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Algérie - Page 24

  • Tizi Ouzou: Célébration du 17e anniversaire de l’assassinat de Matoub Lounès (Algeria Watch)

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    Rien n’a changé, ou presque, 17 ans après l’assassinat du chanteur engagé, Matoub Lounès. Son nom et son combat vibrent toujours dans le cœur de milliers d’Algériens venus hier en nombre à Ath Douala (Tizi Ouzou), son village natal, pour assister à la commémoration de son assassinat.

    Sur les réseaux sociaux, la photo du présumé assassin du Rebelle, Malik Medjnoun (acquitté en mai 2012 après 11 ans de détention), en compagnie de Nna Aldjia, mère de Lounès et Malika Matoub, sa sœur, est une preuve, pour beaucoup d’internautes, que la lumière sur l’assassinat de Matoub est loin d’être faite. Malgré la maladie, sur une chaise roulante, Nna Aldjia a tenu à être présente lors du dépôt de la gerbe de fleurs au lieu de l’assassinat, à Tala Bounan.

    S’en est suivie une prise de parole de Malika Matoub qui a appelé tous ceux qui croient au combat de Matoub «à se mobiliser autour de la fondation Matoub Lounès afin de l’aider à faire la lumière sur son assassinat». De son côté, Aziz Hamdi, membre de la Fondation qui s’est vu refuser, l’année dernière, l’autorisation de l’organisation de commémoration du Rebelle par la wilaya d’Alger, rappelle qu’une projection du film documentaire, Le Rebelle, réalisé par la BBC en 1996, sera organisée après le mois de Ramadhan à l’Institut français d’Alger.

    Meziane Abane El Watan, 26 juin 2015

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/just/matoub/17e_anniversaire_assassinat.htm

  • Algérie: «Karkabou», cette autre drogue qui fait des ravages (Algeria Watch)

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    De plus en plus de jeunes algériens, que ce soit des filles ou des garçons, jeunes et moins jeunes, parfois à l'école primaire, s'adonnent à l'usage de la drogue, préviennent les acteurs de la société civile et les services de la sécurité. Une bonne partie de notre jeunesse consomme différents types de drogues aujourd'hui, qu'elles soient dures ou douces. Les drogues les plus consommées par nos jeunes ont parfois des appellations connotatives. L'on cite el Hamra, Batman, superman, cafard, Bkhrour, Madame courage, Madame la pharmacienne, essence, BRI, ainsi que d'autres appellations qui nous renseignent sur les caractéristiques de chaque substance, qui en finalité vous donne des portraits différents des personnes qui sont sous l'emprise de ces drogues.

    La liste est longue, mais celle qui est en vogue actuellement, selon le professeur Mustapha Khiati, président de la Forem, c'est la drogue appelée « Karkabou ». Intervenant, jeudi dernier, au forum de la Sûreté nationale à l'école Ali Tounsi à Alger, le professeur Khiati a précisé que cette drogue qui arrive du Maroc est en fait un mélange de résine de cannabis et de produits chimiques. Et de préciser que ses effets sur le cerveau et sur le corps sont désastreux. Il précise encore que ses effets sont similaires aux effets provoqués par la consommation de l'héroïne et de la Cocaïne. Le professeur Khiati a présenté, comme à chaque occasion, des chiffres « approximatifs » sur la consommation de la drogue dans le milieu scolaire, en attendant l'enquête qui devrait être réalisée par l'office nationale de lutte contre la drogue et la toxicomanie dans les établissements scolaires, durant le 1er semestre 2016.

    Le Pr khiati a indiqué que 7,75 % des collégiens et 1,27 % des collégiennes consomment, ou ont déjà consommé certaines drogues. Et 18,77 % des lycéens et 2,21% des lycéennes consomment ou ont déjà touché à la drogue.

    A l'université, 27 % des étudiants et 6 % des étudiantes la consomment. Bien évidement, ces chiffres sont vagues ; l'enquête réalisée par la FOREM, ayant concerné des lycées et des collèges de l'est d'Alger, s'est basée uniquement sur un simple interrogatoire. Sachant aussi que parfois, les jeunes trouvent amusant d'affirmer qu'ils consomment de la drogue et parfois d'autres consommateurs nient en avoir consommé par peur de représailles ou par discrétion.

    Mais le plus intéressant dans cette enquête réalisée par la FOREM est de savoir que 81 % des filles et 75 % des garçons interrogés aux collèges et lycées n'ont jamais assisté à une conférence sur la drogue et ses conséquences ni vu un film de sensibilisation sur la drogue.

    Justement, en cette Journée mondiale de lutte contre les drogues et la toxicomanie, les services de la Sûreté nationale, présidents d'associations et experts ont, cette fois-ci, voulu parler de la prévention au lieu de s'arrêter aux chiffres qui ne cessent d'augmenter au fil des années. Ils se sont dits convaincus que, parfois, le témoignage d'une jeune victime de la drogue est plus significatif que n'importe quel chiffre.

    Le témoignage d'un jeune garçon consommateur d'héroïne diffusé par vidéo au forum de la Sûreté nationale, jeudi dernier, était poignant. Il a affirmé que la dépendance à l'héroïne est beaucoup plus grave que d'autres drogues dites douces ; avec le temps, c'est elle qui tient les rênes de ta vie : « je vous assure que je n'ai pas pris une douche complète durant deux années consécutives, je n'arrivais pas à le faire, je ne voulais pas prendre une douche , je me contentais d'une petite toilette car mon état de santé n'a cessé de se dégrader, l'héroïne est destructive, je pouvais bien commettre un crime sans m'en soucier ou plutôt sans m'en rendre compte», a-t-il relaté.

    Une autre jeune fille a affirmé lors de son témoignage qu'elle a commencé de consommer de la drogue à l'âge de 14 ans : « J'étais une bonne élève mais, après une simple tentation avec un ami, je suis devenue accro et depuis j'ai abandonné mes études, je suis devenue une autre personne, j'ai jamais imaginé arriver à ce point ». Ces deux jeunes ont décidé aujourd'hui d'être les maîtres de leur propre personne; ils ont décidé de suivre des cures de sevrage. Les services de la sécurité ont appelé la société civile, notamment les parents, à s'impliquer davantage dans la lutte contre la consommation de la drogue, avant que leurs enfants ne s'engouffrent dans le monde de la drogue et commettent des crimes. Aujourd'hui, nous disposons de 32 centres intermédiaires de désintoxication et deux centres spécialisés dans le sevrage pour ceux qui veulent sortir de l'engrenage de la drogue.

    A titre indicatif, les services de la police, de la gendarmerie et ceux des douanes ont saisi 550 tonnes de drogues de différents types au cours des trois dernières années, sans parler du volume des drogues qui a été commercialisé ou consommé.

    par M. Aziza, Le Quotidien d'Oran, 27 juin 2015

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/eco/soc/drogues_ravages.htm

  • Cela s’est passé un 25 Juin 1998, Assassinat de Matoub Lounes (Babzman)

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    Le Rebelle, le cardinal de la chanson kabyle, le symbole, le martyr… Matoub Lounes était le roi de la chanson engagée. Il a été assassiné, dans un faux barrage, le 25 juin 1998.  

    Matoub Lounes ou Lwennes AthLounis est né à Taourirt Moussa, un village de la daïra de Beni Douala au cœur de la wilaya 3, le lundi 24 Janvier 1956, soit une année et demie après le déclenchement de la guerre de libération, une guerre qui a beaucoup influencé l’adolescent, puis l’artiste.

