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Algérie - Page 27

  • Germaine Tillion, une ethnologue au Panthéon (Cnrs)

    Germaine Tillion, photographiée en 1935 en Algérie.

     
    Figure de la Résistance, Germaine Tillion entre au Panthéon mercredi 27 mai, avec Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Pierre Brossolette et Jean Zay. L’historien Tzvetan Todorov nous retrace le destin de cette ethnologue d’exception, que son engagement mena en prison puis au camp de Ravensbrück.

    Germaine Tillion, ethnologue et historienne, résistante et déportée, est née le 30 mai 1907, à Allègre, dans la Haute-Loire. Après des études secondaires à Clermont-Ferrand, elle suit sa famille qui déménage dans la région parisienne. À partir de 1926, elle entreprend des études universitaires variées, d’abord en archéologie, préhistoire et histoire de l’art, puis elle suit des cours à l’Institut d’ethnologie et au Collège de France, où elle participe au séminaire de Marcel Mauss.

    1934 : début de sa thèse sur les Chaouias d’Algérie

    Tillion obtient son certificat de l’Institut d’ethnologie en 1932 et s’inscrit en thèse avec Mauss ; c’est lui aussi qui lui procure son premier travail. L’International Institute for African Languages and Cultures de Londres accorde deux bourses à des étudiantes françaises ; Mauss recommande Tillion pour l’une d’entre elles. Elle part en décembre 1934, en même temps que Thérèse Rivière, pour la région des Aurès, en Algérie, où elle restera jusqu’en février 1937, à étudier la société des Chaouias. De retour en France, elle transforme son sujet de thèse en « Étude totale d’une tribu berbère », toujours sous la direction de Mauss, secondé maintenant par Louis Massignon. Elle publie ses premières études ethnologiques, consacrées à la population des Aurès.

    En août 1939, elle repart sur le terrain avec une bourse du CNRS et y reste jusqu’à la fin mai 1940. Le travail sur la thèse est bien avancé, Tillion a rassemblé une abondante information sur la société qu’elle étudie, en mettant en pratique la méthode de Mauss et en cherchant d’abord la réponse à des questions concrètes : qui, quand, où, combien, comment, le tout conduisant à la construction du fait social total.

    1940 : engagement dans la Résistance

    Le retour de Tillion en France coïncide avec la débâcle, les armées allemandes déferlent sur le pays. Dès le mois de juin 1940, la jeune ethnologue cherche à participer à un mouvement de résistance. Elle monte un groupe qui entre en rapport avec le réseau dit du Musée de l’homme. Ce groupe aux dimensions fluctuantes se livre à des activités multiples : collecter des informations à envoyer à Londres, accueillir des soldats évadés ou organiser des évasions, fabriquer de faux papiers, diffuser des appels au combat, liquider des agents de la Gestapo. Plusieurs membres du réseau sont trahis et arrêtés, elle intervient pour essayer de leur sauver la vie, sans succès. En août 1942, à la suite à d’une trahison, elle-même sera arrêtée. Elle passe une année dans les prisons françaises, où elle a la possibilité de terminer sa thèse.

    1943 : déportation à Ravensbrück

    En octobre 1943, elle est déportée dans le camp de Ravensbrück, sa mère, arrêtée en tant que complice, l’y suivra quelques mois plus tard. Le manuscrit de sa thèse disparaîtra au cours de ce déplacement. Dans le camp, elle se comporte encore – dans une certaine mesure – en ethnologue : elle réunit des informations, les analyse et communique les résultats de sa recherche à ses camarades de détention, ce qui les aide à mieux supporter l’épreuve. « Comprendre ce qui vous écrase est en quelque sorte le dominer », écrira-t-elle plus tard. Au cours des mêmes mois, elle rédige aussi une « opérette-revue », Le Verfügbar aux enfers, parodie d’Orphée aux enfers, qui décrit sur un mode ironique la condition des détenues : celles-ci auront ainsi l’occasion de rire de leurs propres infortunes. Tillion subit un coup dur en mars 1945 : sa mère est raflée et envoyée à la chambre de gaz en tant que personne inutile parce que trop âgée.

    1945 : réintégration de son poste au CNRS

    En avril 1945, les détenues sont libérées du camp et envoyées en convalescence en Suède. Tillion revient en France en juillet de la même année et retrouve son poste au CNRS. Mais sa thèse est perdue, les Chaouias sont loin, et elle choisit de passer dans la section d’histoire moderne, où elle se consacre à l’étude de la résistance et  de la déportation. Elle a cependant l’occasion de revenir à son travail ethnologique en 1947, car l’Institute de Londres lui demande un rapport sur son travail d’avant-guerre. En le rédigeant, elle se rend compte que, après Ravensbrück, elle n’interprète plus la société chaouia de la même manière, alors même qu’elle n’a collecté aucune nouvelle information. Ce fait l’incite à interpréter la connaissance en sciences humaines comme une interaction entre les faits objectifs et la subjectivité du savant, irréductible. Mais ses principaux travaux du moment portent sur l’histoire immédiate : elle rédige un premier texte sur Ravensbrück, une étude aussi sur les débuts de la Résistance en France. En même temps, elle participe à la Commission créée par l’ancien déporté David Rousset, qui lutte contre les camps de concentration toujours en activité, notamment dans les pays communistes en Europe et en Asie.

