lcr.be)

    Mahmoud Rechidi, leader du PST:  « La barbarie qui guette l’humanité se nourrit fondamentalement de la détresse sociale et du désespoir des peuples»

    Dans le cadre de ses entretiens avec les partis politiques, en particulier de la gauche, sur la question sécuritaire et du djihadisme, en particulier après l’attentat qui a coûté la vie à neuf soldats de l’ANP près d’Aïn Defla, le 17 juillet dernier, Reporters donne cette fois la parole au leader du Parti socialiste des travailleurs (PST), Mahmoud Rechidi. Entretien.

    Reporters : Quelle lecture faites-vous du fait que la sphère djihadiste en Algérie soit désormais marquée par Aqmi et Daech ?

    Mahmoud Rechidi : Je ne pense pas que la situation correspond à ce qui semble être suggéré dans votre question. Je veux dire que l’Algérie n’est pas marquée par un regain de djihadisme. Cependant, quelques noyaux de groupes armés, affiliés à tel ou tel label, tentent de temps à autre des actions, plus ou moins spectaculaires, dans le but évident de susciter l’impact et de signaler une certaine capacité de nuisance. Les exemples de Tiguentourine[1] en 2013, revendiqué par Aqmi, et le rapt du Français Gourdel[2] en 2014, revendiqué par Daech, relèvent de cette stratégie. En fait, on est très loin des années 1990 et de ce qui se développe dans les pays de la région. Mais, les recettes économiques libérales imposées par le pouvoir politique actuel en Algérie, qui ne manqueront pas d’aggraver le désastre social et le désespoir, d’une part, et, d’autre part, les graves atteintes aux libertés démocratiques, peuvent précipiter une partie de la jeunesse dans les bras armés de l’intégrisme religieux et du fanatisme.

    Quelle solution, selon les formations de gauche, à la question djihadiste ? Sécuritaire stricto sensu ou politique ?

    Pour le Parti socialiste des travailleurs (PST), comme nous l’avions déjà rappelé dans les années 1990, il n’y a pas de solution policière aux problèmes politiques. La défaite des islamistes armés en Algérie, dont les exactions et la barbarie sont encore vivaces, était d’abord politique par le fait de la désaffection populaire dès la fin 1994.

    Les réconciliateurs de Sant’Egidio[3] ou la présidentielle du pouvoir militaire de l’époque et ses alliés de 1995 surfaient sur cette réalité. Dès lors, leur défaite militaire se réduisait à une question de temps. Bien entendu, il ne s’agit pas ici de revenir sur les exactions des uns et des autres que nous avions dénoncées en leur temps. En revanche, la solution politique que nous avions préconisée n’est pas celle de M. Bouteflika. La réconciliation et la concorde ne se décrètent pas en consacrant l’impunité et l’injustice.

    La solution politique démocratique suppose au moins la reconnaissance des crimes, le pardon des victimes par le biais d’une justice acceptable par tous. La solution politique démocratique exige des choix économiques et sociaux qui garantissent le pain, le travail et le logement pour tous, qui assurent la liberté et la dignité au peuple algérien et offrent un horizon d’espoir à notre jeunesse.

    Partagent-ils l’idée qu’il s’agit de groupes obéissant à des agendas internationaux. Si oui, lesquels ?


    Ce que vous appelez agendas internationaux, nous, nous les appelons les intérêts des puissances occidentales impérialistes et leurs alliés, tels que les monarchies du Golfe. Mais, cela n’est pas nouveau. Les USA sont passés maître dans le financement, l’entraînement et l’armement des groupes armés en Amérique latine et ailleurs depuis des lustres, en imposant des dictatures et des régimes alliés.

    Depuis l’époque de la guerre froide et l’intervention militaire soviétique en Afghanistan en 1979, l’islamisme politique ou armé a été encouragé et soutenu dans toute la région par les USA et leurs alliés occidentaux. Les révélations sur les liens de Ben Laden et sa branche Al Qaïda avec la CIA sont connues de tous. La stratégie mise en place par l’administration Bush pour la reconfiguration du Grand Moyen-Orient (GMO), ouvertement interventionniste, néocolonialiste et néolibérale, révélait les appétits US dans la région et leur intention de chasser les régimes politiques récalcitrants.

    La reconnaissance récente d’un responsable du Pentagone relative au soutien des USA au développement de Daech entre 2012 et 2013, via la Turquie, l’Arabie saoudite et d’autres alliés, ne laisse aucun doute à ce sujet quant à son utilisation pour affaiblir l’Iran, le Hezbollah et le régime syrien, et par ricochet la Russie de Poutine. L’intervention directe de l’Otan en Libye et l’assassinat du dictateur Kadhafi traduit cette stratégie du chaos créateur de contrerévolutions et l’intimidation des peuples tunisien et égyptien qui ont osé enclencher un processus révolutionnaire et chasser les dictateurs Ben Ali et Moubarak, amis des USA et de l’UE. Pour conclure, je dirais oui, il y a des agendas internationaux.

    Mais, sans verser dans la théorie du complot et autre main de l’étranger, qui nous sont servies à chaque mouvement social, il y a une réalité politique, économique et sociale dans notre pays qui favorise ces agendas et qui mine les capacités de résistance de notre peuple pour défendre sa souveraineté et son indépendance.