    Petit garçon, il aime particulièrement le retour des moudjahidines au village et suit leurs traces partout. Il fabrique des pistolets et des mitraillettes de fortune et se voit déjà en vaillant moudjahid. À 6 ans comme la plus part des enfants de son âge, il a rejoint l’école primaire de Taourirt Moussa puis l’école des pères Blancs a Beni-Douala. Très bon élève dès le début de sa scolarité, Matoub est aussi attiré par la musique. A neuf ans, il fabrique une guitare avec un bidon d’huile. Il apprend par cœur les chants traditionnels que chante sa mère Nna Aldjia. Matoub vit dans la même région que Chikh El hasnaoui, Slimane Azem et Cherif Hammani. Il fait plusieurs kilomètres à pied pour assister à leurs galas.

    Son père étant émigré en France, Lounes le remplace dans ses tâches, notamment aux assemblées du village, Tajmaat, et s’impose dans toutes les affaires, ce qui le rend adulte avant l’heure. Durant les années 1970, alors que sa famille déménage aux Issers, dans la wilaya de Boumerdes, Lounes va au lycée de Bordj Menail. A cette période, il commence déjà à s’engager pour la cause berbère. Son engagement lui vaut beaucoup d’inimitié au sein de son lycée, surtout après s’être opposé à l’arabisation. Suite à un incident avec le gardien de l’internat qui a tenu des propos anti amazigh, Matoub Lounes est contraint de quitter les bancs de l’école. Il s’inscrit pour une formation en mécanique générale au CFPA de Bord-el-Bahri, à Alger, mais quitte le centre au bout de quelques mois pour passer son service militaire à Oran où l’attend une nouvelle vie. D’abord, il voit de près le régionalisme et le rejet de la culture Amazigh.

    Il est plus que jamais convaincu de la justesse de ses positions. Lors du conflit algéro-marocain, en 1975, Matoub Lounes refuse d’aller combat aux frontières, ce qui lui vaut une comparution au tribunal militaire. En 1977, il quitte l’Algérie pour la France. Prenant exemple sur Chikh Hadj M’hamed El Anka, Slimane Azem, Chikh El-Hasnaoui et Dahamane El-Harrachi, il tente de se faire un nom au sein de la communauté algérienne émigrante en France. Il est très vite remarqué par la diva H’nifa et Idir. Ce dernier l’encourage à enregistrer son premier album en 1979. « Ay Izem » est une composition de chansons folkloriques Kabyles avec des touches modernes (synthétiseur, et batterie), une première dans la chanson kabyle. Matoub obtiendra le disque d’or suite au nombre de cassettes vendues.

    A l’âge de 23 ans, il devient l’enfant prodige de la Kabylie. Il anime un gala à guichet fermé à l’Olympia, en avril 1980, juste après les événements du printemps berbère. Sur scène, il rend hommage à l’initiateur de l’événement et ose prononcer le mot Amazigh dans ses chansons, un mot tabou durant cette période. Matoub Lounes se fait un nom parmi les grands militants algériens, à coté de Mouloud Mammeri et Kateb Yacine qui le surnomme « le maquisard de la chanson kabyle ».

    Matoub continue à se produire régulièrement, accompagnant les événements politiques du pays : le combat identitaire, la démocratie, la lutte contre la montée de l’intégrisme islamiste, un combat qui a faillit lui faire perdre la vie. Durant les manifestations d’octobre 1988, alors qu’il se rend à à Ain Hammam pour distribuer des tractes appelant à la grève et à la solidarité, un gendarme ouvre le feu sur lui, il est criblé de balles. Après deux années d’hospitalisation et de nombreuses opérations, Matoub réapparait un album intitulé «L’ironie du sort », puis un autre en 1991 « Regard sur l’histoire d’un pays damné », un album dans le style châabi pur, jugé très mature d’un point de vue artistique. En 1992, il sort un autre album où il rend hommage au président Boudiaf récemment assassiné. L’année d’après, il rend hommage à Tahar Djaout dans l’album « Kenza ».

    Cette même année, il anime des spectacles à Montréal et à San Francisco, invité par la communauté Afro-indienne. Il sera honoré par la pose d’une plaque commémorative à l’université de San Francisco. En 1994 Matoub Lounes vit de nouveau un autre cauchemar. L’artiste est kidnappé par un groupe terroriste, le 26 Septembre, non loin de Beni Douala. Le GIA revendique le rapt, mais le chanteur est miraculeusement libéré après 16 nuits de séquestration, suite à une forte mobilisation nationale et internationale. Il répondra à ses ravisseurs par un album mûr, structuré et très engagé, intitulé « Assirem » (L’espoir). Se disant témoin de son temps, Matoub reçoit le Prix de la mémoire collective, le 6 décembre 1994, à la Sorbonne, en France. Son nom résonne dans les grandes capitales occidentales.

    En 1995, il reçoit le premier prix de la liberté d’expression par l’agence Sky, au Canada. Cette même année, il publie son autobiographie, « Rebelle » (Ed. Stock, 1995). Deux plus tard Matoub atteint le sommet de son art. Il signe un album châabi, « Au nom de tous les miens », inspiré du livre de Martin Gray qui porte le même titre que l’album. Matoub qui a marqué toute une génération par ses textes engagés, ses chansons d’amour, son amour pour la patrie quittera la vie un jeudi 25 Juin 1998. Accompagné de son épouse et ses deux belles sœurs, il quittera le restaurant « Concorde » à Tizi-Ouzou, à 13 heures. Sur le chemin du retour vers Beni Douala, il tombe sur un faux barrage. Il est encore une fois criblé de balles. Mais cette fois-ci, il ne s’en relèvera pas. Matoub Lounes sera inhumé dans son village, le 28 juin 1998. Plus d’un millions de personnes l’accompagneront à sa dernière demeure. Son dernier album sortira le 5 Juillet 1998, soit 11 jours après son assassinat.

    Le succès est encore une fois au rendez-vous d’un opus jugé exceptionnel, qualifié de chef d’œuvre même. Le titre phare est une chanson sur la musique de l’hymne national Qassamen. Interdit de vente, l’album se vend pourtant à des milliers d’exemplaires. Disparu à 42 ans, après 20 ans de carrière, Matoub Lounes laissera derrière lui un répertoire de 28 albums, un livre et beaucoup de citations. Il demeure, aujourd’hui encore, un symbole pour son engagement et son talent.  

     Il disait : « La terre est  ma patrie, l’humanité est ma famille ….. Je préfère mourir pour mes idées que de mourir dans la lassitude ou de vieillesse dans mon lit …… toutes et tous pour une Algérie meilleure » 

    AZIZ HAMDI  

    http://www.babzman.com/2015/cela-sest-passe-un-25-juin-1998-assassinat-de-matoub-lounes/

  • Voyage d’affaires : l’« alacrité » néocoloniale de Hollande en Algérie (Npa)

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    La visite éclair de Hollande à Alger lundi15 juin a été pour beaucoup d’entre nous l’occasion de mesurer l’humour cynique de Hollande...

    Celui-ci a commenté ses deux heures de réunion à huis-clos avec Bouteflika, cloué sur sa chaise roulante et incapable de s’exprimer en ces termes : « Il m’a donné l’impression d’une maîtrise intellectuelle, d’une capacité de jugement et même c’est rare de rencontrer un chef d’État qui a cette alacrité, cette capacité de jugement »... Caractériser l’état de Bouteflika d’« état de vigueur et de vitalité, souvent mêlé de bonne humeur et d’entrain » relève d’un grand mépris, une fois de plus affirmé, du dirigeant de l’ancienne puissance coloniale.

    Celui-ci est venu en fait pour discuter avec les réels dirigeants de l’Algérie, jamais élus, des intérêts géostratégiques et économiques de la France dans la région, en confortant au passage le pouvoir politique algérien qui collabore à ses projets. C’est comme cela que l’ont ressenti de nombreux AlgérienEs, mais visiblement très peu de médias français !

