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Algérie - Page 25

  • Selon la LADDH : Les mariages religieux explosent (Algeria Watch)

    Un couple, deux témoins, un Imam, et le tour est joué ; c'est ainsi que des milliers d'Algériens convolent en (fausses) noces en s'engageant dans des unions secrètes par le biais du mariage ôrfi.

    Le phénomène, dont l'ampleur est insoupçonnée, sévit sur une large échelle à travers tout le territoire national, selon la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH), qui relève à ce propos, dans un communiqué transmis, hier, à notre rédaction, que « de nombreux algériens se contentent d'une bienveillante ‘‘fatiha'' d'un Imam sans s'astreindre à l'obligation de se présenter devant les services administratifs afin d'officialiser leur union ».

    Ce genre de mariage ôrfi, qui se suffit d'un accord oral entre les époux, peut prendre plusieurs qualifications ou appellations, toutes véhiculant la notion d'une union temporaire telle que mariages El Mut'a, El Missiar (de passage), El Hiba (l'offrande)… porte un grave préjudice aux liens sociaux, surtout aux droits de la femme et des enfants qui naissent de ces unions.

    « Le mariage ôrfi est une forme d'oppression contre la femme, surtout que les autorités algériennes n'ont jamais voulu présenter à l'opinion publique des données précises autour du nombre de femmes qui souffrent de ces mariages ôrfi », considère la LADDH. Ajoutant dans ce contexte qu' « il s'agit là d'une bombe à retardement qui risque d'exploser à tout moment ». Comment peut-il en être autrement lorsque ce sont « des ministres, des cadres supérieurs, des députés, des artistes et des hommes d'affaires qui sont mariés à la coutume ôrfi et qui craignent à tout moment que la situation ne se transforme en scandale », indique le communiqué de la LADDH.

    Selon des statistiques non officielles, « les cas de mariages ôrfi se situeraient entre 46 000 et 50 000, dont 36 000 cas enregistrés entre 1993 et 1997 ». Voulant en savoir plus sur les causes de la propagation du mariage ôrfi, la mission de faire la part des choses entre le juridique, le religieux et le social, s'est avérée très difficile.

    Les hommes politiques interrogés sur le sujet ont tous esquivé la question, souligne le communiqué de la LADDH ; c'est alors vers d'autres personnes compétentes qu'on a soumis la préoccupation. Des Imams, interrogés à propos de l'application de l'instruction promulguée en 2005, en parallèle à la révision du Code de la famille durant la même année, conditionnant la lecture de la Fatiha par le préalable établissement de l'acte de mariage devant l'officier de l'état civil, affirment que cette instruction a permis de limiter les problèmes et les escroqueries qui visent les femmes.

    Malheureusement, reconnaissent-ils, « plusieurs Imams refusent d'appliquer l'instruction en question tant qu'ils n'existent pas d'instructions qui les contraint de se référer à cela dans leur travail (!) ». Dans tout cela, c'est le statut de la femme qui est en jeu.

    Des juristes, de leurs côtés, indiquent que près de 7000 affaires de faux mariages sont pendantes devant les tribunaux. Les femmes victimes de ce genre de mariage, de plus en plus, prennent leur courage à deux mains et se présentent à la justice, surtout lorsqu'elles se retrouvent enceintes dans des situations presque illicites. Selon les juristes, les mariages ôrfi ont connu une croissance phénoménale après les amendement apportés en 2005 au Code de la famille, car à travers les textes révisés on a fait désormais obligation au mari qui veut se remarier de mettre au courant sa première épouse et informer sa seconde de sa situation d'homme déjà marié, ainsi qu'une demande d'autorisation à introduire auprès du président du tribunal.

    « Les hommes évitent tout ce parcours juridique, presque impossible à satisfaire, et recourent au mariage ôrfi, en secret », estime-t-on, non sans relever à l'appui de leurs affirmations que « les cas de mariages ôrfi avant 2005 étaient très rares ». Selon d'autres avis, cette nouvelle tendance d'idée de mariages ‘‘temporaires'' est propagée par des salafistes qui ont importé ce mode de vie d'Egypte, des pays du Golfe et de la Syrie.

    En tout cas, cela est en train de provoquer la catastrophe au sein de la société. Plus de 30 000 affaires de mariages ôrfi sont actuellement devant les tribunaux du pays, afin de bénéficier de jugements qui assoiraient d'une façon légale les unions des couples concernés et assurer une filiation à leurs progénitures. A ce propos, la LADDH parle d'une famille constituée de 5 membres qui vivent « sans identité depuis 34 ans et sont privés de leurs droits les plus élémentaires ! ».

    La LADDH tire la sonnette d'alarme sur ces nouveaux modes de mariages qui risquent de disloquer le tissu social, et appelle le législateur algérien à trouver de nouveaux mécanismes juridiques pour éradiquer ce phénomène en pleine expansion, et où certains semblent avoir, tout simplement, trouvé la parade, calqué sur le modèle occidental, en instituant dans nos contrées le concubinage ‘‘hallal''.

    par Abdelkrim Zerzouri, Le Quotidien d'Oran, 17 juin 2015

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/femmes/explosion_mariages_religieux.htm

    Voir aussi:

    http://rue89.nouvelobs.com/2010/11/13/mariage-orfi-ces-egyptiens-qui-sunissent-en-secret-175781

  • Algérie : Les cheminots reviennent à la charge (Afriques en lutte)

     

    Le trafic ferroviaire a été paralysé hier par les travailleurs du service exploitation trains de la Société nationale des transports ferroviaires (SNTF) qui ont mis leurs menaces à exécution en entamant une grève illimitée.

    « Nous avons entamé une grève illimitée jusqu’à satisfaction de nos revendications », nous a affirmé au téléphone Abdelhak Boumansour, chef de la section syndicale des cheminots d’Alger. Ainsi trois mois après la grève nationale, en mars dernier, les travailleurs de la Société nationale du transport ferroviaire reviennent à la charge pour revendiquer à nouveau, selon toujours Abdelhak Boumansour, « la révision du tableau des filières qui définit l’évolution de carrière ».

    Il a fait état d’un litige entre la SNTF, la Caisse nationale des assurances sociales (CNAS) et la Caisse nationale de retraite (CNR). « Des salariés et des retraités se trouvent balancés d’une direction à une autre », a-t-il déploré.

    Pour rappel, la direction de la SNTF s’était engagée à réviser, en mars dernier, le tableau des filières en question, mais l’absence d’un partenaire social légal empêche pour l’instant la signature d’un accord.

    La section syndicale de la Fédération des cheminots (UGTA) étant gelée depuis janvier 2015, ce secteur névralgique reste visiblement otage de conflits syndicaux. C’est aussi l’une des raisons qui ont poussé au débrayage, puisque Abdelhak Boumansour dénonce « une réunion tenue le 10 juin entre le ministre des Transports, le DG de la SNTF et des syndicalistes non représentatifs ».

    Cette grève intervient après un premier débrayage de trois jours observé par les travailleurs le 23 mai dernier. Le service exploitation trains compte dans ses rangs quelque 1200 employés à travers le territoire national. Selon le syndicaliste, les travailleurs sont décidés à faire valoir leurs droits par tous les moyens.

    Selon lui, les travailleurs sont exaspérés par le « mépris de la direction de l’entreprise », précisant que la revendication principale des travailleurs relative à la promotion à l’échelon supérieur est attendue par certains travailleurs depuis 20 ans.