    1954 : en mission d’information en Algérie

    En 1954, au début de l’insurrection algérienne, Tillion est sollicitée par Massignon pour se rendre en Algérie en mission d’information. À la suite d’un séjour de deux mois, elle élabore le projet des Centres sociaux, lieux d’éducation destinés aux enfants et aux adultes, aux hommes et aux femmes, qui leur permettent d’acquérir une formation de base et leur offrent en même temps une aide médicale et administrative. De retour en France, elle expose à ses camarades de déportation  la situation en Algérie ; le texte de son rapport sera publié originellement sous le titre L’Algérie en 1956. Au début de l’année suivante la répression de l’insurrection par l’armée française s’intensifie, l’usage de la torture se généralise. Tillion renonce à la poursuite de tout projet politique et se consacre essentiellement à la protection d’individus dont la vie est menacée. Elle rencontre des responsables des insurgés, essaie de faire cesser les attentats aveugles, d’un côté, la torture et les exécutions, de l’autre. Dans ses démarches, elle échoue souvent, mais d’autres fois réussit, et grâce à elle des centaines de personnes échappent à la mort, à la torture, à la prison.

    1958 : inauguration de sa chaire de « Sociologie algérienne »

    En 1958, Tillion est élue directrice d’études à la VIe section de l’École pratique des hautes études (plus tard EHESS). Sa chaire s’intitule « Sociologie algérienne » : le centre de gravitation de ses travaux s’est déplacé de nouveau, cette fois-ci de l’histoire moderne vers l’ethnologie. Elle dirige dans ce cadre des dizaines de travaux d’étudiants, accomplit de nombreuses missions scientifiques dans le Maghreb, en Afrique noire et au Moyen-Orient. En 1960, elle publie son livre sur la guerre d’Algérie, Les Ennemis complémentaires. Elle travaille ensuite à la rédaction d’un ouvrage sur « l’apprentissage des sciences humaines », qu’elle abandonnera plus tard. En 1966, elle publie un essai d’anthropologie générale intitulé Le Harem et les cousins, sur la condition féminine dans l’aire méditerranéenne. Elle part à la retraite en 1977, mais continue d’enseigner jusqu’en 1980.
     

    2005 : réédition des « Ennemis complémentaires », son livre sur la guerre d’Algérie

    Pendant les dernières décennies de sa vie, Tillion publiera plusieurs ouvrages de fond. En 1973 paraît le volume intitulé Ravensbrück, étude approfondie de ce camp. Il illustre en même temps la méthode de Tillion qui refuse de séparer l’histoire objective et le vécu subjectif (ce livre connaîtra une ultime révision en 1988). En 1999, elle publie une version enrichie et complétée de son premier livre sur l’Algérie, sous le titre L’Afrique bascule vers l’avenir. En 2000 paraît Il était une fois l’ethnographie, écrit à partir des notes préparatoires qu’elle avait accumulées en vue de sa thèse sur les Chaouias. Deux autres titres sont publiés en 2001 : À la recherche du vrai et du juste, reprise de ses publications disparates entre 1940 et 2000, et L’Algérie aurésienne, en collaboration avec Nancy Wood, à partir des photographies qu’elle avait prises au cours de ses enquêtes sur le terrain, dans les années 1930. En 2005 voit le jour une nouvelle édition entièrement recomposée et enrichie des Ennemis complémentaires et, pour la première fois, le texte de son « opérette » de Ravensbrück, Le Verfügbar aux enfers. Germaine Tillion est décédée à son domicile le 19 avril 2008.

    15.07.2014, par
    Tzvetan Todorov

    Mis à jour le 22.05.2015
     
  • Alain Ruscio : «Nous vivons un temps de révisionnisme colonial» (Algeria-Watch)

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    Le Soir d’Algérie : Votre ouvrage s’intitule Nostalgérie. Que recouvre ce néologisme et en quoi, selon vous, l’OAS et ses héritiers l’ont-ils confisqué ?
    Alain Ruscio : En fait, je précise dans l’ouvrage qu’il ne s’agit pas tout à fait d’un néologisme. Ou alors il est ancien (né dans les années 1920/25). Il recouvre une réalité humaine respectable : l’attachement à une terre où les aïeux étaient venus s’installer et/ou une terre natale... Le drame commence lorsqu’on constate que l’immense majorité des Européens ne se sont jamais interrogés sur le sort de ceux dont la France coloniale était venue voler le pays, la terre et jusqu’à l’identité, de ceux qu’ils appelaient les «indigènes». Après 1962, il y a eu une véritable captation frauduleuse de ce sentiment humain par les ultras, les activistes, regroupés autour de l’OAS. Ils ont voulu «bloquer l’Histoire», comme l’avait écrit Pierre Nora en 1961. Ils ont évidemment échoué, car l’Algérie devait devenir inéluctablement indépendante. Mais ils ont réussi en partie, hélas, à «bloquer la mémoire», à la fourvoyer vers les impasses du révisionnisme.

    Aujourd’hui le FN s’applique à gagner une respectabilité. Pouvez-vous nous rappeler le rôle de Jean-Marie Le Pen, son père fondateur, dans la mouvance Algérie française ?

    Jean-Marie Le Pen a été élu député en 1956 sur les listes les plus à droite, le mouvement Poujade. Lui et ses amis ont toujours été parmi les plus ardents défenseurs – souvent dans la violence – de l’Algérie française. Si Le Pen n’a jamais appartenu formellement à l’OAS, on sait par exemple qu’il fréquentait les activistes, qu’il a par exemple rendu visite à Salan et Susini début 1961 à Madrid, là où est née cette OAS. On peut imaginer qu’il participa à la stratégie de mise en place de cette organisation.