    Un néocolonialisme politique…


    En effet, Hollande a fait de cette visite un soutien politique au président moribond, marionnette entre les mains des réels dirigeants que le président français a aussi rencontrés : le général Toufik, chef du département du renseignement et de la sécurité (DRS) qui a choisi Bouteflika en 1999, et Ouyahia, le directeur du cabinet de la présidence.

    Car Bouteflika termine sa carrière comme il l’avait commencée en 1965 lors du coup d’État contre Ben Bella, en marionnette politique des dirigeants de l’armée algérienne. Et avec l’imprimatur de l’ancienne puissance coloniale en prime ! Alors que ce pouvoir politique est rejeté de la population, réélu en 2014 avec près de 50 % d’abstention déclarée (74 % de participation en 2009), il manie la répression contre les syndicalistes un tant soit peu indépendants et contre les mouvements sociaux, comme les chômeurs de Ouargla ou la population d’In Salah en lutte contre l’expérimentation de l’exploitation des gaz de schistes. Il impose une grande braderie de tout ce qui est commercialisable dans les ressources de l’économie algérienne.

    Un soutien bien évidemment intéressé pour les intérêts néo­colonialistes des représentants du capitalisme français. D’un point de vue géostratégique d’abord, car l’impérialisme français cherche à se faire reconnaître comme une puissance incontournable en prouvant ses capacités à ramener l’ordre en Afrique de l’Ouest. Or, depuis la chute de Khadafi, l’Algérie reste la seule puissance militaire régionale capable de peser dans une situation qui, de la Libye au Tchad ne cesse de s’enfoncer dans le chaos. Au Mali, c’est l’Algérie qui a pesé dans l’aboutissement des négociations diplomatiques qui permettront peut-être à l’armée française d’alléger son dispositif en aboutissant à des accords entre l’État malien et les rebelles. Cela vaut bien quelques concessions politiques de l’État français pour conforter le pouvoir algérien.

    … qui appuie les intérêts économiques de la bourgeoisie française


    D’autant que l’Algérie, bien que confrontée à des difficultés inquiétantes (chute des cours des hydrocarbures de 43 % lors des 4 premiers mois de 2015 qui font basculer une balance commerciale de l’excédent au déficit…) reste un pays qui connaît une croissance économique supérieure à celle de la zone euro. Cela en fait donc une cible pour les capitalistes. Alors que les entreprises françaises restent le premier partenaire économique de l’économie algérienne, depuis 2013 ,ce sont les entreprises chinoises qui leur ont raflé la position de 1er fournisseur, et depuis 2013, une entreprise algérienne, Cevital, a même réussi une politique d’implantation en France en rachetant des entreprises comme Oxxo (fenêtres en PVC) ou FagorBrandt (leader de l’électroménager).

    La visite de Hollande avait donc des objectifs économiques de VRP des grands groupes déjà présents comme Alstom, Sanofi, la RATP ou Renault, mais aussi de promouvoir des possibilités de nouvelles implantations pour Peugeot (dont le dimensionnement ne correspond pas aux attentes du pouvoir algérien) ou Total dans l’exploitation des gaz de schiste, cela  malgré les dénégations officielles de l’État français. Hollande se veut aussi, en Algérie comme ici, le défenseur des PME françaises, cela sans parler des éventuels contrats d’armement militaire qu’il place méthodiquement de l’Inde au Qatar en passant par l’Arabie saoudite.
    Tout cela vaut bien une petite déclaration hypocrite, en se disant que le ridicule ne tue pas. Mais c’est peut-être sans compter sur la mémoire des « sans-dents » qu’Hollande méprise tant, qu’ils soient en France ou en Algérie.

    Cathy Billard

     
  • L’État algérien en question (Orient 21)

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    Dès son arrivée à Alger le 15 juin, François Hollande a rappelé les raisons de sa visite de deux jours à un président hors d’état de gouverner : « La France est le premier partenaire économique de l’Algérie, entend le rester et entend même encore développer sa présence ». Pour Mustapha Baba-Ahmed, auteur de Algérie : l’heure de vérité pour la gouvernance, la situation de crise économique et de leadership du pays ne peut plus durer.

    L’heure de vérité a-t-elle sonné pour le régime algérien  ? Et pour reprendre le vocabulaire des corridas, est-il à la veille de sa mise à mort  ? C’est la question que pose Mustapha Baba-Ahmed, auteur de Algérie : l’heure de vérité pour la gouvernance et ancien haut fonctionnaire du ministère des finances à Alger qui connaît de l’intérieur les rouages d’un système dont l’opacité est la meilleure défense. Il se décrit comme un technocrate choqué par les «  gaps de plus en plus béants  » entre «  le discours et la réalité économique  » du pays.

    Sa démonstration, implacable, remonte à la source du mal : la mauvaise gouvernance. «  L’État, sujet de droit  » auquel il consacre tout un chapitre, a posé des règles trop étrangères à la réalité du pays et à la rationalité que, de plus, il ne respecte pas parce que la souveraineté a été confisquée par les dirigeants et que le peuple n’a pas son mot à dire.

    Faciliter à tout prix l’accès à la rente pétrolière

    Entre 1962 et 1977, l’Algérie s’est dotée d’une économie de commandement, dominée par le secteur public et fermée sur l’extérieur. Le marché n’y jouait pour ainsi dire aucune rôle ou presque.

    La soif de pouvoir et l’ivresse de la fortune ont fini par chambouler l’État algérien, faisant du partage de la rente pétrolière l’élément fondamental de la vie politique nationale. Cette quête forcenée édulcore le droit jusqu’à l’enterrer, comme on a pu le voir récemment à l’occasion de procès anti-corruption à grand spectacle1 qui s’acharnent sur les lampistes et disculpent au préalable et en catimini les coupables. Le président du tribunal criminel près la cour d’Alger l’a reconnu publiquement : «  un petit juge ne peut rien contre un ministre…  » En clair, les institutions chargées d’appliquer les lois sont bridées, neutralisées, châtrées dans le seul but de faciliter l’accès à la rente pétrolière (plus de 70 milliards de dollars en 2012). On en bénéficie légalement à cause de sa position, et à ce titre on la gaspille pour garder le pouvoir en achetant l’aval de la population, son approbation du statu quo. Ou on met la main dessus illégalement par la corruption et le détournement, avec la complicité des puissants de l’heure.

    L’auteur, qui avait terminé son travail à l’été 2014, c’est-à-dire avant l’éclatement de la crise pétrolière, distingue trois groupes qui accèdent à la rente pétrolière :


    - les entreprises qui gagnent beaucoup d’argent simplement parce que l’argent coule à flots  ;
    - les amis, bien en cour, sont assistés sur tous les plans pour développer leurs affaires dans un cadre bureaucratique complaisant  ;
    - des millions d’Algériens bénéficient enfin de transferts sociaux massifs, surtout s’ils habitent le centre du pays.

    L’essence, l’électricité, l’eau, le gaz, la terre, sont bradés à des tarifs sans commune mesure avec leur coût et accentuent les inégalités sociales sous prétexte de les combattre. Et les plus gros consommateurs sont, bien sûr, les plus gros bénéficiaires.

    Au détriment des pauvres

    Cet État qui n’est ni régulateur, ni entrepreneur, est en vérité surtout mystificateur. Il met par exemple en avant les «  besoins sociaux de la population  » sous prétexte de ménager les plus pauvres pour refuser toute réforme alors que, comme Mustapha Baba-Ahmed le démontre, les plus pauvres (40 % des Algériens) ne bénéficient en réalité pas de ces subventions tant vantées.