    « Nous faisons face à la provocation de la direction depuis longtemps, mais celle de mercredi et jeudi derniers étaient de trop », explique le syndicaliste.

    « A chaque réunion avec la direction, le directeur général nous promet de régler notre problème, mais rien de concret n’a été fait jusque-là », précise-t-il.

    Source : Le Temps d’Algérie  17 juin 2015

    http://www.afriquesenlutte.org/afrique-du-nord/algerie/article/algerie-les-cheminots-reviennent-a

  • Hollande à Alger. Une moudjahida nous quitte (CCR)

     

    La veille de la visite du président français en Algérie,Djamila Bouazza, moudjahida de la guerre de libération et figure de la résistance algérienne face à l’occupation coloniale, s’est éteinte à la clinique El Azhar d’Alger, à l’âge de 78 ans. Djamila Bouazza a été l’une des deux combattantes algériennes condamnées à mort pendant la guerre. Arrêtée en mai 1957, sa condamnation pour « terrorisme » tombe en juillet 1957, prononcée par un tribunal militaire français. A la suite de l’indépendance, en 1962, Djamila Bouazza sera finalement amnistiée. Elle fut l’une des 1500 condamnés à mort, dont 222 effectivement assassinés par guillotine ou fusillés par l’Etat français, sans compter les 300.000 morts algériens, tués pour avoir résisté à l’occupant. Aujourd’hui, en revanche, François Hollande et Abdelaziz Bouteflika font des affaires.

    L’une des premières femmes algériennes combattantes

    Pour répondre aux multiples tortures, assassinats de combattants algériens et d’enfants, perpétrés par l’occupant et par l’organisation laMain Rouge pilotée par les services secrets français, les militants du Front de Libération Nationale (FLN), dirigés dans la zone autonome d’Alger par Yacef Saâdi, organisent la résistance en vue de préparer la grève générale du 28 janvier 1957.

    Voyant la montée du FLN et l’instabilité politique croissante, 8.000 paras de retour de la campagne de Suez entrent le 7 janvier 1957 dans Alger avec pour mission de « pacifier » la ville. Pour répondre à cet envoi de troupes qui marque le début de la Bataille d’Alger, les militants du FLN organisent une campagne d’attentats à la bombe.

    La condamnation à mort de Djamila Bouazza, que l’histoire officielle française qualifie de « terroriste », fait suite à la « pose d’un engin explosif », le 26 janvier 1957, à la terrasse du Coq Hardi, une brasserie du centre d’Alger. L’opération sera, des années plus tard, immortalisée dans La Bataille d’Alger, de Gillo Pontecorvo. La campagne a pour but de préparer l’insurrection ouvrière, le 28 janvier, face à l’occupant et au patronat français. Les parachutistes brisent la grève en quelques jours, ouvrant les magasins de force, allant chercher à domicile avec des camions les travailleurs et les fonctionnaires absents de leur travail.

    A la suite de ces attentats de résistance, Djamila Bouazza et Djamila Bouhired sont les premières combattantes algériennes condamnées à mort par les tribunaux et l’Etat français durant des simulacres de procès auxquels assistent militaires et colons. 1500 condamnations à mort de militants algériens seront prononcées pendant « les troubles », un certain nombre paraphées par un certain François Mitterrand, alors ministre de la Justice sous Guy Mollet.

    Hollande. La stabilité politique dans l’arrière-cour de Paris avant tout

    Hollande se rend, ce lundi 15 juin, au chevet d’Abdelaziz Bouteflika, pour une « visite de travail » de huit heures. Bien entendu, il n’aura pas un mot pour rendre hommage à Djamila Bouazza ni même aux 300.000 Algériens tués par la France durant la guerre d’Algérie. Il se contentera d’une gerbe au monument des martyrs de la Guerre d’Algérie.

    Sa mission officielle est de « conforter le partenariat entre les deux pays », autrement dit, garantir les intérêts économiques de la France, en maintenant l’« ordre » et la stabilité politique en Algérie, l’une de ses arrières-cours stratégiques dans la région du Maghreb et dans l’Afrique subsaharienne.

    La présence de Hollande a un double enjeu. D’une part, assurer aux généraux algériens l’appui de la France à la succession de Bouteflika, pratiquement mourant ; d’autre part les dossiers liés au « terrorisme régional », à savoir la guerre que livre la France au Mali voisin et les inquiétudes liées à la déstabilisation de la Lybie . Selon Hollande, « par rapport à ce que nous vivons, la sécurité dans le Sahel, la Libye, nous avons besoin d’avoir un travail en commun ».Le présidenta également évoqué le« travail économique »entre l’Algérie et la France.« Vous savez combien nos populations sont liées. L’histoire doit nous permettre d’aller beaucoup plus loin dans les relations », a-t-il expliqué, estimant que « nous avons déjà réalisé beaucoup ». Les présidents changent, mais le rapport impérialiste à l’Algérie et au Maghreb perdure.

    Bouteflika et le FLN. Du côté de Hollande ou de Bouazza ?

    Le président algérien aurait adressé ses condoléances à la famille de la moudjahida décédée. Selon Bouteflika, l’Algérie aurait perdu « un des symboles de la lutte et de la résistance ». Quel cynisme pour un gouvernement qui ne cesse de réprimer les résistances ouvrières, avec notamment, depuis fin janvier 2015, une vague d’arrestations et de condamnations de militants ayant participé à des manifestations visant à soutenir des travailleurs sans emploi.

    Le chômage de masse et l’inflation sont en effet la règle en Algérie. Le FLN, dirigé officiellement par un Bouteflika grabataire qui en est à son quatrième mandat présidentiel, est une officine vendue à l’impérialisme. Bouteflika et la bourgeoisie locale ont usé jusque-là de la redistribution partielle et clientéliste de la rente pétrolière pour tenter de maintenir la paix sociale, stratégie qui a en partie réussi malgré la crise économique mondiale et les processus des révolutions arabes de 2011.

    Mais la recette ne suffit plus. Les sources de revenus liés aux hydrocarbures, qui représentent l’essentiel du budget algérien, sont plombées par une baisse de la demande et du prix du baril de pétrole. L’Etat algérien cherche d’autres sources de revenus pour les classes dominantes locales, d’où la plus grande ouverture aux capitaux étrangers. C’est ce qu’illustrent la création d’une usine de montage Renault en 2012, l’entrée d’Alstom et le tramway d’Alger, mais encore la façon dont la France lorgne sur Sonatrach, la société pétrolière nationale.

    Autant de raisons qui président au voyage de Hollande à Alger. Autant de raisons qui montrent que le combat entamé par Djamila Bouazza, en 1957, est encore à mener jusqu’au bout, jusqu’à la libération nationale et sociale !

    15/06/15. Damien Bernard

    http://www.revolutionpermanente.fr/Hollande-a-Alger-Une-moudjahida-nous-quitte

  • « Les Terrasses » de Merzak Allouache : chroniques d’une Algérie déglinguée (Orient 21)

     

    Évoquer avec justesse et une rare maîtrise la société algérienne d’après la « décennie noire », c’est le tour de force talentueux réalisé par Merzak Allouache dans Les Terrasses, son dernier film actuellement dans les salles en France.