    Qui étaient les alliés de l’OAS en métropole ?

    On ne peut comprendre l’efficacité de l’OAS en métropole sans avoir en tête la multitude de ses relais. D’abord dans les rangs ouvertement fascistes et pétainistes, comme Jeune Nation ou l’hebdomadaire Rivarol. Mais également chez de respectables parlementaires, qui menèrent légalement le combat Algérie française, en s’opposant de plus en plus durement aux évolutions gaullistes. Sans oublier des intellectuels de droite, historiens, écrivains, journalistes, qui furent d’efficaces relais. Enfin, on sait aujourd’hui que l’OAS avait infiltré une partie de l’appareil d’État, armée bien sûr, police…

    Qu’en est-il des rumeurs concernant le soutien actif de Valéry Giscard d’Estaing à l’OAS ?

    Avant d’effectuer ce travail, j’employais moi aussi ce terme de «rumeurs». Après recoupement des témoignages, que je cite dans mon ouvrage, j’ai acquis la conviction qu’il y eut un «duo» Giscard (ministre  des Finances)-Poniatowski (son chef de cabinet) qui eut des tendresses pour l’Algérie française, qui poussa cet attachement jusqu’à fournir des renseignements à l’OAS. Giscard a été accusé nommément et publiquement à plusieurs reprises, dès 1962. Les «barons» du gaullisme le haïssaient pour cela. Mais il n’a jamais répondu. Il reste par contre une interrogation à laquelle je n’ai pas encore répondu : pourquoi de Gaulle, qui était forcément informé, ne l’a-t-il pas évincé ?

    Comment expliquez-vous qu’il y ait eu paradoxalement beaucoup d’anciens résistants parmi les partisans de l’Algérie française ?

    Il y avait plusieurs raisons de s’engager dans la Résistance française, toutes respectables. Parmi elles, un nationalisme, plutôt de droite. N’oublions pas que le premier appel de de Gaulle, en juin 1940, appelait à ne pas désespérer car la grandeur de la France était liée à l’Empire. Beaucoup de ces hommes- et de Gaulle lui-même – furent incapables d’imaginer que la notion d’indépendance nationale pouvait s’appliquer aux «indigènes», ces «sous-hommes». D’où l’enchaînement infernal : immédiatement après la capitulation nazie, massacres du Constantinois (mai 1945), guerre d’Indochine (1946-1954), répression de Madagascar (1947), guerre d’Algérie (1954-1962).

    Vous dressez une sorte de typologie de l’activiste ultra. Qu’est-ce qui le caractérise ?

    J’aurais plutôt tendance à écrire cette formule au pluriel. Car il y eut en fait des typologies. Les gens de l’OAS furent des civils ou des militaires, des gros colons ou des petits commerçants, des gens qui n’avaient jamais fait de politique auparavant ou des fascistes éprouvés… En fait, ce qui les unissait était d’être «contre» : contre les droits des «indigènes», contre les initiatives des autorités de métropole, contre les intellectuels défaitistes, contre même le peuple de France, qui ne les comprenait pas. Et, par-dessus tout, contre l’indépendance de l’Algérie. A part quelques éléments politisés, la plupart des activistes n’avaient qu’un seul programme : tuer les «meneurs FLN», bloquer toute évolution, revenir au «joli temps des colonies»…

    Peut-on parler de peuple pied-noir, uni par une identité commune qui, comme certains l’ont affirmé, aurait majoritairement soutenu l’OAS ?

    Il y avait sans aucun doute une unité du peuple pied-noir. Et il faut bien constater, hélas, que la majorité de ce peuple a suivi l’OAS, persuadée que cette organisation serait tout à la fois leur bouclier et leur épée. Quand un monde s’écroule, on est tenté d’écouter ceux qui disent qu’ils vont tout sauver. C’est humain. Il faut ajouter que les rares Européens d’Algérie lucides - les communistes, interdits dès septembre 1955, les libéraux, les légalistes, les chrétiens progressistes - furent contraints au silence, soit par l’assassinat soit par l’exil précoce.

    Pour reprendre la question que vous soulevez dans votre ouvrage, pourquoi une telle mobilisation pour la restauration du passé colonial en France aujourd’hui ?

    Une partie de la population française vit mal, très mal, ce qu’elle considère comme un déclin de la France. Or, les colonies, il n’y a pas si longtemps, étaient associées dans l’imaginaire collectif à la grandeur du pays. Il y a là comme une plaie qui ne cicatrise pas.

    Si l’on ajoute à cela le fait que des millions de personnes, au XXIe siècle, sont issus de cette histoire coloniale, que les descendants d’Algériens, de Marocains, de Tunisiens, d’Africains, de Vietnamiens, vivent désormais sur notre sol, sont Français, il y a chez certains comme une crainte de perte supplémentaire d’identité. Un lobby post-colonial puissant, actif, utilise démagogiquement cette situation, entretient le malaise. On dépasse ici largement, hélas, les contours des anciens de l’OAS, ou même des militants du Front national : des polémistes de bas étage, mais aussi des intellectuels de prestige (de l’Académie française…), des politiques de la droite classique s’engouffrent dans la brèche. Nous vivons un temps de révisionnisme colonial. Mon ouvrage, parmi bien d’autres, est un cri, une invitation à entamer la reconquête de l’opinion. La contre-attaque est commencée, nous ne l’arrêterons pas.
    Propos recueillis par M.-J. R. Le Soir d'Algérie, 20 mai 2015

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    L’Organisation armée secrète ou la persistance de l’esprit revanchard

    Si la décolonisation des territoires appartient désormais à l’Histoire, l’idéologie coloniale, en revanche, n’a jamais cessé de hanter l’imaginaire d’une partie de la société française. Cette volonté de retour à un passé colonial mythifié s’exprime à travers la multiplication, ces dernières années, des commémorations et lieux de mémoire — 70 à ce jour — à la gloire de l’Algérie française et des chefs de l’OAS dont certains furent condamnés à mort et exécutés pour leurs actes criminels.