    L’absence des libertés démocratiques et les recettes économiques libérales, inspirées par le FMI, la BM, l’OMC, l’UE et autres ONG, mènent vers la catastrophe économique et sociale. Les privatisations envisagées du secteur public, la remise en cause rampante des subventions des produits de première nécessité, des transferts sociaux et de la santé publique et gratuite (projet du nouveau Code de la santé), la précarisation des relations de travail et des conditions de vie (projet du nouveau Code du travail), le développement de la corruption et du népotisme, l’explosion des importations, du chômage et du mal vivre au niveau de la jeunesse, sont autant de signaux et d’ingrédients qui feront le lit de ces agendas et de leurs bras armés tels qu’Aqmi, Daech et autre Boko Haram.

    Quelles conséquences a l’attentat d’Aïn Defla sur le champ politique et sécuritaire ?


    L’attentat d’Aïn Defla[4] n’a rien d’extraordinaire. Bien sûr, il y a neuf jeunes soldats tués et d’autres blessés, selon les médias et les communiqués officiels. Cela a créé une émotion et une certaine angoisse dans un contexte marqué par les récents attentats de Sousse[5], du conflit de Ghardaïa[6] et des guerres civiles dans la région. Aussi, l’amplification par les médias locaux et internationaux donne à cet attentat une dimension et un impact plus grands.

    Mais, d’un point de vue strictement militaire, cet attentat ne présente aucun saut qualitatif ou une élaboration compliquée. Au contraire, il s’agit d’un petit groupe armé qui frappe pour s’évanouir dans la nature. Encore une fois, c’est l’impact médiatique et une relative capacité de nuisance qui sont recherchés à travers cet acte.

    Sur le plan politique, les principales conséquences sont loin d’être réduites aux réactions de l’opposition libérale consistant à critiquer la qualité des équipements de l’armée et son organisation.

    Si la menace islamiste armée n’est pas à écarter complètement, même si, comme je l’ai signalé plus haut, elle est aujourd’hui à un état groupusculaire, des mesures politiques, économiques et sociales s’imposent. Les recettes économiques libérales qui profitent à une infime minorité de prédateurs, dont les ravages sociaux sont palpables en Algérie et à l’échelle internationale, doivent être abandonnées.

    Il faut la levée de toutes les entraves à l’exercice des libertés démocratiques, notamment celles relatives aux libertés syndicales, aux droits à l’organisation, à l’expression et de manifestation. Il faut engager la bataille pour l’égalité des droits entre les hommes et les femmes par l’abrogation du Code de la famille et l’instauration de lois civiles. Il faut promouvoir les droits culturels et linguistiques de toutes les composantes de notre peuple. Il faut mettre en place une stratégie de développement économique nationale qui puisse satisfaire les besoins sociaux de tous, consacrer la souveraineté du peuple algérien sur ses richesses et garantir son indépendance et la maîtrise de son destin. Car la barbarie qui guette l’humanité, à travers les intégrismes religieux divers ou à travers l’extrême droite et le fascisme, se nourrit fondamentalement de la détresse sociale et du désespoir des peuples.

     29 juillet 2015 par Mahmoud Rechidi

    Source : http://www.reporters.dz/index.php/grand-angle/item/48759-mahmoud-rachedi-leader-du-pst-la-menace-islamiste-armee-n-est-pas-a-ecarter-meme-si-elle-est-a-l-etat-groupusculaire

    Note : titre et notes de références sont de la rédaction.

    [1] Prise d’otages le 16 janvier 2013 perpétrée par un groupe islamiste armé à Tiguentourine, 30 km à l’ouest de Ain Amenas, dans le sud-est algérien. L’opération a visé 800 travailleurs du secteur gazier dont le dernier d’entre eux a été libéré après 3 jours.

    [2] Hervé Gourdel, un Français adepte de randonnée pédestre et guide de haute montagne‪, a été enlevé, selon la version officielle et les médias, dans une zone montagneuse à l’est de Tizi Ouzou, en Algérie, par un groupe terroriste nommé les « Soldats du califat en terre algérienne ». Un enregistrement vidéo intitulé  « Message de sang au gouvernement français »  a circulé montrant la décapitation de Gourdel par ce groupe.

    [3] Référence à un dialogue à Rome bien connu sous le nom de  » contrat de Sant’Egidio ». C’était une tentative de réconciliation par un groupe de partis algériens hétérogènes réunis sur initiative de la communauté catholique de Sant’Egidio en janvier 1995 .

    [4] Cette attaque terroriste a eu lieu le vendredi 17 juillet dernier, correspondant au premier jour de l’Aïd al-Fitr, dans la wilaya de Ain Defla –  centre du pays  et à 145 km de la capitale Alger. Neuf jeunes soldats ont été tués et deux autres blessés.

    [5] Attentat sanglant qui a eu lieu le 26 juin dernier contre des touristes dans un hôtel en bord de mer en Tunisie et qui a coûté la vie à 38 personnes.

    [6]  Référence à flambée de violences communautaires meurtrières qui ont eu lieu dans les dernières semaines dans la région de Ghardaïa, sud de l’Algérie, et qui durent d’ailleurs depuis deux ans entre les communautés mozabites (berbères) et chaâmbas (arabes).

    Source : http://www.reporters.dz/index.php/grand-angle/item/48759-mahmoud-rachedi-leader-du-pst-la-menace-islamiste-armee-n-est-pas-a-ecarter-meme-si-elle-est-a-l-etat-groupusculaire

    http://www.lcr-lagauche.org/algerie-mahmoud-rechidi-leader-du-pst-la-barbarie-qui-guette-lhumanite-se-nourrit-fondamentalement-de-la-detresse-sociale-et-du-desespoir-des-peuples/