    L’action se déroule dans des terrasses d’Alger au fil des cinq prières quotidiennes. Il n’y a pas d’intrigue unique mais plusieurs personnages qui se croisent, chacun engagé dans sa propre quête, ordinaire ou non, allant vers un destin parfois tragique. Ici, dans la Casbah, c’est une grand-mère qui n’en peut plus d’héberger sa fille folle et son petit-fils démoli par «  Madame Courage  », cette drogue, cocktail de psychotropes divers, qui fait des ravages dans la jeunesse. Là, sur les hauteurs, c’est une équipe de tournage qui, ignorant le danger, entre dans une villa inhabitée pour tourner des plans de la capitale. Pas loin, c’est un homme que l’on torture pour qu’il signe on ne sait quel document.

    Renouant avec l’inspiration de ses premiers films, notamment le toujours culte Omar Gatlato, — emblématique de la jeunesse algérienne du milieu des années 1970 —, Allouache montre une capitale dont les habitants ne s’aiment guère. C’est d’ailleurs ce que chante un groupe de musique qui répète sur l’un des toits du centre ville. Une capitale où les rapports humains sont empreints de tension, de défiance et de violence latente, où la moindre altercation peut mener à l’irréparable. Les Terrasses disent une vérité difficile à entendre. À Alger, et malgré la fin décrétée de la guerre civile qui a ensanglanté le pays de 1992 à 2002, la vie ne tient qu’à un fil : le frère tue le frère, le voisin souhaite la mort du voisin, les uns arnaquent les autres et le jeune se suicide parce qu’il n’en peut plus de ce qui l’entoure. De fait, la mort rode encore et elle n’est pas le fait du seul «  terrorisme résiduel  », expression consacrée pour désigner la persistance d’attentats et autres attaques menées par des groupes islamistes ayant refusé de déposer les armes.

    Effets à retardement de la «  sale guerre  »

    En ce sens, le film sonne comme une mise en garde qui fait froid dans le dos. Les prix du pétrole chutent — ce qui fait perdre au pays plusieurs dizaines de milliards de dollars et planer la menace d’une explosion sociale — et l’on n’en finit pas de s’interroger sur l’état de santé du président Abdelaziz Bouteflika et de la manière dont sera organisée sa succession. Le message du film est clair : il dit que les Algériens, jeunes ou pas, ont encore en eux les «  germes  » qui pourraient les pousser à s’entretuer de nouveau. En cela, cette fiction fait écho aux multiples cris d’alarme de médecins inquiets de voir que les effets de la «  sale guerre  », parmi lesquels l’existence de stress post-traumatiques, ne sont pas sérieusement pris en charge par les autorités.

    Mais il n’y a pas que le traitement clinique qui serait nécessaire. Affairisme, omniprésence du «  piston  », banditisme, désarroi, lâcheté des hommes face aux violences faites aux femmes et renoncement général sont les maux décrits par petites touches et par d’excellents dialogues en (vrai) arabe algérien où surnagent les délicieux emprunts faits encore et toujours à la langue française («  baba dispara  », mon père a disparu, dit ainsi l’un des personnages...). Et parmi ces maux, ceux-là même qui, d’une certaine façon ont déjà conduit l’Algérie au pire, Merzak Allouache met aussi en évidence la persistance du radicalisme religieux et du lavage de cerveau d’une partie de la jeunesse par des imams prompts à chanter les louanges du djihad. À cela s’ajoute une bigoterie mâtinée de superstitions diverses, un phénomène qui ne cesse de prendre de l’ampleur depuis les années 2000, et qui pousse par exemple une femme à consulter un charlatan, pseudo cheikh, pour régler ses problèmes de couple ou de santé.

    «  Alger la Blanche  » décatie

    Le film montre aussi la coexistence permanente du beau et du laid. D’un côté une baie splendide, une lumière méditerranéenne extraordinaire (ce n’est pas un mince exploit que de l’avoir restituée). De l’autre, une ville déglinguée, de plus en plus anarchique avec ses immeubles qui tombent en ruine, ses façades lépreuses, ses habitants déguenillés ou habillés sans goût, plongés dans une acculturation dont ils n’ont plus conscience, à l’image de leurs tee-shirts de marques occidentales contrefaites ou de ces antennes paraboliques omniprésentes. Le moche et le vulgaire semblent avoir pris possession d’une capitale dont la blancheur légendaire n’est, comme le dit un personnage, réhabilitée (du moins en partie) qu’à l’occasion de la visite d’un chef d’État étranger. Les Terrasses montre Alger qui souffre, abandonnée à son sort, à l’image d’une Casbah qui tombe en ruine et que, demain, certainement, des promoteurs immobiliers aujourd’hui en embuscade transformeront en un nouveau Dubai City avec ses tours de verre et d’acier et ses climatiseurs, symboles obligés de la modernité et de «  l’émergence  » économique. En regardant le film et ses plans sur la ville, on se dit que Merzak Allouache a aussi voulu figer les images d’une ville paradoxale dont le caractère décati forge aussi sa beauté et sa personnalité. Une sorte de dernier témoignage, livré au moment où un équilibre fragile précède la bascule vers un chaos définitif. Lequel, à l’image de ce qui se passe au Caire, obligera les maîtres du pays à ressortir des cartons les divers projets pour la construction d’une nouvelle capitale.

    La fête dans la tempête

    Faut-il pour autant désespérer d’Alger, de ses habitants et même de l’Algérie  ? Ce qui frappe dans Les Terrasses, c’est le refus du tragique grandiloquent, voire de la haine de soi dans laquelle excellent hélas quelques écrivains algériens de renom. Car la résistance est là. L’Algérois survit et se bat, bien qu’il procède lui-même de son propre accablement. Ainsi, les jeunes musiciens du film n’ignorent rien de leur environnement, ils s’y adaptent. Ils réfléchissent à la manière de pratiquer leur art et de résister à la marchandisation générale comme ces «  tentes du ramadan  », coûteux spectacles sponsorisés par de grandes entreprises privées ayant désormais pignon sur rue dans l’ex-économie du socialisme spécifique. Sur les terrasses délabrées, il y a aussi de nombreuses plantes vertes. Certes, les pots sont hideux et hétéroclites, les tiges malingres, mais elles poussent. Elles sont l’emblème d’une vie qui continue, symbolisée par un mariage fêté sur une terrasse par un petit concert, de chaabi, cette musique intrinsèquement algéroise à laquelle Allouache aime rendre hommage. La scène est d’ailleurs emblématique du film puisque le concert se déroule de nuit alors qu’il vente et que la pluie menace. La joie avant une nouvelle tempête  ?

    Akram Belkaid  12 juin 2015
     
     
    http://orientxxi.info/lu-vu-entendu/les-terrasses-de-merzak-allouache-chroniques-d-une-algerie-deglinguee,0934
  • Bref rappel de l’affaire Si Salah (Le Matin.dz)

    Le colonel Si Salah voulait dialoguer avec De Gaulle pour la fin de la guerre.

    Le 10 juin 1960 a eu lieu une rencontre entre le conseil de la wilaya IV historique, conduit par son chef, le colonel Salah Zaamoum et le général de Gaulle. Le colonel Si Salah voulait dialoguer avec De Gaulle pour la fin de la guerre.

    Mise à part l’histoire officielle qui n’en fait nullement mention, cette affaire donne lieu à deux versions antinomiques. La première, de surcroît simpliste, fait état de la trahison pure et simple du conseil de la wilaya IV et l’autre, plus raisonnable, relate les faits en les rapprochant autant que faire se peut de la réalité.