    On a tenté de le réformer à deux reprises. En 1989, après une révolte populaire, il y a une lueur d’espoir vite étouffée au nom de «  la défense de la République  » contre l’insurrection islamiste. Dès le printemps 1991, les réformes économiques sont enterrées et les élections libres ajournées. En 1994, sous la pression de l’extérieur dont l’aide est incontournable, Alger reprend le chemin des réformes — au moins économiques. Mais dix ans plus tard, Abdelaziz Bouteflika referme le couvercle et présidentialise à outrance le régime grâce à un afflux inattendu et sans précédent de devises qui ne doit rien à sa politique. Au contraire, la production pétrolière et surtout gazière baisse parallèlement sans que les ministres successifs ne réussissent à redresser la barre.

    L’Algérie, comme les autres pays exportateurs d’hydrocarbures, gaspille l’aubaine au lieu de mettre à profit une conjoncture qui risque de ne jamais revenir. Mais «  l’ère de l’énergie chère est finie  », avertit l’auteur et «  l’économie algérienne est en péril  ». Un changement politique et de politique s’impose pour sauver le pays «  des turbulences et recompositions que traversent le monde arabo-musulman  ».

    Une réflexion s’impose aussi pour établir un scénario de baisse significative de la rente pétrolière. Mustapha Baba-Ahmed propose un chiffrage puisé aux meilleures sources qui montre l’ampleur et l’urgence de la tâche qui attend les responsables algériens. Ce diagnostic ne plaira pas à tout le monde à Alger et l’on ne manquera pas de souligner qu’il y manque une thérapeutique. Mais en soumettant l’État algérien à la question, son livre est un cri d’alarme qui devrait être entendu des deux côtés de la Méditerranée.  

    Jean-Pierre Séréni 23 juin 2015
     
  • Hommage à Maurice Audin, mathématicien algérien (Babsman + Npa)

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    Mort sous la torture le 21 juin 1957, à l’âge de 25 ans!

    Dimanche 21 juin en soirée, Canal Algérie consacre une émission sur le parcours de Maurice Audin, jeune mathématicen de 25 ans mort sous la torture, victime de la grande répression de 1957, appelée « Bataille d’Alger », menée par les 5 000 parachutistes déployés par le Général Massu à travers Alger et ses environs.
     
     On estime de 3 000 à 6 000  le nombre de personnes disparues au cours de cette période sanglante. Parmi les disparus, Maurice Audin.
     
    Canal Algérie projettera le film LA DISPARITION de François Demerliac suivi d’un débat qui réunit Pierre Audin, professeur de mathématiques, fils de Maurice Audin, Abdelmadjid Merdaci, professeur à l’université de Constantine et auteur, et Mohamed Rebah, chercheur en histoire et auteur.
    Mohamed Rebah

    Guerre d’Algérie : vérité pour Maurice Audin 


    Ce jeune mathématicien communiste avait été enlevé, torturé et assassiné par les parachutistes à Alger en juin 1957. Depuis cette date, aucune enquête n’a été menée pour connaître les circonstances exactes de cet assassinat et son auteur.

    Les lois d’amnistie l’empêchent, les archives du ministère de la Défense ont été « nettoyées » et les archives du général Aussaresses qui vient de mourir, chef des parachutistes et défenseur public de la torture, ne sont toujours pas publiques. Ce silence complice a duré jusqu’à la découverte en 2012 d’un manuscrit du colonel Godard, désignant Gérard Garcet comme l’auteur du crime. Toujours vivant, le parachutiste Garcet se tait...

    « L’honneur de ce gouvernement » ?
    Aujourd’hui l’affaire rebondit avec une question écrite du député Front de gauche François Assensi qui demande que « soient évaluées les responsabilités des dirigeants politiques de l’époque » et que soit reconnu ce « crime d’État ». La réponse du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian donne un certain espoir puisqu’il a pris l’engagement de « faire tout ce qui est en son pouvoir : ce serait l’honneur de ce gouvernement de contribuer à l’établissement de la vérité »... 
    Chiche ! Surtout quand on se rappelle que cette « sale guerre » coloniale qui a duré de 1954 à 1962, et dans laquelle ont été engagés des dizaines de milliers de soldats du contingent, a été initiée et largement dirigée par la SFIO et ses alliés de l’époque (Guy Mollet, Robert Lacoste, Francois Mitterand, etc.). Sans oublier le vote scandaleux des « pouvoirs spéciaux » à Guy Mollet par les députés du PCF le 12 mars 1956, vote qui va permettre l’envoie de 450 000 soldats en Algérie, d’étendre la répression avec son lot de tortures et de massacres.
    Il faudra attendre plusieurs mois pour voir le PCF s’opposer frontalement à cette guerre en exigeant de vraies négociations, tout en continuant à s’opposer au mot d’ordre d’indépendance et à exclure ses militants engagés dans le soutien pratique au FLN...

    Georges Villetin

    L'affaire Maurice Audin

    Mardi 1 Novembre 2011, mise à jour Jeudi 15 Mai 2014, 13:42

    A l'approche de la célébration du cinquantenaire de l'indépendance d'Algérie et de la commémoration du massacre du 17 octobre 1961, nous avons voulu donner la parole à Gérard Tronel, trésorier de l'Association Maurice Audin, qui milite pour la dénonciation de cet autre crime d' Etat qu'est l'enlèvement, la disparition, la torture et le meurtre de Maurice Audin, 25 ans, mathématicien et combattant pour l'indépendance de l'Algérie. Sans pathos mais avec détermination et acharnement, l'Association Maurice Audin lutte pour obtenir Vérité et Justice.

    C'est le 11 juin 1957 que les paras arrêtent et enlèvent sans aucun mandat, Maurice Audin, membre du Parti Communiste Algérien et combattant anticolonialiste. Il lui est reproché d'avoir hébergé Caballero, secrétaire du PCA, soigné par un autre militant communiste, le docteur Hadjaj. Le PCA étant alors interdit, Audin pouvait tomber sous le coup d'une accusation pour «reconstitution de ligue dissoute».

    Aucune condamnation, même par contumace, n'a été prononcée à l'encontre de Audin. Josette sa femme, ne le reverra jamais, son corps n'a jamais été retrouvé. Cette terrible histoire constitue, sur la base du récit qu'en fait sa veuve, la matière du livre de l'historien Pierre Vidal-Naquet*: L'Affaire Audin.

    Depuis 1957, Josette Audin, bien que persuadée de sa mort sous la torture, tente sans répit de retrouver la trace de son mari. Henri Alleg et le docteur Hadjaj, eux mêmes torturés, sont les derniers à l'avoir vu vivant, indéniablement soumis à la torture lui aussi.

    Aucune poursuite ne sera engagée, ni les tortionnaires ni les responsables politiques ne seront inquiétés; pire, ils seront blanchis. Malgré les aveux du sinistre Aussaresses.

    Josette Audin doit quitter l'Algérie à l'arrivée de Boumédienne**. Jusque là elle n'avait eu que peu d' informations sur l'activité du Comité Audin dont l'action se limitait à la France.

    Elle écrit des lettres aux autorités françaises, qui restent sans réponse; au mieux un simple accusé de réception!Elle dépose des plaintes qui aboutissent à des non lieu. Audin a été assassiné, mais ce crime d'Etat n'a toujours pas été reconnu par la France, et Maurice Audin n'est toujours pas réhabilité. Ce crime d'Etat est bâti sur une série de mensonges pour justifier une «évasion».

    Toutes les démarches effectuées auprès des gouvernements français successifs, de droite comme de gauche, sont restées lettre morte. Ce n'est que récemment que la sénatrice Nicole Borvo Cohen Seat a posé une question orale au Ministre de la Défense. Aucun parlementaire n'ose poser la question à l'Assemblée Nationale ou au Sénat; certainement par crainte de voir d'autres affaires du même ordre émerger si on permet à celle ci de sortir de l'ombre, d'avoir à rendre des comptes: «Qu'avez vous fait des nôtres?»