    Alain Ruscio dont les travaux font référence en matière d’histoire coloniale propose dans son ouvrage Nostalgérie, sous-titré L’interminable histoire de l’OAS (La Découverte) un rappel de l’origine, de la nature et des actions de cette organisation et de ses affidés.

    En arrière-fond, ces interrogations : «Pourquoi les anciens activistes et ultras sont-ils toujours écoutés ?»,

    «Pourquoi une telle mobilisation en France pour la restauration du passé colonial ?». L’un des signes de cette gangrène des esprits est l’accaparement par l’OAS et ses héritiers de cette notion de «nostalgérie» — nostalgie parfois teintée d’amertume de la terre natale —, synonyme d’Algérie heureuse, scellée dans la mémoire pied-noir. Elle est le socle d’une stratégie de reconquête commencée dès les premières années suivant les Accords d’Evian, avec le combat pour l’amnistie des anciens de l’OAS, poursuivie sous Giscard d’Estaing et Mitterrand jusqu’à la nouvelle génération de gaullistes et ses tentatives d’imposer une réécriture de l’Histoire dans le sens d’une reconnaissance du rôle positif de la colonisation.

    Les réseaux de soutien aux ultras pendant la guerre de libération font, dans cet ouvrage, l’objet d’une étude détaillée rappelant le rôle de chacun, de l’activiste de base jusqu’aux plus hauts représentants de l’Etat : «Ce réseau, des groupuscules d’extrême droite aux sphères gouvernementales, en passant par bien des éléments de l’appareil d’Etat, permet de comprendre l’exceptionnelle efficacité de quelques dizaines d’hommes disséminés sur le territoire de la métropole.»

    Le rôle trouble de Valéry Giscard d’Estaing dans l’aide apportée à l’organisation est ici évoqué. Quant à la population européenne d’Algérie, même s’il semble outrancier d’affirmer, comme le fait notamment l’opticien Alain Afflelou qu’en 1961 «tous les pieds noirs étaient dans l’OAS», on peut néanmoins parler d’une forte majorité du moins dans le soutien sinon dans l’engagement au combat. Quant à ceux qui condamnaient l’organisation — communistes, libéraux, quelques hommes d’église —, ils devaient se terrer pour ne pas être éliminés.

    Si l’OAS est née officiellement en février 1961 dans l’Espagne franquiste, une «culture de la milice», fruit d’une «mentalité d’assiégés», termes qu’Alain Ruscio emprunte à Gilbert Meynier, existe quant à elle depuis les tout premiers temps de la colonisation avec la milice africaine de Clauzel. Ces milices qui se reconstituent ponctuellement à l’occasion des grands affrontements sont, selon l’auteur, inhérentes aux communautés spoliatrices et minoritaires. On pense à la milice d’Achiary en 1945, aux unités territoriales à partir de 1955, etc. On voit dès lors combien le mythe de l’Algérie heureuse dans laquelle la ségrégation n’aurait jamais existé est illusoire. Pour autant Alain Ruscio refuse l’utilisation du mot apartheid qui appartient selon lui à un autre espace et un autre temps.

    Pas de séparation de droit donc mais un mur invisible qui dément le mythe pied-noir d’une amitié transcommunautaire généralisée. Et de citer Albert Memmi et Jean Amrouche pour qui il n’y a pas de situation coloniale sans racisme. L’auteur retrace toutes les étapes qui ont mené à la radicalisation meurtrière des ultras depuis la création de l’Oraf (Organisation de résistance nord-africaine) jusqu’à la «course à l’abîme» à partir de 1962.

    Qualifiée par Mitterrand – garde des Sceaux en 1956 — d’«organisation la plus criminelle», l’Oraf employait la stratégie de la terreur dans le but d’exaspérer les Européens par des attentats attribués au FLN. Aujourd’hui encore, des survivants de l’Oraf revendiquent fièrement les attentats à la bombe et autres crimes comme les assassinats aveugles par corps de métiers au nom d’une soi-disant logique défensive. La responsabilité de la gauche dans le processus qui mena au déchaînement des passions depuis l’abandon du projet Blum-Violette jusqu’à la capitulation de Guy Mollet n’est pas esquivée. De la même façon, comme le souligne l’auteur, la résistance française n’a jamais eu de vues émancipatrices en matière coloniale. On trouve parmi les partisans de l’Algérie française beaucoup d’anciens résistants. Ce n’est pas un hasard si Georges Bidault lança en mars 1962, juste avant les accords d’Evian, le CNR, Conseil national de la résistance, couverture de la dernière OAS. Et de fait, l’OAS se drape dans le mythe de la nouvelle résistance.