    De toute évidence, bien que le discours du 16 septembre 1959 – où le général de Gaulle parle du droit du peuple algérien à l’autodétermination – ait un poids considérable dans le processus de la prise de décision, il n’en demeure pas moins que les raisons sont davantage endogènes à la révolution algérienne. En fait, la mésentente entre le conseil de la wilaya IV et l’organisation extérieure atteint son paroxysme vers janvier 1960.

    Lors du conseil de wilaya, Si Salah reproche amèrement au GPRA son mutisme aux appels de détresse qui lui sont lancés par les maquisards de l’intérieur. Dans un rapport rédigé par Boualem Seghir, les chefs de la W4 dressent un tableau noir de la situation. «Le peuple a trop souffert… Le peuple est en voie de nous abandonner», constatent-ils. Selon Gilbert Meynier, dans "Histoire intérieure du FLN", "ce fut à qui fulminerait le mieux contre le GPRA et les planqués de l’extérieur qui avaient abandonné les combattants à leur triste sort."

    Cependant, à l’époque des faits, la révolution vit au rythme d’une crise interne sans précédent. En effet, sous le règne des 3B (Belkacem Krim, Abdelhafid Boussouf et Abdellah Bentobbal), la révolution allait à vau-l’eau. Cela dit, bien que les organismes issus du CNRA (16 décembre 1959 – 18 janvier 1960), lui-même précédé de la réunion des dix colonels (11 août – 16 décembre 1959), soient un pur dosage entre les forces en présence, une décision capitale est tout de même prise : le retour des forces combattantes, stationnées aux frontières marocaine et tunisienne, à l’intérieur du pays. Ce qui correspond, de façon sous-jacente, aux desiderata des combattants intérieurs.

    Hélas, le CNRA commet une erreur irréversible en confiant le commandement militaire unifié à Houari Boumediene. Alors que les maquis de l’intérieur sont pris en étau, le chef de l’état-major général se projette dans l’après-guerre. Du coup, ne voyant rien venir, le conseil de la W4 revient à la charge, en mars 1960, en accusant les chefs extérieurs d’opportunistes. «Les vieux griefs contre Boumediene le voleur d’armes resurgirent à propos d’un contingent de 17000 armes promises à la 4 et qui auraient été accaparées par la 5 et l’armée des frontières du Maroc», écrit Gilbert Meynier.

    Ce sont, sans doute, ces divergences internes qui ont motivé les combattants de la wilaya IV de se rendre à l’Élysée en vue de rencontrer le général de Gaulle. "Nous ne voulons plus que notre million de martyrs serve de slogan publicitaire… en connaissance de cause et en qualité de responsables des combattants, il nous est plus permis de laisser mourir un seul Algérien en plus. Dans l’intérêt supérieur du peuple et de l’armée de libération, il est urgent de cesser le combat militaire pour entrer dans la bataille politique", écrivent les membres du conseil de la wilaya IV.

    Enfin, dans son ultime tentative d’infléchir la position du GPRA, Si Salah écrit une lettre, le 15 avril 1960, dans laquelle il se montre intransigeant. "Vous avez interrompu radicalement tout acheminement de compagnie et de matériel de guerre depuis 1958… Nous ne pouvons plus en aucune manière assister les bras croisés à l’anéantissement progressif de notre chère ALN", écrit-il.

    Concomitamment à ces remontrances, le conseil de la W4 noue des contacts avec des responsables français. Prenant les choses au sérieux, le général de Gaulle envoie deux émissaires : Bernard Tricot et le colonel Mathon. Après moult conciliabules, ces rencontres aboutissent à la rencontre du 10 juin 1960 à l’Élysée. Enfin, bien qu’ils jugent leur démarche responsable, les chefs de la wilaya IV demandent à ce que leur accord soit soumis au GPRA ou à l’approbation des chefs historiques emprisonnés.

    Pour conclure, il va de soi qu’une action séparée, dans un mouvement de libération nationale, est improductive. Cela dit, si jamais une telle action devait être condamnée, il faudrait condamner les causes qui l’ont produite aussi. Enfin, s’il y a un point sur lequel les membres du conseil de la W4 ne sont pas trompés, c’est la mise à nue du système militarisé se profilant à la fin de la guerre. Du coup, condamner de façon simpliste leur action revient à cautionner l’emprise du groupe de militaires sur la souveraineté nationale.

    Boubekeur Aït Benali

    Par Le Matin | 11/06/2015 09:23:00

    http://www.lematindz.net/news/17678-bref-rappel-de-laffaire-si-salah.html

  • Algérie : 500 employés sans salaire depuis 3 mois à Tamanrasset (Afriques en lutte)

    A l’orée du mois de Ramadhan, les travailleurs de l’ENOR (Entreprise nationale d’exploitation de l’or) à Tamanrasset, se retrouvent sans salaire.

    Pas moins de 500 employés travaillant dans les zones aurifères d’Amesmassa (500 km à l’extrême sud du chef-lieu de la wilaya) n’ont pas perçu leur rétribution depuis au moins trois mois, a-t-on appris des travailleurs. Malgré les grèves et les mouvements de protestation organisés, depuis plus de 90 jours, leur situation n’a toujours pas connu son dénouement. Pire encore, six employés parmi les 400 grévistes ont été « abusivement licenciés » par la direction de l’entreprise.

    Ce qui n’est pas sans susciter l’indignation et la colère des employés qui ont sollicité l’intervention du wali et l’Amenokal de l’Ahaggar, Edaber Ahmed, pour résoudre ce problème qui n’a que trop duré. « La décision de licenciement, qui ne repose de surcroît sur aucun motif légal, a été prise injustement », fulmine Mohamed Meradi. Père d’une fille âgée d’à peine cinq ans, Mohamed, hanté par le cauchemar du désœuvrement, ne sait plus comment faire pour couvrir les dépenses de sa famille.

    Il n’est pas le seul à ressentir ces appréhensions après avoir tiré le diable par la queue, puisque cinq de ses collègues ont subi le même sort. En signe de solidarité, les employés de l’ENOR en appellent aux plus hautes autorités du pays pour réintégrer leurs collègues limogés qui n’ont vraisemblablement le tort que de dénoncer les graves dépassements impliquant les gestionnaires de l’entreprise, pour laquelle des enveloppes faramineuses ont été allouées dans cadre de son plan de redressement, affirment les employés.

    A les croire, 2,9 milliards de centimes ont été alloués par le Comité participatif de l’Etat (CPE) pour remettre sur les rails cette société qui s’embourbe dans des difficultés financières depuis 2011. Toutefois, cette enveloppe, dénoncent-ils document à l’appui, n’a profité qu’à « certains cadres véreux qui ont d’abord procédé à la révision de la convention collective et la grille des salaires pour s’offrir des rémunérations mirobolantes, avant de passer des commandes en violation du code des marchés ».

    Le premier magistrat de la wilaya, Mahmoud Djemaâ, leurré sur les véritables problèmes ayant motivé les employés à investir la rue, dit avoir saisi le ministère de tutelle pour faire la lumière sur cette affaire qui a, faut-il le rappeler, nécessité le déplacement du DG de l’Enor et du PDG de Manal, en avril dernier, pour tenter de convaincre les employés à renoncer à leur mouvement de grève. Cependant, c’était peine perdue puisque les grévistes, motivés principalement par le changement du staff dirigeant et la délocalisation du siège de la DG d’Enor vers Tamanrasset, n’ont pas lâché prise.