    Il faut imaginer, si tant est que ce soit possible, ce qu'a été, et ce qu'est encore la vie de Josette Audin

    à qui tout travail de deuil a été rendu impossible; ce qu'est celle de ses enfants et petits enfants, aux prises avec une manipulation de l'Histoire qui fait passer leur père et grand père pour un traître, lui qui était un combattant pour la liberté et le droit des peuples à disposer d'eux mêmes. Hommage et recueillement leur sont interdits. Josette Audin vit une situation comparable à l'attente du retour des survivants, une très longue attente dans la dignité. Un combat de plus en plus épuisant, solitaire, car les membres vieillissants du Comité Audin disparaissent.

    En 1957, le comité Audin a été impulsé par une poignée d'intellectuels, notamment de mathématiciens, Laurent Schwartz, Pierre Vidal-Naquet, Jacques Panijel, Luc Montagnier (qui a découvert le VIH), Madeleine Rebérioux. Au plus fort de la Guerre d'Algérie, le Comité a compté 2 à 3 milliers de membres d'horizons divers sans véritable débat sur le fond.

    L'historien Benjamin Stora, qui s'est aussi intéressé à cette affaire, ne peut cependant se départir d'une certaine ambigüité, lui pour qui, comme pour Camus, les Algériens étaient les Européens d'Algérie. (? note du blog)

    Il est très difficile de mobiliser autour de ce crime colonial: destruction des archives, mutisme des autorités françaises, disparition des écrits de Maurice Audin, aucune trace de ses tracts.

    Le vocabulaire est manipulé, les Algériens sont déshumanisés, on parle encore des évènements et non pas d'une guerre. Ce n'est que récemment que le gouvernement de Lionel Jospin a requalifié les évènements en Guerre d'Algérie, les crimes de guerre étant imprescriptibles. Il semble que la violence du discours conditionne la violence des actes. Espérons qu'il existe des possibilités d'envisager des actions pour connaître enfin la vérité sur la mort de Maurice Audin et le sort de tous les disparus de la Guerre d'Algérie.

    L'une des organisations a s'être réellement engagée en tant que telle est la CGT.

    Le slogan du PCF et du peuple français était «Paix en Algérie», ce qui n'impliquait pas clairement la revendication d'indépendance ni la reconnaissance du FLN comme interlocuteur.

    Maurice Audin est reconnu comme héros de la Résistance algérienne. Une place porte son nom à Alger-Centre, mais elle n'a officiellement été inaugurée qu'en 1970 et les tentatives de la débaptiser reviennent périodiquement.

    On en est réduit aux suppositions devant ce silence implacable des autorités françaises. Peut-être est il mort, admis sous un faux nom, à l'hôpital de Blida, où avait exercé Frantz Fanon jusqu'à son expulsion. Il y a environ 3 ans, lors d'une exposition organisée par la FNACA, un homme s'est approché de ma femme et lui dit: «Audin, celui là on ne l'aimait pas et il l'a payé!»

    Des témoins disposent sûrement d'informations mais se taisent.

    Malgré le découragement et la lassitude l'Association ne perd pas espoir, se référant à la reconnaissance récente de l'existence de fusillés pour l'exemple de la guerre de 1914 .

    On nous reproche de militer pour une seule personne. Mais c'est un cas tellement emblématique; à travers lui, c'est l'utilisation de la torture, c'est le crime d'Etat que l'on dénonce. Agir pour cette reconnaissance, c'est aussi agir pour connaître la vérité sur d'autres crimes d'Etat comme ceux de Henri Curiel, Ali Boumendjel, Mehdi Ben Barka et d'autres, notamment des Algériens.

    C'est tenter de réhabiliter ces femmes qui ont été elles aussi des héroïnes de la Résistance et qu'on laisse dans la misère, c'est mettre en lumière des militants comme Daniel Timsit, Henri Maillot ou Fernand Yveton, résistants français à la guerre d'Algérie.

    C'est ouvrir une brèche dans ce mur de silence, jusqu'à le faire tomber.

    On peut voir dans le cas Audin certaines similitudes avec l'Affaire Dreyfus, à la différence que le Capitaine Alfred Dreyfus , injustement condamné, a été réhabilité.

    Alors que le chef d'accusation contre Audin, s'il est peut être juridiquement fondé, ne justifie en rien le sort qu'il a subi: la détention, la torture et la mort relèvent de l'ignominie. Il était un homme à abattre, celui qui soutenait les étudiants algériens et défendait des positions anticolonialistes.

    Malheureusement, pas de J'accuse pour Maurice Audin. Ni Albert Camus, ni Jean-Paul Sartre n'ont voulu être le Zola de cette affaire.

    Pour rappeler le sacrifice de Maurice Audin, un prix Audin de mathématiques est remis depuis 2003 à deux lauréats, l'un exerçant en Algérie, l'autre en France. En mai 2012 ce prix sera décerné à la BNF. Nous espérons qu'à l'occasion du cinquantenaire de la fin de la guerre d'Algérie, un pas important pourra être fait vers la vérité sur la mort de Maurice Audin et de milliers d'Algériens tombés pour une Algérie indépendante et fraternelle.

    Nous avons besoin de la vérité avant que le temps ne permette à des négationnistes de falsifier cette histoire.

    Propos recueillis par Gisèle Felhendler et Bertold du Ryon

    Notes de la rédaction:

    * Pierre Vidal-Naquet, fondateur du Comité Audin, essentiel entre 1957 et 1963, dont les buts ont été repris par l'Association Maurice Audin en 2003.

    ** Houari Boumedienne, ministre de la Défense du premier Président Ahmed Ben Bella de 1962 à 1965, arrivé au pouvoir par un coup d' Etat militaire le 19 Juin 1965. Il a cherché à éliminer tous les Communistes restés en Algérie après la signature des accords d'Evian.

    http://www.npa2009.org/content/laffaire-maurice-audin

  • Le gaz de schiste en Algérie : un mouvement de contestation inédit (Algeria Watch)

    Hocine Malti, Parlement européen, Bruxelles, 4 juin 2015

    Conférence du groupe des Verts sur les hydrocarbures non conventionnels au Parlement européen '"Un point de vue extra européen : le cas de l'Algérie".

    La genèse

    Tout a commencé il y a une dizaine d’années quand l’Agence américaine de l’énergie a publié une étude dans laquelle l’Algérie était classée troisième au monde pour ce qui est des réserves de gaz de schiste, qu’elle avait estimées à près de 20 000 milliards de m3. Disons tout de suite que ce sont là des chiffres fantaisistes : la même agence, en utilisant les mêmes techniques d’appréciation, s’est trompée dans un rapport de un à cinq pour ce qui est des réserves de la Pologne. Pour la Californie, ce sont 96 % des réserves qu’elle avait annoncées qui n’existent pas en réalité. En Algérie, cela n’est cependant pas tombé dans l’oreille d’un sourd ; la compagnie nationale des pétroles Sonatrach, se fondant sur ces affirmations, a foré un premier puits de gaz de schiste en 2008.

    En parallèle, en 2010-2011, le gouvernement s’est rendu compte que l’Algérie n’attirait plus les investisseurs étrangers, en raison d’une loi sur les hydrocarbures qui était devenue un véritable repoussoir. Il décida alors de la changer. Il prit attache des compagnies pétrolières étrangères et entreprit avec elles ce que l’on peut considérer comme des négociations secrètes, dans le but de savoir quelles modifications elles souhaitaient. Elles « suggérèrent » que soit révisé le système de calcul de l’impôt et que soit autorisée l’exploitation du gaz de schiste. Ce que le gouvernement fit dans une nouvelle loi sur les hydrocarbures, entérinée par le Parlement en 2013.