    L’histoire de l’organisation serait incomplète sans celle des hommes qui la composent. Alain Ruscio tente une typologie de l’activiste, un ensemble éclectique animé par un désir de vengeance et ayant en commun le front du refus. Eclectisme social – petits blancs «passant de l’anisette-kemia à la soirée plastic», civils métropolitains, policiers, étudiants, généraux, déserteurs —, mais aussi éclectisme idéologique puisque l’on y trouve aussi bien des pétainistes non repentis que d’anciens résistants de la France libre. Parmi ces ultras, beaucoup de soldats perdus se sont recyclés après la guerre, au Katanga, Cambodge, Liban, Biafra, certains dans les réseaux de Focard.

    D’autres terroristes sont devenus des notables, engagés dans l’extrême droite FN ou la droite classique. Aujourd’hui ils sont au premier plan du combat mémoriel à la gloire de l’OAS et de ses combattants, profitant du glissement à droite de la société française. L’ouvrage d’Alain Ruscio appelle à la vigilance. Par ce constant balancement entre passé et présent, il met en garde contre la survivance de cette idéologie raciste et fascisante des ultras de l’Algérie française. Il appelle chaque citoyen à lui substituer un combat pour le devoir de vérité. Par Marie-Joëlle Rupp

    Nostalgérie. L’interminable histoire de l’OAS, Alain Ruscio, éditions. La Découverte, avril 2015.

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/hist/colonialisme/temps_revisionnisme.htm

  • MOTION DE SOUTIEN AU MOUVEMENT CITOYEN D’AIN SALAH (Algéria Watch)

     

    FORUM MÉDITERRANÉEN CONTRE LE FRACKING ET LE GAZ DE SCHISTE

    Le premier Forum méditerranéen sur le gaz de schiste tenu à Bizerte (Tunisie) du 7 au 9 mai 2015 a réuni des scientifiques et des représentants du monde associatif pour débattre des questions relatives à l’exploitation du gaz de schiste, des pratiques des industries pétro-gazières, de la gestion de l’eau et des problèmes environnementaux.

    Le Forum a pris acte du fait que le mouvement citoyen d’In Salah (Algérie) n’a cessé d’attirer l’attention des autorités et de l’opinion publique depuis le début de l’année sur les conséquences néfastes du gaz de schiste sur la santé publique et l’environnement.

    A l’issue de leurs travaux, les participants ont tenu à exprimer leur solidarité avec les populations d’In Salah dans leur mobilisation pacifique mais sans relâche en vue de faire échec à la décision du gouvernement d’autoriser l’exploitation des hydrocarbures non conventionnels en Algérie et notamment dans cette région.

    Le Forum a tenu à saluer le civisme et le niveau de conscience dont les populations ont fait preuve depuis plus de quatre mois de contestation pacifique en dépit de la répression policière et des tentatives de manipulation du mouvement.

    Le Forum soutient la revendication du mouvement citoyen d’In Salah de cesser toute activité d’exploitation du gaz de schiste, et appuie la mise en place d’un moratoire, tel que présenté par le collectif anti gaz de schiste, et adressé au président de la République.

    Le Forum considère qu’il est indispensable que les autorités algériennes donnent suite aux revendications légitimes du mouvement citoyen, telles qu’exprimées dans ledit moratoire.

    Liste des associations et organisations signataires :

    ALTERCARTO
    FORSEM
    FTCR
    FTDES
    OTE
    Collectifs Rhônalpins STOP GAZ DE SCHISTE
    Conseil régional Rhône Alpes
    Fédération nationale de l’électricité et du gaz de Tunisie
    UGTT
    Observatoire Tunisien de l’Economie
    Association Khadra de défense des ressources naturelles en Tunisie
    Association El Ghorba
    Association Ecoconscience

    1er FORUM MEDITERRANNEEN SUR LE GAZ DE SCHISTE TUNIS / BIZERTE

    7-8-9 mai 2015

    Organisé par ALTERCARTO – FTCR – FORSEM –FTDES
    Soutenu par : OTE - Conseil régional Rhône Alpes – Collectifs Rhônalpins STOP GAZ DE SCHISTE
     
    Ce forum rassemblera des citoyens des militants associatifs, politiques, et des scientifiques et à pour but de vulgariser les pratiques de industries pétro-gazières et de la gestion de l'eau afin d'apporter une information alternative sourcée et vérifiable contre la propagande des lobbies et mobiliser ainsi les populations méditerranéennes contre cet extractivisme dangereux et économiquement non viable.
     
    PROGRAMME

    Sous la direction scientifique du professeur Mohamed LARBI BOUGUERRA
     
    JEUDI 7 MAI 2015
    MAISON DE LA CULTURE IBN KHALDOUN
     
    14 heures conférence de presse
    15 heures projection du film Holy Field Holy War en présence du réalisateur Lech KOWALSKI et Odile ALLARD productrice/distributeur du film
     
    16 heures 45 discussion avec le public
    18 heures fin

    Vendredi 8 mai 2015-04-29
    HOTEL JALTA
    Séance du matin
    9H Allocution de bienvenue FTCR
    Allocution du CR Rhône Alpes
    9H30 Introduction générale par Larbi Bouguerra l'extraction des gaz de schistes et ses rapports avec le réchauffement climatique, les énergies fossiles, l'eau, la santé et risques sanitaires, l’accaparement des sols et les couts économiques
    Discussion
    10h30 Sabria BARKA universitaire spécialisée en écotoxicologie et présidente de l'association écoconscience): ce que tout le monde devrait savoir sur le gaz de schiste.
     