    La direction régionale de l’ENOR a appris à son tour que la grève a été gelée la semaine dernière et que les employés ont, à l’exception des licenciés, repris leur travail. A la question sur les salaires bloqués depuis 3 mois et les irrégularités enregistrées au sein de l’entreprises, notre source qui a parlé sous couvert de l’anonymat s’est contentée de préciser : « Seuls les travailleurs qui ont procédé à un mouvement de grève illégal sont concernés par cette situation. Les autres salariés ont tous perçu leur rémunération à temps. Pour ceux qui disent détenir des preuves incriminant l’administration, ils n’ont qu’à saisir la justice. »

    Source : El Watan

    http://www.afriquesenlutte.org/afrique-du-nord/algerie/article/algerie-500-employes-sans-salaire

  • La majorité des harkis est restée et n’a pas été tuée (La Marseillaise)

    Avec « Le Dernier tabou », le journaliste Pierre Daum signe un nouvel ouvrage explosif sur l’histoire de la guerre d’Algérie. 

    Après Immigrés de force, les travailleurs indochinois en France (1939-1952), et Ni valise ni cercueil, les Pieds-noirs restés en Algérie après l’indépendance, le journaliste Pierre Daum signe chez Actes Sud Le Dernier tabou, les harkis restés en Algérie après l’Indépendance un nouvel ouvrage qui questionne le passé colonial de la France.

    Qu’est-ce qui vous a conduit à consacrer ce livre aux harkis qui témoigne d’une réalité plus complexe que celle communément admise par la mémoire collective ?

    Cette nouvelle enquête s’inscrit dans le fil de mon précédent travail sur les pieds-noirs restés en Algérie après l’Indépendance. Elle permet de complexifier notre connaissance du passé colonial français en Algérie qui parfois reste figé sur certaines idées reçues. Mon travail sur les pieds-noirs m’avait permis de fissurer un des piliers du discours des nostalgiques de l’Algérie française qui martèlent qu’à l’Indépendance c’était « la valise ou le cercueil ».

    Avec cette nouvelle enquête, je fais exploser un deuxième pilier de leur discours selon lequel la France gaulliste aurait lamentablement abandonné en 1962 les harkis à la vengeance du FLN qui les aurait « massacrés » jusqu’au dernier. Je montre que ce ne fut pas le cas, et que la majorité des « harkis » est restée vivre en Algérie, sans y être tuée. Issus de la paysannerie, écrasés par une misère renforcée par la guerre après 130 ans d’oppression coloniale, ces hommes sont retournés dans leurs villages où les sociétés paysannes se sont retrouvées à devoir recoller les morceaux.

    Qui appelez-vous « harkis » ? Quel était leur nombre ?

    Au départ je pensais me concentrer sur les harkis au sens premier du terme, c’est-à-dire des supplétifs de l’armée française. Au total, les différentes catégories de supplétifs de l’armée françaises comptaient 250 000 hommes adultes. Au cours de mon enquête, je me suis rendu compte que les supplétifs (civils avec des fonctions militaires) n’avaient pas été les seuls à porter l’uniforme français pendant la guerre.

    Il y avait également des militaires de carrière intégrés à l’armée française comme dans toutes les armées coloniales (50 000 hommes), ainsi que les appelés algériens du contingent (120 000 hommes). La conscription s’appliquait en effet aux jeunes d’Algérie comme de métropole et, dans une Algérie façonnée par 130 ans de colonisation, l’idée très ancrée que les Français étaient «ceux qui gouvernent» a conduit l’immense majorité des jeunes de 18 ans à répondre à l’appel du service militaire.

    À tous ceux-là, j’ai ajouté les notables algériens ouvertement pro-français : maires, caïds, conseillers généraux, etc. Leur nombre est évalué à 30 000. En tout, ce sont donc 450 000 hommes adultes algériens qui se sont retrouvés à un moment ou à un autre du côté des Français.

    Ce chiffre que vous avancez provoque la fureur des deux côtés de la Méditerranée. Pourquoi est-il selon vous le « dernier tabou » de la guerre comme l’annonce le titre de votre ouvrage ?

    Pour des raisons différentes. En Algérie, le simple fait d’avoir collecté ce chiffre en confrontant toutes les sources -ce que d’autres auraient pu faire- a créé un scandale. J’ai été attaqué par le ministre des Moudjahidine car mon livre contredit le discours officiel selon lequel le 1er novembre 1954, le peuple algérien se serait soulevé tout entier contre la puissance coloniale.

    Ceux qui ont pris les armes n’étaient qu’une minorité. Ils n’en sont que plus admirables. En France, le scandale c’est de dire que de nombreux harkis sont rentrés au village sans se faire « mas- sacrer ». Cela met en fureur les associations de rapatriés et de harkis dont le discours est conditionné par les idéologues de l’Algérie française. Mais les harkis rapatriés en France -qui y ont été scanda- leusement mal traités- forment une petite minorité : 25 000 hommes au maximum, auxquels s’ajoutent leurs familles. C’est bien là la révélation de mon livre : sur 450 000 Algériens qui ont combattu du côté de la France, une majorité est restée et n’a pas été tuée. Ce qui n’efface pas les milliers d’assassinats de « harkis » en 1962, dans une situation de chaos politique et de justice populaire expéditive.

    Comment s’est déroulée l’après-guerre d’Algérie pour cette majorité de harkis qui n’a pas été passée par les armes ?

    La première année a été très douloureuse. Certains ont subi la torture, l’emprisonnement, des travaux forcés. Ensuite, leur réintégration aux sociétés paysannes traditionnelles s’est souvent accompagnée d’une cruelle relégation sociale. Aujourd’hui encore, alors que le peuple paysan algérien est progres- sivement sorti de l’extrême pauvreté, on constate que les harkis et leurs enfants ont tendance à avoir été maintenus dans cette misère originelle.

    Quelles étaient les motivations des harkis de l’époque ? Soixante ans après le début de la guerre que vous en ont dit les témoins que vous avez retrouvés ?

    Mon enquête confirme des travaux antérieurs qui depuis une dizaine d’années ont complètement démonté cette fausse idée selon laquelle les harkis se seraient massivement engagés par amour du drapeau tricolore, par patriotisme, voire par désir de maintenir l’Algérie française. Ce discours est tenu depuis 50 ans par différents groupes sociaux.

    D’abord par les nostalgiques de l’Algérie française, mais aussi en miroir par toute une partie de la gauche et de l’extrême gauche françaises qui ont un rapport très suspicieux vis-à-vis des harkis qu’ils considèrent comme des traîtres, ce qui est aussi le point de vue de l’histoire officielle algérienne. Dans les médias algériens, je n’hésite pas à dire que finalement, le regard porté par les officiels algériens sur les harkis est exactement le même que celui des anciens de l’OAS.

    En réalité, les motivations principales des harkis étaient la pauvreté et la façon que l’armée française avait de mouiller certaines familles dans les villages aux yeux d’un FLN qui n’hésitait pas à pratiquer une violence aveugle. Les harkis, que j’ai retrouvés dans soixante villages différents, témoignent de cet aspect terriblement pervers de l’oppression coloniale. La France a placé des millions d’Algériens dans une situation telle que la seule solution pour donner à manger à leur famille ou pour se soustraire aux menaces du FLN était de frapper à la porte de la caserne française.