    Les multinationales pétrolières ne se bousculèrent pas pour autant au portillon, car elles ne voulaient pas essuyer les plâtres, tant sur le plan technico-économique qu’au plan des relations avec les populations locales. Preuve en est que lors de l’appel à la concurrence pour l’attribution de permis de recherche de septembre 2014, aucun des dix-sept périmètres censés contenir du gaz de schiste ne trouva preneur. Sonatrach se lança alors seule dans le forage de puits d’exploration. Elle a réalisé, à ce jour (autant que l’on sache, car aucune information ne filtre à l’extérieur), sept à huit puits dont deux sur le permis de l’Ahnet (région d’In-Salah).

    La réaction de la population

    Dès que l’on sut, déjà en 2012, que la nouvelle loi sur les hydrocarbures allait permettre l’exploitation du gaz de schiste, un vent de protestation se mit à souffler sur l’Algérie. Les mouvements associatifs, des spécialistes pétroliers, des journalistes, des responsables politiques, des syndicalistes manifestèrent leur opposition à ce projet. Le mouvement de protestation s’amplifia en 2013, après la promulgation de la loi. Le Premier ministre tenta de calmer le jeu et fit notamment une déclaration, dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle est malheureuse : il dit que l’exploitation n’était pas prévue avant 2025, voire 2040, comme si le fait de reporter à plus tard la catastrophe la rendait plus acceptable. Il dit aussi que les produits chimiques utilisés lors de la fracturation hydraulique n’étaient pas plus nocifs que ceux dont sont imbibées des couches-bébé…

    À In-Salah, le mouvement de protestation de la population a été plus puissant que partout ailleurs. Parce que, non seulement le forage des deux puits programmés se déroulait, on peut dire aux portes de la ville (à 28 km à vol d’oiseau), mais aussi parce que des dizaines, voire des centaines d’autres puits suivront, dans le cas où il serait décidé d’exploiter le gaz contenu dans ce bassin géologique. L’opposition de la population d’In-Salah est d’autant plus légitime qu’elle souffre de traumatismes antérieurs. C’est dans cette région qu’ont eu lieu les expériences atomiques françaises des années 1960 et c’est ici aussi que se déroule une autre opération extrêmement dangereuse pour l’homme et son environnement, celle de la séquestration du CO2 dans le gisement de gaz de Krechba.

    Le face-à-face autorités-population

    La visite du ministre de l’Énergie, fin décembre 2014, pour inaugurer le premier puits allait mettre le feu aux poudres à In-Salah. Il s’en prenait violemment à la population qui, disait-il, avait montré par ses manifestations contre le gaz de schiste qu’elle voulait du mal à son pays et qu’elle allait en faire un nouvel Irak ou une nouvelle Libye. Dire cela à des gens connus pour leur pacifisme et qui, après tout, ne réclament rien d’autre que le droit à la vie…

    Depuis le 1er janvier 2015, c’est toute la population qui manifeste journellement, du matin au soir sur la place centrale de la ville qu’elle a débaptisée et qu’elle appelle Sahat Essoumoud (place de la Résistance). Il s’est constitué un collectif anti-gaz de schiste composé de vingt-deux membres qui veille à ce que le mouvement demeure pacifique, mais extrêmement ferme dans ses revendications. C’est là un fait inédit en Algérie, et ce pour deux raisons.

    C’est la première fois que l’on voit autant de femmes dans une manifestation de rue. Ailleurs à travers le pays, on ne voit d’habitude que des hommes et quelques rares femmes noyées dans la foule, alors que là il y a pratiquement autant de femmes que d’hommes. La seconde raison est que l’on a affaire à un mouvement citoyen sans motivations politiques ni matérielles. Cette foule ne dit pas « Bouteflika, dégage ! » et ne demande pas d’argent ou de privilèges particuliers. Et ça, le pouvoir ne sait pas traiter.

    Il sait comment casser un mouvement de contestation politique. Par la matraque, les gaz lacrymogènes, les arrestations, etc. Par la manipulation et l’infiltration du mouvement : il sait corrompre les leaders ou pousser à la violence les militants. Par le « clonage », en créant un mouvement parallèle, généralement plus extrémiste dans ses revendications affichées pour mieux torpiller l’action des mouvements d’origine. Toutes ces techniques ont été utilisées sans succès à In-Salah. Pour neutraliser un mouvement de contestation à motivation matérielle, le régime algérien sort quelques millions de dollars du Trésor public qu’il distribue aux contestataires et achète ainsi la paix sociale. À In-Salah, ce sont tour à tour le Premier ministre, le chef de la police, le chef de la région militaire qui se sont rendus sur place et ont tenté de calmer les ardeurs de la population. Laquelle rejette toute discussion et n’exige qu’une seule chose : que le président de la République proclame l’arrêt des forages.

    La contestation a pris une ampleur particulière au cours du premier trimestre 2015 . On a vu naître un peu partout à travers le pays des collectifs identiques à celui d’In-Salah, qui se sont fédérés au niveau national au sein d’un « collectif national Non au gaz de schiste ». Le 23 février, a été adressée au président de la République une demande de moratoire, accompagnée d’un argumentaire extrêmement bien fait dans lequel sont démontrés tous les dangers que comporte la technique de fracturation hydraulique utilisée pour extraire le gaz de schiste de la roche-mère ; les dangers pour la santé de l’homme mais aussi les risques de pollution du sol, du sous-sol, de l’air, de l’eau, notamment de la couche albienne qui recèle des dizaines de milliers de milliards de mètres cubes d’une eau fossile, accumulée là depuis la nuit des temps. Cet argumentaire relève également que l’exploitation du gaz de schiste est économiquement non rentable.

    Dans la demande adressée au président de la République, en sus de la promulgation d’un moratoire, il a été proposé qu’ait lieu un débat public, une confrontation d’idées entre les experts ayant préparé l’argumentaire qui y est joint et les spécialistes qui auraient préparé le dossier technique sur lequel s’est appuyé le gouvernement pour autoriser l’exploitation du gaz de schiste. À ce jour, aucune réponse n’a été donnée par le président de la République à cette requête.

    L’« assistance » américaine

    Constatant que le mouvement de rejet de l’exploitation du gaz de schiste se propageait rapidement à travers le pays et craignent que le « virus » n’atteigne le cœur de la Sonatrach, le pouvoir a fait appel à l’assistance des États-Unis. Le 18 février de cette année il fit inviter par l’IAP (Institut algérien du pétrole) un spécialiste « indépendant » américain qui vint à Alger exposer aux cadres supérieurs de l’entreprise nationale les bienfaits que cela procurerait à l’Algérie. Effectivement, ce spécialiste, Thomas Murphy, directeur du Penn State Marcellus Center of Outreach and Research, ne dit que du bien de la fracturation hydraulique, une technique qui serait, selon son expérience personnelle en Pennsylvanie, sans danger pour l’homme, pour la faune et pour la flore. Il ne fit qu’une seule recommandation, celle d’agir en toute transparence, car, dit-il, les masses populaires sont ignorantes de toutes les retombées positives que procure l’exploitation du gaz de schiste.

    Il faut savoir que le centre de recherches que dirige M. Murphy est chargé du suivi de l’exploitation du gisement de gaz de schiste de Marcellus, l’un des plus grands – si ce n’est le plus grand – aux États-Unis, et que participent au fonctionnement et au financement de ce centre pas moins de trois cents firmes, toutes intéressées à un titre ou un autre par l’exploitation du gisement. Que pouvait donc dire d’autre M. Murphy, si ce n’est louer les bienfaits de l’exploitation du gaz de schiste ? Le gouvernement connaissait évidemment ce « détail » : c’est en toute connaissance de cause qu’il fit appel à ce représentant d’un lobby, qu’il présenta comme un expert « indépendant ».