    Séance de l’après midi
    Les témoignages des luttes contre l'extraction des gaz de schistes
    - En Algérie
    Tahar KHALFOUNE
    Hocine MALTI .
    - Dans la région Rhône Alpes
    - En Tunisie
    Radwene FATNASSI FTDES, Mansour Cherni coordonnateur national de la Fédération nationale de l’électricité et du gaz de Tunisie
    Discussion

    Samedi 9 mai 2015
    Séance du matin
    Débat introduit par Layla RIAHI, de l’Observation Tunisien de l’Economie, sur la création d’un réseau méditerranéen de veille, d’alerte et de mobilisation sur l’exploitation du gaz de schiste en méditerranée (REMEVAMEGS).


    Points proposés
    ·         charte du REMEVAMEGS
    ·         Objectifs du REMEVAMEGS
    ·         Plan d’action du REMEVAMEGS
    Discussion
    Conclusion du Forum
    Séance de l’après midi
    Adoption en plénières des instruments du REMEVAMEGS

    9 mai 2015

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/eco/gaz_schiste/motion_soutien.htm

    Voir aussi:

    http://cemagas.org/

     

     

  • Humour algérien (Dilem)

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  • Algérie Setram: le mouvement de grève se radicalise (Afriques en lutte)

    Après une semaine de grève, c’est l’impasse entre la direction et le personnel de la Setram, dont les représentants refusent toute négociation avec le directeur actuel, tout en demandant son départ.

    Pour réaffirmer leur position, les grévistes, qui avaient tenté, sans succès, de tenir un sit-in à Alger, ont dressé, avant-hier, une tente devant l’entrée du poste de contrôle de la station centrale de Sidi Maârouf. « Cette décision a été prise en concertation avec notre syndicat, suite à notre déplacement sur Alger où nous avons été empêchés de tenir notre sit-in devant la direction mère », nous a affirmé un groupe de travailleurs rencontrés jeudi.

    Les grévistes nous ont même fait savoir qu’une marche sera organisée aujourd’hui à partir du poste de contrôle, en empruntant la ligne du tramway empêchant ainsi d’avancer les 4 rames affectées au service minimum. Interrogés sur la tournure radicale prise par le mouvement de protestation des travailleurs du tramway, ces derniers ont indiqué qu’ « actuellement plus de 200 agents son menacés de licenciement, alors qu’ils ont le droit de revendiquer un droit légitime.

    C’est la direction qui a failli à ses engagements et bafoué le code du travail ». Rappelons que le mouvement de grève des agents du tramway dure depuis une semaine au grand désarroi des usagers. Ces agents ont tenu, ainsi à marquer le coup pour demander l’application des dispositions relatives à l’octroi des indemnités des heures supplémentaires. Les protestataires se rassemblent depuis le début de la grève, devant l’entrée du poste de contrôle sis à Sidi Maârouf.

    De son côté, la direction de la Setram a indiqué dans un communiqué que « le tramway d’Oran, connaît, une perturbation du trafic suite à un arrêt de travail collectif illégal, observé, sans préavis, par une partie du personnel ».

    Source : Le Temps d’Algérie 12 mai 2015

    http://www.afriquesenlutte.org/afrique-du-nord/algerie/article/algerie-setram-le-mouvement-de

     

  • Meurtre du militant anticolonialiste Henri Curiel à Paris en 1978 (El Watan)

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    L’assassinat politique revendiqué 37 ans après

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    Le mystère est enfin levé sur la mort d’Henri Curiel. L’assassinat du militant anticolonialiste et défenseur de l’indépendance de l’Algérie vient d’être revendiqué, 37 ans après.

    L’homme a été tué le 4 mai 1978 par des membres d’une organisation d’extrême droite proche des «Services» français. C’est ce que révèle un membre de l’organisation Action française, en l’occurrence René Resciniti de Says, dans un livre posthume intitulé Le Roman vrai d’un fasciste français.

    Décédé en 2012, René Resciniti de Says avoue avoir pris part aux assassinats du militant d’extrême gauche Pierre Goldman, et d’Henri Curiel, alors que du côté officiel français, le dossier est officiellement classé. Henri Curiel avait été abattu par deux inconnus, de plusieurs balles à bout portant, dans l’ascenseur de l’immeuble où il habitait, à Paris. Né le 13 septembre 1914 au Caire (Egypte) dans une famille aisée, originaire d’Italie, dont le père était banquier.

    Henri Curiel, un fervent anticolonialiste, a passé sa vie à militer en faveur des mouvements de libération nationale, notamment en Afrique. Dès 1956, il s’est consacré à l’indépendance de l’Algérie en créant le Mouvement anticolonialiste français, mais surtout en développant l’action clandestine au sein du Réseau Jeanson des «porteurs de valises» pour un soutien logistique aux militants de la cause nationale. Il s’était investi à fond dans son action et avait mis à la disposition des moudjahidine du Front de libération nationale (FLN) en France toute l’étendue de son savoir-faire en matière de militantisme.

    Et quand le Réseau Jeanson avait été ébranlé par plusieurs arrestations, en 1960, Henri Curiel avait pris la relève des réseaux de «porteurs de valises» et a mis en place un réseau similaire qui portait son nom. Dans Le Roman vrai d’un fasciste français, Resciniti de Says a confié à un journaliste, Christian Rol, à qui il avait raconté pourquoi et comment il a assassiné Curiel, que le feu vert pour le meurtre lui aurait été donné par Pierre Debizet, le patron du Service d’action civique (SAC), la milice du parti gaulliste.