    Comment analysez-vous le rapport de suspicion qui existe encore aujourd’hui dans la gauche anti-coloniale à l’égard des harkis ?

    Il résulte selon moi d’une erreur de compréhension de la complexité de la guerre d’Algérie. La grille de lecture de la Seconde Guerre mondiale et de l’Occupation nazie, avec le clivage collaboration-résistance, a été plaquée à tort sur la guerre d’Algérie. Les harkis de 1954 ne sont pas les collabos de 1940, parce que leurs motivations n’étaient pas idéologiques. à l’issue de mon enquête, j’ai compris que les harkis constituent les ultimes victimes de la colonisation française en Algérie.

    Entretien réalisé par Léo Purguette jeudi 4 juin 2015 13:42

    http://www.lamarseillaise.fr/culture/livres/39308-la-majorite-des-harkis-est-restee-et-n-a-pas-ete-tuee#.VXBBbNMd82c.facebook

    Lire aussi El Watan:

    http://www.berberes.com/histoire/5424-pierre-daum-journaliste-auteur-de-le-dernier-tabou-les-harkis-restes-en-algerie-apres-l-independance

  • Les harkis, le dernier tabou", de Pierre Daum (Le Matin.dz)

    Des dizaines de milliers de harkis étaient engagés au côté de l'armée française.  

    Des dizaines de milliers de harkis étaient engagés au côté de l'armée française.

    Ce livre démontre qu’il y a encore des anciens harkis qui vivent encore en Algérie.

    Il bat en brèche la tapageuse campagne menée depuis un demi-siècle par les nostalgiques de l’Algérie française qui ressassent jusqu’à la nausée le massacre massif de ces hommes engagés aux côtés de l’Armée contre le FLN/ALN.

    Eh oui, tous les harkis restés en Algérie ne sont pas éliminés, tués, massacrés, trucidés. Les témoignages recueillis dans ce livre par Pierre Daum en sont les meilleures preuves. Les maquisards de l’ALN ne sont pas tous ces méchants égorgeurs, non. Le mensonge savamment entretenu par les porte-voix de la colonisation et leurs relais dans la presse a touché ses limites.

    "A l’issue de cette longue enquête, j’ai acquis la conviction que la plupart des «harkis» sont restés en Algérie sans y être tués (…) Reconnaître ce fait historique oblige en France à s’extraire radicalement de la vision imposée depuis 50 ans, qui affirme que tous ceux qui sont restés se sont fait «massacrer», payant de leur sang leur "amour du drapeau français". Toujours selon ce discours, ces hommes et leurs souffrances seraient la preuve de la légitimité de la présence française en Algérie (puisque tant de "musulmans" ont défendu l’Algérie française", écrit en conclusion Pierre Daum, auteur déjà de "Ni valises ni cercueil" qui retrace la vie de ces pieds-noirs restés en Algérie et paru en 2012.

    L’auteur commence son livre avec une longue et riche introduction historique. Pierre Daum bouleverse les idées entendus et distillées ici et là. D’abord, il n’y a aucune directive du FLN visant à tuer les harkis. Ensuite le chiffre de 10 000 harkis tués pendant l’été 1962. Il n’y a aucune source qui vient étayer le nombre exact de harkis tués. Mais au-delà de la guerre des chiffres il est important de rappeler que la situation des Algériens était autrement des plus préoccupantes en cette première année de l'indépendance.

    Pierre Daum écrit en parlant des autorités algériennes et françaises que "ni les uns ni les autres ne se sont préoccupées des harkis". Aussi dramatique que pouvait être en effet la situation de ces hommes qui ont choisi (ou ont été poussés) l’armée française, il est manifeste que, pour les nouveaux responsables de l’Algérie, l’urgence était ailleurs. Elle dépassait celle d’une communauté, par ailleurs qui avait choisi son camp. Outre les sanguinaires commandos de l’OAS qu’il fallait neutraliser, il y avait la prise en charge des milliers de prisonniers libérés et les autres milliers de civils libérés des camps de regroupement. Sans oublier la guerre sourde d’abord puis frontale entre les moudjahidine de l’intérieur et l’armée de l’extérieur. La tâche des nouvelles autorités algériennes était immense. Le constat est, certes, vrai, mais le contexte est des plus compliqués et la situation trouble, notamment pour les Algériens.

    Le livre de Pierre Daum est épais, dense, plus de 500 pages entre analyses des sources et la soixantaine de témoignages recueillis auprès d’anciens harkis, vivant toujours en Algérie. Le mérite de ce livre-enquête est qu’il ne prend pas de raccourcis, traquant toutes les hypothèses et autres assertions sur les harkis, autant d'approximations, voire de mensonges devenus avec le temps des "vérités" pour nombre de personnes. Chiffres et sources croisés à l’appui, Pierre Daum analyse et met sur la table les éléments d’information disponible sur ces supplétifs de l'armée française. A l'indépendance, ces hommes et leurs familles ont été oubliés par ceux qui les avaient engagés à leur côté.

    L’auteur écrit que sur les 40 500 harkis à qui l’armée française a proposé différentes options, "21000 ont demandé à être licenciés avec prime, 1000 se sont engagés, 2000 ont souscrit au contrat de six mois, 1500 ont demandé à venir en France avec leurs familles et 15000 sont rentrés chez eux sans demander à bénéficier des dispositions prévues en leur faveur".

    L’auteur avance, argument à l’appui, que la majorité des harkis a choisi de rester en Algérie. Cependant un demi-siècle plus tard, renversement de tendance, les anciens harkis et leur descendance font des mains et des pieds pour quitter l’Algérie. L’administration française est assaillie de demande de nationalité. Des centaines de dossiers d’Algériens se réclamant harkis arrivent sur les bureaux. Certains ont la haine recuite contre ce qu’ils appellent le fellaga, d’autres essayent de tirer un trait sur ce passé lourd à porter.

    Même si l’auteur aurait pu se passer de certains détails qui n’ajoutent en rien à l’importance du livre, "Le dernier tabou, les harkis restés en Algérie après l’indépendance" demeure comme l’un des meilleurs titres sur cette question qu’on refuse d’aborder avec la sérénité nécessaire encore en Algérie.

    La plaie, laissée par la participation de ces hommes à la guerre contre le FLN/ALN, n’est pas pansée et les éléments d’explication, d’études et d’analyse non encore mis en place par les Algériens et pour les Algériens. Ce travail est à mener comme celui de la réappropriation de l’histoire nationale.

    Kassia G.-A.

    "Le dernier tabou, les harkis restés en Algérie après l'indépendance", chez Actes sud.

    Par Le Matin | 01/06/2015 15:01:00

    http://www.lematindz.net/news/17581-les-harkis-le-dernier-tabou-de-pierre-daum.html

  • Algérie. Les enfants migrants clandestins malgré eux (CI)

    http://www.atlasinfo.fr/photo/art/default/7213324-11071701.jpg?v=1417045282

    De plus en plus de mineurs prennent la route de la migration seuls ou avec leur famille et vivent dans la précarité, privés de leurs droits les plus élémentaires. Le reportage du quotidien algérien El-Watan.