    Autre initiative américaine, la venue à Alger dans le courant de la première quinzaine de mars  2015 de Charles Rivkin, sous-secrétaire d’État aux Affaires économiques, qui fit une conférence de presse à l’ambassade des États-Unis, au cours de laquelle il déclara qu’il « n’avait pas de conseils à donner aux Algériens, mais qu’il fallait qu’ils sachent que, dans son pays, l’exploitation du gaz de schiste avait été créative d’emplois, que la technique utilisée était saine et sans dangers et que l’opération était rentable ». Puis il ajoutait que « les États-Unis étaient disposés à fournir à l’Algérie l’assistance technique nécessaire, si elle le désirait ». Venant de la part d’un représentant officiel de la première puissance mondiale, c’était là plus qu’un conseil donné aux Algériens, c’était un ordre.

    Pollution et hécatombe d’oiseaux

    Aujourd’hui, il est certain que la pollution est déjà là. Elle est partout : dans l’air, à la surface du sol et dans le sous-sol. Il n’est qu’à voir, pour s’en convaincre, ces images diffusées sur Internet de bourbiers laissés derrière eux par les exploitants, qu’il s’agisse de Halliburton ou des foreurs de la Sonatrach. Il y a de fortes chances que la nappe d’eau phréatique, utilisée par la population locale pour ses besoins personnels, soit déjà polluée ou en voie de l’être très bientôt.

    D’ailleurs des pigeons sont morts, des faucons sont morts, des volées de cigognes en migration sont mortes également. On ne connaît pas la raison exacte d’une telle hécatombe, très probablement la conséquence de la pollution des eaux et de l’air causée par les forages réalisés ou en cours dans la région. Connaîtra-t-on un jour la vérité ? Cela semble difficile, car les vétérinaires d’In-Salah ou des villes avoisinantes, sollicités pour procéder aux examens, analyses ou autopsies qui permettraient de déterminer les causes de ces morts, refusent de les faire. Ils craignent des représailles de la part des autorités dans le cas où ils viendraient à démontrer des liens de cause à effet entre les forages de gaz de schiste et ces disparitions d’oiseaux…

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/eco/gaz_schiste/intervention_malti_bruxelles.htm

  • Cour d'appel de Paris : La famille de Ali Mecili conteste le non-lieu (Algeria Watch)

    La famille d'Ali Mecili, opposant algérien assassiné par balle en plein Paris en 1987, a contesté jeudi devant la cour d'appel de Paris le non-lieu rendu en novembre 2014 par une juge d'instruction française et demandé que l'enquête reste ouverte.

    La cour d'appel, devant laquelle le parquet général a demandé la confirmation du non-lieu, rendra sa décision le 10 septembre. En exil en France depuis 1965, Ali Mecili, devenu avocat au barreau de Paris, avait été assassiné de trois balles au soir du 7 avril 1987, dans le hall de son immeuble, en plein centre de Paris. Sa famille a toujours accusé le pouvoir algérien ou les services secrets d'être impliqués dans la mort de cet opposant. Ali Mecili avait confié à ses proches, avant le crime, avoir été menacé à plusieurs reprises.

    «Fermer ce dossier, c'est admettre l'impunité pour les crimes politiques», a affirmé à l'AFP Annie Mecili, devant la cour d'appel où l'audience était à huis clos. Ali Mecili était porte-parole d'Hocine Aït-Ahmed. L'avocat avait joué un rôle important dans le rapprochement entre Aït Ahmed et l'ancien président de la République Ahmed Ben Bella. Aït Ahmed et Ben Bella avaient fondé en 1985 à Londres un front uni contre le président de l'époque, Chadli Benjedid.

    Deux mois après le crime, la brigade criminelle avait interpellé un suspect, Abdelmalek Amellou. Ce dernier avait été relâché après sa garde à vue et expulsé vers l'Algérie sur ordre du ministre de la Sécurité Robert Pandraud.

    Pour l'avocat de la famille Mécili, Me Antoine Comte, «l'empressement des autorités françaises à se débarrasser de ce suspect montre bien qu'il s'agissait d'une « affaire d'État»». L'enquête avait longtemps piétiné avant la délivrance en 2007 de deux mandats d'arrêts contre Abdelmalek Amellou et un diplomate algérien arrêté en août 2008 à l'aéroport de Marseille. Cette arrestation avait provoqué une crise diplomatique entre Alger et Paris. En 2010, le diplomate algérien avait bénéficié d'un non-lieu. «La complaisance des autorités françaises dans ce genre d'assassinat n'aboutit qu'à une chose, c'est qu'ils se reproduisent», a dénoncé Me Comte. Selon une source proche du dossier, le dernier non-lieu rendu par la juge constate que les multiples demandes de coopération internationale sont «demeurées vaines».

    par R. N., Le Quotidien d'Oran, 20 juin 2015

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/just/affaire_mecili/non_lieu_conteste.htm

  • Algérie. Moins de mosquées, plus de logements ! (Courrier International)

     

    “Moi, ça fait treize ans que j’attends un appartement. On m’a dit que j’aurai un trois-pièces fin décembre, inch Allah ! Et ce sont des milliers de familles qui attendent, comme moi, depuis des années. Je ne comprends pas !”

    C’est un voisin qui a lu dans la presse, comme moi, que le gouvernement venait d’embaucher 1 500 ouvriers de plus pour accélérer le chantier de la grande mosquée d’Alger [la construction d’une gigantesque mosquée, qui serait la troisième plus grande du monde, a été lancée par le président Bouteflika en février 2012]. Il n’a pas osé aller plus loin dans son commentaire. Voisin, d’accord, mais sait-on jamais ? Ecoute-moi, mon frère : “Dieu est beau et il aime la beauté”, mais pas la beauté à tout prix, pas au détriment de l’essentiel. Pour toi comme pour moi, les dépenses pour l’éducation et la santé passent avant l’achat de nouveaux meubles ou de vêtements luxueux, n’est-ce pas ?

    Ensuite, s’il y a une religion qui recommande la simplicité dans le rituel, c’est bien l’islam.

    Les mosquées doivent être dépouillées de toute fioriture qui risquerait de distraire le fidèle dans sa prière. La terre entière est une mosquée en ce sens qu’on peut prier partout pourvu que l’espace soit propre. Il y a des mosquées-cathédrales, mais c’est surtout pour l’espace et la décoration architecturale, qui a atteint des sommets dans l’art islamique. Alors, il y a les rois et les princes qui ont voulu laisser leur empreinte dans l’Histoire et qui ont donc dépensé sans compter pour glorifier Dieu à leur façon. Mais c’étaient des puissants à qui tout appartenait et qui ne faisaient pas de différence entre leur fortune personnelle et celle du peuple.

    Mais dans notre cas, c’est différent, puisqu’on n’a pas de roi.

    Enfin, pas tout à fait. Tu es d’accord avec moi si je te dis qu’il est plus logique d’accélérer les chantiers de logements, de barrages ou d’hôpitaux que celui d’une mosquée. Est-ce que tu me suis ? Donc, comme Dieu bénit chaque fidèle qui participe à l’édification d’une mosquée, les hommes ont cru qu’ils pouvaient s’acheter une conduite en donnant de l’argent, sans se poser la question de savoir si cet argent est propre, disons halal. Parce que, aujourd’hui, avec les intégristes, la religion se résume à halal ou haram, yajouz ou layajouz [licite ou illicite]. Code pénal pour analphabètes du religieux. Pour eux, c’est plus important d’entrer du pied droit dans la mosquée que de savoir si l’argent versé aux mosquées est propre ou pas.