    R. N le 10.05.15 | 10h00

    Commentaire: Wabnitz Oscar   le 10.05.15 | 20h36

    il manque une info !

    Henri Curiel est un fils de banquier et issu d'une famille juive francophone de nationalité italienne établie en Égypte. Il fait ses études dans des établissements français du Caire, comme de « nombreux jeunes gens d'Europe, il lit André Malraux, Paul Nizan, le Gide des allers-retours, et rôde autour du marxisme2. » Il fait en général un voyage tous les ans en France, mais c'est son frère Raoul qui est désigné pour aller y faire des études supérieures. Son père le retient pour travailler avec lui à la banque et ainsi lui succéder un jour. Cela n'est pas du tout à son goût, mais comment se révolter contre un père totalement aveugle depuis de nombreuses années2 ? Il prit la nationalité égyptienne lors de l'abolition des capitulations (en), malgré le fait qu'il ne parlait pas la langue arabe, et qu'il ne l'a d'ailleurs jamais parlée couramment.
    Il faut dire la vérité, ce qui permettra aux incultes de ce pays d'éviter les amalgames et être justes quand aux hommes et femmes qui ont aidé ce pays pour la recherche de son indépendance!
    Y-A_t'il une rue, une place, une école; un coin qui porte le nom de ce monsieur porteur des valises du FLN avant 1962 ?

    http://www.elwatan.com/actualite/l-assassinat-politique-revendique-37-ans-apres-10-05-2015-294386_109.php

    Lire aussi le Quotidien d'oran:

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/pol/france/assassinat_curiel_revendique.htm

  • Rennes, le 8 mai, c’est aussi… (fr3)

     8 mai

    ...la commémoration du massacre de Sétif!

    Une répression sanglante a suivi des manifestations nationalistes en Algérie, le jour de la signature de l’Armistice, le 8 mai 45. A Rennes, ville jumelée à Sétif, cette commémoration prend une importance particulière.

    Après les manifestations liées aux commémorations de la capitulation Allemande, la ville de rennes n’oublie jamais celle du massacre de Sétif, qui a eu lieu le même jour. Après la signature, une manifestation autorisée a réunit 10 000 personnes. Mais après qu’un jeune ait été abattu par la police pour avoir brandi un drapeau algérien, cette manifestation nationaliste dégénère.
    Le mouvement s’est étendu ensuite à Guelma et Kherrata, ainsi que dans la petite Kabylie, et la répression qui s’ensuit fait entre 5000 et 10 000 victimes entre le 8 et le 22 mai.Selon l’historien Charles-Robert Ageron, cet événement « a servi de référence et de répétition générale à l’insurrection victorieuse de 1954″. La France a tardi- vement reconnu sa responsabilité « officielle ». C’était en 2005 lors d’un discours de l’ambassadeur, qui a qualifié la répression de l’époque de « tragédie inexcusable ».

    Par Stéphane Grammont Publié le 08/05/16:38, mis à jour le 08/05/ 16:48

    http://france3-regions.francetvinfo.fr/bretagne/2015/05/08/le-8-mai-c-est-aussi-la-commemoration-du-massacre-de-setif-721021.html

    Lire aussi:

    http://rebellyon.info/?8-Mai-1945-Massacre-de-Setif

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/hist/8mai45/mettre_fin_deni.htm

  • 70 ans de déni (El Watan)

     

    Le monde célèbre ce 8 mai le 70e anniversaire de la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Une date symbole de la victoire sur le fascisme.

    Un symbole qui, pourtant, prend une autre signification de ce côté-ci de la Méditerranée, théâtre d’une barbarie sans égale commise par un colonialisme abject contre des populations civiles désarmées.

    Le même 8 mai 1945, alors que les populations d’Europe manifestaient et défilaient dans les rues, respirant l’air de la liberté dans la liesse et la joie, les Algériens ont eu droit à l’expression la plus brutale de la répression coloniale. Ils sont sortis par milliers, par millions, dans les rues eux aussi armés de drapeaux et de slogans pour réclamer une liberté légitime et méritée.

    Le colonialisme français leur a répondu par les balles, les bombes et la matraque.

    Le général Raymond Duval orchestra un massacre à grande échelle. Trois grandes villes furent particulièrement marquées par la sauvage répression : Sétif, Guelma et Kherrata. Les corps de milliers de victimes algériennes gisaient dans un fleuve de sang. Les colons se joignent à la barbarie policière et militaire et font de l’Algérien une cible à abattre. Les corps de milliers de victimes sont soit brûlés ou enterrés dans des charniers et fosses communes. Les estimations du nombre de victimes ne sont pas précises tant la répression s’abattait sur tous les Algériens.

    On parle de milliers de morts.

    Du côté algérien, le nombre de morts est estimé à 45 000, le colonisateur parle de centaines. Les historiens placent le nombre entre 10 000 et 40 000 victimes. Une sauvagerie semblable à la barbarie nazie est appliquée sur les Algériens un jour de victoire sur les nazis. Un crime contre l’humanité est exécuté avec sang-froid et à huis clos, loin des festivités européennes.