     

    Immobile sur le seuil de la porte de chez lui, Nacer, 5 ans, tend l’oreille. “Mes amis sont dehors, je vais jouer !” s’exclame-t-il à l’adresse de sa mère, Thérèse, assise à l’intérieur. Indécis, le garçon aux grands yeux bruns et au sourire désarmant de malice ne bouge pas, scrutant les alentours de sa “maison”, le squat de Bouchbouk, à Dély Ibrahim [banlieue ouest d'Alger]. Thérèse, dont le garçon a hérité le sourire, ne le quitte pas du regard, tout en rangeant son intérieur. Une table basse, quelques chaises, une télévision et un réfrigérateur.

    L’on devine la présence d’une salle d’eau de l’autre côté. La pièce, dont les panneaux de séparation sont peints en bleu électrique, est certes exiguë, mais propre. L’enfant y déboule comme une tornade et en ressort aussitôt en courant. “Ne cours pas dans les escaliers Nacer, fais attention !” crie, affolée, sa mère. Et à raison. Les marches, nues, sont en colimaçon et donnent directement sur le vide. “Il y a souvent des accidents, des chutes. Mon fils est d’ailleurs tombé plusieurs fois, mais heureusement ça n’a jamais été trop grave”, relate-t-elle. Des rires d’enfants qui jouent se font entendre. Le quartier résidentiel, où les villas imposantes côtoient les chantiers, est calme.

    Dans ce squat, une carcasse de villa inachevée, ils sont ainsi, entre allées et venues, quelque 400 à s’entasser et à se croiser dans les petits espaces des trois étages. Parmi eux, des dizaines d’enfants grandissent sans se départir de leur insouciance. A l’échelle nationale, ils sont des milliers de mineurs, victimes impuissantes de la folie et de la haine des “grands”, ou involontairement otages des aspirations de leurs parents à une “vie meilleure”. Noyés dans la masse que l’on nomme “les migrants”, il n’est pas aisé de savoir combien vivent dans la clandestinité sur le sol algérien, privés de leurs droits les plus élémentaires.

    Dans les locaux du service social intercontinental Rencontre et développement, l’on reçoit une moyenne de 15 à 20 migrants par jour. En 2013 par exemple, ce réseau a dû prendre en charge quelque 870 migrants subsahariens, issus de 25 nationalités différentes. Parmi eux, plus de 200 étaient mineurs à leur arrivée en Algérie, dont une quarantaine, en général des demandeurs d’asile, étaient des enfants seuls. Contrairement aux réfugiés, le statut de ces enfants ne leur ouvre le droit à aucune aide ou prise en charge formelle. Pourtant, dès leur plus jeune âge, ils sont confrontés à toutes sortes de violences.

    Le cycle des injustices ne fait que commencer

    La première étant la migration et la traversée en elle-même. “L’on sous-estime les épreuves que ces personnes, et a fortiori les plus jeunes, ont dû traverser avant d’arriver ici”, rappelle Imène, de Médecins du monde. Les récits font d’ailleurs froid dans le dos. Lorsqu’ils arrivent, enfin, à Alger, c’est dans un état de fatigue et de désespoir extrême, et au prix de mille traumatismes et profonds stigmates.

    “De nombreux cas d’abus ont été signalés, même s’ils sont souvent tus. Il n’est pas rare que l’un d’eux ne préfère pas raconter dans le détail ce qui lui est arrivé”, affirme Hamid, de Rencontre et développement. “Il y a par exemple ce cas d’une migrante et de ses quatre enfants. Un gendarme lui a demandé 10 000 DA pour passer, sans quoi elle devait lui laisser son aînée, une fille de 13 ans”, s’indigne-t-il, écœuré. “Il a fallu l’intervention d’un autre Algérien, dégoûté, qui lui a donné la somme demandée”, poursuit-il.

    Mais il y a plus grave. “Même si elle ne le raconte pas, l’on sait qu’une fillette qui avait à peine 11 ans à l’époque a été enlevée, puis forcée à la prostitution, puis vendue et rachetée, avant d’être ‘libérée’ par l’une de ses compatriotes”, confie un travailleur dans l’humanitaire. Et le cycle des injustices ne fait que commencer pour ces enfants, et ce même lorsqu’ils naissent sur le sol algérien.


    “Ici, c’est le restaurant ! Bienvenue en Côte d’Ivoire !” lance-t-on à la cantonade. En fait de restaurant, il s’agit d’une petite pièce aux murs à la peinture défraîchie. L’odeur de nourriture et d’épices sature l’air confiné. L’espace, pourtant très réduit, sert de chambre à coucher, de salle de séjour et de cuisine-restaurant, comme en attestent les réchauds et les grosses marmites autour desquels s’affaire une dame en tablier.

    Des piles d’affaires s’entassent ça et là, tandis que plusieurs matelas et paillasses sont empilés tout autour de la pièce sombre. Assis en face d’une télévision, des enfants semblent hypnotisés par les aventures de l’universelle Dora l’exploratrice. Ils répètent à l’unisson ce que leur héroïne martèle. “Chut ! Doucement, vous allez le réveiller !” ordonne Dominique, en désignant la petite tête brune qui dépasse d’une couverture. “J’ai quatre enfants. L’aîné a 12 ans tandis que le dernier, celui qui dort là, a 1 an”, dit l’Ivoirienne, qui vit en Algérie depuis plus de deux ans.

    En dépit des conditions de vie précaires qui sont les leurs, les femmes sont nombreuses à fonder une famille, malgré tout. “En 2014, pour les seules villes d’Alger et d’Oran, nos équipes ont enregistré 114 naissances dans les communautés migrantes”, avance Imène, de Médecins du monde. “Cela peut paraître incompréhensible au vu de leur situation. Mais c’est justement leur précarité qui rend précieuse une naissance. De même, les femmes considèrent qu’enfanter est une protection”, explique-t-elle. “Elles vivent dans des milieux de violence, et que cela soit dans leur communauté, dans la rue face aux passants, ou encore vis-à-vis des forces de l’ordre, elles sont rassurées d’avoir des enfants”, tente-t-elle d’analyser. Même si cette idée reçue est constamment contredite, certaines pensent qu’un enfant né sur le sol algérien pourra leur faciliter, un tant soit peu, une régularisation de leur situation. Si les familles s’agrandissent, la gestion de ces grossesses et de ces naissances n’est pas une sinécure.

    Accès aux hôpitaux ou centres de soins interdit

    Médecins du monde aspire ainsi, à travers un programme dédié à cet effet, à permettre à ces femmes de porter leurs enfants et de les mettre au monde dans les meilleures conditions possibles. N’était la sensibilisation, et parfois même le forcing des bénévoles de l’ONG, rares seraient les structures hospitalières à les accueillir. “Il y a encore quelque temps, il arrivait souvent que l’accès aux hôpitaux ou centres de soins leur soit interdit. Il est même arrivé que le personnel soignant, craignant d’avoir des problèmes avec les autorités, appelle les services de sécurité”, rappelle Imène, qui se réjouit que soient dispensés les suivis de grossesse, carnets de vaccination et autres soins pré- et postnatals.

    L’autre casse-tête que provoquent ces naissances est la reconnaissance des enfants et leur identification. “Avant, elles ne recevaient qu’une attestation d’accouchement. Les enfants n’avaient donc aucun document établissant leur identité. Aujourd’hui, et après moult explications et orientations, un extrait de naissance leur est délivré à la mairie”, explique-t-elle. Seulement, cela n’épargne pas à certains petits des imbroglios, comme ceux dont les parents sont entrés en Algérie sous une fausse identité. “De même, les couples ne sont généralement pas mariés et n’ont, de ce fait, pas de livret de famille. Ils sont donc affiliés à la maman et non au papa”, ajoute-t-elle.