    Suspicion

    Je n’accuse personne. Je dis simplement que l’Algérie a plus besoin aujourd’hui d’hôpitaux, de centres de dialyse, de chimiothérapie, d’écoles et de collèges, de bonnes universités que de grandes mosquées. Elle a plus besoin de maternités et de crèches que de services de gériatrie. N’y vois aucune allusion. C’est l’avis de tout le monde. C’est ce qu’on entend dans les mosquées. Est-ce que tu es d’accord avec moi ? D’une certaine manière, ceux qui font tout pour glorifier Dieu en grand spectacle ont complètement raté leur objectif, parce qu’on ne triche pas avec Dieu.

    Ils le savent, d’ailleurs, parce que les formules rituelles dans leurs discussions font souvent appel à des clichés du genre, “Dieu seul le sait”, “Dieu m’est témoin”, etc., mais ils oublient que Dieu est réellement omnipotent et qu’il sait tout. Donc ils peuvent tricher avec toi et moi, mais pas avec Dieu, tu comprends ? Dans les mosquées, on évite d’aborder la question, parce qu’il y règne une atmosphère de suspicion qui n’a pas lieu d’être. La mosquée perd de sa sacralité, le doute s’installe entre les fidèles, on s’épie au lieu de communier, on n’ose pas dire ce qu’on pense, on se retrouve à craindre les murs plus que Dieu. C’est vrai ou pas ?

    C’est vrai qu’aujourd’hui il y a une espèce de surenchère entre les hommes politiques. C’est à celui qui se montrera le plus près de la masse des fidèles, quel que soit son passé, quelle que soit sa morale. Savoir que des milliards vont servir à construire la troisième plus grande mosquée du monde quand les gens meurent à l’entrée des hôpitaux faute de soins, quand on va se soigner les dents en Tunisie et que pour un rien on débarque au Val-de-Grâce [où le président Bouteflika se fait soigner], ça fait un peu désordre, tu ne crois pas ? Alors bien sûr, au crépuscule de la vie, lorsque le sommeil tarde à venir, on se tourne vers Dieu, parce qu’on sait qu’on va le retrouver bientôt et on essaie de lui dire combien on regrette et qu’on aimerait tellement se racheter.

    Croyant

    On décide de lui offrir le plus grand des temples, comme au temps des idolâtres, avant que l’islam y mette fin. Ensuite, tout se mélange et on oublie que Dieu sait tout et qu’on ne peut lui raconter de boniments. Je ne sais pas si tu lis le Coran dans le texte. Je te propose ce verset (9/107) : “Il en est qui ont édifié une mosquée par rivalité et par impiété pour semer la discorde entre les croyants et faire de ce lieu le repaire de celui qui, auparavant, avait combattu contre Dieu et Son Prophète. Ce sont ces gens-là qui, aujourd’hui, viennent jurer de toute leur force qu’ils ne voulaient faire que du bien, alors que Dieu est témoin qu’ils ne racontent que des mensonges.”

    Tu es libre de penser ce que tu veux de mes élucubrations. Je voulais te faire partager mon doute sur la sincérité des hommes. Excuse-moi, mon frère. C’est ce que je pense et, si tu es vraiment croyant, prie Dieu pour qu’il accorde sa miséricorde, malgré tout, à tous ces gens, même s’ils continuent à nous prendre pour des imbéciles. Ai-je bien fait de dire tout cela [à mon voisin] ? Après tout, je ne le connais pas bien et je ne sais pas comment il va réagir. J’ai pourtant pris toutes les précautions pour faire en sorte de l’amener à réfléchir et à ne jamais prendre pour argent comptant ce que les hommes politiques racontent. Y suis-je arrivé ? Je n’en sais rien. J’aurais peut-être réussi à lui apprendre à être moins crédule.

    Publié le 17/06/2015 - 09:03
    Aziz Benyahia
    Publié le 20 mai 2015 dans Algérie-Focus (extraits) Alger

    http://www.courrierinternational.com/article/algerie-moins-de-mosquees-plus-de-logements

  • Projet de loi contre les violences faites aux femmes (Algeria Watch)

    Inquiétude et mobilisation du mouvement associatif

    Des animatrices du mouvement associatif sont actuellement en concertation pour définir les voies et moyens de faire pression sur le gouvernement afin de l’amener à adopter le projet de loi.

    Le mouvement associatif entend «presser» le Conseil de la nation et exiger qu’aucune concession ne soit faite. Le projet de loi relatif à la protection des femmes contre toutes formes de violences avait été adopté à la majorité par l’APN, début mars dernier. Pourtant, sa présentation au Conseil de la nation n’est toujours pas d’actualité.

    Pression sur les autorités

    Ce qui inquiète au plus haut point les réseaux de protection des femmes. «Nous sommes actuellement en concertation avec d’autres associations afin d’adopter une feuille de route et discuter des actions et démarches à suivre afin de faire pression sur les autorités», affirme ainsi Dalila Djerbal, membre du réseau Wassila.

    Ce projet de loi, tant discuté «a été soumis par le gouvernement au Conseil de la nation et attend d’être débattu», a précisé hier Tayeb Louh, ministre de la Justice et Garde des sceaux, afin d’expliquer «ce retard». «Nous ne sommes pas naïves. Au vu du chahut provoqué par l’adoption de cette loi, nous sommes conscientes des réticences qu’il y a autour de ce projet», explique Mme Djerbal. «Nous sommes étonnées et inquiètes de ce blocage et on ne cerne pas quel en est l’objectif», ajoute-t-elle.

    Et elle n’est pas la seule à être soucieuse de ce qui ressemble à s’y méprendre à un rétropédalage. «Dans le cas où le statu quo perdurerait, l’Algérie deviendrait la risée du monde. Car quoi de plus naturel et nécessaire que de punir les auteurs de violences ?» s’exclame maître Nadia Aït Zai, juriste et présidente du Centre d’information et de documentation sur les droits des enfants et des femmes (Ciddef).

    Celle-ci estime qu’il s’agit d’«une anomalie que ce projet, pourtant adopté au mois de mars, ne soit toujours pas programmé, tandis que d’autres textes de loi sont à l’ordre du jour alors même qu’ils sont ultérieurs». «Il n’y a aucun motif valable et légal, ils doivent laisser la loi suivre son cours, car dans la législation, rien ne justifie un éventuel blocage. Mais il est tout de même impératif que ce soit fait avant juillet et que cela ne soit pas relégué à la session d’automne. Car cela signifierait une temporisation et une tentative de faire oublier cette loi», s’alarme-t-elle.

    Discours misogyne

    Et si les saillies haineuses et les discours misogynes n’ont pas manqué lors de la présentation de ce texte de loi, il est du devoir des autorités de ne pas céder à la pression d’une minorité au détriment de la volonté populaire et gouvernementale. Car quelle que soit l’hostilité aussi farouche qu’irraisonnée rencontrée au sein de la société, la seule réaction qui importe est celle des personnes victimes de maltraitances qui elles, n’ont pas été entendues et dont la protection est du ressort des législateurs.

    «Les seules qui ne se sont pas exprimées sont les femmes violentées et qui ont trop peur ou trop honte pour en parler», rappelle Me Aït Zai, qui ajoute : «Quant aux hommes qui justifient ou excusent la maltraitance, nous les rencontrons tous les jours lorsqu’ils accompagnent leurs filles ou leurs sœurs battues et qu’ils sont aussi indignés que honteux.»

    D’autant plus que ce n’est qu’«une modification du code pénal, un processus de réadaptation des lois pour les mettre en accord avec les mutations de la société et aussi assurer la sécurité de tous», rappelle la juriste. «Cette loi, au contraire de ce qui a été clamé par ses détracteurs, renforcera la structure familiale et non la disloquer en protégeant tous ses membres, femmes, enfants mais aussi hommes», conclut Me Aït Zai.

    Ghania Lassal El Watan, 17 juin 2015

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/femmes/mobilisation_associations.htm