    Le général Duval, qui a pris plaisir à supplicier des Algériens pendant des semaines, se réjouissait d’annoncer au gouvernement français de l’époque lui avoir «assuré la paix pour dix ans». Dans un rapport transmis au gouvernement britannique par son Consul Général à Alger, John Eric Maclean Carvel, est décrite l’ampleur de la force utilisée par l’armée française : «Les autorités françaises ont pris de fortes contre-mesures. Un bataillon sénégalais et des blindées ont été acheminés à partir d’Alger, de Sidi Bel Abbès, Biskra, Bougie et Constantine.

    Un détachement de 75 hommes de la légion étrangère fut transporté par avion vers Constantine.

    Des navires de guerre furent envoyés à Bougie pour y débarquer des soldats à Souk El Tnine. 1200 hommes du 13e régiment d’infanterie entièrement composé d’anciens membres de la ‘‘Force Française de l’Intérieur’’ arrivent par les airs en provenance de la Dordogne et de la Creuse. Pas moins de 300 sorties d’avions ont été recensées entre le 8 et le 14 mai, ce qui dénote de la dense activité militaire aérienne.

    On pense que l’action s’est déclinée la plupart du temps par des mitraillages et les bombardements. Les rapports des observateurs aériens indiquent que des villages entiers ont été détruits…». Un déploiement de guerre contre des populations civiles désarmées. L’image est effroyable, et même 70 ans après l’émoi est intact. Le colonialisme est une négation de la dignité humaine et un crime contre l’humanité tout comme le nazisme et doit être dénoncé en tant que tel.

    Aujourd’hui, et même si du temps s’est écoulé, et pour que toutes les blessures se referment, il est important de dire ce qui fut et de reconnaître le caractère fasciste et inhumain de la colonisation. Depuis 1830 jusqu’à 1962 en passant par mai 1945, le colonialisme a tout fait pour nier l’humanité et la dignité des Algériens. 70 ans après les faits horribles de mai 1945, la France n’ose pas faire le pas de la reconnaissance, ni des excuses. De petits pas sont entrepris depuis 2005 par des représentants de l’Etat français, mais des pas qui peinent à toucher de ce côté-ci de la Méditerranée.

    L’ambassadeur Hubert Colin de Verdière avait, en 2005 qualifié à Sétif les massacres de «tragédie inexcusable», son successeur, Bernard Bajolet, en 2008 à Guelma, a parlé pour sa part de «déchaînement meurtrier qui a fait des milliers de victimes». Sept ans plus tard, le Secrétaire d’Etat français aux anciens combattants, Jean Marc Todeschini, reprend les mêmes gestes des ambassadeurs en se rendant à Sétif pour déposer une gerbe de fleurs devant la stèle de la première victime algérienne, Saal Bouzid, et qualifie aussi les massacres de 1945 de «déchaînement meurtrier».

    Est-il donc si difficile de parler de «crime d’Etat» et de «massacres» qu’il est du devoir d’un Etat de reconnaître et de dénoncer ?

    Au lieu d’évoquer «des aspects positifs de la colonisation», la France est en devoir de regarder le vrai visage de ce que fut son empire colonial, et en balayant toute démagogie agir, tout comme l’a fait l’Allemagne en s’excusant de ses actes. Ces actes n’ont pas été que le fait d’individus, mais une politique d’Etat qu’il faut officiellement dénoncer. Comment la France peut-elle jouir totalement de ce jour de victoire sur le nazisme si elle réfute son propre passé de colonisateur ayant commis des crimes contre l’humanité ?

    Il est de bon ton de dénoncer le génocide arménien au nom des valeurs universelles de respect des droits humains, il serait aussi de bon ton d’en finir avec les petits gestes symboliques et dénoncer avec fermeté les massacres de mai 1945 qui s’apparentent aussi à un véritable génocide puisqu’il y a eu des exécutions systématiques et par milliers d’Algériens. La reconnaissance sera plus bénéfique aux Français qu’aux algériens qui ont eu la grande satisfaction d’arracher leur indépendance. Il reste toutefois à gratifier les milliers de victimes du 8 mai 1945 du statut mérité de martyrs.


    Nadjia Bouaricha El Watan, 7 mai 2015

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/hist/8mai45/70_ans_deni.htm

    Lire aussi:

    http://rebellyon.info/?8-Mai-1945-Massacre-de-Setif

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/hist/8mai45/mettre_fin_deni.htm

  • Algérie: des actions le 29 mai pour l’AG du requin Total (Attac)

     

    Total fait parti de nos trois requins 2015 pour son implication dans les projets de Gaz de Schiste en Algérie.

    Fin janvier 2015, nous avons obtenu une première victoire symbolique puisque Total a publié en catimini sur son site une information clé : « Le permis d’exploration d’Ahnet étant arrivé à échéance le 6 juin 2014, Total n’y est plus présent depuis cette date » [1]. Désormais, nous exigeons de Total l’engagement à ne pas s’impliquer dans les projets de gaz de Schiste en Algérie.

    Pour y arriver, nous nous mobiliserons à l’occasion de l’assemblée générale des actionnaires de Total prévue le 29 mai prochain au Palais des congrès de la porte Maillot à Paris. Nous mènerons des actions à l’entrée de l’assemblée générale et remettrons à tous les actionnaires le rapport « Total et le gaz de schiste en Algérie->3759] » rédigé par Basta ! et l’observatoire des multinationales.

    Nous vous invitons également à mener des actions contre Total partout en France les 30 et 31 mai dans le cadre des « 1 000 initiatives pour le climat ».

     

  • 8 mai

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