    Au-delà des conditions de vie et de l’insécurité du présent, l’avenir est le spectre commun. La plus grande inquiétude des parents est la scolarisation de leurs bambins. “Non, je ne vais plus à l’école. Avant de venir ici, j’étais en 2e année. Et ça me manque. Mes copines aussi me manquent.” Cynthia, au milieu de l’agitation des adultes du squat de Bouchbouk, est silencieuse. Assise devant des dessins animés, elle est indifférente au brouhaha alentour.

    Malgré sa jolie robe, la fillette ne sortira pas de la journée. “Je ne fais rien de particulier de mes journées. Je regarde la télévision, je joue parfois”, dit-elle doucement, en ajoutant qu’elle s’ennuie souvent. Les enfants de ce squat ne vont pas à l’école ou à la maternelle. Pourtant, le ministère de la Solidarité nationale avait annoncé, il y a quelques mois, que tous les mineurs sur le sol algérien devaient être scolarisés. “Après avoir pris connaissance de cette sortie médiatique, j’ai entamé les démarches, et ce en demandant une autorisation spéciale auprès du ministère de l’Education nationale”, indique Mireille, mère de deux fillettes, dont l’aînée a 6 ans.

    “On m’a dit que c’était trop tard, et que je devais réessayer avant la rentrée prochaine”, poursuit-elle. Toutefois, l’un des écueils de taille que rencontrent les enfants subsahariens dans ce volet est le problème de la langue. “Ils sont majoritairement francophones, voire anglophones ou lusophones. Faire des études en arabe leur semble inconcevable ou trop difficile”, estime Imène, de Médecins du monde. Reste alors l’établissement de Descartes ou encore les écoles privées, hors de prix. “Rien que pour la scolarisation de 10 enfants, dont 4 en crèche, et en comptant les formations professionnelles, nous avons déboursé 3 millions de dinars [27 000 euros]”, expliquent Sihem et Hamid, du service social intercontinental Rencontre et développement.

    Ce qui est peu au vu du nombre d’enfants en âge d’aller à l’école. “Le nombre d’inscrits dépend des budgets dont nous disposons. En 2013 par exemple, ils étaient 54 migrants à bénéficier de cette prise en charge, dont 23 enfants scolarisés”, ajoutent-ils. Ce qui n’est, malgré tous les efforts de la société civile, qu’une goutte d’eau dans le désert. Alors, quel avenir pour ces enfants ? “Il est clair que nos conditions de vie sont difficiles. Mais il faut aussi comprendre que si nous arrivons à faire avec, c’est tout simplement parce que ‘chez nous’ c’était pire...”, souffle, le regard vague, Fabrice, père de deux enfants. “Nous faisons de notre mieux pour leur prodiguer amour et protection. Mais je n’ai pas de réponse à cette question. La solution est entre les mains des décideurs et des autorités”, conclut-il, amer. En attendant, le petit Nacer, la petite Cynthia et tant d’autres tentent de vivre leur enfance, privés de tout. Et une question prend à la gorge. Lancinante, têtue : et si ces enfants avaient été algériens sur un sol étranger ?

    Auteur Ghania Lassal Publié le 08/06/2015 - 07:47

    http://www.courrierinternational.com/article/algerie-les-enfants-migrants-clandestins-malgre-eux

  • 13 mai 1958, campagne anti haïk en Algérie (Babzman)

     

    Le 13 mai 1958 débute une campagne d’occidentalisation (c’est le terme employé par les médias de cette époque) et visant la femme algérienne.

    Le pouvoir colonial aidé par la population européenne veut, par la contrainte et la force, obliger la femme algérienne à se débarrasser du haïk, voile traditionnel, symbole de l’identité et de l’histoire du pays, porté depuis des lustres par la gente féminine algérienne.

    S’en suit des actes de menaces, de renvoi des femmes musulmanes de leur travail ou des actes délibérés d’arrachage de voile sur la voie publique par la population européenne. Sous les cris de joie et du slogan «vive l’Algérie française» martelé à l’envie par les Européens. On assiste à des scènes de prosélytisme barbare où des femmes musulmanes sont exhibées sur des podiums improvisés pour les dévêtir de leur voile et le bruler ainsi sur la voie publique.

    Le haïk est bien plus qu’un symbole culturel bien encré dans la société algérienne, c’est également une arme efficace contre l’occupant. Pendant la guerre d’Algérie et notamment lors de la bataille d’Alger, cet accoutrement a permis aux femmes de transporter au péril de leur vie des armes et des bombes destinées aux combattants algériens afin de mener des actions armées contre les forces de l’occupant. Ce vêtement a donc été un moyen d’émancipation et de combat pour les femmes algériennes et qui leur a permit de s’engager pleinement dans le processus de libération du pays.

    Frantz Fanon, psychiatre en 1953 à l’hôpital psychiatrique de Joinville (Blida) est né le 20 juillet 1925 à Fort-de-France en Martinique. Héros de la lutte antinazie en 1943 et figure de proue du combat contre le colonialisme et pleinement engagé pour l’indépendance de l’Algérie évoque dans son livre « Sociologie d’une révolution » le fait que le haïk de la femme algérienne était un des enjeux de la guerre libération.

    «Convertir la femme, la gagner aux valeurs étrangères, l’arracher à son statut, c’est à la fois conquérir un pouvoir réel sur l’homme et posséder les moyens pratiques, efficaces, de déstructurer la culture algérienne…Chaque voile qui tombe, chaque corps qui se libère de l’étreinte traditionnelle du haïk, chaque visage qui s’offre au regard hardi et impatient de l’occupant, exprime en négatif que l’Algérie commence à se renier et accepte le viol du colonisateur».

    Il est fort intéressant de faire un parallèle avec l’actualité brulante d’aujourd’hui et le débat prégnant qui secoue actuellement la société française. Le voile pose problème et interpelle le monde occidental. La campagne de mai 1958 en Algérie en est une illustration, elle a été menée par les mêmes qui gouvernent aujourd’hui la France. Le parti socialiste est hégémonique, colonialiste et le restera, même si la parure ou l’étiquette change.

    Le hijab, ou voile islamique, foulard musulman s’est donc imposé ces dernières années comme un symbole. Il se positionne en balise entre le dedans et le dehors, le montré et le caché, le visible et l’invisible… mais, porté par des jeunes françaises issues de l’immigration maghrébine, il devient un signifiant polysémique, qui donne à voir autant qu’il cache. Le voile met l’accent sur un conflit identitaire plus que religieux.

    Il semble pertinent de mettre en exergue le caractère relativement universel de la symbolique que l’on dénote à travers le port du voile. En effet, quelles que soient les obédiences et les traditions, on retrouve sous le voile l’idée de la Vérité, de la connaissance cachée ou révélée. Le dévoilement a une valeur initiatique et révélatrice et par conséquent ne relève pas du corps législatif ou décisionnaire.
    « Rien ne se trouve voilé qui ne doive être dévoilé» (Mathieu, 10-26)
    « Tu restais indifférent à cela. Et bien, Nous ôtons ton voile, ta vue est perçante aujourd’hui». (Coran, Sourate El kaf, verset 22)

    13 mai 2015
    Akim Koceir

    http://www.babzman.com/2015/13-mai-1958-campagne-anti-haik-en-algerie/